Deux frères

Leur mission s'était terminée sur une bonne note, au moins. Kaito avait pu s'en sortir grâce au rituel du Super Saiyan God, et il le devait à la présence de son frère... Après ça, ils s'étaient donné rendez-vous pour casser la croûte ensemble. Ils n'avaient pas eu l'occasion de beaucoup se voir, avant ça. Et leurs missions chacun prenait énormément de temps... Pour une fois, ils allaient pouvoir passer un petit moment ensemble. Bien sûr que le Shan était pressé ! Il avait posé son petit jour de congé auprès de Chronoa, annonçant bien sûr la raison. "... Je préfère éviter d'être en retard. Poiko ! Je peux te laisser gérer ?" "Bien sûr, compte sur moi. J'épaulerai maîtresse Chronoa. Va rejoindre ton frère." "Merci, mon ami." Et il était parti ! Il s'était empressé de traverser le portail du Nid du Temps, rejoignant bien vite le centre-ville, saluez par les citoyens de Conton-City. Au moins, il prenait toujours le temps d'être poli.

"Où est-ce qu'il est ?..."

Fermant les yeux un instant, il essayait de déceler la présence de son frère parmi la foule. Il fallait dire que ce n'était pas évident, avec toutes cette masses de patrouilleurs. "Bingo !" Et enfin... "Braveta ! Je suis là !" Il n'y avait que lui pour le trouver, de toute façon. Impossible pour son frère de le trouver par le KI, vu qu'il était indétectable. S'approchant de ce dernier, il lui fit une rapide accolade. Bah oui, il ne pouvait pas changer cette manie qu'il avait d'étreindre ses proches. Puis c'était son fraternel, quand même... Et là, on ne pouvait pas dire qu'il venait d'une autre époque. Braveta était son frère originel, celui venant de la même temporalité que lui. "Ça me fait plaisir de te voir ! Et si on y allait ? Je commence à avoir la dalle..." Bah oui, comme tout bon Saiyan qui se respectait, hein... Sa divinité ne semblait pas l'avoir empêché d'éprouver ce besoin naturel. Puis faut dire que la bouffe, eh beh, c'était super bon. Plus que l'appétit, y'avait aussi le plaisir du goût.

"Je connais un bon endroit où ils servent des repas à tomber. Suis-moi !"

Ils pourraient bien parler pendant le repas, assis confortablement. Voir même le temps de la route. "En ce moment, on enchaîne les missions... Les démons ne perdent vraiment pas de temps pour nous mettre des bâtons dans les roues." À croire qu'ils le faisaient exprès... "Nous y voilà." Le restaurant devait rappeler quelque chose à Braveta. C'était précisément dans ce restaurant qu'ils s'étaient retrouvé la toute première fois qu'ils s'étaient rencontré... Avec Trunks, et Celerya. Le Dieu s'arrêtait un instant, semblant se perdre en nostalgie à la vue de la bâtisse. Néanmoins, son estomac criait famine. Il fallait faire quelque chose. "Une table pour deux, je vous prie." "Bien sûr, par ici, s'il vous plaît." Une fois mener à table, le père de Renko prenait place. Les entrées étaient servies, offrant une petite salade, boissons aux choix, et un assortiment de fritures fromagères et oignons frits. Le guerrier prenait son ice tea en main, le sirotant doucement.

"Tu m'avais dit avoir quelque chose d'important à me dire... Qu'est-ce que c'est ?"

Revenu récemment de son long trépas d’un an entre les morts, Braveta n’avait jusqu’à présent pas eu l’occasion de parler seul à seul avec son frère. Une situation guère étonnante, après tout, de lourdes responsabilités pèsent sur les épaules de Kaito. Il est une divinité, chargé de s’assurer que rien ni personne ne vienne briser le cours normal du temps. Une tâche complexe, demandant une attention de tous les instants.

Son frère acceptait cette situation, il était lui-même un patrouilleur, donnant la quasi-totalité de son temps depuis son retour dans le monde des vivants à agir sur le terrain. Les vils ambitieux, désireux d’affecter le cours du temps apparaissant particulièrement actif ces derniers temps. La situation à Conton-City était particulièrement pesante, le travail s’accumulant continuellement.

Ce quotidien effréné, le saiyan l’avait longtemps désiré, confiné au Paradis, oublié par le juge et exécuteur du poste frontière. Très vite néanmoins, une douloureuse réalité s’est imposée dans son esprit. Chaque mission contribuant à le troubler un peu plus, le patrouilleur prenant pleinement conscience que son exil outre-tombe l’avait affaibli. Moins affuté, moins tranchant au combat, le guerrier ne pouvait s’empêcher d’être continuellement distrait. Repensant à une époque révolue ou sa confiance débordait, au point même que Dark Jewel avait su en profiter pour lui prendre la vie, malgré un écart clair de puissance.

Nulle doute, ce combat l’avait changé. L’hésitation, l’habitait désormais continuellement. Peut-être était-ce là, la manifestation d’une peur, celle de mourir à nouveau. Celle de décevoir encore une fois son frère. Braveta avait conscience de ne pas en avoir le droit. Kaito lui avait offert une place auprès de lui, un logis, s’efforçant de fonder de nombreux espoirs sur lui. Croyant pleinement en son potentiel, plaçant la sécurité de nombreux êtres sur ses épaules.

Il lui fallut du temps, quelques semaines, une succession de missions pour s’en rendre compte. Son rôle au sein de la Patrouille Temporelle l’étouffait, lui étant incapable de tenir face à cette pression continue qui ne cessait de s’accumuler en son sein sans jamais s’évacuer. Au point même que désormais, le simple fait de croiser le regard de son propre frère suffisait à le troubler. Ne pouvant s’empêcher de se comparer à ce dernier, cet être transcendant, respecté de tous en évolution continuelle. Admirable, mais pourtant si enviable.  

{ Nous partageons en partie le même sang et pourtant… }

Petit-à-petit, la frustration semblait avoir laissée une petite place à  la jalousie. La balance semble s’équilibrer petit à petit, au profit de la nouvelle venue. S’efforçant de ne rien montrer à personne, le fils de Nasu se renfermait sur lui-même. Cherchant à tout encaisser, à tout porter seul pour n’inquiéter personne. Il en allait de son honneur, de sa fierté.

Il avait bien conscience que Kaito était le soleil faisant vivre tout Conton-City. Lui n’était qu’une planète se contentant de tourner autour de l’astre stellaire. Ses angoisses ne devaient pas affaiblir le fonctionnement du soleil, le risque étant d’affecter tout le système solaire qu’il supporte.


Très vite, le chevelu a dû faire un choix. Il n’était pas simple à accepter et pourtant nécessaire et inévitable. L’objet du rendez-vous était clair dans l’esprit du brave. Il devait annoncer sa décision au chef de famille.

Le visage fermé, il déambulait dans le centre-ville de Conton-City, profitant dans le silence d’un paysage paisible, des quartiers et commerces peuplées des patrouilleurs en congé et de leurs familles. Cette ambiance apaisante qui contrastait contraster avec la surcharge de travail à la Crypte était particulièrement désagréable à observer.

{ Pourquoi je ne suis pas capable de ressentir ça, moi ? }

Sortie de ses pensées par l’interpellation orale de son frère, Braveta vint travestir un sourire, cherchant à égayer sa pitoyable mine.  Fixant le Dieu du regard un instant avant d’être étreint, le saiyan ne put retenir une légère crispation de ses épaules. Rien d’alarmant après tout, ce dernier n’ayant jamais été particulièrement tactile.

- Ravi également que tu aies pu te libérer malgré tes fonctions. Désolé de te faire perdre du temps comme ça.


{ Je vais devoir faire vite, notre Dieu est déjà en train d’optimiser son temps pour faire au plus vite et ne pas embarrasser son personnel. }

Feindre la bonne humeur n’était pas évident, pourtant le saiyan pouvait se vanter d’être un plutôt bon acteur, une aptitude qui lui serait inévitablement utile par la suite.

- Je…


Il n’eut pas le temps de formuler que son frère était déjà en train d’imposer son rythme et son leadership, se mettant à le guider vers un restaurant.

{ Est-ce que j’arriverais à en placer une avant que sa majesté soit parti ? }

Bouillonnant de l’intérieur, le guerrier se faisait du mal inutilement. Après-tout c’était toujours comme ça, Kaito dirige et lui il suit aveuglément. Le Shinjin est une divinité, là où son frère n’est qu’un vulgaire mortel. Le trajet fut rapide, ne laissant le temps qu’à une futile discussion bien évidemment centré sur le travail.

- C’est vrai que c’est intense. Ahaha.

{ Putain, le premier sujet qui lui vient c’est inévitablement son putain de travail même quand il n’est pas à la crypte. }

Le rire faux, le chevelu tentait d’ignorer le flux de ses pensées, remplit de mauvaise-foi, cherchant à se détendre un peu, malgré une certaine tension interne qui ne cessait de s’accentuer au fil des secondes.  

Pouvant laisser apparaître une nervosité claire sur son visage, la sueur s'accumulant petit-à-petit sur son front et à divers autres endroits de son corps. Serrant ses mains moites dans une vaine tentative de calmer son stress, Braveta ne fit même pas attention au restaurant qui avait été choisi par son frère. Ce lieu était pourtant important, c’est ici qu’il a fait le serment de rejoindre la Time Patrol et de protéger le cours du temps. S’asseyant à table, restant calme quelques instants, s’efforçant de faire le vide de son esprit pour ne pas s’emporter et dire n’importe quoi.

Le frère de Kaito profite de l’arrivée d’une serveuse pour commander une bière avec son entrée. Un choix inhabituel, pour le guerrier qui ne buvait jamais d’alcool. Si le Shinjin sirotait doucement son breuvage, le Time Patroller lui engloutissa sa boisson cul-sec.  Arrosant son gosier particulièrement aride.

Son choix n’était néanmoins absolument pas parfait, si la bière était une bonne possibilité afin de se détendre un peu,  celle-ci à également tendance à accentuer une déshydratation, ici déjà bien marquée. Ne perdant pas plus de temps, le protecteur du temps invita Braveta à s’exprimer sur l’objet de cette rencontre.  Contraint à ne pas prendre plus de détour, après la prise d'un léger souffle, le saiyan posa sa voix avec clarté et fermeté, s'efforçant de croiser le regard de Kaito.

"Qu'est-ce que tu raconte ? J'ai posé congé, on a toute la journée rien qu'à nous, haha !"

Le déranger ? Quelle idée ! S'il y avait bien une personne qui pouvait lui demander quelque chose, c'était bien Braveta. Il ne se voyait pas lui refuser quoique ce soit, lui qui avait toujours été présent pour lui. Et forcément, il était vraiment content de pouvoir passer du temps avec son frère. Pour Kaito, c'était un moment important, chose qu'il n'avait pas pu faire depuis longtemps. Et ils avaient eu envie de profiter d'un moment à deux, en dehors du travail... Seulement, le Shan ne pouvait s'empêcher d'y penser. Il n'était pas encore prêt, mais savait l'importance de protéger la crypte des mains de ses ennemis. La perdre signifierait probablement voir ses proches souffrir et s'effondrer... Chose qu'il redoutait plus que tout. Aujourd'hui, le temps était magnifique. En soit, ce n'était pas étonnant, car la cité du temps disposait d'un ciel factice modulable à souhait. C'était leur paradis à eux, couper du temps pour être en mesure d'agir partout à la fois. Enfin, le guerrier du temps devait se détendre... Il ne pouvait pas passer la journée à se mettre son travail en tête. Aujourd'hui, il passerait une bonne journée.

Ce n'était qu'une fois au restaurant que le duo pourrait papoter plus tranquillement. Le frère de Braveta ne savait pas trop ce qu'ils allaient faire par la suite, mais ce n'étaient pas les choix qui manquaient. Cette petite rencontre était d'ailleurs beaucoup remarquée, nombre des partisans de la Time Patrol observaient le disciple de la Déesse du Temps et son frère. Et il y avait toujours ce sentiment d'être comparé... Buvant son thé glacé avec légèreté, il commençait à manger quelques-unes des entrées devant lui. À chaque fois, il laissait la part égale à son fraternel. Et... Il s'était bien demander quelle était cette chose importante que Braveta voulait lui confier. Surtout qu'il semblait l'avoir demandé de façon assez urgente, donc c'était quelque chose qui devait peser sur la conscience de son grand frère. Prêtant son oreille attentive, voilà qu'il annonçait ce qu'il souhaitait faire.

"... Hein ?..."

Avait-il bien entendu, où ses oreilles lui jouaient-elles des tours ? Sa surprise ne manquait pas de le couper dans l'élan du repas... "Tu... Tu es sûr de toi ?..." Il ne savait vraiment pas quoi dire. Son cœur avait fait un bond d'un coup, le coupant dans toutes ses pensées. "Enfin... Tu es libre de faire ce que tu veux hein. Et je te soutiendrais ! Mais... Ça me fait... Bizarre..." Cette annonce ne le décevait pas, loin de là. Son frère avait peut-être trouvé une autre voie, quelque chose qui lui plairait davantage que de partir en mission. Mais ce dont il se doutait, et c'était ça qu'il l'attristait, c'était la possibilité que ce dernier ne quitte carrément la ville. Le Shan était un combattant... Et le seul poste apportant du combat dans cette ville, c'était celui de patrouilleur. Peut-être avait-il envie de devenir boulanger, qui sait ? Ou autre chose ?! Il se doutait peut-être mal ! Il avait sûrement juste mal analysé la situation !

"Tu as sûrement trouvé autre-chose qui te plaît, alors ! Il n'y a pas que la Time Patrol comme corps de métier à Conton-City !"

L'hésitation trahissait forcément sa voix. Il ne savait toujours pas comment réagir à cette nouvelle. Mais qu'importe ce qu'elle était, il serait content pour lui. Après-tout... C'était son rôle en tant que frère de le soutenir, et ceux, dans n'importe quelle situation. Mais cela ne l'empêchait pas de redouter le départ de son frère. Ils avaient été séparés si longtemps que le voir s'en aller était quelque chose... Qu'il ne souhaitait pas. Enfin... Ce n'était pas comme s'il voulait le forcer à quoi que ce soit. Qu'importe le plan du fils de Nasu, il ne le laisserait pas tomber pour autant. Il devait se montrer là pour lui, qu'importe le choix qu'il ferait... "Tu comptes faire quoi, du coup ?..." Autant le demander sans détour. Et il essayait quand même de garder un petit sourire au coin des lèvres...

Le point de non-retour avait été franchi, impossible désormais de reculer. Il avait fait part de sa décision à son frère, une décision déchirante mais pourtant nécessaire. La réaction de Kaito, il l’avait déjà imaginée à de nombreuses reprises. Peut-être lui en voudrait-il ? Peut-être créerait-il un scandale ? Peut-être s'efforçait-il de le retenir, de le garder près de lui ?

Ces scénarios, fruit de son imagination, étaient pour autant improbables. Cela ne ressemblerait pas au Gardien de la Crypte du Temps.  Homme parfait, frère compréhensif, leader charismatique, jamais il ne s’opposerait fermement à une décision prise par Braveta.  
Scrutant scrupuleusement la réaction de son supérieur hiérarchique, le guerrier gardait le silence. Conservant un visage ferme, s’efforçant de maintenir un contact visuel avec le Shan.

Sa réaction alliant interrogation et compréhension, n’eut même pas le mérite de   surprendre. Le Kaioshin était un être modèle, il ne pouvait faire une scène en public, comme en privé. Face à chaque situation, chaque défi, il doit garder la face. C’est une divinité, là où son frère n’est qu’un pur saiyan. Une vermine, incapable d’empêcher la jalousie de le consumer intérieurement. Kaito est fort, Braveta est faible.

Cette vérité, illustrable physiquement apparaissait également mentalement. Le fils de Nasu avait conscience que dans la situation inverse, il n’aurait pas été capable de se montrer si compréhensif, si aimant, si fraternel. Lui aurait enragé, lui aurait cherché à le retenir. Son imagination était cruelle, cruelle de transposer sur le Shinjin des scénarios qui n'auraient pu convenir qu’à un lâche comme lui.

Lui qui ne bougeait pas d’un pouce, ne disait mot, laissant son frère alimenter la conversation d’hypothèses farfelues. Un guerrier comme le chevelu, incapable de faire autre chose que de se battre, ne pouvait pas rester à Coton-City. Il allait bien devoir finir par briser les espoirs de son frère. Affirmer sa position, énoncer la tranchante et inévitable raison de son départ. Serrant fortement des dents, il ouvra à nouveau la bouche.

- Je ne resterai pas à Coton-City.

Une réponse courte, ferme, qui laissera probablement un profond froid de quelques instants. Un froid glacial étouffant même la flamme de la Volonté, pourtant présente dans les yeux du saiyen, digne enfant de la famille Shan.

- La vie de Patrouilleur n’est pas pour moi.

Lâchant un profond soupir, le lâcheur poursuivit son argumentation, sa voix puissante et ferme avait sû alourdir l’atmosphère conviviale du restaurant. Cette discussion qui aurait sûrement dû rester privé, étant devenue un spectacle public.

- Tu peux néanmoins être sûr, que je ne reviendrai pas sur ma décision. Ton Paradis ne sera jamais le mien.


Remettant en place de sa main, une de ses mèches gênant sa posture, le chevelu peinait. Il s’efforçait à rester lucide dans ses arguments, cherchant à ne pas devenir trop piquant, trop agressif.  Un équilibre difficile à tenir. Sa raison, sa clarté, son objectivité étant atteint d’un mal incurable. Le ressentiment. Il est souvent difficile de garder le cap, lorsque notre esprit est malade. Obsessionnel, ne cessant de douter, remettant en question le moindre mot prononcé, le moindre geste, le moindre sourire. Son propre cerveau, devenant un puissant poison, infectant, rongeant, brisant.

- Je ne sais pas ce que je ferai. J’aspire seulement à être libre. Libéré d’un Paradis aux allures d’Enfer. J’ai conscience de la nécessité de ton rôle, de l’importance des patrouilleurs mais ce n’est pas ma place.

Se montrait-il trop dur ? Choisissait-il bien ses mots ? Blessent t-ils profondément Kaito ou les spectateurs de la scène ?  Ces interrogations polluant son esprit, pour autant, il continuait de parler, prenant des courtes pauses après chaque phrase. Le temps de reprendre sa respiration, de conserver un rythme cardiaque cohérent, de ne pas trop s’emballer.

- La mort m’a ouvert les yeux. Si le Paradis doit se traduire par la routine, alors j’abjecte le Paradis. J’ai besoin de trouver ma propre voie, poursuivre mon ambition et non la tienne. Je dois trouver ma propre place dans ce monde, car lorsque je mourrais à nouveau, il sera trop tard.

Ramenant son bras droit sur la table, le poing serré, Braveta détourna le regard quelques instants de son frère, relevant les yeux, croisant à nouveau les yeux de son frère, le saiyen continuait d’étoffer sa motivation. Pour la première fois, il s’ouvrait à son frère, en public certes, mais vider son sac lui faisait du bien.

- Partir est la seule solution. J’ai déjà perdu une année de ma vie, je ne suis pas une divinité comme toi. Je ne transcende pas le vivant, je ne suis pas un exemple de moralité. Je n’ai que la force pour moi, j’ai besoin de me redécouvrir. Je dois sortir de ton ombre pour ne pas étouffer.

Cette phrase piquante, proche du reproche, avait le mérite d’être honnête. Néanmoins, l'honnêteté peut parfois faire plus de mal qu’un beau mensonge.

- Ce n’est pas de ta faute. Tu es à ta place. Toi, qui éclaire, protège et use de ton pouvoir pour tous nous sauver. C’est un rôle qui te sied à merveille. Tu es le soleil qui guide le fonctionnement de Coton-City. Moi, je suis égoïste. Je suis incapable de sacrifier mon existence pour un si beau dessein. De consacrer ma vie quotidiennement à protéger les autres. Je n’ai pas cette force, je suis faible.

Errant dans l'incompréhension, le disciple de la Déesse se voyait dans l'incapacité de répondre. Il écoutait, les yeux forcément attristés, mais pourtant bien fixer. Il retenait chacune de ses paroles. Buvait chacun de ses mots. Peut-être aurait-il dû être égoïste, ce jour-là. Mais qui était-il pour s'impliquer dans la décision de son frère ?... Son monde n'était pas le sien. Ils vivaient de deux manières différentes. Ils avaient une vision des choses différentes. Kaito était un héros, sauvant les autres au détriment de sa santé. Il l'avait toujours fait. Il le ferait toujours... Mais là... Là !... Pourquoi n'avait-il pas essayé, juste une fois, de retenir l'une des personnes les plus importantes de sa vie ?... Il pesait ses mots. Réfléchissait longuement. Imaginait la suite. Il avait perdu Trunks. Il avait perdu Celerya. Et maintenant... C'était au tour de son frère de s'en aller ?... Bien sûr, qu'il était triste. Mais en ce moment même, ce n'était pas que la tristesse qui le rongeait.

"Tu n'es faible en rien... Tu ne la jamais été... Et tu ne le seras jamais..."

Sa réponse était directe, au tac-o-tac. Il le pensait, et il le savait. "Braveta... Je soutiendrai toujours tes projets, quels qu'ils soient..." Ses poings se fermaient, son visage se baissait. "Je peux comprendre... Ton désir de t'éloigner..." Il retenait... Il n'osait pas annoncer ce qu'il souhaitait vraiment. À cet instant, bien sûr que les larmes lui montaient. En réalité... Peut-être n'avait-il jamais été aussi blessé. Dans son cœur... Et dans son âme. Il devait tout à Conton-City. À la patrouille du temps. Il avait eu sa famille. Ses amis. Ses proches, grâce à elle. Il avait littéralement tout obtenu, grâce à son travail ! *Tu parle d'un soleil...* Il se levait de sa place, affichant son visage amical, comme à son habitude. Oui, il ne devait pas montrer sa faiblesse. Comme Braveta l'avait dit... Comme son frère l'avait annoncer... Il était un modèle pour beaucoup. Droit, fort, sans ambiguïté. Il devait faire ce qui était juste, et voilà tout. Et cela commençait par taire ses émotions pour supporter la décision de son fraternel.

"Désolé... J'ai juste une petite crampe."

Cette situation, il ne savait pas du tout comment l'aborder. Comment devait-il regarder Braveta ? Comme d'habitude ? Bien sûr que oui... Lui avait juste besoin de prendre ses distances, et de faire ce qu'il voulait. Kaito ne devait rien dire pour l'en empêcher, lui faire avoir des regrets, ou bien encore... Le juger. Il se rasseyait, prenant le temps de penser à chacun de ses mots. "Tu trouveras ce que tu veux faire, de toute façon. J'en suis certain... C'est juste que... Ça me fait très bizarre de me dire... Que tu ne seras plus à mes côtés..." D'aussi loin qu'il se souvienne, après avoir intégré la patrouille, le Dieu du Temps avait reprit contact avec ce dernier. Il pensait avoir bâti une solide relation avec lui... Mais il ne se doutait pas une seconde du mal qui l'habitait. Ce manque de communication pesait forcément lourd sur leur relation fraternelle...

"Tu as été un très bon patrouilleur... Tes capacités, ton cœur, ta force, toutes ces choses nous aurons sauvé de bien des périples... Mon frère..."

Il soufflait à son tour. Il avait retrouvé un peu de calme, bien qu'il n'était qu'un masque. "Je ne peux pas te dire comment avancer dans ta vie... Tu trouveras toi-même ta voie. Saches juste que... Tu seras toujours... Toujours le bienvenu ici, Braveta. Et qu'à aucun moment... Je n'ai regretté un instant de mes jours passé à tes côtés..." Il disait vrai, sur ce sujet. Oh, il n'avait d'ailleurs pas pris attention aux gens autour d'eux. La situation actuelle était bien plus importante pour lui, que de qui écouter aux portes. "Merci pour tout, mon frère." Disait-il simplement, fermant les yeux un court instant en la baissant légèrement. Et qu'il était sot d'avoir ignoré ses émotions... Sans savoir ce qui l'attendait, peut-être aurait-il dû essayer de le garder auprès de lui. Au moins... Lutter pour cette option. Car c'est dans ce genre de moment que tout pouvait se jouer... À trop vouloir consentir, il se pouvait qu'en face, l'on prenne cela comme une indifférence.