Nouveaux repères [ PV Légion ]

Je n'ai aucun souvenir de ma vie antérieure. Je ne me rappelle de rien avant de devenir Légion, hormis pour mes regrets. Je n'ai jamais connu de père, de mère, de frère, ou de sœur. Je suis l'enveloppe d'un amalgame refusant désespérément la perte de vie. Et pourtant je comprends la souffrance de ce jeune homme. Privé à moult reprises de son père, harcelé par une mère croyant bien faire, et exposé à la mort bien trop de fois pour un développement mental sain. Et les seules activités de ce même père, durant ses quelques présences, furent des combats sans fin, perpétuels. Il ne pensais qu'à cela. À repousser ses limites, cherchant la puissance et poursuivant ce doux plaisir qu'il y avait à se battre contre des ennemis de plus en plus fort, au détriment de ses proches. La recherche de l'adrénaline, de cette sensation si puissante et si plaisante. L'état de danger, de survie, et de douleur intense mais dont on ne voulait pourtant pas se séparer. La tension des bras en direction du visage de l'adversaire, le contact des jointures avec le crâne, et le sang tachés sur les poings, avec la douce musique des cris de douleurs de l'ennemi... Non. Non, ce n'est pas une douce musique... Non...

Gohan semble soulagé de savoir que je le crois. Il y a toujours une joie à pouvoir être compris des autres... Savoir le futur sans pouvoir avertir les autres. La vérité de Cassandre... Un personnage de mythologie, une Nymphe poursuivie par Apollon et qui, comme cadeau d’amour, se vit offrir le pouvoir de voir dans le futur, avant de se faire maudir par ce dernier lorsqu’elle le rejeta, ce qui lui valut de ne jamais être crue dans ses prédictions. Ainsi perdit-elle sa famille, sachant comment ils mourraient, et ne pouvant rien faire, triste fatalité signature des Grecs. De son nom fut baptisé le phénomène de personnes délivrant des prédictions précises du futur, avant de n’être irrémédiablement pas écoutées par un monde basé sur les faits et preuves, avant que ce même monde ne souffre des événements narrés. Et le “fou” sera amené à prononcer : “Je vous l’avais dit.” J’en ai déjà vu, des phénomènes comme cela. Trop, à mon goût…

Le jeune homme, à présent assis à côté de moi, attrape le flacon et commence à boire. Les cernes sous ses yeux disparaissent, son souffle revient au repos, et ses nerfs tendus à cause de l’inquiétude ne le sont plus. Malheureusement, son bras ne s’en retrouve pas régénéré. Mais au moins, il ne souffrira plus de son membre fantôme. Je reprends mon flacon après qu’il m’ait remercié, et alors qu’il se relève, pensif, je regarde au loin. C’est un bel endroit que ce parc. Les couleurs sont répandues comme la peste au moyen-âge. Ce beau monde ne devrait pas être souillé.

Gohan se tourne alors vers moi, l’air résolu. Sa question m’est inattendue : Il désire se battre. Je dirais à haute voix que c’est dû à son sang Saiyan, si je n’étais pas étonné de ce soudain défi. Je bois un coup de mon flacon avant de laisser s’échapper un petit rire. C’était soudain. Je ne pouvais que difficilement m’en empêcher. Me levant, je fais quelque pas m’éloignant de lui. Un combat... cela fait longtemps que je ne me suis pas battu amicalement, avec un adversaire fort. Mes poursuites des ordures infestant ce système solaire prenait la majorité de mon temps, et rares étaient les moments où je pouvais à nouveau sentir mes poings se faire érafler par le frottement rapide de mes doigts sur le visage d'un autre. Je sors ma dague de ma ceinture, et mon épée longue de mon dos, et les laisse tomber sur le sol, avant de prendre une grande respiration. Si il voulait un combat, il allait en avoir un. Mais je ne devais pas le tuer. Je devais éviter de le blesser. Trancher un ami en deux pouvait être malencontreux.

Je me retourne face à l'homme aux vêtements déchirés, sans dire un mot. Une vague de flamme traverse les environs, ne détruisant rien, faisant uniquement peur aux passants. Ils n'allaient pas être blessés. Nous étions au centre de ce terrain de combat improvisé, entourés d'arbres et de plantes. Tout être vivant venait d'être effrayés. On entend des cris, de la peur, puis rapidement, plus rien. Le parc allait être fermé pendant deux jours pour le spectacle son et lumière auquel ils venaient d'assister. Mais ce n'était pas grave.

"Si tu désires te battre contre moi, je ne t'en empêcherais pas. Mais tu dois savoir deux choses : Nous ne devons pas détruire cet endroit, et tu es en droit de demander l'arrêt à n'importe quel moment."

Après avoir bu une dernière gorgée de mon flacon, je le jette en arrière. Il réapparaîtra à ma ceinture quand j'en aurais besoin. Droit, les bras le long du corps, j'attends son assaut.

"Je tâcherais de ne pas m'emporter."

[Oui, post court, mais je ne sais pas initier les combats .]