Ceux qui n'ont pas rebroussé chemin

Cerbère se déchaîne sur Boneco. Le pauvre bougre ne peut que subir l’assaut surprenant du cabot enragé ! C’est une vraie technique ancestrale les guilis. Les guerriers sont souvent tellement sérieux qu’ils n’envisagent pas une telle possibilité. Mais ça compte ! C’est super pour surprendre l’adversaire. Après, s’il ne craint pas, bah… on se retrouve un peu bébête.Toutefois, c’est un coup de maître à tenter, hein ! La preuve : la terrible Setsuhachi était venue à bout de son adversaire !

La petite saiyan cesse de le peloter au moment où il déclare forfait. Elle desserre doucement sa mâchoire de sa prise et d’un bond se remet debout dans une pose ridiculement triomphante.

“Ma botte secrète numéro deux a eu raison de toi !” Déclare-t-elle en agitant sa queue de chien gaiement, les poings contre les hanches. “T’es un chouette combattant ! Je suis convaincue par ta performance. On pourra manger un morceau ensemble. Mais t’as intérêt à bien savoir cuisiner. C’est toi qui a perdu après tout !”

La göranienne se trémousse en une petite danse de la victoire pour fêter ça. Ce n’est pas du tout pour le narguer, mais parce que l’idée de se restaurer est probablement l’une des meilleures au monde. En plus servi par le vaincu ! Ouais, trop bien ! Y’a vraiment quelque chose de mieux que de bâfrer comme un ogre ? Impossible !

Un ricanement d’une voix inconnue la fit faire rapidement volte-face en direction du bruit. Un drôle de bonhomme leur fait face. Il est habillé tout en couleur, pis il rayonne de partout ! C’est une sorte de bijou vivant.

“Salut, je suis Setsuka ! Enfin là je suis Setsuhachi, le chien des guilis ultime !” dit-elle en brandissant fièrement ses papattes vers le nouvel arrivant avec un sourire jusqu’aux oreilles. Lui il fit une révérence, ce qui la fit glousser. Sur Görana, une révérence c’est pour draguer quelqu’un avant de l’inviter à faire quoi que ce soit - et après avoir convaincu l’être de son cœur de ses aptitudes en combat -, pas pour dire respectueusement bonjour.
“Je prends soin de lui en le faisant rigoler !” ajoute t-elle, convaincue que c’est la meilleure manière de bien s’occuper d’autrui.

Son semblable connaît cet homme bariolé. Il se relève de sa position avec son soutien. Le nouveau pote en devenir leur révèle que les choses se sont arrangées : les vilains sont vaincus ! ça vaut bien des applaudissements, un banquet, et plein de jus de fruits pressé ! Aaaah… du jus de pomme… de poire… de mangue… les yeux de Setsuka se plient en deux amandes pleines d’étoiles…

...Elle y pense tellement fort que des verres de jus de fruits de la taille d’un petit tonneau apparaissent dans des “pop” tout autour de la sauvageonne. Cette dernière lève les deux bras en l’air et tourne sur elle-même avec excitation.

“Vouiiiiiii ! C’est trop cool cet endroit !”

Ses petites mains soulèvent sans peine les gros récipients, alors qu’elle ingurgite en deux-trois mouvements deux petites barriques de nectar.

“Ahw hé ! Chanté à tousche ! Echt auch Schéigneur Beechrus ! Quich qu’ilch chsoi” Articule-t-elle entre deux gorgées.

Après avoir vidé l’équivalent de quatre litres de jus de fruit pressé, son ventre se met à gonfler quelques instants comme un ballon. Enfin, c’est juste le temps que ça passe correctement dans tous les tuyaux !

Toutefois la réjouissance est ternie par l’annonce du décès de Pythar. Le visage de Setsuka prend un air plus sérieux, mais pas vraiment triste. La mort n’est qu’une étape de la vie pour les göraniens. Le tout est juste de savoir quelle suite de cette vie a été désignée pour le défunt. La mort en personne accomplie et saine d’esprit est une belle fin. Il vaut mieux cela que de vivre atteint du phénomène de Perdition à l’instar de Scalio.

“Pythar c’est mon copain aussi. Est-ce que tu sais quel est son destin maintenant qu’il est mort ? Parce que sur Görana on se réincarne. Mais dans le reste du monde, ben on a l’air de venir dans cet endroit où on est actuellement. Du coup il est là tu crois ?” Cette dernière ouvrit de grands yeux plein d’espoir. “Pyyyyyythaaaaaaaaaaaaaaaarrrrrrrrrrrrrrr ! Si t’eeeeesss lààààà viiiiennnnnsssss c’est Setsukaaaaa !! En pluuuuus j’ai duuuu juuuus de fruiiiiiiiiiit !” Se mit-elle à crier en se tournant vers les contrées éloignées et inexplorées de l’endroit.

L’autochtone prit deux mini barils dans ses bras et les fit gigoter en l’air pour appâter le Pythar. C’est une technique comme une autre pour faire venir quelqu’un. En espérant qu’il aime bien le jus de fruit. Malheureusement il n’y eut aucune réponse. L’étrangère dû se résigner à boire les deux récipients pour ne pas faire de gâchis. Cependant, la petite saiyan cracha spontanément une partie du liquide en apprenant pour la main greffée de Scalio.

“Beeerrrrrrrrrrrrrrrrrrrk !!! Il est vraiment zinzin ! Comment ça peut fonctionner de se greffer le bras d’un autre corps ? ça va pourrir dans sa chair et c’est tout ce qu’il aura gagné, oui !” L’air profondément dégoûté de Setsuka témoigne de ce que lui inspire un tel geste. “Scalio il mérite qu’on lui mette un coup de boule pour lui remettre ses trois neurones en place ! Être en Perdition c’est une chose, mais être cinglé s’en est une autre hein !”

Visiblement contrariée, la jeune femme n’a plus le coeur à être un trou sans soif davantage. Celle-ci fronce les sourcils, croise les bras, et déambule en faisant des grands pas comme si elle était un géant. Ce qui est absurde, mais ça semble la calmer de faire le zouave de la sorte.

Le contact de la main chaleureuse de son ami contre son épaule mit un terme à sa marche. Il fait des présentations en bonne et dûe forme.

“Ehhh ! D’ailleurs, t’as pas besoin de préciser que je suis “petite” devant “copine”. Je sais que je ne suis pas très grande MAIS…. MAIS ! Je casse la figure à des grandes perches plus larges et hautes que moi, d’abord !” Dit-elle en tirant la langue et en plissant les yeux d’un air joueuse.

Sous entendu : “Attention Kaito Shan, toi aussi tu pourrais y passer grand dadais !!”

“Bon, du coup on s’en fiche de son nom saiyan s’il s’appelle Kaito Shan !” fit-elle remarquer. “Quand j’ai suivi Sharotto sur Vegeta, dans leur base de donnée, ils ont retrouvé des trucs qui me concernent. Et y’avait mon “nom saiyan” dedans. Ils me harcelaient tout le temps avec ça, ces idiots ! à m’appeler Elery et pas Setsuka. Mon prénom c’est Setsuka et c’est tout !”

Cela semble réellement mettre hors d’elle la sauvageonne. C’est un tel manque de respect d’appeler par un prénom qui n’est pas le sien quelqu’un ! Peu importe par qui il lui avait été donné à la naissance, ce n’était que par des gens sans importance pour elle. Ses véritables parents se trouvent sur Görana, et ils l’ont nommé Setsuka. C’est tout ce qui compte.

Boneco exprime le fait qu’il souhaite être au meilleur de sa forme, même en demeurant ici. L’autochtone acquiesce vivement à ses paroles d’un air entendu.

“Ouais ! Boneco et moi on fait de notre mieux pour être plus fort ! J’aurai peut-être dû utiliser la technique des chatouilles sur Freezer, d’ailleurs…” Se mit-elle à réfléchir à voix basse.”
Et du coup t’es mort comment toi, Kaito Shan, au fait ?” continue t-elle d’un air curieux.

Setsuka se gratte l’arrière de la tête en murmurant :

“Le Seigneur Beerus…il a du goût de toute façon s’il aime autant le jus de fruit !”

Depuis qu’elle arpente le monde, celle-ci ne fait que connaître de nouvelles personnes chaque jour ou presque ! Difficile de se souvenir de tout le monde. Surtout de quelqu’un que l’on a jamais vu.

Le nouvel arrivant lui assure que Pythar est au poste frontières et qu’il attend qu’Enma, le grand monsieur rouge, l'envoie ici.

“Aaaaah ! Pis si ça se trouve ils mangent un bout ensemble alors ça prend du temps ! Ben oui, faut bien qu’il prenne une pause midi, quand même !”

La petite saiyan s’imaginait une grande table à la hauteur d’Emna, ce dernier assis sur un fauteuil gargantuesque avec son repas tout aussi impressionnant en face de lui. Pis aussi Pythar en face de lui, mais avec un fauteuil miniature, assis sur cette même table de son côté, avec un repas à sa taille. C’est certainement ça, oui !

Toutefois, l’intervention de Boneco afin de défendre Scalio retire ces pensées amusantes du crâne de la sauvageonne. Cette dernière tire une moue peinée. Elle l’écoute sans détourner les yeux pour lui faire comprendre que ce sujet est tout aussi important à ses yeux. Le ton qu’il emploie fait mal au cœur à Setsuka. On vous éduque à exprimer vos sentiments sur Görana, alors cela se remarque aisément sur les traits du visage douloureux de l’autochtone.

“Eh ben moi, je ne suis pas contente du tout de ce qu’il fait. Même si je comprends que c’est à cause de la Perdition. Je ne vais pas défendre ce qui me semble mal ! J’essaierai de lui faire comprendre que ça l’est. On a le même but, banane ! T’as intérêt à faire attention ou tu vas connaître à nouveau le supplice des 1001 guilis toi !”

Toujours dans sa tenue de shiba inu, rappelons-le, Setsuka le menace, les mains brandies devant elle, les paumes ouvertes, et les doigts se repliant par à-coup répétés. Ses yeux se plissent en une expression pleine de malice. Le cerbère est prêt à bondir au moindre signe douteux de la part de son opposant… !!!

Heureusement, Kaito-Shan sauve Boneco de son funeste sort. Quelles paroles dit-il ! Un embarras certain monte aux joues de la chasseresse qui pivote vers lui tout en arrêtant ses bêtises.

“La clé est toujours dans notre coeur.” Répondit-elle avec un sourire confiant malgré ses rougissements. Aussi Horenso confirmait-il que l’utilisation de ses deux prénoms n’était pas gênant. “Ah, d’accord ! Mais pourquoi avez-vous volontairement deux prénoms dans votre famille ?” Dit la jeune femme avec de grands yeux surpris - la curiosité parle toujours pour Setsuka. C’est plus fort qu’elle !

Quelle réaction n’eut-elle pas quand Kaito annonce qu’il est un Dieu ! Cette dernière sautille sur place, toute excitée, avant de tirer prestement son recueil à propos des créatures existant dans le monde entier. Tellement agitée est-elle que Setsuka tourne les pages en bouillonnant d’émerveillement. Enfin sur une page blanche dans la catégorie des déités, elle s’équipe de son fidèle crayon de bois et commence à dessiner Kaito en ayant les yeux uniquement rivés sur lui avec un air tout gaga.

“C’est géaaaaaaannnnnt ! Huuuuuuwww ! Je rencontre enfin un dieu gentil dans le monde extérieur ! Je te dessine ! ça ne te dérange pas, hein ?!” En effet, Setsuka avait croisé Bray Wyatt qu’elle assimile au Dieu Ifrit le Brise-chaînes de la mythologie Göranienne. Et il n’est pas très amical. Du reste, c’était un peu tard pour demander son autorisation, le dessin avance à une vitesse assez prodigieuse. “Je veux tout savooiiiiiiiiiiir !!! D’où tu viens, de quelle race tu es, comment tu es devenu un Dieu, pis t’es Dieu de quoi ?? ! Et tout ça, quoi !”

Alors le Dieu du Temps lui soumet une requête. Sa tête d’ahuri en transe contemplative ne reprend même pas de son sérieux ! Non-non, Setsuka garde son expression d’allégresse.

“Je n’en maîtrise qu’une seule, en fait ! J’ai réussi à me lier avec les esprits de la Terre quand j’étais adolescente, après un travail acharné comme tu t’en doutes ! Pis depuis j’essaie de me lier aux esprits de la foudre, sans succès.” Précise-t-elle sur un ton qui n’est pas pour autant défaitiste. “Il me manque quelque chose que je n’aurai sûrement pas avant longtemps. Il paraît que je dois avoir envie de châtier du plus profond de mon être quelqu’un pour que la foudre se donne à moi. Ben ça m’est déjà arrivé mais pas assez fortement faut croire !” Ses épaules se haussent pour montrer son désarroi. Pour autant son sourire ne s’envole pas.

Sans s’arrêter de peaufiner le dessin de l’être céleste qui l’honore de sa présence, le terrain commence à s’agiter près d’eux.

“Va pour la cabane, alors ! Je pourrai t’en faire une avec de belles charpentes et de belles décorations, mais ça me prendrait plusieurs heures. Sur Görana on construit nos maisons nous-même, alors je sais travailler le bois !”

La petite göranienne range son recueil quelques instants dans sa sacoche, qui réside toujours près des imposantes roches en bord de falaise. Sa queue de singe frétille de joie alors que celle-ci se tourne vers la forêt. Ainsi commence son oeuvre, tel un chef d’orchestre.

Ses bras et ses mains se meuvent en une sorte de symphonie organisée et, à chacun de ses mouvements, la terre obéit en parfaite symbiose avec son utilisatrice. C'est digne de Fantasia. Tantôt la terre se durcit et prend la forme d’une scie pour couper le bois puis le travailler, tantôt le terreau se module pour prendre l’apparence la plus adéquate pour assembler les planches. C’est l’histoire d’une dizaine de minutes, et une cabane en bois de plain-pied assez grande pour loger trois personnes leur fait face. Même si cela semble être facile comme bonjour, l’énergie de Setsuka s’est tout de même faite drainée entre le combat ardu contre Boneco et la construction de cet abri.

“Ta-da !” Dit-elle en virevoltant pour se retrouver face à ses compères avec sa jovialité habituelle.

Setsuka avait notifié sur son ouvrage à propos des espèces ce que le Dieu avec lequel elle avait l’occasion d’échanger aujourd’hui voulait bien lui raconter sur lui. Ses yeux pétillaient de cette soif d’apprendre, de découvrir l’inconnu et de le croquer à pleines dents. La göranienne brille par sa curiosité insatiable et ses connaissances, de ce fait, étendues. Elle met toujours du coeur dans ce qu’elle réalise.

Une multitude de “OooooHHhh..!” sortirent d’entre ses lèvres à mesure que la divinité lui apprenait son vécu. “Le dieu du temps !! OuaaaAaaaAAAaahh !!” S’était-elle par ailleurs écriée avec un air éberlué.

Elle comprit cependant que la suite de cette discussion devait se mériter.  Celle-ci s’était donc mise à la tâche pour créer une cabane digne de ce nom. Le bâtiment aurait pu être bien plus impressionnant si l’on lui avait laissé du temps. C’était déjà une belle œuvre, suffisante pour abriter le trio. La sauvageonne pourrait leur faire découvrir ses talents en termes de peinture, mais ce n’était pas en rapport avec l’art du combat. Et visiblement, se battre était la seule préoccupation d’intérêt dans le reste de ce monde constamment menacé.

Celle-ci fit un grand sourire à Horenso lorsque ce dernier la félicita pour sa création.

Imaginez un peu le bond que fit la petite saiyan lorsque, suivant Kaito à l’intérieur de la cabane et sur les ordres de son claquement de doigt, du mobilier apparu d’un coup ! “Hiiiiiiiiiiiiiiih !” Un petit bruit de souris piquée au vif siffla entre ses lèvres tordues en un rictus de stupeur. D’un seul ! Le saut de surprise de la chasseuse fut si prodigieux qu’elle s’en cogne le crâne contre le plafond avec cet air hébété digne d’un cartoon.

En voyant ses compagnons s’installer tout naturellement à la tablée, elle se sentit bien bête. Le rouge lui monte aux joues et elle semble littéralement dégouliner de gêne, les mains derrière elle contre le mur, comme si quelque chose allait lui faire du mal. Heureusement que ses compères discutaient calmement des… trucs instinctifs, là… comme ça sa réaction un peu stupide passait à moitié à la trappe… ouf !

D’un pas encore hésitant, la sauvage prit place aux côtés de ses amis. D’une main tremblante, elle s’empare de la tasse de thé pour le renifler silencieusement. Boire du thé - notamment épicé - est une coutume sur Görana à l’heure du bain. Celle-ci sait donc apprécier un breuvage de qualité de la sorte. Toutefois, la tasse demeure suspendue dans sa main, alors que ses yeux sont obnubilés par le spectacle haut en formes et en lumières qui se déroule dans le creux de la main de Kaito.

“M-mais t’es le Dieu des magiciens, aussi… !” murmurait-elle à voix basse car c’est une réflexion personnelle et qu’elle ne souhaite pas perturber leur conversation.

Les dragons sur Görana sont des maîtres en magie, arcanique notamment. Jamais elle n’avait vu la magie aussi bien modelée par quelqu’un d’autre qu’un membre de leur race. Bien sûr, les lamias étaient aussi en mesure de devenir les réceptacles d’éléments et de se lier par contrat à l’eau, à la terre, etc. mais ceci est différent.

Enfin, Setsuka se détend et reprend un air normal. Le thé est à son goût, et ses yeux sont émerveillés par le prochain spectacle que donne le Dieu, attrapant la moindre petite goutte de sa boisson qu’il avait préalablement jeté en l’air avec une précision chirurgicale. “C’est vraiment trop stylé !” Avait lâché l’autochtone avec un air béat d’admiration.

Lorsque le Divin reprit ses explications, la chasseresse pose sa tempe contre l’épaule de Boneco pour se reposer quelques courts instants, tout en écoutant leur interlocuteur. Sa main se glisse le long du bras de Boneco pour venir entourer son biceps chaleureusement. Setsuka est en mesure de comprendre ce qu’ils racontent et prête l’oreille volontiers, c’est juste qu’elle a un moment plus calme. Celle-ci a fait des efforts considérables pour tenir le coup durant l’affrontement contre son copain. Elle est assez fatiguée, mais sa gaieté à toute épreuve lui donne des décharges d'adrénaline qui sont susceptibles de la faire tenir debout encore un moment !

Par ailleurs, lorsque Kaito frappe dans ses mains, la göranienne se redresse d’un coup, comme si cette action précise lui ordonne de se remettre en jambe pour la suite. Cette dernière fit de grands yeux lorsque la foudre vint envelopper le bras de son tuteur. Un sourire ébloui se dessine sur son visage. “Hé ! ça t'arrive de faire des trucs pas cool, toi ? !” Fit-elle en admirant les crépitements qui s’échappent du membre de Kaito-Shan.

Celui-ci lui indique alors que les éléments peuvent aussi venir de nous-même. Cette dernière se met à rosir progressivement, au fur et à mesure de ses explications. Ses convictions sont intenses et facilement perceptibles. Cela donnerait du baume au coeur à n’importe qui à proximité d’Horenso. Toutefois…

“Je… j’ai essayé.” Dit-elle en détournant le regard d’un air mal à l’aise. “Les dragons sont les grands maîtres de la Magie sur Görana. Tout comme toi, ils ne passent pas de pacte avec les esprits élémentaires : ils sont eux-même constitués de Magie. Ils la créent sans avoir besoin d’intermédiaire. Je ne comprends pas bien pourquoi certains êtres y sont disposés et d’autres pas, mais je n’ai pas de pouvoir magique sans l’intermédiaire d’un possible arrangement avec l’âme d’un élémentaire.” Celle-ci hausse les épaules, un peu déçue. “Je crois que c’est déjà pas si mal que je puisse utiliser cette magie. parce que je n’ai pas rencontré d’autres saiyans - pure souche je veux dire, toi tu triches t’as du sang divin ! (elle lui tire la langue pour le taquiner) - qui puisse s’entendre avec les éléments.”

Celle-ci se lève soudainement, apposant ses poings contre ses hanches.

“Mais je suis sûre qu’un Dieu peut m’aider à me lier d’amitié avec un autre élément ! Et je mettrai toute ma bonne volonté pour prouver que j’en suis digne !”

Toutes ces histoires de dieux pas si forts et nés mortels, c’est un savoir de base ! Setsuka s’étonne que Boneco n’a pas l’air de le savoir. Même s’ils ne parlent pas des mêmes déités, toutes les divinités de Görana ont un jour été des êtres mortels. Aucun d’eux n’est né d’une manière inconcevable et étrange que l’on réserverait à des êtres divins.

Celle-ci secoue vigoureusement la tête lorsque Kaito lui demande si cette dernière pourrait croire qu’elle est un être magique.  “Pfouaaaf, non ! Certainement pas ! Je suis la moins douée de mon peuple pour la magie, alors ça serait un peu un comble que je sois un être magique, hé !” S'exclame-t-elle avec une moue boudeuse.

La jeune femme boit son thé d’une traite, visiblement peu intéressée par les gâteaux, et se lève dès que Kaito est également debout. Elle est surexcitée par la suite des réjouissances, ça c’est le moins que l’on puisse remarquer.

De son côté, ce pauvre Boneco était condamné à faire un truc qui a l’air fastidieux. Un genre de méditation. Plusieurs maîtres de ce domaine avaient tenté d’enseigner cela à la sauvageonne, mais il lui était impossible de se concentrer et de faire le vide dans sa tête. Son cerveau tournait tout le temps à cent à l’heure.

“Tu crées des trucs aussi ! Ouaaaah, mais alors est-ce que tu as créé des races humanoïdes et des animaux ? ! ça doit être trop chouette !!” Dispersée par les révélations sur la double fonction divine de Kaito, sa queue de singe s’agite comme un petit toutou électrisé par ce qu’il voit.

Le discours d’Horenso la laisse un peu perplexe, mais elle essaye tout de même de comprendre où il veut en venir. Celle-ci sautille sur place gaiement en attendant de pouvoir se mettre à l’action. L’adrénaline semble bien fonctionner pour faire tenir son corps et son esprit malgré la fatigue déjà accumulée.

“On m’a appris à me lier à un esprit avec un rituel pour l’honorer ! Je lui montre mes prouesses guerrières, ma détermination, ma force d’esprit, et s’il reconnaît que je suis digne il se lie à moi.” Au moment où l’autochtone commence à expliquer comment les göraniens se lient à la magie, tout du moins pour les espèces non draconique, des petites particules terreuses viennent virevolter autour de son corps. L’esprit de la Terre semble accompagner ses propos. “C’est censé durer plusieurs mois ! Et pour certains élus, ils n’ont pas de rite spécifique à suivre : leurs exploits de vie sont jugés tellement glorieux qu’un élément vient se lier à eux à un moment crucial de leur existence. J’ai déjà vu ça de mes propres yeux ! Mais il faut être quelqu’un d’exceptionnel, moi je suis juste Setsuka. C’est déjà pas si mal, hihi !” Celle-ci pose ses mains sur ses hanches d’un air fier. “Je ressens la connexion comme si l’élément devenait une extension de moi-même. C’est à la fois spirituel et corporel, un peu comme si on me greffait quelque chose. Au début c’est suuuperrrr bizarre ! Pis après tu l’intègres et ça fait juste partie de toi, quoi !”

Son interlocuteur dit accepter se lier à elle d’une certaine manière. Son regard s’illumine de reconnaissance et d’admiration. “Yaaaaaaaaaaay ! TrrrrrrooooooOooooop coooooOOOOOlllll !” Dit-elle en applaudissant du bout des doigts en voyant la sphère magique apparaître. “Je vais faire de mon mieux pour honorer cette partie de toi, j’espère que je serai digne de me lier à ton esprit !”

Celle-ci s’étire rapidement comme pour se remettre en selle, puis leur adresse ces dernières paroles :

“Bon, ben à plus tard ! Je pars en chasse ! Je vais m’éloigner suffisamment pour ne pas qu’on se dérange mutuellement !”

Sur ses mots et, sans attendre de réponse de ses compagnons, la combattante sort de la cabane et s’envole. Après avoir pris une distance considérable avec son point de départ, Setsuka se pose au sol. La sphère brillante l’avait suivie. C’est un endroit isolé. Peut-être était-ce parce qu’elle désirait atterrir dans un lieu où elle serait tranquille que cela s’était produit. En tout cas, ici personne ne viendrait visiblement interférer avec son rite sacré.

L’étrangère ferme les yeux. Elle prend une grande inspiration. Dans son esprit commence à se matérialiser une immense forêt tropicale, verdoyante, belle et sauvage. Aussi colorée que dangereuse. La faune est aussi agressive que la flore ici. De l’eau la couvre jusqu’aux mollets : soudainement la sensation de frais la submerge. Lorsque ses yeux s’ouvrent, le décor autour d’elle est familier. Cet endroit périlleux n’est pas fait pour tout le monde.

Cette dernière abaisse son visage vers sa main droite, qui est fermée. Lorsqu’elle desserre ses doigts, une plante exotique d’une couleur bleutée vive s’y trouve. Cela semble calculé, puisque la chasseresse ingère la matière organique et se met à la mastiquer en observant les environs avec un air que personne ne lui connaît encore. Celui du prédateur en chasse.

La tenue de Setsuka change pour quelque chose de semblable à ce que l’on imagine comme accoutrement pour les amazones d'Hippolyte. Cela donne un air plus guerrier encore à la jeune femme, plus mature aussi.

Les rites de ce genre sont souvent synonymes de scarifications pour prouver l’implication ainsi que la sincérité des actions et propos tenus par le guerrier. Sur Görana cela est aussi de mise. Faut-il aussi savoir qu’au temps des moissons, des sacrifices humanoïdes volontaires sont fait. C’est un grand honneur que de se donner la mort pour servir délibérément une déité sous une nouvelle forme de vie. Ce que l’on pourrait qualifier de “barbare” et d'irréel est pourtant prouvé sur la planète en question. Les sacrifiés deviennent bel et bien une autre forme de vie suite à ce rite.

Ainsi Setsuka s’ouvre les paumes de main et se barbouille le visage de son propre sang. C’est ce qui la tient en vie, c’est ce qui fait que la combattante existe et perdure dans ce monde. D’autant plus suite à cet étrange évènement qui fait que la petite saiyan est encore là, entière. Comme si la mort n’avait pas d’impact sur elle.

Cette dernière lève ses paumes de main vers le ciel, la tête abaissée vers le sol quant à elle. Le sang qui coule le long de ses mains meurtries est une preuve de sa fidélité envers des principes et des valeurs qui pourraient être considéré d’un autre temps.

“Votre humble serviteur souhaite prouver sa valeur ! Faites-lui la grâce d’un défi à sa taille ô esprits !”

Quelques secondes plus tard, un vent chaud et réconfortant enveloppe son dos et ses épaules, fait virevolter ses cheveux. Le ciel se couvre au-dessus de sa tête. La pluie commence à tomber et vient nettoyer ses plaies aux paumes, elle qui avait conservé sa position d’appel aux esprits jusqu’à ce qu’ils lui répondent. Les éléments sont partout, même ici. Rien ne leur résiste, ils sont indomptables et imprévisibles.

Sa sclère commence à devenir entièrement noire. Des stries de la même teinte viennent habiller le contour de ses yeux. La plante singulière que Setsuka mâchouillait tout à l’heure fait son effet. Sa vision et ses sens sont décuplés à leur paroxysme, en plus de donner une quasi immunité à la majorité des poisons et autres gentillesses du genre. Aucun humanoïde normalement constitué ne pourrait atteindre ce stade de perfectionnement des sens par lui-même.

Aussitôt cela fut fait, aussitôt une ombre gargantuesque vint recouvrir sa maigre silhouette en comparaison. Faisant volte-face, un sourire de contentement sur les lèvres, la petite sauvageonne se retrouva nez-à-nez avec un crapaud géant qui n’avait rien de classique.



Son esprit bouillonnait, et ses grandes inspirations ne la calmait pas réellement. L’excitation du combat est probablement la plus grande sensation dans la vie - même si manger est au moins aussi bien !

La langue extensible, véloce et dépliable à souhait du monstre vint pour happer sa proie. Par un saut agile, Setsuka réussit à éviter de justesse ce premier assaut. Aussi, son bras gauche replié au niveau de sa tempe se préparait à canarder l’organe de son adversaire. Une lance en terre durcie est apparue dans la paume de cette main. Aussi vite l’instrument de mort était lancé, aussi rapidement une autre arme apparaissait.

La langue meurtrie se mit à tournoyer, projetant des salves de salives toxiques dont certaines vinrent brûler la peau de la chasseuse, lui tirant des grimaces douloureuses. Setsuka s’extirpe de cette mauvaise passe par quelques pirouettes ingénieuses, s’appuyant à pied joint sur l’énorme muscle charnu. Ses prochaines lances viennent se loger autour de la bouche du monstre, à distance considérable.

Ce dernier se met à sauter sur place, provoquant de grands soulèvements d’eau et une pression d’air impressionnante. La surprise est telle que Setsuka se fait soudainement balayée comme une plume, son dos rencontrant le tronc d’un arbre qui s’écroule à l’impact. Un crachat sanglant lui obstrua de courtes secondes la gorge avant d’être expulsé.

La saiyan projette du ki de ses deux paumes de main vers le sol, légèrement en arrière par rapport à son corps, pour se maintenir sur place et ne pas continuer à se faire éjecter plus loin. En se concentrant, elle perçoit les ondes tout ce qui se meut aux alentours presque au ralenti. Alors elle discerne le moment clé que la guerrière doit saisir entre le moment où le crapaud s’élance et celui où il atterrit.

S’élançant à pleine vitesse, cette dernière s’engouffre dans la cavité buccale de son adversaire. Elle décrit un arc de cercle avec son bras gauche, et là où il passe de nouvelles lances apparaissent pour venir se planter dans le palais de la bête.

Le monstre se met alors à gigoter dans tous les sens de colère, obligeant Setsuka à déployer son aura bestiale sous forme de bouclier pour ne pas finir fondue.

La jeune combattante rugit pour exprimer à son tour ses émotions, brandissant une énième lance qu’elle enfonce profondément au départ du gosier de son opposant. En s’y accrochant comme à une tyrolienne, Setsuka dévale tout du long de la gorge de cette forme de vie méphistophélique, entaillant profondément cette muqueuse primordiale.

La monstruosité se met à geindre si puissamment que le contenu de son estomac remonte pour venir cogner l’ensemble de ce qui se trouve sur le passage. De sa main libre, la guerrière dévie la plupart des projectiles. Un os vint cependant se loger en plein dans sa cuisse et un autre dans son flanc, lui faisant quasiment perdre l’équilibre sur sa tyrolienne improvisée et lui arrachant des cris qui s’apparentent davantage à des aboiements féroces.

Une fois arrivée au niveau du larynx, Cette dernière y voit sa chance de sortir de cet enfer. Armant ses poing de son mantra féroce, c’est dans un nouvel hurlement guerrier que la sauvageonne fonce vers la partie la plus fine de l’organe en question. Tournoyant aussi vite que possible sur elle-même pendant cette manœuvre, une coquille en terre renforcée pleine de lames tranchantes vient entourer son corps. Déchirant tous les tissus cellulaires sur son passage, la sortie du corps hideux se fait dans un bain de sang et de violence.

L'atterrissage ne se fait pas sans mal : la chasseresse s’éclate brutalement dans le marais, intégralement sous l’eau, le corps recouvert de germes toxiques. Son bouclier d’énergie l’a préservé durant sa descente, mais il était déjà bien amoché à sa sortie. Son corps se retrouve jonché de brûlures au troisième degré en pleine formation, ce qui lui vaut des larmes et des cris de détresse inaudible sous tout ce liquide.

L'effondrement de la belle bête lui fait cependant comprendre sa victoire, car cela soulève un raz-de-marée de taille, qui la malmène en lui faisant faire de multiples tonneaux dans l’eau. Même si Setsuka est capable de retenir sa respiration une trentaine de minutes, ce qui est extraordinaire pour quelqu’un de son espèce, cela ne lui empêche pas de pouvoir prendre la tasse.

Ce pourquoi, lorsqu’elle fait surface inopinément, une quinte de toux sévère la gagne. Mélange peu ragoûtant de sang, d’eau et de mucus qui est rejeté de son être.

Après plusieurs longues secondes à ramasser drastiquement, la jeune saiyan reprend suffisamment contenance pour sortir des eaux profondes du marais. En s’approchant de la bête infâme qu’elle vient de terrasser, Setsuka se met à genoux et remercie les esprits en s’inclinant au plus près du sol que possible. Ses douleurs multifactorielles ne cessent de la tourmenter, mais son honneur est bien plus important. Alors la göranienne fait fière figure devant les éléments.

“Ô esprits, votre humble serviteur vous remercie pour la confiance que vous placez en lui. Je vais honorer la dépouille de cette bête et nourrir les enfants de la nature, ainsi le cycle sera préservé.”

Nul ne savait avec quel sérieux Setsuka respectait les traditions. Sa jovialité habituelle était entièrement contenue pour laisser place à un respect sans faille.

Lorsque celle-ci réussit à se relever, non sans mal une fois encore, l’autochtone fit apparaître un couteau de chasse dans sa main. Ainsi débutait-elle le long travail de découpe du cadavre de la bête. Ses sens accrus lui permettaient cependant de finir la besogne plus vite que prévu et, aussitôt eut-elle fini que la göranienne se mit à placer à des endroits stratégiques des morceaux de viandes crues pour nourrir les habitants du marais. Ceux-ci étaient intimidés par sa présence, ainsi n’allaient-il sortir que lorsque la guerrière serait suffisamment éloignée.

Sachant cela, la chasseuse s’installa dans un arbre en hauteur pour ne pas déranger. Celle-ci s’adossa confortablement contre le tronc. En contrebas, voir les créatures du marais venir se rassasier lui tira un petit sourire. Sa respiration devint calme et sereine, et sa capacité d’empathie se déploya. Cela lui permettait de ressentir les sensations qu’éprouvent les autres. Ainsi elle fut submergée par le bien-être que leur procurait le repas ainsi que la disparition de ce nuisible gigantesque. Setsuka ferme enfin les yeux… Voilà ce qui la rend heureuse dans la vie. C’est ça. Jamais l’étrangère ne comprendrait la folie des grandeurs de ces humanoïdes du reste de l’univers. Les choses les plus élémentaires lui procurent tout ce dont elle avait besoin. Les artifices ne faisaient qu’enfermer les personnes dans de la satisfaction éphémère et sans intérêt.

Une fois en phase totale avec la nature environnante, la combattante tendit ses mains pour entourer la sphère brillante qui l’avait suivie à la trace jusqu’ici. Ainsi, Setsuka lui transmettait également tout le bien que celle-ci percevait à travers tous ses sens, toujours décuplés par la mystérieuse plante de tout à l’heure. Celle-ci espérait que son rituel avait été seyant pour l’entité sphérique.

Ce n’était pas une manière commune de se lier avec les esprits. Peut-être que cela n’était pas du tout ce à quoi s’attendait Kaito-Shan. Pour autant, c’était tel que l’on lui avait appris, et Setsuka était particulièrement apaisée et contente de sa performance en l’honneur de celui-ci.

D’aucun dirait que cela ne pouvait être réel, puisque la faune et la flore et ses occupants n’étaient à la base qu’issu des souvenirs de Setsuka par rapport à Görana. Pourtant ce n’était pas qu’une projection de son esprit. Tout cela est bien réel. Le contexte du Paradis le permet, même si cet endroit allait probablement disparaître quand sa créatrice serait partie.
Nul ne savait le temps qui s’était écoulé durant cette épopée.