La Saga d'Erikr [En cours]

Erikr pouvait entendre le chauffeur de salle mettre l'ambiance dans l'arène depuis sa loge. Admirant son visage dans le miroir, il se préparait mentalement au combat qui s'annonçait. Il allait affronter Kayn, son plus grand rival dans cette division des combats libres. Sa maquilleuse ajustait sa natte et tressait sa barbe. Comme à son habitude et dans la plus pure tradition de son peuple, son visage était peinturluré du signe de son animal totem. Son œil droit était maquillé de façon à représenter celui d'un corbeau, l'esprit protecteur que lui avait accordé le chaman de son village, signe de sagesse. Qu'aurait pensé le vieux Tolfdir s'il voyait son protégé jeter sa vie dans des combats à morts pour quelques pirates et bourgeois en manque de sensation fortes? Il était bien loin de chez lui.

Erikr se leva et prit en main une coupe en métal doré, posée près de bandes de bras en tissus. Il en vida le contenu avant de jeter la coupe part terre. Le vin-de-feu vint lui brûler la gorge lors de la descente. Il prenait toujours une goutte d'alcool fort avant de descendre dans l'arène, ce petit remontant l'aider à garder les idées claires. Il passa les bandes autour des bras et serra fortement, ne laissant qu'une légère partie du tissu prendre. Posée à côté de son fauteuil, une hache trônait. D'un design assez simple, elle semblait néanmoins de bonne facture. Il en testa le fil en laissant passer un doigt dessus. Une goutte de sang perla avant de mollement glisser le long de sa lame.

Les souvenirs de son premier rite de passage lui revint. Ce jour-là, il avait vaincu un hurleur des steppes et était devenu un homme. Sa voie était toute tracée, devenir le chaman gardien le plus puissant que son peuple ai jamais connu. Tout cela semblait bien lointain aujourd'hui.

Aylia, une humanoïde à la peau bleue et à la chevelure cuivre, lui caressa le visage. Passant son autre main le long de son dos, elle s'appuya sur son corps.

"Erikr, ils t'attendent depuis longtemps déjà. Ils peuvent encore attendre un peu." Elle posa les lèvres contre celle du gladiateur et posa sa main sur son entrejambe.

Erikr lui prit la main et la remonta vers son torse. Il lui prit alors le visage de l'autre main et la regarda, un sourire aux coin des lèvres.

Il prit sa hache et se dirigea vers la porte.

Il sortit de sa loge et prit le chemin de l'arène. A mesure qu'il avançait dans le couloir, il pouvait entendre la foule qu'il scandait son nom. Il était en retard, comme à son habitude. Pourtant, personne ne semblait lui reprochait son manque de ponctualité. Après tout, cela faisait partie de son personnage. Le sourire aux lèvres, il pouvait sentir l'adrénaline monter en lui. Il aimait la sensation de la fosse. Les cris, la sueurs, les chants. Il pouvait sentir un frisson d'excitation le long de son dos.

Il s'arrêta devant l'habituelle grille de l'arène. Vieille et rouillée, elle avait vue des dizaines de guerriers entrer et ne jamais sortir. Mais pas Erik, lui revenait toujours et souvent indemne. Aujourd'hui était un jour spécial, il n'allait pas seulement vaincre son rival. Il allait aussi remporter le titre de champion et un bon paquet d'argent, ainsi que sa liberté.

La grille s'ouvrit et il entendit le public entrer en effervescence. Presque toute la salle scandait son nom. Il répondit à ses fans d'un cri de fierté tout en levant sa hache haut dans le ciel. Ensuite, il frappa le sol de sa main droite et celui-ci trembla. Son poing commença à s'entourer de roches avant de remontrer en virevoltant autour de son bras.

Devant lui se dressait son adversaire, Kayn. Un Metamol assez fin et connu pour sa vivacité, tant de corps que d'esprit. Son épée au clair dans sa main gauche, il semblait prêt à en découdre.

Un sourire moqueur aux lèvres, Erikr prit la parole.

Kayn laissa échapper un rictus avant de regarder son adversaire de haut en bas.

"Epargne moi tes paroles, Erikr. Y parait que tu souhaites acheter ta liberté, je vais te la donner, moi. Tu repartiras d'ici libre, juste pas comme tu le penses." Il laissa échapper un rire inquiétant.

La cloche sonna et les deux gladiateurs se ruèrent l'un sur l'autre.