Ken le Survivant

Kenshiro n’était au départ qu’un simple orphelin ayant fui son pays d’origine en proie à une guerre infernale. Ses parents, emportés par la destruction qui déchirait leur contrée d’origine, projetaient de préserver l’avenir de leur fils en lui permettant de s’évader de cette terre sans lendemain. L’orphelin fut alors recueilli par Ryuken, un vieil homme à l’âme charitable et détenteur d’un pouvoir inouï. Sous ses airs d’aïeul inoffensif, l’ancêtre était en réalité un combattant redoutable, dernier maître d’un Art Martial ancestral nommé Hokuto Shinken. Ce style de combat était né dans une lointaine contrée lors de temps tumultueux, élaboré afin de mettre un terme au trouble qui planait sur le pays. De son âge avancé, Ryuken comprenait qu’il ne lui restait qu’une poignée d’années à vivre et s’était mis en quête d’une âme digne d’hériter du savoir ancien du Hokuto. Pour se faire, il adopta quatre enfants qui subirent sous sa tutelle un entraînement rigoureux pour déterminer lequel serait le plus apte à lui succéder. Selon la tradition, il ne pouvait y avoir qu’un seul maître du Hokuto par génération, car cet art assassin était si dangereux qu’il pourrait, entre de mauvaises mains, être la source d’un chaos sans limites.

Parmi les quatre garçons, Kenshiro fut choisi par le vénérable ancien comme successeur, l’enfant étant doué des qualités humaines que Ryuken jugeait nécessaire au bon maniement du Poing de la Grande Ourse. Ken se démarquait non pas seulement par son indéniable talent en combat mais également par son inéluctable volonté de voir le bien triompher du mal. Ce choix attisa grandement la colère de Raoh, un autre élève et aîné du quatuor de frères adoptifs. Celui-ci était à l’opposé de Kenshiro ; arrogant et égoïste, il souhaitait s’approprier la toute puissance du Hokuto Shinken pour devenir le seul seigneur du monde. Un monde qui faisait par ailleurs mine de disparaître, car il y a de cela quelques années précédant le nouveau millénaire, la nature destructrice de l’humanité menaçait déjà de mettre un terme à sa propre existence. De tensions perpétuellement croissantes naquit une guerre nucléaire dévastatrice qui eut raison de toute forme de civilisation avancée dans le monde. Un terrible holocauste global qui ramenait la vie à l’âge de pierre, ponctuée par la cruelle loi de la jungle. De cet effroyable événement, Kenshiro eut la chance de survivre grâce au sacrifice d’un autre de ses frères adoptifs que les forts vents atomiques marquèrent d’un cancer incurable. De son côté, dans sa rage et animé par une folle jalousie, Raoh mit fin à la vie de Ryuken et s’en alla entreprendre sa conquête des terres désolées, obligeant Ken à quitter le temple qui l’avait vu grandir.

Accompagné de sa bien-aimée, une jeune femme du nom de Yuria, Kenshiro partit à la recherche d’une sorte de Jardin d’Eden. Un El Dorado, paradis épargné par la catastrophe nucléaire où le couple pourrait vivre en paix. Dans leur vaine exploration, le duo croisa la route de Shin, membre d’une école d’Arts Martiaux rivale au Hokuto et follement amoureux de Yuria. Shin terrassa Ken aisément et marqua son torse à sept reprises avant de s’en aller en emportant la femme de ses convoitises avec lui. Kenshiro qui, après avoir perdu sa figure paternelle en la personne de Ryuken, venait de voir disparaître son amante fut pris d’une rage irrésistible. De cette haine, il tirait la force de partir en quête de sa tendre et chère. Ainsi se répandit la légende d’un homme à sept cicatrices, voyageant de village en village en anéantissant sur son passage toute forme d’injustice.

Au gré de moult péripéties, Kenshiro parvint à retrouver la trace de Shin qu’il vaincu par la force de sa rage mais malheureusement pour lui, Yuria avait déjà perdu la vie. Son vagabondage lui permit également de retrouver deux de ses frères, l’un mourant sous le regard impuissant du champion du Hokuto, l’autre vaincu de la main de ce dernier. Seul Raoh subsistait, ayant bâti un puissant empire qu’il dirigeait d’une poigne de fer, assouvissant quiconque osait s’opposer à lui par la force de l’Art de la Grande Ourse. Kenshiro savait qu’il était le seul capable de faire jeu égal avec son aîné, et il était de son devoir de le confronter afin de mettre fin aux machinations du jaloux. A l’issue de deux batailles dantesques, le tyran de l’enfer désertique fut vaincu et Kenshiro s’affirma comme seul et digne héritier du Hokuto Shinken.

Cependant, son apostolat était loin d’être terminé. Le vice continuait de sévir et Ken était décidé à ne rendre son dernier souffle que lorsque le mal aura été éradiqué.