Cabba ne comprenait rien à ce qui venait de se passer. L’impression de réalité du rêve qu’il venait de faire était si forte qu’il ne saisit tout d’abord pas comment il avait pu en sortir. Peu à peu, la confusion s’estompa pour de nouveau laisser place à la lucidité. Tout autour de lui, le chant des oiseaux qui se répondaient d’un bout à l’autre de la forêt l’aida à revenir sur la terre ferme. La journée n’était pas encore terminée. Il avait encore du chemin à parcourir.
L’esprit encore embrouillé, il tenta de faire le point sur ce dont il se souvenait. Il avait perdu connaissance pendant qu’il combattait Garou, avant de se réveiller à l’autre bout du continent sain et sauf. Puis un phénomène surnaturel l’avait entrainé dans ce qui semblait être une manifestation de son inconscient. Les visions qui lui étaient alors apparues, bien que pendant une fraction de seconde, lui avaient montré quelques scènes encore vives dans sa mémoire.
Avec un certain soulagement, mais aussi une grande appréhension, il sentit la présence de l’épée dans son dos. Le rubis qui en ornait la garde semblait plus rutilant que d’habitude sous la lumière du jour. Elle semblait s’alourdir légèrement à chacun de ses pas, comme l’indication d’une boussole vers une destination encore indéfinie. Mais le sadalien se souvenait des dernières visions qui s’étaient imposées à son esprit : il devait se rendre à l’ouest, là d’où il était venu, là où la guerre qui avait ruiné la Terre avait été déclarée, causant la disparition du peu de connaissances qu’il avait là-bas. Pour lui qui n’avait plus aucun repère, prendre la bonne ou la mauvaise direction était un problème qui ne se posait désormais plus.
Sans même s’en apercevoir, il avait délaissé la végétation interminable des sous-bois pour le béton de Satan City. Cela faisait peut-être plusieurs heures en tout depuis qu’il avait repris son chemin, mais cela lui avait semblé être des secondes. Il avait perdu toute notion de temps écoulé ou de distance parcourue. La journée touchait presque à sa fin et il se sentait bien trop fatigué pour continuer plus loin, en tout cas pas pour le moment.
Parvenu non loin d’un des quartiers résidentiels les plus en bordure de la périphérie, il envisagea de chercher un endroit où faire une escale dans la poursuite incessante de son passé. Depuis combien de temps n’avait-il pas retiré son armure ? Son épée pesait lourd, si lourd dans son dos. Les parties de son corps laissées à l’air libre étaient encore couvertes de sang et de poussière, laissant une odeur désagréable persister dans ses narines. Il renonça à chercher une auberge où se reposer : il doutait que quiconque le laisse entrer dans un tel état. Ses économies ne le lui permettaient pas de toute façon. Alors il se laissa guider par ses sens, cherchant une demeure qui aurait été abandonnée ou rénovée après la guerre, comme il en avait vu depuis son arrivée sur le continent. Au fond de sa bourse en cuir, son téléphone cellulaire n’affichait aucun message reçu.
Il marcha sur l’avenue, longeant les murs de brique d’un cimetière. Le domaine devait être immense, mais il ne parvint pas à en mesure l’étendue. Il n’avait jamais vu autant de tombes à perte de vue. Certaines étaient décorées de fleurs ou de dorures, mais la plupart semblaient avoir été laissées à ciel ouvert, faute de proches encore en vie pour leur rendre hommage. Son cœur se serra à l’idée que la famille Briefs puisse être parmi ces innombrables stèles. Le deuil pesait encore sur son cœur, et l’angoisse de sa propre fin bouleversait toujours son âme. Défenseur de culture et de tradition, il ne revisitait son panthéon et ses avatars qu’à la lumière de la raison, des cérémonies funéraires et des légendes orales. Mais au fond de lui, l’être inconscient qui le gouvernait tremblait toujours à l’idée impensable de disparaitre sans avoir pu accomplir sa destinée. Et depuis qu’il avait été précipité dans cette réalité à des années-lumière de tout ce qui lui avait été appris, il n’était plus sûr de savoir s’il en avait toujours une dans ce monde.
Pourtant, il devait continuer à avancer.
Il croisa des passants, des soldats, des bénévoles. Certaines fenêtres ouvertes laissaient sortir des bruits de disputes, de radios ou de télévision. Marcher dans ces environnements lui rendait l’impression que la vie suivait son cours normal, malgré tout ce qui avait pu se produire. Mais il sentait bien que tout pouvait basculer d’un moment à l’autre. Cela dépendait de ses décisions. Elles étaient pratiquement arrêtées. Mais Cabba ne savait plus s’il raisonnait par lui-même ou s’il était influencé par ce qu’il subissait continuellement. Une pensée prenait peu à peu corps en lui. Même s’il ne voulait pas admettre sa pertinence, il se sentait prêt à l’écouter.
Après avoir étendu sa perception à plusieurs milliers de mètres autour de lui, il ne ressentit rien de particulier qui attira son attention. La présence de Garou semblait avoir complètement disparu de la surface de la mégapole. L’avait-il vraiment tué ? Sans aucun doute. Ce n’était qu’un terroriste qui avait tenté d’abuser de sa confusion, et qui n’avait pas hésité à l’attaquer dès lors que ses mensonges avaient échoué. Le justicier n’avait fait que son devoir en contrecarrant la menace qu’il représentait. Un criminel parmi les milliers dans cet univers.
Un de moins.
Il avait survécu à la difficulté des entrainements, à l’hostilité de sa planète natale, à la criminalité, aux innombrables ennemis de son peuple, à ses adversaires. Il avait survécu à l’effacement de son univers, à la perte de tous ses proches, à la perte de sa mémoire. Réfléchir davantage ne le mènera pas plus loin qu’il ne l’était déjà. Bien qu’il ressentait le besoin de se détacher de ce monde qui tournait beaucoup trop vite pour lui, il lui fallait persister.
Bientôt, ses pas le menèrent devant l’entrée d’une grande maison, avec une vue imprenable sur le reste de Satan City. Personne ne semblait l’habiter en ce moment, ou alors son propriétaire devait s’être absenté depuis quelques temps. L’endroit semblait très… moderne. Futuriste, même. Mais une grande partie semblait avoir été détruite, puis sans doute reconstruite à l’aide d’autres matériaux. Le jardin avait été visiblement aménagé pour accueillir la faune des environs, qui n’avait pas manqué de réagir à sa présence, il abaissa donc son ki, afin de ne pas plus les déranger. La fenêtre qui donnait sur la salle de bain s’ouvrit sans aucune résistance : il pénétra ensuite à l’intérieur, avant de la refermer derrière lui.
Son armure tomba lourdement contre le carrelage et la combinaison qu’il portait en dessous ne tarda pas à faire de même. Une odeur âcre le saisit aussitôt. L’odeur du sang, celui qui couvrait son visage et ses mains. Un sang qui n’était pas le sien. L’enlever n’effacera pas pour autant les actes violents qu’il avait été forcé de commettre, mais il se sentirait mieux avec la certitude qu’aucune de ses blessures ne se soit infectée. L’adrénaline qui maintenait son corps en mouvement s’était dissipée et en dépit de la résistance naturelle due à ses prédispositions génétiques, le contrecoup avait fini par se faire ressentir. Malgré la robustesse de son plastron, ses muscles étaient couverts d'horribles contusions qui tendaient à rendre le moindre mouvement inconfortable. Le sadalien resta immobile, se demandant si la pièce disposait de quoi se nettoyer et se sécher.
C’est à ce moment-là que son regard se posa sur le miroir à sa gauche - et il se figea aussitôt.
Il ne put s’empêcher de faire un pas en arrière sous le coup d’une stupeur silencieuse. Il mit quelques secondes à reconnaitre son propre reflet, tant sa perception avait été altérée par la déformation de son identité. Sous les bleus et les hématomes, sa peau était d’une pâleur anormale et des cernes creusaient ses paupières comme s’il n’avait pas dormi depuis des semaines. Il détourna lentement la tête, comme s’il redoutait que cette image ne puisse prendre vie à travers la surface brisée du miroir et se superposer définitivement à la réalité - ou comme s’il ne voulait pas risquer de voir ses propres larmes couler. Ce sentiment persista tandis qu’il débarbouillait le sang séché sur son visage et qu’il retirait la poussière incrustée sur son équipement. Mais il savait pertinemment qu’il ne pourrait pas éternellement fuir ce qu’il était devenu.
Au bout d’un quart d’heure, il renfila sa tenue de combat et sortit de la salle de bain côté couloir. Il avait tenté de comprendre le fonctionnement de la curieuse baignoire qui se trouvait en son centre, mais sans succès. Prendre le temps de faire couler un bain l’aurait sans doute laissé vulnérable, quand bien même ses muscles demeuraient encore contractés. Il avait alors eu recours à la vasque près du miroir, qui avait largement suffit à tous ses besoins.
Tandis qu’il parcourait les diverses pièces de la maison d’un pas prudent, il découvrit un début de fresque sur sa droite, éclairé par les dernières lueurs du jour. Une faune et une flore variée, représentées avec de belles couleurs un peu délavées par le temps. Cabba n’était pas très instruit en ce qui concernait la peinture, l’architecture ou la sculpture, mais cela ne l’empêchait pas d’être impressionné par ce qu’il était entrain d’admirer. Intrigué, il suivit du regard les quelques dessins s’étaler sur les murs, puis sur le plafond. Il se demanda qui pouvait bien avoir pris le temps de peindre toutes ces choses, sans savoir que la réponse se trouvait dans un coin encore inaccessible de sa mémoire. Plus il avançait, plus les couleurs se faisaient riches, presque saturées, comme si les créatures pouvaient prendre vie et bondir à ses côtés d’un instant à l’autre.
Toutes ces belles scènes créaient une promenade hors du commun, qui l’emmena vers un grand salon où se trouvait le cœur de la fresque. A la distance où il se trouvait, il distingua des formes plus humaines, chacune peinte dans son coin et faisant pourtant réunies dans un même décor. Il pensa d’abord à un tableau représentant des figures issues des légendes terriennes, mais en approchant, il se rendit compte qu’il s’agissait de tout autre chose : des portraits de personnes tout à fait banales.
Au centre se trouvait une jeune femme, avec une queue semblable à celle du peuple saiyan de l’univers 7. A sa droite, un homme était assis et bien que son visage ne soit plus tout à fait le même, c’était sans aucun doute Scalio, à qui son passé oublié semblait intimement lié.
Ce qui l’étonna le plus ne fut pas de voir leurs visages aussi bien détaillés, ou qu’ils aient été dessinés pour des raisons qu’il ne parvenait pas à envisager : ce qui l’abasourdit vraiment fut de constater qu’à leur gauche se trouvait-
Setsuka
Saiyan
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Sujet: Re: "Le Dernier Jour sur Terre." [PV] Lun 24 Jan 2022 - 17:57
Le Dernier jour sur Terre.
Un panier de fruits au bras, la petite saiyan fait sa cueillette. Un peu en retrait de la propriété de Scalio, il y a des arbres fruitiers et même de quoi faire des plantations… Que croyez-vous que notre chasseuse à la main verte a fait ? Il faut donner de la richesse à ces terres ! Alors c’est sans hésitation qu’après étude du terrain, l’autochtone avait planté moult graines d’espèces et variétés diverses.
Cette journée avait été consacrée au « ramassage » de nourriture. La plupart des bestioles dites sauvages qui se reposaient ici chassent, mais ils ont besoin en majorité d’aide au vue des circonstances catastrophiques sur la faune au regard des derniers évènements. Du coup c’est un travail naturel pour l’étrangère que de leur donner un coup de main. Celle-ci renforce également ses propres réserves. Il fait bon vivre, après tout, chez Scalio, maintenant que la rénovation est presque terminée. Puis c’est une sorte de havre de paix à part dans Satan-City. Cela lui rappelle Görana, et c’est sans surprise que l’on retrouve des décorations et des manières de faire propre aux habitants de cette planète chez Scalio, à présent.
Les autres jours, la sauvageonne aide le peuple à reconstruire. Contre de la nourriture et un peu d’argent, de quoi vivre décemment ici. Toutefois leur étrange monnaie n’est utile que pour se prélasser dans la luxure ou presque en temps normal, et ça ce n’est pas un truc qui botte particulièrement la concernée.
Enfin, en rentrant à sa maison par procuration, elle sentit la présence d’une énergie nouvelle, à l’intérieur. Un animal s’était probablement introduit, à la recherche d’un endroit où se reposer. Cette supposition la ravie et un grand sourire jusqu’aux oreilles la gagne.
Cependant, des traces de sang jonchent le sol. Et si c'était un soldat ? Bah ! Pas de souci, Setsuka aide toutes les sortes d’animaux, hein ! Même humanoïdes ! Du coup, elle ne perdit pas pour autant sa gaieté, sifflotant joyeusement tout en continuant son chemin.
La silhouette qui se dessine de plus en plus clairement devant ses yeux est familière. Elle en lâche son panier de fruits et accoure, pleine de bonnes ondes, vers cet homme qui lui apporte une présence rassurante.
« Tu es vivant !! » S’écrie-t-elle d’un air soulagé en lançant ses bras autour de sa nuque pour l’étreindre tout contre elle. « Je suis tellement contente de voir un visage familier ! Cela fait des semaines que je suis toute seule ici ! » Sa queue de singe s’entortille d’excitation. « Tu as l’air exténué ! Enfin, un peu comme tout le monde mais toi c’est en pire. T’as une sacrée tronche ! Mais t’inquiète, tu es en sécurité avec moi ! Tu vas pouvoir te reposer ! » Celle-ci avait déposé ses mains sur les épaules de son compagnon en lui disant ces dernières phrases, le scrutant méticuleusement pour comprendre qu’il s’était battu il y a peu.
« Installe-toi ! Je te sers quoi ? Du thé, du café ? Du chocolat ? Y’a des tonnes de variétés sur Terre, ça change de Görana ! Maaaais ! Le goût authentique des saveurs sur ma planète est inimitable, désolée pour les terriens ! » Continue-t-elle en préparant un service à boissons. « Tu as faim aussi, sûrement ! J’ai des fruits, pis des gâteaux aussi ! J’ai fait une tarte aux pommes et une autre aux abricots ! » Sa joie explose littéralement, englobant la pièce par cet intense rayonnement qu’une personnalité atypique telle celle de la sauvageonne peut produire. « Ben ! Fais pas le timide, Cabba ! Je sais qu’on est tous secoué avec ce bazar total mais ce peuple va s’en sortir, ils sont motivés ! Pis ils ont notre aide, aussi ! »
La saiyan se faufile rapidement un peu partout pour préparer une table garnie de ses gâteaux, d’assiettes, de couverts et de tout ce qu’il faut pour un petit goûter qui remonte le moral !
« Ah ! Et au fait, alors, j’espère que tu apprécies comment je t’ai dessiné ! » Fait-elle d’un coup, parce que oui, de base il admirait ses peintures. « J’ai essayé de représenter tous les copains que j’ai rencontré depuis que je découvre ce monde ! Je me suis dit que ça vous ferait plaisir, et à Scalio aussi. » Celle-ci lui sert deux bonnes grosses part de ses deux gâteaux, un peu comme une mamie le ferait avec ses petits-enfants. « Faut reprendre des forces ! Alors, comment ça s’est goupillé de ton côté depuis notre rencontre ? Moi j’ai rencontré la femme de mon ami Sharotto, quelle coïncidence ça a été !... Mais ils ont tous les deux disparus, depuis. » Elle soupire d’un air désolé. « C’est un peu nul, mais bon ! Ils sont toujours dans nos cœurs et nos mémoires, pas vrai ? »
Tout semble toujours si simple avec Setsuka. Son sourire ravive les cœurs, revigore ceux à ses côtés. Pourtant sa vie n’a pas été épargnée par la guerre et les drames. Cependant elle a choisi de promouvoir la bonté et la joie, peu importe ce qui arrive. C’est ça qui la fait tenir !
Cabba
Saiyan
Age : 27 Date d'inscription : 30/01/2018 Nombre de messages : 231Bon ou mauvais ? : Je défendrais ceux qui en ont besoin. Zénies : 1600 Rang : -
Techniques Techniques illimitées : Distorsion Kick / Gravity Break / Garrick Cannon Techniques 3/combat : Dimensional Impulse / Energy Shield Techniques 1/combat : Big Bang Cannon
Sujet: Re: "Le Dernier Jour sur Terre." [PV] Mar 25 Jan 2022 - 19:30
Cabba resta longtemps devant cette découverte sans faire le moindre geste, incapable d’émettre la moindre manifestation de surprise. Ce dernier dessin représentait un homme, plus petit en taille que les autres personnages qui l’entouraient-
"C'est..."
- vêtu d’un plastron d’acier et d’une cuirasse pourpre, un sourire sur son visage détendu-
"... Non, c'est impossible."
Mais il ne pouvait douter une seule seconde de la nature de l’armure que l’individu portait sur ses épaules : c’était la sienne, celle de l'armée de Sadala, celle qui faisait sa fierté de défenseur et l’admiration de ses concitoyens. Une impression de vertige l’envahissait peu à peu. Il ne pouvait ni concevoir ni accepter ce qui se trouvait devant lui, et pourtant...
C’est... moi.
Cela semblait impossible, mais c'était bel et bien lui que l’on avait dépeint, dans cette pièce dont il n’avait absolument aucun souvenir, dans une maison où il ne s'était jamais rendu - où il ne se souvenait pas s’être rendu.
Bouleversé, il lui fallut quelques secondes pour remettre de l’ordre dans ses pensées. Des dizaines de questions continuaient à tourner dans sa tête, mais ce qu’il était en train d’observer ne lui donna aucune réponse. Il avait besoin de réfléchir. Une personne qu’il ne connaissait pas savait qui il était, elle avait choisi de l’incorporer dans une de ces scènes restituant des moments importants de sa vie : cette idée répondrait à toutes ses interrogations mais le précipitait en même temps dans une profonde sensation d’irréalité. Plus il se concentrait sur ce qui avait été restitué autour de lui, plus il parvenait à associer le peu qui lui restait encore en mémoire. La beauté de la planète, la diversité de ses habitants, la guerre qui l’avait détruite, l’émigration forcée de ses populations, l’effondrement puis la reconstruction de ses fondations.
Son regard revenait sans cesse sur les figures peintes sur le plafond au-dessus de sa tête. Peut-être qu’en étudiant plus attentivement ces portraits, il parviendrait à déceler plus d’indices. Tout d’abord, il remarqua qu’il avait été représenté sans l’épée qu’il avait sur lui, ce qui l’encouragea à penser qu’il ne l’avait pas encore récupérée à ce moment-là. Puis il porta son attention sur le portrait de Scalio, vêtu d’une tenue entre l’uniforme policier terrien et l’armure traditionnelle de Sadala, qui avait plus l’allure d’un protecteur que d’un terroriste. Enfin, il s’arrêta un instant devant le troisième portrait qui avait attiré son attention. Il ne parvenait pas à détacher son regard d’elle. Elle semblait si radieuse, entourée de toutes ces personnes proches d’elle. Les lueurs du soleil couchant dessinaient sur son visage des ombres douces. Pendant un instant, elle parut prendre vie et venir à sa rencontre, comme si elle se trouvait – ou se trouvait déja – en face de lui.
"Tu es vivant !!"
Ce fut à peine s’il entendit les fruits s’échapper du panier qu’elle portait, pour rebondir et rouler sur le parquet.
"Je suis tellement contente de voir un visage familier ! Cela fait des semaines que je suis toute seule ici !"
Ses bras s’enroulèrent autour de sa nuque et il sembla se laisser faire, sans mot dire. Lui qui n’était pourtant pas habitué au contact avec ses semblables en dehors des entrainements ou des combats, les mains de la jeune femme posées sur ses épaules ne l’avaient même pas fait sursauter.
Cette voix…
C’était si étrange, pour lui, de se sentir reconnu et accueilli. Les dernières personnes qui avaient prétendu le connaitre lui avaient menti, l’avaient trompé ou bien avaient tenté de se débarrasser de lui. Il avait dû partir à l’autre bout de l’univers, renoncer à ses espoirs, combattre des menaces inconnues, tuer des ennemis qu’il n’avait jamais voulu se faire. Partout où il allait, il devait continuellement se préparer à lutter contre des forces qui le dépassaient. Seul. Mais voilà que dans les terres infertiles de ses souvenirs qu’il foulait depuis un certain temps, une fleur resplendissante avait fini par éclore.
Je la connais…
Ses sens ne parvenaient pas à déterminer si ce qu’il était en train de vivre était réel ou non, et il craignait que cette chaleur contre la sienne ne soit aussi qu'un mensonge, une contrefaçon de son esprit, une énième machination pour son cœur qui ne supporterait pas d'être une nouvelle fois abandonné. Il ne savait pas qui elle était, pourtant, elle n’avait pas hésité une seule seconde à le considérer comme un proche - comme un ami.
"Tu as l’air exténué ! Enfin, un peu comme tout le monde mais toi c’est en pire. T’as une sacrée tronche ! Mais t’inquiète, tu es en sécurité avec moi ! Tu vas pouvoir te reposer !"
Elle avait probablement dû le sentir, mais il n’était plus vraiment la même personne qu’elle avait rencontré à l’époque, pas après tout ce qu’il avait traversé. Le noir profond de ses prunelles ne reflétait plus l'étincelle de détermination qu'il avait toujours arborée, et ses sourcils s’était davantage renfrognés. Sa précieuse candeur avait été brutalement écrasée par les traumatismes qu'il avait été forcé de subir. Il semblait avoir vieilli comme on ne le fait qu'après avoir trop enduré. Son apparence était toujours la même, mais indubitablement changée par la continuité de sa souffrance.
"Installe-toi ! Je te sers quoi ? Du thé, du café ? Du chocolat ? Y’a des tonnes de variétés sur Terre, ça change de Görana ! Maaaais ! Le goût authentique des saveurs sur ma planète est inimitable, désolée pour les terriens !"
A cause de la stupeur dans laquelle son esprit se trouvait encore, il lui était difficile de comprendre de quoi elle parlait et pourquoi elle lui en parlait. Cependant, il comprit qu’elle était entrain d’apaiser le stress qui l’envahissait de plus en plus.
"Tu as faim aussi, sûrement ! J’ai des fruits, pis des gâteaux aussi ! J’ai fait une tarte aux pommes et une autre aux abricots !"
Dans la foulée, elle s’empressa de déballer un véritable festin sous son regard encore déconcerté, disposant une quantité impressionnante d’assiettes pour ensuite lui servir tout autant de collations délicieuses. Son estomac avait déjà été comblé lors de son séjour à la Tour Karin, mais il ne s’était pas rendu compte qu’il avait perdu son appétit depuis plusieurs jours déjà.
"Ben ! Fais pas le timide, Cabba ! Je sais qu’on est tous secoué avec ce bazar total mais ce peuple va s’en sortir, ils sont motivés ! Pis ils ont notre aide, aussi !"
Son cœur sauta plusieurs battements. Comment connaissait-elle son nom ? Tout sembla alors s’éclaircir un peu plus dans son esprit : c’était elle qui avait peint les fresques un peu partout dans la demeure, elle devait donc l’avoir reconstruite après la guerre. Elle avait fait la connaissance de Scalio, mais il ignorait les circonstances de leur rencontre. L’ancien caporal était un terroriste, il était l’un des responsables de l’invasion des troupes du dieu-empereur Auros. Mais elle devait le porter avec une grande sincérité dans son cœur, sinon, elle ne l’aurait pas représenté sous une si belle lumière. Etaient-ils proches ? Qu’avaient-ils vécu ensemble ? Ses pensées ressassaient tellement d’informations contradictoires qu’il ne savait plus ce qui était vrai.
De toutes les personnes qui le savaient toujours en vie et qui avaient assisté à ces évènements oubliés de sa mémoire, qui pouvait bien détenir la vérité ?
"Ah ! Et au fait, alors, j’espère que tu apprécies comment je t’ai dessiné ! J’ai essayé de représenter tous les copains que j’ai rencontré depuis que je découvre ce monde ! Je me suis dit que ça vous ferait plaisir, et à ███████ aussi."
Cabba fronça les sourcils. Que venait-elle de dire ? Il lui sembla ne pas avoir bien compris de qui elle parlait. C’était sans doute toute la fatigue accumulée ces derniers temps qui pesait de plus en plus sur son cerveau. Elle rebondit sur sa dernière phrase comme si de rien n’était, toujours aussi enjouée :
"Faut reprendre des forces ! Alors, comment ça s’est goupillé de ton côté depuis notre rencontre ?"
Ils avaient donc déjà fait connaissance, mais elle était la seule qui s’en souvenait. Selon elle, ils s’étaient vus lors de la guerre, mais il peinait à concevoir qu’un cœur aussi pur que le sien se soit retrouvé impliqué dans un conflit aussi tragique. Son visage était si réconfortant. Sa bonne humeur semblait si communicative. Son nom était sur le bout de sa langue, il s’en voulait de ne pas parvenir à le retrouver.
"Moi j’ai rencontré la femme de mon ami ███████, quelle coïncidence ça a été !... Mais ils ont tous les deux disparus, depuis."
Qui ? Voilà qu’il n’avait pas bien entendu, une fois de plus. Un bruit venu de dehors avait sûrement dû retentir à ce même moment. Mais en scrutant les alentours, il réalisa qu’ils étaient seuls.
"C’est un peu nul, mais bon ! Ils sont toujours dans nos cœurs et nos mémoires, pas vrai ?"
Le sadalien ne sut quoi répondre. Il devina une certaine tristesse dans sa dernière déclaration. Elle avait perdu des proches lors de la guerre, mais cela ne l’avait pas empêché de continuer à vivre pour autant. Elle était dans une meilleure forme qu’il ne l’était lui-même.
"Je… suis désolé."
Que pouvait-il lui dire ? Qu’il n’était pas la personne qu’elle avait connu ? Qu’il se sentait responsable ? Qu’il avait fait tout ce qu’il pouvait et que ça n’avait pas suffit ? Il ne redoutait pas sa réaction, mais il ne voulait pas prendre le risque de la heurter. Parce que c’était tout ce qu’il avait été capable de faire, ces derniers temps. Souffrir. Rendre les coups. Blesser. Tuer. Sa seule présence provoquait en lui un besoin de la protéger. Mais de quoi pouvait-il bien la protéger ? De ce qu’il était devenu ? Elle ne semblait pas avoir peur de lui. Elle ne savait pas ce qu’il avait vécu. Elle ne se doutait pas de ce qu’il était capable de faire. Il ne pouvait même pas lui dire ce qu’il ressentait vraiment.
"Je me souviens à peine de ce qui s’est passé ce jour-là..."
Il avait senti qu'il devait réagir d'une manière ou d'une autre, alors il avait finalement réussi à articuler une réponse. Mais cela ne lui laissa qu’une frustration amère dans la poitrine. Peu importe ses efforts pour chercher à se rappeler, tout ce qu’il obtenait n’étaient que des scènes logiques mais incomplètes, disposées les unes sur les autres sans pour autant constituer une suite cohérente. Il avait beau trouver des preuves indiscutables de sa présence, il ne parvenait pas à en saisir la finalité.
Plus il la regardait faire, plus une autre vision se superposait à la réalité. Dans la brume de ses pensées, il semblait se souvenir de quelqu'un… voulant protéger et sauver d'autres personnes à ses côtés... Ce sentiment de confiance et d’entraide, qu'il n'avait pas ressenti depuis si longtemps... décocha comme un flash à travers son cerveau.
Aider... d' aut res m ani ères... Des êt res viv a nts... à se c o ur i r...
Oui, je suis bien ███████ !
Sa tête lui faisait si mal…
"Je ne me souviens même plus de ton nom…"
Setsuka
Saiyan
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Sujet: Re: "Le Dernier Jour sur Terre." [PV] Mer 26 Jan 2022 - 14:49
Le Dernier jour sur Terre.
Malgré son apparente bonne humeur, Setsuka n’est pas dupe. Elle fait juste mine de ne pas voir. Enfin, plutôt, elle digère l’information mais ne se désespère pas pour autant. Cabba a l’air… différent. Il n’y a plus cette étincelle de vie dans ses yeux, celle-là même qui nous pousse à déplacer des montagnes afin d’accomplir nos objectifs. Il a l’air tellement vide. Tellement seul et perdu. Cela lui fend le cœur… mais quelle utilité que de lui montrer sa peine ? Il en ressent déjà bien assez.
Se comporter d’une manière gaie est le mieux à faire, définitivement. Bien qu’il soit terré dans un mutisme appuyé, la petite saiyan continuait de faire la discussion. Tant pis s’il ne se sent pas assez bien pour répondre réellement. L’important, c’est qu’il se sente dans un endroit où il peut enfin reprendre son souffle – où le danger ne le guette pas.
« Ben ! Pourquoi tu t’excuse ! C’est normal d’être bouleversé comme ça, va ! » Bien sûr qu’elle ignore tout de ce qu’il peut traverser et de ce qu’il a réellement enduré. « Mais pense qu’il y a toujours une lumière au bout du tunnel ! Pis on est ensemble, maintenant ! » Le rassure-t-elle en tendant sa main vers lui afin de recouvrir la sienne.
Comment était-ce seulement possible qu’il ait perdu ses souvenirs ? Il avait l’air dans le brouillard complet. Comme si un évènement démentiel l’avait contraint à oublier ou à enfermer tout ça dans une boîte sans serrure. Ou alors, est-ce quelque chose ou quelqu’un lui les lui avait volés ? Visiblement, Cabba avait dû surmonter des épreuves supplémentaires en plus de cette guerre catastrophique.
« Tu es en état de choc, je suppose que c’est pour ça que tes souvenirs sont vagues. Mais eh, t’inquiète, avec du repos et Setsuka pour s’occuper de toi, ça va finir par revenir ! » Assure-t-elle en tendant un pouce vers le haut toute fière.
Il n’avait même pas vraiment l’air d’être là. Comme s’il était sur un autre plan de l’existence en même temps. Comme si son esprit était scindé. Lorsqu’il avoue ne plus se rappeler de son prénom, la jeune fille prend une grande inspiration et lui tapote gentiment l’épaule.
« Allez, viens. J’ai une chambre où tu peux te reposer. Je pense qu’on devrait discuter qu’une fois que tu auras pu dormir, parce que tu trimballes des cernes d’environ treize kilomètres ! » Plaisante-t-elle en lui faisant signe de la suivre. « Et puis je vais te préparer un repas plus consistant pour quand tu seras réveillé, ça te feras le plus grand bien ! »
L’autochtone l’amène jusque dans ce qui semble être la chambre de Scalio. C’est l’endroit où elle dort habituellement. Celle-ci défait les draps et en mets des fraîchement lavés, qui dégagent une odeur de fleur d’oranger.
« Bon ben tu fais comme chez toi, hein ! » Dit-elle en se dirigeant vers la sortie. « Au fait, c’est une jolie épée que t’as là ! » Remarque-t-elle enfin. « Je ne savais pas que tu savais manier ce genre d’arme. Moi je n’aime pas me battre avec ce genre de trucs, mais c’est parce que j’ai été habituée seulement à l’arc et aux lances sur Görana. » Celle-ci prit des affaires à Scalio, une sorte de pyjama qu’elle tendit à Cabba. « Tiens si tu veux te mettre dans une tenue plus confortable pour taper un somme’ ! » Enfin, la jeune fille fit un aller-retour au salon pour lui ramener de quoi boire. « Si t’as soif, on ne sait jamais ! Je crois que je n’ai rien oublié. De toute façon si tu me cherche je reste dans le coin, alors t’en fait pas ! » Cette dernière mime une pose de garde et continue : « Gardienne Setsuka en poste, monsieur ! Vous êtes en sécurité ! »
La sauvageonne accompagne son geste d’un sympathique rire, souhaite un bon repos à son ami et s’éclipse en fermant la porte derrière elle. Celle-ci se rapatrie dans le salon et s’assois un moment. L’état de son copain l’abasourdie et il lui faut un moment pour s’en remettre. Que va-t-il lui arriver s’il persiste dans un tel cauchemar ? Il est plus sage que la petite saiyan reste à ses côtés et qu’il demeure ici, sous sa bonne garde. C’est tout du moins ainsi qu’elle envisage les choses.
La jeune fille se remet au travail après un moment à méditer sur cela. Il n’y a pas de bonne réponse, en réalité. La seule chose à faire c’est de s’occuper de lui au mieux. Peut-être qu’il pourra recouvrer la mémoire s’il est dans un environnement sécurisant et propice à son repos. Elle l’espère du fond du cœur.
C’est sur un fond de musique « hard rock » d’une tonalité basse pour ne pas incommoder son invité, style de musique découverte pendant son présent séjour sur Terre, que la chasseresse s’active pour préparer un bon rôti. Avec plusieurs sauces : miel et thym, trois poivres et aux oignons. On ne sait jamais ce que va préférer les invités, autant donner du choix ! Elle accompagne ce repas de pommes de terres et de légumes marinés.
Entre temps, elle avait ramassé le panier et les fruits.
Ensuite, elle s’occupe de donner le biberon à des petits chiots orphelins qui traînent dans une sorte de grand parc disposé pour eux dans la maison. C’est là sa vraie vocation : s’occuper des autres ! Et surtout des bestioles dans ce genre-là. Ils sont si attendrissants ! Elle se dit que Cabba pourrait donner à manger à ces petits cœurs, peut-être que ça le mettrait de bonne humeur à son réveille !
Cabba
Saiyan
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Sujet: Re: "Le Dernier Jour sur Terre." [PV] Dim 30 Jan 2022 - 20:15
"Tu es en état de choc, je suppose que c’est pour ça que tes souvenirs sont vagues. Mais eh, t’inquiète, avec du repos et ███████ pour s’occuper de toi, ça va finir par revenir !"
Elle ne semblait pas lui en vouloir, heureusement. Elle disait même deviner sa raison de son amnésie, mais s’ils avaient assisté aux mêmes horreurs, pourquoi était-il le seul à ne pas s’en rappeler ? Cabba ne comprenait rien. Depuis quelques heures, ses souvenirs revenaient forts, presque palpables. Mais ils étaient trop soudains et trop déconnectés les uns des autres pour qu’il puisse les associer. A chaque fois qu’il croyait détenir la vérité, il y avait toujours une partie cachée qui obscurcissait le reste. Curieusement, c’était toujours parce qu’il manquait un détail que la compréhension ne se faisait pas.
Ce détail semblait toujours le même. Mais quoi ?
"Allez, viens. J’ai une chambre où tu peux te reposer. Je pense qu’on devrait discuter qu’une fois que tu auras pu dormir, parce que tu trimballes des cernes d’environ treize kilomètres ! Et puis je vais te préparer un repas plus consistant pour quand tu seras réveillé, ça te fera le plus grand bien !"
Elle l’invita gentiment à la suivre vers une autre pièce. Il se laissa entrainer sans un mot, ne pouvant s’empêcher de contempler le balancement leste de sa queue de singe : sa bonne humeur se ressentait jusque dans ses mouvements les plus spontanés.
"Bon ben tu fais comme chez toi, hein !"
Son cœur se serra à cette pensée. Chez lui. Cela faisait depuis un bon moment qu’il s’était résolu à admettre qu’il ne reviendra probablement jamais sur Sadala. Etait-il prêt à faire de cet univers sa terre d’accueil ? Voulait-il s’habituer à mener une vie sans ses camarades, sans son roi, sans ses proches, sans son mentor ? Ce n’était pas comme s’il avait le choix. Il n’avait jamais eu le choix. La seconde chance qui lui avait été donnée n’était malheureusement pas celle qu’il aurait voulu avoir.
"Au fait, c’est une jolie épée que t’as là ! Je ne savais pas que tu savais manier ce genre d’arme. Moi je n’aime pas me battre avec ce genre de trucs, mais c’est parce que j’ai été habituée seulement à l’arc et aux lances sur Görana."
Il recula malgré lui, manquant de prendre une posture défensive. Cette arme avait déjà fait couler suffisamment de sang et il ne voulait surtout pas qu’elle se risque à l’examiner. Néanmoins, elle ne semblait pas reconnaitre la lame en elle-même ni même son origine, une incohérence avec ce qu’il avait appris qui ne lui avait pas échappé. Il se rapprocha prudemment, sincèrement navré d’avoir réagi ainsi. Comme si de rien n’était, elle continua à bavarder, posant du linge sur ses bras comme si elle avait prévu de le lui donner. Le coton sentait bon les fleurs et les agrumes, mais aussi une odeur plus discrète qui n’était pas celle de sa sauveuse. Il n’était pas sûr que ces habits soient à sa taille. Il n’était même pas sûr de savoir à qui ils étaient. Peut-être qu'ils étaient à ██████ ? Il était trop épuisé pour se poser plus de questions...
"Tiens si tu veux te mettre dans une tenue plus confortable pour taper un somme !"
Son alliée disparut hors de la chambre aussi vite qu’elle était rentrée, pour revenir avec une coupe sans doute remplie d’eau.
"Si t’as soif, on ne sait jamais ! Je crois que je n’ai rien oublié. De toute façon si tu me cherches je reste dans le coin, alors t’en fais pas !"
A ces mots, ses pensées vacillèrent sans qu’il ne puisse faire quoi que ce soit. A la vision de la réalité se superposa une autre, plus ténue, qui alla en s'intensifiant. Le visage de la jeune femme s’estompa d’un seul coup et ce qu’il vit à sa place lui procura un sentiment de vertige insensé. La chambre dans laquelle ils étaient se trouvait au beau milieu d’une cité en ruines, sa bienfaitrice portait un autre accoutrement, le récipient qu’elle tenait entre ses mains était devenu une sorte de baume….
Et ce fut alors, à travers ses souvenirs égarés, qu’il entendit sa voix…
Est-ce qu’on peut aider d’autres manières ? La situation semble entre de bonnes mains avec ces hommes-bêtes, la faune et l’armée. Sinon, je vais aller plus profondément dans la ville voir s’il reste des êtres vivants à secourir !
… et ce fut alors, à travers ses souvenirs égarés, qu’il entendit enfin son nom.
"Gardienne Setsuka en poste, monsieur ! Vous êtes en sécurité !"
Un éclair de stupeur ricocha spontanément en lui. Le regard hésitant de Cabba rencontra alors toute la tendresse dans celui de Setsuka... Mais avant même qu’il ne puisse répondre, elle s’était déjà sauvée vers le couloir, le laissant pour de bon seul dans la chambre.
"A-Attends…"
Elle avait raison. Après tout ce qu’il avait enduré, il fallait qu’il profite des quelques moments de répit qui lui étaient offerts pour reprendre des forces.
Maladroitement, il enfila la chemise bien trop grande avant de s’enfoncer dans le matelas rembourré de plumes. Son regard resta un moment sur les ombres abstraites au plafond, s’attendant à ce que des visions cauchemardesques sortent des murs et se mettent à le poursuivre d’une seconde à l’autre. Au-dessus de sa tête, il crut voir les étoiles scintiller. Il tendit un bras vers la voûte, persuadé de pouvoir la toucher. Mais ces étoiles n’étaient que des pigments représentant l’immensité du ciel de nuit, une des nombreuses peintures de l’autochtone. Le son d’une mélodie lointaine, le fracas de la vaisselle et les pas sur le parquet le maintenaient encore éveillé, mais c’était surtout les évènements de la journée qui se bousculaient dans sa tête et l’empêchaient de trouver le sommeil.
Lorsque la musique et les bruits s’évanouirent, il commença à s’assoupir, mais il se réveilla aussitôt en sursaut, frémissant, affolé. Les poils sur ses bras étaient tendus et son cœur battait la chamade, mais il ne savait pas ce qui l’avait alerté. Il retint son souffle, le corps crispé, ses sens en alerte. Son épée était à l’autre bout de la pièce, mais toujours à portée. Puis ce fut là, faible, à peine perceptible. Des bruits de pas dans le couloir, devant sa chambre. Une ombre assombrit la fente entre la porte et le sol, la porte de la chambre s’entrouvrit légèrement. Puis, plus rien.
Dans l'obscurité de la tombée de la nuit, Cabba resta sans bouger, son esprit quelque part entre la nécessité de rester éveillé et l’intention de rester endormi pour se soustraire à l'inévitable cruauté de la réalité. Lentement, il rassembla les dernières choses qui lui restaient en mémoire. Il avait fait un rêve paisible, où il avait fait la rencontre d’une jeune femme avec qui il avait aidé la population terrienne à fuir la guerre. Elle aussi avait vécu la perte de ses proches, et avait survécu en faisant le bien autour d’elle... Cela semblait si réel. La chaleur de ses mains contre la froideur de son armure avait été si palpable. Sa voix enjouée lui avait dit ce qu’il avait tant envie d’entendre depuis tant de temps. Qu’il était en sécurité. Qu’il allait pouvoir se reposer. Que ses souvenirs allaient lui revenir. Qu’il n’avait plus à s’en faire. Il ne voulait pas se réveiller et découvrir que ces retrouvailles n’étaient qu’un rêve, encore…
Contre son gré, un couinement aigu le ramena à la réalité. Il s’étira un instant, sortant ses jambes hors du lit. Il se sentait… plus lourd que d’habitude. Mais ce n’était pas la même sensation de pesanteur causée par son épée, puisque celle-ci était encore dans son fourreau. Il sentit quelque chose d’humide et froid se poser contre sa jambe : à sa grande surprise, une créature s’était faufilée jusqu’à lui, passant entre ses chevilles, poussant de petits aboiements pour attirer son attention. Celle-ci ne semblait pas du tout farouche, peut-être même qu’elle cherchait un partenaire de jeu… Mais en cet instant, Cabba se trouva incapable de faire le moindre geste à son encontre, même avec de bonnes intentions. Il réalisa qu’il était sur le point de toucher une créature innocente avec ses mains, des mains qui étaient capables de tuer. La bestiole devait avoir ressenti sa peur, car elle s’éloigna et se mit à glapir d’autant plus, tournant sur elle-même comme pour montrer son impatience.
"Je ne voulais pas te faire de mal…" murmura-t-il, décidant d’écarter sa crainte absurde dans un coin de son cerveau comme il le faisait sans cesse.
Après avoir étendu les draps à la fenêtre puis endossé son armure, il poussa la porte de la chambre, la minuscule créature sur ses talons. Bien vite, ses pas le ramenèrent dans la plus grande pièce de la maison, où il put voir son amie au beau milieu d’une meute de créatures semblables à celle qui était venu le trouver. Cette dernière s’occupait tour à tour de les nourrir et de leur donner les soins nécessaires à leur bonne santé, un sourire maternel se dessinant sur son visage serein.
Sur la table, une ribambelle de légumes avait été disposée tout autour d’un rôti aussi parfumé qu’appétissant, digne des plus grands banquets de Sadaka. Une légère brise passait à travers la baie vitrée entrouverte. Le soleil couchant brillait, posé sur l’horizon. Un sentiment de soulagement le submergea, comme les remous d’un océan. Si sa tête lui faisait mal, ce n’était non pas parce qu'il souffrait, mais parce qu'il était en train de guérir.
Un rire cristallin sortit de la gorge de Setsuka, tandis qu’elle jouait avec les chiots réunis autour d’elle. Un rire positif, un rire énergique, qui persuada Cabba que tout cela n’était donc pas un rêve…
Mais jusqu’où est-ce que cela l'était vraiment ?
Setsuka
Saiyan
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Sujet: Re: "Le Dernier Jour sur Terre." [PV] Lun 31 Jan 2022 - 17:33
Le Dernier jour sur Terre.
L’autochtone n’avait aucune idée du tourment dont était victime son ami. Personne ne pouvait deviner ce qui lui était arrivé, de toute façon. La saiyan se disait que les effets traumatiques des récents évènements variaient naturellement d’une personne à une autre et que, par conséquent, il n’était pas improbable qu’il soit dans un tel état. Ne pas perdre la face n’est pas aisé. Il faut se battre pour continuer à conserver et à répandre la joie que le monde nous offre, au-delà des guerres incessantes des gens pourris.
La sauvageonne, assise sur un tapis au sol, des bébés chiots plein les jambes, les nourrissaient un par un. Son rire fit écho dans la pièce à mesure que les bestioles lui grimpaient dessus.
« Eh, doucement ! Chacun votre tour ! » Dit-elle en les ramassant délicatement pour les déplacer ailleurs où ils ne la gêneraient plus.
Ses yeux se posent sur Cabba, qui est déjà de retour. Celle-ci s’exclame :
« Tu dors trop peu ! Moi je suis une vraie marmotte, tu devrais prendre exemple ! » Le taquine-t-elle. Son regard découvre enfin le petit chiot égaré qui s’était faufilé dans la chambre.
« Aaaah, tu es là, toi ! Tu as été embêté notre invité, petite teigne que tu es ! » Le grondait-elle plutôt sur le ton de la rigolade qu’autre chose. « Puisque tu tiens tant que ça à coller Cabba, c’est lui qui va te nourrir ! » L’étrangère se redresse, se tourne pour prendre un biberon et le coller dans les mains de son copain. « Eh oui, c’est comme ça ! » Affirme-t-elle en ramassant le chiot aux pieds du saiyan pour le lui donner. « Il s’appelle Chupsy. C’est un peureux ! Des fois j’ai l’impression qu’il capte des trucs invisibles pour le commun des mortels vu les frayeurs qu’il se fait ! »
La jeune fille invite son ami à s’asseoir à ses côtés. « Je vais te montrer si tu ne sais pas trop comment faire. Le plus important, c’est qu’il n’y ait pas d’air dans la tétine quand tu nourris le chiot. » Celle-ci prit l’un des bébés dans ses bras, le mis sur le dos, attendit que Cabba l’imite et commença à lui donner la becquée. « Tu vois ? C’est facile ! En plus ils sont tout chaud et ils sentent bon le lait et le propre ! Parce que je les lave chaque semaine. »
Celle-ci espérait que cet « exercice » puisse davantage détendre son ami. Pour l’heure, il valait mieux éviter les « sujets qui fâchent » et simplement faire la causette. C’était mieux si cela venait de son initiative – le fait de parler des trucs pas cool.
« Alors t’as quand même bien récupéré, j’espère ? Il est confortable ce lit, hein ! » Celle-ci lève le visage pour lui offrir un sourire. « Ce sont les animaux qui m’ont mené ici. Je leur ai demandé s’ils savaient où habitait Scalio, et du coup me voilà dans sa maison ! Lui, par contre, maintenant c'est un être qui a fusionné avec un autre et il s'appelle Scalieco. C'est super comme principe, mais j'ai mis du temps à comprendre que c'était pas Scalio tout en étant lui quand même ! En attendant le lieu est entre de bonnes mains, héhé ! » Celle-ci désigne les autres chiots à nourrir si Cabba se sent d’attaque à poursuivre. « Bon, maintenant il a plein d’espèces différentes qui crèchent dans son jardin, mais ce ne sont que des bestiaux sympathiques ! J’ai cru comprendre que les gens ici ne comprennent pas le langage des animaux, c’est dommage, mais on peut se comprendre par des gestes heureusement ! » Celle-ci lui adresse un regard interrogateur. « Tu peux comprendre toi, ce qu’ils disent ? Sur Görana, tout le monde comprend leur langage. Peu importe les bruits qu’ils émettent, on peut les reproduire et se faire comprendre aussi d’eux. »
Cette dernière pose le petit chiot dont le ventre est bien rempli et commence à parler dans leur langage, ce qui sonne à peu près comme ceci pour les gens :
« Ouaf ouaf ! Ouaawf, ouawff… Ooouaf ! Gypsie ! » L’un des chiots glapit puis se précipite vers la petite saiyan et celle-ci le soulève pour lui donner à son tour de quoi le sustenter. « J’ai dit : « Et voilà pour toi ! Et le prochain c’est… toi, là ! Gypsie ! » Et du coup le chiot a reconnu son nom et il est venu, rien de plus normal ! »
Son sourire semble ancré constamment sur ses lèvres. L’autochtone se donne à la tâche sans rechigner, au contraire, on observe que c’est un véritable plaisir pour cette dernière. Après avoir fait le tour des chiots, celle-ci les remet dans leur parc. La majorité s’endorment les uns contre les autres, et ceux encore debout finissent par rapidement vaciller sur le côté pour faire une sieste.
« Une bonne chose de faite ! Je dois aller nourrir Tork et Nova, viens ! » Cette dernière sort de l’habitat, certainement suivie par son invité.
Celle-ci soulève deux énormes bassines pleine de viande fraîche.
« Ils sont en convalescence donc c’est moi qui chasse pour eux ! Par ici ! » La jeune fille contourne la maison. Sur le flanc droit se trouve deux dinosaures immenses qui semblent regarder leur reflet dans un point d’eau à proximité. Des oiseaux se sont posé sur leur échines et chantonnent gaiement.
« C’est l’heure de la pitance mes Seigneurs ! » En riait Setsuka, un conteneur sur chaque épaule. Celle-ci les dépose au sol alors que celui-ci se met à trembler sous les pas des géants affamés aux longues dents. « Ne t’inquiète pas Cabba, ils ont une apparence qui n’inspire pas confiance mais ils sont gentils ! » Dit-elle pour le rassurer, alors que les deux gigantosaurus arrivaient au pas de course.
Ils dévorèrent leur repas avec aisance et plaisir, pendant que la petite saiyan leur caressait les pattes – car leurs flancs étaient bien plus haut, même abaissé comme ils l’étaient, cela demeurait difficile de les atteindre. Cette dernière se tourne vers son invité et pose sa main sur la sienne dans un geste doux. Celle-ci fait ensuite en sorte que la paume de main de Cabba touche la peau rugueuse d’une des bêtes.
« Voici Nova, elle est enceinte comme tu peux le constater avec son gros bidou ! Et son compagnon à côté, c’est donc Tork. » Les deux créatures étaient effectivement blessées, à des endroits divers leur peau était ouverte mais sans être infectée. « Ils se sont battu avec de leurs congénères pour trouver un endroit tranquille où se reposer le temps que Nova accouche. J’ai soigné leurs bobos et maintenant ils vont rester ici pour avoir la paix ! »
Nova, après avoir terminé son repas, tourne son immense gueule vers les deux saiyan. Ses yeux sont tout aussi impressionnants, grands et jaunes, l’œil avisé du prédateur. Setsuka lui flatte le front avec quelques caresses et invite Cabba à faire de même.
« Ton bébé va naître dans de bonnes conditions, ne t’en fait pas ! Vous êtes en sécurité avec moi ! » Lui rappelle-t-elle alors qu’un petit son aigu sort de la gueule du monstre qui semble content.
Les gigantosaurus allèrent s’installer un peu plus loin, secouant les environs en déposant leurs grosses carcasses contre la terre.
« On devrait aller manger, je pense que c’est prêt maintenant ! » Setsuka fit demi-tour pour rentrer à la maison en compagnie de son copain. « J’espère que tu vas aimer. Je cuisine des choses plutôt simples, mais j’adore relever le goût avec des épices et des sauces ! »
Une fois à l’intérieur, elle lui fait signe de s’installer sur la grande table en bois. Cette dernière sort ses plats qu’elle avait conservé au chaud et les place sur la table. Le couvert est déjà mis. Celle-ci s’assoit en face du jeune homme et commence à le servir – bien comme il faut, à nouveau, c’est un peu comme si mamie vous servait la moitié du plat en vous disant qu’il faut manger pour prendre des forces alors qu’il y en a dix fois trop !
« Comme tu le vois je mène une petite vie simple et bien remplie comme celle que j’avais sur Görana. Parce qu’ici, tout le monde pense aux humains mais les animaux et les plantes pas tellement ! Un peu, mais pas « au même niveau » que les terriens, de ce que j’ai vu. Mais ça s’explique par le fait qu’ils n’arrivent pas à communiquer clairement inter-espèce, je pense. »
L’autochtone se servit à son tour et commence à manger comme un ogre. Poliment, certes, mais il est certain qu’elle mange comme trois malgré sa petite taille. Faut-il dire que ses journées sont sportives.
« Tu peux rester ici avec moi autant que tu le veux. Je ne t’empêcherais pas de partir si tu as à faire ailleurs, mais je pense que c’est bien tombé le fait que tu sois arrivé ici ! Tu as besoin de calme et de repos. C’est parfait, vu que c’est un havre de paix que tu as rallié en nous faisant honneur de ta présence ! »
Cette dernière lui servit un cocktail sans alcool avec des agrumes et du pétillant, puis lève son verre pour trinquer avec lui.
« Ardas’khan ! ça veut dire « santé » sur Görana ! » Lui explique-t-elle avec un sourire rayonnant.
Cabba
Saiyan
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Sujet: Re: "Le Dernier Jour sur Terre." [PV] Lun 7 Fév 2022 - 12:45
Tu te sentiras condamné. Tu verseras du sang et des larmes. Tu te trouveras confronté au sacrifice que tu devras faire. Alors seulement tu auras la réponse à tes questions. Et tu feras inévitablement le mauvais choix.
"Tu dors trop peu ! Moi je suis une vraie marmotte, tu devrais prendre exemple !"
Cabba resta immobile de longues secondes, avant que son amie ne lui fasse remarquer à quel point il avait peu dormi. Elle ne semblait pas lui en tenir rigueur, mais il s’en voulait de ne pas profiter du repos qu’elle lui offrait sans se poser de questions. Son esprit était encore en train de démêler ce qu’il avait vu de ce qui était vraiment. Il lui fallait du temps pour qu’il puisse s’ajuster au retournement de situation qu’il vivait en ce moment-même. C’était encore trop soudain, pour lui qui avait dû se résoudre à avoir tout perdu. La vie prenait un sens auquel il ne s’était pas attendu.
"Je… Je n’ai pas réussi à trouver le sommeil." avoua-t-il, un peu embarrassé.
Elle le regardait d’un air complice, ce qui lui plaisait beaucoup. Il se sentait mis en confiance. Devait-il lui confier ce qui se trouvait dans ses rêves ? Pouvait-il lui parler des visions terrifiantes qui se glissaient sous ses paupières lorsqu’il les fermait ? C’était des choses dont il ne pouvait parler à qui que ce soit, peut-être même pas à elle. Non pas parce qu’elles étaient douloureuses, même si elles l'étaient certainement, mais parce que les entendre résonner dans l'intimité de son esprit le faisait se sentir encore plus coupable de ne pas avoir le moindre contrôle dessus. Le prodige n'avait pas peur de dire ce qu'il pensait, il se montrait simplement très retenu sur ce qu’il voulait partager.
"Aaaah, tu es là, toi ! Tu as été embêter notre invité, petite teigne que tu es !"
En baissant la tête, il s’aperçut que la créature se tenait toujours entre ses jambes. De toute évidence, elle avait échappé à la surveillance de sa nourrice. Sa petite queue bougeait de droite à gauche pour manifester son envie de jouer.
"Puisque tu tiens tant que ça à coller Cabba, c’est lui qui va te nourrir ! Eh oui, c’est comme ça !"
Il n’eut pas le temps de protester car son amie lui donna aussitôt un biberon de lait chaud, avant de placer la bestiole toujours remuante dans ses bras. Pendant un instant, ses mains se mirent à trembler à l’idée de le lâcher ou de trop le serrer sous le coup du stress, mais il s’étonna qu’une créature à l’air aussi fragile puisse se montrer aussi vigoureuse. Il devait confronter les choses telles qu'elles étaient, pas comme il les craignait.
"Il s’appelle Chupsy. C’est un peureux ! Des fois j’ai l’impression qu’il capte des trucs invisibles pour le commun des mortels vu les frayeurs qu’il se fait !"
Il ne put empêcher son regard de se détourner, tandis qu’il repensait à l’impression que ceux qu’il avait croisé depuis son retour du néant lui avaient laissé. Comme s’ils se méfiaient de lui sans aucune raison apparente. Quelque chose avait changé en lui. Il avait changé sans s’en rendre compte, sans voir ni vouloir ce qui avait engendré ces changements. Peut-être que son amnésie avait été causée par le traumatisme à l’origine de cette métamorphose subie. Peut-être que sans le savoir, il était entrain de fuir ce qu’il avait été forcé de devenir.
"Je vais te montrer si tu ne sais pas trop comment faire. Le plus important, c’est qu’il n’y ait pas d’air dans la tétine quand tu nourris le chiot."
Pourtant, Setsuka avait été la seule à ne pas s’être montrée à son égard. Ou alors, elle le cachait bien. Elle semblait capable de voir les blessures invisibles qu’il portait sous son armure, mais elle ignorait ce qui avait pu les causer. Quelque chose s’était passé entre temps…
Sa contemplation fut distraite par ce que son amie lui proposait de faire. Il se mit à nourrir le chiot en obéissant parfaitement à chacune des directives qu’elle lui donnait, son conditionnement militaire ne supportant pas l’insubordination même dans la réalisation des tâches les plus banales. Il trouvait presque du réconfort dans ces quelques gestes simples, qui n’impliquaient pas le devoir de combattre ou de se défendre d’une quelconque menace.
"Tu vois ? C’est facile ! En plus ils sont tous chauds et ils sentent bon le lait et le propre ! Parce que je les lave chaque semaine."
Ces quelques secondes lui donnèrent l’illusion de mener enfin une vie normale. Cela ne dura pas.
"Alors t’as quand même bien récupéré, j’espère ? Il est confortable ce lit, hein !"
"Je crois que je ne me suis jamais allongé dans un lit aussi douillet"reconnut-il. "Merci de prendre soin de moi."
Sa tête resta baissée vers le chiot dans ses bras, comme pour ne pas que son amie puisse entrevoir la détresse qui était toujours présente à la seule pensée de ne plus être éveillé, de perdre encore le contrôle.
"Je n’ai pas dormi dans un vrai lit depuis si longtemps…" murmura-t-il, presque trop bas pour être entendu.
Il ne dormait plus vraiment, ces derniers jours. S’il parvenait à s’assoupir, c’était pour aussitôt revivre les mêmes cauchemars, si palpables qu’ils troublaient continuellement la frontière avec ce qu’il percevait de la réalité. Comme si son inconscient lui faisait passer un message, mais que son subconscient ne parvenait pas à le décoder. Cela lui faisait peur. Cela lui faisait mal. Il était déterminé à endurer la souffrance nécessaire au surpassement des épreuves qui lui étaient soumises, à renoncer à ses principes si cela pouvait lui permettre d’atteindre sa destination : mais cela ne le menait qu’à la détérioration de son intégrité, de son sentiment d’appartenance à ce monde. Il ne rêvait déjà plus de retourner vers là d’où il venait, car il découvrait jour après jour que personne ne l'attendrait.
"Ce sont les animaux qui m’ont mené ici. Je leur ai demandé s’ils savaient où habitait ██████, et du coup me voilà dans sa maison !Lui, par contre, maintenant c'est un être qui a fusionné avec un autre et il s'appelle ██████eco. C'est super comme principe, mais j'ai mis du temps à comprendre que c'était pas ██████ tout en étant lui quand même ! En attendant le lieu est entre de bonnes mains, héhé !"
Un bruit de statique bourdonna encore dans ses oreilles, couvrant une partie de ce qu’elle venait de lui dire. Cabba porta une main à ses tempes : un mal de tête le reprenait, entrainant une vive douleur avant de se dissiper. Il sentait que ce n’était pas une simple coïncidence et que sa mémoire était en train de refaire surface, mais il n’osait pas prendre le risque de s’infliger plus de dommage en lui demandant d’élaborer à propos de █████. Sa conscience tentait encore de rassembler les bribes de souvenirs qu’il avait récupéré à son insu.Avec qui se trouvait-il lorsqu’elle l’a rencontré pendant la guerre ? Avec █████ ? Où pouvait bien se trouver █████ maintenant que la guerre était terminée ?
Le Tournoi du Pouvoir… Son retour du Néant… L’assassinat de Vegeta… La Guerre sur Terre… L’invasion du dieu-empereur Auros…
Il ne s’était toujours pas remémoré des circonstances qui l’avaient amené à vivre tout ça, mais ses actions avaient été décisives pour les quelques personnes qui affirmaient l’avoir rencontré. Ces évènements se déroulaient dans sa tête sans qu’il ne parvienne pour autant à les connecter.
"Bon, maintenant il a plein d’espèces différentes qui crèchent dans son jardin, mais ce ne sont que des bestiaux sympathiques ! J’ai cru comprendre que les gens ici ne comprennent pas le langage des animaux, c’est dommage, mais on peut se comprendre par des gestes heureusement ! Tu peux comprendre toi, ce qu’ils disent ?"
En tant que membre des Forces de Défense, il étudiait le comportement des espèces vivant sur Sadala et il respectait les lois qui les protégeaient, mais il n’avait jamais cherché à communiquer avec une quelconque créature que ce soit.
"Je ne comprends pas d’autres langues que celles utilisées par mon peuple." admit-t-il, ne sachant pas si c'était une bonne ou une mauvaise chose.
La majorité du bestiaire de Sadala était composé de créatures et de plantes démesurément grandes : aussi, ses instructeurs lui avaient toujours recommandé de tenir ses distances et de n’intervenir qu’en cas de réelle urgence. Il avait déjà suffisamment à faire avec les codes de la société dans laquelle il évoluait et cela lui convenait. Ainsi, rechercher un contact avec d’autres êtres vivants ne lui était jamais venu à l’esprit.
"Sur Görana, tout le monde comprend leur langage. Peu importe les bruits qu’ils émettent, on peut les reproduire et se faire comprendre aussi d’eux."
Pour lui montrer ce qu’elle voulait dire, elle émit une série de petits aboiements et de grognements plus ou moins prononcés sous son regard abasourdi.
"Ouaf ouaf ! Ouaawf, ouawff… Ooouaf ! Gypsie !"
Un des chiots s’éloigna alors de ses congénères pour la rejoindre et sauter dans ses bras, l’œil luisant et la truffe humide.
"J’ai dit : "Et voilà pour toi ! Et le prochain c’est… toi, là ! Gypsie !" Et du coup le chiot a reconnu son nom et il est venu, rien de plus normal !"
La situation était à ce point décalée qu’elle n’avait pas manqué de le surprendre, mais il se trouvait sincèrement en admiration devant ce don formidable dont elle faisait bon usage pour comprendre et se faire comprendre de la nature autour d’elle. C’était sans aucun doute ce qui l’avait poussée à rester sur la Terre malgré la désolation causée par les bombes, plutôt que de repartir là d’où elle venait : pour aider sa terre d’accueil à se reconstruire de plus belle, pour témoigner sa reconnaissance au peuple qui l’avait accepté comme l’une des leurs. Cette solidarité interplanétaire, présente entre presque toutes les civilisations de l’univers 6, lui manquait beaucoup. Il se sentait même étranger à l’endroit où il avait vécu et grandi.
"Une bonne chose de faite ! Je dois aller nourrir Tork et Nova, viens !"
A nouveau, elle l’entraina ailleurs, vers la terrasse donnant sur les jardins. Une fois sorti de ses pensées, il ressentit beaucoup plus d’énergies vitales présentes au sein des hectares de la propriété - des centaines, sans doute des milliers – qu’il n’en avait ressenti en arrivant, certaines beaucoup plus imposantes que d’autres à cause de leur corpulence ou de leur état de santé.
"Ils sont en convalescence donc c’est moi qui chasse pour eux ! Par ici !"
Ils contournèrent la demeure par la droite, jusqu’à atteindre un grand bassin entouré d’arbres gigantesques et bordé de buissons fleuris. Il ne put cacher sa surprise lorsqu’il vit que deux dinosaures s’étaient posés là, une volée de perruches bariolées perchée le long de leurs échines.
"C’est l’heure de la pitance mes Seigneurs ! Ne t’inquiète pas Cabba, ils ont une apparence qui n’inspire pas confiance mais ils sont gentils !"
Le sourire de son amie se voulait rassurant, mais ce n’était pas le fait de voir de telles créatures sur la surface de cette planète qui étonnait Cabba, car elles pouvaient également être trouvés sur Sadala : il était certain d’en avoir trouvé un troisième, mais ses sens lui jouaient sans doute des tours.
"Je ne m’attendais pas à voir des espèces de dinosaures aussi petites comparées à celles de Sadala." fit-il remarquer.
Les prédateurs se tournèrent en leur direction, attirés par l’odeur puissante de la viande crue mise à leur disposition. Leurs crocs déchiquetèrent la chair fraiche avec voracité tandis que leur bienfaitrice inspectait l’avant de leur corps. Ses doigts se glissèrent entre les siens, avant qu’elle ne l’encourage à poser sa main contre leur peau écailleuse. Ce contact était si tendre et si inattendu qu’il se laissa faire sans opposer la moindre résistance. Il l’enviait d’avoir réussi à se lier d’amitié avec ces majestueuses créatures. Il voulait tant en savoir plus sur elle et sur ses origines. Il voulait être sûr de ne jamais l’oublier.
"Voici Nova, elle est enceinte comme tu peux le constater avec son gros bidou ! Et son compagnon à côté, c’est donc Tork."
Il comprit alors où se trouvait le dernier membre de leur famille, qu’il n’avait forcément pas remarqué à travers les couches de chair, d’os et de graisse du ventre plein de la femelle Giganotosaurus.
"Oh."
Sa détection de l’énergie surpassait ce que sa vue ne pouvait pas voir. Il éloigna sa main en comprenant son intrusion, même si elle n’était pas volontaire.
"Ils se sont battus avec leurs congénères pour trouver un endroit tranquille où se reposer le temps que Nova accouche. J’ai soigné leurs bobos et maintenant ils vont rester ici pour avoir la paix !"
Leurs blessures semblaient bien se résorber grâce à l’assistance de Setsuka, ce qui lui laissa penser qu’elle était la mieux placée pour l’aider à ranimer sa mémoire. En aura-t-il seulement le temps, avec la domination du dieu-empereur sur cet univers, avec cet inéluctable sentiment que ce monde n’allait pas tarder à disparaitre comme le sien avait disparu ? Acceptera-t-elle seulement de lui porter secours en apprenant ce qu’il a fait, ce qu’il a été forcé de faire ?
"Ton bébé va naître dans de bonnes conditions, ne t’en fais pas ! Vous êtes en sécurité avec moi !"
L’immense gueule de la Giganotausaurus resta un instant à quelques centimètres de leurs visages, une certaine intelligence se reflétant dans ses pupilles luisantes comme le soleil. Mais tout ce que Cabba fut capable de voir fut
l’immense monstre le pourchassant, plantant les crocs dans sa chair, le dévorant comme si sa vie en dépendait—
et le temps qu’il parvienne à se défaire de sa dissociation,
son épée se planta dans son cœur, son bras s’arracha en un craquement soudain, ses globes oculaires se révulsèrent, ses os se brisèrent, du sang jaillit partout, partout, partout—
sa figure était devenue anormalement pâle, son regard froid, ses mains tremblantes. Il prit une grande respiration,
car il avait pris plaisir à pouvoir se défendre, à prendre les armes sans se retenir de tuer, à justifier la violence de ses actes—
avant de réaliser que sa partenaire l’avait déjà ramené dans la réalité, à l’intérieur du salon.
Elle se mit à garnir son assiette avec ce qu’elle avait préparé, ne se souciant pas de ses envies mais plutôt de ses besoins. Les quantités qu’elle lui servaient étaient évidemment adaptées à son appétit de saiyan : n’importe quel terrien pourrait se nourrir pendant au moins une semaine avec ce qui se trouvait là.
"Comme tu le vois" expliqua-t-elle, "je mène une petite vie simple et bien remplie comme celle que j’avais sur Görana. Parce qu’ici, tout le monde pense aux humains mais les animaux et les plantes pas tellement ! Un peu, mais pas "au même niveau" que les terriens, de ce que j’ai vu. Mais ça s’explique par le fait qu’ils n’arrivent pas à communiquer clairement inter-espèce, je pense."
Elle se servit à son tour avant de s’asseoir en face de lui, prête à faire honneur à l’abondance de nourriture disposée d’un bout à l’autre de la table. Il ne savait plus où donner de la tête devant toutes ces couleurs, tous ces parfums, toutes ces épices. Tant de générosité le faisait se sentir comme un prince, comme un héros. Mais au fond, il savait qu’il ne méritait en aucun cas toute cette bienveillance.
"Tu peux rester ici avec moi autant que tu le veux. Je ne t’empêcherais pas de partir si tu as à faire ailleurs, mais je pense que c’est bien tombé le fait que tu sois arrivé ici !" déclara-t-elle tout en remplissant son verre d’un breuvage fruité. "Tu as besoin de calme et de repos. C’est parfait, vu que c’est un havre de paix que tu as rallié en nous faisant honneur de ta présence !"
L’autochtone lui proposa ensuite d'entrechoquer solennellement leurs verres, ce qu’il fit par politesse, même s’il savait que son appétit n’était toujours pas revenu.
"Ardas’khan ! Ça veut dire "santé" sur Görana !" s’exclama-t-elle, d’une voix vibrante d’émotion.
Intrigué par ce nouveau mot, il se remémora alors un terme similaire en ancien sadalien. Cela faisait quelques années qu’il n’avait pas parlé la langue, quand bien même il était capable de la comprendre, encore pratiquée sur sa terre natale par les érudits les plus anciens.
"Yge’ía, Setsuka" répondit-il. "Que Soli te protège."
Un havre de paix... Elle lui décernait un mérite qui n’était pas le sien. Depuis son arrivée, tout n’avait été que désespoir et séparation. C’était grâce à sa patience qu’il parvenait un peu mieux à se rappeler de sa présence pendant la guerre. Malgré cela, des évènements continuaient à ne pas se lier entre eux. Son univers avait été effacé. Ses connaissances avaient disparu. Vegeta n'était plus de ce monde par sa faute, parce qu’il n’avait pas su intervenir à temps. Pourtant, il avait ressenti son énergie une dernière fois alors que tout semblait perdu… Mais elle s’était aussitôt évanouie, comme s’il était mort une seconde fois. Il ne savait pas comment une telle chose était possible, si tout ça avait été imaginé par son subconscient pour donner forme à son sentiment de culpabilité.
Ou alors…
"Je suis désolé" dit-il au bout d’un moment. "Je ne voulais pas paraitre distant. J'étais juste..."
Pendant un instant, il baissa les yeux. Puis il la regarda de nouveau.
"Je ne voulais pas t’inquiéter. Je… ne voudrais pas te blesser plus que j’ai déjà pu le faire."
Il ne pouvait retenir plus longtemps ce qu’il avait sur le cœur. Ses yeux se gorgèrent de larmes qui dévalèrent ses joues sans qu'il ne puisse les retenir.
"Je ne suis plus certain de quoi que ce soit depuis que je suis revenu ici. J’ai perdu ma mémoire, mais je ne sais même pas comment. Les choses dont j'arrive à me rappeler ne semblent pas réelles et je dois sans cesse me faire violence pour ne pas m’éloigner de la réalité."
Malgré qu’il ne puisse rien faire, il s’en voulait de devoir faire peser les conséquences de son amnésie sur les épaules de sa camarade. Son cœur se serra en pensant au fait qu’ils n’avaient sans doute pas eu le temps ou la possibilité de se dire au revoir.
"Une partie de ma mémoire est toujours là, car je me souviens de mon passé et d’où je viens" déclara-t-il en posant un doigt contre sa tempe. "C'est juste que... Certains évènements ont disparu. Tu as disparu, toi aussi. C’est comme si toute ma vie était devenue un miroir brisé, mais que je ne pouvais pas le recoller parce que des personnes que je ne connais pas ont emporté les éclats avec eux."
Beaucoup d'éclats, probablement plus qu'il ne l'imaginait.
"Je vois bien qu’il manque quelque chose là où ce qui est le plus important est supposé se trouver..."
Il releva ensuite la tête pour poser son regard sur la fresque murale, et plus particulièrement sur le coin où le visage de Scalio avait été peint. La recherche du meurtrier de Vegeta était devenue une véritable obsession, mais toutes les informations qu’il obtenait à son propos se contredisaient.
"Mais plus je pense m’approcher de la vérité, plus je m’éloigne de ce que je crois savoir."
Pourtant, il lui fallait savoir. Il devait savoir. Pour que les cauchemars cessent, pour que sa mémoire lui revienne, pour que tout puisse enfin revenir à la normale, si seulement une telle chose était encore possible...
"Qui est Scalio, pour toi ?"
Il était fatigué de ne devoir compter que sur le fil de la destinée qui les reliait, noué puis coupé sans même qu'il en ait connaissance. Il voulait être de nouveau lui-même. Il voulait se sentir de nouveau complet. Il voulait cesser de savoir tout ce qu'il savait.
"Est-il responsable de la guerre sur Terre comme il est responsable de l’attentat sur Magnetar ?"
Pourquoi voulait-il le retrouver ? Voulait-il vraiment le retrouver ?
"Qu’aurai-je dû faire pour le ramener à la raison ?"
Après tout ce qu’il a fait ? En sachant ce qu’il fera ?
Setsuka
Saiyan
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Sujet: Re: "Le Dernier Jour sur Terre." [PV] Lun 7 Fév 2022 - 13:52
Le Dernier jour sur Terre.
Ils trinquèrent. Cabba lui voue même une bonne parole dans son langage natal. Cela donne un splendide sourire à l’autochtone.
« Je ne sais pas qui est ce « Soli », mais s’il veut bien me protéger, je lui rends grâce ! » Dit-elle joyeusement en prenant plusieurs gorgées de sa boisson sucrée.
Il a l’air toujours aussi perdu. Setsuka ne fait pas de commentaire à ce sujet. Comme elle se l’est promis, il vaut mieux que les paroles viennent de lui s’il désir parler. En attendant, la bonne chose à faire est de tenter de le distraire en parlant de tout et de rien. Comme s’ils vivaient un moment banal mais heureux, ce qui était le cas malgré son état inquiétant.
« Tu sais que l’hiver ne dure qu’un bon gros mois sur Görana ? Et ils l’avaient perdu depuis près de cent ans avant mon arrivée sur la planète ! Eh oui, car Gaska, une divinité, semblait être lié à l’hiver mais elle est décédée et depuis ben… y’en avait plus ! Pis moi je sais pas trop quel rôle j’ai joué en débarquant sur leur planète pour que l’hiver revienne, mais subitement il est revenu ! C’est super bizarre, hein ! »
Partage-t-elle en faisant les gros yeux, comme si c’était une révélation si tordue que ça. Cela demeurait étrange mais après tout, les climats peuvent être capricieux.
« Enfin l’avantage de l’hiver c’est qu’on peut faire des bonshommes super rigolos avec la neige, et aussi comme ça les moustiques restent chez eux ! Ils sont plutôt fourbes et c’est difficile de dialoguer avec eux, mais j’arrive à trouver des arrangements avec quelques-uns pour qu’ils ne me sucent pas le sang toute l’année. Heureusement, sinon j’aurais plein de boutons qui démangent ! C’est nul ! »
Ajoute-t-elle à son histoire. Les moustiques sont des petites bêtes bien embêtantes en plus d’être porteuse de potentielles maladies, il faut le souligner !
Avant que la petite saiyan ne puisse surenchérir, son invité s’excuse de nouveau. Cette dernière pose ses couverts et agite ses mains paumes ouvertes devant elle.
« Eh, t’inquiète pas, ça fait un moment qu’on ne s’est pas vu ! Et puis on ne se connait pas encore beaucoup ! » Le rassure-t-elle alors qu’il avait baissé les yeux quelques instants.
Celle-ci se gratte l’arrière de la tête d’un air crédule.
« Tu ne m’as pas blessé, au contraire tu m’as béni de ta présence ! ça fait du bien d'être en ta présence ! »
Quand elle vit des larmes couler sur les joues de son ami, celle-ci prit un air désolé. Ses joues devinrent rouge. Elle se contient pour ne pas pleurer à son tour. Ce genre d’émotion a un pouvoir « contaminant », mais en cet instant il lui faut être forte pour rassurer son copain !
« Tu vas retrouver les pièces manquantes ! Mais il te faut du répit. Pis faut que tu t’entoures de personnes sympa ! Essaies de rester loin du danger. Moi, je suis là pour toi en tout cas. Tu es une bonne personne. »
Elle eut du mal à déglutir en entendant le reste. Un miroir brisé ? Il ne se souvenait pas d’elle ? Mais bon sang, qu’est-ce qui avait pu le choquer au point d’anéantir ses souvenirs ? Est-ce que vraiment quelque chose ou quelqu’un lui aurait volé tout ça ?
« Si ça se trouve y’a vraiment un magicien qui vole les souvenirs des gens !! « S’écrie-t-elle en faisant à nouveau les gros yeux, mais cette fois c’est bien plus justifié. « Il est peut-être assez tordu pour vouloir venir voir ce qu’il est advenu de toi pendant qu’il t’a piqué tes souvenirs ! S’il se pointe il va passer un sale quart d’heure je te le dis ! » Cette dernière fit craquer ses phalanges pour appuyer ses propos. « Enfin je ne peux malheureusement pas t’apporter de réponse, mais tu peux te reposer sur moi. » Elle prit un air sérieux qui ne lui ressemblait pas. « Crois-moi, je suis assez solide pour porter les fardeaux de mes amis. »
Ses yeux brillaient d’une lueur inconnue, mais qui semblait confirmer cette affirmation. Setsuka n’avait pas l’air très dégourdie et plutôt maladroite, et pourtant son cœur était probablement l’un des plus puissant de cet univers.
Son invité tourne sa tête vers la fresque. La « maîtresse » - actuelle, tout du moins – de l’habitation tente de suivre son regard. Il a l’air de s’intéresser particulièrement à Scalio.
« Hmmm… Tu crois que ça aurait été plus comique si j’avais peint la scène de notre rencontre, quand je lui ai fait mal aux parties intimes ? Lorsque j’ai reculé et que mes fesses sont rentrées en collision avec son appareil génital primaire ? »
Celle-ci se caresse le menton avec intérêt. C’est vrai que ce genre de truc peut être détourné pour être drôle, et ça rajouterait un peu de gaieté à la maison en exagérant les traits de Scalio, et puis…
Sa question est bizarre. Mais pas tant que ça pour quelqu’un qui ne se souvient plus. La göranienne le regarde de nouveau avec un air enjoué.
« Allez, laisse-moi te faire un topo ! On s’est rencontré quand la guerre a été déclarée sur Terre. Parce que les nazes qui gouvernaient avant ici, les « Black fizer » si j’ai bien compris, ben ils ont embrouillé les saiyan. Du coup vous étiez tous là, mes copains Pythar et Sharotto, leur armée, pis toi et Scalio. Je vous ai rencontré durant cet évènement par hasard. Et si j’ai pu affirmer que t’es une bonne personne, c’est parce que j’active souvent mon lien d’empathie quand je rencontre des gens. » Celle-ci voulut poursuivre mais elle se rendit compte qu’il ne devait rien comprendre de ce qu’est ce « lien d’empathie ». « Euh ce que j’appelle le « lien d’empathie » c’est euh… un peu abstrait à expliquer, mais en gros je peux me « connecter spirituellement » à quelqu’un quand je le souhaite. Et du coup je ressens tout ce qu’il ressent sur l’instant, et j’entrevois aussi certaines vérités sur « le fond » d’une personne. En gros si t’as bon cœur ou pas ! Mais y’a des gens qui cachent bien le fait que ce sont des méchants, et ça je peux rien faire pour le deviner ! » Celle-ci lève le doigt et poursuit. « Et du coup Scalio c’est un copain sympa qui est venu pour aider les terriens tout comme toi, moi, et les saiyan. C’est un « policier » si j’ai bien compris. Mais après ben je ne l’ai revu que quand il est devenu Scalieco, plus tard après tout les trucs avec Auros, là. En fait, il a fusionné avec un certain Boneco et du coup un nouveau copain est né. Tu n’as pas dû le rencontrer, alors ? »
Lorsqu’il lui demande s’il est responsable du conflit sur la Terre, le plus récent devine-t-elle, cette dernière prend un air un peu gêné.
« Ben… Scalieco m’a raconté ce qu’il sait. C’est du pas beau, je te préviens ! Apparemment, Scalio a été forcé de participer au jeu d’un Dieu maléfique qui se nomme Demigra. Il y avait plein d’autres participants et ils étaient forcé de s’entretuer !... Et Scalieco t’a mentionné. Alors visiblement, tu y as participé aussi, à ce jeu funeste. Tu te souviens de rien à ce propos non plus ? » La jeune femme le regarde dans l’espoir qu’il finisse par se souvenir. « Et pis euh… Scalio a même été changé en loup-garou qui ne pouvait pas contrôler ses pulsions, il a dû dévorer d’autres candidats… C’est vraiment terrible ! Et aussi, il s’est embrouillé avec un gars qui s’appelle Garou. Scalieco m’a aussi dit que Scalio a survécu quatre jours dans ce jeu terrifiant, mais qu’il s’est fait tuer par quelqu’un avec une épée. » La jeune femme n’avait pas oublié que Cabba en possédait une, mais son cerveau ne pouvait pas faire un quelconque lien. Impossible. « Pis ben il est revenu d’entre les morts et il a dû s’embrouiller encore avec ce fameux Garou. Moi, je les avais vu à la télévision quand Auros avait fait son annonce. C’est que plus tard, quand j’ai discuté avec Scalieco, que j’ai appris tout ça. » Celle-ci hausse les épaules d’un air tout aussi perdu que Cabba, d’un coup. « Ce que je crois n’a pas d’importance, mais il ne peut pas être à l’origine de tout ça. Ce n’est pas juste. C’est cet Auros qui est complètement péter du casque ! Il n’avait qu’a demander à Scalio et à Garou de réparer ce qu’ils avaient causé comme dégâts chez lui, même s’ils ne peuvent pas redonner la vie aux pauvres gens qui ont été victime de leur grabuge. Mais on peut au moins essayer de se racheter, quand on a bon fond. Mais non, les types qui sont ultra puissant de la mort qui tue ils se croient tout permis ! Et ils préfèrent massacrer encore plus d’innocents ! Ils sont vraiment bêtes, franchement ! »
Cette dernière soupire d’un air contrarié et exténué. Ces gens à l’extérieur de Görana ont vraiment des soucis d’égo, en plus de ne pas avoir les idées à la bonne place. Les guerres débutent pour un rien dans le reste de l’univers.
« Honnêtement, qui aurait pu faire quoi que ce soit pour l’aider ! On peut être là pour lui, tenter de lui montrer la bonne voie, mais il n’y a que lui-même qui peut décider de surmonter tout ça et d’avancer vers la lumière. » Celle-ci lui lance un regard désolé : il n’y a pas d’autres réponses à ses yeux. « Enfin, en tout cas j’aimerais bien rencontrer ce « Garou ». Je l’ai aperçu sur un champ de bataille en compagnie de Scalieco, mais il était tout noir. Je veux dire, physiquement il n’avait plus rien à voir avec ce que j’avais entraperçu de lui sur la télévision de Tortue Génial. J’aimerais bien qu’il me donne sa version des faits pour en savoir plus justement sur comment je peux aider Scalio. Mais bon, si c’est vraiment un sale type, il m’enverra balader. Je sais bien ! Pour autant, je ne veux pas abandonner avant même d’avoir essayé ! »
Cette dernière lui voue un ultime sourire. Plein de bonté. Plein de bravoure. Plein d’espoir. Il ne fait pas l’ombre d’un doute que, dans ce monde pourri jusqu’à la moelle, profondément nimbé par les ténèbres, Setsuka est un phare à la lumière qui ne peut être éteinte.
Cabba
Saiyan
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Sujet: Re: "Le Dernier Jour sur Terre." [PV] Sam 19 Fév 2022 - 20:15
"Tu vas retrouver les pièces manquantes ! Mais il te faut du répit. Pis faut que tu t’entoures de personnes sympas ! Essaie de rester loin du danger. Moi, je suis là pour toi en tout cas. Tu es une bonne personne."
Son alliée avait beau vouloir le rassurer, Cabba savait très bien qu’il ne pouvait plus se considérer comme une bonne personne, même si ses intentions étaient nobles. Sa morale n’était pas parfaite et ne l’avait jamais été.
Parce qu’il était capable de blesser. Parce qu’il était capable de tuer. Parce qu’il était capable de haïr.
Quelque chose en lui s’était fissuré, probablement bien avant tous ces évènements tragiques, mais ce n’était que depuis quelques jours que cette disparité lui était devenue bien plus apparente. Il se retrouvait à répondre d’actes qu’il ne pouvait pas reconnaitre comme les siens et qu’il avait pourtant commis. Il ne pouvait plus prétendre le contraire et vivre comme si tout finirait par rentrer dans l’ordre pour lui être pardonné.
"Si ça se trouve y’a vraiment un magicien qui vole les souvenirs des gens !!" s’écria-t-elle. "Il est peut-être assez tordu pour vouloir venir voir ce qu’il est advenu de toi pendant qu’il t’a piqué tes souvenirs ! S’il se pointe il va passer un sale quart d’heure je te le dis !"
Sans le savoir, elle avait décrit avec une certaine justesse ce dont il n’avait jamais osé à qui que ce soit et qui lui pesait depuis qu’il avait mis la main sur l’épée dimensionnelle. L’impression persistante qu’une présence se promenait dans son cerveau à la recherche de quelque chose, réorganisant ses contemplations et gouvernant ses actes, détournant ses rêves irréalisables, enfermant de vieilles douleurs dans des coffres à double tour pour laisser place à des traumatismes plus récents. Un discernement qui lui avait été d’une grande aide, mais qui avait déclenché d’autres choses en lui dans le même temps. Ses hallucinations étaient de plus en plus fréquentes. Ses pires cauchemars avaient changé de forme, plus palpables, pourtant de moins en moins compréhensibles. Ses souvenirs revenaient plus spontanément, mais il ne savait plus si tous étaient les siens. Une pensée qui surgissait de temps à autres, pour disparaître à nouveau. Et pourtant, au gré de ses réminiscences, un motif finissait par se dessiner...
"Enfin je ne peux malheureusement pas t’apporter de réponse, mais tu peux te reposer sur moi."
A ces mots, son regard s’était fait anormalement sérieux.
"Crois-moi, je suis assez solide pour porter les fardeaux de mes amis."
Mais pouvait-elle seulement imaginer le poids qui avait été mis sur ses épaules ?
Tandis qu’il se rapprochait de la fresque, son amie se prépara à répondre à toutes ses questions, le tout avec son enthousiasme habituel.
"Allez, laisse-moi te faire un topo !"
Il resta un moment le dos tourné à elle, comme s’il pressentait de découvrir ce qu’il désirait tant savoir. Après tout, à quoi pouvait-il s’attendre ? Si cela se trouvait, elle n’était pas plus avancée que lui. La perspective de se retrouver à tourner plus encore en rond le faisait se sentir de plus en plus fébrile.
"On s’est rencontrés quand la guerre a été déclarée sur Terre. Parce que les nazes qui gouvernaient avant ici, les "Black Fizer" si j’ai bien compris, ben ils ont embrouillé les saiyans. Du coup vous étiez tous là, mes copains ██████et ████████, leur armée, pis toi et Scalio. Je vous ai rencontré durant cet évènement par hasard."
Cela était conforme à tous les témoignages des saiyans et des terriens avec qui il avait pu échanger, ainsi qu’avec les quelques bribes de souvenirs qui lui revenaient de temps à autres. Pour autant, il ne comprenait pas ce qui l’aurait amené lui, saiyan de l’univers 6, à être mêlé à ce conflit qui ne concernait pas la politique de son peuple. Et encore moins le rôle que Scalio aurait pu avoir…
"Et si j’ai pu affirmer que t’es une bonne personne, c’est parce que j’active souvent mon lien d’empathie quand je rencontre des gens."
Il voulait tant croire les raisons qui l’avaient poussé à se montrer patiente et ouverte avec lui, mais à force d’avoir été désabusé dans sa bonne volonté, il se retrouvait à ne devoir faire confiance qu’au doute. Qu’était-il censé faire ou croire lorsqu’il ne pouvait même plus faire confiance à personne ?
"Euh ce que j’appelle le "lien d’empathie" c’est euh… un peu abstrait à expliquer, mais en gros je peux me "connecter spirituellement" à quelqu’un quand je le souhaite. Et du coup je ressens tout ce qu’il ressent sur l’instant, et j’entrevois aussi certaines vérités sur "le fond" d’une personne. En gros si t’as bon cœur ou pas ! Mais y’a des gens qui cachent bien le fait que ce sont des méchants, et ça je peux rien faire pour le deviner !"
Et si elle avait fini par découvrir qui il était vraiment ? Cabba sentit un soupçon de paranoïa envahir ses pensées. Elle semblait être sincère, mais avec une âme aussi pure et une perception aussi vaste, c’était tout simplement impossible qu’elle n’ait pas décelé la moindre trace d’obscurité dans son cœur. Elle voulait le rassurer, mais cette contradiction dans son comportement suffisait à faire ressurgir la méfiance enfouie du justicier.
"Et du coup Scalio c’est un copain sympa qui est venu pour aider les terriens tout comme toi, moi, et les saiyans. C’est un "policier" si j’ai bien compris. Mais après ben je ne l’ai revu que quand il est devenu Scalieco, plus tard après tous les trucs avec Auros, là. En fait, il a fusionné avec un certain Boneco et du coup un nouveau copain est né. Tu n’as pas dû le rencontrer, alors ?"
Maintenant qu’il repensait à ce moment, le ki de Vegeta s'était lentement dissolu dans l'air. Pas d’un seul coup, comme dans la salle du trône où il avait trouvé la mort, mais lentement. De plus en plus faible, de plus en plus lointain, jusqu'à ce qu’il ne puisse plus jamais le percevoir. Mais ce n’était pas seulement ce qui l’avait laissé en état de choc.
Car en même temps que celui de son mentor, la présence puis la disparition d’un autre ki avait eu lieu. Il n’avait pas voulu le croire sur l’instant, et pourtant, ce ki était tout autant reconnaissable entre mille : c’était celui de Son Gokū. Ils auraient donc "fusionné" ? La conséquence de ce qu’une telle chose impliquait fut suffisante pour que son train de pensées se mette à dérailler. Il avait peur de comprendre que ce processus était absolu et définitif…
… et si tel était le cas, alors jamais il ne reverrait ni Vegeta, ni il ne retrouverait Scalio.
Ce possible dénouement lui figea le sang et il se retourna vers Setsuka. Cette dernière put alors voir la véritable peur se dessiner sur son visage, suivie d’autres émotions – chagrin, fureur, culpabilité – avant de le voir se contraindre à regagner sa neutralité.
La plupart des silences valent mille mots. Celui de Cabba, cependant, était tout aussi vide que la noirceur de son regard.
"Ben… Scalieco m’a raconté ce qu’il sait. C’est du pas beau, je te préviens ! Apparemment, Scalio a été forcé de participer au jeu d’un Dieu maléfique qui se nomme Demigra. Il y avait plein d’autres participants et ils étaient forcés de s’entretuer !... Et Scalieco t’a mentionné. Alors visiblement, tu y as participé aussi, à ce jeu funeste. Tu te souviens de rien à ce propos non plus ?"
Demigra. Le Jeu du Diable. Encore ces mots. Tant de personnes savaient ce qui était arrivé, aucun n’avait été capable de le lui dire. Pourquoi était-il le seul à avoir oublié ? Pourquoi attendaient-ils de lui qu’il se souvienne ? S’il ne se souvenait de rien, est-ce que cela signifiait que ça ne s’était jamais passé ?
"Et pis euh… Scalio a même été changé en loup-garou qui ne pouvait pas contrôler ses pulsions, il a dû dévorer d’autres candidats… C’est vraiment terrible ! Et aussi, il s’est embrouillé avec un gars qui s’appelle Garou."
Au nom de "Garou", il ne put s’empêcher de repenser à leur affrontement. Ce que la jeune femme lui racontait était parfaitement conforme avec ce que le terroriste lui avait révélé. La fin d’une guerre, le commencement d’une autre.Une possession par un dieu-démon. Un jeu organisé par cette même entité maléfique. L’apparence monstrueuse et terrifiante de l’ancien caporal à chaque fois qu’il apparaissait dans ses rêves. Mais rien de tout ça ne convergeait avec ce que le mentaliste avait fait ressurgir du fond de sa mémoire perdue.
De quoi dois-je me souvenir ?
Et si il n’avait pas vraiment perdu la mémoire ? Et si, au lieu de lui montrer tous ses souvenirs, l’archiviste s’était contenté de les rassembler et de les ranger, pour qu’il puisse les retrouver un à la fois ? Pour qu’il puisse lui-même "choisir" les pièces avec pertinence, pour lui permettre de reconstituer les évènements sans éléments perturbateurs ? Malgré tout, il n’en avait presque rien tiré. Au lieu de cela, il s’était persuadé qu’il pouvait faire correspondre toutes les contradictions, en vain. Peut-être que tout le monde s’était retrouvé dans la même situation que lui, sortant d’un coma à la suite de ce "Jeu du Diable", la mémoire éparpillée à cause de ses conséquences, et qu’il était le seul à ne pas avoir trouvé la pièce la plus importante : celle qui maintenait toutes les autres en place.
Une affluence de pensées submergea son esprit. Ce pressentiment insensé pouvait-il correspondre à la réalité ? C’était la seule conclusion viable qui lui venait à l’esprit…
Cela devait être la bonne conclusion à toute cette histoire. Cela était la bonne conclusion à toute cette histoire !
"Scalieco m’a aussi dit que Scalio a survécu quatre jours dans ce jeu terrifiant, mais qu’il s’est fait tuer par ████████ ████ ███ ████."
Une fois encore, les paroles de l’autochtone furent déformées par une sorte d’interférence, comme si elle venait de ses propres pensées.
"Je ne suis pas sûr d’avoir…"
En retour, la perturbation devint de plus en plus forte jusqu'à, ce qu'il puisse à peine entendre quoi que ce soit d’autre. Setsuka continuait son récit de plus belle, la protestation de Cabba sembla ne pas atteindre ses oreilles une seule seconde.
Ses mains s’écrasèrent aussitôt sur ses tempes, son cerveau pourfendu par une douleur lancinante. Ce n’était pas une sensation physique, mais plutôt comme si ses sens avaient été anéantis avec une soudaineté incontrôlable. Plus de vue, plus d'ouïe, plus d'odorat. Tout était devenu sombre et vide autour de lui.
Cela ne dura que quelques secondes, puis il fut de retour à la réalité, la respiration haletante, le front inondé de sueur. La sensation avait été si intense que ses jambes avaient manqué de céder sous le poids devenu insoutenable de l’épée dans son dos. Son cœur battait beaucoup trop vite, pour lui qui s’était pourtant habitué à réagir dans l’urgence. Il concentra toute son énergie, sondant les environs afin de s’assurer que ses sens encore bouleversés fonctionnaient toujours.
"Setsuka, je…"
Il continuait d’entendre des murmures, mais ce n’était plus seulement la voix de l’intrépide, devenue lointaine et inintelligible : des chuchotements s’élevaient, de plus en plus envahissants, se transformant en une emprise palpitante sur son esprit. Une onde de panique submergea irrésistiblement sa conscience, mais la sensation était beaucoup plus intrusive que lorsqu’il s’était laissé entrainer dans la dimension de son for intérieur.
"Setsuka… !"
Sa respiration forte et saccadée résonna dans la pièce, sa poitrine recommençant à se soulever et à s’abaisser à une cadence déraisonnable. Dans son cerveau, une pensée intrusive se mit à prendre forme, une déduction qu'il savait influencée par ses capacités d'adaptation affaiblies par les récents évènements.
Elle ment.
Ces intuitions provenaient d’une partie de son esprit qu’il ne pouvait faire taire, comme lorsqu’il s’était retrouvé au beau milieu des décombres de la Capsule Corporation, comme lorsqu’il avait dû s’opposer à Garou, comme à chaque fois qu’il se retrouvait à devoir prendre des décisions qui dépassaient la limite de sa morale.
"Pourquoi vouloir me mentir ?"
Pourquoi lui mentirait-elle ? Elle était restée à l’écoute, elle avait fait preuve d’une grande indulgence, elle avait fait disparaitre la brume de ses souvenirs avec une douceur qu’il n’aurait jamais pu imaginer…
La vérité t’a déjà été montrée. Rien de ce qu’elle racontera ne pourra la changer.
Qu’aurait-elle à lui cacher ? Elle voulait sincèrement l’aider, il en était absolument certain...
Elle cherche à influencer tes souvenirs pour que tu puisses consentir à la narration du terroriste que tu recherches.
Cela ne lui ressemblait pas d’être intéressée, sinon elle ne serait pas venue en aide à toutes ces créatures et à tous ces gens dans le besoin. Et si elle attendait quelque chose de lui, c’était qu’il se sente enfin libéré de ses incertitudes…
"Ça n’a aucun sens…"
Elle considérait Scalio comme son ami. Un ami qu’elle n’avait visiblement pas revu depuis le début du conflit sur la Terre, ou en tout cas, pas comme elle l’avait rencontré à l’époque. Elle n’avait pas l’air de cautionner ses actes, mais elle ne semblait pas le reconnaitre comme quelqu’un de mauvais pour autant…
Elle s’est laissée convaincre par ses mensonges. Elle pense te faire une faveur en te détournant de la réalité. Comme tous les autres.
La pression grandissante de ses paumes contre ses tempes ne fit qu’enfoncer Cabba plus loin encore dans sa détresse. Autour de son doigt, l’anneau sacré continuait à brûler, comme toutes les fois où il s’était retrouvé face à un ennemi…
"Je ne peux pas le croire…"
Il voulait que ces pensées irrationnelles cessent de le tourmenter pour de bon. Il voulait enfin voir plus clair. Malheureusement, cela ne fit qu’empirer les choses.
Ce n'est pas comme si tu t’en souvenais. Alors pourquoi leurs opinions devraient avoir une quelconque importance ?
C’était vrai. Des personnes avaient cherché à lui nuire en lui faire croire des choses qu’il ne comprenait pas, agissant comme si son amnésie était intentionnelle. Il trouvait frustrant de ne pas pouvoir se souvenir d’une partie de son vécu ou des gens autour de lui, mais il n’avait pas tout oublié pour autant. Il se souvenait encore des choses qui lui avaient été enseignées au cours des dernières décennies, de ses compétences, des rencontres qui avaient changé sa vie et avaient fait de lui un justicier. Ce n’était pas comme s’il était réellement impuissant, pourtant il était considéré comme tel partout où il se rendait…
"Pas après ce qui s’est passé…"
Son cœur battait à tout rompre alors que les mots envahissaient son crâne, s'accrochant à ses faiblesses et abusant de ses peurs. Toutes ces notions, toutes ces choses dont il s'était promis de ne jamais discuter, pas même avec lui-même, s’infiltrèrent en lui comme une encre visqueuse et indélébile.
Combien de temps vas-tu encore prétendre que tu tiens encore debout, persuadé de convaincre ceux que tu croises de ta volonté indestructible et de ta soif de justice, tandis qu'en réalité tu combats constamment et que rien ne change ?
Ces aspects les plus sombres et les plus inavouables de son cœur étranglaient sa santé mentale à mesure qu’ils refaisaient surface, pendant qu’il cherchait à reprendre sa respiration et le contrôle sur son esprit.
"Assez…"
Il plaqua ses mains sur ses oreilles avec plus de force, espérant que cela atténuerait sa confusion d'une manière ou d'une autre. Était-ce parce que ces mots étaient les siens ? Des pensées si indignes et si écœurantes qu'elles encourageaient en lui des pulsions de destruction ?
Personne ne peut comprendre le poids que tu portes sur tes épaules... ni l'étendue de ta souffrance... ni la mesure du désespoir qui envahit tes décisions... ni à quel point tu aimerais que ce monde que tu ne reconnais pas disparaisse avec toi.
Et si Setsuka entendait ce qui se passait dans sa tête ? Et si elle découvrait à quel point il était devenu une mauvaise personne ? Ce sentiment augmentait au fur et à mesure qu’il distinguait de nouveau ce qu’elle lui disait, mais ce n’était qu’un bourdonnement insignifiant à travers le vacarme assourdissant de ses pensées. Elles étaient si bruyantes qu'il était certain qu'il ne pourrait pas les contenir bien longtemps à l’intérieur de son crâne. Elles étaient si fortes que tout le monde pourrait les entendre.
TOUT LE MONDE SAURA QUI TU ES VRAIMENT. TOUT LE MONDE SAURA QUI TU ES VRAIMENT. TOUT LE MONDE SAURA QUI TU ES VRAIMENT. TOUT LE MONDE SAURA QUI TU ES VRAIMENT.
"ASSEZ ! Je ne veux plus rien entendre !"
D’un seul coup, les coloris de la fresque murale le heurtèrent comme un coup de poing. Il était sans doute en train d’halluciner, car les touches de peinture semblèrent se mouvoir comme animées d’une volonté propre, au gré des souvenirs qui allaient et revenaient dans sa mémoire, des révélations de l’ingénue, des murmures qui se répandaient à ses oreilles.
Scalio est un imposteur qui n’a pas hésité à trahir votre cause en détruisant ce qui était le plus important pour toi. Ton honneur, ta mémoire, tes proches. Tu as tout perdu à cause de lui. Il ne te reste plus qu’à rendre justice.
Des scènes se mirent à surgir et à tourner autour de lui, beaucoup trop réelles pour que ses sens puissent les ignorer. La Guerre sur Terre. Le meurtre de Vegeta. Des ruines à perte de vue. Une main posée sur la sienne. Du sang. Des cris. Des larmes. L’entretien avec le Dieu-Empereur. Une explosion. Une énorme explosion—
Plus rien ne doit se mettre en travers de ton chemin tandis que tu prépares ta vengeance.
Ses mains cherchèrent quelque chose à quoi se cramponner, n’importe quoi, tandis qu’il sentait son corps tomber à la renverse.
"Vous ne me forcerez pas à faire ou à croire quoi que ce soit, qui que vous êtes !"
Elles saisirent quelque chose de familier, comme si c’était déjà entre ses doigts—
Ni rien. Ni personne.
Ses épaules se sentirent alors allégées, alors que l’éclat du métal se mettait à luire—
"DISPARAISSEZ !!"
La pointe de sa lame s’était retrouvée, en l’espace d’une seconde, contre la gorge délicate de Setsuka.
TUE-LA.
Alors qu’il recouvrait ses esprits, les poumons de Cabba semblaient s’être vidés de leur air comme pour correspondre à son silence stupéfait. Ce qui venait de se produire ne pouvait pas avoir eu lieu. Son cerveau était encore sous le coup de la dissociation. Il ne pouvait pas être en train de…
Non. Non. Non.
Il voulut reculer, mais son corps resta sur place, incapable de bouger. Qu'avait-il fait ? Ce n'était pas lui. Ça ne pouvait pas être lui. Ce n'était pas lui. CE N'ÉTAIT PAS LUI. Ce n'était pas juste. Il se tenait debout, les pupilles dilatées, les muscles tendus et le cœur sur le point de céder, pendant qu'il se forçait à reconnaitre ce qu'il avait été sur le point de faire.
Je voulais qu’elle ne puisse plus s’approcher de moi.
Pendant quelques instants, il autorisa son cerveau à se remémorer de tout ce qui venait de se passer ces dernières minutes, la réalité des scènes qui avaient été déformées par son esprit se faisant plus limpide. Depuis quand avait-il perdu le contrôle ? Comment pouvait-il mettre en danger la seule personne qui lui avait tendu la main ? Il avait fini par faire ce qu'il redoutait le plus. Elle ne pourra pas le pardonner après qu'il lui ait ainsi montré la noirceur qu'il gardait à l’intérieur de lui. Après tout, il aurait pu…
"Tu aurais dû m'oublier."
Ses paroles retentirent, froides et coupantes. Bien plus brutales qu'il n'aurait pu le penser. Bien plus cruelles qu’il ne l’aurait voulu.
"Il aurait mieux valu que je ne revienne pas d'entre les morts."
Le monde se mit à tourner autour de lui alors qu’il s’envolait dans les airs, partant des environs avant de faire plus de mal à qui que ce soit. Sa silhouette fut bientôt engloutie dans la nuit étoilée, comme s’il cherchait à dépasser sa propre colère.
Cela ne fonctionna pas. Cela ne fonctionnera jamais. Les conséquences de ses décisions et de ses actes finiront toujours par le rattraper.
Setsuka
Saiyan
Age : 32 Date d'inscription : 10/08/2018 Nombre de messages : 318Bon ou mauvais ? : Neutre Zénies : 1450 Rang : Z
Sujet: Re: "Le Dernier Jour sur Terre." [PV] Lun 21 Fév 2022 - 11:19
Le Dernier jour sur Terre.
L’autochtone se plaît à répondre à ses interrogations. Comme quoi, le laisser tout seul poser les questions n’était pas une idée bête. C’était mieux que de forcer le dialogue sur les choses qui le tourmentent. Elle est contente qu’il se lance dans le bain, maintenant qu’il se sent plus en sécurité à ses côtés.
Cependant, il ne semble pas se sentir bien. Plus le temps passe, plus les gestes physiques qu’il exécute prouve que quelque chose cloche sérieusement. La göranienne se demande si c’était vraiment une bonne idée de tout lui réexpliquer de A à Z. Peut-être que ça fait trop d’un coup. Mais il doit savoir tout ça, c’est important pour qu’il se remémore ce qui est arrivé !
« Euh, tout va bien ? On peut en rediscuter plus tard, notre repas nous attend de toute façon ! » Fait-elle en montrant la table d’un geste de la main.
Il l’interpelle. Cette dernière sent toute la tension dont il est victime. Elle juge qu’il ne serait pas de bon ton d’activé son lien d’empathie pour mieux distinguer ce qui se passe, même si ce n’est pas l’envie qui manque.
« … Cabba ? » Répond-t-elle automatiquement en baissant mollement son bras, jusqu’ici levé, le long de son corps.
Il est là sans être là. Quelque chose semble le tourmenter au plus profond de son for intérieur. La saiyan serre les poings. Il ne faut pas paniquer maintenant. Il faut agir pour essayer de faire fuir ce supposé « mauvais esprit » qui semble l’enquiquiner.
« Ne t’inquiète pas, je vais t’aider ! » Affirme-t-elle alors qu’il l’appelle de nouveau par son prénom.
Celle-ci s’active. Elle sort des tiroirs de l’encens et des pierres marquées par les symboles de chaque type d’esprit. On se croirait chez un marabout, les ossements étranges en moins. Celle-ci allume l’encens et le trimballe tout autour de son pauvre ami souffrant qui baragouine des trucs à moitié compréhensible.
« Cet encens c’est le souffle de Gaksa, il repousse les mauvaises présences ! » Dit-elle en le posant finalement à proximité. « On le récolte dans le sillage de ses enfants papillons qui créent cette mixture naturellement depuis leur corps et qui nous permettent de la récupérer pour créer des protections contre les méchants esprits ! »
Celle-ci prend ensuite les pierres et les disposes de manière à former une sorte de pentagramme qui « enferme » Cabba à l’intérieur. C’est la même disposition qu’elle a utilisée au Paradis pour se lier avec de nouveaux esprits – et qui s’était soldé par une sorte d’expérience étrange où l’un d’eux avait pris possession d’elle temporairement.
« Ces pierres représentent chaque type d’esprit, alors il va se reconnaître dans l’un de ces symboles ! ça devrait l’inviter à se manifester à travers toi ou mieux : hors de toi. On va y arriver ! » Dit-elle en finissant les préparatifs.
Mais alors qu’elle se redresse, un métal normalement froid se plaque contre sa gorge. Et il est chaud, étonnamment. Brûlant. Ses yeux s’écarquillent et dans un mouvement angoissé elle bouge. La lame caresse sa chair. Doucement. Juste assez pour former une entaille bénigne, fort heureusement.
« ... » Les mots restent coincés.
En croisant son regard, il ne faisait pas l’ombre d’un doute qu’il n’était plus lui-même. Leurs respirations effrénées entremêlées, la sueur qui perlait le long de leurs fronts, leurs muscles conjointement secoués de spasmes incontrôlés… formaient une atmosphère intense, lourde et sombre.
« J e. P e u x. T’a i d e r. » Articule-t-elle prudemment et distinctement. L’effroi dans ses yeux est toujours lisible… mais, il ne concerne pas tellement sa propre mort. C’est ce qui arrive à son ami qui la tétanise. « Je sais que tu ne me veux pas de mal. » Dit-elle avec un ton calme mais la voix tremblante.
Il répond qu’elle aurait dû l’oublier. Cette dernière fronce les sourcils et ignore l’accumulation de liquide lacrymal aux coins de ses mirettes.
« Je n’oublierais aucun de mes amis ! Je peux partager ton fardeau, laisse-moi te venir en aide Cabba ! » Rétorque-t-elle avec bravoure, bien que sa posture d’animal acculé témoigne de ses craintes.
C’était cruel mais pas dénué de logique. Setsuka était en mesure de comprendre pourquoi il pensait ainsi, même s’il se trompait. Lorsqu’il affirme qu’il n’aurait jamais dû revenir à la vie, son cœur se serre. Personne n’est censé en revenir, mais il n’est pas maître de son destin. Les Dieux décident.
« Mort ou pas, un esprit malin peut abuser de toi, même dans le trépas ! Ne le laisse pas croire qu’il a gagné ! » S’exclame-t-elle, cette fois laissant ses larmes, sa rage contre cet esprit malfaisant et sa peine s’exprimer.
Mais il décida subitement de s’envoler et de partir.
« CABBA !!! » Elle avait promis qu’il était libre de s’en aller s’il le souhaitait. Elle n’avait pas oublié. « JE SERAIS TOUJOURS LA POUR TOI ! » Hurlait-elle pour qu’il l’entende, ne tentant pas de le rattraper. Une promesse est une promesse. Personne ne doit entraver la volonté des autres.
Une sensation chaude et terriblement embarrassante mouille ses jambes et forme une flaque au sol. Ses joues rougies par l'émotion ne peuvent pas être plus écarlates que ça, de toute façon. Cette dernière se met à pleurer à chaudes larmes, le regard fixé vers le ciel qui avait fait disparaître son compère.
Les chiots hurlaient à la mort et ce n’est que maintenant que la saiyan les entendaient. Le temps avait été comme suspendu à cause de toute cette pression qui avait été créé. Les animaux au dehors semblaient aussi agité. L’étrangère essuie d’un revers de la main ses larmes et se tapote les deux joues en même temps, afin de s’aider à reprendre contenance. Elle doit tenir bon pour ceux qu’elle chéri. Il faut tenir bon pour ses proches. Cabba sait qu’il n’est pas seul s’il le souhaite, mais… la saiyan se doute qu’il préférera certainement s’isoler, par peur qu’un tel spectacle ne se reproduise… à son éternel regret.