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 Dans l'espace, personne ne vous entendra râler [LIBRE]

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Gears
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Terrien
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MessageSujet: Dans l'espace, personne ne vous entendra râler [LIBRE]   Dans l'espace, personne ne vous entendra râler [LIBRE] ClockMer 30 Mar 2022 - 8:59


-Calibrage du module de visée?

-Optimal. Répondit une voix synthétique.

-Les batteries?

-70%, encore trois tirs estimés avant de devoir les remplacer. Modèle DXM-800.

-Non ça n'ira pas, j'aurais meilleur temps d'y mettre des triples A, prépare moi plutôt la CN-160. Oh et file moi aussi une pièce de ventilation supplémentaire, si on lui installe ce p'tit bébé, ça risque de surchauffer... 

Allongé sous ce qui ressemblait à un canon de char d'assaut, un homme semblait bien occupé à monter et démonter différents morceaux de la pièce d'armement. Soudant la ventilation que venait de lui donner un bras mécanique, il glissa sur le sol, se relevant une fois libéré de l'ombre de la machine.

-... Et pas question que je laisse fondre le canon vu le prix que m'a coûté cette merde. Grommela-t-il en s'essuyant les mains sur un chiffon.

-Lancement de la procédure de test, voyons ce qu'il a dans le ventre.

Le bras mécanique s'empressa alors d'accrocher sur le bout du canon une grande boîte métallique.

-Allumage... Désactivation de la sécurité... Armement... Feu!

Dans un éclat étouffé le canon tira, sa munition ayant visiblement été contenu dans la large boîte de test. Celle-ci transmit via une batterie de fils de toutes les couleurs des données à un ordinateur portable posé sur une caisse, caisse sur laquelle se trouvait déjà moults papiers et crayons, mais aussi cannettes de boissons énergisantes, à quelques mètres à peine du canon. L'homme se dirigea vers l'écran, penchant un regard vide vers les chiffres qui défilait.

-Le test est concluant, c'est une réussite. Emballe moi tout ça et prépare la livraison.

Concluant, une réussite... Evidemment que c'était une réussite! C'était une réussite comme à chaque fois. A chaque fois qu'il plongeait ses mains dans les écrous et les vis c'était pour faire des miracles! Si il y avait bien une chose qu'il savait faire c'était ça, c'était peut-être d'ailleurs la seule chose qu'il était capable de faire et de terminer.

Laissant sa machine faire, l'homme quitta l'atelier en attrapant une cannette à moitié vide, s'essuyant de l'avant-bras le dessus de son crâne dépourvu de chevelure. passant dans un couloir, il s'avança vers l'autre extrémité du vaisseau, arrivant bien assez tôt dans le cockpit. C'était une pièce de taille raisonnable, laissant un siège pour un pilote et un co-pilote. Mais en ce moment, il n'y avait que le mécanicien pour apprécier le spectacle du vide spatial.

S'asseyant lourdement sur le siège de pilote, Erik jeta ses pieds sur le tableau de bord, sirotant sa canette. Mollement, il leva le bras vers un écran placé sur la paroi de l'habitacle. Il aurait bien changé la musique qui résonnait dans le vaisseau mais la simple pensé de devoir en chercher une autre suffit à le dissuader.

A la place, il glissa le doigt sur une application d'informations générales. Laquelle ne tarda pas à lui rappeler que la situation sur Terre était... Loin de le concerner. La politique? Non très peu pour lui, Erik ne vivait maintenant que pour lui-même, s'intéresser aux débâcles des puissants ressemblait plus à une perte de temps à ses yeux. L'onglet social de son application lui notifia un nouvel ajout, une photo visiblement. Albert Onglow, un ami de lycée. Ils étaient plutôt proches à l'époque, mais voilà des années qu'ils ne s'étaient pas vu, aucune dispute n'avait séparé les deux compères, simplement le passage du temps et le travail de la distance. "La famille Onglow est fière de vous annoncer l'arrivé prochaine d'un second petit chérubin!" tel était la légende de la photo montrant un homme souriant accompagné d'une femme à l'air tout aussi heureuse et au ventre rond, tenant devant elle un enfant riant aux éclats. 

*Racheter la boîte de son patron lui suffisait pas j'imagine...* pensa Erik en se remémorant la précédente notification.

Préférant arrêté le massacre ici, le propriétaire du vaisseau éteignit l'écran, se contentant de perdre son regard dans le vide spatial.

-Salopard d'Albert... Finit-il par cracher, reprenant une gorgée de sa boisson énergisante.

Ses yeux fatigués aux larges cernes fixaient le vide de l'espace lointain, les quelques étoiles qui illuminaient cette toile faisait pourtant tous les efforts du monde, mais rien ne semblait vouloir égayer ce tableau. Erik jalousait-il ce fameux Albert? Evidemment qu'il le jalousait! Il n'y avait qu'à le regarder! Tout avait sourit à cet homme, dès la fin de ses études, il avait su se trouver un travail stable dans lequel il avait fait carrière. Il avait eu la chance de se trouver une femme magnifique qui l'aimait de tout son cœur et avec qui il avait eu un enfant en pleine santé, ha non pardon, bientôt deux. Erik avait-il eu cette chance? Non, il n'avait pas fini ses études, sa carrière se résumait à travailler à la commission, pour peu que des clients soient assez désespérés ou recherchés pour venir acheter des armes à un fournisseur indépendant plutôt que de passer par des lignes plus simples et plus directes. Et l'amour dans tout ça? Oh il avait bien eu des petites amies de temps à autres, chacune d'elles lui avait fait vivre un beau rêve le temps qu'elles se lassent avant de partir, à chaque fois il avait été assez naïf pour croire que ça serait la bonne. Mais heureusement aujourd'hui il avait changé. Il n'avait plus besoin de ça, pourquoi chérir une autre personne que soi? Pour recevoir de l'affection en retour, mais lorsqu'on a fait la paix avec soi-même et que notre seule amante est la solitude, on s'y fait et on avance.

C'est exactement ce qu'avait fait Erik, pas de travail, du moins, pas de carrière, pas de famille, juste lui, son vaisseau et ses armes. C'est tout ce qu'il lui fallait.

Est-ce qu'il était heureux? Absolument pas. Est-ce qu'il allait continuer? Avait-il seulement le choix? C'était ainsi que la vie se déroulait pour lui, et son reflet dans la vitre du cockpit ne pouvait que lui confirmer qu'aucun espoir ne saurait naître derrière ce masque de pragmatisme. Il survivrait, c'était suffisant.


Mais peut-être qu'aujourd'hui, le vide spatial avait quelques surprises pour le fabriquant d'armes...


Dernière édition par Gears le Lun 25 Avr 2022 - 0:41, édité 2 fois
Qinua
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MessageSujet: Re: Dans l'espace, personne ne vous entendra râler [LIBRE]   Dans l'espace, personne ne vous entendra râler [LIBRE] ClockJeu 21 Avr 2022 - 14:34
Qinua n’avait toujours pas jeté son dévolu sur une quelconque planète, et plus largement sur un plan d’action. Elle savait pourtant ses jours dans l’espace comptés, car synonymes d’un immobilisme qui finirait par émousser son tranchant. En outre, elle sentait aussi poindre la limite de ce que sa couverture lui permettrait d’apprendre.


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La station dans laquelle elle résidait, comme tant d’autres petites colonies artificielles, devait le plus gros de son autosuffisance au recyclage. La Céréalienne observait par moment le travail des démanteleurs quand son enquête permanente l’amenait à traverser le pont surplombant leurs ateliers.

Mais aujourd’hui, elle s’y était rendue sciemment. Tenant à confirmer les rumeurs de récent grabuge dans cette région galactique, elle posa son inquisitif œil rouge sur l’épave d’un vaisseau pirate fraîchement remorqué. Parmi toutes les denrées qu’on pouvait en tirer, l’assassin avait peut-être déniché là une pépite du genre informatif. En effet, même protégés par un bouclier capable d’assurer une entrée violente dans la plupart des atmosphères, châssis comme blindage avaient subi des dommages ahurissants. Qu’est-ce qui a pu faire ça?

Cependant, ce qui avait commencé comme simple curiosité se mua bientôt en malaise, au fur et à mesure que la carcasse invoquait dans l’inconscient de la rescapée les souvenirs d’un pareil sarcophage… Merde! C’était déjà trop tard. Le goût acide du métal lui était déjà revenu en bouche. Non! Non! Non! La jeune femme sentait sa contenance se dégrader, tant en fait qu’elle n’eut l’espace que de secondes pour disparaître au premier angle venu et s’envoler en catastrophe.

Qinua régurgita son dernier repas, aussi maigre qu’il fût, sur un sommet privé. Toute chaleur quitta d’abord sa tête, puis son corps, comme si le feu de la vie avait eu besoin d’un instant de répit pour repartir de plus belle, ramenant avec lui des sens de nouveau opérationnels.
L’assassin déchue s’effondra sitôt après, recroquevillée de manière à ce que la proximité de ses membres confirme leur validité. C’était aussi la sienne qui était une nouvelle fois remise en question, attisant en son sein une colère portée par un ballet d’émotions.

Elle se sentait de plus en plus comme ces débris organiques rejetés par son estomac, parties d’un tout réduit en une masse nauséabonde. Sa propre faiblesse la dégoûtait, avec et comme son incapacité à figurativement digérer les séquelles de son inhumation forcée.

La Céréalienne ne manquait pourtant pas de volonté, mais cette qualité seule ne pouvait compenser les présents défauts de sa chair. Elle lui permettait en revanche de se relever, et lutter derechef pour sa survie. Ainsi confrontée à cette nouvelle menace potentielle, la suite des opérations était évidente:

“Il faut que j’en apprenne plus.”



La nuit avait porté conseil à Qinua, lui offrant au matin le fruit mûr des découvertes de la veille. C’est ainsi qu’en grignotant une ration, elle s’était dirigée vers les niveaux inférieurs de la station, ceux où l’on trouve la réserve des équipements de niche. L’inventaire lui permit de situer exactement l’appareil qu’elle recherchait: un émetteur d’ondes radio. Une technologie de communication comme une autre à travers l’univers, mais particulièrement répandue sur la planète Terre.

Une fois les réglages effectuée, La femme diminuée mais néanmoins adroite s’était étendue sur une chaise à l’équilibre maintenu par ses jambes croisées sur le panneau de contrôle. À présent microphone en main, elle était restée muette plus de minutes que nécessaire pour chercher ses mots.

Puis, faisant taire ses hésitations, elle se racla la gorge de manière à s’exprimer sans accroc. Plutôt qu’un chant de sirène, l’assassin devait faire preuve d’assurance pour ferrer ce gros poisson. Son doigt appuya alors fermement sur le bouton comme sur une détente. 

“Gears.”

C’était le nom de code qu’on lui avait donné. Au vu de l’étendue comme de la nature des dégâts, tous les avis avaient convergé vers ce seul perpétrateur. Directement via son armure ou son vaisseau, ou indirectement en tant que fournisseur réputé même vis-à-vis de races guerrières comme les Saiyans.

Car c’est bien cela qui avait intéressé Qinua en premier lieu. Témoin directe des prouesses martiales de ces humanoïdes à queue poilue, elle pouvait affirmer avec certitude que forcer leur respect grâce à la seule technologie était un gage certain de compétence. Sous la lumière de ce nouveau jour, c’était aussi apparu comme l’occasion littéralement rêvée de remettre la main sur quelque chose qu’elle pensait perdu.

“J’ai une commande à vous passer.”

Après une vérification d’antécédents rendue limpide par la propension de l’individu à ne pas effacer ses traces, la Céréalienne était arrivée à la conclusion qu’il n’était motivé que par la poursuite de son art. Peu importait l’histoire, peu importait la cause, seul comptait l’outil.

En somme: Il fallait aller droit au but.

“Ce design particulier n'existe pas sur le marché. J’aimerais donc discuter des détails de vive voix, ce incluant votre rémunération.”

L’assassin comptait beaucoup sur l’aspect artisanal pour intéresser l’ingénieur. Qu’il fût du genre pragmatique ou extravagant, la perspective de nouveauté s’appliquait au spectre intellectuel comme créatif.

En revanche, elle n’était pas sûre des tarifs que le Terrien appliquerait. Même avec le reste de ses économies, il y avait fort à parier qu’un nouveau contrat serait de mise pour s'équiper durablement. Qu’à cela ne tienne! J’ai toujours su que ce ne serait pas facile. Mais avec ces petites à mes côtés… Le tournant de ses pensées fit naître sur son visage un sourire nostalgique.

“On m’a certifié que vous pouvez capter cette transmission, tout comme vous pouvez en tracer la source. Venez, et je vous trouverai en retour.”
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MessageSujet: Re: Dans l'espace, personne ne vous entendra râler [LIBRE]   Dans l'espace, personne ne vous entendra râler [LIBRE] ClockLun 25 Avr 2022 - 2:36
*BIP BIP BIP BIP BIP BIP*

La sonnerie du communicateur du vaisseau brisa la réflexion de l'ingénieur, Erik en sursauta, renversant une cannette qui vida le fond de contenu qu'il lui restait sur le sol du cockpit.

-'chier.

Il se redressa finalement, appuyant sur un bouton du tableau de bord destiné à faire taire cette sonnerie irritante et à lire le message reçu.

“Gears.”

Son sourcil s'arqua au dessus de son œil gauche, une voix féminine venait de clamer son pseudonyme, bonne nouvelle, ce n'était pas une organisation officielle, autrement c'est son nom complet qui aurait résonné dans le communicateur. Ce qui voulait donc surement dire qu'il s'agissait...

“J’ai une commande à vous passer.”

BINGO! Une cliente! Voilà qui allait pouvoir remplir les poches de l'ingénieur, et occuper son temps aussi.

-Passe le message sur mon bracelet. Dit-il, s'adressant à son assistant synthétique.

Sitôt dit, sitôt fait, tandis qu'il se levait, la voix provenait maintenant d'un petit bracelet qu'il portait au poignet gauche.

“Ce design particulier n'existe pas sur le marché. J’aimerais donc discuter des détails de vive voix, ce incluant votre rémunération.”

Aouch, dans le métier, c'est ce qui s'appelait un redflag. Aucun détail sur la commande, mais une demande de rendez-vous, ça pourrait être quelqu'un qui voudrait lui faire du mal. Ça ne serait pas la première qu'on tente de l'enlever pour profiter de ses compétences ou qu'on cherche simplement à le tuer. Mais pourtant, il ne se décourageait pas pour autant. Si jamais la cliente était sincère, il aurait l'occasion de faire travailler sa créativité, si c'était un piège, il aurait l'occasion de tester sa créativité, c'était un win-win pour le fabriquant.

Se déplaçant à travers l'habitacle de son vaisseau, il se dirigea vers ce qui ressemblait à une salle de bain, devant un miroir, il se passa de la mousse à raser, d'abord sur les joues, puis sur le dessus du crâne, avant de se saisir du rasoir qui attendait ce moment fatidique dans un gobelet en plastique.

“On m’a certifié que vous pouvez capter cette transmission, tout comme vous pouvez en tracer la source. Venez, et je vous trouverai en retour.”

*Oh on t'as parlé de moi? En bien j'espère... Et en plus elle sait de quoi je suis capable... Faut croire que j'ai affaire à quelqu'un de sérieux.* Pensa-t-il, rasant la barbe de 3 jours paresseuse qui ornait ses joues.

Il était important de se montrer présentable lorsque le domaine était professionnel. Une fois sa toilette terminée, Erik se dirigea vers son atelier, lequel faisait également office d'armurerie. Reposant dans un compartiment à l'écart du reste, une armure aux teintes violettes mais aux reflets lumineux turquoises. En moins de temps qu'il n'en fallait pour le dire, des bras mécaniques l'aidèrent à enfiler cette véritable tenue de combat. Il était fin prêt. Tandis qu'il avançait d'un pas décidé vers la porte qui le ferait quitter cette pièce, son oeil fut attirer par une lueur.

Sur un établi, reposait un fusil, lequel était décortiqué, ses éléments séparés les uns des autres et tenus par des bras métalliques fixes, lui donnant malgré tout une forme reconnaissable. C'était là la commande intrigante que lui avait fait un ancien client revenu il y a peu, voilà des mois que Gears tentait d'en comprendre les mécanismes sans succès. Lui qui était pourtant un expert en la matière, la conception quasi-surnaturelle de l'engin restait un mystère pour l'ingénieur.

-Pas le temps aujourd'hui, papa a du travail. Dit-il finalement en se dirigeant vers le poste de pilotage.

S'installant en tant que pilote, il se saisit du manche avant de lancer les procédures d'allumage. Tout ceci aurait rapidement pu être réglé par des systèmes automatisés et des IAs plus précises qu'un être humain, mais Erik préférait opéré manuellement, même lorsqu'il s'agissait de simplement piloter, et puis même, voguer dans l'espace lui occupait l'esprit et le décontractait. La technologie allait plutôt lui servir à traquer cette communication et à lui donner des coordonnées à suivre. 

Il lui fallut un certain temps de trajet mais finalement, il put admirer se profiler au loin la silhouette d'une station spatiale.

-Hé beh, pour un point de rendez-vous ça a de la gueule. Se déclara-t-il à lui-même.

Au moins voilà qui le rassurait sur la rencontre. Les chances d'un piège venait de grandement descendre, si on lui voulait du mal, il aurait surement été convoqué sur une lune abandonnée ou dans un vaisseau isolé. Cependant, les chances n'étaient jamais de 0%. La prudence restait une qualité obligatoire en tant que commerçant du marché noir.

S'amarrer au quai risquait cependant d'être un problème. Il n'était pas réellement recherché, mais sa réputation risquait de le précéder. Qu'importe, d'un coup de poker, il s'enregistra lui et son vaisseau avec ses vrais identifiants. Il y eu de longues minutes d'incertitudes, lesquelles dessinèrent un rictus anxieux sur le visage de Gears, le doute, le moment où tout se jouait, il adorait ça, il vivait pour le risque. Il fut finalement accepté, le destin l'ayant récompensé jusqu'à présent pour son audace. Après tout, effacer ses traces reviendrait à éloigner de potentiels clients, et encore une fois : le risque!

Après que tout ai été sécurisé entre le vaisseau et la passerelle, Erik se tenait devant la porte qui le séparait de la station spatiale. Dans une main, il tenait ce qui ressemblait à une boîte à outils tandis que la visière turquoise de son armure se referma sur son visage. 

La porte s'ouvrit quasiment instantanément après, dévoilant les quais où fourmillaient des dizaines de personnes. S'avançant au milieu du spatioport il regardait autour de lui, ayant l'air vraiment perdu. N'importe laquelle de ces personnes pouvait être sa cliente, n'importe laquelle de ces personnes pouvait être une menace.

"Venez, et je vous trouverai en retour.”

C'est ce qu'elle lui avait dit, il était venu, il ne restait plus maintenant qu'à la cliente de se montrer.

-Alors... Laquelle de ces honnêtes-gens a besoin d'un calibre-custom? Murmura Gears pour lui-même, serrant la poignée de sa boîte à outils fermement alors que ses yeux analysaient chaque silhouette des passants qui l'entouraient, cachés derrière sa visière.
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MessageSujet: Re: Dans l'espace, personne ne vous entendra râler [LIBRE]   Dans l'espace, personne ne vous entendra râler [LIBRE] ClockDim 1 Mai 2022 - 14:01
Qinua avait commencé une veille assidue dès l’envoi de son message, parcourant de long en large le modeste astroport avec la ferme intention de ne laisser aucun indice lui échapper. Son pas las ne laissait aucunement deviner les remous intérieurs qui l’animaient, mélanges subtils d’excitation et de frustration. Ainsi motivée, elle avait identifié différents points de passage, lui offrant tour à tour une ligne de vue vers un écran de contrôle, ou la proximité de travailleurs loquaces. Ne restait plus à l’élément convié que de venir perturber durablement son quotidien.

À l’issue d’un jour entier, la Céréalienne avait quand même comptabilisé un certain nombre de pauses pour ménager son corps. Dans ce qui pouvait être considérée comme une matinée sur la station, un insolite grabuge avait cependant fini par la tirer en sursaut d’un sommeil involontaire. Elle se glissa péniblement hors de son alcôve en hauteur pour reprendre contact avec le sol métallique, une tâche de prime abord simple mais ici entravée par de sévères courbatures ainsi qu’un léger vertige.

L’assassin constata avec effroi qu’elle ne pouvait pas situer le début de sa léthargie, ce qui représentait une faille certaine et inquantifiable dans son exercice de vigilance. Cependant, elle eût la présence d’esprit nécessaire pour rapidement reporter son attention sur l’instant présent plutôt que de s’enliser dans l’introspection. Cet élan de réactivité lui donna somme toute raison, car l’inhabituel attroupement fut rapidement dispersé par les contremaîtres, non sans avoir laissé audiblement filtrer une rumeur, bientôt confirmée de visu.

Selon les terminaux, Il lui restait suffisamment de minutes avant l'amarrage pour se débarbouiller. Elle ne suait pour ainsi dire pas beaucoup, trop peu même pour une personne en bonne santé, aussi le but de la manœuvre était avant tout de trouver dans le contact avec l’eau fraîche un peu de vigueur pour son teint blafard. Habituée aux coups dans l’amour propre, Qinua fut cependant surprise par les effets bénéfiques qu’une humeur plus enjouée qu’à l’accoutumée procurait à ses traits.

Regarde-toi, nigaude. Lança-t-elle silencieusement à son reflet dans la glace surplombant le lavabo, caressant tendrement du pouce la surface lisse là où une commissure de lèvres luttait pour ne pas s’élever en sourire.

J’espère que ça en vaut la peine…



Le singulier vaisseau venait d’accoster au loin. Ses lignes étaient anguleuses, définitivement plus agressives que le reste des bâtiments voués à des commerces plus paisibles. Son schéma de couleur, sombre violet agrémenté de brillantes notes turquoises, n’était pas pour déplaire à la Céréalienne. Voyant… Mais de bon goût.

Différents personnages s’étaient arrêtés à proximité pour observer le même spectacle. Tous savaient “qui”, la question dans leurs bouches relevait donc du “pourquoi”... Aucun ne prendrait cependant le risque de titiller une figure du marché noir pour y répondre, et leur présente voisine comptait bien garder pour elle les clefs de ce mystère.

Un imposant exosquelette débarqua de l’appareil dont il partageait le style. Le doute était permis quant à l’identité du porteur, mais comme l’avait si bien remarqué un des participants: “J’suis prêt à parier qu’il ne laisserait personne d’autre porter son armure.
-Un raisonnement qui se tient.” Approuva Qinua à haute voix, plutôt satisfaite de le voir ainsi équipé. Non seulement une preuve de sérieux vis-à-vis de sa sécurité, cela dispensait aussi l’hôtesse de devoir personnellement l’assurer.



La foule s'éclaircissait à l’approche de l’intimidant homme d’acier, jusqu’à laisser transparaître une certaine femme dont la démarche déterminée indiquait le but évident. Elle s’était débarrassée de son plastron ainsi que de ses gants, ayant à la place opté pour un ample manteau bistre plus adapté aux pourparlers. Suivant cette tendance, elle s’immobilisa à orée de sphère sociale, et permit l’association d’un visage à la voix de la transmission: “Votre réputation vous précède, Gears.”

La contractante s’inclina alors en guise de salutation, profitant par ailleurs de l’occasion pour introduire son propre pseudonyme: “En ce qui me concerne, vous pouvez m’appeler Blaue.” Consciente que le moindre capteur dédié révélerait à l’ingénieur des signes vitaux dégradés, la Céréalienne décida de feindre pareille clairvoyance en retour. En se redressant, elle fit mine de croiser son regard malgré l’épaisse visière censée interdire radiations comme scrutation. Nul besoin de dévoiler son héritage pour ce coup de bluff, quand bien même il lui aurait véritablement permis de réaliser cette prouesse. Il s’agissait juste d’affirmer là une suffisante possession de ses moyens.

“Vu que vous avez pris la peine de sortir de votre vaisseau, autant vous dégourdir un peu les jambes. Je connais un endroit où nous pourrons parler affaires…”



Au bout d’un honnête quart d’heure de marche à travers un centre urbain s’étendant dans toutes les dimensions, le duo arriva en vue de l’établissement sur lequel Qinua avait jeté son dévolu: Un bar, certes sans nom, mais propre, fonctionnel, et pourvu d’une arrière-cour où un épais hublot à taille humaine donnait sur la planète en contrebas.

Elle prit soin de récupérer dans leur réserve un bloc plein, une pièce de fourniture consistant simplement en un agglomérat de matières combinant solidité et légèreté. Jetez un coussin dessus, et vous obtenez une solution rapide pour accueillir un client pondérant en épargnant tabourets et autres chaises. L’assassin s’était justement assise sur une, autour de l’unique et vacante table ronde, avant d’entrer dans le vif du sujet: “Comme annoncé, j’ai besoin que vous me fabriquiez une arme. Les plans n’existent plus, mais j’en connais le cahier des charges. Grossièrement, il s’agit d’une mine adhésive. Les spécifications ne sont donc pas complexes. Le véritable défi réside…” Elle posa alors deux objets cylindriques sur la table, tels des pions sur une table de jeu, et en fit glisser un à portée de son interlocuteur.  “…dans la miniaturisation.”

Mesurant tout au plus 1 centimètre de diamètre et moitié moins épais, une analyse poussée ne révélerait guère plus en ces cachets blancs que la présence quasi-exclusive du composé chimique nommé paracétamol. La Céréalienne humecta son index d’un bref coup de langue, avant de le poser sur son exemplaire. La facilité avec laquelle elle l’avait entièrement recouvert en disait déjà long sur le potentiel furtif du produit final, une qualité qu’elle ne jugea cependant pas utile de pointer pendant sa démonstration: “On appuie, elle adhère.” La salive permettait en effet à l’objet de coller à la pulpe, pour être ensuite théâtralement baladé en guise d’exemple.

“Et dès lors, au moindre contact sur l’autre surface…” L’assassin sortit de sa main libre une canette vide conservée pour l’occasion, afin de l’amener au niveau de son doigt luisant. Elle fit alors voler en éclat le fragile récipient d’une minimaliste décharge de ki, posthumément matérialisée par un nuage à l’odeur médicamenteuse.

“L’explosion est dirigée entièrement vers l’extérieur.” Aucunement impactées par les mouvements précautionneux de l'assassin, les particules suspendues dans l’air s’étaient en effet étalées dans la même direction générale. “Cette amplitude est correcte. Je n’en attends ni plus, ni moins.” Ajouta-t-elle après quelques secondes prises pour juger la profondeur du motif, légèrement en-deçà d’une unité métrique.

“Outre ne pas y laisser ma main, il faut surtout que la force, ou la… nature de cette attaque puisse impacter une cible bien plus résistante que la moyenne. Comme un Saiyan, par exemple.” Elle n’aurait pas pu être moins subtile vis-à-vis de ses intentions, mais ces humanoïdes avaient de toute façon tendance à se faire des ennemis partout. “Si vos créations n’en étaient pas capables, vous ne seriez pas là...”


“Est-ce que vous avez des questions?”
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MessageSujet: Re: Dans l'espace, personne ne vous entendra râler [LIBRE]   Dans l'espace, personne ne vous entendra râler [LIBRE] ClockMer 11 Mai 2022 - 7:30
La réaction des personnes présentes sur le quai en disant déjà long sur l'ambiance générale de la station. Un bon nombre de passants s'était arrêté pour fixer le nouveau venu, lequel s'étonnait que sa réputation fasse tel effet. 

*Si je suis aussi connu dans le coin c'est que ça doit pas être une station si fréquentable que ça j'imagine...* Pensa-t-il pour lui-même. Le marché noir était surement bien implanté ici si sa présence démontrait un tel pouvoir. Dans un sens, c'était rassurant, il ne serait pas embêté par les forces de l'ordre, d'un autre côté, il risquait sa peau. Comme une biche au milieu d'une forêt, il était ici dans son élément, mais les prédateurs pouvaient être partout, surgir en tout sens. Un frisson parcouru sa peau alors que la réalisation le frappait. C'était comme un amuse-bouche, il en voulait plus, il voulait, il espérait que quelqu'un sorte de cette foule un fusil à la main, même un utilisateur de ki! Il espérait de tout son être que l'un de ces étrangers se jette à sa gorge, que son armure ne tienne pas le choc, que sa vie soit en jeu, qu'il doive se battre comme un animal pour espérer s'en sortir.

Heureusement, lorsqu'on fait un métier comme celui de Gears, on sait s'imposer une certaine discipline mentale. Chassant ces vains espoirs de violence, l'ingénieur réputé fixa plutôt son regard sur la seule personne qui s'avançait jusqu'à lui. Une femme, d'à peu près sa taille, vêtue d'un large manteau, elle portait cependant à l'œil droit un bien étrange accessoire, au moins ce n'était pas une autre de ces prothèses fantaisistes. Une fois à sa hauteur, elle lui adressa une noble révérence.

“Votre réputation vous précède, Gears.”

Ce dernier n'était pas habitué à ce genre d'accueil, mais c'était en tout cas loin d'être déplaisant! A croire qu'il était tombé sur une cliente de bonne éducation, c'était plus rare qu'il n'y paraissait sur ce marché.

“En ce qui me concerne, vous pouvez m’appeler Blaue.”

Blaue, original. Alors que l'ingénieur était sur le point de répondre, il fut distrait par une notification sur la face intérieure de sa visière, c'était une petite fenêtre orange en bas à droite de sa vision. "Alerte médicale", ce texte clignotait dans le titre de l'interface. Alerte médicale? Mais pourtant Gears était bien portant, à part son habituellement humeur désastreuse, sa santé était tout ce qu'il y avait de plus normale. C'est là qu'il visualisa un petit logo au dessus de la notification. Cette alerte ne le concernait pas, elle concernait son interlocutrice.

 Si en elle-même l'armure n'avait pas bougé, à l'intérieur, Erik avait baissé la tête vers cette petite interface, mais lorsqu'il la releva, il avait en face de lui le visage de "Blaue". Est-ce qu'elle le... Regardait? La visière était pourtant teintée et luminescente, mais c'est comme si elle le voyait réellement. Une technique spéciale? Un implant discret? Du bluff? Au point où ils en étaient ça pouvait être tout, autant se contenter d'ignorer ce qui venait de se passer pour le moment...

“Vu que vous avez pris la peine de sortir de votre vaisseau, autant vous dégourdir un peu les jambes. Je connais un endroit où nous pourrons parler affaires…”

-Avec plaisir, autant nous trouver un coin plus tranquille si il faut que je vous présente la boutique. Répondit-il en lui emboitant le pas d'une voix rendue métallique par l'enceinte à la base de son casque.

Commença alors une marche d'une quinzaine de minutes à travers les rues de la station. Dire que les terriens auraient le potentiel de construire de telles structures... Encore faudrait-il qu'ils puissent se concentrer un peu sur le sujet plutôt que de se chamailler pour savoir qui devrait diriger, ou encore de la façon dont ils devraient se défendre. Pour leur défense justement, les derniers événements n'avaient pas été tendre avec eux. Les apocalypses et invasions s'étaient enchaînées, heureusement Gears était loin de tout ça maintenant.

Le duo finit par arriver dans ce qui ressemblait à un genre de bar, le genre de bar où des choses pas nettes se trament, où des contrats illégaux sont actés et où les mafias arrangent leurs plans. C'était l'endroit idéal pour un échange comme celui de Blaue et Gears. 

Suivant sa cliente, Erik prit place face à elle, à la table que cette dernière semblait avoir repéré à l'avance. Ou bien était-ce juste un coup de chance qu'ils puissent s'installer à la dernière disponible? Qu'importe, il était temps de parler business.

“Comme annoncé, j’ai besoin que vous me fabriquiez une arme. Les plans n’existent plus, mais j’en connais le cahier des charges. Grossièrement, il s’agit d’une mine adhésive. Les spécifications ne sont donc pas complexes. Le véritable défi réside…” 

Elle lui glissa un petit cachet blanc, posant de son côté à elle un exemplaire similaire. La visière de Gears analysa immédiatement l'objet.

*Un doliprane...?*

 “…dans la miniaturisation.”

Oh. Oooooh! Voilà qui commençait à devenir intéressant! Un défi qui résidait non pas dans la puissance de l'arme mais bien dans sa taille! Voilà qui était inhabituel! Et inhabituel était synonyme d'évolution, d'amélioration! Blaue entama alors une démonstration de ce qu'elle attendait de sa commande. Tout au long de son exposé, Gears tapotait sur un petit datapad qu'il avait sorti de l'une des poches de son armure. observant chacun des mouvements de sa cliente, il notait le moindre détail qu'elle lui fournissait. Il s'agissait donc de fabriquer une mine adhésive, laquelle aurait une zone d'effet d'environ 1m, très courte portée donc, probablement à cible unique, MAIS n'exploserait que dans une direction spécifique. C'est là que résidait le réel problème, habituellement, lorsque quelqu'un utilisait un explosif, le rayon de la détonation se voulait large, destructeur, ici, Blaue demandait une bombe précise, nette. Elle lui avait assuré avoir le cahier des charges, sans doute y trouverait-il de quoi répondre à cette problématique, dans le pire des cas, il se pencherait lui-même sur ce défi supplémentaire.

Mais tandis que la cliente terminait sa description elle lui indiqua un détail qui frappa son attention :

“Outre ne pas y laisser ma main, il faut surtout que la force, ou la… nature de cette attaque puisse impacter une cible bien plus résistante que la moyenne. Comme un Saiyan, par exemple.”

Oh, ce n'était pas un nom jeté à la légère. Gears s'arrêta de noter un instant, même sa visière décrivait le mouvement que sa tête avait fait, se relevant dans un à-coups soudain.

“Si vos créations n’en étaient pas capables, vous ne seriez pas là...”

“Est-ce que vous avez des questions?”

Il lui fallu un instant avant de répondre, il analysait tout ce qui venait d'être dit, mais bloquait sur le dernier détail.

-Vous voulez vous attaquez au dessus du panier? C'est pas rien ça... Vous êtes soit très inconsciente soit très compétente.

Il prit un instant pour saisir le cachet blanc posé devant lui, l'amenant du bout des doigts devant sa visière, prenant à l'aise de cette dernière des mesures précises et les enregistrant dans la mémoire interne de l'armure. Tout en observant ce qui allait être la base des schémas de son travail, il reprit :

-J'ai bien quelques choses à ajouter à votre demande. Déjà, combien d'exemplaire il vous faudra? J'vais pas pouvoir donner un prix définitif tout de suite, il va d'abord falloir que je vois avec quoi je vais devoir composer. A vu de nez, ça va surement tourner autour des 70 000 Rouplardes, je vous laisse faire la conversion en Zenis, mais je peux me tromper ça peut être plus, ça peut être moins, dépendant du nombre d'exemplaire, je suis prêt à faire un beau geste commercial et négocier un prix de lot. 

Reprenant son datapad en main, il passa un doigt le long des lignes qu'il avait inscrit quelques secondes plus tôt.

-Pour ce qui est de la miniaturisation, ça devrait être dans mes cordes. Ce qui va représenter un certain défi en revanche, c'est la diffusion de l'explosion. Si je dois diriger une charge assez lourde pour casser du saiyan dans une direction unique, il va me falloir un peu de temps pour plancher dessus. Ce qui m'amène à une autre question : j'ai combien de temps pour faire tout ça? Je me doute qu'une femme qui passe ce genre de commande doit être très occupée et qu'il lui faut son matériel très rapidement.

Se frotter aux saiyans était une excellente idée pour quiconque voulait mettre fin à sa vie de la façon la plus violente qui soit, cette femme avait l'air sûre d'elle, même apparemment malade, elle avait ses cibles. C'est pour ça que Gears feraient en sorte, même si elle avait des chances de connaître une mort violente, au moins elle mourrait avec la satisfaction d'avoir d'abord répandu des bouts de saiyans un peu partout.
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MessageSujet: Re: Dans l'espace, personne ne vous entendra râler [LIBRE]   Dans l'espace, personne ne vous entendra râler [LIBRE] ClockLun 23 Mai 2022 - 15:54
"Vous voulez vous attaquer au dessus du panier? C'est pas rien ça... Vous êtes soit très inconsciente soit très compétente."

Je suis le dessus du panier! S’était offusquée la Céréalienne, dont la discipline pourtant éprouvée n’avait pu contenir un visible renfrognement. Relevant certainement juste de la rhétorique, ce commentaire n’aurait cependant pu plus mal tomber. Elle affirma son bord en retour non sans une pointe d’aigreur:
“C’est mon souhait, et c’est pour ça que je veux me préparer au mieux.”

Gears avait confirmé que l’ouvrage était dans ses cordes, ce qui constituait déjà un excellent début. Il aborda ensuite les détails du processus ainsi que de la commande, avec non des moindres la question du délai.

Rapidement… Oui, dans un lointain passé, ç’aurait effectivement été le cas. C’était sans compter sur le cruel besoin de rééducation spécialisée, un impératif contraignant que même l’étonnante médecine de cet âge ne pouvait empêcher de s’accaparer les jours de Qinua. Elle ne tirait des artifices pharmaceutiques qu’un échappatoire à la douleur constante, lui permettant de supporter une existence brisée. Pour réparer le schisme entre son âme et son corps, elle avait isolé un unique et dangereux remède: l’instinct de survie.

Prendre des risques, affronter l’imprévu… Antithèses du calcul méticuleux, et fléaux de l’intégrité physique. Impossible de mentir. Il faut que le cœur batte franchement, que les nerfs à vifs rapportent les proverbiales sueurs froides courant le long de l’épiderme, que l’organe optique saisisse l’allure d’un danger tel qu’il plonge au fond des tripes pour les nouer… Somme toute une terrible solution, mais aussi la seule voix assez forte, tout comme la seule voie assez directe, pour ébranler les fondations de la biologie et ainsi la forcer à en créer de nouvelles.

“Prenez le temps qu’il faudra.” Finit par répondre la Céréalienne. “Je vous demande juste de me fournir au plus tôt, disons… une dizaine d’exemplaires? Des prototypes, que je pourrais apprivoiser.” Non pas que l’assassin eût oublié ses leçons, mais elle ne pouvait garantir la parfaite transition de ses acquis vers les armes d’un nouveau manufacturier. Les Bohrameisen*, en tout point les petites roues d’une bicyclette si ce n’est leur propension à estropier les téméraires, constituaient l’entrée en matière des disciples en attendant de développer de plus létaux talents. Emportée par une désastreuse avalanche, mais bien décidée à rejoindre de nouveau les sommets, Qinua s’était résolue à adopter pareilles aides qu’à sa première ascension.

“Je pourrais vous régler l’avance immédiatement, mais je ne peux rien vous garantir concernant les contrats qu’il va me falloir remplir.” Pour couvrir les frais, il allait en effet falloir dénicher l’offre, se rendre sur les lieux, perpétrer, toucher la prime… Un cycle à la durée et aux retours suffisamment variables pour empiéter sur une affaire autrement rondement menée. Plus cela traînerait, et plus l’assassin devrait en plus ajouter les aléas de sa condition à cette problématique équation. “À moins que…” Marmonna la Céréalienne, avant de pivoter méthodiquement sur sa chaise de manière à faire pleinement face au Terrien. “Si je vous parle d’un gêneur, quelqu’un doit bien vous venir en tête, n’est-ce pas?”

On ne peut certes faire confiance qu’à soi-même, mais évoluer seul représente aussi une faille qui peut être largement exploitée. Une opposition plurielle et organisée peut ainsi mener une guerre d’attrition. Même une peste est simplement capable de profiter qu’on ne puisse être présent à deux endroits à la fois… De nombreux scénarios possibles auxquels Gears était forcément confronté dans son quotidien de contrebandier, mais était-il prêt à déléguer quelques responsabilités?

Ou alors suis-je trop inconsciente pour monsieur?


*fourmis foreuses
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MessageSujet: Re: Dans l'espace, personne ne vous entendra râler [LIBRE]   Dans l'espace, personne ne vous entendra râler [LIBRE] ClockLun 6 Juin 2022 - 4:48
Dans le métier qu'exerçait Erik, on entendait beaucoup de chose.

“Prenez le temps qu’il faudra.”

Mais ça, on ne l'entendait presque jamais.

Pas de limite de temps? Aucune deadline? La simple promesse de résultat suffisait? La seule fois où l'ingénieur avait reçu une telle proposition, c'était il n'y a pas si longtemps que ça, quand on lui avait donné ces étranges armes à étudier. Il planchait toujours dessus d'ailleurs. Il ne savait pas ce qui l'étonnait le plus : la constitution mystérieuse de ces fusils et leur fonctionnement où le fait que, lui, Gears, ne soit pas capable de mettre à jour les secrets de cette technologie. Quoiqu'il en soit, l'heure n'était pas aux découvertes révolutionnaires mais bien au business.

 “Je vous demande juste de me fournir au plus tôt, disons… une dizaine d’exemplaires? Des prototypes, que je pourrais apprivoiser.”

10? 10 exemplaires pour un "test"? Gears doutait. La professionnelle essayait-elle de lui sucrer quelques uns de ces produits? Bah! De toute façon pour ce que ça allait changer. Pour peu qu'il parvienne à impressionner sa cliente, ça serait peut-être plusieurs dizaines d'explosifs qu'elle lui achèterais plus tard! Comme d'habitude dans le commerce, il faut savoir faire des paris.

“Je pourrais vous régler l’avance immédiatement, mais je ne peux rien vous garantir concernant les contrats qu’il va me falloir remplir.”

"contrats"? Zut. Le fabriquant d'armes avait misé sur du terrorisme, mais Blaue semblait plutôt être une auto-entrepreneuse, sans doute une tueuse à gages ou une mercenaire. En revanche, ça n'arrangeait pas du tout Gears, est-ce que ça voulait dire que Blaue n'avait pas l'argent? Qu'il allait devoir attendre pour recevoir sa paie? Espérer que la mystérieuse guerrière disparaisse avec sa technologie sans lui avoir payé son dû? L'espace d'un instant, il hésita à se lever pour repartir vers son vaisseau.

“À moins que…”

Ha, ces trois mots magiques, certains pourraient les croire réellement enchantés. A l'instar d'un lancé de pièce, une chance sur deux. Soit ils étaient suivis d'une tentative vaine et désespérée de négocier des termes plus souples, soit d'une opportunité, alors qu'est-ce que ça allait être Blaue?

“Si je vous parle d’un gêneur, quelqu’un doit bien vous venir en tête, n’est-ce pas?”

Hmm. Tueuse à gages donc.

Presque par réflexe, Gears avait voulu répondre "Bulma Brief", il n'y avait rien de plus gênant qu'une ex-employeuse aveugle à ses talents d'ingénierie. En quoi elle le gênait? Elle gênait son égo, voilà ce qu'elle gênait. Mais non. Au final ça ne lui apporterait rien de plus qu'il n'a déjà, enfin, si ce n'est la vendetta du prince des saiyans, ce qui n'était jamais une bonne chose à avoir. De toute façon, il ne la détestait pas tant que ça, mais si il avait un bouton magique pour qu'elle se vautre dans les escaliers tous les matins au réveil, Erik en aurait de la corne aux doigts à force d'appuyer dessus. Non non, plutôt que de s'attirer les foudres du plus teigneux des guerriers de l'espace et d'envoyer une potentielle cliente au suicide, Gears prit le temps de réfléchir, tapotant du bout des doigts sur la visière oblique de son armure, là où devrait théoriquement se trouver son menton.

Oui. C'était une opportunité.

-Un gêneur... plusieurs même. Cracha l'enceinte situé juste au dessus de sa poitrine sur son armure.

-Je suis prêt à vous proposer un deal Blaue. Vous me débarrassez de ces types, et j'allégerais le prix.

Gears plaça alors sa main devant lui, paume vers le haut, tandis que des petites lueurs turquoise scintillaient au bout de chacun de ses doigts. Apparut ensuite une image, l'image de 3 personnes, des créatures aliens humanoïdes portant toutes le même uniforme avec le même logo sur la poitrine.

-Je vous présente les officiers Salmon, Puffer et McKerel, de la patrouille galactique. Ce sont des abrutis finis, de toute façon je crois que ça se voit. Ça fait prêt de 6 mois qu'ils essaient de me coffrer et ça commence sérieusement à me gonfler. Ils sont pas spécialement dangereux mais pourraient si on leur en donne les preuves me coller au trou pour un moment, et j'aimerais éviter de me retrouver une deuxième fois devant un juge. Ils ont juste besoin d'avoir une preuve de mon activité, ils ont déjà essayé de se faire passer pour des clients mais c'est la "discrétion" légendaire de ces cons qui m'a sauvé à chaque fois.

Les silhouettes dessinées dans la représentation holographique ne bougeaient pas, mais leurs tenues changeaient en flashs. D'abord leurs uniformes, puis des habits des touristes, de mendiants, de supporters de sport, de femmes de ménage et ainsi de suite. 

-Ils ont besoin d'une preuve de mon activité, quelque chose de concret et pas seulement les on-dit. Or, je me suis toujours arrangé pour mettre une bonne distance entre eux et moi, la présence de la flicaille c'est jamais bon pour les affaires, ils sont très mauvais dans ce qu'ils font mais je regarde au long terme, ils pourraient apprendre, s'améliorer, et finir par réussir à me chopper. C'est hors de question.

De sa main libre, Gears appuya sur un bouton situé sur le poignet de sa main projectrice, coupant l'hologramme mais évacuant un genre de petite plaque de métal de la taille d'un ongle, qu'il tendit à son interlocutrice. C'était un petit bloc de donnée contenant les apparences des cibles, il contenait également un mini-projecteur.

-Vous pouvez les tuer, les plonger dans un coma, les faire virer de la patrouille, bref je m'en tape, votre boulot, vos méthodes vous avez carte blanche, tout ce que je veux c'est qu'ils me foutent la paix. Faites ça, et je me contenterais de l'avance.

Ça pouvait sembler cher payé mais Gears y voyait un bon investissement, plus que ça, un test intéressant. Après tout, c'était à la patrouille galactique que la tueuse allait devoir faire face, son refus restait une possibilité.

-3 cibles pour 65% du prix total des mes honoraires, ces conditions vous semblent-elle acceptables?
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MessageSujet: Re: Dans l'espace, personne ne vous entendra râler [LIBRE]   Dans l'espace, personne ne vous entendra râler [LIBRE] ClockMar 5 Juil 2022 - 19:33
“C’est donné…” Remarqua Qinua, qui ne s’était certainement pas attendue à un tel rabais. La monotonie de cette intervention spontanée représentait correctement sa considération pour de tels gestes commerciaux, à savoir une certaine indifférence sans aucun semblant de gratitude.

Alors pourquoi ne pas en être restée là? Pourquoi cette suspension? Parce qu’elle avait un intérêt tout personnel à ce que Gears reste en activité. Le marchand d’armes disait préparer l’avenir, mais la Céréalienne voyait bien au-delà de sa modeste espérance de vie. Ce potentiel allié pouvait encore durer quelques décennies, et pallier par son génie technologiques des lacunes dont elle ne se débarrasserait peut-être jamais.

“Pour ça, je peux prêter une attention toute particulière à ce que la patrouille vous lâche pour un moment.” Considère ça comme mon propre investissement.

“Vous n’avez qu’à prolonger votre séjour ici. Ils vont bien finir par se montrer.” S’ils ne sont pas déjà en route en ce moment même… “L’important, c’est qu’ils ne se rendent pas compte qu’ils sont traqués en retour. Nous n’allons donc pas pouvoir échanger librement. Si j’ai besoin de vous contacter-”



1 bouteille laissée sur le toit de la tour de contrôle pour convenir d’un rendez-vous, 3 pour signifier autant d’intrus éliminés, et avec eux les précautions. C’était selon le second cas de figure que Qinua avait fini par se manifester au bout de 5 jours. Installée dans la même arrière-cour, une balafre superficielle de la joue poursuivie jusque dans des mèches de cheveux noircies témoignait d’un récent développement de la situation.

“J’ai quelque chose pour vous.” Déclara l’assassin une fois en présence de l’imposant exosquelette. Elle semblait décidément attachée à l’aspect théâtral des biens disposés et glissés le long d’une table, comme si ce jeu d’adresse conférait à ses propos plus de justesse. Le plus évident était un datapad caractéristique de la patrouille galactique. “Personne ne viendra le réclamer.” Ajouta-t-elle, assumant pleinement le sous-entendu macabre. “Et en voilà les clefs.” À côté de l’appareil se trouvait en effet une petite boîte en fer, innocente d’apparence seulement. Le mot de passe n’était qu’une question d’espionnage et griffonnage sur un bout de papier, les protections biométriques en revanche n’obéissent qu’à doigt et œil bien précis. Pas forcément attachés à leur propriétaire.

La Céréalienne avait pris son temps pour évaluer la situation de ses cibles, et ainsi estimer la réactivité du QG une fois la disparition de ses agents avérée. Quand cela viendrait inévitablement à arriver, ne resteraient plus que les conséquences d’une mauvaise rencontre. Quant à Gears, à sa charge d’éditer les fichiers compromettants pour détourner durablement l’attention de la patrouille galactique, si compté qu’il fusse aussi bon faussaire qu’artificier.



“Par contre... Il y a eu un imprévu, et j’ai bien peur de devoir écourter mon séjour.” Une sobre déclaration pour masquer une plus complexe et personnelle vérité. Le plan avait été de faire passer l’acte pour une altercation-

Dans l'espace, personne ne vous entendra râler [LIBRE] Qinua_-_Gears_errand_-_1

-d’où la nécessité de faire tirer les patrouilleurs les premiers. Ce postulat permettait d’écarter la préméditation des premières pistes poursuivies par les autorités indépendantes, assez longtemps pour conclure le marché et enfin disparaître.


En temps normal, mentionner un imprévu a pour effet de faire grimper le doute, la méfiance, même la tension… Vous pouvez vous attendre à ce que votre interlocuteur lève un sourcil, même à travers une visière, et vous scrute pour déceler la moindre faille, le moindre indice qui dévoilerait l’entourloupe. Mais Qinua n’exhibait justement pas la moindre petite craquelure, car elle en était tout simplement exempte. Son débordement avait en fait été causé, mais amplement compensé, par une fortuite découverte.

Terrible en filature, et pourtant si bon physionomiste… Il lui aura suffi d’apercevoir le peu d’armure que je portais pour que cet enquêteur fasse le rapprochement, et le mentionne.

J’avais déjà eu affaire à ce nom depuis mon retour. Murmuré dans toutes les sphères, et classé parmi les tous meilleurs assassins de l’univers; que j’ai pu à ce moment ressentir de la fierté, d’être ainsi spontanément associée à une telle pointure, même en tant que “disciple”… ça me file la nausée.

Je n’avais aucune idée de son apparence, car évidemment il évite de laisser des traces. Mais la patrouille avait un dossier que je me suis empressée de consulter dans le feu de l’action. Après tout, ce n’était que 3 lettres… Un coup d'œil sur le portrait robot, et on passe à autre chose.

Voir la tête de ce salopard sur l’écran a enfoncé tous mes boutons… Aucun doute possible! Qui aurait crû que tu pourrais continuer cette imposture aussi longtemps?

“Hit…” Laissa-t-elle échapper dans un souffle profondément irrité, avant de reporter son attention sur le présent.

La Céréalienne déposa enfin une bourse en toile sur l’autel de l’échange, sans pourtant en retirer sa main. Les crédits à l’intérieur*, bien que présents et pesants, n’étaient en effet pas encore acquis à son fournisseur.

“Bref, est-ce que vous avez pu avancer de votre côté?”



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MessageSujet: Re: Dans l'espace, personne ne vous entendra râler [LIBRE]   Dans l'espace, personne ne vous entendra râler [LIBRE] ClockMer 13 Juil 2022 - 5:01
La proposition de Gears semblait plaire à la cliente. Parfait. Bientôt, ces nuisances de la patrouille galactique n'en seraient plus. Cela pouvait sembler cruel, mais pour des personnes comme Erik, ce n'était que l'ordre des choses. Il ne prenait aucun plaisir à imaginer la "neutralisation" de ses poursuivants, c'était malheureux que les choses finissent ainsi. A plusieurs reprises, il avait tenté de laisser des messages plus ou moins subtiles au fil des mois, mais ils s'étaient acharnés. Incompétence des détectives ou refus de voir la vérité en face, il n'était plus tolérable pour le fabriquant d'armes d'être ainsi poursuivit. Il estimait leur avoir assez laissé de chances, leur destin était maintenant scellé. 

L'assassin lui avait alors expliqué un méthode de communication à la fois très détaillée et très simple que le terrien n'aurait aucun mal à comprendre, il lui suffirait juste de lever la tête et de regarder le bon bâtiment. Non le plus dur pour Gears allait être de mettre au point ces petits explosifs. Sans tarder, une fois leur entrevue terminée, l'ingénieur retrouva le confort de son vaisseau, dans lequel il avait tout le luxe de retirer son armure et de travailler dans un cadre et une ambiance qu'il avait lui même conçu.

débarrassé de son exosquelette, Erik pouvait se prélasser dans son atelier qui lui était si cher. Mais mimer le repos ne serait pas suffisant, si son corps profitait de ce moment pour se détendre, son esprit vrillait à toute vitesse. La question affreuse et le défi technologique (et physique) qu'était de produire une explosion à sens unique l'obnubilait. Allongé sur des caisses de matériel, l'ingénieur fixait le plafond tandis que des bras et des pinces automatiques triaient et rangeaient ses ressources, prêtes à être utilisées pour défier de nouveau le génie d'un homme beaucoup trop passionné par son travail. Deux heures et quatorze minutes. C'est le temps qu'il lui fallu pour se lancer. Avait-il trouver une solution miracle au problème? Absolument pas, il s'était simplement trouvé une base sur laquelle travailler.

-Prépare moi un bon litre. Garde le chaud et bombarde en sucre. Je vais en avoir besoin.-Oh et, tasse par tasse cette fois.

Sans demander son reste, un des bras mécaniques plaça une tasse sous un tube dépassant du mur, lequel versa un café dans lequel glissèrent 3 carrés de sucre.

Se levant de ses caisses, Erik s'installa devant ce qui ressemblait à un établi, sur lequel il déroula une feuille bleue parcourue de lignes blanches.

-J'ai besoin d'inspi'... Hmmm... Pour des explosifs miniatures qu'est-ce qui irait bien?... Je sais! Playlist 4, titre 12- Non! 10! Le 10 serait nickel!



-Parfait.

Ainsi commença l'intense réflexion de Gears, sous plusieurs angles, il dessinait des plans complexes d'assemblages et de formules mathématiques. Au rythme de la musique, son travail prenait peu à peu forme. Il n'établissait que la théorie pour le moment, mais c'était une étape obligatoire pour passer à la suite. La corbeille à côté de la table continuait de se remplir de boules de papier bleues jusqu'à en déborder, mais l'ingénieur n'en démordait pas, il comptait bien trouver une solution à ce problème.

Les premiers projets passèrent l'étape des blueprints, il était maintenant temps de passer à l'assemblage et aux tests. Pendant plusieurs jours, Gears était bien occupé à monter et démonter des pièces de métal et des solutions chimiques instables. Comme on pouvait s'y attendre, le premier essai était un cuisant échec, bien qu'orientée dans le bon sens, l'explosion de la mine n'était pas assez localisée et l'utilisateur risquait d'y laisser un bras (d'où l'intérêt d'utiliser des bras mécaniques pour les tests d'explosifs) ou pire. Quelques tests plus tard, un éclair de génie frappa le fabriquant : il était impossible de limiter l'explosion à une zone spécifique, une explosion par définition explose, elle se répand tout autour d'elle dans toutes les directions. Cependant, elle peut être guidée, de la même façon qu'une déflagration dans un fusil projette la munition à travers le canon de l'arme, l'explosion peut-être dirigée. Ajouter un canon sur les mines était hors de question, un canon assez long pour diriger une explosion de cette puissance ne pourrait être efficacement miniaturisé.

Si ce n'était pas ça alors quoi? Qu'avait trouvé Hensman pour donner une direction à la projection? Ce problème était une coquille dure à craquer... Coquille... Coquille... Carapace... Carapace? Bouclier.... Bouclier! La voilà sa solution! En se servant d'une version miniaturisée de son bouclier bulle, il lui suffirait d'inverser les faces et de tourner le côté concave vers l'extérieur, forçant la détonation à prendre la forme d'un cône, dans la direction pointée par la mine! C'était, bien entendu, du génie.

Ainsi, une nouvelle journée entière fut consacrée à la conception de ce nouveau modèle, plus que révolutionnaire. C'est tard dans la nuit, du moins, dans le cycle nocturne sur lequel s'était réglé son vaisseau, qu'il était enfin parvenu à mettre au point les exemplaires demandés par sa cliente. Et justement, trois bouteilles sur un toit lui indiquèrent que la cliente en question avait également fait ce qu'elle avait à faire, l'heure était donc au rendez-vous.

“J’ai quelque chose pour vous.”

De nouveau dans sa large armure violette, Gears se tenait devant la dénommée Blaue. Installés à une table, disposés comme lors de leur rencontre, une certaine tension pesait dans l'air, que voulait-elle dire exactement?

“Personne ne viendra le réclamer.”

Elle glissa jusqu'à son commanditaire un appareil que l'ingénieur ne pouvait que reconnaître, un datapad arborant le logo de la patrouille galactique. Avec ça, si il se débrouillait bien, il pourrait potentiellement accéder à leur réseau et effacer quelques informations, voir en rajouter... Mais pour débloquer un tel engin il fallait...

“Et en voilà les clefs.”

Si la visière lisse de son casque ne dévoilait rien de son regard, à l'intérieur, les yeux d'Erik était fixés sur la boîte. Sur un visage sans émotion, la lente réalisation qu'il allait devoir manipuler des morceaux de cadavres grandissait doucement. Ces types là l'auraient probablement coffré un jour ou l'autre et arranger une remise de peine avec la patrouille galactique ce n'était pas le même débat qu'avec les forces de défense Terriennes. Immobile un moment, il brisa tout de même sa posture par un long soupir blasé.

-Au moins si j'avais un doute je suis fixé. 

“Par contre... Il y a eu un imprévu, et j’ai bien peur de devoir écourter mon séjour.”

-Oh oh... Ça, ça veut dire que je vais devoir mettre les voiles aussi... De quel imprévu on parle?

De toute façon, rester sur la station spatiale où trois agents sont morts en le cherchant, c'était du suicide. Dans un soupir de son interlocutrice, il capta un nom. Un nom qui pour la majorité de ceux qui l'avaient entendu tenait de la légende dans le monde du crime, au point où certain douteraient de son existence. Si Blaue mentionnait ainsi son nom pour justifier un imprévu, c'est que ça devait être sérieux. Quoiqu'il en soit, il était débarrassé des gêneurs et elle allait obtenir ce pourquoi elle avait contacté le fabriquant d'armes.

“Bref, est-ce que vous avez pu avancer de votre côté?”

-Ça... C'était pas simple, mais je suis très fier du résultat.

Ouvrant un petit compartiment sur la poitrine de son armure, Gears révéla un petit boitier allongé. On pourrait croire à une sorte de boîte à bijoux, mais ça n'allait pas être des boucles d'oreilles que la cliente allait trouver à l'intérieur. déposant le conteneur sur la table, l'ingénieur pressa chaque extrémité, ouvrant ainsi le boitier, révélant 12 petits socles noires.

-Blaue je vous présente les mini-mines Stick & Press sept, ou SP-7 c'est plus simple. Une simple pression du bout du doigt sur la surface collante arme la bombe, un contact sur la face extérieure de la mine déclenche l'explosion. Un petit dispositif de ma conception protège l'utilisateur de la déflagration, je vous déconseillerait juste de vous en servir avec le petit doigt, le recul pourrait vous faire mal, je préconise plutôt le pouce, l'index, le majeur et aller éééééventuellement l'annulaire si vous avez confiance en vos phalanges. 

Comment pour faire la démonstration du produit, Gears, se colla l'un des exemplaires sur l'index droit de son armure.

-La bombe est armée mais vous avez changé d'avis? Vous ne pouvez plus la faire exploser? Aucun problème, j'ai pensé à tout! Un petit système de sécurité capte vos données biométriques et désarme la mine si c'est vous qui la touchez.

Confirmant ses explications d'un exemple, l'ingénieur casse-cou attrapa des doigts de son autre main le dispositif, en appuyant volontaire sur l'interrupteur de la mine, ne déclenchant évidemment aucun effet.

-Je me suis permis de vous en ajouter deux de plus, c'est cadeau, c'est parce que j'ai bien aimé le défi. Je vous ai mis aussi mes infos de contact dans le fond de la boîte si jamais vous avez besoin de plus de munitions, mais vous avez déjà mon numéro.

C'était enfantin, mais il adorait faire son speech de vendeur d'aspirateur à ses clients, c'était aussi une belle façon de montrer à la clientèle le matériel qu'elle se procurait.

-Si le produit vous convient j'imagine que l'on peut conclure la transaction?
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MessageSujet: Re: Dans l'espace, personne ne vous entendra râler [LIBRE]   Dans l'espace, personne ne vous entendra râler [LIBRE] ClockLun 25 Juil 2022 - 13:28
“En effet.” La rapidité de sa réponse témoignait d’un entrain quelque peu inattendu, compte tenu de la réserve dont avait jusque-là fait preuve l’assassin. “Tenez.” Elle s’était levée de son siège et penchée par-dessus la table pour rapatrier la boîte et dans un même mouvement déposer la somme convenue.

Malgré les précédentes négociations, il était aisé de voir que Qinua n’opérait pas par avarice ni appât du gain. Les seules lueurs présentement dans son regard étaient celles d’une enfant enchantée à l’idée de recevoir un jouet longuement convoité; quand bien même ce dernier, déjà tâché du sang de 3 personnes, ne pourrait que voir ce bilan s’alourdir à l’avenir. L’argent était donc un moyen et non une fin, qui demeurait cependant encore bien impénétrable.

En vertu de toute la bonne volonté dont avait fait preuve le Terrien, elle s’était abstenue de mettre en doute sa parole. La Céréalienne devrait quoi qu’il arrive effectuer ses propres observations sur la nature explosive de ces minuscules engins, mais cela attendrait leurs départs respectifs. En attendant, elle se satisfaisait de découvrir le poids ainsi que la texture de la boîte.

Son sérieux était entre temps tout entier revenu, et c’était bien la tueuse à gage à la froideur digne de la couleur constituant son nom de code qui s’était de nouveau adressée à Gears:
“J’apprécie que vous ayez répondu aussi vite et réalisé ce que certains auraient qualifié de fantaisie.” Elle éprouvait certainement une forme de reconnaissance, mais se gardait bien de tout endettement moral ou attachement émotionnel. Parce qu’il était compétent et coopératif, le marchand d’armes méritait son attention, et elle tenait à le lui faire savoir par cette maladroite expression de gratitude. Tacitement, la réciproque était que tout manquement à cette confiance aurait de graves conséquences.

Comparée à leur première rencontre et même si quelque peu esquintée, Blaue semblait en bien meilleure forme. Outre une canette cette fois-ci goulûment descendue, elle avait rejoint la position debout d’une vive traite que son mal aurait auparavant entravé. Cet élan, elle comptait le chevaucher jusqu’à ce qu’éventuellement l’univers le coupe d’un nouvel obstacle, car elle se savait maintenant en mesure de le faire littéralement exploser.

La cliente salua comme une militaire s’essayant à la révérence, compensant la grâce par l’assurance. “Comme vous l’avez dit, j’ai ce qu’il faut pour vous passer de nouvelles commandes.” Conclut-elle de son caractéristique ton professionnel, détaché mais suffisamment avenant pour confirmer plus amples affaires.

“Au revoir, Gears.”


suite:


Dernière édition par Qinua le Jeu 15 Juin 2023 - 10:38, édité 1 fois
Gears
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MessageSujet: Re: Dans l'espace, personne ne vous entendra râler [LIBRE]   Dans l'espace, personne ne vous entendra râler [LIBRE] ClockMar 26 Juil 2022 - 3:07
La réaction de cette Blaue était amusante à voir, comme un visage à deux facettes, elle gardait un sérieux religieux mais ses yeux pétillaient d'une passion rare lorsqu'elle posait son regard sur les petits engins de destruction, un sentiment que Gears ne comprenait que trop bien. La cliente reprit alors son sérieux et flatta le maître artisan d'un compliment. Ce qui autant le dire, était assez rare dans le domaine du marché noir.

“J’apprécie que vous ayez répondu aussi vite et réalisé ce que certains auraient qualifié de fantaisie.”

-Oh vous savez moi j'appelle ça un Mardi. Lui répondit l'ingénieur qui n'hésitait une seconde à se vanter, même si en réalité, c'était un Jeudi. 

“Comme vous l’avez dit, j’ai ce qu’il faut pour vous passer de nouvelles commandes.”

Bien, voilà qui confirmait au fabriquant qu'il allait pouvoir ajouter une nouvelle cliente sur son cahier des charges réguliers, ce qui lui assurait un revenu plus ou moins régulier également. Cette affaire était conclue, ils allaient chacun pouvoir retourner à leurs affaires, chacun allait vivre sa vie et tracer son chemin pour découvrir de nouvelles choses sur le monde et sur eux-mêmes!... La blague... C'était surement le cas de Blaue qui semblait vivre une vie dangereuse et excitante, mais Erik ne se voilait pas la face, il allait retourner à son train-train quotidien, retrouvant une routine dans laquelle il s'enlisait sans même se débattre, jusqu'à la prochaine commande. Au moins il avait eu une petite semaine d'activité avec cette commission, mais toutes les bonnes choses ont une fin.

“Au revoir, Gears.”

-Bon courage Blaue.

Les deux inconnus se quittèrent sur ces quelques mots. Ainsi allait la vie, il ne fallait pas espérer se faire des amis dans ce domaine et de toute façon Gears n'en voulait pas. Du pas lourd de son armure il reprit la route des docks, sous les regards intrigués des passants. Il embarqua dans son vaisseau et procéda au décollage. De nouveau, voilà qu'il flottait dans le vide spatiale, errant sans but. Les pieds sur le tableau de bord, bien installé dans son cockpit, à l'aise sans sa lourde combinaison, Erik fixait les étoiles le visage neutre.

-Playlist huuuu... Pffff... Chai pas, random? En mode shuffle soyons fous... Dit-il finalement, s'adressant à son vaisseau.


-... Sérieusement? Mouais aller...

La musique jouait dans les amplis installés un peu partout dans le vaisseau et Erik se leva finalement, se dirigeant vers la petite pièce qui lui servait de cuisine.

-Oh oh. Laissa-t-il échapper en ouvrant le compartiment à nourriture. J'ai besoin d'un restocke sur les bretzels. Répliqua-t-il en s'adressant aux commandes vocales de l'habitacle. Le petit compartiment se referma alors pour se rouvrir, dévoilant un petit sachet de gâteaux apéritifs correspondant à la description d'un bretzel.

-Non mais hé te fous pas de moi là, range moi ta merde, ça c'est vraiment si on a plus rien, donne moi un vrai bretzel, les gros là. 

Le compartiment se referma à nouveau, avant de se rouvrir, complétement vide, le sachet ayant disparu mais n'ayant pas pour autant été remplacé par quoique ce soit.

-Désolé, nous n'avons plus de bretzels boulangés. Je peux cependant vous proposer une variété de modèles plus p-

-Oh non. Non non non non tu te fous de moi?

-Désolé.

Gears était un homme aux besoins simples, parmi ces besoins, il y avait celui de savourer un grand bretzel après une commission achevée avec succès. Mais pas n'importe quel grand bretzel, un grand bretzel de la boulangerie "La mie-cuite", au 174 Boulevard du théâtre, Capitale Sud. D'après le génie en mécanique, il n'y avait pas dans l'univers de meilleure boulangerie qui proposait de meilleures pâtisseries et surtout pas de meilleurs bretzels. A chaque passage sur Terre, il s'assurait toujours d'en acheter un stock plein pour être sûr de tenir assez longtemps sans retourner sur la planète qu'il affectionnait si peu. 

-Meeeeeeeeeerde... Bon... Redirige les coordonnées de destination, on retourne chez les cons.
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