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 La fuite [abandonnée]

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Stanley O.
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Terrien
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MessageSujet: La fuite [abandonnée]   La fuite [abandonnée] ClockMer 11 Sep 2013 - 17:21
LA FUITE



Chapitre final
Le dernier acte d'un homme

J'ai couru. J'ai couru jusqu'à être hors d'haleine. Jusqu'à ce que mon cœur explose dans ma cage thoracique. J'ai couru jusqu'à crier de douleur. J'ai couru jusqu'à pleurer. Jusqu'à y voir trouble. J'ai couru. Couru. Couru jusqu'à ce que mes jambes se dérobent sous mes pieds. Tombant, brisant mes lunettes. Trop fatigué pour bouger. J'essaye encore d'avancer à la force de mes bras. Je les entends arriver au loin. Loin, très loin. Mais si je peux les entendre, c'est qu'ils sont trop près. J'avance tant bien que mal. Le goudron m'arrache la peau du visage. Mais j'avance. J'ai mal à l’œil. Pas le temps de vérifier, mais je le fais quand même. Je retire le morceau de verre de mes lunettes qui s'est coincé dans mon globe oculaire. J'ai toujours mal. Mais j'avance. Dans le noir, j'avance. Ils ne m'auront pas. Pas comme ça. Pas rampant comme un serpent. Être tentateur et perfide. Non. Ils ne doivent pas m'avoir comme ça. Il faut que mes derniers instants soient ceux d'un homme. Pas d'une créature qui n'a plus la force de se mouvoir correctement. Mais j'évite de penser qu'ils vont m'avoir. Je peux encore leur échapper. Je dois leur échapper. Le goudron m'arrache la peau des coudes. Mais j'avance. Je sens la douleur parcourir mon corps. Voilà où j'en suis. Misérable et pathétique être humain. Misérable. Pathétique. Ils se rapprochent. Ils ont des voitures. J'ai mes avant-bras, plus de dignité et une volonté chancelante. Mais je leur échapperais. Je suis trop malin. Trop malin... Tellement malin que je suis là, à ramper pour espérer fuir. Non. Ne pas fuir. S'échapper. Je n'ai jamais fuis. Je ne fuirais jamais. La fuite n'est pas pour moi. Je ne suis pas un lâche. Je m'arrête. Je n'avance plus. Ils sont là, leurs voitures, leurs sirènes, leurs pistolets, leurs menottes, leurs idéaux, leurs uniformes, leurs vies. Ils sont là. Devant, et derrière. Je ne peux plus m'échapper. Je ne veux pas fuir. Ils sortent de leurs véhicules et braquent leurs armes sur moi. "Restez où vous êtes !" me crachent-ils au visage. Rester où je suis ? Non ! Je suis un être humain, pas un chien malade attendant d'être abattu. Je ne mérite pas de mourir de cette manière. Pas par ces gens là. Je pose mes mains au sol. Et je force. Je dois me lever. Je le dois. Mes jambes me lancent. Je vois mes veines parcourir mon corps. J'entends mon cœur qui veut s'extirper de mon torse. Je sens mes poumons, déchirés par l'effort. Je suis assis. Je n'irais pas plus loin. Je regarde vers le bas. Je me suis pissé dessus. Je pleure. Suis-je donc si pathétique ? Si horrible à voir ? "Ne bougez plus !" s'égosillent-ils en vain. Je me penche pour vomir. J'ai mal. Pourquoi ne bougent-ils pas ? Pourquoi restent-ils derrière leurs véhicules. Auraient-ils peur de moi ? Non. Ils ont juste peur que je fasse des conneries avec le pistolet dans ma main.

Ce putain de flingue. Un Beretta 92FS en inox. Fabrication italienne. 15 balles 9 x 19mm Parabellum dans le chargeur, une dans le canon. Environ un kilogramme. Un kilogramme, et je l'avais oublié. Oublié, dans ma main. Je ne m'y connais pas en arme, mais je me renseigne avant d'acheter. Je me souviens. Parabellum. "Pour la guerre" en latin. Je crois. Je ne suis pas là pour la guerre. Je ne dois pas abandonner. Je dois me relever. J'appuie le canon du pistolet au sol. J'appuie ma main au sol. J'appuie mes genoux au sol. Je pousse de toutes mes forces. Je tousse. Je crache. Je pleure. Ils me regardent de haut. Même debout, je ne suis pas un humain à leurs yeux. Je ne suis plus un humain. Je n'ai pas envie de voir leurs visages. Ils me font peur. Les aléas des gyrophares m'éblouissent. Je fais une baisse de tension, tombe en arrière et me fracasse le crâne contre le sol. Je sens le sang couler, chaud, liquide. La tête est l'un des derniers endroits à être irrigués en cas de mort proche. C'est pour ça qu'il y en a autant. Une flaque autour de moi. Je me remets à pleurer. Non pas de fatigue mais bel et bien de tristesse. Un immense chagrin emplit mon corps. Ils ont raison de me regarder comme si je leur étais inférieur. Je le suis. En cet instant, je suis plus bas qu'eux. Mais l'être inférieur se doit de s'élever au rang de l'élite. Sinon, il n'est même pas qu'en-dessous des autres, il est en-dessous de tout. Il ne mérite même pas la vie. Alors, je me relève. Me tenant le plus droit possible. Le sang coulant lentement sur mes épaules. Mes sens se perdent. Je n'arrive plus à sentir mes extrémités. J'ai froid. "Posez votre arme !" postillonnent-ils. Non, je refuse. Ils ne doivent pas m'avoir. Je colle le pistolet contre ma tempe. Il est froid. Plus froid que moi. La balle est déjà dans le canon, pas besoin de l'armer. "Ne faites pas ça !" chantent-ils. Aux prémices de la mort, tout devient plus merveilleux et ont devient soi-même plus lucide. Je ferme les yeux.

Non ! Je ne ferais pas ça. Je ne mourrais pas comme ça. Je mourrais debout, comme un homme, mais pas de ma main. Ce serait lâche. Ce serait fuir. Et je ne fuirais jamais. Jamais. "JAMAIS ! Vous m'entendez !" Je les braque. Je pointe de mon arme ces êtres si supérieurs, ces fonctionnaires de l'état. Je pointe de mon arme mes calvaires, mes ennuis. Je pointe de mon arme mon passé, mon futur, et surtout, mon présent. Si je tire, ils devront tirer. Ils le doivent. C'est leur devoir. Et c'est le mien aussi. J'ai oublié la douleur. Ma main vacille, elle n'est plus apte à viser correctement. "BAISSEZ votre arme !" roucoulent-ils. Tout est plus beau. Tout est plus merveilleux. Je tire. Ce sera le dernier acte d'un homme. Une fois. Deux fois. Trois fois. Ils me touchent. Une fois. Deux fois. Je m'effondre. Mais je suis heureux, je n'ai pas fuis, j'ai gagné. Ils ont perdu. L'espace d'un instant, eux, qui se croyaient si supérieur à moi, l'espace d'un instant, ils se sont rabaissés à mon niveau. L'espace d'un instant.

"Et c'est donc ainsi que vous êtes... Mort ?
-Oui.
-Vous pouvez partir.
-Merci.
-Au revoir monsieur.
-Au revoir Dieu."


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MessageSujet: Re: La fuite [abandonnée]   La fuite [abandonnée] ClockVen 13 Sep 2013 - 22:36
(et bim la grosse baffe. Mon cœur a du accélérer pour se mettre au rythme de ma lecture, j'en suis le souffle coupé. -Ou alors je suis stone...- En tout cas mon commentaire pour te dire bravo, j'ai l'impression qu'il pourrit le topic tellement ton post est beau. )


La fuite [abandonnée] Tytoon11
crédit artwork @Getsu (merci!)

Awards: Perso le plus romantique 2019, Perso le plus fort 2016, Perso le plus malchanceux 2015, Perso le plus maso 2015

Équipement: émetteur (AM), lunettes de soleil, vaisseau 5p, naginata, dragonball 2 étoiles, capsule maison avec salle de gravité, 1 puissant poison hallucinogène (valeur 200z), dague de Kanasa (290z).

Capacités spéciales (ange):
--> Vous pouvez sauver un camarade dans un combat en le téléportant en dehors (sauf si porteur d'une dragonball).
--> Vous pouvez soigner vos camarades en dehors des combats.
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MessageSujet: Re: La fuite [abandonnée]   La fuite [abandonnée] ClockSam 28 Sep 2013 - 0:37
Premier chapitre
La norme
La folie ne s'empare que des gens sains d'esprit.
- Annick Moisan

Pour la plupart des gens, "être normal", et plus largement la normalité, n'existe pas. C'est faux. Selon moi du moins. La normalité est définie par la majorité. Prenons l'exemple d'une meute de loups. Dans cette meute, il y a dix loups gris, et un loup blanc. Lequel de ces onze loups est différent ? Lequel n'est donc pas normal ? La normalité est définie par la majorité.
Aujourd'hui, je me lève, j'embrasse ma femme, je descends, je prépare le petit-déjeuner, je réveille mes deux filles, on mange tous les quatre. J'aime ce genre d'instant. Ces instants normaux, d'une matinée normale, d'une journée normale, d'une semaine normale, d'un mois normal, d'une année normale, d'une vie normale. Je vais au travail. Normal. Je suis à l'heure. Encore normal. Je salue mes collègues. Toujours normal. Tout semble si normal. Tout semble si parfait. Si bien que tout cela, la vie, en devient fausse. Irréelle. Comme vivre à travers un filtre. Comme vivre en tant que spectateur. Comme ne pas vivre. Comme vivre dans un rêve. Et chaque jour, on se réveille, on oublie ce dont on a rêvé, et on recommence un nouveau rêve. Une nouvelle vie, un nouvel instant. On croit pouvoir sortir du lot. Surtout quand on est jeune. On croit pouvoir échapper à une vie normale. C'est possible, mais rare. Notamment parce que notre instinct de survie sait que pour s'en sortir, le mieux est de se camoufler. De disparaître dans le paysage. Et ici, le paysage, c'est la masse de gens. On préfère devenir normal pour être protégé des "dangers" de la vie. Seul les plus courageux sont capables de se démarquer. Je pense trop je crois. Ça m'empêche de dormir. 03:24. Il est tard. Tôt du moins. Je sors allumer ma cigarette, ma douce tentatrice, mon tube à cancer, ma chaude maîtresse. C'est mal. Fumer tue. Vivre tue. Pourquoi fumer ? Par peur et lâcheté sans doute. Peur de ne pas rentrer dans le lot et lâcheté d'affronter la mort en face. La cigarette est une forme de suicide. C'est ça. La cigarette est le suicide du lâche. Je n'ai pas peur de mourir. Plus depuis mon adolescence. J'aimerais bien mourir vieux et en mauvaise santé. Je tire sur ma cigarette, et je regarde les étoiles. Ça me rappelle Walt Whitman:
When I heard the learn'd astronomer,
When the proofs, the figures, were ranged in columns before me,
When I was shown the charts and diagrams, to add, divide, and measure them,
When I sitting heard the astronomer where he lectured with much applause in the lecture-room,
How soon unaccountable I became tired and sick,
Till rising and gliding out I wander'd off by myself,
In the mystical moist night-air, and from time to time,
Look'd up in perfect silence at the stars.


Quelle connerie la poésie. J'ai passé trop de temps à l'étudier. Je finis ma cigarette, remonte me coucher, et fais semblant de dormir jusqu'au matin. Rentrer dans le lot. Je suis avec ma femme depuis plusieurs années, et elle ne sait toujours pas que je suis insomniaque. Le camouflage est parfait. La vie est normale. Il me suffit d'attendre le matin. Ma vie est normale. Même si cela consiste à répéter en boucle mes actes. Vie normale. Aujourd'hui, je me lève, j'embrasse ma femme, je descends, je prépare le petit-déjeuner, je réveille mes deux filles, on mange tous les quatre. J'aime ce genre d'instant. Ces instants normaux, d'une matinée normale, d'une journée normale, d'une semaine normale, d'un mois normal, d'une année normale, d'une vie normale. Je vais au travail. Normal. Je suis à l'heure. Encore normal. Je salue mes collègues. Toujours normal. Tout semble si normal. Tout semble si parfait. Si bien que tout cela, la vie, en devient fausse. Irréelle. Comme vivre à travers un filtre. Comme vivre en tant que spectateur. Comme ne pas vivre. Comme vivre dans un rêve. Et chaque jour, on se réveille, on oublie ce dont on a rêvé, et on recommence un nouveau rêve. Je suis las de ce cycle infini de la vie. Infini à mon échelle. Je suis las, mais je continue de jouer le jeu. Je suis las d'assister impuissant à la fuite de ma vie. Je réfléchis. Je pense. J'aime ça, la réflexion. Ça me permet de tenir debout et de survivre à chaque nouvelle journée qui démarre. Cogito ergo sum, comme disait l'autre. Je rentre tous les jours à la même heure. Tous les jours, en rentrant, je vois le visage souriant de ma femme. Un sourire sincère. Du moins je pense. Soudain, une révélation, et si je n'étais pas le seul à jouer la comédie. Je rentre, je la vois souriante.

"Pourquoi souris-tu ?
- Je suis heureuse.
- Tu ne joue pas la comédie ?
- Non."

Ou elle ment très bien, ou c'est la vérité. Mais je ne me sens plus aussi seul, j'ai la conviction que d'autres personnes jouent, se créent des émotions qu'elles n'ont pas. Qu'elles ont oubliés. Oublier des sentiments. Il est plus simple de passer pour quelqu'un de normal quand on a soi-même conscience qu'on ne l'est pas tout à fait. Et le rêve de la plupart des gens différents et de rentrer dans le rang. Il sera dur de distinguer les anormaux du reste. Nous cherchons tous l'accès à ce qui nous est inaccessible. La normalité. Pour la plupart des gens la normalité, n'existe pas. C'est faux. La normalité est définie par la majorité. Lequel de ces onze loups n'est pas normal ?
A nouveau, c'est le matin. Réveil parfait, d'une journée parfaite, d'une vie parfaite. La normalité, la norme, synonyme de perfection.


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MessageSujet: Re: La fuite [abandonnée]   La fuite [abandonnée] ClockLun 28 Oct 2013 - 19:07
Chapitre II
La dispute


"J'aimerais juste, que tu me dise ce que tu penses. Je suis mariée à toi, et je ne te connais pas."

Soudain, tout ce petit monde si parfait que j'avais construit s'envola. Comme balayé par le souffle du vent. Elle ne supportait plus. Elle, la constante de ma vie, le référentiel, elle ne pouvait pas me faire ça. Comment survivrais-je ?
Que dois-je faire ? M’excuser ? Pleurer ? Tout lui expliquer ? Fuir ? Je ne sais pas. Je suis perdu. Qu'est-ce que je peux bien faire ? Je ne suis pas apte à choisir, à me décider. Je suis perdu. Quoi ? Comment ? Je veux mourir, je veux disparaître. Je suis le sentiment de panique de Jack. Je n'ai jamais eu l'impression de contrôler ma vie. Je ne sais pas comment réagir quand on me pose un problème. Je me sens désemparé. Je ferme les yeux du plus fort que je peux. J'espère qu'en les rouvrant, tout aura disparu. Que tout disparaisse. Que tout sois passé. J'aimerais tant. J'aimerais... J'ouvre mes yeux. Elle pleure. Je me décompose. Encore une fois, je me demande quoi faire.
Mon corps agit sans que j'en donne l'ordre. Je la prends dans mes bras.

"Pardonne-moi. Je... Je t'expliquerais tout... Un jour..."

Pendant un moment, tout a disparu. Les soucis, les embrouilles. Tout. Je suis bien. Puis, elle me repousse. Elle me repousse de ses fragiles bras.

"Non. Pas un jour. Aujourd'hui ! Maintenant, tout de suite. J'en ai assez. J'ai l'impression de vivre avec un inconnu. Un inconnu à qui j'ai dit oui. Un putain d'inconnu qui est le père de mes deux filles. Qui es-tu à la fin ?
- Désolé.
- Qui es-tu bordel ?
- Je... Je ne sais pas."

Elle fronce les sourcils. Elle hurle. Elle prononce des mots que mon esprit n'a plus la force d'essayer de comprendre. Je laisse son flux de haine glisser sur mon âme, priant pour que tout cela cesse vite. Quand on me crie dessus, je laisse partir mon esprit, ma pensée. Je le laisse prendre la fuite. Ça a tendance à énerver encore plus, mais de mon côté, ça m'empêche de ressentir le mal que l'on me crache dessus. C'est égoïste, mais c'est comme ça. Rien ne peut me sortir de cet état. Elle me gifle. Je suis sorti de cet état. J'entends à nouveau ce qu'elle me dit. Je ne sens pas la haine monter en moi. Je n'exprime pas d'émotions. J'aimerais tant pourtant. Je suis distant de ce qui m'entoure. Je suis distant car je ne supporte pas la réalité. Je la comprends, mais je n'y comprends rien.
A nouveau, je suis perdu dans mes pensées, tandis qu'elle me crie dessus.
Bien sûr je connais les raisons qui me distancient de ce monde. De cette réalité. Je me plaît à penser que chaque être humain (et les êtres vivants par extension) voit la réalité à sa façon. Ainsi, personne ne verrait un arbre de la même manière. Cette affabulation expliquerait la variation des goûts d'un individu à un autre.

"Sors de ma vie."

A nouveau, tout ce petit monde si parfait que j'avais construit s'envola. Comme balayé par le souffle du vent. J'en ai des frissons. D'horribles frissons. Des larmes coulent sur mon visage. De mes yeux, jusqu'à mes lèvres. Je ne suis pas triste, je ne crois pas. Mais mon corps m'indique le contraire. J'aimerais comprendre. J'aimerais que ça cesse. J'aimerais...
Tout est de sa faute. Pourquoi ne m'accepte-t-elle pas ? C'est ma différence qui l'a séduite et c'est cette même différence qui l'agace aujourd'hui.

"Je suis vraiment désolé... Laisse-moi juste le temps de me préparer, et je te promets de partir. Laisse-moi juste un peu de temps..."

Il faut du temps pour se rétablir. J'étais entouré d'un espace stable. Il vient de partir. Envolé. Aujourd'hui, ma vie est finie. Une nouvelle, pire encore débute. Je meurs et je renais sans cesse. Sans cesse, et sans cesser de souffrir. Je devrais tout réapprendre. Vivre, être heureux, réfléchir, agir. Tout recommencer. Je repart à zéro, et ça me blesse. J'éprouve donc peut-être des sentiments. Tout ce petit monde si parfait que j'avais construit s'envola. Comme balayé par le souffle du vent et celui-ci m'emporte au loin. Comme le courant m'emporterait loin du rivage. J'aimerais tant disparaître. J'aimerais tout oublier. J'aimerais devenir tellement idiot, que tout m'apparaîtrait simple et facile. J'aimerais...


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MessageSujet: Re: La fuite [abandonnée]   La fuite [abandonnée] ClockMer 30 Oct 2013 - 21:12
3e chappytre
Cette distance insomniaque...


Je me sentais tomber. Un trou sans fond se profilait devant moi. Je tombais. A l’infini. Je n’allais pas mourir en atterrissant, je n’atterrirais pas. Même quand on pense avoir touché le fond, il ne faut pas oublier que les méandres de la vie peuvent vous ramener plus bas encore. Vous emmener plus bas, sans pour autant vous tuer. Juste vous laissez le temps de réfléchir, de cogiter, de penser. La réflexion est telle n’importe lequel de ces paradis artificiels. Un petit peu de temps à autre et vous vous sentez euphorique, joyeux, amoureux. Abusez-en et vous aurez la sensation d’être tué à petit feu.
La vie, c’est la main qui tient le pistolet collé contre votre tempe. Et plus vous avancez plus vous vous apercevez que c’est votre main, qui le tient. Vous pensez résister, mais votre corps et votre esprit fatiguent. Ils en ont assez. Ils sont à bout, ils voudraient tout lâcher. Ils voudraient prendre la fuite. Alors, ils comprennent que la plus simple de toutes les solutions, est d’appuyer sur la gâchette, répandre son cerveau dans cette pièce vide de l’âme. Etre libéré. Ils le font. Certains tiennent plus d’un siècle, d’autre ne viennent même pas au monde. Mais ils sont tous responsable de leur mort. Ça me rappelle que certaines personnes, ayant finies de se battre contre l’autisme, ont déclaré qu’elles le sont devenues, autistes, car elles ne voulaient pas venir au monde.
Et je me vois, assis dans une salle vide, éclairée d’une seule ampoule nu, au-dessus de l’unique chaise, chaise sur laquelle je suis assis. Et de ma main gauche, je pointe le Beretta 92FS dans la direction de mon cerveau, passant par la voie orale.
J’ai toujours cru que jamais plus je ne finirais triste. Je m’étais crée une distance de tout. Je devrais plutôt dire que cette distance s’est imposée à moi. L’insomnie vous donne cette impression. Comme le disais Chuck Palahniuk dans son bouquin: « Voici ce qu’il en est de l’insomnie. Tout est tellement lointain, copie de copie de copie. Cette distance insomniaque de toutes choses, on ne peut rien toucher et rien ne vous touche. » Livre parfait, définition parfaite. Même si tout ceci peut sembler irréel, c’est pourtant ce qui se passe dans la tête de quelqu’un souffrant de cette maladie. Et j’appelle bien cela une maladie. Elle vous ronge, vous détruit psychologiquement et physiquement. Elle vous transforme en sous-homme. Vous ressemblez à un être humain, vous parlez et vous vous mouvez comme lui, mais au fond, vous êtes mort, vous n’existez plus. Votre pensée est émiettée, vous rêveriez que cela s’arrête, mais jamais, quoique vous fassiez, vous ne pourrez vous tirer de là. Plus le temps passe, plus vous vous y faites.
Vous n’apprenez pas à vivre. Vous n’apprenez pas à survivre. Vous apprenez à subir. Chaque actes que vous faites vous semble une malédiction. Et chaque jour, en boucle, vous vous répétez. Une autre citation me vient à l’esprit, d’Albert Einstein cette fois-ci: « La folie, c’est se comporter de la même manière et s’attendre à un résultat différent. »
La sensation de chute se rappelle à moi. Tomber et ne pas voir le fond. Une horrible torture, vous savez qu’à tout moment vous pouvez mourir, mais vous ne savez pas quand. Horrible torture. Mes pensées se perdent, s’égarent face à cette immensité obscure qui se présente sous moi. A force, on prend l’habitude de chuter, on devient insouciant. On s’ennuie, on accélère la chute. Puis voyant que l’on est descendu trop bas, on fait tout son possible pour essayer de remonter ou encore pour amortir l’atterrissage. Mais la vérité est là. Un jour où l’autre, on touche réellement le fond. Qui que l’on soit. On atterrit. On meurt.


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MessageSujet: Re: La fuite [abandonnée]   La fuite [abandonnée] ClockSam 2 Nov 2013 - 0:30
Interlude 1
and all the children are insane
- Jim Morrison


D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours été insomniaque.
J’ai dix ans. Environ. Je crois. Je suis dans la cour ; seul. Les autres viennent me voir et me propose de jouer avec eux. Je fais non de la tête. Je retourne à mon occupation. J’observe longuement une fourmi perdue. Elle avance sans chercher à savoir où elle va. Les fourmis sont presque aveugles. Elles se repèrent à l’aide de l’odeur qu’elles laissent. Ainsi, elles prennent toutes le même chemin, le chemin qu’a tracé la première fourmi. Et celle-ci est hors de tout ça. S’est-elle perdue ? Ou alors pense-t-elle différemment ? Un électron libre, le chaînon manquant. La sonnerie retentit. Une fois dans la classe, tous assis, la maîtresse nous demande de dessiner. Pas de contrainte juste un dessin libre. Chacun étale son esprit malade sur une feuille de papier A4. Le cours se finit et je dépose mon dessin au milieu de la pile de travaux rendus. Le lendemain matin l’institutrice m’a demandé si c’était mes parents qui venaient me chercher, je répondis par l’affirmatif. Elle me demanda alors si elle pouvait s’entretenir avec eux, je me mis à la regarder et je lui dis: "Vous n’avez pas besoin de ma permission pour voir mes parents.". Ça la fit rire. A l’époque je n’avais pas compris pourquoi, j’ai donc supposé qu’elle se moquait de moi. A la fin de la journée, elle appela mon père au portail pour lui demander s’ils pouvaient se voir lui, ma mère et moi. Mon père lui dit qu’ils pouvaient se voir de suite, ma mère étant dans la voiture. On se dirigea alors tous les quatre en direction de la salle de classe qui faisait office de bureau.

"Asseyez-vous. Voilà, hier j’ai demandé à la classe de faire un dessin libre sur papier blanc.
- Et ? Il a dessiné quoi pour que vous nous convoquiez ?
- Justement."

Elle tendit la feuille, mon père la regarda, ma mère aussi. Tous fronçaient les sourcils d’incompréhension. Je pris la feuille, la retourna et mis mon prénom au dos.

"Désolé, j’avais oublié.
- Vous voyez le problème ? Il n’y a pas de dessin, c’est une feuille blanche.
- Et ? Le vide est aussi une forme d’art non ?
- Qu’as-tu voulu représenter en ne faisant rien ?
- Je ne sais pas. J’ai cherché au fond de moi l’inspiration et voilà ce qui est sorti.
- Mais il n’y a rien !
- Moi je vois plein de chose. "

Mes parents semblaient sourire légèrement et la maîtresse était frustrée. On aurait dit qu’ils se moquaient du fait qu’elle s’inquiétait pour rien. Après tout, je ne suis qu’un enfant. Il est normal d’avoir sa propre logique à cet âge.

"Je vais vous conseiller un psychologue.
- Je n’en vois pas l’utilité, mais pourquoi pas. Il est remboursé au moins ?
- Oui, ne vous en fait pas.
- Pendant que vous êtes là, je voulais aussi vous…"

A partir de là, c’est le trou noir. Si je me rappelle bien, je me suis endormi à ce moment. En me réveillant j’étais à la maison, dans mon lit. Cette merveilleuse science du sommeil. On s’endort, et on se réveil à un autre endroit et à une autre époque. Le sommeil, la plus vieille machine spatio-temporelle.
La semaine suivante, c’était les vacances. On est allé chez le psychologue. Il m’a posé des questions. Il a posé des questions à mes parents. Il a fait sortir mes parents puis il m’a demandé de jouer avec ce que je pouvais trouver. Il y avait des figurines, des voitures, des maisons, des soldats. Je regardais tout ça et je lui demandais si j’étais obligé de jouer. Il me dit que non. Il me proposa de regarder la télévision. Je lui dis que non. Il me demanda alors ce que je voulais faire. Je vais à la fenêtre et je l’ouvre. J’observe alors les nuages. Pendant plusieurs minutes. Quand je revins à son bureau, il avait griffonné des notes sur ses papiers. Il me regarde et me pose à nouveau des questions:

"Pourquoi es-tu là ?
- Je crois que la maîtresse n’a vraiment pas aimé mon dessin.
- Est-ce ce dessin ? Que tes parents ont apporté ? La feuille vierge ?
- Oui.
- Pourquoi as-tu dessiné ceci ?
- Je ne sais pas.
- Il représente quoi pour toi ?
- Je ne sais pas. Je dirais tout et rien.
- D’accord, et dans ce cas, est-ce…"

A nouveau, je m’endors. Je me réveil dans la voiture. Mes parents ne s’en rendent pas compte. Je fais semblant de dormir. Quand on est arrivé à la maison, me pensant endormi, ils m’ont ramené jusque dans mon lit. Je ne me sentais pas fatiguée, et quand la nuit fut noire, je me suis levé et à nouveau, à la fenêtre, j’ai observé le ciel, les étoiles. Je ne comprenais pas comment l’univers marche, donc je le comprenais parfaitement. L’ignorance est la seule voie vers le bonheur, car l’ignorance amène l’insouciance.
Je descendis l’escalier pour aller dehors afin de mieux voir le silence. Tandis que j’entendais la beauté du ciel, une idée traversa l’esprit qui était le mien. Si je me déplace, la nuit ne tombera jamais. Alors je pars du jardin et j’avance dans la direction du soleil couchant. Je marche toute la nuit. Mais je ne marche pas assez vite, le jour a vite fait de me rattraper. Alors, je cours pour rattraper la Lune et ses merveilles.
Soudain, je suis arrêté, un homme en uniforme me prend par le bras et me hurle:

"C’est bon ! Je l’ai trouvé !
- Pas besoin de parler si fort, je sais que tu m’as trouvé…
- Haha ! Non, je ne te parlais pas !
- A qui alors ?"

Il me montre du doigt une voiture autour de laquelle est réuni un groupe de personnes aux mêmes habits. Tous des policiers.

"Vous savez, je ne fais pas partie de votre groupe.
- Comment ?
- Bah, je suis plus petit et je ne suis pas habillé pareil…
- Oui, et bien ?
- Et bien, je ne jouais pas à cache-cache avec vous."

A nouveau, il rit. J’en avais marre de voir tous ces adultes se moquer de moi.
Il me fit monter en voiture et voyant le chemin qu’il prit, j’eus vite fait de comprendre qu’il me ramenait chez moi. Il conduisait, et à côté de lui il y avait son collègue. Ce dernier se tourna vers moi, et sa bouche cachée derrière sa moustache me dit:

"Et petit ? Pourquoi as-tu pris la fuite de chez toi ?
- Quoi ?
- Pourquoi tu t’es enfui ?
- Je ne me suis pas enfuis, j’ai suivi la nuit."

Je n’entendis pas sa réponse, j’avais derechef plongé dans les bras de Morphée. Je me suis réveillé dans la voiture, devant la maison. Le moustachu me demandant poliment de me lever. Je vis mes parents, dans le jardin, les larmes aux yeux. Quand je sortis de la voiture, ils accoururent à moi me prenant et me serrant fort dans leur bras. "Nous étions tellement inquiets." Je ne comprends pas pourquoi.

"Je t’aime !
- Je t’aime aussi !
- Je le sais déjà.
- Ne nous refait plus jamais ça !
- Quoi ?
- Plus jamais…
- D’accord."

Je ne comprenais rien. Ils étaient inquiets ? Pourquoi ? Il s’est passé quelque chose pendant mon absence ?
On retourna chez le psychologue qui, après un court entretien avec mes parents, leur demanda de sortir. Nous étions, comme la fois précédente, seuls.

"Alors, il paraît que tu as fugué ?
- Ah, bon ? Je ne m’en souviens pas.
- Pourtant, tes parents m’ont dis que tu étais parti et qu’on t’avait retrouvé à une dizaine de kilomètres de ta maison.
- Les adultes ne comprennent rien j’ai l’impression.
- Pourquoi ?
- Je voulais juste qu’il fasse nuit."

Je me souviens aujourd’hui encore de son sourire, un peu inquiétant, un peu rassurant. Comme celui d’un chirurgien avant de vous ouvrir le crâne et de vous retirer la tumeur qu’il abrite. Ce sourire disant, je vais vous guérir ne vous en faites pas, même s’il y a une certaine chance que vous ne rouvriez jamais les yeux.

"Qu’est-ce que tu fais ?
- Rien, juste des gribouillis sur du papier. Je veux dire, j’écris des trucs.
- Pourquoi fais-tu ça ?
- Il le faut.
- Ah bon ?
- Oui, c’est mon métier.
- Dans ce cas, je ne deviendrais jamais psychologue.
- Pourquoi ?
- Je préfère les feuilles blanches."

A la rentrée, je suis allée directement au même endroit qu’avant, mais la fourmi avait disparu. Alors je marche. Je fais le tour du monde de la récréation. On retourne en classe. Mon corps demeure ici mais mon esprit est déjà loin. Tandis qu’il s’échappait, la sonnerie le rappela instantanément à mon corps. C’était l’heure de manger. Je fis la queue, tout seul, observant le ciel. Quand enfin je rentre dans le self, je m’assieds à une table vide et attends que les dames du service m’apporte à manger. Je mange en vitesse et me voilà dehors. Je me pose dans un coin, au fond de la cour, dans l’herbe, et je m’endors. Je me lève un peu plus tard, réveillé par des chatouilles sur ma main. J’ouvre les yeux, et je vois une fourmi égaré cherchant son chemin entre mes doigts. Je la regarde paniquer et bouger dans tout les sens, avant de l’écraser.


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MessageSujet: Re: La fuite [abandonnée]   La fuite [abandonnée] ClockJeu 2 Jan 2014 - 1:30
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L'olive

Cela fait déjà une poignée de jours que je ne suis pas rentré chez moi. Par chez moi, j’entends là où je vivais avec ma famille avant que ma femme décide de me virer. Je serais bien allé dormir chez des amis mais, je n’en ai pas beaucoup, et je ne veux pas les déranger. Je suis allé à l’hôtel principalement. Il y en avait un à côté de mon lieu de travail ce qui, en somme, était extrêmement plus pratique que d’habiter chez moi. Il faut bien, chercher des points positifs, rester optimiste, pour ne pas faire n’importe quoi. Le weekend, quand je ne suis pas à traîner dans les parcs, je m’allonge dans le lit double de la chambre que j’ai loué. Double car on ne sait jamais, elle pourrait venir à moi. Je m’ennuie fermement, mais ça tombe bien, j’aime m’ennuyer. Je découvre l’hôtel. Ses longs couloirs. Son sol hideux, une moquette avec des motifs. Here’s Johnny ! Mais vu que je ne m’appelle pas Johnny, ça ne marche pas.
Je sors mon téléphone. J’appelle ma femme. Et je dis bien femme, car nous ne sommes pas divorcés, du moins pas encore... J’en ai marre de cette attente dans laquelle elle m’a mise depuis quelques jours. Je veux savoir maintenant. Elle ne décroche pas. Je descends les marches de l’hôtel, je me précipite vers ma voiture. La nuit est noire. La Lune se cache derrière les nuages, tout comme les étoiles. J’en ai assez. Je vais aller la voir, mais sachant pertinemment que le courage ne me ferais pousser des ailes que s’il avait un petit coup de pouce. Je m’arrête à un bar, "L’insolite", et y bois quelques remontant. Maintenant, je dois arrêter de prendre la fuite. Maintenant, je dois y aller, tout réarranger, tout fixer. Je ne peux plus. J’aimerais savoir. Une fois que je serais arrivé, je saurais. J’arrive. Je marche à pas vifs vers la porte d’entrée, je connais ce chemin par cœur. Je m’apprête à frapper, mais un sanglot monte dans ma gorge. Et si en faisant cela, je ne ferais que la repousser d’avantage. Peu importe, il est trop tard pour reculer. Je frappe, et une dizaine de seconde plus tard, on m’ouvre. C’est elle.
Je ne la reconnais presque pas tant elle me semble plus belle que jamais. Elle regarde mais sans comprendre. Je remarque ses mimiques, je vois tous les détails qui m’ont toujours échappé. Elle est magnifique. Je suis saoul comme un tronc. Quelle expression de merde. Je m’avance vers elle et la prend dans mes bras. Je fonds en larme.

"Qu’est-ce que tu fais là ?
- Je t’aime tellement. Tu me manques ma chérie…"

Elle ne répond pas. Elle semble choquée. Je crois qu’elle à peur, je ne sais pas, j’ai les yeux fermés. Je pleure et je suis triste. Habituellement, les deux ne vont pas ensemble.

"Moi aussi tu me manques."

J’entends du coin de l’œil son rictus se profiler et ses larmes couler. Je me redresse alors et l’embrasse à pleine bouche. À nouveau, elle est choquée.
J’enroule mes bras autour d’elle tout en l’embrassant et la soulève jusque dans la chambre. Je l’allonge sur le lit et je passe mes mains sous son t-shirt, dégrafe délicatement son soutien-gorge. Il est presque minuit, pourquoi en porte-t-elle ? Elle m’attendait ? Je continue de l’embrasser et descends lentement vers sa gorge. Je me relève un moment et retire tout son haut puis à nouveau, je plonge dans la sueur de son cou délicat. À mon tour, j’enlève mon pull et mes chaussures. Elle était déjà en boxer quand je suis arrivé. C’est donc encore à moi d’enlever mon pantalon.
Et nous voilà, l’un sur l’autre, tous deux en sous-vêtements. Elle fait mine de lutter mais il n’en est rien. C’est comme un jeu. Je passe ma main dans ses cheveux et l’embrasse dans la nuque. Je descends ma main et enlève les derniers morceaux de tissus sur notre peau. J’arrête de l’embrasser, me relève et lui souris légèrement. En la pénétrant, elle émet un cri suivit de plusieurs gémissements. Je pose ma main sur sa poitrine parfaite, l’embrasse de plus belle. Et c’est dans cet amas de chair, de sueur et de joie que finalement, je sens l’orgasme venir. J’essaye de me contenir, et au moment le plus opportun, alors que j’allais venir, je l’entends me dire:

"Non s’il te plaît. Je t’en supplie arrête. Arrête ! Pitié papa, arrête..."


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MessageSujet: Re: La fuite [abandonnée]   La fuite [abandonnée] ClockSam 13 Déc 2014 - 19:18
Chapitre ultime ?
Le dernier acte d'un mort


J'ai couru. J'ai couru jusqu'à être hors d'haleine. Jusqu'à ce que mon cœur explose dans ma cage thoracique. J'ai couru jusqu'à crier de douleur. J'ai couru jusqu'à pleurer. Jusqu'à y voir trouble. J'ai couru. Couru. Couru jusqu'à ce que mes jambes se dérobent sous mes pieds. Tombant, brisant mes lunettes. Trop fatigué pour bouger. J'essaye encore d'avancer à la force de mes bras. Je les entends arriver au loin. Loin, très loin. Mais si je peux les entendre, c'est qu'ils sont trop près. J'avance tant bien que mal. Le goudron m'arrache la peau du visage. Mais j'avance. J'ai mal à l’œil. Pas le temps de vérifier, mais je le fais quand même. Je retire le morceau de verre de mes lunettes qui s'est coincé dans mon globe oculaire. J'ai toujours mal. Mais j'avance. Dans le noir, j'avance. Ils ne m'auront pas. Pas comme ça. Pas rampant comme un serpent. Être tentateur et perfide. Non. Ils ne doivent pas m'avoir comme ça. Il faut que mes derniers instants soient ceux d'un homme. Pas d'une créature qui n'a plus la force de se mouvoir correctement. Mais j'évite de penser qu'ils vont m'avoir. Je peux encore leur échapper. Je dois leur échapper. Le goudron m'arrache la peau des coudes. Mais j'avance. Je sens la douleur parcourir mon corps. Voilà où j'en suis. Misérable et pathétique être humain. Misérable. Pathétique. Ils se rapprochent. Ils ont des voitures. J'ai mes avant-bras, plus de dignité et une volonté chancelante. Mais je leur échapperais. Je suis trop malin. Trop malin... Tellement malin que je suis là, à ramper pour espérer fuir. Non. Ne pas fuir. S'échapper. Je n'ai jamais fuis. Je ne fuirais jamais. La fuite n'est pas pour moi. Je ne suis pas un lâche. Je m'arrête. Je n'avance plus. Ils sont là, leurs voitures, leurs sirènes, leurs pistolets, leurs menottes, leurs idéaux, leurs uniformes, leurs vies. Ils sont là. Devant, et derrière. Je ne peux plus m'échapper. Je ne veux pas fuir. Ils sortent de leurs véhicules et braquent leurs armes sur moi. "Restez où vous êtes !" me crachent-ils au visage. Rester où je suis ? Non ! Je suis un être humain, pas un chien malade attendant d'être abattu. Je ne mérite pas de mourir de cette manière. Pas par ces gens là. Je pose mes mains au sol. Et je force. Je dois me lever. Je le dois. Mes jambes me lancent. Je vois mes veines parcourir mon corps. J'entends mon cœur qui veut s'extirper de mon torse. Je sens mes poumons, déchirés par l'effort. Je suis assis. Je n'irais pas plus loin. Je regarde vers le bas. Je me suis pissé dessus. Je pleure. Suis-je donc si pathétique ? Si horrible à voir ? "Ne bougez plus !" s'égosillent-ils en vain. Je me penche pour vomir. J'ai mal. Pourquoi ne bougent-ils pas ? Pourquoi restent-ils derrière leurs véhicules. Auraient-ils peur de moi ? Non. Ils ont juste peur que je fasse des conneries avec le pistolet dans ma main.

Ce putain de flingue. Un Beretta 92FS en inox. Fabrication italienne. 15 balles 9 x 19mm Parabellum dans le chargeur, une dans le canon. Environ un kilogramme. Un kilogramme, et je l'avais oublié. Oublié, dans ma main. Je ne m'y connais pas en arme, mais je me renseigne avant d'acheter. Je me souviens. Parabellum. "Pour la guerre" en latin. Je crois. Je ne suis pas là pour la guerre. Je ne dois pas abandonner. Je dois me relever. J'appuie le canon du pistolet au sol. J'appuie ma main au sol. J'appuie mes genoux au sol. Je pousse de toutes mes forces. Je tousse. Je crache. Je pleure. Ils me regardent de haut. Même debout, je ne suis pas un humain à leurs yeux. Je ne suis plus un humain. Je n'ai pas envie de voir leurs visages. Ils me font peur. Les aléas des gyrophares m'éblouissent. Je fais une baisse de tension, tombe en arrière et me fracasse le crâne contre le sol. Je sens le sang couler, chaud, liquide. La tête est l'un des derniers endroits à être irrigués en cas de mort proche. C'est pour ça qu'il y en a autant. Une flaque autour de moi. Je me remets à pleurer. Non pas de fatigue mais bel et bien de tristesse. Un immense chagrin emplit mon corps. Ils ont raison de me regarder comme si je leur étais inférieur. Je le suis. En cet instant, je suis plus bas qu'eux. Mais l'être inférieur se doit de s'élever au rang de l'élite. Sinon, il n'est même pas qu'en-dessous des autres, il est en-dessous de tout. Il ne mérite même pas la vie. Alors, je me relève. Me tenant le plus droit possible. Le sang coulant lentement sur mes épaules. Mes sens se perdent. Je n'arrive plus à sentir mes extrémités. J'ai froid. "Posez votre arme !" postillonnent-ils. Non, je refuse. Ils ne doivent pas m'avoir. Je colle le pistolet contre ma tempe. Il est froid. Plus froid que moi. La balle est déjà dans le canon, pas besoin de l'armer. "Ne faites pas ça !" chantent-ils. Aux prémices de la mort, tout devient plus merveilleux et ont devient soi-même plus lucide. Je ferme les yeux.

Non ! Je ne ferais pas ça. Je ne mourrais pas comme ça. Je mourrais debout, comme un homme, mais pas de ma main. Ce serait lâche. Ce serait fuir. Et je ne fuirais jamais. Jamais. "JAMAIS ! Vous m'entendez !" Je les braque. Je pointe de mon arme ces êtres si supérieurs, ces fonctionnaires de l'état. Je pointe de mon arme mes calvaires, mes ennuis. Je pointe de mon arme mon passé, mon futur, et surtout, mon présent. Si je tire, ils devront tirer. Ils le doivent. C'est leur devoir. Et c'est le mien aussi. J'ai oublié la douleur. Ma main vacille, elle n'est plus apte à viser correctement. "BAISSEZ votre arme !" roucoulent-ils. Tout est plus beau. Tout est plus merveilleux. Je tire. Ce sera le dernier acte d'un homme. Une fois. Deux fois. Trois fois. Ils me touchent. Une fois. Deux fois. Je m'effondre. Mais je suis heureux, je n'ai pas fuis, j'ai gagné. Ils ont perdu. L'espace d'un instant, eux, qui se croyaient si supérieur à moi, l'espace d'un instant, ils se sont rabaissés à mon niveau. L'espace d'un instant.

-Et c'est donc ainsi que vous êtes... Mort ?
-Oui.
-Vous pouvez partir.
-Merci.
-Au revoir monsieur.
-Au revoir Dieu.

Vous savez, le paradis, ce n'est pas exactement comme on le croit. Déjà, c'est blanc, tout est blanc. Chacun à sa propre chambre. Mais le problème, c'est qu'on est pas si libre que ça. Il y a des horaires mais c'est surtout pour empêcher les gens de nuire aux autres. Comme quoi, même au paradis, on n'est pas à l'abri de commettre un péché. J'ai beaucoup interrogé les anges et Dieu sur les détails du paradis, mais ils ne répondent jamais vraiment, ils m'ignorent. Pourtant c'est eux qui ont choisi de me faire monter ici, ils devraient me montrer un minimum de respect. Je leur ai demandé pourquoi je n'étais pas soigné, je suis encore borgne et j'ai les cicatrices des balles qui m'ont pénétré. Pourquoi Dieu ne m'a pas soigné intégralement ? Durant le temps libre, j'aime bien aller aux portes du paradis et observer les limbes qui s'étendent devant moi. Les limbes, c'est là qu'il y a les âmes errantes, celles coincées entre la vie et la mort, celles qui doivent attendre au purgatoire. J'essaye souvent de communiquer avec eux, de leur parler, mais ils ne semble pas me voir... Ou tout du moins faire comme s'ils ne me voyaient pas. Des fois certains s'arrêtent, me regarde, puis repartent. Un jour un petit, sans doute une âme d'enfant, s'est arrêté et a commencé à me parler, j'étais heureux. Puis les anges sont arrivé et m'ont amené directement à Dieu qui me sermonna. Il me rappela le règlement. Il est interdit de parler à ceux de l'extérieur. Je n'écoute qu'à moitié. Pour me punir, je passe plusieurs jours dans ma chambre. Car oui, au paradis, chacun à sa propre chambre. Je sais, je l'ai déjà dit, mais un rappel ne fait pas de mal.

Je suis encore en entretien avec Dieu, je lui parle, le questionne et il me questionne en retour.

-Dieu...
-Vous savez bien que je n'aime pas quand vous m'appelez ainsi.
-Pardon. Je voulais savoir, pourquoi, malgré mes crimes, j'ai fini ici ?
-Tous les gens comme vous, monsieur, finissent ici. C'est une sorte de passage obligatoire. Puis, quand vous aurez fini de purger vos maux, on pourra vous ramener à la vie.
-Vous voulez dire que la réincarnation existe vraiment ?

On continue à parler ainsi pendant plusieurs minutes avant qu'il ne me renvoi dans ma chambre. Je m'endors mais cette fois-ci, je sais ce qu'il me reste à faire. Puisque je suis destiné à retourner à la vie, autant en profiter, avant, pour visiter le plus de choses possible. Demain, après-demain ou peut-être plus tard, il faut que j'aille voir les limbes. Que je puisse enfin observer de près les âmes errantes. Il faut que je fasse ça le plus tôt possible, avant d'être réincarné.


Dernière édition par Stanley O. le Jeu 5 Mai 2016 - 13:21, édité 3 fois
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