[U13] - Conflits internes

Le sale môme fait volte-face. Tend sa main vers la hors-la-loi. Une lumière étrange s’en dégage. Une prière. Voilà tout ce qu’il avait dans le ventre ?

Nel observa le gamin avec incrédulité et sentit un mélange de dégoût et de haine monter en elle. Elle ne comprenait pas pourquoi il se livrait à de telles pratiques absurdes et mystiques.


Sa vision rationnelle du monde était brutalement heurtée par cette scène surréaliste. "Arrête ça !" s'exclama-t-elle d'une voix emplie de dégoût, incapable de dissimuler sa répulsion. "Qu'est-ce que tu racontes comme conneries ?!"


Mais Io semblait complètement absorbé par sa prière. Les mots qu'il prononçait étaient inintelligibles, remplis de mystère et de symbolisme à la con.

Puis vint le moment inattendu. Alors que Kirua terminait son discours ésotérique, il fut pris d'un éternuement puissant et soudain. Le son retentissant fit sursauter Nel, qui sentit son cœur s'emballer dans sa poitrine. Ses pieds se dérobèrent sous elle alors qu'elle perdait brusquement l'équilibre.

Le temps sembla ralentir tandis que Nel chutait de manière épique, et que sous ses yeux, un halo de lumière divine entoura le gamin. Elle se débattit avec désespoir, ses bras agitant l'air, cherchant en vain quelque chose à saisir pour freiner sa chute imminente. Ses jambes se dérobaient sous elle, comme si elles avaient été remplacées par de la gelée.

Finalement, Nel atterrit avec un bruit sourd et douloureux. Elle sentit une vive douleur dans tout son corps, comme si chaque centimètre carré de sa peau avait été violemment écorché. Le souffle lui manquait et elle resta allongée là, regardant fixement le ciel.

Le robot automatisé, pendant ce temps, achevait son décompte et se retournait pour observer la scène. Son regard mécanique balaya le corps immobile de Nel, comme s'il était indifférent à sa souffrance.


"Regarde ce que tu as fait ! Regarde comment tu m'as fait tomber !" s'écria Nel d'une voix chargée de colère, les larmes aux yeux. "Toutes tes prières stupides et ton éternuement ont tout gâché !"


L’instant d’après, elle fut lapidée. C’était aussi simple et rapide que ça. Quant à Io, ce dernier venait de terminer l’épreuve avec brio. Personne ne l’accusa de triche, étant donné qu’il portait ses bracelets à l’instar des autres participants. Cela voulait simplement dire que ce “pouvoir” était intrinsèquement lié à son identité propre, que cela était inséparable de lui.


“Félicitations au participant prénommé Kirua ! Il est le premier à avoir franchi la ligne d’arrivée !” s’exclame alors une voix dans les hauts parleurs high-tech du complexe, sous les applaudissements des employeurs.


Le petit bonhomme fut invité à rejoindre les vestiaires pour se laver et se changer. Suite à cela, il serait dirigé dans une salle de banquet pour se désaltérer et se nourrir. Il pourrait également y voir sur écrans géants les performances des personnes toujours présentes dans chaque épreuve.


*Je suis soulagée de constater qu’ils avaient raison* se dit alors Lydia dans les tribunes.




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Ed était connu pour ses tactiques sournoises et son esprit de tricherie. Dès le début de l'épreuve, il avait fixé Auros avec ses gros yeux exorbités, essayant de le déconcentrer. Ses rictus faciaux dégoûtants étaient destinés à perturber son adversaire. Mais le Roi, imperturbable, restait concentré malgré ces provocations.

Alors qu'Ed pensait avoir trouvé la clé pour déstabiliser son adversaire, le criminel tenta de faire vaciller le régent en le poussant avec force de son souffle : et ce fut une réussite. Alors qu’il voyait l’une des jambes du colosse se faire arrachée du sol contre son gré, il commençait à jubiler.

Toutefois, l’Empereur Elyséen parvint à lutter contre le courant en frappant lourdement le sol de son pied, stabilisant ainsi sa position. Sa puissance dépassait l'entendement, et ce fait ne pouvait être contenu par des bracelets inventés pour entraver les pouvoirs magiques. Le tremblement provoqué par son coup de pied résonna dans toute l'arène.

Le sol vibrant et le déséquilibre d'Ed étaient inévitables. Il lutta pour retrouver sa stabilité, mais les secousses étaient trop importantes. Ses bras s’agitèrent frénétiquement en l'air, cherchant désespérément un appui qui lui échappait. Ses yeux s'élargirent de terreur alors qu'il basculait en arrière, le roc quittant les derniers doigts qui tentaient lamentablement de le retenir.

Un moment de silence pesant envahit l'arène tandis qu'Ed semblait flotter dans les airs, son expression figée entre la surprise et l'effroi. Puis, le choc inévitable se produisit. Son corps percuta violemment le sol avec un bruit sourd, faisant trembler le sol une fois de plus.

Le rocher qu'Ed tenait échappa inéluctablement à son emprise, et seul un funeste destin le récompensa pour sa défaite.  La gargantuesque pierre s’écrasa brutalement sur la boîte crânienne du challenger. Sa tête avait à moitié explosé, laissant une petite partie de son visage intacte. Suffisamment intacte pour qu’on entende sa respiration lourde et gutturale quelques longues secondes avant son décès.

Les spectateurs retenaient leur souffle alors que les arbitres accouraient pour vérifier l'état d'Ed. Bien sûr qu’il était plus mort que mort, il n’y avait aucun espoir. Pour autant, l’humain a tendance à espérer tant que l’on agite pas ce qui est la vérité sous leur nez - et encore, certains sont tellement butés qu’ils préfèrent rester aveugle.

Non seulement Ed avait été mis hors jeu, mais le peu de participants encore en lice également. D’ailleurs, même s’ils étaient frustrés et déçus d’avoir perdu, finalement ils se disaient qu’ils ne s’en tiraient pas si mal que ça à côté du cadavre de l’autre bourrin.


“Nous avons un vainqueur : j’ai nommé Jin !!!” S’enflamme la voix au micro.


Certains participants applaudirent, bon joueur, tandis que d’autres regardaient d’un air mauvais Auros. Chacun pouvait retourner au vestiaire pour se doucher et se changer, avant de pouvoir rejoindre la même grande salle que Kirua.

*J’ai vraiment touché le jackpot avec cette famille d’étrangers !* se félicite intérieurement Lydia, qui venait de voir à peu d’écart en termes de temps la réussite du fils et du père.




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Le calme emplit son esprit. Ses muscles se détendent. Setsuka se concentre sur sa respiration. Elle se remémore les exercices avec César - son père adoptif - dans les forêts si ombragées de Görana que l’on finit par ne plus apercevoir le soleil. Gare à ceux qui n’ont pas un excellent sens de l’orientation : il existe des diversités d’animaux mortels dans cet endroit. Même le plus ridiculement petit insecte peut l’être.

Sa queue de singe n’est pas une faiblesse grâce aux entraînements avec son père, ou juste des balades avec ses semblables. Quelle chance, finalement, que d’avoir été élevé parmi des grands singes, des singes et des primates ! Apprendre à utiliser cet appendice pour supporter le poids de son corps et avoir les mains libres, pour la chasse notamment, est un avantage considérable. Les autres saiyans ont l’air d’être particulièrement sensible au niveau de ce membre, à contrario donc de notre autochtone qui en tire une grande partie de sa force.

Des cris perturbent son repos psychique. C’est surtout de la peur qui électrise l’atmosphère en premier lieu. Il n’y a nul besoin d’activer son lien empathique pour la déceler. C’est l’une des émotions les plus puissantes qui existe. Celle-ci pense que cela a un lien avec le fait de perdre, que les autres concurrents réalisent qu’ils ne peuvent plus tenir et lâchent donc leur prise en conséquence.


*Toi tu vas tenir Setsuka, allez ! Même parmi les singes je me démarque dans ce domaine !* s'encourage-t-elle mentalement pour ne pas perdre la face.


L’heure passe, au grand soulagement de ceux qui tiennent encore le coup et qui peuvent se placer de manière différente (si toutefois ils arrivent à se hisser). Des fourmis dans l’ensemble des bras et des mains, une tension musculaire qui irradie jusqu’aux épaules : un véritable supplice. Se tenir à bout de bras aussi longtemps est une prouesse en soi, et les conséquences en rajoutent une couche et pas des moindres.


*Un petit effort… juste assez pour que ma queue s’accroche…!”


Son visage devient de plus en plus pâle. Une sueur excessive s’écoule le long de ses tempes et trempe son corps entier. Elle prend de grandes inspirations, aussi fortes que ses expirations. Au moment fatidique où l’autochtone doit se soulever, cette dernière serre les dents au départ : l’effort est titanesque. Ce n’est pas son propre poids le problème, mais bien la position statique qui a été imposée pendant une durée bien trop longue, réduisant ses membres à deux molles guimauves quasi inutiles.


“NNNNYAAAAAAAAAA-AAAAAH!”


Même son cri d’effort est particulier et mignon. Le bout de son appendice atteint presque la barre. Cependant, un nouveau cri d’effroi la perturbe et lui fait rouvrir spontanément les yeux.

Son regard croise cette scène invraisemblable : une nuée d’araignées recouvre entièrement le corps d’un participant alors qu’il s’écroule en direction de la piscine sous leurs pieds.


*Heeeeiiiin ?!*


D’un sursaut, la chasseuse lâche inopinément sa prise. Ce moment de panique creuse les cernes sous ses yeux d’un bleu céruléen. Ses réflexes hors-norme la sauve de cette situation, sa queue de singe s’enroulant autour de la suspension au dernier moment, libérant enfin ses bras qui retombent lourdement comme deux fardeau de part et d’autre de son corps.


“GYAAAA-AHAHAHAHA !” Malgré son état pitoyable, elle se met à sourire et à rire de manière saccadée, car à bout de souffle.


Son membre “bonus” lui permet un peu de répit, enfin ! Nonobstant, ses bras sont effectivement hors jeu. Ils ne lui serviront plus à rien pour le reste de l’épreuve. C’est donc là où il est crucial d’être quelqu’un qui sait se servir de son corps entier pour se maintenir en suspension.

L’étrangère se balance plusieurs fois pour se donner de l’élan, puis saute suffisamment haut pour atterrir à califourchon sur la rambarde métallique. Ce n’est pas la position la plus agréable qui soit, mais ça sera suffisant pour un moment !


“Fiiioooouuuu…” souffle-t-elle, épuisée, la respiration difficile.


Avec le bout de son appendice touffu, cette dernière masse le bas de son ventre boursouflé et douloureux. Son visage est de plus en plus blanc. Sa transpiration lui donne tantôt des sueurs froides, tantôt des sueurs chaudes, et une fatigue de plus en plus pénible l’étreint. Elle n’a pas la force de regarder combien de concurrents sont encore en lice. De toute façon, il n’est nécessaire que de se concentrer sur son propre cas.

En reprenant peu à peu contenance, l’étrange scène avec ces multiples arachnides lui revient en tête. La vision qui s’étend devant son petit nez lui démontre qu’elles sont un peu partout. Les cris de peur de tout à l’heure n’étaient donc pas nécessairement liés à la crainte de la défaite ! Enfin, c’est quand même un peu bizarre d’avoir peur de ces bêtes-là. Elles sont nombreuses c’est ce qui fait leur force : mais elles sont moins dangereuses qu’une fourmilière, pour sûr !


*Je peux au moins tenter de communiquer !*


Grâce à son don de pouvoir comprendre et parler dans “la langue” de chaque espèce rencontrée. Chez les araignées, le moyen pour s’exprimer est lié aux vibrations. Via son membre au pelage soyeux, la guerrière tapote quelques mots contre la structure afin de parler aux araignées environnantes.

“Ne vous approchez pas. Je ne veux pas me battre avec vous.” est grosso modo ce que la petite göranienne leur dit.


Les petites bêtes qui, de toute façon se dirigent enfin vers la chasseresse, prennent un temps de pause.


Arachnide : “Obéir à notre instinct est primordial. Vous tomberez pour offrir la victoire au géniteur.”


Sous le coup du surmenage et de son attention focalisée sur sa propre condition jusqu’ici, Setsuka n’avait pas fait le lien avec ce participant singulier de tout à l’heure. Bien sûr que ces petites choses sont liées à lui, maintenant c’est évident !



“Je n’ai pas besoin de feu pour vous vaincre. Si vous voulez survivre et assurer la prolifération de votre espèce, restez où vous êtes !” leur répond la göranienne à travers les fréquences vibratoires.


Cet avertissement ne porte pas ses fruits. Les vilaines bestioles foncent à présent vers la saiyan.

Ses sourcils se froncent. Celle-ci concentre son énergie dans sa mâchoire et son épais appendice. À l’approche de la première vague, sa queue de singe les balaye ou les éclate littéralement sous de puissant coups qui fouettent l’air. De l’autre côté, elle y va à coup de crocs! Une technique dont bien se passeraient, mais pas une sauvageonne.

Immunisée aux poisons naturels - si toutefois ces araignées-ci en contiennent - c’est grâce à ses canines bien plus proches de celles des singes que de celles des humains que la courageuse autochtone n’hésite pas à faire exploser ces saletés comme du papier bulle.

Pop ! Pop ! Pop ! ça leur passera l’envie de venir s’attaquer à un animal qui a vécu dans la nature à son état le plus pur, sauvage et bestial !

Malgré cette défense des plus inattendues sans doute pour ceux qui la regardent, son corps s’affaiblit de plus en plus. Ses yeux commencent à lui faire défaut : sa vue se brouille par à-coup. Comme atteinte de narcolepsie, son corps ne répond spontanément plus par soubresaut. L’enfer qui se déchaîne dans sa matrice ressemble, en matière de sensations, à un mélange saugrenu entre une ruée incessante de coups de pied et une tornade embrasée qui dévore son intérieur.

Dépasser ses limites dans ces conditions, ce n’est même plus qu’une histoire de calvaire ! À priori, la battante allait prochainement finir par tourner de l'œil définitivement.


*Il y a clairement un souci avec Sora... même avant qu'elle ne croque ces araignées, son teint est de plus en plus morne... on dirait qu'elle va sombrer d'un moment à l'autre...! Est-ce que ce sale humanoïde-araignée l'aurait empoisonné avant le début de l'épreuve ?...* s'interroge Lydia qui fait de son mieux pour cacher son inquiétude.

L’employeuse est assise parmi les autres “patrons”. Celle-ci se lève et applaudit vivement en voyant Io débarquer, puis Auros certainement peu de temps après. Les autres chefs, même s’ils l’ont de travers, font semblant de faire la même chose juste pour être courtois et bien vu - même si tout le monde sait qu’il s’agit d’hypocrisie, étrangement on préserve quand même les apparences sur cette maudite planète.

La plantureuse tunneuse de véhicules dernier cri leur fait signe de s’installer à ses côtés. Immédiatement leur sont servis des boissons et des mets de qualité par des serveurs qui se tiennent droit comme des i. De peur de vexer quelqu’un. Parce qu’ils pourraient être exécutés sans remords pour un pas de travers.

C’est sans un mot dit à haute voix que la donzelle se rassoit. Passer par le “canal privé mental” semble de meilleure augure.


Lydia : *Équipe : Il y a un problème avec Sora. Je crois que l’humanoïde-arachnide l’a empoisonnée avant le début de l’épreuve, mais j’ignore comment… Toutefois, j’admire franchement la résilience de votre femme, Jin. J’ai rarement vu quelqu’un avoir autant la niac.”


S’en était fini de cette pauvre femme-enfant pourtant, son état le laissait plus que supposer. Cela fit un pincement au cœur à Lydia, qui, même si elle ne la connaissait que peu, s’était quelque part attachée à la candeur et la bienveillance irradiante de cette personne. Ce n’était pas un canon de beauté pour les standards d’ici et peut-être d’ailleurs, mais il y avait ce “quelque chose” qui donnait envie de la protéger, comme si son être entier était… une sorte de rareté, un fragment pur dans ce monde ravagé par le vice.

En fait, se retrouver à fréquenter Setsuka, c’était comme replonger dans l’enfance, à l’époque où notre âme n’est encore que blancheur et innocence…

Et cette petite fille devenue grande se bat actuellement bec et ongles jusqu’à atteindre ses toutes dernières réserves. C’est cet entêtement, cette résolution à tout donner peu importe ce que l’on y perd, qui fait briller les êtres dans son genre. Une toute petite saiyan à l’air guilleret constant qui fait montre de la bestialité qui est sienne, prête à se donner aux pires contusions si cela lui permet de se donner jusqu’au bout.

Du sang rouge tellement foncé qu’il en était presque noir dégoulinait de part et d’autre de ses lèvres et ses canines. Sa queue de singe commençait à avoir des bleus sous la fourrure à force de frapper avec autant de force contre la barre métallique. Rien ne semblait pourtant la sortir de sa transe, ce que l’on nomme l’instinct de survie, négligé par bien des combattants et pourtant un atout majeur pour donner le meilleur de soi dans des situations critiques.

Alors que son dernier adversaire en lice prévoyait déjà son échec (ce qui était tout à fait logique), la göranienne se mit à sourire à dents dévoilées. Ce type de sourire donnait souvent l’air d’un psychopathe, notamment avec de l’hémoglobine plein la bouche. Toutefois, c’était bel et bien de l’amusement créé par cette situation de défi qui lui donnait une telle réaction.


“Eh ! Tant que j’ai les yeux ouverts, tu peux te gratter pour que je tombe !”


Elle s’esclaffe de rire, ce qui secoue ses tripes (aïeuh!). L’humanoïde animal pointe du doigt l’autochtone, et ses petits se ruent sur cette dernière.


Ses yeux se plissent en un air malicieux qui s’apparente à ceux des enfants quand ils jouent. L’appendice touffu de la combattante se contorsionne étrangement sur la structure où celle-ci est assise. D’un bond vers l’arrière agile, son fessier atterrit sur son troisième membre, qui propulse sa possesseuse comme s’il s’agissait d’un ressort !


“GNYAAAAAAAAAWWWWW!”

La saiyan vise le cou. L’artère carotide. Tout animal sait qu’il faut à tout prix se concentrer sur cet endroit lorsqu’il est atteignable (pas comme chez les lions dont l’épaisse fourrure les protège de ce type d’assaut).



Lydia : *Quelle audace ! C’est là qu’on voit la différence entre ceux des contrées sauvages et nous autres !*


Ses crocs une fois plantés dans la chair, que ce soit effectivement l’endroit espéré ou non, se plantent profondément. Secouant la tête à l’instar d’une hyène déchaînée pour déchirer les tissus musculaires de sa victime, ses jambes s’enroulent autour de la taille du bi-race. Sa queue de singe se tord sur elle-même afin de former, vulgairement, une sorte de poing ou même un boulet. Son membre à part entière vient fracasser les côtes de sa cible coup après coup.


*Tu vas comprendre… qu’il faut se méfier des singes !*


Mais à mesure que cela dure, sa gorge se noue. Ses tripes se contractent péniblement, elles sont au bout du rouleau de n’être pas prises en compte. La chaleur dans tout son corps lui monte à la tête subitement, et une douche froide baigne aussi promptement les muscles de son dos. Les tâches noires devant ses yeux se transforment en nuages de plus en plus dense, jusqu’à ce que son système entier ne daigne plus répondre.

Après avoir donné ses dernières ressources dans cette offensive inespérée, son corps finit ainsi par la lâcher irrémédiablement. La fatigue et la douleur la noient dans un océan sombre, celui de l’évanouissement. Son être entier glisse le long de sa proie et tombe lourdement.


Lydia, ébahie (au même titre que la plupart des autres protagonistes qui observaient cette fin d’épreuve) se retenait de se lever à brûle-pourpoint lorsqu’elle découvrit la fin de la chute de son employée… Son visage était dans l’eau. C’est la noyade assurée. Une salve acide remonte le long de sa trachée devant l’inévitable : personne n’irait l’aider à temps. Sa main se serre sur le drap immaculé de la table autour de laquelle ils siègent.


Lydia : *Équipe : … Je… écoutez, Jin… Aucun des candidats déjà disqualifié ne lèvera le petit doigt, parce que si elle…* La voluptueuse cheffe ne termine pas sa phrase, elle pense à Kirua. *... Les autres vont tous avancer d’un cran dans le classement, donc ce n’est pas à leur avantage de lui venir en aide, et… je crains que ce sera trop tard quand ils sonneront la fin de l’épreuve, le temps que l’équipe médicale n’arrive, Sora sera déjà…*


Les autres personnes présentes avaient des petits sourires en coin. Ils devaient se dire : “belle performance, maintenant tu vas crever !” et cela les réjouissait intérieurement. Ils feignent évidemment un air offusqué à l’extérieur.

Et pourquoi pas, après tout ? Rien ne se passe jamais comme on le prévoit ou on l’espère. Mettre statistiquement toutes les chances de son côté pour arriver à ce que l’on s’imagine, c’est une sorte de sécurité tout de même - mais le futur ne peut être préssenti qu’en surface, et pas dans ses moindres détails. Peut-être que Setsuka avait eu son utilité jusqu’ici pour permettre à Auros d’explorer un autre moyen que de se confronter aux problèmes de son royaume, et que son rôle touchait à sa fin.

Dans la noirceur de son coma imposé, Setsuka est une observatrice sans pouvoirs au sein des ténèbres dans son cœur.

Il y a quelqu'un ici. Au fond de son for intérieur. Une femme aux pieds nus enfoncés dans un sable ébène. Le flot abyssal qui lui fait face est tout aussi obscur. Mais qui est-ce ?


“Je suis à la recherche de l’origine des maux. Des maux de ce monde, des maux de ses habitants. Pourquoi doit-on survivre, à moitié noyé, dans cet océan de malheurs qui ne cesse de s’accroître ?”


Ses yeux ambrés engloutis par l’immensité de la mer. Ses cheveux albes qui virevoltent au gré du vent. Nulle réponse aux questions existentielles si ce n’est la souffrance inévitable de la condition humaine.


Impuissante, la göranienne ne peut répondre à cette personne qui lui fait dos. Elle veut mouvoir sa bouche, former des mots pour répondre à ses maux qui lui font mal. C’est impossible, pourtant.


“Ceux qui ne prennent pas position sont des lâches. Et pas seulement : il faut être un monstre pour observer quelqu’un en souffrance sans rien faire pour l’aider.”


Des flashs… des souvenirs ? Désordonnés, éparpillés. Ils s’enchaînent. Des yeux sombres et de longs cheveux de la même couleur, le visage sourit mais il y a du sang sur ses mains. Des fleurs brûlées, le corps à moitié dévoré d’un enfant à côté. L’odeur infernale de la viande coagulée mêlées à la vision de l’amas de cadavres empilés dans un village. Un corps grimés d’ecchymoses dès la plus tendre enfance. Des races entières annihilées pour qu’un peuple de guerriers en tire de la gloire…


Ses yeux s’emplissent de larmes. Elle porte sur ses épaules toute la détresse de l’univers, cette petite éponge…
C’est comme la pointe d’une flèche qui transperce la boîte crânienne. La douleur à s’en frapper le front contre les murs. La migraine nauséeuse qui étreint son esprit…




Ces vagues réminiscences… ce sont les miennes ?



L’interrogation de Setsuka se suspend dans son esprit. La dame devant l’océan fait volte-face, et ses yeux dorés, remplis de larmes, se plantent à l’intérieur de son cœur.



“Ce sont les nôtres.”






Cette révélation secoue son être entier d’une peur panique, alors que-






…


…


…







La chaleur d’une étreinte apaisante la tire de sa torpeur. C’est agréable et sécurisant. Un total contraste avec ce qui s’était précédemment tramer dans son esprit.



*Raaah…! MAIS… Bah !...Je viens de rêver de quelque chose d’important, mais je n’arrive déjà plus à m’en souvenir…*



La tête encore dans le pâté, la saiyan peine à revenir entièrement à la réalité. Ses mains délicates se glissent tendrement dans le dos du petit kaïoshin à qui elle rend son étreinte avec plaisir (bien qu’une apparente femme du corps médical tente de le retirer de ses bras).


*Tant pis !* Se dit-elle en chassant sa frustration. Le plus important à l’heure actuelle, c’est qu’Io soit là et qu’il aille bien, après tout !


Les larmes du petit cœur rencontrent sa peau. Cette attention toute particulière qu’il lui porte, à elle, réchauffe son être entier. Son ami la pleure. C’est la plus grande de toutes les sensations qui existe que de se savoir aimé. Les pupilles de Setsuka s’écarquillent quelques instants en réalisant qu’il tient tant à elle - puis ses globes oculaires se plient à leur tour, laissant s’accumuler le liquide lacrymal aux coins de ses yeux.


Ses doigts caressent chaleureusement les cheveux du kaïoshin, et elle embrasse son front avant de se reculer assez pour le regarder dans les yeux, tout sourire malgré leurs larmes respectives.



“Merci d’être auprès de moi…” Sa voix est encore frêle, elle peine à sortir mais le cœur y est. “C’est… trop cool de te voir au réveil !”



Un petit rire accompagne sa phrase, et l’autochtone ébourriffe d’un geste complice la tignasse du petit garçon.


Il s’écoule un certain laps de temps avant que la chasseuse n’intègre réellement la situation. Un lit. Io sans déguisement. Elle ne porte que des sous-vêtements, donc plus de costume non plus. Queue de singe toujours en place (ouf!) mais avec ses couleurs habituelles. Le décor est plus austère que l’excentrique lieu où ils étaient auparavant… eh ben, il a dû se passer un truc de ouf !


Effectivement. Le dieu l’informe de la réaction démesurée de son compagnon déité.



“Oooooh !” Fait-elle d’un “o” bien rond avec ses lèvres. “Je comprends maintenant tout ce changement.” Celle-ci s’étire lentement, cela ne semble pas la perturber outre mesure, la riposte d’Auros. “Je ne suis pas étonnée de sa réaction. Il m’a prévenu, et puis… je ressens en temps réel les émotions qui le traversent grâce à mon don. Je n’abandonne tout de même pas mes projets que de l’aider à voir les choses sous un autre angle pour autant ! ” Réplique-t-elle en faisant mine de bomber le torse afin de donner du poids à ses propos. "J’ai tout donné pendant mon épreuve, mais je n’étais pas en état d’être vraiment au top de mes performances.” Celle-ci se gratte l’arrière de la tête en rougissant, honteuse. “J’ai ce truc nul que doit se coltiner les individus femelles chaque mois. Ce machin nous donne super mal au ventre, là.” Doucement, elle prend la main d’Io dans la sienne et la pose sur le bas de son ventre qui est tout chaud. “C’est l’enfer, là-dedans ! Pis t’es super fatigué, t’as des suées à la fois chaudes et froides, tu perds du sang, t’as des migraines, pis t’es de mauvais poil à cause de tout ça, forcément !”



Malgré sa dernière phrase et les cernes sous ses yeux, Setsuka sourit. Toujours et encore. C’est peut-être l’une des choses les plus difficiles en ce monde que d’apprendre à sourire et à le garder.



“On fait tous de notre mieux.” Répondit-elle avec le même regard tendre envers son ami.



Malgré son évident échec, la saiyan ne semblait ni se flageller ni aller mal pour autant. Son secret ? N’attendre rien de spécifique de la vie ou des autres.

En fait, Auros n’avait même pas besoin d’être changé. Ce n’était pas là l’objet de sa démarche. Setsuka désirait simplement lui montrer d’autres perceptions, d’autres options à envisager dans sa vie comme dans l’application de sa gouvernance pour lui donner matière à réfléchir, et éventuellement ajuster certains de ses avis à l’avenir.

Évoluer, recevoir et partager ses connaissances et son savoir. Voilà l’éducation qu’elle avait reçue et que la chasseresse perpétue.



Sa main caresse quelques instants la joue de l’enfant avant de se poser sur son épaule, avec fermeté et tendresse à la fois.



“C’est vrai qu’ils n’étaient pas commodes les gens sur cette planète ! Pis ils n'avaient pas intérêt à m’aider, sinon je les auraient mordu eux aussi ! Un singe énervé, ça ne se contrôle plus !” Plaisante-t-elle afin de détendre l’atmosphère - remarquant et ressentant sans détours l’était peiné de son jeune acolyte.




*Il m’a sauvé la vie…! Qu’est-ce qui se serait passé si j’étais encore… Est-ce que je serais retournée là-haut ? Est-ce qu’ils m’auraient encore renvoyé ici ? Tout ça ne fait aucun sens de toute façon, je ne comprends pas qui a décidé de me redonner la vie, ni pourquoi… mais je ne vais pas m’en plaindre, ça non !*




En réalisant le schéma entier de cette affaire, la jeune femme reprend Io subitement dans ses bras.



“Merci de m’avoir donné la chance de pouvoir encore vivre !” Celle-ci l’embrasse sur la joue avec un gros bruit de *SMACK!* quelques instants, tout en le serrant avec amour tout contre elle. “Il faut être capable d’endurer les douleurs pour être capable de profiter des joies qu’apporte le fait d’être vivant.”



L’ambivalence entre son comportement chérubin et la teneur presque philosophique, parfois, de ses propos, prouvent que sa personnalité est un choix conscient. Setsuka ne veut pas se résigner, abandonner sa bonne humeur ni ses espoirs.


“J’espère que Lydia va se faire à cette nouvelle opportunité de vie qui s’offre à elle.” Dit-elle en s’asseyant maintenant au bord du lit en exécutant d’autres étirages de son corps. “Même si la mentalité des gens sur sa planète était naze, ça ne doit vraiment pas être facile d’être coupé brutalement de l’environnement avec lequel on est habitué.”



Celle-ci devait être entre de bonnes mains, Setsuka ne se faisait pas de souci pour leur ex-employeuse à ce niveau. C’était surtout psychologiquement que cela devait être chaotique - et encore, cette femme avait l’air d’avoir un mental costaud. Bien que, quelques fois, ce n’est qu’une façade.

Pis, de toute façon, entre nous… on a pas le choix, la vie continue ! C’est comme ça. Pourquoi essayer de se battre contre le courant alors qu’on ne peut pas gagner ?



Enfin bref…


Savoir Auros quelque part, là-haut, dans l’inconnu ou presque, seul… un pincement enserre son coeur.




“Alors c’est fait pour de vrai, il a détruit la planète.” C’est une affirmation. Elle parle à voix haute. “Et comment il a trouvé l’autre méchant pas beau, là… euh… Barra ? Est-ce qu’il lui a mis une pichenette et il est mort ? Ou il le cherche et il interroge des gens actuellement ?” Sa multitude de questions aussi, Setsuka la dit à voix haute. “Avec tes pouvoirs, tu peux savoir ce que fait Auros en ce moment ?”




La göranienne se lève (évidemment qu’elle est assez idiote pour se relever même après tout ça, nah !). Picotement dans les jambes. Rien d’illogique jusque-là.


En voyant la bouche de l’infirmière commencer à se déformer, Setsuka lui fait un signe gentillet de la main en ajoutant : “Non, ça va ! Je vous assure ! Par contre, c’est où pour se laver ? Et vous avez des vêtements propres ? J’ai besoin d’une couche supplémentaire pour mon truc chiant de fille aussi, hein !... Vous avez ça j’imagine. Les élyséens sont des genres d’humanoïdes, donc je suppose que vos citoyens femmes ont aussi ce problème nul !”




Suite aux indications du personnel médical, la voyageuse utilise une sorte de cabine à jets d’eaux multiples, futuriste, pour se doucher. Qu’est-ce que ça fait du bien !


Un petit moment passe et après s’être séchée, Setsuka enfile les habits qui lui sont destinés et rejoint de nouveau le petit garçon.





“Io, je ne peux et ne veux pas laisser Auros tout seul.”


Son ton est différent de d’habitude.

Il y a un panier de fruits sur une sorte de table-basse. La jeune fille se sert et en goulotte étonnamment (non, pas pour une saiyan finalement!) rapidement plusieurs à la suite.


“Auros il est très bien comme il est. Toi aussi t’es super, hein !”


L’étrangère boit un bon litre d’eau, marquant donc un certain temps de pause.


“J’aimerais juste qu’Auros puisse sourire plus souvent, c’est tout. Qu’il comprenne qu’il y a des gens avec qui il n’a pas besoin d’être sur la défensive, et pour qui il compte. Qu’il n’est ni seul ni une mauvaise personne à cause du rôle qui est le sien.”


Un sourire déterminé allonge à nouveau ses lèvres. Ses cheveux sont encore mouillés, et quelques mèches rebelles se mettent devant ses mirettes. Cela lui donne un petit air rebel.


“Vous êtes ma famille après tout !”


Affirme-t-elle en finissant d’enrouler les paumes de ses mains dans des bandages (celles-ci étant encore endolories par la difficulté de l’épreuve précédente).


“Et puis vous êtes envahi par les Sans-Coeurs ! ça ne lui est pas venu à l’idée qu’il va être impuissant si Barra a trouvé un moyen de s’allier à eux ?” Ses yeux étincellent farouchement à ses propos. “Je crois qu’il serait plus sage que tu me téléportes à ses côtés. Qu’est-ce que tu en penses?”


Son sourire ne perd pas de sa beauté. Au contraire, Setsuka ne se démonte pas facilement et quand il s’agit des gens qu’elle aime, rien ne saurait l’arrêter si ce n’est la mort.
Celle-ci prend une pose “héroïque”, posant ses poings contre ses hanches d’un air tout fier.


“Il va avoir besoin de renfort !” Dit-elle en levant son pouce pour le diriger vers sa propre personne, tout sourire.

L’infirmière lui demande de se tenir et de se reposer, mais Setsuka lui fait une grimace amusante pour la narguer sans être méchante pour autant. C’est comme un petit lutin taquin qui refuse d’écouter et qui aime bien embêter son monde. La jeune fille mange encore une bonne dizaine de fruits en quelques minutes à peine, au passage (on est jamais assez certain d’avoir fait suffisamment de réserves quand on est un saiyan, et de surcroît dans la mauvaise période du mois).

La triste mine d’Io ne peut passer inaperçue. Pour autant, comme à son habitude, la petite saiyan garde le sourire. Elle tente de transmettre sa grande détermination dans le fait de vouloir et devoir garder espoir, de continuer à se concentrer sur ce qui est positif plutôt que de s’abandonner aux ténèbres. Celle-ci rétorque alors, quand son compagnon lui intime qu’Auros ne pourra certainement jamais sourire tant que son Empire persistera :


“Et si on donne un groooooos coup sur son crâne d’oeuf ? Peut-être que ça aura pour effet de réinitialiser la partie ronchon de son cerveau !”


Plaisante-t-elle avec un grand sourire amusé par sa propre bêtise. Difficile de savoir ce qui serait susceptible de faire assez mal à l’Empereur, n’empêche, pour donner rien qu’un maigre pourcentage de réussite à cette tactique plus que douteuse… MAIS ! Ce n’est pas si compliqué, en fait ! Ben oui. Beerus qui est son équivalent dans le monde d’origine de Setsuka pourrait s’en charger ! Bim ! Méga-patate dans son crâne quasi luisant ! Ben quoi ? ! ça se tente ! … non ? Rooooh !

Ses larmes essuyées par sa manche. Son petit sourire apaisé malgré la souffrance. La situation est nulle parce que le dirigeant de cet univers a pété les plombs, c’est sûr. Mais il y a autre chose qui échappe à la göranienne.

La remarque de son compagnon quant à sa planète d’origine est véridique. Les habitants de Görana, bien que de races différentes, ont été assez intelligents à travers les décennies pour se faciliter à tous la vie. Rien n’est vraiment compliqué, en effet, ou un problème. Ils ont su tirer des leçons des souffrances passées, contrairement aux terriens et à beaucoup d’autres espèces de l’univers. Ils ont donc changé leurs modes de pensées et de vie pour qu’il n’y ait plus jamais d'événements aussi terribles que jadis. Et ça marche étonnamment bien.

Sur le coup, celle-ci ne répond rien de spécifique. C’est vraiment pas cool que les choses soient aussi… ben ouais, cataclysmique dans leur monde à eux. Mais ça peut au moins s’améliorer, quitte à ne pouvoir changer entièrement les choses.

Le refus du petit être à la téléporter auprès du Roi lui fait quitter sa posture héroïque. Mais son sourire, bien qu’atténué, ne s’est pas envolé. Dans quelle situation horrifique se trouve actuellement le monarque ? Bien sûr que physiquement rien ne doit être en mesure de lui résister, et qu’il va “bien”. Mais mentalement il ne va certainement pas bien, et c’est pourtant ça qui est le plus important. Si, “en dedans” il est mal, comment est-ce qu’il peut régner avec parcimonie et clairvoyance ?

Setsuka hoche la tête pour signifier qu’elle a compris qu’il est inutile d’insister.


“Io. Chez moi, c’est chez toi.” Lui dit-elle tout naturellement en se rapprochant du petit bonhomme pour s’asseoir en tailleur devant lui, ce sourire étincelant gravé sur ses fines lèvres. “Si tu es à bout de souffle, que ton cœur est trop lourd, viens sur Görana te reposer. On ne peut pas prétendre comprendre les problèmes des dieux, mais personne ne te jugera. Notre crédo, c’est d’apporter de la bonne humeur et de la joie aux autres, car l’existence même est une souffrance en soi.”


Ses mains attrapent doucement celles du petit garçon afin de les protéger dans les siennes. L’autochtone active son lien empathique à cet instant afin de transmettre sa sérénité et son amour absolu pour toutes choses, pur et réconfortant. Notons que la sauvageonne avait pris soin d’activer son don que dans un sens : ressentir les émotions d’Io aurait fortement perturbé son entreprise, ainsi l'autochtone devait se concentrer uniquement sur le fait de lui donner toutes ses ressources les plus intactes.

Ses pouces caressent lentement les toutes minuscules paluches de l’enfant pour ajouter de la tendresse à cet instant privilégié. C’était un avant-goût du paradis, pourtant bel et bien terrestre, et représenté dans le for intérieur des concernés. Seuls de profonds sentiments, dénués de toute corruption et une sensibilité particulière à la méditation et à la conscience de soi et du monde pouvait amener là, à ce lieu intérieur que peu arrivaient ne serait-ce qu’à déceler l’existence sans en comprendre la portée ou les mécanismes.


Lorsque le petit bout repris parole, la jeune femme déserre l’une de ses étreintes éxercée sur les mains de ceui-ci. Ses doigts libérés viennent ébouriffer gentiment la chevelure albe magnifique du garçonnet dans un geste maternel évident. Setsuka a beau ne jamais avoir enfanté, son être entier est semblable à l’étoile de la Compassion, la Mère, en provenance d’une culture lointaine et encore inconnue à la jeune fille. Peut-être un jour son chemin croisera celui de Yulia, dont elle est en quelque sorte la jumelle de cœur et d’esprit…


“Ah bah ça, par contre, je peux comprendre !” Réagit-elle instinctivement lorsque Io pointe du doigt le fait qu’on a voulu le protéger face à la réalité des choses. “À cause de ma personnalité, c’est normal qu’on en vienne facilement à penser que je suis crédule, que je manque de maturité et que je manque de discernement. Toi, c'est à cause de ton apparence j'imagine, mais ça revient au même.” Celle-ci lève un index en l’air, quittant son étreinte sur la deuxième main de l’enfant par la même occasion. “Mais c’est parce qu’ils ne savent pas encore que mon comportement est un choix. Je ne veux pas changer et perdre mes valeurs, peu importe ce qui est susceptible de m’arriver. Je me bats pour promouvoir la bonté et l’amour, et rien ni personne ne réussira à détruire qui je suis ! Même au sol et au fond du gouffre, je suis tellement obstinée que je me relèverais.” Celle-ci croise le regard du kaïoshin d'un air complice. "Et je ne pense pas me tromper en affirmant que tu es fait de la même étoffe que moi, Io."


Une de ces rares fois ou son intonation et l’expression de son visage prennent un tournant sérieux. Mais cela ne dure que quelques instants - suffisamment pour donner le poids voulu à ses dires.


“Pis tu sais, les gens ils veulent souvent que tout soit seulement blanc ou noir, parce que c’est plus facile comme ça. Mais, d’expérience, tout est toujours gris. C’est pour ça que c’est difficile de faire des généralités, et c’est aussi pour ça que j’ai été élevée par des personnes qui ne se croient pas en position pour juger les autres. Parce que c’est impossible de faire ça en étant juste. On vit pas dans le corps et la tête des autres, pis on vit pas non plus leurs quotidiens et leurs responsabilités. J’ai même pas idée de tout ce que toi et Auros vous devez endurer par vos rôles respectifs. Tout ce que je sais, c’est que je vous aime beaucoup parce que vous n’avez ni l’un ni l’autre un mauvais fond - et le fait que vous deviez anéantir des peuples entiers pour préserver le monde ne peut pas changer ça. Parce que c’est juste comme ça que fonctionne visiblement nos univers respectifs, en fait. Que ça soit vous ou n’importe qui d’autre, la tâche incomberait bien à quelqu’un de toute façon.”


Celle-ci se relève tranquillement à ses mots, espérant avoir tranquillisé ne serait-ce que d’un iota le kaïoshin. Ce dernier lui propose alors de lui montrer quelque chose. Celle-ci opine du chef d’un air égal, tendant sa main pour prendre la sienne avec enthousiasme.


“Peu importe où nous allons, tu peux compter sur moi !”

Le sourire toujours gravé dans la compassion qu’arborait la jeune fille, voué à Io, lui transmettait là tout son amour sans même avoir besoin d’activer son don. Ils étaient tous les deux faits du même bois. Peu importe son apparence physique, le petit bonhomme azuré avait vécu des siècles. Le préserver autant que possible ne pouvait changer ce qu’il devait accepter : les faits. Inchangeable, immuable. Tout comme Setsuka s’évertuait à le faire, pour ne pas tomber dans le piège de se mettre des œillères au lieu d’affronter les choses.  

Il lui prit la main, et un voyage éclair les transportèrent tout deux dans un endroit pour le moins spécial. C’était si calme qu’on aurait dit qu’il n’y avait pas âme qui vive en ce lieu. Cela pouvait être plausible après tout : il n’y avait que des trésors entassés à perte de vue.


« Ouaaaah ! Ben vous en avez des trucs-qui-brille, dit donc ! » S’exclame-t-elle en nouant ses doigts derrière sa tête d’un air impressionné. « Mais ça sert à quoi ? Et pourquoi autant que ça ? C’est pour faire des cadeaux à vos amis ? Vous devez en avoir tout plein si c’est le cas ! »


Son regard n’exprime aucun jugement, au contraire : cette interrogation est très sérieuse. Les göraniens n’ont pas l’utilité de l’or ou des bijoux, aussi les laissent-ils sous leur forme brut la plupart du temps (ils travaillent ces pierres à l’occasion pour se fabriquer des tenues distinguées lors d’évènements important). En outre, aucune race citoyenne de Görana ne semble affectionner l’opulence sous quelque forme que ce soit (enfin si, pour la nourriture, là ça marche !).
Son compagnon lui indique qu’une partie de ces belles choses sont destinées à remercier ceux qui ont aidé à dénouer la situation de conflit avec Auros, ce qui répond à sa précédente question.


« Oh bah dit donc, c’est cool de votre part ! …Mais, euh… » Celle-ci lance un regard un poil déboussolé à son ami. « Pourquoi il faut récompenser des personnes parce qu’elles font ce qui est bien ? »


Ce genre de notion ne pouvait être comprise par quelqu’un qui vivait dans un endroit épargné par les vices des humanoïdes. À vrai dire, voyager dans le reste du monde est invariablement une très mauvaise idée pour quelqu’un qui a grandi sur Görana…


« C’est vrai qu’il n’est pas très engageant, on dirait qu’il va te mordre si tu l’approches ! » Dit-elle en mimant le grognement d’un chien pour imager sa réflexion pour finir sur un petit rire amusé.


D’un pas tranquille, suivant Io, la jeune femme laisse ses yeux se promener sur les tonnes de « machins-brillants ». Il y en a de toutes sortes, des pierres travaillées aux pièces de monnaie toute dorée, des armures, des armes, des bijoux, il y a même des espèces de peintures avec des gens dessus. C’est vrai que sur Terre ils adorent toutes ces choses, Setsuka l’a appris en y passant quelques mois.

Pis après tout, c’est peut-être aussi de la collection ! La chasseuse adore amasser les plantes récemment mortes afin de leur redonner un « coup de frais » avant de les faire séchées, et ainsi les conserver au mieux de leur forme avant leur trépas, par exemple.

Enfin, son tout petit pote attire son attention sur une cuirasse. Celle-ci se penche pour mieux l’inspecter. Tout est fait « à l’huile de coude, à l’ancienne » et par transmissions de savoir-faire sur Görana. De ce fait, tout le monde a des notions en forge, même si personne n’est obligé de s’en faire une passion.


« Mais comment l’artisan a réussi à faire des contours aussi lisses ? C’est incroyable ! On dirait que c’est fait par magie, et pas avec des p’tites mains ! Même nos créateurs d’armures les plus forts ils ne peuvent pas faire ça ! »


D’admiration ses prunelles brillent en analysant soigneusement la « coupe » donnée à cette protection d’une qualité divine. Dans ses carnets de dessins on y trouvait d’ailleurs des esquisses de différents modèles d’armures. Des reproductions et des mélanges de trouvailles de bon ouvrage que la göranienne avait découvert durant ses quelques mois de voyage entre la planète Vegeta et la Terre. Les artisans de ces deux mondes n’étaient pas en reste non plus, bien qu’il ne s’agisse indéniablement pas de la même qualité que l’objet divin présenté ici.


« Hein ? Tu veux que je te donne conseil pour savoir à qui donner ça ? Euh… » Celle-ci se frotte le menton d’un air pensif. « Ben tu sais, ça ne fait pas très longtemps que je découvre le monde en dehors de Görana. Je ne suis pas sûre d’être la mieux placée, pis je connais quelques personnes mais ce n’est pas représentatif de tous ceux qui sont méritants et de tous ceux qui ont aidés à faire le bien. » Celle-ci lance un regard au petit père qui a l’air pourtant de vouloir connaître son avis. « Je suis triste de commencer par-là, mais j’ai vu quand j’étais dans l’autre-monde ce qu’est devenu Scalio, et il ne faut absolument pas l’approcher ! Il n’est plus que l’ombre de lui-même, c’est devenu un gros zinzin. » Malgré son vocabulaire enfantin, on sent que sa peine à son sujet ne s’est pas volatilisée. « Je te parlerais bien de mon copain Sharotto, mais pouf ! Il a complètement disparu de la circulation après le bazar sur Terre là, avec le type qui s’appelle Eska.» Celle-ci se gratte encore un peu le menton d’un air dubitatif avant de subitement changer de tête : « Aaaah mais je saiiiiis ! Faut donner ça à mon super ami Cabba ! Je suis sûre que ça lui servira ! »


La dernière fois que Setsuka l’avait vu, il avait l’air totalement perturbé. En même temps, ce n’est pas facile de se sortir de toutes ces choses horribles qu’il avait vécu, même si ça faisait un certain temps. Un tel cadeau lui ferait certainement très plaisir, et peut-être que ça l’aiderait à avancer, à faire la paix intérieure avec ce qui le chamboule. La jeune saiyan était loin de s’imaginer ce qui se tramait à l’intérieur de l’esprit du jeune homme en question…  


« Tiens, regardes ! J’en ai dessiné des tas, pace que j’en ai vu plein ces derniers mois. » Dit-elle en montrant brièvement quelques pages de ses croquis de cuirasses, jambières, côtes de mailles, bottes en fer, etc. (particulièrement réalistes). « Tu crois que je peux trouver quelque chose dans ce genre par chez vous ? » Dit-elle en lui montrant un modèle particulier assemblé de A à Z sur le corps d’une femme. « J’ai inventé cet ensemble en me basant sur tout ce que j’ai découvert à l’étranger. J’aimerais bien porter une armure qui me change de celles de Görana, donc j’ai passé du temps à dessiner ce que j’imagine qui me conviendrait niveau poids et protection. »


Enthousiaste à l’idée de pouvoir se munir d’une armure complète lors de ses prochaines batailles, la jeune fille arbore une expression toute excitée.


« En plus, Auros il doit préférer les filles en armure ! » Dit-elle gaiement alors que sa queue de singe se balance frénétiquement de gauche à droite comme celle d’un golden retriever tout heureux.


Il lui fit découvrir par la suite un gigantesque coffre rempli d’or travaillé. En des pièces « de monnaie » comme les appelaient les terriens. Ce truc sert à… vivre, ce qui est un mécanisme très bizarre aux yeux de l’autochtone… qui provient de cette fameuse planète en dehors du temps, sur laquelle si tu es dans le besoin, on te donne à manger. Si tu n’as nulle part où dormir, on te donne le gîte. Il n’y a pas de redevance à avoir.
Même si le brillant des deniers se reflétaient dans les prunelles de la brune, il n’y avait ni intérêt ni avarice dans son cœur. Sa première réaction fut de hausser instinctivement les épaules d’un air gêné.


« Tout le principe lié à l’argent, déjà que ça me dépasse… » Dit-elle en se mettant à rougir un peu plus fortement, embarrassée à l’idée d’être incapable de donner ne serait-ce qu’une indication convenable à ce sujet – qui est très important pour la survie des autres peuples de l’univers. « Je n’ai visité que Vegeta et la Terre pour l’instant, je ne connais pas bien les autres civilisations. Tu sais, ça ne fait que quelques mois que je voyage en dehors de Görana… » Celle-ci inspecte de plus près la devise, comme si cette dernière allait lui apporter la moindre réponse. « Désolée…» Ajoute-t-elle en se redressant après une inspection de quelques secondes.


Enfin, ses yeux découvrirent, stupéfait par la beauté de l’ingénierie mise en avant sur ce modèle, une prothèse destinée à remplacer un bras semblable à celle de l’Empereur. Le kaïoshin lui explique que cet exemplaire est destiné à enrichir la vélocité comme la force de frappe de son futur possesseur. Cette dernière s’exclame aussitôt :


« La prothèse c’est trop super ! C’est mon ami Boneco qui devrait l’avoir, c’est sûr ! Il est super courageux et trop sympa, je suis sûre que tu t’entendrais bien avec lui, en plus ! »


Cette fois-ci, sa réponse ne s’était pas faite prier. Elle se remémora sa rencontre avec Boneco. Le face-à-face de deux êtres au cœur pur qui s’ignoraient - mais qui avaient pourtant intimement la conviction au fond d’eux qu’ils se voyaient tel un miroir dans l’autre. Cela n’avait rien d’étonnant tant rencontrer un être pourvu d’un cœur pur était rare, alors quand ils se rencontrent mutuellement c’est d’autant plus insolite.

Et voilà qu’on l’amenait face à un bouton sur un soyeux cousin rouge. C’était une blague, ou quoi ? Comment pouvait-on s’imaginer une seule seconde que Setsuka n’allait pas appuyer dessus ? ! Ce truc était littéralement là, à attendre qu’on lui presse la tronche ! On ne va pas se mentir, les explications d’Io tombèrent dans une seule de ses deux oreilles. Sa curiosité parasitaire couplé à l’effet « chat de Schrödinger » n’aidait pas.

Toutefois, le rappel à l’ordre d’Io la fait brusquement bondir, hérissant les poils de sa queue.


« Mais c’est trop de la triche ce truc ! ça m’a hypnotisé de voir un bouton aussi bien installé sur un tout beau coussin ! Pis tu ne peux même pas y toucher, c’est trop de l’arnaque ! Il ne demande que ça en plus ! »


Celle-ci soupire d’un air contrarié (enfin, comme une femme-enfant pourrait l’être, rien de très sérieux).


« En tout cas c’est un sacré engagement que de permettre à quelqu’un de l’appeler en cas d’urgence. » Dit-elle en se replaçant auprès de son ami, en se baissant pour se mettre à sa taille (et aussi parce que c’est confortable pour les gens souples que de « s’asseoir à l’asiatique », les pieds à plat sur le sol et le dos aussi droit que possible dans cette posture courbée). « Je ne sais même pas s’il y a une personne qui devrait l’avoir, aussi vaillante puisse-t-elle être. C’est une grosse responsabilité, autant pour le détenteur que pour Auros. » Est-ce que ce truc explose après utilisation ? C’est juste une pensée qui la traverse. Et puis… « Mais Beerus ne se sentirait pas en compétition avec Auros s’il intervient dans son univers ? » Questionne-t-elle tout d’un coup, une lueur visible d’inquiétude dans les prunelles.



La combattante se gratte l’arrière de la tête, le regard focalisé sur le bouton comme si le fixé de la sorte allait le forcer à lui révéler ses secrets. « Enfin, peu importe ! En tout cas, je suis contente de passer du temps rien qu’avec toi. »


Celle-ci se reconcentre sur le kaïoshin. Il est tellement mimi ! Ses cheveux sont tout ébouriffés, ça donne envie de lui faire pat-pat ! Et puis, même ses habits ils sont chouettes. Celle-ci pose une main amicale sur l’épaule de son compagnon. Elle se sent obligatoirement complice avec celui qui, à l’instar de Boneco, a un cœur pur semblable au sien. De plus en plus, son esprit se sent connecté au sien, et puis…
Son air est redevenu plus sérieux qu’à l’accoutumé. Le sujet précédent revient au galop. C’est bizarre. Il ne fait pas l’ombre d’un doute que ses pensées sillonnent différentes situations dans lesquelles ce fameux « gros bouton rouge » pourrait s’avérer utile. Mais qu’est-ce qui peut être une urgence à la hauteur d’un Dieu de la Destruction, finalement ?


Le cœur lourd avec toutes ces situations critiques qui surgissent dans sa tête – qui ont un étrange arrière-gout amer de déjà-vu… pourtant elle n’arrive pas à mettre le doigt sur des souvenirs précis – celle-ci perd son regard quelques instants dans le vide. Son visage se ferme, ce qui ne lui ressemble pas.



….




En réalité, Setsuka avait fait l’erreur d’activer son don.


Le fait qu’Io ne soit pas bien ne pouvait évidemment pas ne pas être remarqué par la saiyan. Bien qu’elle ait fait en sorte de rester fidèle à elle-même, de faire ses singeries et d’être positive pour l’aider à remonter juste un petit-peu la pente ; il lui avait semblé que rien n’y faisait. Alors… en activant son don, l’autochtone allait pouvoir saisir un tant soi peu ce qui l’atteignait autant.


*Respires, respires, respires ! Setsuka !*
Il y a quelqu’un qui hurle dans son crâne. On dirait sa voix.









Figée comme une gargouille dans sa posture, l’étrangère endurait les répercussions du comportement d’Auros. L’ensemble des ressentis d’Io se transféraient dans son corps comme davantage de secousses internes qui ne cessaient pas.

Chaque vie qui était aspirée dans le néant accentuait à la fois les sueurs froides, qui d’abord inondèrent son dos, avant de tremper son visage et le reste de ses membres tremblotants.

Dans le sillage de sa rage infinie, d’une colère si noire et profonde que personne ne pouvait la stopper, chaque battement de son cœur lui déchirait la poitrine d’une douleur qui éveilla des images dans son esprit. Des choses vécues… oubliées ? Ces flash de "vie antérieure" martelait son crâne autant que les pertes humanoïdes s’accumulaient.

Chaque coup de marteau creusait les cernes sous ses yeux qui étaient inexistantes il y a quelques minutes. Son visage devint pâle, malade. Infectée par une vie entière de haine exprimée à travers ce spectacle terrifiant.



L’ascendant monstrueux et inarrêtable du Roi Elyséen lui apparaissait maintenant plus clairement que jamais.

La stabilité de son actuelle position lâcha aussi promptement que sa queue de singe se replia totalement sur elle-même dans une position aussi inconfortable qu’inquiétante. Setsuka se retrouva le fessier au sol, ramenant aussitôt ses genoux contre son buste d’un air absent. Ses mains s’accrochèrent à ses genoux. Ses pupilles commençaient à prendre une teinte inhabituelle tirant sur le jaune, ce qui n’avait aucune cohérence avec le bleu naturel de ses yeux.

Ses cheveux - d’un noir aussi total que l’émotion qui couvrait l’Empereur - collaient à son visage, baigné d’une sueur glaciale, qui lui donnait des spasmes dignes d’une température extrêmement basse. Ses yeux demeuraient bloqués dans une expression de stupéfaction ivre de toutes ces horreurs, et les larmes qui en tombaient silencieusement ne pouvaient cesser.



La sensation de la mort, l’odeur de la mort, l’idée de la mort et vivre la mort dans son propre esprit et corps, elle l’avait déjà éprouvé. C’était en tout point similaire, à la différence près qu’il fallait se représenter être un millier de personnes à la fois qui vivent ça simultanément.


*Respires ! Je t’ai dit de respirer, idiote !*


Bien que cette fichue voix soit particulièrement inquiétante ne serait-ce que par sa présence au creux de son esprit, ce n’est pourtant pas ce qui retient actuellement son attention.



Elle tourne son visage vers Io, comme reprenant à moitié contenance.











Sa bouche s’entrouvre, mais aucun son ne sort. Sa gorge est si serrée que les sécrétions naturelles de celle-ci s’y coince. La petite saiyan se met à tousser. Tousser, tousser, tousser. Le dos de sa main devant sa bouche reçoit quelques gouttes de sang.

Pourquoi est-ce que cette sensation est familière ? Pourquoi son corps réagit-il ainsi, si c’est du déjà vu, déjà connu, alors… Son regard planté, coincé dans celui du petit kaïoshin inspire une ambiance totalement horrifique. Il faut faire quelque chose. Mais qu’est-ce qui peut être fait de manière réaliste dans un tel contexte ?


Io parvient à taire ça et à le supporter. Ce n’est pas la première fois, pas vrai ?

Le temps et les expériences forge tout le monde, c’est ce qu’on dit. C’est véridique dans une certaine mesure, inéluctable, digne d’un ultimatum : seuls les plus forts survivrons.

Et celui qui n’y voit que la condition physique ne connaît finalement pas grand-chose des épreuves que réserve une vie. Le mental régit tout. Et il n’y a pas de place pour ceux qui ne sont pas capable de voir les choses en face et de les surmonter.



La saiyan prend plusieurs grandes inspirations, par la bouche et de manière aussi silencieuse que possible. Elle passe ses mains flageolantes sur son visage d’une manière désorientée. C’est semblable à... non, c'est la guerre. Aussi bien externe qu'interne. Auros ne peut pas ne rien éprouver. Ce n'est pas possible.


*Respires ou laisses-moi la place.*


Toujours la même chose, le même refrain que quelqu’un répète dans son crâne avec sa voix sans l’être.

…




Quelque chose clochait sérieusement. Son esprit se refusait cependant à lui faire perdre la raison ou à abandonner. La göranienne se focalisait sur la lumière en son sein depuis le départ, et il semblait que l’autochtone avait fini par n’entendre et ne voire plus que cet éclat intarissable.

Ses sourcils se froncèrent. Le doré qui commençait à morceler le bleu foncé de ses yeux disparut plus vite qu’il n’était apparu. Sa queue de singe en souffrance, tordue, se démêle enfin. D’un bond surprenant, la chasseuse s’oblige à se remettre sur les rails, même si ses genoux instables menacent de la faire s’écrouler.


« Hors de question ! » Fit-elle sur un ton assuré inattendu.


Mais la réponse n’était pas tant pour son « moi » intérieur.


« Io, tu ne dois pas endurer ça ! Personne ne le devrait ! »


La guerrière se sent tellement mal, tellement désolée d’avoir laissé Io digérer ça tout seul depuis son réveil.

Son instinct de survie lui redonne la bravoure nécessaire pour prendre position. Comme dans son récent rêve. La personne avait raison quand elle a dit qu’il fallait agir dans les situations qui l’exigeaient.


« Lui non plus ne devrait pas s’infliger ça ! »


Malgré son ton qui pouvait passer pour de la colère, ça n’en était pas le moins du monde. C’était de la détermination.

Pourtant elle n’avait aucun moyen de s’opposer à Auros. La puissance de l’Elyséen dépassait l’entendement. Son KI n’était même pas perceptible. S'il l'avait été, ce serait comme se retrouver au milieu de l’océan, tout au fond de celui-ci, et de suffoquer sans pouvoir rien y faire.


Dépourvue de solutions, diraient certains. Qu’ils aillent se faire voir, ces loosers !

Que le Dieu de la Destruction y change quelque chose ou non à termes, ce n’était qu’à lui seul de décider.
Il pourrait aussi bien décider d’hakaï Setsuka, au regard du torrent que représente sa rancœur, si celle-ci s’oppose à ses actes.




« De toute façon, il est déjà fâché, alors ça ne changera rien ! »


Lance-t-elle avant de se diriger vers le « gros bouton rouge interdit » pour appuyer fermement dessus avec son index (ou peut-être qu’Io s’était interposé).

Galvanisée par la clarté chaste de la lumière au cœur de son être, la courageuse petite saiyan se tenait les bras le long du corps. Son visage n’exprime ni ressentiment ni agacement. Ses yeux brillent d’une lueur vertueuse et authentique.

Ce coquillage possède une coque des plus résistantes ! Mais ça ne veut pas dire qu’on ne peut pas en venir à bout, pas vrai ?

C’était son rôle pis c’était comme ça. C’était sa réponse. Mais cela apaisa le cœur de Setsuka. Parce qu’il y avait eu un petit quelque chose qui s’était créé en lui. Une divagation dans son processus habituel de raisonnement. Rien ne l’avait trahi, ni son expression faciale parfaitement impassible ou son regard. Ce n’était que grâce au lieu de plus en plus ténu que la jeune femme avait créé avec lui qu’il lui avait été possible de le remarquer. Et donc, c’était un bon début !


*Donc toc, dans la tronche de sa zone de confort et de ses idées jamais remises en question, héhé ! Un point pour la sauvageonne !*


Bah, et puis même s’il ne pensait pas être capable de voir la beauté qui l’entoure, ce n’était qu’à cause de ses barrières mentales super balèzes. Un jour, ça pourrait changer. Alors la chasseresse ne se décourageait pas, têtue qu’elle était (et lui aussi, comme ça c’est banco !). Pour n’avoir eu qu’un mince aperçu du coeur d’Auros, pour avoir compris qu’il n’était pas mauvais - rien que pour cela Setsuka n’abandonnerait jamais.

Son hôte est un être complet, avec des capacités cognitives et intellectuelles qu’il fait en sorte d’améliorer chaque jour. Le Dieu de la Destruction n’est pas en Perdition du tout, à vrai dire il est balèze pour avoir enduré tout ce qu’il a vécu et être resté maître de lui.
L’empereur n’est pas si imperméable aux sentiments qu’il veut le croire, il ne sait juste pas trop comment c’est censé fonctionner chez lui. Ben, ça va prendre du temps, mais ça vaut le coup d’essayer.


*Parce qu’il peut devenir… heureux ! C’est ça le but de la vie, et il n’en a même pas encore conscience, c’est dingue !*


Lorsque la relation symbiotique qui les unissait un moment tous les trois cessa, la gorge de Setsuka se noua quelques instants en découvrant l’expression dans les yeux d’Auros. Définitivement, la combattante était convaincue de ne pas se tromper à son sujet. Plus que jamais en ressentant la sincérité de son retour émotionnel et des mots qui l'accompagnent.

Une sorte d’émotion nouvelle naquit en elle à cet instant. Réceptive à la sensibilité d’autrui, celle d’un être comme lui semblait particulièrement l’atteindre. Le sentiment qui l’étreignit à ce moment-là était une sorte de savant mélange entre une envie de le protéger, de le guider, d’être à ses côtés, de le voir s’épanouir et de l’admiration. Parce qu’il ne jouait pas (ou plus) aux peureux en refoulant ce qu’il ressentait.

Malgré la pâleur inhabituelle sur son visage, la présence de cernes sous ses yeux et le mal qui dévorait son bas ventre actuellement, tout ceci passa en arrière plan.


*Comme tu es beau !*


Voilà ce qu’elle pensa à cet instant. Et il ne s’agissait pas de décrire son apparence physique, absolument pas. Setsuka le trouvait de plus en plus magnifique à chaque fois qu’elle découvrait dans ses yeux, ses dires et son attitude une nouvelle émotion, quelque chose auquel il n’avait jamais été confronté avant. C’était là un fait qui provoquait énormément d’émoi pour la native de Görana.

Le Maître incontesté de cet univers la prit par surprise, par la suite, en lui offrant une boule de cristal. Ce truc avait l’air d’une belle décoration, créé par quelqu’un capable de souffler du verre, ce qui demande un savoir-faire certain ! Euh, mais en fait…

… La sphère se teinta aussi rapidement qu’elle avait été mise entre ses petites menottes…


“Oooooh ! Bah ! M-mais ! C’est mon papa !”


Souvent on pense d’abord (inconsciemment) à sa maman. Mais c’est humain d’avoir des affinités différentes avec chacun, même les membres de sa famille. Et, incontestablement, son père César (rappelons que c’est un chimpanzé pour remettre le contexte, et que les grands singes sont d’une intelligence équivalente aux humains sur Görana) est la personne dont Setsuka est le plus proche en termes de personnalité.

Ce dernier était en train d’aider à entreposer les réserves de vivres pour la courte période hivernale göranienne. Se fendant d’un sourire jusqu’aux oreilles, le rouge aux joues, la jeune fille colla son nez comme une enfant contre le bidule magique. Captivée par l’image de l’être cher qui s’y reflétait pendant que ses deux compagnons échangeaient.


“Ouaaaaaaah !!” des étoiles dans les mirettes, elle décolle son blaire pour mieux regarder Auros et lui signifier toute sa gratitude. “Merciiiii, merciiiiiii c’est tellement bien ! Rien de tel que de pouvoir se rassurer quand on est loin d’un être cher et qu’on se demande comment il va ! Tu sais vachement bien ce qui manquait à mon quotidien. Je vais chérir ce trésor !”


Les mises en garde du Roi n’étaient pas tombées dans les oreilles d’une sourde nonobstant. Setsuka ne voulait même pas savoir ce qu'implique le fait de “mal utiliser” cet artefact. Malgré le fait que celle-ci soit une grande enfant, sa sagesse la poussait à réfréner sa curiosité quand il s’agit de choses mauvaises. C’est certainement cela qui la préserve de bien des soucis. La göranienne range par la suite la Sphère de Vision au chaud dans sa besace.

Ultérieurement, le Dieu de la Destruction annonce qu’il doit se séparer d’eux.


“Navré ? Ben, faut pas, au contraire !” répondit-elle du tac-au-tac, tranchant net avec la réaction du petit kaïoshin.


Réellement ravie par ce que cela impliquait - la continuité de l’évolution mentale d’Auros - la jeune fille se sentait toute excitée à l’idée qu’il lui raconte, plus tard, le sujet de son voyage.

Une promesse au petit-doigt réalisée (trop bizarre ce truc, mais maintenant elle sait comment on peut conclure un serment !) qui la fait sourire.


“Io, prends des vacances et viens te faire dorer la pilule sur Görana, et comme ça tu seras moins triste pendant son absence !” lui lance l’autochtone en se tournant vers le p’tit bout d’chou afin de lui faire un gros câlin. “Pis tu peux venir me voir quand tu veux ! J’ai toujours besoin d’un coup de pouce pour aider à nourrir les animaux que je recueille chez moi !”


Nul doute que donner le biberon à des petites bêtes adorables avait de quoi redonner le sourire. En son absence, des dizaines de citoyens de Görana se donnaient le relais pour assurer la bonne gestion du véritable parc animalier dans le jardin de la demoiselle.

Plus tard, Auros l’interpella. Celle-ci fit doucement volte-face vers le géant (fallait-il préciser qu’elle ressemblait à une crevette à côté de ce colosse) avec son éternel sourire, figé dans cette expression d’intense compassion à son égard.


“Ah ! ça tombe bien, moi aussi j’ai un truc à te demander ! Je peux commencer, diiiis ? ! ” paye-t-elle de retour à son hôte. “Euh… même deux, ou trois…” ajoute-elle en se frottant le menton d’un air pensif mignon. “Ben tu sais, tu m’avais montré des fleurs chez toi ! Alors quand on se reverra, je voudrais qu’on retourne les voir. Voilà, ça c’est le premier truc.”


Bien sûr qu’elle n’avait pas oublié le moins du monde. C’était une autre occasion rêvée de mieux le connaître et de se rapprocher de lui, quand on repense aux propriétés exceptionnelles de ces plantes, qu’elle comptait bien partager avec lui.


“Deuxième demande majesté : je veux un vrai câlin !! Ben oui, parce que t’es tout contracté à chaque fois que je t’en fait, c’est nul !”


À ses mots, elle attrapa les poignets du géant tout en douceur et déposa ses mains à lui dans son dos à elle.


“Détends-toi, tu vas voir que c’est agréable si t’as pas un balais dans le popotin !”


À son tour, elle fait danser gaiement ses doigts sur l’échine de son compagnon avant de cueillir son verso d’une tendre caresse à pleines mains. Puis elle dépose tendrement sa joue contre le torse de l’Empereur. Un contact attendrissant et vivifiant à la fois, qui ne peut que donner le sourire.


*Oooh ça me fait penser au super roupillon que j’avais piqué sur lui l’autre soir ! Un peu dur comme coussin de prime abord, mais une fois bien installé on y dort comme un bébé !*


Celle-ci se décolla de lui après un laps de temps tout à fait convenable pour un bon câlinou en bonne et due forme, tout sourire évidemment.


“Bon et dernière demande… et puis j’y mets les formes avec ma nouvelle armure, j’ai pensé que t’aimerais bien !... C'est grâce à Io, il est trop fort !!” celle-ci s’incline convenablement devant lui d’un air plus sérieux que d’habitude. “... Comme le veut la tradition göranienne, je souhaite te prouver ma valeur en te défiant !”


Ben oui. T’avais pas oublié quand même, Auros !
Cela ne semble pas le moins du monde la gêner, cela dit. C’est un peu un jeu d’enfant à ses yeux. Dans le sens où son amour est pur, comme ceux des petits, et qu’elle ne fait qu’exprimer son estime pour lui.


“Si tu acceptes, je te montrerais l’étendue de mon pouvoir à notre prochaine rencontre !”


Dit-elle fièrement en posant ses poings sur ses hanches dans cette position héroïque et comique que la sauvageonne adopte quelquefois. Accompagné d’un “V” de son index et de son majeur qui rend tout cela d’autant plus fabuleux, bien entendu !


“Euh, et si tu veux pas c’est pas grave. De toute façon, tu es déjà dans mon coeur.”


Ce dernier commentaire illumine son visage d’un sourire nouveau. Une expression rayonnante et poignante qui donne envie de lui caresser les cheveux d’un geste tendre. Irrémédiablement, Setsuka aime certes son prochain, mais aussi ceux qui ont une âme capable de rentrer en résonance avec la sienne.


“Voui-vouii ça y est, j’ai fini tout mon cirque, me regarde pas comme ça !” fait-elle en faisant mine à présent de bouder, croisant les bras brièvement avant de lui tirer la langue et de rire. “Je t’écoute mon Roi, quelle est donc cette faveur qui me fera plaisir de t’offrir ?”

Ainsi le voyage de la petite Göranienne touchait à sa fin. Mais ce n’était qu’un au revoir : une promesse de se retrouver quand chacun d’eux aurait grandi encore - car oui, même à leurs âges cela est normal et possible.
Auros devait prendre du recul sur sa propre existence et la manière dont il devait la mener. Setsuka ne le savait pas encore, mais on lui réservait fort à faire dans un premier temps, en des contrées extraordinaires et lointaines… Son dépaysement allait continuer plus tôt que la guerrière ne pouvait l’espérer ! Mais un âge sombre l'attendait à l'issue d’un prochain voyage…


Quoi qu’il en soit, muni d’une photo-câlin de l’Empereur et de sa petite personne (obligée, elle en a conservé une, heh !) et après une révérence toute enjouée envers le Roi; la jeune fille se tourna vers Io, tout sourire. Les deux individus regagnèrent Görana certainement de la même manière qu’à l’arrivée - au détail près que le principal concerné était manquant à l’appel. D’ailleurs, inconsciemment, Setsuka chercha sa main de la sienne durant la traversée.



De retour sur Görana, les habitants accueillent en grandes pompes le duo. Les femmes (et certains hommes) déplorent l’absence du beau Auros toutefois ! Quoi qu’il en soit, une fête est organisée à leur retour et Io est à l’honneur. En effet, même si les göraniens vénèrent des dieux qui leurs sont propres, ils savent montrer leur gratitude aux déités qui viennent à leur rencontre. Le petit bout de chou séjournera chez l’autochtone et sera très vite intégré dans le quotidien simple mais heureux de ces “sauvages”.



Enfin, avec la courte saison des neiges de Görana, la saiyan finira par dénicher une étrange porte en bois aux contours dorés à même la neige… et s’y plongera pour y trouver sa destinée d’élue de la Keyblade.






(Je tiens à te remercier Doc, pour ce sujet sublime, plein de rebondissements et d'aventures. Je me suis amusée comme une petite folle ! Et j’ai apprécié chaque moment de lecture et d’écriture de notre échange. Ton imagination a su donner le change avec brio à la mienne, et me voilà plus que satisfaite en constatant tout ce que nous avons écrit ensemble. Merci !)