Sujet: Miner le Savoir. [PV] Ven 10 Mai 2024 - 12:25
Driiing !
Tac
Jeudi, 6h30. Une nouvelle journée qui commence, certainement parsemée d'événements bien routiniers quoique saupoudrés d'une pincée de surprise. Sans hésitation aucune, il pivotait ses jambes en direction de ces pantoufles au pied du lit. Machinalement, cet homme de grande taille se releva alors et ne tarda à replacer correctement les draps. Là une bonne chose de faite, mais bien loin d'être la seule à devoir s'accomplir aujourd'hui.
D'un pas décidé, la silhouette mûre s'approcha sans plus tarder de la salle de bain et en saisit fermement la poignée. Alors rapidement à l'intérieur de la nouvelle pièce et face au rideau de douche, le peignoir glissa sur la musculature sèche du Terrien affichant une mine imperturbable. Puis, rapidement, le bruit de l'eau emplit la pièce en une douce mélodie rythmée par les surfaces s'interposant au jet du pommeau. Profitant de ce rare instant de détente, la stature à la majoritairement longue chevelure brune ferma quelques secondes les paupières... avant d'offrir à nouveau au monde ses pupilles ambrées, en une inspiration censée lui fournir la détermination de surmonter les épreuves à venir.
Clac !
Terminant d'une poigne à placer correctement les manches de sa chemise, l'homme à la démarche assurée finit ainsi par arpenter le couloir séparant sa précédente position de la cuisine. Il ne mangerait rien de conséquent : quelques tranches de pain où du beurre et de la confiture s'étaleraient d'une traite, voilà qui suffirait. Dans le même temps lirait-il quelques nouvelles de Satan City via le journal local, au détour d'un café noir bientôt porté aux lèvres... L'attaque d'un dénommé Zamasu ?... Mmh, voilà un nom qui lui en rappelait un autre, quoique d'une autre époque.
Finissant la vaisselle, le grand garçon attacha finalement ses longs cheveux bruns en queue de rat. Puis il vint se vêtir de sa veste, ainsi que de ces belles chaussures mocassins. Et en un temps record le voici déjà dehors, arborant sans réellement le vouloir une fière allure... surtout au moment de resserrer fermement le nœud de sa cravate entre ses mains, la scène baignant encore dans l'aurore. Dans le même temps, la silhouette – à la boucle d'oreille se concluant en courte crinière de cheval – posa un œil sur la boîte aux lettres... Encore de la publicité ?...
Le métro était bondé, comme pour tant de matinées. Il fallait se frayer un chemin entre la masse... Heureusement là rien de bien compliqué, sans porte-documents pour nous gêner. l'homme au veston pouvait s'estimer heureux de ne pas travailler dans un bureau à longueur de journée.
" T'as entendu les rumeurs ? Il paraît que le parc d'attractions a été rénové. Genre, un nouveau Grand Huit le parcourt entièrement, maintenant ! "
" Attends, t'as pas vu la vidéo sur TicTac ?... Rassure-moi, tu vis quand même pas dans une grotte ? C'est pas une simple rénovation. C'est une bête gamine, qui a sauvé le parc entier d'un bordel pas possible ! Ça fait un buzz énorme en ce moment, faut que je te montre. "
Par-dessus l'épaule de ces étudiantes, l'homme en costard pouvait observer ladite scène filmée, du coin d'un œil s'écarquillant modestement... Cette apparence... Donc, elle se trouvait ici ? Tout du moins, à l'heure d'enregistrer cette vidéo. Voilà qui s'avérait plutôt préoccupant, même s'il serait de toute façon averti si besoin s'en fallait. Pour le moment, tout devait certainement rester sous contrôle.
Marche après marche, la charismatique silhouette masculine sortit bientôt de la gare. Il ne restait désormais plus que quelques minutes à pied, avant de pénétrer le lieu de travail. Déjà au loin la structure décrite plus tôt pouvait s'observer... Là une merveille d'ingénierie, pour sûr. Cela se voyait au premier coup d'œil, pour peu qu'on ait déjà mis les pieds dans un parc d'attractions. Hélas, ce n'était pas le cas de cet homme trop occupé par son quotidien répétitif.
" Une petite pièce, s'il vous plaît ?... " s'exprima soudainement une vraisemblable jeune mère à l'état discutable.
Perturbé dans ses pensées, par réflexe l'homme à l'impeccable pantalon sombre cessa d'avancer. Il fixa un instant la tristesse de cette situation désespérée parmi tant d'autres en ce monde. Personne ne devrait vivre ainsi, qu'importe les choix de vie ou l'origine... Cette pensée, traversant l'esprit, eut pour mérite de faire sortir le portefeuille et de le dépouiller d'une liasse de billets. La mine empathique de ce visage – pourtant d'accoutumée si inflexible – finit d'émouvoir la sans-abri, qui dans un élan d'euphorie vint souiller le costume de son héros en l'enlaçant.
" Merci, oh merci... Dieu vous le rendra, j'en suis sûre. "
Ha. Dieu hein ?... Il ne put retenir le début d'un sourire amusé, avant de se pencher quelque peu vers le bébé enlacé et tendu à moitié par la mère. En vain l'enfant tenta alors d'accrocher – avec ses petites mains – le doigt du bon samaritain. Quelques minutes plus tard, voici que ce jeune homme retournait à sa vie morne tandis que la pauvre dame pouvait trouver un étrange prospectus entre les petites coupures... Une sorte de sanctuaire ?...
Clingling !
Enfin. Le voici finalement arrivé à bon port : un restaurant chic où la fière stature croulait sous les heures supplémentaires depuis déjà quelque temps. Il y avait des périodes comme ça, dans la restauration. Même si là... ça faisait depuis son arrivée, que la période semblait d'application. Sans pourtant se plaindre, l'homme à la chevelure en queue de rat traversait déjà la pièce afin d'aller saluer son patron.
" Tu es en retard et ta tenue est sale. Ôtes-moi d'un doute : tu as conscience de travailler dans un restaurant gastronomique ?... Tu vas tout de suite nettoyer ça. Qu'on soit bien clair, je ne veux pas te voir en salle dans cet état. Quand tu auras fini, tu vas préparer le café et passer un bon coup de chiffon dans tout le restaurant, pour te faire pardonner. Je veux que tout brille avant l'ouverture, c'est compris ?... Eh. J'admets que tu fais du bon travail, mais ne pousse pas trop non plus ta chance. "
Acquiesçant de la tête après cette interpellation de dernière minute, l'employé fit donc profil bas face à l'altercation. Comme à l'accoutumée. C'était comme ça qu'il fallait réagir ici, si on ne voulait pas perdre son emploi. Alors le calme serveur s'évertua à la tâche, frottant les saletés avec intensité jusqu'à satisfaire son employeur. Et au bout de quelques heures, tout finit par briller tel que désiré... jusqu'au mobilier. À présent, c'étaient les verres du stagiaire de la veille, qu'il fallait refrotter. Alors il les frotta. Il frotta et refrotta encore, jusqu'à ce que la porte d'entrée ne s'ouvre soudainement !
" Týr, il faut qu'on parle. " m'exprimai-je ainsi en trombe, à la bordure de ce lieu pour moi sacré.
Le mentionné détourna alors ses yeux jaunâtres du cristal... m'échangeant peu à peu un regard attentif puis concerné, entre le silence emplissant le restaurant dès cet instant.
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" ... Je dois avouer que j'ai toujours du mal à y croire... Es-tu bien sûre de ne rien surinterpréter, Ōkami ? " me demanda mon père, visiblement encore un peu sous le choc.
" Je n'oserais pas affirmer de telles choses à la légère, tu t'en doutes. J'ai naturellement voulu espérer une méprise de ma part. Bien que remettre en question ma source serait futile... Il attaquera bientôt, alors nous n'avons pas beaucoup d'options. Et tu es le seul qui puisse gérer cette situation. "
Soutenant l'un de ses coudes dont la tranche du poing pressait contre ses lèvres, l'Éon originel s'accorda un temps de réflexion lors duquel les premiers clients en profitèrent pour s'infiltrer dans l'établissement. Le patron revint à cet instant de la cuisine afin d'accueillir ces derniers, voyant vite que Týr s'occupait de moi au bar. J'en avais en effet profité pour commander un café : le même que celui de la dernière fois, lors de ma discussion avec Babel au sous-sol.
" Et bien... je dois reconnaître que ce plan comporte certains avantages... Ce qui m'embête, c'est le risque d'escalade qu'un tel acte engendrerait potentiellement parmi nous. J'aimerais qu'une issue plus... pacifique, soit envisageable. " reprit quelques instants plus tard l'incarnation des Lois, en servant ma commande qu'il prépara entretemps.
" Bien sûr et je le comprends. Si tu suis mes instructions, tu auras de toute façon l'opportunité de saisir par toi-même l'ampleur du phénomène. Il ne tiendra qu'à toi de décider quoi faire, le moment venu. Je te demande juste de ne pas baisser ta garde, il sait qu'il devra frapper vite et fort afin de nous prendre de court. "
De qui parlions-nous ? À vrai dire, cela était sans véritable rapport avec la raison explicite de ma présence. Toutefois, l'ensemble faisait partie du plan. Car je ne pouvais nier que leurs destins semblaient étroitement liés... Et l'une de ces données ne tarderait à bientôt pointer le bout de son nez. Oui, cela survint pile au moment où mon serveur attitré me demanda si je voulais payer de suite. Ce à quoi je répondis bien sûr par la négative... Même en temps normal, je ne serais pas partie sans avoir goûté à quelques délices.
Je décidai donc de parcourir la carte, en la saisissant d'une certaine élégance entre mes fins doigts. Voyons voyons... Que pourrais-je bien me faire offrir ?... Tandis que je parcourais le document d'un air malicieux, je pouvais déjà entendre les pas de ces tentacules déguisés bifurquer de l'une de mes oreilles touffues à l'autre. Comme pour les autres clients après mon arrivée, ce cher Hastur avait pour guide le Chef en personne. Ce dernier ne se montrait d'ailleurs pas avare en éloges, marchant à pieds joints dans la combine du Roi en Jaune.
Mémorisant rapidement les plats qui m'intéressaient, je ne tardai alors à refermer la carte des lieux. Ne faisons pas attendre trop longtemps celui qui attendit justement tellement un tel rendez-vous. Comprenez que je puisse me montrer bien occupée par la gestion de mon sanctuaire, comme par l'émergence de... certains problèmes internes...
" Table 14. Tu t'en souviendras ? " demandai-je simplement à l'employé bien vêtu, qui me répondit vite par la positive.
Toute bonne mise en scène nécessite la mise en place de quelques préparatifs, afin de s'assurer que tout se déroule au mieux. Aujourd'hui encore, je m'affairais à telle tâche. Ce matin, la demeure de ce petit poulpe reçut donc du courrier. Une gracieuse calligraphie l'invitait ainsi à se rendre à ce restaurant aux mets indonésiens. Là de quoi le dépayser (pour ne pas dire : le dépouiller.). Sans trop de détails supplémentaires – sinon la promesse de ma présence, en temps et en heure – la patience de l'animal marin avait dès lors trouvé un repos bien mérité.
Mes talons résonnèrent bientôt sur les dalles, tandis que mon kimono cérémonial s'avançait sans crainte vers cet amas d'âmes égarées me faisant dos. En vêtissait-il d'ailleurs l'apparence de l'une d'elles. Peu m'en importe, même si je dois avouer que c'est plutôt cocasse... Revêtir l'apparence de l'être désiré en présence de la famille de celui-ci ? Il fallait l'oser. Mais Hastur ose tout, donc rien ne m'étonne vraiment. Cela me divertissait en revanche, tandis que ma voix délicate et mature s'élevait déjà en sa direction au moment de lui tapoter brièvement l'épaule en le toisant d'un œil complice... comme pour le prévenir de ma présence ?
" Bonjour, petit Gestalt. Je constate que tu as assuré la bonne réception de ma lettre. Je sais qu'il t'a fallu attendre un instant, donc je te prie d'excuser mon planning quelque peu chargé. Je ne pouvais pas prévoir l'émergence d'un tel dénouement... Mais soit. Confirme-le à toi-même : en quoi penses-tu que la mémoire du monde devrait t'être utile ? "
Oh, sans doute pour beaucoup de choses. Il fallait néanmoins se décider, sachant que certaines informations pourraient bien se voir refusées ou nécessiter une contrepartie des plus coûteuses. Que ce Don Juan tente malgré tout, car rien n'est prédéterminé.
Quoi qu'il en soit, lors de mes paroles déjà m'installai-je calmement sur le fauteuil en face de lui et sans un bruit. Týr ne tarderait à venir prendre nos commandes... mais en attendant, je posai mes coudes sur la table, jambes se croisant et menton venant embrasser le dos de mes doigts s'entrelaçant. Mon expressivité, quant à elle, ne se voulait désormais signée que par le regard intense que je vouais à mon interlocuteur... offrant sans doute là à ce dernier l'impression qu'il soit lu tel un livre ouvert.
Ce qui était le cas, sans même que je le veuille. Oh ça non...
![Miner le Savoir. [PV] Clock](https://2img.net/images.rpgdbz.com/icones/clock.png)
Ven 10 Mai 2024 - 12:25