LE MAIN EVENT ! JOJIBA CONTRE LE FIEND !!

La déflagration emporta avec elle le démon, et tout un côté de l'arène. De toutes les attaques et techniques dont disposait Jojiba, celle-ci était la plus puissante, la plus dévastatrice. Décuplée par l'énergie du super-saiyan, elle représentait tout simplement une mise à mort pour quiconque se trouvait sur son chemin. Lorsque le rayon d'énergie se dissipa finalement, la promesse de destruction avait été tenue. Il ne restait des gradins de ce côté de l'arène que des décombres et de la poussière volatile. Le silence qui s'en suivit était une fanfare victorieuse aux oreilles du saiyan et des spectateurs. Enfin. Après tout ce temps, toute cette douleur, cette peine, il avait enfin été tué. Vengeance avait finalement été obtenue, les esprits des morts assassinés allaient pouvoir reposer en paix alors que l'injustice avait enfin été corrigée.




Mais c'était trop simple n'est-ce pas?
C'est toujours trop simple.



Aussi sûr que le soleil se lèvera un autre jour, l'injustice demeure. Car il est une vérité qui ne peut être ignorée, une réalité à laquelle personne n'échappe : le mal n'est jamais vaincu. Quoiqu'il arrive, quoiqu'il advienne, qu'importe les efforts engagés, qu'importe la logique, le mal ne sera jamais défait. Il sera affaibli, mais jamais détruit et parfois même, il sera vainqueur.


Les quelques débris qui commençaient déjà à trembler en étaient les témoins, encore plus lorsque la main assassine gantée surgit du sol, à la façon d'un mort-vivant que l'on croyait enterré pour de bon. 

-Non...

Une geyser de flammes dégagea le reste des débris et commença à dessiner une silhouette.

-Non... Non non non...

Enfin, il réapparu, absolument intacte, comme si le field eraser lui était passé à côté. Pourtant Jojiba l'avait bien vu, Wyatt était dans sa ligne de visé, impossible qu'il se soit échappé! Mais les faits étaient là, le seul effet qu'avait eut cet assaut ultime n'avait été que d'épuiser le super-saiyan déjà bien fatigué de ce combat. Le monstre quant à lui se tenait là, debout, immobile laissant passer le message de sa nette supériorité face à son adversaire.

-NON! POURQUOI TU NE VEUX PAS CREVER?! TU DOIS MOURIR ALORS MEURS BORDEL! S'égosillait Jojiba, désemparé et plus que tout désespéré par cet échec flagrant. 

Il n'eut droit pour toute réponse que de voir disparaître Wyatt alors que le black-out était réactivé, lorsque la lumière revenu, le démon n'était plus à sa place. Inutile de réfléchir pour deviner sa position, mais l'esprit guerrier du super-saiyan venait de prendre un gros coup et ses réflexes s'en voyaient atteints, il ne put même pas tenter de se retourner qu'un coup brutal lui secoua le dos. Le monstre masqué s'acharnait sur cette zone déjà meurtrie du corps de son adversaire, lequel ne pouvait que pousser un hurlement de douleur. A vrai dire, c'est tout ce qu'il pouvait faire alors que Jojiba se retrouvait embarqué dans un enchaînement ultra-violent, duquel il ne pouvait s'échapper. Pouvait-il simplement imaginer s'en échapper? Impossible. Voilà la triste vérité, il était voué à échouer. Les démons gagnent toujours, qu'importe les tentatives les plus folles, qu'importe l'aide apportée par autrui, Jojiba n'était qu'un fermier, il était la victime qui donnait du crédit aux monstres dans les contes, et il jouait si bien son rôle. Car malgré des efforts constants, malgré une volonté sans limite, il se retrouvait une fois de plus vaincu, comme à chaque rencontre avec un être démoniaque. L'aura légendaire du super-guerrier n'y faisait rien, le boost que lui avait offert Babel non plus. C'était la fin.

Il était maintenant à genoux, les doigts de Wyatt se resserrant sur son cou, bloquant sa respiration et broyant sa gorge. Doucement, les cheveux du fermier retombèrent, reprenant leur couleur ébène, de même pour ses pupilles. Epuisé par son combat, par ses blessures, il n'était plus à même de maintenir la demande en énergie que réclamait la transformation en super-guerrier. Sa vision devenait floue alors que les formes se confondaient et qu'un voile semblait se poser sur le moindre son qu'il arrivait encore à capter. Mais il ne partait pourtant pas. Wyatt n'était pas en train de le tuer. C'était une torture? Un test peut-être? Osait-il encore retenir ses coups? Et même comme ça il le dominait d'un claquement de doigts. Fallait-il encore que quelqu'un vienne sauver l'agriculteur en péril? Scalio ou Claire allaient-ils surgir de derrière les gradins pour venir combattre à la place du saiyan?


Non.


Il en avait assez de n'être qu'une victime de plus. Il n'était plus question de se laisser faire. Une première main vint se poser sur le bras de Wyatt, sans succès, impossible de le faire lâcher prise. Alors quoi? Se battre pour la justice n'avait pas fonctionné, se battre pour la vengeance non plus. Quel motif pouvait être assez fort pour que Jojiba prenne le dessus sur son adversaire aujourd'hui? En réalité il connaissait déjà la réponse, mais il ne se l'avouait pas. Se battre pour un idéal donnait un ligne directrice à un combattant, mais le fermier n'était pas un combattant, c'était un saiyan.


Et pourquoi les saiyan se battent-ils? Pour se battre, tout simplement. 




Préférant choisir le déshonneur à la défaite, Jojiba fit le dur choix de céder à des instincts qu'il retenait depuis bien trop longtemps, il allait finalement écouter cette petite voix qui murmurait dans l'arrière de son esprit, enfin, il allait jeter un allumette dans la poudrière.

Tandis que sa main gauche s'accrochait difficilement au bras de Wyatt, Jojiba leva sa main droite vers le visage de son adversaire. De sa paume naquit une sphère d'énergie. Un Kikoha? Même à bout-portant, ça n'avait aucune chance de fonctionner, la résilience du démon avait déjà fait ses preuves.

 Mais alors que la sphère continuait de grandir, elle se sépara finalement de sa main pour commencer à lentement décoller vers le ciel, et tandis qu'elle entamait son ascension, un phénomène étrange faisait vibrer le corps de Jojiba. Celui-ci semblait prit de spasmes alors que ses yeux commençaient à se révulser.

le saiyan semblait gonfler à vue d'œil alors que bientôt, les doigts de Wyatt ne pouvait correctement se refermer sur sa gorge devenue trop large. L'heure n'était plus à la stratégie ou à la performance martiale, les vêtements de manufacture saiyanne s'étendait également alors que Jojiba devenait en l'espace de quelques secondes une bête immense, à mi-chemin entre le loup-garou et le gorille, il avait choisi de ne plus retenir ses instincts, d'embrasser sa vraie nature, dans le seule et unique but de mettre à mort Bray Wyatt. Se faisant, il n'y avait pas de meilleur moyen de laisser parler son soi primaire qu'en adoptant la forme de 




Les grands doigts simiesques de la créature se refermèrent sur le démon masqué alors que sa voix rauque rugissait quelques provocations :

-Essaie donc de me faire tes prises maintenant! Tu aimais me briser le dos? Laisse moi te rendre la pareille!

Comme un forcené, le gorille géant s'affairait à accentuer la fermeture de ses mains sur le corps de son ennemi. 

-Si je ne peux pas te vaporiser alors je t'écraserais! 

D'un mouvement sauvage et animal, Jojiba dans sa forme la plus primale prit Wyatt dans l'une de ses mains et le fit trainer au sol, comme pour le racler sur les décombres avant de le frapper plusieurs fois sur le sol, le tenant par les jambes alors que le reste de son corps venait percuter la terre comme une poupée de chiffon. Finalement, il le projeta par terre avant d'ouvrir grand sa gueule monstrueuse. Une lueur rougeâtre s'en échappa et un violent rayon destructeur se vit être propulsé vers le démon.


Wyatt n'avait peut-être pas réussit à faire sortir Claire de sa cachette, mais il pouvait se vanter d'avoir invoquer quelque chose d'autre, et ce n'était pas un bon signe, pour aucun des deux combattants. 

[J’expérimente avec un autre style de RP pour le gros Babel après quelques critiques vis-à-vis de son narrateur habituel. Celui-ci appuie sur le délire “démon du schéma narratif” sur lequel il s’est petit à petit recentré.]

Ceci, mes amis, était ce que l’on pourrait qualifier de “hype”. Des premiers fourmillements de mains aux mandales pleines de rage aux transformations désespérées finissant par le plus grand piledrive que vous ayez jamais vu. Non, vous n’aurez même pas pu en rêver. Babel avait quitté son trône depuis bien longtemps pour se rapprocher de la rambarde, son sourire habituel dessiné sur son visage, porté par le stress quantifié par la possibilité que l’un de ses personnages favoris soit bloqué dans son élan. Un chien qui sauterait vers l’os avant de sentir sa laisse l’étrangler pile au moment où ses babines purent effleurer sa friandise de calcium. Il y avait toujours cette chance, cette possibilité que le boss final de Jojiba ne soit au final que la fin de son deuxième acte, des boules bleues au moment du climax, que sa quête ne se termine par la mort, la rage, la dépression et l’inefficacité. N’avait-il pas été suffisamment tragique jusque-là ? Les amateurs de tragédie pouvaient-ils respectueusement ne pas catapulter ce pauvre homme vers son énième souffrance ? Les larmes coulaient la première fois. La deuxième fois, peut-être. La huitième fois, pas vraiment. Qui aimerait suivre une séance de torture ? L’infliger pouvait avoir ses bénéfices, mais simplement la regarder ? Non, cela devenait barbant. Jojiba méritait une victoire. Et Babel venait de lui apporter sur un plateau d’argent.

Ce que l’agriculteur ne pouvait comprendre par leur échange de regard était que nous faisions face à la fin d’une ère. L’ère du Fiend Bray Wyatt. Quel vaurien ! Quel charisme ! Quelle absolue ordure ! Que de fun à observer sa décadence et sa samba de personnalité. Mais les meilleures choses se doivent d’avoir une fin avant que l’on ne s’y habitue. Tel était le rôle de l’ennui, forcer le changement par la dépréciation de l’habitude. Et quoi de mieux pour annoncer le changement que le champion de son archétype en personne ! Rien n’était prévu. Tout était chaotique. Et pourtant, tout était planifié. Ce que Jojiba ne réalisait pas, c’était que son histoire était trop fantastique, trop géniale pour s’arrêter sur une autre défaite face à cette inimaginable ordure. Il allait gagner parce que tout le monde voulait qu’il gagne. Il méritait de gagner et c’était ça qui allait le mettre à l’avant. Par l’orchestre électrique et le ralenti dramatique, sa remise debout était le symbole d’un refus. Un refus de se plier contre le mal qui faisait de son possible pour le briser. Lui qui pourtant passait des nuits les yeux grands ouverts. Lui qui pourtant refuser d’admettre la sauvagerie qui sommeillait en lui. Quelle incroyable métaphore que celle de l’acceptation personnelle afin de faire face aux épreuves de la vie sans pour autant cacher les blessures qu’elles imposeront sur votre corps !

Et quelle façon de mettre ce message en avant que par l’enchaînement très cliché et pourtant si satisfaisant qu’il lui fit ! D’un coup de genou vers l’abdomen à une prise gutturale suivie d’un bourre-pif amenant tout droit vers un uppercut et finissant vers le plus magnifique de tous les piledrive. Cette frappe atlas venait du cœur, et Babel sentit une petite larme ressortir du coin de son œil en entendant retentir le patronyme de ce dunk capable de traverser la lune. Dans cet alexandrin on vit Wyatt mourir. Et tandis que les hurlements de joie de la foule retentissaient dans le stade, Babel fit un dernier sourire avant de se retirer dans l’ombre. Sa satisfaction était incommensurable et sa journée était triomphante.

Haletant, perdu dans ses pensées, empêchant désespérement son coeur d’emporter ses côtes en explosant sur la pression, Jojiba écoutait les derniers soupirs de son adversaire se diluer dans le brouhaha comme du sel dans un lac. Un petit diablotin au nez rond et à la moustache de flamme se rapprocha du béhémoth qui jusque-là était inarrêtable. Il le regarda, avant de taper une, deux, cinq, dix fois sur le sol, avant de croiser les bras. Et soudainement, au lieu d’une contre-attaque, le fermier ne sentit qu’une chose : son poignet droit se faisant remonter vers le ciel !


Et l’enthousiasme de chaque spectateur fit irruption comme si plusieurs centaines de volcans entraient simultanément en éruption. Tout le monde attendait ce moment avec impatience. Quelle incroyable performance. La mise à mort télévisée d’un schizo n’avait jamais été aussi excitante. Quelle incroyable et satisfaisante catharsis éprouvée par la disparition d’une source si odieuse de calamité. Babel se tenait à ses côtés, présage du passage au prochain chapitre de l’agriculteur. Son micro se rapprocha alors du visage du vainqueur, qui sentit sans raison aucune quelques forces lui revenir…


Suffisamment de force pour adresser quelques derniers mots à l’assemblée. Suffisament de force pour présenter au public la morale de l’histoire, les leçons qu’il avait apprise, le thème de ce dernier combat, la direction prochaine de son arc narratif. Babel lui laissa la parole aussi longtemps qu’il lui fut nécessaire, et si le silence fut sa réponse, alors il n’y aurait pu rien d’autre avoir à faire.


Et les crédits défilèrent tandis que les caméras s’éloignèrent de Babel. Cette fin de programme était peut-être un peu trop brusque, mais le Baron était généralement celui qui se faisait tuer avant le générique. Quelqu’un d’autre se chargeait d’amener à la conclusion d’autre chose qu’une vie. Ce n’était pas grave. Une fin brusque pouvait être un choix artistique en soi. Les écrans s’étaignaient tandis que des démons s’occupaient de gérer le chat qui allaient regrouper les fans de l’évènement pour voir leurs discussions quant à l’évènement qui venait de se dérouler sur leurs yeux. Babel, lui, marcha silencieusement jusqu’à la carcasse du fiend. Il semblait paisible. Un sourire en coin figurait sur le visage de l’archidémon. Il respectait un bon méchant. Et Bray Wyatt valait bien mieux que tous ceux dont il avait entendu parler jusque-là. Bien meilleur que les habituels seigneurs de guerre de l’Alliance Maléfique, les criminels dandy raffinés des Black Feathers ou cette espèce de mégacorp morte dans l'œuf qui avait paru il y a deux ans. En soit, ils pouvaient être eux-aussi bon, c’était tout simplement l’originalité de Bray qui rendait ainsi les yeux du Baron mi-clos. Au revoir, Fiend, magnifique bâtard que tu étais.


De la fumée s’échappa de la fumée du barillet du revolver. Il lui fallait s’assurer que Bray ne revienne pas. Quelques cartouches suplémentaires dans le visage suffiraient. Mais fort heureusement la caméra observa ce fait se faire de loin. Il n’était pas question de ternir sa dignité avec des descriptions fleuries de gore et de morceaux allant dans tous les sens. Non. Babel était un professionnel. Une calamité respecte une autre calamité, même quand elle se doit d’être pragmatique. Vous n’aurez qu’à imaginer ce qui reste du corps. Il se rapprocha après cette légère épreuve du masque ayant voleté légèrement plus loins. Les écrans étaient tous éteints. Il ne restaient que des démons qui s’apprêtaient à tout nettoyer. Babel prit le morceau de plastique et de haine et le rangeant dans une poche interne de son uniforme.

”Je me débarrasserai de ça plus tard…”

Il se retourna enfin vers Jojiba, et ses deux étoiles de jade s’illuminèrent à nouveau, en même temps que son radieux sourire.

”Ça fait du bien de se débarrasser d’une obsession, hein ?”

Ses bras s’écartèrent tandis que ses mains empoignèrent deux lianes invisibles, son manteau flottant au gré d’un soudain vent qui ne semblait ne toucher que lui.

”En finir avec un truc obsessif, ça fait toujours du bien. On dit de passer à autre chose. On dit d’ignorer. Mais au final, ça ne fait faire que des ravages constants dans ton coeur jusqu’à ce qu’il n’y reste que du stress et des regrets et qu’on l’on ne voit plus que ça dans sa dernière vision avant la mort. Toi, tu t’en es débarassé. Tu peux enfin passer à autre chose.”

Il frappa ses mains avant de rentrer les coudes vers lui-même comme pour charger son énergie comme les guerriers de ce monde, son sourire mélangeant faim de requin et bonté d'orang-outan.

”GLOOOOOOIIIIIIIRE À LA CATHARSIIIIIIIISSSSEUH !!”

Il se redressa soudainement avant de remettre sa casquette en place.

”Bon. Tu veux aller chercher quelque chose à bouffer, pour célébrer ? Boire un coup ?”

Ne te relève pas.


La poussière se dissipait, les genoux de Jojiba tremblaient sur le sol fracturé de l'arène.


Ne te relève pas.


Le corps de Wyatt était là. Au sol. Enfin immobile. L'air semblait-il apaisé, peut-être que pour lui aussi, quelque part, c'était la fin d'un cauchemar. 


Par pitié ne te relève pas.


Un nouveau démon apparu, se faisant arbitre de cette sinistre confrontation, il compta les secondes, assurant l'état de l'assassin maintenant démasqué.


Ne te relève pas. Ne te relève jamais.


”ET LE VAINQUEUR EST !! JO !! JI !! BAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA !!!”

...


Il ne s'était pas relevé. 


Alors c'était fini? C'était enfin fini? Wyatt était vraiment mort? Le trépas avait-il finalement rattrapé le monstre et imposé justice? Tandis que le Baron Babel levait le bras droit de Jojiba au dessus de sa tête, les acclamations du public semblait confirmé cette théorie. C'était incroyable, un poids décollait des épaules du saiyan alors que sa victoire était enfin officialisée. Il avait tout donné lors de ce combat, il avait été jusqu'au plus loin de ses limites. Il avait brisé des barrières, des frontières qu'il allait bientôt regretter d'avoir franchi, mais pas aujourd'hui. Non, aujourd'hui, il se sentait si bien. A vrai dire, il avait même l'impression l'espace d'un instant de reprendre vie, comme pris d'un soudain second souffle, d'où venait cette énergie nouvelle? Pas le temps d'y réfléchir, Babel avait d'autres plans pour le fermier.

”JOJIBA ! AVEZ-VOUS UN MESSAGE À FAIRE PASSER ?!”

A ses côtés, le baron lui tendait le micro alors que les démons caméramans se rapprochaient de lui, le filmant au plus proche. L'espace d'une seconde, Jojiba hésita, mais après tout, il avait accepté ce match pour se venger et pour prévenir. Vengeance était acquise, il ne manquait plus qu'à faire passer un message.

Doucement, il prit en main le micro que lui tendait son coach cornu, son regard vide se perdit un instant dans le néant devant lui, il semblait réfléchir à ce qu'il comptait dire tandis que les acclamations commençaient lentement à se calmer et que le caméraman ajustait son cadrage.

Les yeux du barbu se tournèrent finalement vers l'appareil d'enregistrement :

-Aujourd'hui, j'ai accompli ce que certains jugeraient d'impossible. Je vous l'avais promis et je l'ai fait : j'ai tué Bray Wyatt. A vous tous, à tous ceux comme moi qui ont souffert, apaisez votre cœur car justice a été rendue. Aujourd'hui je vous ai prouvé que nous, simples mortels, nous pouvons nous lever contre ceux qui pensent se servir de nous comme de simples jouets. Je ne suis personne, un simple fermier qui n'a rien demandé de plus que de vivre sa vie paisiblement, mais ce droit m'a été arraché, aujourd'hui je le reprends, et si un pauvre agriculteur sorti de sa campagne a pu en arriver là, si j'ai pu réussir, alors vous aussi vous pouvez! Ne laissez pas vos démons hantez vos cauchemars, devenez le cauchemar de vos démons! 

Bien qu'il semblait d'apparence très calme, son ton montait doucement en crescendo. Brutalement il tendit le bras vers le corps inerte de celui qui l'avait tant tourmenté. Sa carcasse éloignée était légèrement distinguable, confirmant son identité sans pour autant montrer au premier plan un cadavre sans vie.

-Et maintenant je m'adresse à tous les dieux, tous les démons et toutes les créatures divines et soi-disant "supérieures"...

Son regard s'était durci, sa voix se faisait plus menaçante, plus rauque.

-Considérez cette mise à mort comme un avertissement! Les mortels en ont assez de vos abus! La prochaine fois que vous viendrez vous en prendre à nous, pensez au sort de Wyatt et réfléchissez à deux fois avant de martyriser les honnêtes gens! J'ai tué Wyatt, et je tuerais quiconque se pense assez "divin" pour venir décider de mon destin à ma place, aucun ciel, AUCUN ENFER, ne sera assez fortifié pour vous protéger VOUS M'ENTENDEZ?! 

Il marqua une pause, ses yeux rougis de fureur fixant toujours l'objectif de la caméra, ses inspirations saccadées gonflant sa poitrine alors que ses narines ne semblaient pas assez grandes pour assurer un rythme pulmonaire aussi violent. Son index inquisiteur se leva finalement vers l'appareil, menaçant.

-Dieux et démons, ne me craignez pas, craignez les mortels. Je ne suis que le premier qui se lève contre vous, je ne suis qu'un insecte insignifiant, mais vous allez vite vous rendre compte que vous avez tapé dans la ruche. Peu à peu, les mortels se lèveront, et pour chaque voix qui s'élèvera contre vous, ce sera une pierre retirée de votre piédestal! Alors un bon conseil, à tous ceux qui ont des choses à se reprocher, à tous ceux qui ont un jour joué avec le destin des mortels par pure plaisir malsain...

...








Finalement, sous les éclats d'applaudissements et d'exclamations du public, Jojiba rendit son micro à Babel, en bien meilleur état que le dernier cette fois-ci.

”VOUS L’AVEZ ENTENDU ! NOTRE CHAMPION ! CELUI QUI VOUS LIBÉRA DE BRAY WYATT ! PROFITEZ DU RESTE DE VOTRE JOURNÉE CHERS TERRIENS ! À LA PROCHAINE !”

La diffusion était finalement terminée. Jojiba avait enfin obtenu ce qu'il voulait et ce, devant des millions de témoins. Il avait également laissé un message qui ne resterait sans doute pas longtemps vierge de conséquence, mais après tout c'était pour ça qu'il avait décidé d'accepter la proposition de Babel, si il ne pouvait pas empêcher les divins de s'intéresser à lui, alors ils les mettrait en garde et il en allait de même pour le reste du genre mortel. 

Pourtant, ce combat, cette tirade sur les dieux et les démons, était-ce réellement le bon choix? Alors qu'épuisé, son corps tombait mollement sur le fessier, la victoire avait l'espace d'un instant une saveur douce-amère. Avait-il fait le bon choix? S'engageait-il sur la bonne voie? Seul le temps apporterait une réponse concrète, pour le moment il ne lui restait qu'à se reposer.


3 coups de feu retentirent. Le premier surprit Jojiba, mais les deux autres lui confirmèrent que l'assaut ne lui était pas destiné. Le son du barillet était familier au saiyan, il l'avait un peu trop entendu il y a peu, mais ses détonations avaient presque une sonorité rassurante alors que la cible se devinait aisément. Babel s'assurait que c'était réellement terminé, le cauchemar était fini, enfin.

Un instant passa, le fermier n'arrivait plus à penser correctement, épuisé, son esprit était vide de réflexion, bien qu'il tentait de se poser des questions des suites de ce combat sans merci, impossible de produire une idée cohérente. Il entendit à peine le baron marcher dans sa direction.

”Ça fait du bien de se débarrasser d’une obsession, hein ?”

Il n'avait pas tord, maintenant que Jojiba était enfin débarrassé de Wyatt, il sentait son esprit plus léger. Ça ne ramènerait pas les innocents qu'il avait massacré, ça ne ramènerait pas Riju, mais au moins, justice avait été rendue, c'était le principal. Le saiyan ne répondit cependant pas pour autant au démon, sans doute par manque de force, plus que part dédain, après tout, il lui en devait bien une sur ce coup-ci.

”En finir avec un truc obsessif, ça fait toujours du bien. On dit de passer à autre chose. On dit d’ignorer. Mais au final, ça ne fait faire que des ravages constants dans ton coeur jusqu’à ce qu’il n’y reste que du stress et des regrets et qu’on l’on ne voit plus que ça dans sa dernière vision avant la mort. Toi, tu t’en es débarassé. Tu peux enfin passer à autre chose.”

Il était si étrange d'imaginer que des paroles aussi sage et rassurante puisse être prononcée par un démon et pourtant c'était le cas. Babel était un spécimen des plus étranges, c'était le moins qu'on pouvait en dire, mais cette collaboration avait été un franc succès, ça on ne pouvait pas le lui enlever.


”GLOOOOOOIIIIIIIRE À LA CATHARSIIIIIIIISSSSEUH !!”

Evidemment chacun y avait trouvé un intérêt et le célébrait… A sa façon.

”Bon. Tu veux aller chercher quelque chose à bouffer, pour célébrer ? Boire un coup ?”

Le démon invitait Jojiba comme un vieil ami? Comptait-il célébrer cette victoire autour d'un verre comme si de rien n'était? Voilà bien l'arrogance d'un démon, imperméable aux signaux les plus évidant. Babel n'eut que pour toute réponse un grognement, un grognement sauvage, animal même, lequel se faisait menaçant et résonnant. Ce grognement, il venait non pas d'entre les crocs du saiyan mais bien de son estomac qui, après avoir consommé autant de ressources, demandait à faire le plein pour assurer le bon fonctionnement d'un corps qui ne cherchait qu'a récupérer.

-Je crève la dalle, va pour un gueuleton. Lui sourit finalement Jojiba.