De retour au bercail

Le voyage fut extrêmement rapide. Du moins fut-ce l'impression qu'en aurait le prince, mais peut-être était-ce en partie à cause du somme qu'il en profita pour piquer pendant le trajet. Il n'en avait pas particulièrement besoin, mais avait gardé ce réflexe du temps où il travaillait encore pour Freezer - où il pouvait parfois se retrouver à sillonner l'espace des semaines durant.
Ses mains entraient déjà les commandes correspondant au sommeil artificiel avant qu'il ait pu se demander s'il en avait réellement besoin. Après les journées qu'il venait de passer, sans doute n'était-ce pas de refus ; il n'en serait que plus en forme pour ce tournoi auquel il avait décidé de s'inscrire.

Bien qu'il n'ait d'ordinaire aucun goût pour de pareilles compétitions - un vrai guerrier n'a pas à se donner en spectacle -, ce serait pour lui une bonne occasion de se faire une idée de son niveau actuel. Sa séance d'entraînement avec Oishi lui avait confirmé ce qu'il savait déjà : il pouvait sentir une partie de ses forces lui revenir - avoir frôlé la mort contre Black n'étant pas sans y avoir aidé -, mais dans quelle mesure exactement ? Sa situation était pour le moins inédite ; il n'y avait, à sa connaissance, aucun précédent sur lequel il puisse s'appuyer. Mettre ces progrès en pratique était encore le meilleur moyen de découvrir toute leur portée.
De toute manière, il doutait d'y rencontrer des adversaires à sa hauteur, de la même manière qu'il n'avait que peu d'espoir lorsqu'il avait pris part à ceux de la Terre. Et cette fois, il n'y avait pas même de Kakarot sur la liste des participants pour le motiver. Qu'importe ; il saurait bien assez vite si c'était une mauvaise idée.

Réglée à la perfection, la capsule à bord de laquelle il se trouvait se posa sur le socle prévu à cet effet alors même qu'il sortait d'hibernation. Sur ce point, le prince n'avait rien à redire : il ignorait à quelle fréquence ces véhicules réalisaient le trajet Terre-Dösatz, mais de toute évidence, ils l'avaient assez pratiqué pour que tout se passe à la perfection. Revigoré par sa sieste, si brève qu'elle ait été, il quitta l'habitacle sans attendre et partit à la découverte d'un autre monde.

Vegeta n'en revenait toujours pas. Que Broly ait pu se volatiliser de la sorte était absurde. Depuis quand leurs ennemis disparaissaient-ils dans la nature ? Comment pouvait-on égarer un mastodonte de cette taille ? Ça n'avait aucun sens.
Tout incertain qu'il soit de l'issue d'un combat entre eux - au point de l'admettre, ce qui, venant de lui, n'était pas anodin -, il n'en était pas moins frustré à l'idée qu'il ne puisse avoir lieu. Même s'il avait dû perdre et en assumer les conséquences, au moins serait-il mort en guerrier. C'aurait toujours été mieux que de l'emporter par forfait ; d'obtenir une victoire sans valeur dans un combat auquel le Super Saiyan Légendaire n'avait même pas su devoir s'attendre.
Gagner par attentisme ne lui convenait en aucune façon ; s'il le fallait, il sillonnerait la galaxie au grand complet pour retrouver la trace de son ennemi et s'assurer qu'il meure une fois pour toutes. Un tel animal ne pouvait pas être laissé en liberté. Tant qu'il lui resterait un souffle de vie, il serait susceptible d'être un problème pour lui, pour la Terre et pour tout l'univers. Il ne le tolérerait pas.

Il devait en avoir le cœur net. Bien sûr, se rendre sur son ancienne planète pourrait s'avérer être une parfaite perte de temps ; il n'avait aucune garantie qu'ils en sachent plus que lui - ou qu'ils reconnaissent son autorité et soient prêts à dévoiler les secrets derrière cette disparition. Les imbéciles. Il leur tirerait les vers du nez s'il le fallait, mais tout serait infiniment plus simple si son nom seul faisait office de laisser-passer.
D'après Oishi, tout allait dépendre de ce Motta dont il ne savait presque rien. Des mots sur un bout de papier n'étaient pas une manière d'apprendre à connaître un homme, aussi scrupuleux que soit celui à l'avoir rédigé. Il ne pourrait juger qu'une fois sur place de ce à quoi - à qui - il allait avoir affaire.

Retourner chez lui après tout ce temps - après avoir fait le deuil de ce monde autrefois rayé de la carte - éveillait en lui des sentiments mitigés, mais les enjeux allaient bien au-delà de ses seuls états d'âme. Oishi était légitimement nerveuse à l'idée d'y remettre les pieds, mais au moins savait-elle exactement à quoi s'attendre. En ce qui le concernait, c'était plus délicat.
Il leur aurait de toute façon fallu y retourner à un moment ou à un autre pour poursuivre leur croisade ; la date de ce retour inéluctable avait été avancée, voilà tout. Quoi qu'il puisse y trouver, en bien comme en mal, il ne servait à rien de faire durer le suspens.