[PV - Dimension ???] Perdu

La chute semblait interminable. Le guerrier se voyait se tordre de toutes parts, emporté dans un flux continu de lumières en tout genre. Étreint par la poigne du singe, Kaito serrait les dents.

"Tu vas me lâcher, oui ?!"

Explosant son KI autour de lui, il se propulsait en avant, expédiant son poing gauche en plein dans la figure du gorille. Ce dernier était projeté en arrière, s'enfonçant dans le tube de lumière, disparaissant par la même occasion. Enfin libéré, le déchu poursuivait sa longue agonie sans savoir où il allait finir.

"Je ne dois pas rester là !..."

En y repensant, cela ne ressemblait à rien de connu. Ce n’était pas un voyage temporel qu’il subissait. Les distorsions et le couloir étaient bien différents de tout ce qu’il avait vu... C’était déstabilisant, de ne pas savoir ! Cette méconnaissance de la situation le rendait nerveux. Aller... Bouge-toi ! D’un coup, il s’approchait du bord de ce tunnel lumineux, collant sa main droite contre lui, et se faisant aspirer par ce dernier. Puis... un flash. Aveuglant.

Chapitre 1 : Perdu

Les distorsions se faisaient de plus en plus fortes. Son corps était littéralement broyé de toutes parts, sans aucune pitié. Et qu’est-ce que c’était long ! Jusqu’à quand allait-il devoir subir cette foutue douleur ?! Et enfin... Sa longue agonie se terminait dans un crachat du tube. Il était expédié dans le vide à toute vitesse, s’écrasant contre le sol d’une planète inconnue. Il roulait sur plusieurs mètres, s’égratignant contre ce qui semblait être du sable. La poussière était dense, d’une couleur orangée. Une tempête ?... Il se redressait doucement, sa chevelure retrouvant sa couleur ébène.

"Où... Où suis-je ?..."

Un désert immense, caché par l'immensité du sable chaud. Il n’avait plus que son pantalon, vêtu misérablement. Tentant d’utiliser ses pouvoirs, il constata que ceux-ci ne répondaient pas. Peu importe quel sortilège il tentait d’utiliser, ses capacités semblaient inutilisables. En réalité, même l’usage du KI était impossible. Son corps semblait si lourd !... La distorsion avait dû provoquer un cataclysme au sein de ses chakras, l’obligeant à se passer de ses pouvoirs. Il était... désarmé. Et complètement seul.

"Allez... J’ai peut-être une dernière chance..."

Cherchant dans son pantalon, il sortait un petit appareil de communication. Il appuyait dessus, mais rien ne se passait.

"Impossible... Je ne peux pas rejoindre Chrono-City... Je suis... bloqué !..."

Et un autre. Le transmetteur de la Patrouille Temporelle...

"Allez... Faites que ça fonctionne..."

Il appuyait sur le bouton.

"Ici Kaito Shan... Je suis perdu dans un endroit que je ne connais pas, un immense désert... Je ne peux plus utiliser mes capacités... Je suis complètement pris au piège... Si quelqu’un m’entend... Pitié, répondez !..."

Et pourtant... Il n’obtiendrait jamais une seule réponse, si ce n’est un grésillement. Il n’y avait rien. Pas une seule onde émise. En clair : son message avait été envoyé dans le vide. Sa situation était compromise. Faible, seul, blessé, sans rien... Ses chances de survie dans cet endroit avoisinaient les 0 %. En attendant... Il n’avait pas le choix, il devait marcher. Le sable s’insinuait partout. Ses vêtements étaient envahis par la tempête, et sa respiration était limitée. Oui, forcément, sinon il se retrouverait à aspirer du sable...

"Je dois... partir d'ici..."

Déchirant une partie de son pantalon au niveau du tibia, il entourait le tissu autour de sa bouche. Au moins, il éviterait de manger du sable, malgré le goût craquant à chaque mouvement de ses mâchoires. Mieux valait ne pas attendre la nuit pour trouver un abri de fortune... Les chaleurs exorbitantes de ces endroits étaient bien plus redoutées lorsque le froid morbide s’abattait, une fois la lune montée dans le ciel. Et là, aucun entraînement mental ne pouvait le préparer à une telle privation de ses capacités. Le début de cette longue punition venait de commencer. La crainte et le doute. La douleur et la solitude. L'âme et le cœur.

Depuis combien de temps marchait-il ? Ses pas s'enchaînaient inlassablement, si bien qu'il avait perdu le compte des jours. La chaleur brûlante et le froid mordant avaient, à de nombreuses reprises, paralysé son corps. Il portait sur lui les stigmates de cette longue errance : infections, blessures mal soignées, et une fatigue écrasante. Même ses capacités extraordinaires semblaient l'avoir abandonné, éteintes comme une flamme vacillante. Le destin, cruel et implacable, semblait s’acharner sur lui, refusant de lui accorder la délivrance de la mort. Peut-être était-ce une punition. Une sanction divine pour l'hérésie à laquelle il avait participé.  

Cet anneau... Oui, c'était la source de tous ses tourments. Il le regrettait amèrement. Mais, au fond, il savait : il méritait ce châtiment.  

"Maîtresse... Maîtresse Chronoa... Aidez-moi... Aidez..."

Ses mots se perdirent dans le souffle du vent alors que ses jambes cédaient. Le Saiyan s’effondra lourdement sur le sol, à bout de forces. Les yeux mi-clos, il murmura une dernière supplique : "Je veux juste... Dormir..." Son corps ne répondait plus. Ses muscles tétanisés refusaient le moindre mouvement. Et son esprit, exsangue, se plongeait dans les abîmes d’un subconscient tourmenté. Il n’avait plus d’espoir, plus de motivation. Plus aucun désir de vivre. Autant abandonner... "Regardez ce que j’ai trouvé !" Une voix rauque, presque amusée, perça le silence. Un homme-bête, une créature de la race des loups, s’approchait du corps inerte. Une cicatrice zébrait son œil gauche, renforçant son allure féroce. Il tapota du bout de son épée la carcasse du Saiyan.  

"Il est mort ?"

"Non, il respire encore. Embarquons-le, il se revendra bien !"

Le rire carnassier de la bête résonna dans l’immensité du désert. T’es sérieux ? Regarde l’état dans lequel il est ! Ce type est à moitié crevé, il tiendra pas la nuit !" "Alors on le soigne ! Regarde-moi cette musculature ! Ce gars-là, c’est pas un amateur. Une fois remis sur pied, on pourra en tirer un sacré prix !" Sans un mot de plus, le Saiyan fut traîné dans le sable, ses bras inertes ballotant derrière lui. Ils le posèrent sans ménagement sur un brancard de fortune et prirent la direction de leur camp. Peu importait où ils l’emmenaient : il était trop loin, mentalement, pour s’en soucier. "J’ai hâte de le vendre ! Ce gars va nous rapporter gros !" Au moins, se dit-il inconsciemment, peut-être survivrait-il à cette nuit.  

Quelque temps plus tard...  

"Huuugh..."  

Il ouvrit lentement les yeux, découvrant qu’il se trouvait sous une tente sommaire. Sa peau, irritée par les bandages et les crèmes qu’on lui avait appliqués, trahissait des soins rudimentaires. Il força son corps à descendre du lit de fortune, mais ses jambes ne le portèrent pas. Il s’écroula au sol dans un bruit sourd, ses muscles tremblant sous l’effort. "Merde..." Il posa les yeux sur ses jambes et découvrit les hématomes violacés qui les recouvraient. Il était paralysé. Incapable de se défendre, de voler, de combattre... même de tenir debout. Cette impuissance le rendait fou. Après de longues minutes d’efforts, il parvint à se redresser, vacillant. Mais à ce moment précis, quelqu’un entra dans la tente. "Eh bien, t’es debout ! Parfait. Maintenant, tu vas pouvoir nous suivre." "Attendez... Qui... êtes-vous ?"L’homme-bête esquissa un sourire mauvais.  

"Moi ? Je suis ton maître. Allez, en avant !" 

"Quoi ? Mais... Non... AARGH !"

Un coup violent au ventre lui coupa la respiration, le pliant en deux. Sérieusement ? Était-il devenu aussi faible que ça ?! Le loup l’attrapa par les cheveux et le força à se remettre debout, le poussant brutalement hors de la tente. "La prochaine fois, t’obéiras sans rechigner, esclave !" Une colère sourde montait en lui, mais il n’était pas en mesure de la libérer. Sa faiblesse lui arrachait jusqu’à son humanité, le réduisant au rang de simple marchandise. La dure loi du désert s’imposait à lui. À chaque pas, il sentait son corps sur le point de céder, sa fierté rongée par l’humiliation. Ils arrivèrent finalement devant une estrade rudimentaire, où d’autres captifs attendaient déjà, enchaînés. Les lourdes menottes d’acier se refermèrent sur ses poignets, un poids supplémentaire qui s’ajoutait à sa misère.  
Il comprenait ce qui allait suivre.  

Le Saiyan n’était plus un guerrier.

Il n’était plus rien.

"J'en veux pour 10 000 zénies !"

"Pour 15 000 !"

Il était vraiment en train d'être vendu ? La surprise qui le saisissait ne pouvait mentir : sa nature humaine était reléguée au second plan... Le Saiyan n’était plus qu’un simple outil d’échange monétaire, privé du symbole mental profond qu'était la liberté ! Intérieurement blessé, il ne disait rien, incapable de prononcer le moindre mot. Comment avait-il pu tomber si bas ?... Il baissa les yeux, honteux, refusant d’admettre la vérité. Le guerrier de l'espace était totalement isolé... Son esprit ailleurs, il ne prêtait même pas attention à la scène. Ce n’est que lorsqu’on le tira par les chaînes qui enserraient ses bras qu’il releva la tête. Il venait d’être vendu ! "Va pour madame Badinsu, qui achète ce magnifique spécimen pour 20 000 zénies !" Voilà donc la valeur du Shan... Conduit vers la dame en longue robe, elle lui saisit la mâchoire d’une main, scrutant son visage de gauche à droite avec minutie.

"Il est parfait ! Marquez-le !"

"Hein ?..."

Mis à genoux, il tenta maladroitement de se débattre, mais... Ah ! Quelle douleur vive ! "AAAAH !" Sa nuque fut marquée au fer rouge, le laissant abattu ! Tiré de force, il fut remis sur pied et conduit jusqu’à une charrette où la dame l’attendait déjà. Elle grimpa à ses côtés, le laissant là, perdu et égaré. "Tu as intérêt à bien travailler, mon mignon ! J’ai tant de choses à te faire faire !" Aucune réponse ne sortit de sa bouche. Ses pensées, elles, volaient loin, très loin. *Maîtresse... Maîtresse Chronoa...* Tandis que la charrette se mettait en route, son esprit sombrait... Ses aventures et sa liberté étaient terminées. Il n’était plus qu’une ombre de lui-même, une parodie grotesque d’une divinité déchue. Son âme et son corps ne lui appartenaient plus. Il se voyait déjà englouti par la déchéance et la tristesse, pour l’éternité...

Quelques jours plus tard…

Cela faisait maintenant plusieurs jours qu’il avait rejoint l’immense manoir de l’esclavagiste. Son rôle se résumait aux tâches physiques les plus pénibles : transporter des charges, travailler aux champs, tailler le jardin ou encore servir de garde. Chaque erreur lui valait un châtiment : privation de dîner, enfermement dans une geôle humide des douves, ou encore le fouet infligé par les bourreaux au service de la Comtesse. Celle-ci, tyrannique et méprisante, ne daignait jamais adresser la parole à ses serviteurs. Quant à ses pouvoirs, l’ancien guerrier du temps n’avait toujours pas réussi à les retrouver. Il était faible, terriblement affaibli, comme transformé en simple mortel. Même un banal fusil pouvait à présent mettre un terme à sa vie... Oui... Il n’avait plus rien de "super". Il n’était plus qu’un homme ordinaire, écrasé par le poids de son ancienne gloire.

*Je dois continuer... Je dois survivre... Je dois... La revoir...*

Ses pensées revenaient inlassablement à sa douce compagne. Leixy lui manquait terriblement... Le pauvre homme, ombre de son passé, portait déjà sur sa chair les marques de sévices cruels et répétés. Son poids s’amenuisait, sa silhouette devenait fantomatique. Et pourtant, il devait avancer. Encore... Et encore.

"Ah ! Ah ! Aïe !..."

"Je vais t’apprendre à rester à ta place, moi !"

Le fouet s'abattait impitoyablement sur sa chair, chaque coup arrachant un cri étranglé à ses lèvres. La lanière mordait profondément dans son dos, imprimant sur sa peau des marques rouges et sanglantes, des stigmates qui ne disparaîtraient jamais... Suspendu par les poignets à des chaînes métalliques, il était incapable de se mouvoir pour éviter les assauts... Ses muscles, tendus à l’extrême, luttaient en vain contre cette position humiliante !... Tandis qu’une douleur lancinante irradiait dans tout son être, il tenta de serrer les dents pour refouler les gémissements qui trahissaient sa détresse... Mais chaque coup lui arrachait un peu plus de son humanité. Lui, qui jadis était maître du temps, qui était un guerrier redouté, était aujourd'hui réduit à l’état de simple esclave !... "Je !... Je suis désolé !..." Après ce qui parut une éternité, la punition prit fin. Libéré de ses entraves, il s’écroula lourdement au sol... Le contact rugueux de la pierre contre son front était presque un réconfort après la brûlure cuisante de son dos lacéré... Le sang chaud qui coulait lentement le long de sa colonne vertébrale, lui rappelait la bassesse de sa condition actuelle. Ses vêtements, s’ils pouvaient encore en être qualifiés ainsi, ne dissimulaient que le strict minimum, exposant la dureté de sa vie à tous les regards. Autrefois, il était Kaito Shan, le Dieu du Temps et protecteur de la justice universelle. Désormais, il n’était plus qu’un homme brisé...

"Lève-toi ! Tu vas pourrir dans ta cellule quelques jours, histoire de bien comprendre ce que tu es devenu !"

Jeté dans l’obscurité glaciale de sa geôle, il fut privé de tout : de lumière, de nourriture, et presque de son esprit. Chaque jour sans subsistance creusait davantage son ventre, vidant son corps de ses forces, et érodait un peu plus ce qui restait de sa volonté... Lorsque la porte s’ouvrit enfin, laissant entrer un rayon de soleil éclatant, la lumière brûla ses yeux fatigués. Mais... Il s’en délecta comme d’un élixir inespéré. De retour dans sa chambre d’esclave, il retrouva son lit de paille, une amélioration dérisoire par rapport à la dureté des pierres de sa cellule. Allongé, il fixa le plafond sans vraiment le voir, son esprit parcourant des souvenirs d’un temps révolu, où il régnait en maître sur son destin... Désormais, il n’était qu’un spectre de ce qu’il avait été... Quelques jours plus tard, il reprit le travail dans les champs. Récoltant sans relâche, il s’efforçait de ne commettre aucune erreur. Une existence réglée par le fouet et la peur, où il tentait, tant bien que mal, de se faire oublier.

"Tu as bien changé, Horenso ! Avant, t’en foutais pas une ! T’es devenu un bon esclave, hein ?!"

Le maître de cette exploitation, un tyran sans vergogne, se délectait de l’asservissement de ses victimes... Et pourtant, il ignorait la véritable identité de son captif. Le déchu avait pris soin de masquer son nom, laissant à la tombe son ancienne gloire. Autant juste rester Horenso... Dans les champs, il fauchait méthodiquement, évitant les regards, les conversations, et surtout les coups. Il n’était plus le héros d’antan, celui qui aurait bondi pour secourir un camarade maltraité. Ici, il n’était rien... Un rien incapable de s’opposer à l’oppression... Et le soir venu, ses cauchemars le rattrapaient. Chaque nuit, il revivait ses erreurs. Les combats perdus, les sacrifices inutiles, la trahison de ses idéaux... Il avait cru agir pour le bien, mais le destin ne l’avait jamais épargné.

Au lendemain, pendant le dîner.

Lorsqu’un homme entra dans la salle commune, interrompant le maigre repas des esclaves, son ton autoritaire glaça l’assemblée. "Vous, là ! Vous avez été choisis pour rejoindre la milice ! Notre Seigneur est en guerre, et vous allez intégrer ses rangs !" Le choc fut total. Le patriarche de la famille Shan sentit une sueur froide couler le long de sa nuque... On les arrachait aux champs pour les envoyer sur un champ de bataille ! Des outils remplacés par des armes, des chaînes échangées contre des ordres meurtriers !... Et... Lui n'était plus le guerrier qu’il avait été !... Sans ses pouvoirs, il n’était qu’un homme faible !... Comment pourrait-il survivre dans le tumulte d’une guerre ?...

Et pire encore : comment pourrait-il préserver le reste de son âme ?... Il n'avait jamais ôter la vie à qui que ce soit !...

Une idée prenait vie dans son esprit... Il devait fuir. Coûte que coûte.

Ses pensées tourbillonnaient, s’entrechoquant dans un tumulte sans fin. Il réfléchissait, encore et encore, cherchant désespérément une échappatoire à cette impasse. Ses ennemis étaient nombreux, omniprésents, et l’idée même de fuir relevait de l’impossible... Chaque chemin semblait barré. Chaque issue, fermée par des mains adverses !... Mais il le fallait. Sa course serait freinée, certes. Mais il devait trouver un moyen, n’importe lequel, pour s’extirper de cette situation qui le condamnerait à la guerre !... La nuit, d’ordinaire, portait conseil. Pourtant, ce soir, il n’avait pas ce luxe : le temps pressait, et il devait agir avant qu’on ne vienne le chercher. Allongé sur son lit de paille, son esprit et son corps refusaient de trouver le refuge du sommeil. Oh que oui, tout son être était tendu... "Je dois partir d’ici..." Murmura-t-il, comme une prière. Se redressant lentement, il observa les autres esclaves entassés dans la misère. Ils n’étaient rien d’autre que de la chair à canon, destinés à mourir en boucliers humains... Mais que pouvait-il pour eux ? Ses forces étaient dérisoires, son corps affaibli, et ses pouvoirs, scellés ! Il n’avait aucune solution pour changer leur sort !... Alors, il devait penser à lui.

*J’en suis réduit à ça... À fuir comme un lâche... Mais je n’ai pas le choix. Allons-y...*

Le ciel était d’un noir d’encre, dépourvu d’étoiles ou de lune pour guider sa route. Rampant misérablement sur le sol, il avançait à tâtons, le cœur battant. Chaque souffle était mesuré... Seconde après seconde, il gagnait du terrain, se faufilant entre les ombres, glissant dans la poussière... "Il va y avoir des fuyards si on ne les attache pas." "Bah ! On les attrapera facilement ! Et leur tête finira sur une pique, haha !" Ces mots, prononcés par des gardes non loin, semblaient lui être directement destinés. Pourtant, ils ne l’avaient pas repéré... Il serra les dents, ignorant la douleur lancinante de son dos malmené, ses plaies mal cicatrisées le brûlant à chaque mouvement. Il préférait mille fois souffrir que de rester pour tuer, ou bien encore mourir !... Une fois à l’abri derrière un cabanon, il se redressa péniblement, son regard cherchant désespérément une issue. Ses yeux s’arrêtèrent sur l’imposante muraille qui le séparait de la liberté. Un obstacle colossal... Mais franchissable.

*Je peux le faire... Je dois le faire... Juste un effort !...*

Collant son dos au mur, il ferma un instant les yeux, tentant de calmer son souffle. Concentré, il s’élança, faisant appel à la maigre énergie qu’il lui restait... Et soudain, il sentit le sol se dérober sous lui. Il flottait ! Faiblement, mais au moins suffisamment pour s’élever, pour s'enfuir !... "Hey ! Un fuyard ! Mais... Comment il fait ça ?!" "On s’en fiche ! Attrapez-le !" Repéré, il redoubla d’efforts. Ses bras tremblants saisirent le haut du mur, à bout de forces, et il se hissa avec peine. Ses doigts, meurtris, criant de douleur, s'efforçaient de le porter !... Et enfin... Il parvint au sommet, d'où il s’éjecta de l’autre côté. La chute fut brutale... En s’écrasant au sol, il sentit une vive douleur dans ses côtes, et il cracha du sang. Mais il n’avait pas le temps de s’apitoyer ! Le désert s’étendait d’un côté, et une plaine de l’autre. Entre les deux biomes, le manoir de cette femme abjecte siégeait. Il comprit alors qu’il n’avait pas voyagé aussi loin qu’il l’avait cru, durant son transport. Peu importe...

"Il est tombé par là ! Dépêchez-vous !"

Se relevant péniblement, il s’élança vers les plaines, son corps animée par une volonté féroce. Chaque foulée était un défi, ses pieds s’emmêlant dans les hautes herbes. Son passage arrachait des touffes de brindilles, marquant son sillage... Mais il n’y prêta aucune attention. Tout ce qui comptait, c’était de mettre un maximum de distance entre lui, et ses poursuivants. Il ignorait combien d’hommes étaient à ses trousses, et il s’en moquait. L’idée de retourner à cette vie d’esclave, d’être fouetté pour ne pas avoir atteint un quota absurde, était insupportable ! Et surtout... D'être envoyé à la guerre. Une guerre qu'il ne souhaitait pas. Une tentative d'en faire un assassin. Seule la fuite était importante. Peu lui importait sa destination, tant qu’elle lui garantissait une chose : la liberté. Ce soir, Horenso devait se libérer... Et il y parviendrait.

Fuir, toujours fuir, toujours plus loin, toujours plus longtemps. Il court, il s'échappe, il longe les murs, il rampe ! Il ne se laisse pas faire. Il ne se laisse pas avoir. Il ne se laisse pas attraper... Continue, Kaito. Fuis. Pars. Loin. Il faut que tu deviennes un écho du passé. Il faut... Que tu disparaisses de la vie de cette Comtesse de malheur... Il faut que tu fuis vers de nouveaux horizons.

"Il est par là ! Continuez de le poursuivre !"

Chaque pas qu’il faisait semblait alourdi par la fatigue. Depuis combien de temps fuyait-il ? Des heures ? Des jours ? Une chose était certaine : le soleil avait déjà passé son zénith à plusieurs reprises... Pourtant, il refusait d’abandonner. Ses pas, bien qu’épuisés, le menaient quelque part, il en était sûr !... Un endroit, loin de cette misère, où il pourrait enfin se reconstruire !... Vite !… Toujours plus vite !... Il devait s’éloigner, encore et encore ! Revenir en arrière ?... Impossible !... Retourner dans cet enfer, ou pire, être renvoyé à la guerre ?... Non... C'était impensable. Pourtant, son corps atteignait ses limites. Ses forces l’abandonnaient peu à peu... Quelle faiblesse. Autrefois, traverser une planète entière ne lui prenait guère plus qu’une inspiration ! Maintenant, marcher quelques mètres relevait de l’exploit... Et lorsque la nuit tombait, sa vision se réduisait à ce que la lune voulait bien lui offrir.

"Qu- ? AAH !"

Il ne l’avait pas vu. Un fossé, profond et abrupt. Il chuta dans un trou interminable, rebondissant contre les parois rugueuses, son corps projeté de gauche à droite ! Chaque impact lui arrachait une nouvelle douleur, ravivant le souvenir amer de ses premiers jours dans ce monde de malheur... Enfin, il toucha le sol. Allongé, haletant, sa respiration était saccadée. Mais autour de lui… Plus un bruit. Ses poursuivants avaient disparu. La solitude l’avait enfin rattrapé !... Ouf... Peu importait où il se trouvait : le sommeil le saisit d'une traite. Allongé sur la roche froide, il laissa ses paupières se fermer... Les bras de Morphée vinrent doucement l’enlacer, l’apaisant pour la première fois depuis des jours. "Maîtresse…" Au petit matin, après une nuit étrangement réparatrice, il ouvrit les yeux. Il était temps de comprendre où il avait atterri. La lumière du soleil perçait faiblement à travers les cavités de la fosse, projetant des rayons hésitants sur les murs. Impossible de discerner précisément les contours des lieux...

"... Je ferais mieux de sortir d’ici, avant de crever de faim…"

Ce silence... Cette solitude... Personne pour lui hurler dessus, pour le fouetter ou lui donner des ordres... Dans cette fosse, il était libre. Enfin… Libre de faire ce qu’il voulait, du moins. Mais qu’en serait-il une fois à l’extérieur ?... Certes, il avait échappé à ses poursuivants, mais il avait également tout perdu !... Il n’y avait plus que ses pensées pour l’accompagner... Contemplant sa main droite, abîmée par les travaux des champs, il tenta d’appeler son Ki. Et... Rien. Pas même une étincelle. La magie ? Toujours rien également. Combien de temps s’était-il écoulé depuis qu’il avait été capturé et vendu ? Des mois ? Une année ? Peut-être... Pourtant, ses chakras restaient distordus, refusant de répondre à son appel. Cette faiblesse lui pesait lourdement...

"Ai-je bien fait ?…"



"Mais… Le Grand Prêtre est dangereux !…"



"Et les autres ne sont pas punis…"

Pourquoi pensait-il à cela maintenant ? Et puis, cette voix dans sa tête… Il devrait un jour comprendre d’où elle provenait. Mais ce n’était pas le moment. Reprenant sa marche, il s’enfonça davantage dans les profondeurs. Toujours plus de roche, interminable, à perte de vue... Tout se ressemblait... Jusqu’à ce qu’il tombe sur quelque chose d’inattendu. Une porte. Une gigantesque porte noire, ornée de dorures majestueuses... Où était-il ? Une vague sensation de déjà-vu l’envahissait, mais impossible de mettre le doigt dessus !... Une profonde curiosité le poussa à avancer. L’envie irrépressible de franchir cette barrière monumentale. Le grincement de la porte résonna dans toute la cavité, révélant derrière elle un long couloir noir, s’étendant à l’infini...