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 Purple rose

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PNJ Claire
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MessageSujet: Purple rose    Purple rose  ClockJeu 24 Déc 2020 - 17:56






Purple rose  Aj4n





Merci encore, Geralt. Et bonne chance sur la Voie.

Olgierd Von Everec se dirige vers sa nouvelle vie. Ses yeux étaient éblouis par l’aube qui pointait à peine le bout de son nez.










Son visage s’abaissa vers sa main droite. Une plaie s’y était ouverte lorsque Geralt avait pris de ses mains tendues l’épée personnelle du rouquin, qu’il avait nommé Iris. Le sang s’y écoulait toujours, paisiblement, et les sensations d’engourdissements et de fourmillements dans la paume de sa main le fascinaient comme s’il découvrait ce ressenti pour la première fois.

Il marchait sans savoir sa destination. Il n’arrivait pas encore à bien se rendre compte de ce qui venait de se passer : Gaunter De Meuré avait été vaincu par Geralt de Riv et il était libre.

Il observait le sang faire son chemin dans les plis de sa paume de main, dégringoler jusqu’à son poignet. Les gouttes perlaient le long de son bras. Ses yeux, captivés par ce phénomène qui lui était inconnu depuis des temps immémoriaux, brillaient comme deux lanternes dont la flamme venait de naître pour ne plus jamais s’éteindre.

L’on ne pouvait pas dire combien de temps s’écoula alors qu’il errait sans but, ensorcelé par la vue de sa propre hémoglobine.

















La lourdeur de ces années de vie interdites s'écrase sur ses épaules subitement durant son extase. Il trébucha sur le coup et manqua de s’étaler face la première dans la boue. Déboussolé, le rouquin se releva comme un ivrogne pris de vertiges. Il se sentait extrêmement vieux mais pas extrêmement sage. Ce constat lui arracha un rire dégoûté de lui-même. Il avait l’impression pour la toute première fois, pour de vrai, d’être dans un corps qui appartenait à un passé révolu et si lointain que sa propre existence était une insulte à l’équilibre naturel des choses. Il ne se reconnaissait plus réellement dans ce corps antique qui pourtant n’avait aucune trace des affres du temps. Mais son esprit, lui, était profondément marqué par ce fait.

Il s’étira de tout son saoul comme pour mieux s’approprier ce corps qui n’était plus guère agréable à habiter. Il fallait s’y faire, supporter cette charge mentale de ce temps écoulé qui représentait plus d’un siècle. Cette fatigue viscéralement ancré dans son être parlait pour lui de l’épuisement que cette vie majoritairement dénuée de sentiments lui faisait éprouver à présent, maintenant qu’il redevient entier. Il était déphasé avec ce corps de jeune freluquet qui ne représentait plus la réalité : ce n’était qu’un miroir à son passé tumultueux.

Il vit son visage dans une flaque d’eau et s’éxamina avec un vif écoeurement. Cette trogne qui était la sienne représentait toutes les erreurs qu’il avait commises et auxquelles il devait faire face de plein fouet dès maintenant.

Il stoppa sa marche. Il se retourna pour regarder derrière lui. Il se mit à courir dans le sens inverse. Il courut jusqu’à s'époumoner et il s’en étonna. En premier lieu, ce dernier ne s’était pas rendu compte qu’il avait parcouru autant de chemin. Lui qui n’avait plus rien ressenti depuis des siècles, à part des souvenirs de quelques fortes émotions gravées dans son âme, ne pouvait qu’être ébahi devant ces sensations propres aux mortels qui investissent à nouveau son corps.

Geralt !” s’écria t-il en arrivant à l’endroit où il l’avait laissé tout à l’heure.

Mais il n’était déjà plus là.

La déception l’enveloppa et il se sentit tout d’un coup fébrile. Il décida de s’asseoir pour se remettre de ces sentiments qui, progressivement, émergaient en lui. Olgierd Von Everec ne savait plus comment traiter correctement ce flux d’informations, de ressentis violents qui atterrissait dans son âme, dans son corps entier, et qui le tenait aux tripes.

Des tremblements incontrôlables saisit ses membres. Il prit sa tête entre ses mains et ferma les yeux quelques instants.

Qu’est-ce que j’imaginais…” marmonnait-il. “L’idée de voyager aux côtés d’un sorceleur n’est qu’un moyen pour fuir ce à quoi je dois faire face maintenant…

Il resta là, à contempler le soleil qui s’était levé depuis sa dernière entrevue avec Geralt de Riv, alors que quelques heures plus tôt ce dernier s’était tenu à l’exact même endroit pour méditer avant de reprendre sa route.

Peut-être avait-il besoin d’un ami, après tout. Olgierd n’en avait aucun. La compagnie Rédanienne dont il était le chef n’était plus rien pour lui, à part un souvenir douloureux associé à son long vécu de solitaire insensible, sans son phare à ses côtés : son frère Vlodimir, dont il était responsable pour sa mort. Un premier pic douloureux s’enfonça dans son torse. Il se surprit à suffoquer. Le rouquin porta sa main directrice à sa gorge pour la tâter, comme pour faire passer cette mauvaise toux qui l’étouffait.

Par sa réponse à une question tortueuse et à la mauvaise personne, il avait ôté la vie à son frère. Son sang. Son meilleur ami. Son partenaire, toujours prêt à l’épauler.

Qui de votre femme ou de votre frère préférez-vous ?

Il s’était amusé d’un rire jaune de cette question à laquelle l’on ne pouvait décemment pas répondre. Ces deux personnes représentaient les piliers de sa vie, comment choisir ? Pourtant, il avait finalement répondu : Iris.
Quelques jours plus tard, Vlodimir décédait dans une querelle sans honneur, d’une mort qui ne lui rendait pas hommage : la nuque brisée contre une table.

Il se recroqueville contre lui-même, enfonçant ses ongles dans son crâne à moitié nu. Il sentit le bout de ses doigts enfouit dans sa tête ouvrir des petites entailles dans sa longue cicatrice crânienne. La douleur qui en jaillit le fit redoubler d'efforts pour se scarifier davantage : ce n’était pas assez. Pas assez de souffrance pour ce qu’il avait provoqué avec son souhait égoïste de garder Iris pour lui. Tout partait de là, absolument tout.

Son corps était secoué par un rire dément qui s’était mêlé à sa bronchite soudaine. Il ne contrôlait plus rien : ni son souffle, ni la force qu’il exerçait sur sa propre boîte crânienne, ni les spasmes qui le parcouraient ou les larmes qui déboulaient rageusement le long de ses joues. Si Olgierd avait pu se contorsionner davantage pour se replier sur lui-même, à cet instant précis il l’aurait fait pour se soulager. Comme pour se faire tout petit jusqu’à disparaître.

De surcroît, il avait l’impression d’avoir vécu la vie de quelqu’un d’autre en se remémorant ses aventures durant sa vie d’éternel. Des souvenirs mornes et ennuyeux puisque rien ne l’égayait ou presque. Il se demandait qui était cette personne qui avait vécu à sa place, dans son corps, qui avait perdu tous ses traits caractéristiques liés à sa personnalité, et qui surtout… avait abandonné sa femme à un funeste sort.












Iris Von Everec est morte de chagrin.












L’hémoglobine s’étalait en de larges fleuves sillonnant le flanc de son crâne dénudé, zigzaguant sur son oreille, son visage et son cou. Ses ongles, pleinement introduits dans l’entaille jonchant sa tête, étaient totalement imbibés de son propre sang, à un tel point que ses doigts n’étaient plus visibles dans ce volcan de sève vitale qui jaillissait de lui.

Il hurla tout ce qu’il pouvait. Il cria toute l’horreur de la situation qui lui tombait dessus, tout son désespoir face à l’ampleur avec laquelle ses sentiments revenaient le hanter et le torturer, toute sa haine pour son nombrilisme qui l’avait damné lui, son frère, son aimée.
Il beugla sa rage noire contre lui-même en ayant pleinement conscience de qui il avait été et de ses raisons égocentriques l’ayant poussé à se détruire lui et tout ce qu’il aimait. Il maudit Gaunter de Meuré d’être né. Puis il en fit de même pour ses parents. Il voulait trouver un coupable pour son impétuosité, mais Olgierd ne put que constater qu’il était le seul blâmable pour son vécu misérable.

La conclusion était fatale. Le sang avait en partie séché sur l’aile gauche de son crâne et de son visage au rictus colérique et désespéré à la fois. Ses ongles cessèrent enfin de persécuter sa boîte crânienne tailladée. Ses mains tombèrent pesamment le long de son corps alors qu’il s’écroula vers l’avant en tombant à genoux. Il leva son visage crispé dans une expression de souffrance inéluctable vers le ciel. Son esprit dérangé lui donne l’impression qu’un nœud de ronces déchirait ses boyaux, mettant en charpie ses abats et ses tripailles. Cette représentation mentale des ronces était intimement lié à la Rose Violette, cette relique qu’il avait laissé à sa femme comme dernier souvenir de leur amour. Les épines de cette relation tortueuse venaient punir Olgierd pour ce qu’il avait fait.

Il se souvint alors que par le passé, lorsque Gaunter De Meuré était venu à lui, il avait déjà ressenti cette sensation. Comme pour le prévenir de ce que serait son avenir. Et lui, il l’avait ignoré, bien trop imbu de lui-même pour croire qu’une tragédie pire que celle de la venue de ce Prince Ophir dans sa vie pourrait advenir.

Le regard plein de défi, l’air altier. Jadis, la main tendue pour accueillir le présent du Maître Miroir, le rouquin avait accepté de plein gré de se donner à ce pacte qui avait scellé son destin et celui de sa femme. Tout ce qu’il voulait, c’était renverser ce maudit Prince Ophir. Après tout, il était Olgierd Von Everec. Le meneur. Celui qui était suivi et adulé, celui qui renversaient les situations et sortait vainqueur de ses joutes quelles qu’elles soient ! Personne ne pouvait lui résister. Et ce coup de pouce du destin, ce Gaunter de Meuré sur sa route n’était qu’un moyen pour parvenir à éliminer celui qui se mettait sur son chemin. Il n’était qu’un pion. Et bien que les ronces hérissées débordaient de son ventre pour venir l’enserrer, petit à petit, tout entier, Olgierd n’en eut que faire. Cette projection mentale étrange dans laquelle il se voyait couvert d’un sang qu’il croyait être le sien, mais qui en réalité était tout autre, et de ces infâmes ronces qui lui grimpaient dessus depuis ses entrailles n’avait été perçu que comme une sorte de défi. Il n’avait pas peur de se blesser pour demeurer l’époux d’Iris. Seule sa volonté de l’emporter importait. La mise en garde de la Rose Violette avait échoué.





















Purple rose  OLGIERD_VON_EVEREC

























Ses yeux contemplaient un vide si profond qu’il n’avait plus guère l’impression de faire partie de ce plan de l’existence. Olgierd sentit son coeur matraquer sa poitrine jusqu’à n’en plus pouvoir : le rythme faiblit, encore et encore, et

il se sentit partir tout d’un coup.





































Purple rose  Pki1











































Ce flash lui arriva en pleine figure. Comment et pourquoi pouvait-il avoir accès aux derniers moments de cette ignoble créature ?

"Non ! Non ! Ressaisis-toi Olgierd, il est vaincu pour de bon !"

Il compressa ses dents si fortement les unes contre les autres que ses gencives commencèrent à s’égratigner laborieusement. Du sang emplit ses muqueuses buccales et le sortirent de sa torpeur.

Olgierd hurla sa fureur une nouvelle fois à la face de ce monde vicié et il frappa de ses deux poings et de toutes ses forces le sol. Il eut toute la peine du monde à se relever mais il le fit, le regard noir et la mâchoire toujours autant serrée. Abandonner comme un lâche ses responsabilités, n’était-ce pas déjà ce que son ancien statut d’immortel l’avait involontairement poussé à faire ? Passer sa vie à vainement tenter d’éveiller la moindre émotion chez lui en repartant dans un objectif égocentré, laissant son frère dans le tombeau familial, laissant sa femme seule dans son manoir avec pour seule compagnie celle d’un gardien mort-vivant et deux démons aussi insensibles que lui ?

Quel fier dernier représentant de la famille Von Everec je fais si je ne suis pas en mesure d’affronter dignement la réalité et si je ne peux dompter les plus ardents de mes sentiments !” S’indignait-il d’un ton à moitié moqueur et à moitié enragé.

Le tempérament de feu d’Olgierd l’avait suivi toute sa vie. Borné, impétueux, colérique, égocentré, égoïste, bon vivant, tout ça il l’était. Par contre, être fourbe n’était pas un trait de personnalité qui lui correspondait : il préférait davantage foncer, confiant, avec ses idéaux et son sabre à la main. Il n’allait pas aujourd’hui reculer devant les faits accomplis, non, pas devant ses propres erreurs qui venaient maintenant l’emplir de remords, aussi monstrueux puissent-ils être.

Tel un macchabé, il avançait, la face ravagée par le sang et la souffrance, l’étui de son sabre vidée de sa chère lame ophir Iris. Olgierd Von Everec n’avait plus rien et n’était plus rien. Ce sombre constat marquait le début de son aventure dans cette nouvelle vie que lui avait offerte Geralt de Riv en décidant de le sauver.

Le rouquin décida que sa première destination serait le mausolée familial.
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MessageSujet: Re: Purple rose    Purple rose  ClockVen 8 Jan 2021 - 23:32



Des rives de Blanchefleur aux contreforts des Montagnes Bleues, la guerre faisait rage. Ce n'était plus qu'une question de semaines avant que la Rédanie s'écrase sous les éperons des troupes noires de Nilfgaard. Des mois durant, la douce contrée septentrionale avait été mise à feu et surtout à sang, de sorte que nul bosquet, nulle forêt pouvant servir de refuge ne fut maculée de d'hémoglobine. Et pourtant, alors que des milliers de frères et de sœurs s'entre-éviscéraient pour le compte d'un roi jamais vu pour la plupart, il existait un endroit isolé de la désolation de la région. A quelques lieues du delta du Pontar, près des mas de Venteprès, il demeurait quiet en toute circonstance.



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Le calendrier elfique annonçait le 12 du mois de Yule, 23 Nivôse 1273 chez les Rédaniens, aussi il fallait être muni d'un œil avisé pour débusquer le sentier à travers les frimas tardives. Mais une fois les coteaux meurtris franchis, il apparaissait : L'asile persifleur à toute la folie de l'homme : Le mausolée. Et pas n'importe lequel car, par-delà le rempart de vignes séculaire, se tenait la crypte familiale des Von Everec. Aussi morbide que fusse son rôle, la bâtisse de pierres ciselées était une véritable œuvre d'architecture Beauclairoise.




De tout temps les Von Everec avaient tenus à ce que leurs morts reposent aux côtés du manoir dynastiques. Ils croyaient que, s' ils étaient maîtres en leur domaine, ils perdaient leur droit terrestre au profit de leurs défunts aïeux la nuit tombée. C'est pour cette raison que le caveau avait été édifié de sorte à être plus beau encore que la maison Everec. Le pavage régulier de pegmatite nacrée menait de l'arrière du jardin à une gloriette entourée de deux braseros de marbre. C'était le seuil de la nécropole appartenant à la famille la plus roublarde de tout les royaumes du Nord. Un seul détail noircissait le tableau annoncé : pour la chambre des deuxièmes maîtres de maison, le gardien semblait s'être donné bien peu de mal pour l'entretenir.








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Plic. Ploc.






Arrr... Encore un peu...




A l'intérieur du tombeau collectif, régnait un froid vert. Un froid à l'odeur fongique. Mais il n'y avait personne pour s'en plaindre. La pièce principale était circulaire, de manière à ce que chaque sépulture tourne autour du brasero central, véritable synecdoque du leitmotiv Von Everec :








« 'Nasqui de nusquam, mox venti et'ψ succendam nobis. Et'ψ nostrum ardens multia" Γquod testiculum calidumר rex et'ψ regina stratoria calidumת  »

-

« Nés de nul part, très bientôt la bise viendra nous éteindre. Que notre brasier soit immense ; qu'il réchauffe les bourses des rois et les couches des reines »





Plic. Ploc.






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Tous dormaient ici.





Ratibor Von Everec, le Cramoisi – Dynaste des Von Everec,
Gerdur Von Everec,
Sir Alexy Von Everec – L'incendiaire de Gors Velen,
Tristana Von Everec,
Ernest Von Everec, le Rougepourceau - Pourfendeur de la bête de Maribor,
Eulalie Von Everec,
Kestatis Von Everec, le Vermeil – Ataman et Amant des reines de tout le Nord,
Honoratina Von Everec,
Bohumil Von Everec, le Castillan – Père des deux plus beaux fillots de toute la Rédanie,
Kristina Von Everec,



Et... Vlodimir Von Everec. Le Sanglier Carmin - l'homme libre. Frère regretté.





Tous dormaient d'un sommeil sans songes, les paupières ouvertes, bien à l'abri dans leurs couches de pierres. Tous, sauf un. Accoudé à l'encensoir de marbre au milieu de la pièce, depuis quelques jours éteint, il tremblait de tout son non-être.



Plic. Ploc.



Piètre existence que celle d'un spectre. Nul doute que le terme « autre-monde » à été choisi comme litote malhabile. Ou bien par un fieffé ignorant ne se doutant de l'ironie de sa farce. Car les fantômes vivaient bien parmi nous. Certes leur vue nous était impossible, nos iris étant dépourvus de magie. Mais il étaient bel et bien condamnés à errer à nos côtés jusqu'à ce que le monde soit devenu blanc une fois pour toute. Mais pour l'heure ils nous accompagnaient. Sans que nul ne puisse les entendre.




Seulement, les revenants qui partageaient un sépulcre pouvaient communiquer entre eux. De manière sporadique. Au bout d'une éternité, il appert que l'on avait beaucoup moins de choses à se dire. Il n'empêche que Vlod faisait de son mieux pour ne pas éveiller une fois encore les quolibets de sa maudite ascendance.



Plic. Ploc.




Plus il y pensait, plus il riait jaune. Sa vie n'avait été que stupre et concupiscence. Même dans sa mort, déshonorable au possible il avait pu, par la force des choses, joindre ses illustres ancêtres... Pour se rendre compte qu'ils n'étaient qu'une bande d'épais butors. Mais à force, il s'était acclimaté à l'ambiance locale. Il avait accepté de devoir passer au crible du jugement chaque élément de sa mémoire. Il avait même accepté de devoir rester attaché à ce monde sans pouvoir faire autre chose qu'être ancré à cette crypte poussiéreuse. Et puis son frère, par le biais d'un légat aux cheveux grisonnants, lui avait fait goûter une nouvelle fois à la flamme de la vie. Le temps d'une soirée.


Plic. Ploc.


Et depuis, il en perdait raison. Le cadet Von Everec savait pertinemment que ses tentatives étaient vaines et pourtant. De toute son âme il languissait de pouvoir ne serait-ce palper qu'un instant encore la sensation d'être en vie. Et c'était bien toute son âme qu'il déchirait littéralement à force d'essayer de s'incarner.









Plic.



Sans relâche, il retournait au monticule blanc au milieu de la salle s'accouder et sans relâche il faisait vibrer son spectre dans l'espoir de l'accorder à la tonalité de la vie. L'exercice était atrocement douloureux. Même pour un individu dénué de système nociceptif. Mais le pire était que son martyr n'était presque pas vain. Presque. Car à chaque fois qu'il ré-essayait, il faisait perler du plafond quelques gouttes de jus fongique. Prouvant de la sorte qu'il perturbait au moins un tant soit peu le cours de l'existence. Ce qui est le propre de la vie humaine.


Ploc.


Mais toutes les velléités du rouquin se soldaient perpétuellement par une nouvelle déchirure dans son âme, la déstabilisant toujours davantage. Mais faisant également s'écouler davantage d'eau de l'espoir. Et à cause de ça, il ne s'arrêterait pas. La torture d'avoir vécu une deuxième fois était pire que les désincarnations répétées qu'il s'infligeait.


L'incarnation lui faisait revivre chaque événement qu'il considérait crucial et les faisait voler en morceaux, pour les agencer tout autrement. Le supplice de la corruption de ses souvenirs, ergo, de la corruption de qui il était remettait en question toute sa réalité intrinsèque. Il s'oblitérait lui-même. Le visage de son père Bo҉h҉um҉i҉l se floutait, son incidence sur qui il était muait, le condamnant à n'être qu'un fou sans honneur ni principes. L'amour de sa mère K҉r҉i҉s҉t҉i҉n҉ n'avait jamais existé, ou tantôt était remplacé par celui d'une autre. Les jouvencelles qu'il avait courues se remplaçaient les unes les autres, comme des poupées de chair interchangeables. Comme si aucune n'avait vraiment compté. Ses exploits menés avec sa fière compagnie évoluaient vers une vie solitaire dans les champs ou des jours bourgeois passés à Oxenfurt. Parfois même, il n'avait plus de f҉r҉è҉re҉ ..


Plic. Ploc. 


A force, il était tenté de croire que c'était le bruit de la perte de son propre sens.





Augh... Foutredieu, tu vas y arriver oui ?!



La mort l'ayant fait cénobite, les moult rétrospectives sur les jours envolés auraient pu lui faire songer que le désordre qu'il ressentait n'était pas contre-nature, mais qu'au contraire il était significatif de la vacuité de Vlodimir Von Everec. Toutefois, une image l'ancrait à qui il était. Le beau visage empourpré de malaise d'une rousse sublime. Oh il ne l'avait fréquenté qu'un soir et pourtant cette personne l'avait marquée au fer blanc. Shani n'était sûrement pas la femme de sa vie, que savait-il même de ses choses là ? Il avait vécu un quotidien de festoiements et ne s'était jamais préoccupé de ses vieux jours, autrefois convaincu de sa propre immortalité, comme le font les jeunes. Alors certes non, Shani n'était pas « la femme », cependant même le rustre qu'il était avait été troublé par la sincérité de cette donzelle. Quand on connaît la fugacité du temps qu'il nous est attribué à fouler la terre, on ne le perd pas à douter où à faire la fine bouche. Il suffit d'une personne qui compte. Et au fond de lui, Vlod se surprenait à espérer que ce fut elle. En cela, Shani avait compté. Son visage lui rappelait qui il était, ô combien ils étaient différents et donc comment il aimerait vivre sa vie si il se sortait de cet enfer.



Plic. Ploc.


Après un énième effort surérogatoire, il déchanta brutalement. A tel point qu'une partie de son ectoplasme mit quelques instants à recouvrer sa forme souhaitée. Partout autour de lui, il sentit le sang de son sang s'éveiller avec peine. Oui, ça arrivait. Il fallait savoir une chose sur la nature des fantômes :


S'ils étaient liés, plus le temps passait et plus il tendaient à n'être plus que l'ombre d'eux-mêmes. Ils devenaient partie intégrante du linon familial, tissé du fil éthéré de toutes les émotions partagées. En d'autres termes, ils se rappelaient un peu moins de qui ils étaient pour former un peu plus « la famille », la somme des souvenirs et légendes propre au clan. 


Et ils l'avaient tous sentis comme si l'ont avait versé la plus froide des douches dans leur vieux os vacants. C'était comparable au sentiment que l'on ressent lorsque l'on est loin de chez soi. Plus la distance est grande, plus le sentiment devient fort. Le sentiment de distance du nid est le plus fort qui puisse être. Ceux qui ne se sont jamais éloigné plus d'un monde de distance de leur foyer ne peuvent conceptualiser ce que les Von Everec ont éprouvés à cet instant d'un cœur commun. Car c'était le sentiment exact inverse. Le retour du fils prodigue, le bien aimé des fils du Nord.


Olgierd arrivait. Vlodimir ne su plus quoi faire de son émanation. Il sautait de joie un peu partout avec ses aînés. Si son frère était de retour, cela ne pouvait vouloir dire qu'une chose : qu'encore une fois il avait été le meilleur des grands frères et qu'il avait trouvé un moyen de le ressusciter, lui ! Cela ne pouvait être que ça, car cela faisait des lustres que le dernier des Von Everec n'était plus du genre à se receuillir. Vlodimir eut la sensation étrange que son sang disparu bondit dans ses veines. Il allait retrouver ses compagnons d'armes. Bientôt, il allait boire ! Il allait baiser! Il allait manger ! Il allait remercier en personne dans ses bras bien charnus Géralt ! Il allait revoir Shani !


Aaaah canaille, t'as toujours été le plus attentionné !
PNJ Claire
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MessageSujet: Re: Purple rose    Purple rose  ClockMer 26 Jan 2022 - 14:42




Les vivants aussi peuvent n’être que l’ombre d’eux même. C’était bien là ce que prouvait Olgier Von Everec et sa marche macabre jusqu’au caveau familial. Le crâne et le visage ensanglanté par ses propres accès de rage et de tristesse. Récupérer des sentiments après plus d’une vie en tant qu’Immortel sans remords ni aucune émotion était une véritable épreuve. L’espace de quelques instants, la noire pensée de la remise en question le traversa : est-ce qu’il avait fait le bon choix ? Ne méritait-il pas de crever, après-tout, comme le chien qu’il avait été de son vivant ? Le rouquin eut un rire mauvais, destiné à nul autre que lui-même, alors qu’il s’enfonçait dans le tombeau.

« Pauvre bougre que je suis… quel infâme idiot… » Marmonnait-il, les dents serrées, en colère contre son passé et ses réactions dénuées de toute considération pour autrui. « J’ai bafoué mon honneur… j’ai tout sacrifié…il n’y avait que ma petite personne… » Continuait-il, les poings tout aussi serrés et tremblants. « Comme si te lamenter allait changer ce que tu as fait, Olgierd… » Conclut-il en s’arrêtant un instant dans l’escalier, des larmes plein les yeux qu’il essuya d’un revers de la main rageusement.

Les fantômes ancestraux voyaient une sorte de cadavre maladroit se mouvoir jusqu’au centre de leur habitat. Tout du moins, l’on aurait pu croire à un revenant des marais qui s’était frayé un chemin jusqu’ici, au vue des mouvements incertains et tremblotants de celui qui faisait acte de présence en ce jour. Lorsqu’Olgierd Von Everec arriva enfin à destination, il tenta de se redresser pour ne pas faire pâle figure – mais il ressemblait à un vieil homme détroussé de la tête aux pieds, sans arme, sans gloire, sans vie, presque.

Il ne put rien dire, tétanisé par les spectres de ses aïeuls qui commençaient à s’accumuler dans la pièce, revigoré par sa venue semblait-il. Quelle image allait-il donner en ce jour maudit ? Il était leur successeur à tous. Le dernier pilier vivant de cette famille ô combien connue. Il devait assumer ses fautes, certes, mais il ne devait pas baisser pavillon.

Toutefois,

Lorsqu’il croisa le regard de Vlod – lui qui était si enjoué, à remuer de la queue comme un chien tout excité à l’annonce d’une sortie – un mal de crâne vint se jouer de lui. C’était comme si une lance venait de lui transpercer la boîte crânienne. Une arme venue appuyer sur ce qui faisait mal. « Regarde ce que tu as fait à ton frère pour tes piètres ambitions. » C’était ça que pointait l’embout de cet instrument de mort. Mais les remords sont pires encore que le trépas. Enfin, quand on estime qu’un décès nous apporte le repos éternel – pas cette mascarade dans laquelle sa famille entière est piégée.

« Mon frère… » Il murmura cela en un souffle. Souffrant et heureux à la fois d’avoir l’opportunité de le voir. « Fières et fiers Von Everec… » Dit-il ensuite en laissant son regard vagabonder entre les spectres de ses prédécesseurs. « Cela fait… une éternité. » Il avait du mal à articuler, sa gorge était nouée et son cœur battait la chamade. « Comment justifier le fait que je vous ai délaissé de la sorte… Je ne le peux pas. Chacun de vous sait ce qui m’est arrivé. » Poursuivait-il, remémorant à chacun son pacte avec Gaunter De Meuré.

« Aujourd’hui je suis un homme libre. Grâce à Geralt de Riv, le sorceleur de renommé. » Confiait-il, joignant ses mains dans son dos tout en frissonnant d’avance par ce qu’il allait révéler ensuite. « Le poids de ma culpabilité tombe en ce jour sur mes épaules, à présent que je suis de nouveau mortel. » Il leva le menton, digne, regardant dans les yeux un à un ses ancêtres. « J’ai déshonoré la famille Von Everec à cause de mes ambitions. J’ai même retiré le droit de vivre de mon propre frère, et aucunes excuses ne saurait me racheter. » Il se donnait un air impassible, mais dans le plus profond de ses prunelles se lisait un abysse mêlé de honte et de chagrin. « Je suis venu assumer mes fautes. Et je ne peux rien faire d’autre que de me présenter aujourd’hui face à vous. Je ne peux pas changer ce que j’ai fait. »

Un silence de mort s’était installé pendant qu’il monologuait. Olgierd prit une grande inspiration, le corps et le cœur enfermé dans une sensation d’effroi. C’est avec grand-peine qu’il tenait encore sur ses deux jambes, à vrai dire.

« Vlod, mon frère, tu es mort par ma faute. » Il finit sa phrase en s’étranglant avec sa propre salive. Il déglutit difficilement. « Je te demande pardon, mais dans le fond je ne suis digne d’être excusé par aucun de vous. » Ses yeux rencontrèrent le néant quelques secondes, et il se retint de s’écrouler comme le misérable qu’il était. « Je ne mérite que de partager votre tourment. Mon esprit s’en charge d’une part, et de l’autre… » Il s’arrêta quelques instants. Une envie de vomir le prit aux tripes, mais il luttait. La chaleur au creux de son gosier et de son estomac se faisait de plus en plus dense. « Je vais aller à la rencontre de ma femme, Iris Von Everec. Elle saura m’accueillir avec toute l’horreur que je lui ai fait subir de son vivant. »

C’était en quelque sorte une déclaration de pénitence qu’il exprimait là. Olgierd ne pouvait que tenter de se racheter, ou souffrir avec dignité pour tout ce qu’il avait fait. Iris était l’avatar de la Souffrance par sa faute. Il se savait incapable d’imaginer ne serait-ce qu’une once de la douleur que sa femme avait endurée. Cependant il devait clore ces chapitres de sa vie et voir ce qui l’attendrait : une nouvelle vie, ou un tourment éternel à la hauteur de ses exactions.

« Si par miracle Iris tient à me pardonner, je trouverais un moyen pour que vous puissiez à nouveau festoyer et parcourir le monde comme chaque Von Everec est destiné à le faire. »

Il n’expliqua pas comment il croyait cela possible, nonobstant il semblait sûr de lui. Olgierd Von Everec avait suffisamment étudié les arts occultes pour être au fait de certaines pratiques. Ils ne les condamnaient pas, bien que c’est aussi ce qui l’avait amené à sa damnation – mais par sa propre faute. Il avait employé cette magie à mauvais escient et il avait récolté ce qu’il méritait.

« Je redorerais le blason de notre famille, quoi qu’il m’en coûte ! » Hurla-t-il d’un coup, tapant du poing sur le socle qui reposait au milieu de la pièce. Son regard était celui d’un fou qui a déjà tout perdu. Le sang qui continuait de s’écouler de ses blessures ne se voyait qu’à peine sur sa tunique rougeoyante. Il enfouit ses ongles dans le marbre, prêt à les faire sauter sous le coup de la haine qu’il ressentait envers sa propre personne.

Ce qui le brisait le plus était l’expression de son regretté et aimé frère. Olgierd savait ce qu’il avait pensé en le sentant arrivé ici. Mais sa présence n’annonçait rien de bon. Pas de baise, de jeux à la taverne, de coucheries avec les donzelles et de nouveau corps pour Vlod. Il n’était là que pour recevoir le retour de bâton qu’il attendait.


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MessageSujet: Re: Purple rose    Purple rose  ClockLun 4 Juil 2022 - 2:01
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Esseulé mais entouré, le roux veule faisait tonner sa voix éraillée contre tous les murs de la crypte. Gueuler, ça on savait faire chez les Von Everec. Gueuler pour fêter, gueuler pour quereller, gueuler pour converser. Gueuler pour se faire entendre. Gueuler pour exister. Comme si cela allait changer quoi que ce soit maintenant. Comme si cela avait jamais pu changer quoi que ce soit. Comme s'il clamait ses vaines convictions assez fortes, elles allaient assourdir le fracas de ses échecs. C'était trop tard, Olgierd. Tes échecs t'écoutaient te démener, la morgue au visage, prisonnier de leur chambre funéraire. Ton défunt lignage assistait silencieusement à ta dernière folie. Oyez Olgierd von Everec ! Trop fier pour ne pas gaspiller ses derniers instants dans une envolée solennelle et rageuse !


Chose étrange que la famille quand on y pense. Des étrangers que trop souvent tout oppose, réunis par nécessité pécunière ou par peur d'arpenter seul le chemin de la vie. Et parce que cet ancêtre commun à cédé à ses bas instincts, ils sont tenus de rembourser éternellement la dette de leur confection. En feignant la cohésion, la reconnaissance, la complicité. En émulant l'amour entre inconnus. Jusqu'à ce que la mort les sépare. Bien sûr, en notre an de grâce, la vie est bien trop courte pour se soucier des tribulations du contrat familial. Mais voilà, il arrive parfois que des gens refusent de rester à leur place. Que des cafards prétendent à l'or du pontar. Et alors, parfois, quand les sphères s'alignent par un soir maudit, il arrive qu'un clan de moins que rien prétende à un prix bien trop grand pour son propre entendement. Et qu'est-ce qui se passe quand les cosaques déjouent la séparation entre la vie et la mort ? La mémoire perdure et le poids du sang, qui ne doit peser que le temps d'une vie, devient une geôle éternelle.


Et les étrangers demeurent inséparables. Alors, tout ce qui leur reste à faire c'est gueuler. Hurler, enrager à la face de la lune que le monde ne sera pas suffisant. Gueuler, ils allaient gueuler. Ils allaient lui dire, ils allaient le railler, ils allaient blâmer ses échecs. Ratibor, plus que tous les autres, aurait quelques commentaires vitupérants à émettre sur la façon qu'avait son successeur de mener la lignée. Ernest, s'il parvenait à se rappeler de qui il était, pourrais fulminer à l'idée qu'un Von Everec ait fait appel à un sorceleur. Katarina et Bohumil, dans le cas où l'esprit de l'un se dissocierait de l'autre, pesteraient à en perdre tout leur ectoplasme. Après tout, si tout le clan s'accordait sur la culpabilité de leur incapable de fillot, c'étaient bien eux qui avaient perdu un fils au détriment d'un autre ! Et puis... Il y avait Vlod'.   


Ce pauvre Vlodimir. Tout au long de la complainte de son frère il s'était pleinement incarné, ramené un cour instant au-delà du voile par un sourire radieux d'espérance. Un sourire comme on en voit que sur les visages d'enfants au retour de l'aîné de l'école. La félicité d'une promesse, celle de pouvoir quitter les tâches pour aller jouer dehors avec son frère. Hélas, son frère ne venait non seulement pas lui annoncer qu'ils n'allaient plus jouer, son frère venait lui dire qu'ils ne jouerais plus. Jamais. Et non content d'avoir rompu sa promesse, il l'embaumait aussitôt sous une autre. Oh gueuler, ça ils allaient le faire. Il fallait qu'il comprenne l'ampleur de la déception qu'il était. Il fallait qu'il sache tout le mal qu'il leur faisait. Il fallait qu'il entende qu'il avait été le mauvais frère rescapé. 


Une secousse parcouru le mausolée. Décidée à ne pas s'interrompre, elle mua pour un tremblement dévastateur qui fit basculer la chambre entière, de telle sorte qu'Olgierd avait les pieds là où aurait du être sa tête. Les couleurs palissaient pour embrasser la teinte morne des spectres entremêlés. C'était la rancœur qui les ancraient au tissu de la vie, et c'était leur rancœur qui allaient s'abattre sur l'un des leurs. Parce qu'il était de la famille. 











Mais ils n'en feraient rien.


De grâce, on à jamais vu un Von Everec aussi pleurnichard mon frère ! 


Parce que la lignée allait mourir avec Olgierd et avec elle, leur raison de rester dans les parages à maugréer sur les faits des vivants. Dès lors ils ne seraient plus que des ombres acides, prisonniers de leur médiocrité partagée. Vlod' le savait. Il l'avait toujours su. Le fier rouquin qui lui serait de frère avait toujours été derrière lui. Même dans la mort, il s'était débrouillé pour le combler. Le sourire qu'il avait eu à l'arrivée, n'était pas celui d'un frère qui compte sur l'autre.


Pourquoi es-tu seulement revenu voir tes croulants ? Regarde nous ! Crois-tu qu'il y à de l'honneur à entâcher ici-bas ? Il n'y à rien que nous pouvons faire sinon nous languir avidement de chaque jour supplémentaire que nous ne pouvons cueillir.


Les spectres se mirent à tournoyer autour des deux frères, penchés tout deux sur le brasero. Ils tendaient leur mains en grimaçant, laissant s'échapper de leur babine éthérées un mucus malodorant.



Les vivants ne devraient pas avoir de peine pour les morts. Regarde mon frère ! Regarde moi ! Contemple seulement une seconde notre folie ! Ma folie ! Incapable d'accepter mon propre trépas, j'ai passé les cent dernières lunes à sacrifier mes souvenirs, mon identité pour pouvoir ressentir. A attendre, attendre après ma chair qu'elle vienne encore une fois me sortir de mes pétrins ! 


Vlod' tendit ses mains vers son aîné pour lui laisser une tape sur l'épaule, comme ils avaient l'habitude le faire.


 Plic. Ploc. 


Evidemment... D'un renâclement nasal résigné,  il reprit en haussant le ton de plus belle :





Au diable notre blason ! Regarde-les ! Nos illustres ancêtres ! Admire le grand Ratibor, incapable de dissocier son spectre de celui de son fils ! Fuis cette famille de pourceaux ! C'est de leur faute si toi et ta douce n'avez pu courir campagne en jouvenceaux, dès le départ ! Alors vas-t'en. Vas t'en, toi qui le peut encore ! Il n'y a pas de mort digne, il n'y a jamais eu d'honneur de notre sang. Ton corps te lâche, parfois après avoir durement défendu ta peau, parfois avant même que tu viennes au monde. Mais la mort finit toujours pas frapper mon frère. Et il n'y a jamais de dignité là-dedans. Parce que dans la mort, tu pourras peut-être voir, marcher ou te torcher le cul mais c'est toujours une horreur. Tu ne pourras que contempler avec amertume les enjeux pathétiques qui t'animaient tant. On peut vivre dans la dignité, mais pas mourir. Et certainement pas l'apporter à des défunts. 


Peut-être en signe de résignation, tous disparurent. Sauf Vlod'. La pièce reprit peu à peu ses couleurs et son positionnement naturel. Sur le visage translucide de Vlod, Olgierd pouvait apercevoir sans mal une juste et franche colère.


Arrête de te torturer. C'est cette famille putride qui nous as toujours imposé de grandes quêtes alors que nous n'étions que des brigands endimanchés. Moi-même, j'ai été égoïste avec toi. Comme nous l'avons été avec nos parents. C'est l'apanage des vivants. Mais tu as fait ton devoir auprès de moi, plus qu'il n'en fallait mille fois. Et c'est pourquoi-


Le vacarme des morts s'interrompit. Le goutte-à-goutte infernal également. 











-H












-Hh












-Hhhhh












La rumeur d'une prise de souffle. D'une respiration. Emplie d'une confiance qui dénotait de tout ce que représentait le lieu.






Je ne te ferais pas l'affront de pourrir avec tes ancêtres. Conclut-il, en faisant mine d'enlacer son frère, son fameux sourire égrillard -à la limite du pervers- aux lèvres.


Vigor mortis, le souffle des morts. Il arrive parfois, qu'un fantôme renonce définitivement à sa permanence immortelle en infusant son essence dans un corps mortel. Le procédé, rarement observé et méconnu de la plupart des sphères du savoir du Nord, demeure incompris. De fait, ce rituel impie n'a aucun intérêt pour le défunt, puisqu'il ne s'agit en aucun cas d'une hantise. Pire encore, l'infusion, qui n'a pour effet que d'augmenter l'espérance de vie de la victime, détruit définitivement le fantôme. Sans que ce dernier ne puisse jamais connaître le repos. Son existence est tout bonnement supprimée de la mémoire des sphères.




Son histoire n'avait rien d'un drame. Il avait vécu, il était mort. Et maintenant il avait l'occasion de remercier sincèrement son frère dans les années à vivre qu'il avait regagné. Grâce à lui, grâce à Géralt. Il ne tenait plus qu'à Olgierd de faire ce qu'il avait à faire, sans craindre l'ombre pesante des Von Everec. Il pourrait vivre et conclure son idylleensemble mais seul.




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MessageSujet: Re: Purple rose    Purple rose  ClockMer 13 Juil 2022 - 22:16




L’écho de sa naïveté lui revenait, moqueur, alors que ses ancêtres déconfits n’étaient que les ombres de ce qu’ils avaient jadis été.

Olgierd demeurait le dos droit, le torse bombé, les mains jointes dans son dos. Il voulait garder ses œillères. Faire semblant de ne pas comprendre ce qu’il voyait. C’était insoutenable de tous les voir ici, ces abrutis d’ancêtres Von Everec, trop fier pour accepter la mort. Ils avaient préféré devenir des décérébrés atteint d’Alzheimer. Un outrage à leur propre gloire et à celle de la famille. Ils avaient l’air de vieux perdus dans les méandres du temps, à la recherche de quelque chose de primordial mais dont ils avaient oublié l’essence : ce qui faisait d’eux qui ils avaient été. Leur personnalité, leurs aspirations, leur passé.

Le grand frère se promit que jamais il ne refuserait la mort quand elle poindrait le bout de son nez. Oh ça non ! Même s’il ne voulait pas déshonorer davantage la famille il ne voulait pas non plus leur ressembler sur cette bêtise incontestable qu’ils avaient fait en devenant les fantômes -littéralement- d’eux même.

A la limite, bien que voir ses aînés de la sorte était embarrassant, il n’avait pas d’amour ou d’égard réel pour eux. Alors ce n’était rien d’autre que de la honte que le rouquin ressentait en les analysant chacun. Tous, sauf un. Son frère Vlod’ était bel et bien le seul qui avait de l’importance. Il l’aimait pour tous les autres de la famille dont il se contrefoutait. Son honneur le poussait à venir faire pénitence ici, à ce moment précis, auprès des siens, rien d’autre. Hormis Vlodimir, une fois encore, dont le visage éthéré lui faisait se remémorer tous les moments qu’ils avaient passés ensemble. Que de jours heureux. Et il décida de se focaliser sur toute la joie que lui inspirait son frère plutôt que le reste, plus sombre, plus lourd, et surtout un fardeau inutile de plus. La souffrance qu’il s’infligeait ne pouvait de toute évidence pas être plus pénible.

Enfin, c’est ce dont le sabreur se persuadait.

Les tremblements qui firent virer le mausolée et tout ce contenu dans le sens inverse manquèrent de le faire s’étouffer avec sa salive. Non seulement ses prédécesseurs n’avaient aucune répartie autre que de lui jeter des regards à la fois mauvais et désorienté et de lui souffler dans les narines leur parfum peu ragoûtant, mais en plus l’endroit lui-même semblait ne pas avoir suffisamment de jugeote pour lui apporter une quelconque réponse intelligible.

Heureusement que l’élu de la famille, son frère bien-aimé, réhaussait invariablement le niveau de cette plaisanterie.

En le raillant.

Olgierd baissa les yeux quelques secondes et un petit sourire gêné étira ses lèvres. Il se mit à rire à la réplique cinglante de Vlod’ à son égard. Ce n’était là que la vérité : sa complainte était ridicule. Il ne l’avait menée qu’au nom de cet honneur conservatiste stupide qu’il perpétuait tel ses défunts parents. Après tout, c’était bien eux qui les avaient bassinés toute leur jeunesse avec ça.

La seconde remarque de son cadet lui fit remettre en question plus profondément l’objet de sa présence ici. Et plutôt que de se triturer les méninges, il lui servit une réponse instinctive :

« Je l’ai fait pour respecter nos traditions. Je ne ressens rien pour les gredins qui nous servent d’ancêtres. Je n’ai d’amour qu’à ton égard. Alors mon geste n’a de l’importance que pour te dire que je ne t’oublie pas. Jamais, mon frère. »

L’inquiétant ballet des spectres autour du duo infernal renforçait l’atmosphère morbide du lieu. Olgierd ne se sentait nullement en danger, pour autant ce spectacle lui laissait un goût amer en bouche. Nul doute que c’était le genre de destinée funeste qui amusait Gaunter de Meuré que celui de ses aînés. Cette pensée lui fit maudire la conception même d’une telle idée.  

Lorsque son frère s’exprima à son tour, le cœur d’Olgierd se serra. De douleur, certes, mais de compréhension aussi. Il n’était pas aveugle. Il n’était pas inconscient de la condition affreuse dans laquelle son cadet se retrouvait à l’heure actuelle. Personne ne pourrait envier une telle « place » - si tant est que l’on puisse nommer cela ainsi – dans ce monde.

Son cœur se fissura lorsque la main de cet homme qu’il aimait tant ne pouvait saisir son épaule. Il lui adressa un sourire peiné relevant sa moustache en un étrange rictus. Il fit mine de mimer ce même geste à l’encontre de son frère pour ne pas le laisser seule dans la constatation ignoble qui leur faisait face, et pour lui faire comprendre que les sentiments étaient tout de même bien transmis. Ce rituel n’avait rien d’anodin entre eux. Le fait qu’il soit intangible ne pouvait rien y changer.

Si le dernier représentant des Von Everec se tenait inhabituellement si silencieux, c’était parce qu’il buvait la tirade de son semblable. Il analysait les moindres gestes de l’avatar de son regretté frère. Ses traits faciaux s’étirer et se brouiller, comme s’il était à deux doigts de disparaître à tout instant. Ses vêtements – il n’était guère étonner de le voir conserver sa tenue fétiche même dans la mort, et cela lui tira un sourire en coin – et ses petites manières bien à lui lorsqu’il s’exprimait qui, elles n’ont plus, ne s’étaient pas faite la malle. Pas encore, tout du moins.

Car, en effet, lorsque l’on regarde le grand Ratibor, on se dit qu’il vaut mieux accepter la mort et ne pas y résister. N’être plus qu’un fragment de soi, une « image » sans but… ne plus se souvenir… dissocier sa personnalité, l’oublier, ou la confondre… Mieux vaut-il ne plus rien ressentir du tout que de perdre son identité.

« Regardes-toi, Vlod. Tu es devenu plus sage que ton aîné. » Dit-il avec un sourire ironique et emprunt de mélancolie à la fois. « Ma seule famille, c’est toi  – et ça n’a toujours été que toi et moi.
Cette dignité dont tu parles s’est envolée lorsque je vous ai vendu, Iris et toi, pour gagner mon immortalité. Vous qui êtes les piliers de ma vie, je vous ai trahi. Je ne peux que tenter de me racheter.
» Olgierd croisa les bras d’un air déterminé. Il en avait fini de se lamenter à ce propos, il se devait de passer aux actes. « Je ne ferais pas l’erreur de rejeter la mort lorsqu’elle se présentera, soi-en certain. »

C’est alors que les autres spectres disparurent en un claquement de doigt. Olgierd leva un sourcil, interloqué et s’afféra à détailler les lieux comme s’il pouvait discerner quelque chose et comprendre ce qui se tramait.

Quand son attention se recentra sur son allié de toujours, il fut surpris de ressentir l’ampleur de son ressentiment à l’égard de leur famille. Vlod’ avait toujours été le bon gugusse, le joyeux luron, celui qui est toujours partant pour cavaler où qu’on l’emmène. Le voir dans un tel état était inattendu, mais certainement pas illogique.

Les moindres mots qu’il prononçait était véridique. Tout n’était que la stricte vérité. Ils avaient été élevés pour assouvir les fantasmes de leurs parents – alors qu’ils n’étaient que deux créatures curieuses et fêtardes qui n’attendaient rien du lendemain.

Et si Vlodimir estimait toujours avec autant d’amour Olgierd, alors il n’y avait rien d’autre à ajouter, car la réciproque était vraie.

Lorsque le balafré brun s’interrompit dans la continuité de son discours, le frère aîné cru que son état ectoplasmique lui imposait de prendre une pause, aussi il lui répondit sans hésiter ceci :

« C’est tout ce que j’avais besoin d’entendre, mon frère. »

Sa voix se voulait rassurante, réconfortante. Aujourd’hui, ils avaient échangé les rôles. L’aîné se faisait couver par le cadet. Vlodimir lui ouvrait la voie et Olgierd suivait.

Aussi, en conscientisant le fait qu’un sifflement aigu correspondant à celui d’une prise de souffle balayait présentement l’atmosphère, Olgierd compris la décision de son frère sans vouloir l’admettre. Il lui ouvrit ses bras bien volontiers pour mimer une accolade. Même s’il s’agissait de « faire semblant », aucun des deux ne le faisait, semblant. Tout leur cœur y était.

Les dernières volontés, les dernières paroles de Vlodimir le transpercèrent avec une violence dont il connaissait la teneur. Il avait transcendé sa condition. En réceptionnant l’essence de son frère dans son propre corps, il eut des flashs de leur passé commun les uns après les autres – mais du point de vue de son cadet, en ressentant ce que lui avait éprouvé.

Les larmes lui montèrent inévitablement aux yeux.

Mais il ne voulait pas transformer les derniers instants de celui qu’il estimait tant en quelque chose de dramatique – aussi il prit, à son tour, une grande inspiration. Les mains qui s’étaient rabattu contre son visage griffèrent ses arcades pour le forcer à ne pas perdre contenance, et à avancer, pardi ! Il le lui devait. Vlodimir avait tenu bon une décennie entière, dans cet endroit misérable, sans jamais lui en vouloir. C’était ça, l’amour. Et le dernier des Von Everec s’estimait être un chanceux élu que de l’avoir reçu.

Chancelant, il tâtonna les murs du tombeau familial à présent dénué de la moindre lumière – d’origine spectrale ou naturelle. Cette vitalité nouvelle insufflée par son frère lui donnait le courage d’affronter le « clou du spectacle » : sa femme, Iris.

Il longea la clôture de pierre à défraichie par le temps du domaine des Von Everec. Une partie de la façade s’était écroulée. C’était sans nul doute par-là que Geralt était entré.

Remettre les pieds chez lui, après ces temps immémoriaux… lui donnait l’impression qu’il n’avait plus rien à faire ici. Son instinct lui disait de se retourner et de partir. De croquer la nouvelle vie qui s’offrait à lui, cette deuxième chance inespérée et non mérité. La flore commençait doucement à se dégrader. Ses yeux retrouvaient instinctivement la place de chaque chose, même si le temps les avait fragilisés.

Sa surprise fut de courte durée en découvrant le cadavre du Gardien dans la cour intérieure. Cela faisait sens, entre le passage du sorceleur et le jardin qui commençait à se faner. Il resta statique, tel l’imbécile qu’il était, devant l’entrée de la vieille bâtisse qui lui avait servi de foyer autrefois.

Ce n’est pas tant qu’il craignait d’entrer – c’est qu’il ne se sentait pas digne de fouler ces lieux en l’absence de celle pour qui il avait commis toutes ses erreurs. Et ce n’était certainement pas de sa faute à elle : Olgierd était le seul responsable de ce cauchemar. Non seulement Iris n’était nullement l’auteur de cette situation, mais en plus c’était bel et bien sa fiancée qui en avait été victime, à l’instar de Vlod. De fait, la demeure familiale ne lui appartenait plus depuis longtemps. Il en avait fait le tombeau de sa défunte femme, et il aurait été immonde d’y pénétrer. Le guerrier l’avait condamné à une éternelle souffrance par ses seules décisions. Il lui avait ôté la vie. Comment pouvait-on décider du destin d’un autre comme s’il nous appartenait ? Cette prison dorée n’était rien d’autre qu’un cimetière.

Il prit son courage à deux mains et s’avança vers l’endroit où sa femme se tenait des heures, dans le jardin, pour peindre. Geralt avait visiblement creusé une tombe décente pour y placer les restes de sa femme. Il devait avoir cru, à juste titre, que son âme y était enfermée contre son gré, et qu’ainsi il la libérerait de ses chaînes. Mais l’histoire était bien plus tordue que cela, et le sorceleur l’avait découvert au fur et à mesure qu’il s’appropriait ce lieu maudit.

La majestueuse peinture que lui avait remise celui de l’école du Loup était la clé de cet invraisemblable récit. L’ancien maître des lieux déposa avec beaucoup de précautions l’œuvre sur le chevalet qui lui était destiné. Il se mit à la contempler, imaginant la gestuelle gracieuse et parfaite de son épouse durant le processus de réalisation d’un tel ouvrage.

A mesure qu’il admirait cette authentique perle en terme d’Art, il sentait qu’il était attiré par celui-ci comme vers un aimant. Une force irrésistible le tirait à lui, et alors qu’il sentit son corps se faire aspirer par l’ouvrage, un flash s’invita dans son esprit :










And Iris, ready to see her husband again...
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