Pandora, quel monde vaste et amusant, se dit Morgo. Il s'agissait là d'un univers où tout s'entre-mêlait : la vie d'Ithersta, l'obscurité d'Apollo, la lumière de Primeve, et la mort de Senersedee. De même, et avec l'arrivée du parasite que combattait l'Institut, c'était l'Autre-Côté qui venait donner un coup de pinceau à l'immense toile que les mortels appellent "univers".
Il était une forêt parcourue d'arbres de tailles modestes, fussent-ils jouvenceaux ou millénaires. Les oiseaux chantaient gaiment, le soleil battait son plein sur les pins émeraude, et tout n'était que calme et sérénité pérenne.
Mais lentement, et sans crier garde, l'horizon entreprit une lugubre métamorphose : les arbres se tordirent, le ciel devint gris et les oiseaux qui chantaient se mirent à fuir à la vue des corbeaux venant prendre leur place. Une brise glaciale parcourut les environs et l'on pouvait entendre une voix rauque résonner, sans jamais pouvoir l'attribuer à qui que ce soit, sauf peut-être, et injustement, à l'un des corbeaux.
"Ah, Pandora. Un terrain de jeu parfait."
Un renard passait par là. Il ressemblait à tous les autres. Il n'avait pas l'air dangereux. Pourtant . . .
"Un renard ? Maudite charogne, disparais."
Quatre corbeaux battirent soudain des ailes en se dirigeant vers l'animal. Ils l'agrippèrent, chacun d'un côté, et s'envolèrent dans les cieux, ne le relâchant qu'une fois qu'ils étaient à une altitude vertigineuse.
Le renard se retrouva en chute libre, probablement tétanisé par la peur. Après de longues minutes, son corps s'écrasa dans un bruit assourdissant. Sa carcasse gisait au sol, inerte, ses os s'extirpant de certains de ses membres et du sang coulant le long de sa bouche.
Il y a une proie dans les environs, se dit Morgo, et pas comme les autres. Qui que soit l'idiot s'aventurant dans cette zone trouble, je suis sûr qu'il acceptera de jouer à un petit jeu."