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 The big bad wolf [PV]

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Le Grand Méchant Loup
Le Grand Méchant Loup
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MessageSujet: Re: The big bad wolf [PV]   The big bad wolf [PV] - Page 2 ClockMer 29 Jan 2020 - 0:20
Le Loup avait bien remarqué le sérieux dans la réponse de Narumi lorsqu'il avait un peu plaisanté à propos de l'effet dangereux des cigares et autres cigarettes. Bien entendu, sa remarque avait été ironique, à plusieurs aspects. Tout d'abord, parce qu'il avait beaucoup de mal à concevoir qu'une créature comme elle puisse succomber à cause d'un cancer de la gorge, de la langue ou des poumons. Mais aussi parce qu'en tant que cheffe des armées de la Terre, et au vu de tout ce qu'elle avait vécu depuis des siècles, elle avait sans doute dû passer au seuil de la mort des centaines de fois et allait même continuer à arpenter ce sentier dangereux à l'ombre de la vallée de la mort. Alors, il était évident que la dangerosité des cigarillos devait lui passer au-dessus de la jambe. En outre, c'était également ironique parce que Wolfgang lui-même fumait beaucoup autrefois, et on lui avait même fait des réflexions similaires, ce qui l'avait toujours amusé, surtout quand il repensait à tout ce qu'il avait dû endurer physiquement dans sa longue et pénible vie. On lui avait brûlé les fesses, on lui avait ouvert le ventre pour le remplir de pierres avant de le jeter au fond d'un puis où il avait failli se noyer, on l'avait enfermé en cage et affamé, électrisé, et il s'était pris un nombre incalculable de coups et de plaies profondes. Mais, tel un personnage de cartoon, peu importe tout ce qu'on lui infligeait, il finissait toujours par se relever et guérir. Néanmoins, toutes ces mésaventures avaient laissé des cicatrices, mentales bien sûr, mais aussi physiques, qui se voyaient même sur son corps humain. Si les vêtements de son apparence humaine, qu'il faisait apparaître grâce à sa capacité de démon, reflétait son état d'esprit, il en était de même pour les cicatrices qui couvraient son corps. Elles étaient comme des marques de sa dure vie, des cicatrices mentales qui s'exprimaient sur ce corps, comme s'il ne pouvait jamais vraiment les cacher, finalement. Comme s'il ne pouvait pas les oublier.

Mais il était tout de même important de noter ce trait d'humour soudain et inattendu d'un homme qui, quelques heures plus tôt, n'avait plus rien à perdre et se tenait au bord du gouffre, prêt à sauter dans le vide, vers la damnation éternelle. Un changement radical dans la personnalité qu'il avait dévoilée jusque là à Narumi. On mésestimait bien souvent les bienfaits d'une bonne douche. Cela avait un effet extrêmement relaxant sur le cerveau, il n'y avait pas que le corps qui était nettoyé, mais c'était également l'esprit qui se purifiait. Comme si cette couche de saleté encrassait aussi son cerveau, voilant sa vision du monde en noir. Mais la douche n'était pas non plus une solution miracle, elle lui avait simplement permis de s'éclaircir les idées, de faire le point et prendre un peu de recul sur sa situation. S'il se sentait bien mieux ces dernières minutes, c'était bien entendu grâce à sa rencontre avec Narumi, qui avait ravivé une lueur d'espoir en lui.
Contrairement à elle, le Loup faisait régulièrement preuve d'humour, lorsqu'il n'était pas en période dépressive. Même sous sa forme bestiale, sous laquelle ses aspects machiavéliques étaient les plus marqués. En tant que Grand Méchant Loup, il aimait se jouer de ses victimes, se moquer d'elles avec ironie, et s'amuser cruellement avec elles comme un chat jouant avec une souris. Rien que le fait de se déguiser en Mère-Grand pour piéger le Petit Chaperon Rouge - alors qu'il n'avait clairement pas besoin d'un tel stratagème pour dévorer une simple enfant - témoignait de son humour un peu décalé. Il avait plus ou moins conservé cet aspect-là en inventant son identité de Wolfgang Wolfwood, en l'exagérant au point de se faire passer pour un type un peu naïf, pour ne pas dire complétement con.

Lorsqu'elle avait répondu avoir plus de chance de se faire tuer par l'ancien roi de la Terre, il ne comprit pas pourquoi. Ce ne fut que lors des explications suivantes à propos de SK et des bombes qu'il fit les différents rapprochements.

Mais avant de se confier, Narumi avait accepté de lui donner un petit cigare tout en s'étonnant de constater que ces choses-là l'intéressait. Tout en sortant un cigarillo du paquet, il répondit :


"Lorsque j'ai commencé à me faire passer pour un humain, je me suis rapidement mis aux cigarettes. Cela m'aide à ne pas céder à mes pulsions, ça me calme."

C'était probablement psychologique, mais l'action de fumer une cigarette lui permettait de mieux contrôler la bête qui sommeillait en lui.
Il mit le cigarillo entre ses lèvres et l'alluma.

La conversation continua, Narumi se confia sur ce qu'elle avait vécu, la perte de ses enfants, la trahison ou le rejet de l'homme qu'elle avait aimé. En prenant la main de Narumi et en ressentant ses émotions de la même manière qu'elle, avec la même intensité, il avait été bouleversé. Parce que de toute sa vie, il n'avait jamais ressenti une douleur morale aussi profonde que celle de Narumi, il n'avait jamais rien perdu d'aussi cher qu'elle. Car même s'il avait énormément tenu à sa meute et s'était trouvé déprimé de l'avoir perdue, ce n'était rien en comparaison de la douleur de perdre ses enfants. Et il compatissait également à sa douleur de se sentir rejetée par l'être aimé, puisqu'il l'avait expérimentée quelques dizaines de minutes plus tôt en tant que Grand Loup face à une Narumi s'opposant à lui après avoir chassé le Loup Ancestral.

Ce qu'elle dit par la suite à propos de SK suscita un grand étonnement chez le Loup, qui écarquilla des yeux. En effet, elle affirma qu'il avait déjà été tué mais était revenu d'entre les morts. Ce qu'elle dit par la suite le perturba davantage. Elle avait-elle même fait un voyage au royaume des morts et en était revenue. Le Loup ignorait qu'il y avait une vie après la mort, et encore plus que l'on pouvait en revenir comme si de rien n'était. Dans son monde d'origine, il avait déjà eu vent d'histoires à propos de gens revenant des morts. Il y avait ce monstre de Frankeinstein, une abomination créée par la science, très loin de chez lui. Les rumeurs et légendes disaient qu'il avait été créé à partir de morceaux de cadavres, et qu'un courant électrique avait insufflé la vie en lui. Le Grand Méchant Loup avait toujours émis des réserves sur cette histoire, mais en même temps, au pays des Contes, tout était possible. Apparemment, les règles de ce monde-ci, qui paraissait pourtant plus authentique, n'étaient pas très différentes. Tout avait l'air possible également, comme revenir d'entre les morts. Mais selon Narumi, cela n'était pas donné à tout le monde, ça relevait plus de la loterie.


"J'ignorais que c'était possible de revenir d'entre les morts... Comment est-ce, de l'autre côté ?"

Par la suite, elle répondit au Loup pour qu'il puisse savoir si elle voulait de son aide ou non. Elle affirma l'accepter, mais ne pas savoir quoi faire pour mettre SK hors d'état de nuire. Il répondit aussitôt d'une voix sombre et sans la moindre hésitation :

"Nous le mettrons en cage. Seul, dans les ténèbres, privé de liberté, affamé pour l'éternité... N'est-ce pas là un châtiment pire que la mort ?"

Ils avaient tous deux subis le sort de la cage. Avant ce qu'il s'était passé avec van Broghen, bien avant qu'il n'arrive dans ce monde, le Grand Méchant Loup avait été enfermé plusieurs années dans un zoo suite à la capture de Pierre. Il était parvenu à s'échapper grâce au Renard Rusé. L'idée était de faire la même chose avec SK : s'ils ne pouvaient le tuer, le seul moyen allait être de l'enfermer pour l'éternité, en le maintenant dans un état de survie, dans l'unique but de l'empêcher de mourir et de ressusciter, et pour que sa souffrance soit longue.

Par la suite, le Loup raconta sa propre histoire, pour la première fois dans ce monde-ci. En fait, on pouvait même dire que c'était pour la première fois de toute sa vie, puisqu'il ne s'était jamais confié à personne. Narumi parut troublée en écoutant son histoire. Dans un premier temps, elle chercha à le comprendre, voire à justifier ses actions, en partant du principe que c'était les autres qui l'avaient poussé à devenir une incarnation du Mal. Puis elle relativisa ses propos, affirmant que le mieux à faire aurait été de continuer à essayer de s'intégrer sans faire de mal, jusqu'à ce que cela fonctionne.
Hélas, tout n'était pas si simple. Elle était persuadée qu'il n'était pas né ainsi, qu'il l'était devenu à cause du rejet des autres. Était-ce exact ? Il avait du mal à se rappeler, c'était si vieux... Qui avait fait le premier pas vers le mal, entre lui et les villageois ? Il tenta de se rappeler, fouillant dans les tréfonds de sa mémoire, à l'époque où il était encore un très jeune loup. Une histoire, en particulier, l'avait marqué. C'était peut-être ce jour-là qu'il était devenu véritablement le Grand Méchant Loup...
Il s'était redressé et l'avait regardée dans les yeux pendant son discours.


"Tu sembles croire que je suis devenu méchant à cause du rejet des autres, que j'ai d'abord essayé de m'intégrer parmi eux... T'est-il inconcevable que j'aie pu naître ainsi ? Que j'aie pu n'avoir jamais été personne d'autre que le Grand Méchant Loup, depuis ma naissance ? ....Pour tout te dire, je ne sais plus comment tout cela a commencé... J'ignore si je suis devenu Méchant parce que c'est ce que l'on attendait de moi, ou bien si l'on m'a nommé ainsi à cause de mes actions... Tu sais, je n'ai jamais reçu d'éducation sur les notions de bien et de mal, sur ce qui est moral ou non. Ces concepts m'étaient inconnus à l'époque. Aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours dû me débrouiller seul. Chasser pour me nourrir, c'était le seul moyen de survivre. Je vivais dans la forêt, loin des Hommes... mais certains d'entre eux m'apercevaient de temps à autre, au fin fond de la forêt. Et au fil des ans, la rumeur d'un Grand Méchant Loup commença à se répandre, bien que je ne me nourrissais que d'animaux de la forêt à l'époque. Mais... Les gens ne me haïssaient pas encore, à cette époque-là, me semble t-il... Je crois me souvenir quand tout a commencé... Un jour, je rencontrai une gamine, dans cette forêt. Je fus étonné de constater qu'elle ne me craignait pas. Mais une question me trottait dans la tête. Ce n'était pas de savoir pourquoi elle ne me fuyait pas, ni où elle allait, ou encore ce qu'elle faisait seule dans la forêt. Cela ne m'intéressait pas non plus de connaître son nom, ni son âge. La seule question qui me taraudait l'esprit était la suivante : quel goût ce petit être pouvait bien avoir ? Était-ce délicieux ? Croquant ? Fondant, peut-être ? Sanguinolent ? A l'époque, je dévorais tout ce que je croisais, par pur instinct de survie. Mais je n'avais encore jamais mangé d'humain. Je crois que c'est ce jour-là... Ce jour où j'ai dévoré le Petit Chaperon Rouge, que je suis véritablement devenu le Grand Méchant Loup. C'est ce jour-là que j'ai pris goût à la viande humaine, et que les villageois se sont mis à me haïr. Car après tout, j'avais dévoré l'un des leurs, une enfant innocente, de surcroît. Tu vois, Narumi, l'on ne m'a pas poussé à devenir méchant. Personne ne m'a forcé à avaler cette enfant. C'était simplement une proie, qui a eu la malchance de croiser ma route. Pour moi, qu'il s'agît d'une petite fille, ou de n'importe quel autre animal, cela ne changeait rien. Ce n'était que de la prédation, la dure et cruelle loi de la nature. Enfin... Il n'y avait pas que cela. Avec le temps, j'ai cessé de chasser uniquement pour me nourrir. J'ai commencé à le faire par pur plaisir. Tu dis qu'aucune option ne me permettait d'être heureux, mais c'est faux. Il n'y en avait qu'une seule, en réalité, et je l'ai saisie. La satisfaction de se sentir tout puissant, de se sentir craint, le plaisir de se sentir supérieur aux autres, tout simplement. Cela m'a rendu heureux des siècles durant. J'ai fait le mal, commis des atrocités, tué des innocents, par pur plaisir égoïste, parce que cela me rendait heureux. Je suis sûr que tu le comprends, car après tout, tu es aussi passée par-là. La différence, c'est que tu le faisais par amour pour un autre... alors que moi, c'était par simple amour-propre. Puis, tout comme toi, j'ai fini par me rendre compte de mes erreurs. J'ai ressenti une forme de lassitude, au début minime, mais qui s'est rapidement développée au point de ne plus pouvoir supporter ma propre existence. J'ai voulu arranger les choses, mais après plus de six siècles à avoir pris plaisir à terroriser les populations, il n'était guère étonnant que plus personne ne veuille de moi."

Il posa de nouveau la nuque sur le repose-tête pour regarder le plafond d'un air pensif. Il songea à un vieux souvenir...

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L'immense bête noire arriva au village, d'un pas lent mais sûr de lui. Dés qu'ils le virent s'approcher, tous les villageois coururent en panique pour rentrer chez eux et se barricadèrent. Il s'avançait calmement vers le centre du village, regardant avec un mélange de dédain et de tristesse les portes qui se verrouillaient, et les rideaux qui se tiraient aux fenêtres pour cacher l'intérieur. C'était inutile, quand l'on sait qu'il pouvait détruire une maison d'un simple souffle. Mais il ne fallait pas chercher de raison chez des êtres terrifiés.

Il s'assit au milieu de la place centrale. Puis, de sa voix imposante, il prit la parole.



"Villageois, écoutez-moi !
Je sais que vous me craignez, que vous me haïssez.
Et je le comprends. J'ai passé ma vie à vous donner de bonnes raisons de me craindre.
Sachez toutefois que vous n'avez plus rien à craindre de moi, désormais.
Il est vrai que, par le passé, j'ai dévoré vos frères et sœurs, vos enfants, vos parents, et leurs parents avant eux...
Cela fait des siècles que nous nous faisons la guerre, que nous nous chassons mutuellement.
Mais il est temps que cela cesse ! Ne voyez-vous pas que cette haine ne nous mène qu'à la mort et la souffrance perpétuelle ?
J'ai bien conscience que je suis la cause de vos malheurs... Mais je souhaite tirer un trait sur le passé, renaître, et devenir une personne meilleure.
Aujourd'hui, je fais le serment de ne plus me nourrir de viande humaine.
Acceptez-moi, et je deviendrai à la fois votre meilleur chien de garde et de chasse.
Avec moi à vos côtés, votre village ne craindra plus aucune menace.
Je ne m'attends pas à ce que vous me pardonniez rapidement pour tous les crimes que j'ai pu commettre.
Tout ce que je demande, c'est que nous fassions la paix."

Soudain, un villageois ouvrit sa fenêtre, et jeta une torche enflammée aux pieds du Loup tout en s'écriant :

"Brûlez le Loup !!!"

L'animal fit un pas en arrière, instinctivement effrayé par le feu.

"Que cela cesse."

"Mort au Loup !"
s'écria un autre, emporté par l'élan de son comparse, et envoyant également une torche de feu qui percuta le flanc de l'animal.

Ce dernier poussa un petit grognement tout en s'écartant des flammes. Plusieurs villageois commencèrent à sortir de chez eux, avec des torches et des armes, tout en s'écriant des offenses à l'encontre du Loup.


"Chassez-le d'ici !"

"On veut pas de toi ici, le Loup, dégage !"


"Allons, messieurs-dames, cela suffit. Soyez raisonnable."

Mais raisonnables, ils ne l'étaient pas. Ils ne pouvaient plus l'être avec celui qui les terrorisait depuis des siècles et qui avait dévoré des centaines de membres de leurs familles. Ils le lapidèrent, avec des cailloux, des briques, des torches enflammées, ils criaient à l'unisson, tel un peuple en pleine révolte contre un pouvoir autoritaire. Pour eux, tout ce qu'il disait était un tissu de mensonges. Et cela n'était pas étonnant, le Loup avait souvent menti et manipulé alors même qu'il n'en avait pas besoin pour chasser. Il aurait pu compter sur sa seule puissance, sa taille. Mais il avait également usé de ruse parce qu'il était fier, se sentait supérieur, et voulait leur montrer qu'il était également plus malin que ses victimes. Parce que tromper les autres l'avait amusé pendant longtemps.

Il fut à deux doigts de céder à la colère et à la brutalité, à deux doigts de les étriper pour leur prouver qu'ils auraient dû l'écouter et faire la paix avec lui, plutôt qu'attiser sa fureur. Mais, miraculeusement, il parvint à se contrôler. A croire qu'il était au bord du désespoir.
Alors, il recula face à la foule de villageois armés et furieux, puis, sous la lapidation, leur tourna le dos et fuit le village en courant, la queue entre les jambes.


"Maudits humains insignifiants...
J'ai pourtant essayé d'être gentil avec eux.
Mais il semblerait que personne ne veuille de moi dans ce pays.
Qu'il en soit ainsi. Si je ne peux trouver la paix en ce monde, alors il est temps que je le quitte pour un autre qui, je l'espère, sera meilleur."


Plusieurs minutes après, il marchait le long d'un sentier dans la forêt, s'éloignant toujours plus loin. Il voulait marcher sans jamais se retourner, partir très loin d'ici, par-delà les frontières de ce monde.
Soudain, une voix qu'il connaissait bien se fit entendre derrière lui et légèrement sur le côté.


"On dirait bien que ton discours n'a pas été un franc succès."

Le Loup tourna la tête pour regarder le Renard qui venait de prendre la parole. Le Renard était bien plus petit que lui puisqu'il faisait la taille d'un renard tout ce qu'il y a de plus normal. Il ne bénéficiait pas de la carrure du Loup, et la chasse était donc plus ardue pour lui. Mais il compensait par la ruse, sa capacité à manipuler les gens bien mieux que le Loup. Il parvenait à se faire bien voir des villageois en général, et cela lui permettait de chaparder de temps à autres dans le poulailler sans se faire remarquer.

"Laisse-moi. Tu es la dernière personne à qui j'ai envie de parler."
affirma le Loup d'un ton sec.

"Sache que tout l'amour que tu me portes est réciproque, mon cher Loup !" s'exclama le Renard d'un air amusé.

"Je peux t'aider, tu sais. Je suis bien meilleur orateur que toi, je peux défendre ta cause."

Le Loup ne répondit pas, il continuait de marcher, avec le Renard qui marchait désormais à ses côtés.

"...Mais bien sûr, ce ne sera pas gratuit."

C'était bien le problème avec le Renard. Lorsqu'il rendait un service, il attendait toujours quelque chose en retour. Il ne fallait pas se fier à lui. Le Loup ne l'appréciait pas beaucoup, et pourtant, il était ce qu'il avait de plus proche d'un ami. Le Renard considérait vraiment le Loup comme son ami, mais ce dernier était incapable de le voir comme tel. Lors de leur première rencontre, le Loup avait voulu tuer le Renard, mais ce dernier était parvenu à le fuir et à le piéger par la ruse. Durant des années, ils avaient joué au jeu du chat et de la souris, mais le Renard était bien trop malin, le Loup n'était jamais parvenu à lui mettre la patte dessus. Avec le temps, le Loup avait fini par abandonner l'idée de le tuer. Le Renard, quant à lui, adorait taquiner le Loup, le provoquer et toujours réussir à s'en sortir. Mais malgré tout le mal que le Loup pensait de lui, le petit canidé roux était parfois utile. Par exemple, c'était lui qui l'avait aidé à s'échapper du zoo dans lequel le Loup était resté enfermé plusieurs années.


"Voilà le deal. Je les convaincs de te donner une seconde chance. Et en échange, tu me donnes une partie de tout ce que tu chasses pour les... disons, cinquante prochaines années ? Oh n'aie crainte, j'ai bien peu d'appétit par rapport à toi. Je me contenterai de 15% de la viande que tu auras chassée quotidiennement, au vu de ton appétit vorace, cela devrait me suffire. Alors, qu'est-ce que tu en dis ?"

"J'en dis que tu devrais déguerpir avant que je ne décide de faire de toi ma dernière victime." répondit-il d'un air menaçant.

Le Renard ralentit la cadence quelque peu... Puis il revint au galop pour trottiner à ses côtés.


"Bon d'accord, cinquante ans c'est peut-être beaucoup, disons trente ?... Ne te fais pas d'illusions, tu ne parviendras jamais à te faire accepter si je ne te donne pas un petit coup de main. Ils ne t'écoutent pas parce qu'ils ont peur de toi, mais moi, ils m'écouteront. C'est la chance de ta vie, ton unique chance de rédemption, tu devrais sérieusement y réfléchir."

Le Loup s'arrêta, et se tourna vers le Renard en grognant.

"La ferme !"

Son aura maléfique s'échappa involontairement de son corps. L'animal au pelage de feu recula de quelques pas.

"Jamais je ne m'abaisserai à te demander de l'aide, Renard. Il me semble t'avoir dit de déguerpir. Je ne me répéterai pas."

Le Loup reprit sa route, mais le Renard resta sur place. Après quelques secondes, le petit animal reprit la parole.

"Mais... où comptes-tu aller, au juste ? Il n'y a rien au-delà de ces contrées... Tu ne parviendras jamais à te faire accepter tel que tu es, Grand Méchant Loup ! Tu as besoin de moi !" s'exclamait-il alors que le Loup s'éloignait petit-à-petit.

Le Renard comprit que c'était inutile. Ce Loup était têtu comme une mule. Alors, il baissa la tête, et dit à voix basse :


"Si tu pars... que vais-je bien pouvoir devenir ? ... Si tu n'es plus leur bouc-émissaire, ils devront en trouver un autre..."

Le Renard soupira.

"Adieu... Mon vieil ami."

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Narumi lui demanda s'il s'était déjà fait des amis ou avait déjà considéré quelqu'un comme sa famille au Pays des Contes. Wolfgang redressa la tête vers l'avant, puis la baissa pour regarder l'eau.

"Jamais..." affirma t-il.

Même encore maintenant, il ne considérait pas le Renard comme un ami. Peut-être avait-il été aveugle, pour ne pas se rendre compte qu'il comptait pour lui, d'une certaine manière. C'était plutôt ironique. Lui qui cherchait de la compagnie, qui avait toujours été rejeté... il avait lui-même rejeté le seul être à vouloir lui tenir compagnie. Parce qu'il ne lui faisait pas confiance, parce que le Renard avait tendance à l'exaspérer, il ne le supportait tout simplement pas.

Par la suite, la louve lui dit qu'il allait pouvoir être qui il voulait dans ce nouveau monde et que de nombreuses opportunités s'ouvraient à lui. Il appréciait sa façon d'essayer de lui remonter le moral et de lui donner de l'espoir, mais le problème, c'était qu'il avait déjà réfléchi à tout ça. Bon, il ne connaissait pas Dösatz, mais il s'était déjà longuement interrogé sur ce qu'il pouvait faire en tant que Wolfgang Wolfwood. Le problème, c'était qu'il n'arrivait pas à savoir. Il savait à peine comment bien agir et faire la différence entre le bien et le mal, parce qu'on ne lui avait jamais enseigné tout cela, et qu'il avait dû se faire sa propre idée à partir de ses observations du monde et de son ressenti personnel. Et puis, même en se faisant passer pour un humain, tout finissait toujours par tourner mal. Il tuait des gens sans le vouloir, ou bien les mettait en danger, même lorsqu'il croyait bien faire. C'était comme si le Mal le suivait à la trace, partout où il allait, quoiqu'il fît.
Il finit par faire un sourire en demi-teinte.


"J'ai déjà pensé à tout ça, tu sais... J'ai essayé de me fondre dans la masse. J'ai même réussi à me faire un ami dans ce monde-ci... Il s'appelle Doki. Un type sympa, quoiqu'un peu benêt... J'ai du mal à savoir ce qu'il pense vraiment. Mais on s'est perdu de vue quelques temps avant la guerre. J'ai été contraint de m'éloigner de la société humaine, parce que quoique je fasse, je finissais toujours par attirer les ennuies autour de moi. Chaque fois que j'essaye de faire une bonne action, tout part de travers, et bien souvent je finis par tuer ou blesser des personnes sans même le vouloir... C'est comme si le Mal me suivait en permanence. Je n'ai jamais réussi à trouver comment faire pour être quelqu'un de bien. Pour tout te dire, je ne sais même pas qui je voudrais être. Après tout, les seules choses que je sais faire, c'est tuer, et interpréter un rôle... "

Peut-être aurait-il dû devenir acteur. Car après tout, il partageait un autre point commun avec l'ex-compagnon de Narumi : sa faculté de jouer un rôle, de se faire passer pour quelqu'un d'autre. En présence de Narumi, il était lui-même, il était sincère. Mais jadis, lorsqu'il avait joué le rôle de Wolfgang, il avait été plutôt convaincant, bien qu'il lui arrivait parfois de perdre le contrôle et de laisser la bête s'exprimer à sa place.

Elle lui demanda d'imaginer quel rêve il voulait accomplir, ce qui l'intéressait, et comment il voulait s'appeler maintenant qu'il avait le choix. Il n'en savait rien. Lorsqu'il se demanda ce qu'il désirait faire, sur l'instant présent, il s'imagina prendre Narumi dans ses bras. C'était tout ce dont il avait envie pour le moment.
Il était vrai qu'il n'éprouvait aucun intérêt pour l'apparence physique de Narumi, qu'elle fût considérée jolie pour un humain ne changeait rien pour lui. Elle aurait pu être considérée comme laide par la majeure partie de la population humaine, qu'il ressentirait exactement la même chose à son égard. Son apparence, sa nudité, n'avaient pas le moindre intérêt pour lui. La seule attirance qu'il pouvait éprouver à l'égard d'un corps humain, quel qu'il soit, était de l'ordre de la gourmandise. C'était la même attirance que celle d'un humain devant un bon hamburger. Mais le Loup ne voyait pas Narumi comme une humaine, et par conséquent pas comme un repas. Et s'il était indifférent face à la vue de son corps, c'était une toute autre histoire pour ses autres sens. Son odeur, en particulier, ses phéromones, suscitaient chez lui une très forte attirance. Il voulait être très proche d'elle, la tenir dans ses bras, pour la rassurer, mais aussi pour se rassurer lui-même. Sentir la chaleur de son corps contre le sien. Se sentir accepté.

Il chassa cette pensée de son esprit et se reconcentra sur la discussion.


"Lorsque je jouais le rôle d'un humain, je me faisais appeler Wolfgang Wolfwood... Mais tu peux me donner le nom que tu préfères. Quant à ce que j'ai envie de faire, et bien... Rester à tes côtés, ce serait un bon début."

Lorsqu'elle leva sa pinte de bière en trinquant à leur rencontre et à son nouveau départ, il eut un sourire tendre, prit sa pinte tout en déposant le cigarillo dans le cendrier, et trinqua.

"À notre rédemption."
affirma t-il avant de boire une gorgée.

Soudain, l'on sonna à la porte de la chambre. Le Loup posa sa bière sur le rebord, puis affirma en regardant Narumi dans les yeux :


"J'y vais."

Il se leva ensuite et sortit de la baignoire. Il marcha, dégoulinant, à travers la chambre, laissant des traces d'eau dans son sillage. Il ouvrit la porte de la chambre. Dans le couloir se trouvait un homme assez âgé qui avait traîné un chariot empli de plats chauds et de boissons. L'homme afficha une expression de stupeur en voyant Personne complétement nu et trempé des pieds à la tête. Ce dernier, comprenant le moment de gène, se gratta l'arrière de la tête. Il avait tendance à oublier des choses ordinaires comme s'essuyer quand on sort de l'eau ou s'habiller avant d'ouvrir à des inconnus.

"C'est... pour le repas... Vous aviez bien demandé à être servi dans votre chambre ?"

"Hm... On n'a pas précisé." affirma Personne.

"Ah..."

Le vieil homme était perplexe.

"Bizarre... C'est pourtant ce qu'on m'a dit en bas... Heu, vous préférez le prendre en cuisine au rez-de-chaussée ?"

"Non, ça ira. Merci."

Le Loup tira le chariot de nourriture vers lui pour le faire entrer dans la chambre d'hôtel.

"Oh, j'allais oublié !"

Le vieux sortit une enveloppe d'une poche de sa veste.

"Un homme m'a demandé de vous donner cette lettre."

Il la posa sur le plateau en haut du chariot, sous le regard dubitatif du Loup.

"Bon... Bon appétit et bonne soirée !" s'exclama le vieil homme, encore un peu embarrassé par la tenue d'Adam du Loup.

Ce dernier referma la porte de la chambre, et s'empara prestement de l'enveloppe. Il la renifla. Cette odeur... Il la connaissait. Il poussa un petit grommellement en déchirant le haut de l'enveloppe pour sortir la lettre, et la lut dans sa tête.



R.D.V. à l'Aube
Devant la Renaissance.
F.F. a.k.a. R.R.

"..."

Son odorat ne l'avait pas trompé. Fox Firecoat, alias le Renard Rusé. Ainsi l'avait-il retrouvé. Et il avait survécu aux bombes, pour le plus grand malheur du Grand Méchant Loup. Qu'est-ce qu'il lui voulait, cette fois ? Ne serait-il donc jamais débarrassé de ce pot de colle ? Le Loup soupira, fit une boulette de papier avec la lettre et la laissa tomber par terre, avant de rejoindre Narumi.
Le Renard était la dernière chose à laquelle il avait envie de penser. Il restait encore de nombreuses heures avant l'aube, il voulait profiter de ce temps aux côtés de la louve. Si Narumi était restée dans la baignoire, il allait s'asseoir dedans à nouveau, sinon il resterait à proximité.


"Le repas est servi." affirma t-il sur un ton sérieux.

Il décida de ne pas parler de la lettre pour le moment. Il n'avait pas l'intention de la lui cacher, parce que de toutes façons il se doutait que Narumi, par son ouïe sur-développée, avait dû entendre la conversation avec le vieil homme. Il avait donc laissé la boulette négligemment traîner par terre, elle pourrait facilement la voir, la déplier et la lire si elle le voulait, ou bien l'interroger à ce sujet. Mais il ne voulait tout simplement pas l'embêter avec ça, et pas gâcher ce moment avec elle.
Narumi Karuzaki
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MessageSujet: Re: The big bad wolf [PV]   The big bad wolf [PV] - Page 2 ClockLun 10 Fév 2020 - 18:56
C’était inhabituel. Tout ça. Bien sûr que leur rencontre n’avait rien de commun, et à la fois l’on se disait que c’était une évidence. Le grand méchant loup et l’alpha, la première, la fille des deux premiers loup-garou ayant vu le jour sur Terre. Ce n’était pas la première dans cette galaxie ni dans l’univers, et ses parents avaient vécu également avant elle. Mais Narumi était le fruit de leur union, leur descendance, elle représentait l’espoir jadis, pour cette espèce qui aurait pu s’éteindre d’un claquement de doigts de la part de leurs maîtres vampires. 

Un véritable fossé la séparait de Personne. Et ce même fossé les rapprochaient. La louve se sentait être à la fois son égal et celle qui, dans son ombre, tente de le tirer vers la lumière. Mais de quelle lumière parle t-on ? Après tout, il n’y a pas si longtemps que ça, la jeune femme s’était retrouvée à commettre des crimes pour le compte d’un sale type. Il n’aurait rien mérité d’elle, et pourtant il avait tout obtenu. L’alpha suivait le chemin de la rédemption et s’évertuait à propager le bien autant que cela était possible autours d’elle. Mais cela effacerait-il seulement un jour les atrocités dont la louve avait été capable, même si ceci partait d’une bonne intention ? Même si elle croyait agir pour l’ordre et la justice, même si elle croyait punir en étant convaincu du bien fondé de la chose ? 

N’était-ce donc pas ça, le fondement de ce qui les rendaient si similaires ? Lui, était-il né mauvais ou l’était-il devenu à cause des circonstances ? Et elle, était-elle née bonne ou l’était-elle seulement vraiment devenue après s’être rendue compte de son erreur ? Toutes ces décennies à agir pour le bien commun… et un jour, un seul l’homme, en quelques années, avait fait d’elle un monstre à son image. N’était-ce pas risible ? Il n’y avait au final aucun coupable à accuser à sa place. Narumi avait fait ses choix comme une grande. Bien entendu les émotions influent directement et énormément sur nos décisions qui ne sont pas toujours clairvoyantes, mais il s’agit tout de même de faire un choix. Elle était responsable, meurtrière… Tout comme SK et sa bande. Il fallait l’accepter, et l’alpha l’avait fait malgré la difficulté. Reconnaître que l’on s’est aussi lourdement trompé, que l’on s’est fourvoyé, c’est une étape que certains ne veulent jamais franchir. Ils préfèrent continuer jusqu’au bout, même s’ils ont torts, plutôt que d’affronter la réalité en face. Narumi avait mit du temps à se dépatouiller de cette situation infâme, mais au moins elle avait réussi. Cela lui avait apporté souffrance et mort, mais elle se tenait seule responsable de cela. C’était aussi à cause de ses décisions que tout ceci avait été possible, ce carnage. La mort de ses enfants et de son peuple. SK n’était pas le seul à pointer du doigt. La seule différence c’est que de son côté à elle, la combattante avait décidé d’assumer et de changer de direction. Elle s’était replacée là où sa place avait toujours été: aux côtés des terriens. 

Lorsqu’il lui expliquait son intérêt pour la cigarette, celle-ci comprit tout de suite de quoi il voulait parler. Elle-même se contenait pour ne pas exploser de colère à certains moment grâce à ces saloperies cancérigènes. C’était une drogue comme une autre, il ne fallait pas croire que ce n’en était pas une. Chacun à ses travers, et ce travers-là c’était développer à cause de ces fameux choix que la guerrière avait fait. Encore une fois, il ne fallait pas tenter de remettre la faute sur qui que ce soit d’autre. 

Son compagnon n’avait encore jamais expérimenté le décès. Il lui demanda comment cela était de l’autre côté, mais cette dernière avait feint l’ignorance. Comment lui avouer que la justice n'existait ni ici, ni là-bas ? D’accord, l’on envoie ceux qui ont fait le bien au paradis, les méchants en enfers, et les… gens comme elle, au néant. L’endroit le plus ignoble qu’elle avait expérimenté. Le vide total. Pas de bruits, pas de couleurs, seulement le désespoir, la solitude et ce vide constant. La justice n'existait tout bonnement pas à son sens puisque des êtres qui ne méritaient certainement pas de revenir dans le monde des vivants y revenaient tout de même. Alors les juges de l’au-delà feraient bien de se garder leur morale à deux balles et leurs jugements pour eux. 

L’idée d’enfermer SK était charmante, mais ce sale fourbe trouverait probablement un moyen de s’en aller, de soudoyer un gardien, de manœuvrer pour s’en sortir… Il faudrait trouver une prison hors de l’espace et du temps, dans aucune autre galaxie car cela ne ferait que déporter le problème qu’il représente. Il faudrait inventer une sorte de prison isolée et impénétrable, comme le néant lui-même. Si seulement cela était possible… et demander au gros géant rouge qui répartit les morts entre paradis, enfer et néant d’y emprisonner SK serait probablement peine perdue. Même dans le monde des morts il semble y avoir des puissances qui transcendent tout, qui dépassent tout et tout le monde. Les petits gens ne peuvent rien à cela, ni de leur vivant, ni de leur vie dans l’autre monde…

S’en suivit le discours de son acolyte, qui une fois de plus la fit frémir. De dégoût, de pitié, de compréhension, de compassion, de rage, d’envie d’extraire son âme pour comprendre. Comprendre s’il était vraiment aussi mauvais qu’il semblait le prétendre sans s’en rendre compte. Mais c’est là que tout devient compliqué: qu’est-ce que le bien et le mal ? Pour la race humaine par exemple, c’est un fait assez établit, plutôt compréhensible. On en aperçoit les limites en général, même si pour certains cela reste très abstrait. Mais pour d’autres espèces avec d’autres mœurs ? Tout ceci est bien compliqué à juger et à assimiler. En fonction de l’éducation, de l’environnement, de nos fréquentations, de notre propre manière de concevoir les choses… tout ceci n’évolue pas de la même manière. Personne l’avait souligné. Il n’avait pas eu de guide dans la vie, il avait toujours avancé seul. Il avait été son propre formateur. Il n’avait probablement pas vraiment conscience du problème. Mais ne sait-on pas que l’on fait du mal au moment même où l’on fait à quelqu’un ce que l’on n’aimerait pas que l’on nous fasse ? Ou cette phrase même n’est-elle, au final, que foutaises, étant donné qu’en fonction de la personnalité, du vécu, du “moi intérieur” de chacun, les limites même de ce qui se manifeste comme le malin ou le bon dieu changent ?

Une sorte de décharge électrique qui s’immisça le long de ses membres pour aller se loger dans sa colonne vertébrale la tira de ses pensées. Narumi vit à travers les yeux de Personne quelques bribes d’un moment important de son passé. Le Grand Méchant Loup avait tenté de trouver un autre chemin. Un chemin proche de cette notion de rédemption. De lui-même il était allé à la rencontre des habitants des villages qu’il terrorisait. Il voulait proposer la paix, mais ceux-ci, trop entêtés, blessés par ses actes passé la lui refusaient. Comment leur en vouloir ? Et en même temps, comment être assez bête pour refuser de faire cesser les tueries causées par le loup ? Le coeur de la chose est là : tout dépend de comment vous voyez les choses. Inlassablement. 

Ce souvenir la laissa entrevoir des bouts de conversation entre Personne et un renard à la suite de cet événement regrettable. Il avait l’air d’avoir beaucoup de ressentiment à l’égard de son ami rouquin, et en même temps il ne semblait pas non plus comprendre qu’ils étaient lié par un sentiment de compréhension mutuelle. Le loup ne semblait pas l’apprécier, mais il ne se décidait pas non plus à le tuer. Le renard quant à lui semblait insondable, même s’il semblait sincèrement aimer son compagnon à la fourrure noire. Cette relation hors-norme se basait sur leurs ressemblances, leur vécu, leur manière de concevoir tout ceci même. La dernière image qu’elle pu distinctement apercevoir dans ce méli mélo de souvenirs était la figure triste du renard voyant celui qu’il considérait comme son ami l’abandonner ici, à son sort. Lui qui deviendrait la nouvelle tête de turc des habitants des Contes. 

Le fait qu’il prononce le mot jamais la fit revenir à la réalité. C’était toujours difficile pour la militaire de revenir à elle suite à ce genre d’expérience défiant les lois de ce que l’on croit possible ou non. Personne ne considérait vraiment pas de la même manière le renard que ce dernier. Que c’était-il passé entre-eux pour qu’ils en arrivent là ? Le renard semblait d'emblée bien plus joyeux et sympathique que le loup, mais l’on sait quand on est avisé qu’il faut se méfier de ceux qui sourient le plus, de ceux qui veulent se montrer le plus aimable avec les autres; parce qu’ils cherchent bien trop souvent quelque chose à vous soutirer. Alors la louve ne fit pas de commentaire. Le loup n’avait peut-être pas eu conscience de ces notions compliquée représentant bien et mal jusqu’ici, mais il était loin d’être mal avisé. S’il ne faisait pas confiance au renard, pour l’instant Narumi s'alignait sur l’avis de son congénère. Déjà, elle n’avait jamais rencontré en personne ce dernier, et de surcroît faire confiance à Personne était une décision fiable étant donné qu’elle pouvait ressentir ses émotions.

Sa gorge se serra lorsqu’il expliqua qu’il avait essayé à d’autres reprises de faire le bien, de se fondre dans la masse tel qu’il le disait. Au moins il s’était fait un ami dans ce monde-là. Doki. Cet homme était inconnu à la louve. Son discours la blessa autant qu’il devait se sentir blesser de ne pas se sentir en capacité d’être un être lumineux pour lui-même et les autres, pour le monde. Mais ce n’était pas une fatalité. Il lui fallait changer ses manières de faire les choses peut-être. Ou être guidé, ce qu’il n’avait jamais eut. Ou peut-être un mélange de ces deux choses à la fois. Qu’importe, Narumi était bien décidée à trouver comment parvenir à le changer. Il méritait sa rédemption, qu’importe ce qu’il fut autrefois. Elle lisait en lui la sincérité quant à son envie de devenir un être meilleur, et cela représentait tout à ses yeux.

Tuer et interpréter un rôle.







































Son sang ne fit qu’un tour et un voile noir passa devant ses yeux.
Ces mots raisonnèrent dans sa tête comme une raillerie sans fin. 
C’était la parfaite définition, en quelques mots, de SK. 
Quelle idiote avait-elle été pour ne pas le voir dès le début.











































































































































Son cerveau lui repassa comme une brûlure encore vivace les souvenirs intimes de ces dernières années passées auprès de lui. La nuit, elle se réveillait en faisant des cauchemars de ces souvenirs. Jusque dans ses songes, ces foutus souvenirs la hantait et elle se réveillait pleine de sueur. Au début, elle hurlait, elle pleurait, elle voulait en finir avec tout ça. Maintenant, elle ne faisait que regarder dans le vide, incapable de verser ne serait-ce qu’une larme de plus. Il lui avait volé son humanité et son coeur pour ne la laisser qu’en ruines, à l'effigie de sa planète natale.

Ses paroles apaisèrent la noirceur qui venait de s'agglutiner dans l’esprit de la louve. Cette dernière prit un grand bol d’air afin de passer à autre chose et de faire apparaître à nouveau son sourire. Il eut un peu de mal à venir. Timide, blessé, il avait envie de rester caché. Mais Narumi se débattait face aux ténèbres, et son sourire naturel revint au galop comme s’il ne l’avait jamais quitté.

Ils trinquèrent.

J’accepte… ou plutôt, je veux que tu restes à mes côtés Wolfgang.

Le choix du mot avait changé le sens entier de cette phrase, prononcée dans un profond élan d’amour pour son compagnon. C’était un amour pur, dénué de tentations vicieuses ou d’attentes. Elle l’aimait car il en était ainsi, ça avait toujours été le cas depuis leur premier regard. C’était dû aux souvenirs du Loup Ancestral couplé à ceux du Grand Loup, certes. Mais ça n’en restait pas moins là, en elle, dans son coeur et gravé dans son âme. Jusqu’au fond de ses tripes elle le sentait cet amour qui avait traversé les âges. Il était inéluctable et incontrôlable.

La sonnette retentit et l'ex-Personne prit l’initiative d’aller ouvrir. La militaire le laissa faire, ne se doutant pas qu’il ne prendrait rien pour se couvrir avant d’aller accueillir le nouveau venu à la porte. Cela va de soi, mais pas pour quelqu’un comme lui. Ce pourquoi elle pouffa de rire en sentant l’accélération cardiaque chaotique de l’homme au seuil de leur chambre ainsi que ses balbutiements gênés. En effet, ses sens affinés lui permettait d’entendre aisément de là où elle se trouvait.

La cheffe sortie du bain à son tour et se sécha pendant ce temps. Cette dernière restait en alerte et écoutait leur échange au cas où. Il se pouvait que des personnes lui en veulent, à lui ou à elle, surtout en ces temps critiques. Il fallait se tenir prêt face à une telle éventualité et ne rien laisser de côté. Narumi entendit donc qu’un courrier était adressé à son acolyte. Le chiffonnement du papier jeté négligemment au sol ne lui échappa ainsi pas non plus. 

Après s’être enroulée dans une serviette et en avoir prit une autre pour la lancer sur le crâne de Personne - qui était encore tout dégoulinant - ils se retrouvèrent finalement dans la salle principale de cet appartement-hôtel. Narumi prit place sur le lit, attrapant l’avant-bras de son homologue pour qu’il s’assoit près d’elle pendant qu’elle séchait son ami avec la serviette qu’elle lui avait précédemment balancé sur la trogne.

Son ton sérieux ne la laissa pas indifférente lorsqu’il affirma que le dîner était prêt. La louve le chercha du regard, puis ses yeux passèrent de ceux de Wolfgang à la petite boulette maltraitée au sol.

Rien de grave ?” Dit simplement l’alpha, peu encline à aller fouiner par elle-même. “Je ne veux pas me mêler de tes affaires si tu ne souhaites pas m’en parler. Mais si tu as besoin de soutiens, tu vois bien que tu n’es plus seul.

Cette dernière lui ébouriffa gentiment les cheveux en disant cela. Celle-ci se positionna derrière lui et commença à sécher ses épaules et son dos grâce à la serviette. 

Nous avons besoin de nous montrer que nous pouvons avoir mutuellement confiance l’un dans l’autre, au delà de ce que nos instincts nous dictent. Et au delà de ces histoires vieilles comme le monde de Grand Loup et Loup Ancestral. J’ai un respect certain pour les traditions, c’est censé être un honneur que d’avoir été choisi par ces esprits. Il n’empêche qu’ils ne sont que le reflet d’un passé bien trop lointain, en dehors de notre réalité à nous, ils se croient toujours à leur âge de guerre où l’on doit tout imposer par la force. De ce fait, même si leur relation intacte nous guide l’un vers l’autre, c’est profondément humain que d’avoir besoin de preuves tangibles pour confirmer ce que l’on ressent. 
Alors je veux que tu puisses te dire que tu peux compter sur moi. J’accepte qui tu es, ton passé. Que tu aies été victime de ce qui t’es arrivé, que tu aies été volontairement une sale ordure pendant des années - de toute façon, tout est question de contexte, de point de vue. 
Jamais personne n’a été ni tout blanc ni tout noir, même si c’est ce que je croyais fut un temps… je pensais que tout se résumait à des choses simples car cela m’arrangeait bien.
Je n’ai donc rien de différent par rapport aux autres. On a tous envie de croire que les choses ont des raisons d’être, que rien n’est du hasard. Que notre existence est importante.
Mais il n'y a rien de pire que la sensation de se sentir seul face à ça.

La louve finissait de sécher son égal tout en prononçant ses mots. Narumi ressentait tout cela comme chacun. Mais il fallait se défaire de ce genre de questionnement sans réponse la majorité du temps. Ou croire avec conviction savoir le but de notre existence et où l’on ira à notre mort. Autrement, il vaut mieux faire comme si tout cela n’existe pas… à part si l’on aime se morfondre dans des crises d’angoisses, de jour comme de nuit.

La guerrière disposa le chariot à roulette plein de nourriture devant un petit coin salon où était disposé une table basse et deux fauteuils. Cette dernière servit à son partenaire et à elle-même une nouvelle bière dans leurs chopes respectives; puis retourna vers son ami qui avait l’air préoccupé.

On va s’en sortir Wolfgang. Je n’ai pas peur du changement, ni de ma propre mort.

La combattante lui tapota gentiment l’épaule d’un sourire. Elle disait la vérité: fut un temps où elle restait bien au chaud dans sa zone de confort en ayant peur de ce qui arriverait si elle changeait de cap. Mais cette période était révolue. 

Concernant sa mort, ce n’était pas une peur puisqu’elle savait ce qui advenait après. Et surtout, Narumi pourrait toujours communiquer avec les siens sous forme d’esprit à chaque soir de pleine lune. Ce qui était rassurant. Pouvoir continuer à guider et aider son peuple, c’est tout ce qui importait.

Cette dernière prit place dans un fauteuil et attendit que son compagnon fasse de même avant de se servir raisonnablement et de commencer à manger. Un petit silence s’installa entre-eux.

Tout un tas de souvenirs mêlé à des pensées fusaient dans son esprit, mais la louve garda cela pour elle. Du moins, pour l’instant. Son attention se concentrait à nouveau sur cet étrange petit mot que l’on avait adressé à son partenaire.
Alors, est-ce que l’on doit s’y intéresser ou c’est sans importance ?” finit-elle par lâcher d’un air intrigué qu’elle ne tenta même pas de dissimuler - après tout, certes c’était ses affaires à lui, mais ce qui concernait Wolfgang concernait aussi Narumi à présent. Soyez-en prévenu, lecteurs.
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MessageSujet: Re: The big bad wolf [PV]   The big bad wolf [PV] - Page 2 ClockSam 15 Fév 2020 - 23:59
Ne pas faire aux autres ce que l'on ne voudrait pas qu'ils nous fassent. Ne pas faire aux autres ce qu'ils ne voudraient pas qu'on leur fasse. Ces règles pouvaient s'appliquer au monde des humains lorsqu'il s'agissait de délimiter la frontière entre le bien et le mal. Mais qu'en était-il des autres espèces ? Pouvait-on appliquer ce principe à un prédateur ? Après tout, un prédateur ne désirait pas être dévoré. Mais il ne pouvait se nourrir que d'autres animaux, des proies. Pour un tel être vivant, c'était vital de ne pas suivre ce principe. Il devait faire aux autres ce qu'il ne voulait pas qu'on lui fasse, il devait dévorer les autres pour survivre. L'on ne pouvait pas accuser des lionnes de chasser et tuer une gazelle pour nourrir leurs familles. De la même manière, il serait illogique de considérer le Loup comme méchant parce qu'il dévorait d'autres animaux. Et pour le Grand Loup, qui était au sommet de la chaîne alimentaire de son monde, simplement grâce à sa taille et à ses aptitudes physiques, il en était de même. Les humains, à l'instar de tous les autres animaux, étaient des proies. La nature était ainsi faite, cruelle, parfois dérangeante, souvent injuste, mais l'on ne pouvait aller à l'encontre de ses lois, et l'on ne devait pas essayer de la dompter. Influer sur les lois de la nature, n'était-ce pas se considérer comme un dieu ? Le Grand Méchant Loup était devenu méchant, aux yeux des humains, dés lors qu'il s'en était pris à l'un d'entre eux, une enfant de surcroît, suscitant davantage l'indignation chez eux. Sans doute les humains, dans leur grande arrogance, avaient refusé l'idée même de n'être qu'une proie pour une espèce. Eux qui se considéraient comme l'espèce supérieure, ils n'avaient pu accepter l'idée d'être réduits à l'état de viande comme n'importe quel autre animal. Ils ne pouvaient le comprendre. Et le fait que le Grand Loup soit doté d'une certaine intelligence, et notamment de la capacité à parler comme un humain, n'arrangeait pas le tableau. Selon le point de vue étriqué des humains, puisque le Grand Loup pouvait dialoguer avec eux, et donc comprendre la prétendue complexité de leurs émotions, alors il ne devait pas s'attaquer à eux. Sauf que le Loup n'accordait aucune importance à l'intelligence supposée de ses proies. Pour lui, les humains n'étaient guère supérieurs aux vaches, aux cochons et aux lapins qu'ils mangeaient. Ce n'était que des proies, qui élevaient et mangeaient d'autres proies. Et parce que Dame Nature avait fait de lui ce qu'il était, parce qu'il n'accordait guère plus de valeur aux humains qu'aux autres animaux - et, finalement, pas plus de valeur que ce qu'ils méritaient - on l'avait affublé du qualificatif de Méchant. Le Prédateur était devenu un Méchant dans le cœur des hommes. Pas simplement une bête à craindre, mais une bête à détester. Parce que selon eux, il faisait le mal, il était donc un criminel, quelqu'un qu'il fallait punir. La haine n'attise hélas que la haine, et c'est ainsi qu'avec l'escalade de la violence et de la haine, les choses avaient empiré avec le temps. On l'avait défini comme étant un Grand Méchant, et ce surnom qui inspirait la crainte et qui lui avait donné une certaine importance lui avait bien plu, finalement. Il avait endossé ce rôle avec une certaine fierté. Et il avait vécu si longtemps dans un monde où il était considéré comme le Grand Méchant Loup, qu'il avait fini par se persuader qu'il l'avait toujours été, quand bien-même à la base, il n'était qu'un prédateur suprême à l'appétit vorace. Mais avait-il seulement eu le choix, à un moment donné de sa vie, ou ne faisait-il que suivre les lignes directrices d'une histoire que l'on contait pour lui ? Et s'il était né dans l'unique but de devenir le Grand Méchant Loup, lui qui n'avait aucun ancêtre ? Peut-être avait-il été créé pour ce rôle unique, tel le personnage de conte qu'il incarnait. Peut-être que son histoire était déjà écrite à l'avance ? Que sa fin était déjà connue ? Serait-ce une Happy End ? Vivrait-il heureux, aurait-il de nombreux enfants ? C'était mal parti pour cela, depuis très longtemps. Mais sa rencontre avec Narumi pouvait changer la donne. C'était une lueur d'espoir. Peut-être parviendrait-elle à embellir la suite d'un récit bien trop sombre pour les enfants.

Après qu'il se fut défini comme n'étant capable que de tuer et d'interpréter un rôle, il avait ressenti une sorte de tressaillement chez sa partenaire. Bien entendu, il ne pouvait pas faire le rapprochement avec SK de lui-même, car il ignorait tout de cet être en dehors de ce que Narumi lui avait déjà raconté. Néanmoins, une image lui vint aussitôt en tête, ainsi qu'une émotion, un sentiment revenu d'un passé lointain. Un souvenir de la louve, qui était apparu comme un flash dans son esprit, qu'il n'avait qu'entraperçu durant un très bref instant et dont il n'avait pu qu'effleurer la sensation. Un charmant et élégant jeune homme aux cheveux noirs relativement courts et aux yeux d'un jaune brillant, dont le visage était éclairé d'un sourire charismatique. La ressemblance physique de son apparence de Wolfgang avec cet homme n'échappa pas au Loup. Le côté beau brun ténébreux, les yeux jaunes, ils avaient quelques caractéristiques physiques communes, c'était évident. SK semblait toutefois bien plus raffiné. Le Loup se dit qu'il n'était pas étonnant que Narumi fût tombée amoureuse de lui. Mais de qui parlait-on dans cette phrase ? Narumi était-elle tombée amoureuse de Wolfgang à cause de sa ressemblance avec SK, ou bien, au contraire, était-elle tombée amoureuse de SK à cause de sa ressemblance avec l'apparence humaine du Loup - qu'elle ne connaissait pas encore à l'époque, mais que le destin avait d'ores et déjà associé au Grand Loup, amour éternel et incontestable du Loup Ancestral dont elle était l'incarnation. C'était une question compliquée. Peut-être même que rien de tout cela n'était lié, finalement.

Mais l'image de cet homme au regard séducteur avait été accompagnée d'un sentiment revenu de loin. Une sensation de bonheur. Un bonheur que Narumi avait ressenti à cette époque où elle était en compagnie de SK et où elle se sentait aimée. Un bonheur qu'elle ne pouvait plus ressentir désormais en pensant à lui. Mais cette sensation fut comme un coup de poignard dans le cœur du Grand Méchant Loup. Oh, certes, il aurait dû se sentir heureux de la voir, elle, heureuse, même si c'était dans un passé plus ou moins lointain, une époque révolue, et qu'elle ne ressentait plus du tout cela aujourd'hui. Le fait même qu'elle eût pu être heureuse par le passé, aux côtés de SK, aurait dû le réjouir. Et pourtant, ça ne faisait que le blesser, de façon égoïste. Serait-il capable, lui, de la rendre aussi heureuse que ce que SK était parvenu à faire ? Après tout ce qu'elle avait dû endurer ? Après qu'elle eut été trahie, que ses sentiments eurent été piétinés ? Après qu'elle eut tout perdu ? Pouvait-il encore accomplir le miracle de la faire sourire ? D'un sourire sincère, non forcé, un véritable sourire empli de joie comme ceux qu'elle avait pu offrir à SK. Il n'en était pas certain. Non, pire que cela : il était convaincu de ne pas pouvoir. Il ne la rendrait jamais aussi heureuse que SK. Il n'était tout simplement pas à la hauteur. Et elle avait bien trop perdu. Accepter cette vérité lui faisait atrocement mal. Encore une fois, il se sentait incapable de faire le bien. De lui faire du bien, après tout le mal qu'elle avait vécu, et tout le mal qu'il avait lui-même engendré. Les vies qu'il avait détruites, à l'instar de SK. Au fond, il était comme lui. Et si elle était parvenue à détester l'homme qu'elle avait tant aimé... pour quelle raison devait-il croire que ce serait différent cette fois-là ? Elle finirait par le détester, lui aussi. Par l'abandonner. C'était certain. C'était écrit à l'avance. Tout du moins, il en était persuadé, il ne voyait pas d'autre issue possible à cette histoire.

Et le voilà qui déprimait de nouveau, qui broyait du noir, comme toujours, également affecté par le voile qui s'était abattu sur la louve lorsqu'il avait utilisé des mots définissant parfaitement SK pour se définir lui-même. L'histoire se répétait, inlassablement. Les auteurs n'avaient de cesse de se plagier, de Charles Perrault aux Frères Grimms. Les histoires étaient toujours les mêmes, seuls des détails changeaient. Mais pourtant, parfois, d'un auteur à un autre, une mauvaise fin pouvait se transformer en fin joyeuse. L'espoir. L'unique moyen pour lui de ne pas sombrer définitivement. Et dans un sens, Narumi incarnait parfaitement cet espoir. Son sourire, qui se ravivait sans cesse, qui réparait ses blessures les plus profondes, représentait l'espoir. Elle se battait pour garder l'espoir, et pour le partager, non seulement avec lui, mais aussi avec l'ensemble des espèces. Et il ne pouvait être insensible à cette lutte.

Le sourire naturel de la louve à l'apparence humaine, il le partagea, il le lui renvoya comme un miroir. Peut-être, cependant, que le sien n'était pas aussi sincère. Peut-être forçait-il quelque peu les traits de son visage, pour se peindre plus heureux qu'il ne l'était réellement. Peut-être s'efforçait-il simplement de préserver les apparences. Après tout, n'était-ce pas ce qu'il savait faire de mieux, après la chasse et le meurtre ?

Ils trinquèrent après qu'il eut fait part de son envie de rester auprès d'elle. Elle affirma dans un premier temps accepter, avant de se reprendre. Elle voulait rester avec lui. Et cela changeait effectivement tout. Elle ne se contentait plus simplement de répondre affirmativement à sa requête pour lui faire une faveur. Non, elle partageait son envie. Et il pouvait sentir sa sincérité, dans son regard, dans son sourire, dans les battements de son cœur, et même jusqu'aux tréfonds de son âme avec laquelle il était en symbiose. Et cela le fit se sentir... bien, étonnamment. Enfin, cela n'aurait eu rien d'étonnant chez un être humain normal, mais quand on savait avec quelle force et quelle rage le Grand Méchant Loup s'efforçait involontairement de se déprécier, il était important de le noter. C'était avec ce genre de mots agrémentés de son sourire sincère et aimant qu'elle parvenait à le faire s'apprécier un peu plus, à lui permettre presque de s'accepter et de croire au bonheur. Son cœur s'était encore une fois emballé, et Narumi avait très probablement dû entendre l'accélération de ses battements cardiaques. Mais elle n'avait de toutes façons pas besoin de ça, puisque son empathie naturelle à l'égard de ses congénères loups était amplifiée par le lien unique et divin qui unissait le Grand Loup et le Loup Ancestral, ce qui leur permettait à chacun de ressentir absolument tout ce que l'autre ressentait, et de se partager des souvenirs sans même en avoir conscience.

A présent, nous allons faire un petit saut dans le futur afin de ne pas relater de nouveau l'arrivée du repas et d'un courrier mystérieux dont il se serait bien passé. Alors qu'il rejoignait Narumi, l'esprit encore préoccupé par ce rendez-vous demandé par son vieil ennemi, il sentit une serviette s'abattre sur le haut de sa tête. Aussitôt, elle l'emmena délicatement par le bras pour qu'il s'assît à côté d'elle. Comme il s'y attendait, elle l'interrogea sur cette mystérieuse boulette de papier, demanda s'il n'y avait rien de grave.


"Je l'ignore..." se contenta t-il de répondre dans un premier temps, avec honnêteté puisqu'il ignorait véritablement ce que ce maudit Renard lui voulait.

Il doutait cependant que ça pût être une bonne nouvelle, il connaissait le bougre, à force.

Elle lui ébouriffa les cheveux agréablement tout en affirmant qu'elle n'imposerait pas se présence dans ses affaires mais en lui rappelant également qu'il n'était plus seul. Pensif, il ne répondit pas, se contentant de l'écouter sans bouger. Il se laissa faire lorsqu'elle le manipulait physiquement pour l'essuyer, comme s'il était une marionnette. Comme s'il était son jouet. Le comportement de Narumi envers lui était quelque peu infantilisant, elle l'essuyait comme s'il ne savait pas le faire tout seul, comme si elle prenait soin de son propre enfant pour lui montrer comment on fait. Mais cela ne le dérangeait pas particulièrement. Son égo était suffisamment brisé pour qu'il pût accepter d'être traité comme un enfant, bien qu'elle n'avait rien d'une mère à ses yeux. Étant donné les sentiments qu'il éprouvait pour elle, il aurait été vraiment curieux qu'il eût pu la voir comme telle. En outre, puisqu'il n'en avait jamais eue, il ne pouvait pas savoir comment un enfant pouvait considérer sa mère. Bien au contraire, cela lui faisait du bien qu'elle prenne soin de lui. Qu'elle s'occupe de lui, en lui accordant une importance, en l'estimant. Il continua de l'écouter sagement pendant qu'elle lui frottait le dos.

Elle revint dans un premier temps sur le lien qui les unissait à cause de l'histoire du Loup Ancestral et du Grand Loup. Bien que ses paroles se voulaient réconfortantes, repenser à cela ne le fit que s'interroger davantage, émettre des doutes, et donc, se démoraliser une fois de plus. Elle avait pourtant raison quand elle disait qu'ils avaient besoin de preuves de ce qu'ils ressentaient l'un pour l'autre.

Mais que ressentaient-ils, au fond ? Le Grand Méchant Loup n'aurait su le définir. Une sensation de papillons qui virevoltaient dans son abdomen et son torse ? Des rythmes cardiaques intensifiés, une sorte de stress de décevoir, de déplaire. Mais en même temps une sensation très agréable. Une impression de se sentir vivant, plus que jamais auparavant, plus qu'il n'avait été en privant les autres de la vie. Mais aussi, une envie puissante de rester avec elle, d'être proche d'elle à la fois physiquement mais aussi spirituellement. Une crainte et une profonde tristesse à l'idée de s'en éloigner. Une sorte de dépendance, qui obnubilait ses pensées et l'empêcher de réfléchir efficacement, rationnellement.

Tout cela était nouveau pour lui. Était-ce bien, ou mal ? C'était tantôt plaisant et tantôt déplaisant, des sentiments paradoxaux, tout comme sa personnalité, son combat interne contre son côté bestial qu'il avait du mal à dompter. Était-ce cela, l'amour ? Il avait pourtant lu des tonnes d'histoire au sujet de ce sentiment - chose qui n'était pas étonnante pour un personnage issu du monde des Contes. Cela ne lui avait pas permis, pour autant, de comprendre la complexité de ce sentiment. Il ne comprenait pas d'où cela venait. Dans bon nombre d'histoires, l'amour durait toute la vie. Il y avait toujours ces histoires de princesse et son prince charmant, ou encore celle de la Belle et la Bête, qu'il connaissait personnellement par ailleurs. Mais ces sentiments soudains, semblant surgir de nulle part, allaient-ils durer ou ne seraient-ils qu'éphémères ? Pouvaient-ils disparaître aussi subitement qu'ils étaient apparus ? Et si tel était le cas, qu'allait-il se passer ensuite ? Narumi allait-elle le lâcher comme elle avait lâché SK ? Ou peut-être que ce serait lui qui la lâcherait ? A quoi bon s'aimer, ressentir un bonheur éphémère, si au final c'était pour s'entredéchirer et se faire davantage de mal ? Il était tout-à-fait normal qu'il s'interroge à propos de ces sentiments, puisqu'il n'avait jamais ressenti cela auparavant.

Mais une idée demeurait en lui, une idée pire encore que toutes ces interrogations, et qui était issue de la façon même dont étaient nés leurs sentiments réciproques. C'était le Loup Ancestral et le Grand Loup qui s'aimaient, depuis la nuit des temps, et c'était cela qui poussait Narumi et Wolfgang à se rapprocher. Cela signifiait que leur amour n'était finalement qu'artificiel, ce n'était que le désir de créatures divines qui jouaient avec eux, qui jouaient avec leurs sentiments pour mieux les manipuler. S'il n'y avait pas eu le Loup Ancestral et le Grand Loup, sans doute que Narumi et Wolfgang ne seraient jamais tombés amoureux. Et finalement, elle ne l'aimait pas pour ce qu'il était. Ce n'était pas sa façon d'être, sa façon de penser, de se comporter, qui avaient pu faire naître chez elle son amour pour lui. C'était simplement ce lien divin qu'ils partageaient. Car après tout, ils ne connaissaient rien de l'autre. Et cela, c'était un coup dur pour le Grand Méchant Loup. Il voulait être aimé pour ce qu'il était, pas pour ce que des entités divines avaient fait d'eux. Il aurait voulu susciter lui-même l'amour chez Narumi, par sa façon d'être, sans qu'il n'y eût une quelconque intervention divine. Car encore une fois, il n'avait l'impression que de suivre les lignes d'un conte que l'on rédigeait pour lui. Il n'était pas auteur de sa propre histoire, il n'était qu'un personnage dont on tirait les ficelles, un comédien qui faisait ce que l'on attendait de lui, ce pourquoi il avait été créé. Et cela l'agaçait au plus haut point. C'était d'autant plus frustrant que Narumi avait été capable de tomber amoureuse de SK sans que cela ne fût lié à une histoire de loups divins. Cette pensée ne fit qu'amplifier son impression de ne pas être à la hauteur. Grand Loup était sincèrement aimé par le Loup Ancestral, pour ce qu'il était, et ce depuis toujours. Mais lui, son incarnation mortelle, le Grand Méchant Loup apparu aux Pays des Contes comme s'il était sorti de nulle part, et qui ne voulait même plus être lui, il n'était pas aimé pour ce qu'il était. Il était aimé parce qu'il incarnait une divinité, qui elle-même était aimée par une autre divinité incarnée dans la personne qui disait l'aimer. Tout cela n'était finalement dû qu'à un simple coup de chance. Mais finalement, ce n'était pas authentique. Il ne parvenait pas à se défaire de cette idée, et cela l'incitait à penser que le bonheur qu'il ressentait actuellement en présence de Narumi n'était que les prémices d'un plus grand malheur à venir. Comme une sorte de torture, il avait l'impression que la seule raison pour laquelle on avait décidé de lui faire ressentir du bonheur, c'était pour que sa future chute soit encore plus douloureuse. Lui qui était incapable de se croire bon, comment pouvait-il se sentir aimé alors même qu'il savait que ces sentiments avaient été entièrement créés par des entités divines ancestrales ? Finalement, peu de choses avaient changé, au fond. Comme s'il était atteint d'une terrible malédiction. Il se sentait toujours seul. Et il était incapable de lui expliquer cela.

La fille d'Oméga affirmait qu'elle l'acceptait tel qu'il était, quoiqu'il eût pu faire. Ce n'était pas qu'il ne la croyait pas. Non, au contraire, il était convaincu de la sincérité des paroles de Narumi puisqu'il pouvait la ressentir. En revanche, il était tout autant convaincu que l'opinion de Narumi était influencée par l'amour du Loup Ancestral à l'égard du Grand Loup, et qu'il y avait de fortes chances pour qu'elle ne l'accepte pas toute sa vie. Et c'était ce pessimisme en l'avenir, cette conviction qu'il avait qu'elle finirait par ne plus l'aimer comme ça avait été le cas pour SK, ou que ça serait peut-être lui qui changerait d'avis, qui le déprimait. Cela, ainsi que le fait que leurs sentiments respectifs avaient été imposés par des dieux et n'étaient pas réellement dus à ce qu'ils étaient.

Elle prépara le coin salon en rapprochant le chariot-repas pour le dîner, puis elle revint vers lui, posa une main réconfortante sur son épaule, tout en disant qu'ils allaient s'en sortir. Elle affirma également qu'elle n'avait pas peur de la mort. Ce qui était compréhensible puisqu'elle l'avait déjà vécue. A vrai dire, le Grand Méchant Loup lui-même, qui n'avait pas connu la mort, ne la craignait pas non plus. Peut-être était-ce parce qu'il se détestait tant qu'il considérait que le monde serait meilleur sans lui, ou qu'il voyait la mort comme une libération. La seule chose qui lui faisait peur, c'était le feu, une sorte de phobie irrationnelle qu'il éprouvait depuis qu'un petit cochon lui avait brûlé les fesses lorsqu'il avait voulu passer par la cheminée de la maison en briques. Enfin, ça, c'était avant, car désormais, il y avait autre chose qui lui faisait peur.

Son regard vide resta figé sur le sol à quelques mètres en face de lui, tandis qu'il était toujours assis sur le lit. Il finit par prendre enfin la parole.


"Mais moi... j'ai peur de ta mort. L'idée de te perdre me terrifie. Ce n'est que grâce à toi que j'ai pu me relever. Mais si tu disparaissais de ma vie, j'ignore ce qu'il adviendrait de moi... Ou plutôt, non, je le sais parfaitement."

Il releva enfin la tête pour regarder Narumi avec un air sérieux.

"J'embrasserais à nouveau les ténèbres. Je redeviendrais celui que j'étais autrefois."

Elle était la seule chose qui lui permettait de tenir. Après qu'il eut perdu sa meute, après qu'il se fût adonné pleinement à la haine et au désir de vengeance, qu'il était tombé plus bas que terre et qu'il avait perdu tout goût à la vie, il n'y avait qu'elle qui le faisait se tenir debout. Elle était la seule lumière qui brillait encore en lui, son seul espoir. Sans elle, il n'y aurait plus rien en lui. Rien d'autre que les ténèbres, la souffrance et le désespoir, et une volonté sans borne de faire ressentir aux autres tout ce qu'il ressentait. Partager sa souffrance, pour ne plus être seul à souffrir. Pour ne plus être seul, tout court.
Il avait besoin d'elle. Il ne se voyait plus vivre sans elle.

Le démon finit par se relever pour rejoindre la loup-garou à la petite table de salon, s'asseyant en face d'elle. Il regarda le repas avec un étonnant et flagrant manque d'enthousiasme. Pourtant, cela avait l'air très bon. Il n'avait pas faim, lui qui avait pourtant habituellement un appétit si vorace et qui avait à peine prit le temps de se nourrir ces derniers mois. Il avait une telle boule dans la gorge qu'il avait l'impression qu'il régurgiterait tout ce qu'il essayerait d'avaler.

Après un petit silence, elle reprit la parole à propos du message énigmatique, demandant s'il fallait l'ignorer ou s'y intéresser. Il eut un petit soupir de désarroi.


"J'aimerais pouvoir me dire qu'il n'existe pas. Malheureusement, celui qui a envoyé ça n'est pas quelqu'un que l'on peut ignorer facilement. C'est une vieille connaissance, qui provient également du Pays des Contes. Si j'ignore son message, il continuera sans relâche d'essayer d'attirer mon attention, jusqu'à ce que je sois dans l'obligation d'y répondre. Il pourrait même aller jusqu'à tuer des innocents et s'arranger pour me faire porter le chapeau, il fera tout pour ruiner notre existence. Alors, cela me déplait, mais je dois m'y intéresser. Nous le ferons ensemble, comme tu l'as dit. Il m'a donné rendez-vous devant le bar de tout-à-l'heure, à l'aube."

Il regarda par la fenêtre et leva les yeux vers les étoiles.

"Il nous reste encore plusieurs heures devant nous, avant de le rejoindre."

Puis ses yeux jaunes replongèrent dans ceux de la louve.

"On l'appelle le Renard Rusé. Souviens-toi d'une chose à son sujet : quoiqu'il fasse et quoiqu'il dise, ne lui fais jamais confiance."

Après quelques instants, Wolfgang enchaîna sur une question qui lui taraudait l'esprit suite à ses nombreuses interrogations à propos de leur relation.

"Dis-moi, Narumi... Qu'est-ce que tu aimais tant, chez SK ?"
Narumi Karuzaki
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MessageSujet: Re: The big bad wolf [PV]   The big bad wolf [PV] - Page 2 ClockVen 21 Fév 2020 - 10:40
Pourquoi y avait-il une telle noirceur qui planait au-dessus d’eux ? Menaçante, changeante, tentant de venir s'agglutiner sur leur peau, s’accumuler et les engloutir. La louve avait passé assez longtemps à déprimer seule, enfermée dans ses contraintes et son grand bureau de cheffe militaire. Ce n’était donc pas elle que les ténèbres suivaient partout de la sorte. Bien entendu qu’ils la guettaient du coin de l’oeil, attendant qu’elle sombre de plus belle pour s’emparer de son coeur. Mais sa forte personnalité l’en empêchait. Elle avait déjà été au fond du gouffre au point d’y creuser sa propre tombe à petit feu. Ce n’était plus d’actualité fort heureusement. Et même si l’alpha avait sorti la tête de l’eau, elle n’oubliait rien. L’on oublie jamais ses victimes, sa peine, ses souvenirs, ses remords, rien ne s’efface jamais. Le temps les atténues parce qu’il faut bien faire avec et avancer; parce qu’il faut bien continuer sinon… à quoi bon ? Chacun se trouve un prétexte ou alors sombre davantage et finit par devenir un poison. Pour lui-même et les autres.

C’est dans ce genre de contexte difficile que l’on voit qui s’accroche au navire et qui se dépêche d’en sortir. Narumi restait fièrement sur le pont de ce dernier, quitte à couler avec lui. C’était peut-être trop tard pour faire un bond en arrière, mais pas trop tard pour en ressortir grandi, plus puissant. C’était son souhait pour sa nation, qu’ils se relèvent plus fort que jamais. C’était idéaliste mais néanmoins, s’il n’existait pas de telle personne pour donner l’espoir, alors il n’y aurait que de fades espérances. L’alpha représentait l’une des teintes de l’espoir, pleine de conviction et d’assurance, alors qu’elle-même se savait irrémédiablement condamnée.

Elle n’avait pas commis de crimes spécifiquement sous le règne de SK. Non, à part gérer l’armée il ne lui avait pas demandé d’aller assassiner des gens. Mais, ceci dit… Il y eut bien un événement spécial. Toutes ces femmes qui se réunissaient lors de réunions pour monter un dossier contre le fameux Roi de la planète… Celui-là même qui les avaient engrossé et délaissé. Cette histoire-là, par contre… était largement partie en un massacre incontrôlé. Et c’est depuis ce jour où elle perdit le contrôle qu’elle commença réellement à déprimer. Le récit est sanglant et inhumain. C’était aussi son état d’esprit en cette soirée maudite. Et la suite ne l’a qu’enfoncer plus profondément dans ses travers : un SK qui ne passe la voir que par intérêt une fois tous les trente-six du mois en sentant les phéromones, signe qu’il a vu d’autres femmes avant de venir la voir elle - le pire dans tout ça, c’est que grâce à l’odeur de des hormones qu’il dégage, la louve sait de qui il s’agit. Si tant est qu’elle a déjà vu la femme en question. Et cela est déjà arrivé plus d’une fois.

Peut-être que je ne suis qu’égocentrique. C’était questionné à nombreuses reprises Narumi. Après tout, il y a bien des peuples qui pensent que la liberté sexuelle est importante, qui sont en couple libertin ou ce genre de choses. La chose étant que, bien qu’elle ai retourné la question dans tous les sens, ce n’est justement pas une question de mentalité des populaces. Mais de ce que que Narumi ressent elle. De SA manière de voir les choses et de les percevoir. On s’en fiche de ce que le voisin d’à côté fait, ou pas d’ailleurs. Tout est une question de consentement mutuel. Mais, dans ce cas précis justement, SK ne lui avait jamais demandé son avis ou quoi que ce soit. C’était probablement ça le fond du soucis : la cheffe n’avait fait qu’accepter tout de A à Z sans le confronter, comme si c’était logique de ne pas venir “l’embêter” avec ses petits soucis alors qu’il avait une vision bien plus grande et globale des choses à gérer. Cela lui paraissait anormal de venir se plaindre, c’était ça la réalité. Elle ne se trouvait pas légitime avec ses reproches, parce qu’au final la louve l’avait su au beau milieu de leur relation qu’il agissait de la sorte et l’avait tout de même accepté. Comme si c’était plus fort qu’elle, une attraction digne d’une addiction l’empêchait de se braquer et de, tout bonnement, le quitter et se barrer. Du moins sur le plan romantique - cela ne l’aurait pas empêché de continuer à servir l’alliance. Mais, non, elle avait manqué de volonté, de courage. L’amour l’avait vaincu. Et la militaire ne se pardonnerait jamais les atrocités qu’elle avait commise en son nom.

Alors, quitte à ressasser, ils se brassaient tout les deux mutuellement et, à la fois, chacun dans leur coin, l’esprit. Toutes ces ruminations engendraient une sorte de nuage orageux et de noirceur totale tout autours d’eux, guettant le moment où ils allaient craqué et s’enfoncer durablement dans le Mal. Ce brouillard d’ébène n’était pas visible dans notre réalité, mais il était pourtant bien présent aux alentours. Cette vapeur charbonnée qui vous tourne la tête, vous accable de vos pires souvenirs et vous fait vous engouffrer plus péniblement encore dans les méandres de votre vie passé. Quel délice, onctueux et raffiné pour ceux qui se délectent de la souffrance. Le gâteau des anges ! La louve ressentait cette atmosphère pesante. Après tout, si c’était une sorte de seconde peau chez Wolfgang, cette dernière avait été aussi l’habit de la militaire pendant quelques années. L’on pouvait donc dire qu’elle connaissait bien cette sensation où l’on suffoque en attendant la mort - tout en ressassant continuellement le plus mauvais dans nos vies. Aaaaah, dépression ! Que tu es une amie charmante ! Toujours à répondre à l’écho de l’angoisse du matin au soir. Toujours à savoir quand nous prendre à la gorge au bon moment pour mieux nous étouffer. Quelle amie attentionnée ! Mais Narumi t’a chassé. Alors arrêtes de la guetter. Tu veux qu’elle revienne vers toi, qu’elle te reprenne à ses côtés. Tu glapis dans l’ombre ton mécontentement parce qu’elle ne te laisse plus glisser dans ses veines. Attends encore. Elle ne reviendra plus vers toi.

C’est d’une envie de le secouer que la cheffe fut prise suite à ses affirmations. Bien entendu qu’elle craignait également sa mort à lui. Qui sait où il irait ? Il ne venait pas de ce monde, de base. Il pourrait très bien être destiné à aller dans “les cieux” de cet autre monde. Ou alors, il n'existait rien de semblable dans son univers et, de ce fait, il était condamné à subir un tout autre sort une fois que la vie le quitterait. C’était angoissant de ne pas comprendre ce à quoi servait notre mort et l’effet que cela aurait sur nous. Donc, c’était un stress évident que de ne pas pouvoir être certain de ce qui allait advenir de son ami lorsqu’il devrait périr. Mais Narumi fronçait les sourcils, prenait une grande inspiration et jouait les dures. De toute façon, que faire de mieux ? ! C’était inutile de ruminer dans son coin en inventant des scénarios dans sa tête puisqu’il n’y a pas de réponse toute faite ! Alors il valait mieux écarter ces idées noires et se concentrer sur le présent, et un peu l’avenir tout de même afin de prévoir judicieusement les choses.

Mais, elle eut envie de le secouer comme un prunier parce qu’il avait affirmé qu’il se ferait à nouveau dévorer par les ténèbres si jamais Narumi périssait. Des flammes brûlaient dans le regard de la louve à cet instant précis. Pourquoi disait-il une telle bêtise ? Certes, il n’avait connu que ça de sa vie, mais bon dieu ! Il fallait qu’il en sorte et elle l’en sortirait ! Mais si Wolfgang ne persistait pas à chercher la lumière et à s’adonner à celle-ci une fois la mort de Narumi - inévitable avec le temps de toute évidence - arrivée, alors à quoi bon ? Décidément, il fallait vraiment qu’elle le prenne par la main et qu’elle le tire violemment de là. Vraiment. Le Grand Méchant Loup devait, de manière urgente, relever la tête et croire. Oui, croire en ses nouvelles convictions, celles-la même que lui offrait sa partenaire. Ce dernier devait enfin comprendre qu’il avait une place ici, une rédemption qui l’attendait, de l’amour à donner et à partager. Ces idées que les scélérats veulent faire passer pour idéaliste ou naïve quand elles sont la clé de bien des problèmes.

Je viendrais en rêve pour te mettre des gifles si forte que tu en auras la marque à ton réveil si tu abandonnes après ma mort !” Persiflait Narumi comme une menace en l’attrapant par les épaules, solidement, à cet instant. “Tu te dois d’être fort ! Ton bien-être doit venir de toi, il ne doit pas dépendre de ma présence ! Je vais t’aider à te sentir mieux, mais je ne dois pas être la condition sine qua non de ce rétablissement. Je sais que c’est plus facile à dire qu’à faire… Mais, c’est la seule option, Wolfgang… Si l’on se laisse aller, on entraîne tout le monde avec soi. Tous ceux qui croisent notre route… Tous nos proches, nos amis, ceux pour qui nous avons de la considération ou du respect… à notre contact ils se sentiront attiré dans les ténèbres. Et ça, c’est inconcevable. Il faut que tu deviennes une force de la nature, tu en as tout le potentiel en toi ! Et même si je sens que tu ne me crois pas, je te prouverais le contraire.

La louve n’était pas une sorte de divinatrice, pour autant il était aisé de comprendre que depuis le départ l’un des pires sentiments collait à la peau de son partenaire. Le doute. Ce fameux doute qui gâche tant de choses… la preuve. Bien que la militaire feignait l’ignorance et continuait de lui montrer qu’elle y croit, qu’ils y arriveraient ensemble, elle n’était pas pour autant insensible à ce que son homologue ressentait. Oh non, bien loin de là. Au contraire. C’est simplement que celle-ci s’était promis de ne pas se laisser happer par l’obscurité. Et c’est une forte tête en plus d’être têtue ! Alors malgré la souffrance, malgré le doute qui tentait de venir percer les défenses de Narumi pour l’assaillir, elle continuait à se donner fière allure et à garder espoir.

Arriver à partager ses émotions n’était pas une chose aisé pour lui. C’était un problème de taille. Parce que l’on ne peut pas comprendre tout ce qui trotte dans la tête des autres simplement en le devinant ou en émettant des hypothèses. Il était fort possible que LGML ressente des émotions tout à fait différente de son amie, après tout nous avons tous une perception des choses qui est singulière, propre à nous. L’on ne ressent pas les mêmes sentiments face à des situations données. Certains peuvent rire là où d’autres pleurent, rien que cette vérité parle d’elle-même. Alors, Narumi devait trouver un moyen pour qu’il puisse arriver à s’exprimer pleinement. Mais comment réussir à décoincer quelqu’un qui, toute sa vie, avait été seul et, même quand il était parfois accompagné - bien que ce fut rare - il se sentait tout de même seul ? Ce n’est pas rien de se sentir comme ça. Seul, même avec quelqu’un, même en groupe. L’on fait du mimétisme social pour tenter de s’intégrer ou de ne pas montrer son mal être. Mais l’on se sent incroyablement… isolé. Abandonné. Pourquoi la présence d’autrui ne nous aide pas à soigner un tel état ? Peut-être parce que les autres ne sont jamais la réponse à nos problèmes. Peut-être parce qu’il faut arriver à réagir seul, à faire face seul. Peut-être parce que, si l’on se sent mieux grâce à la présence d’autrui, alors cela veut dire que l’on est pas guérit. Parce que cela veut dire que notre bonheur et notre sensation de bien-être dépend de quelqu’un, quand il devrait ne dépendre que de nous. Mais bien sûr, se rendre compte de cela, faire les démarches pour s’en sortir et y parvenir, tout cela n’est pas si aisé.

Lorsqu’ils s’installèrent sur les fauteuils, en face de la petite table sur laquelle Narumi avait installé de quoi manger, elle n’eut aucun mal à comprendre qu’il avait l’estomac encore noué. C’était compréhensible. La louve se sentit un peu mal de pouvoir manger, de son côté. En faite, à vivre comme une militaire, on prend l’habitude de se forcer à se sustenter pour ne pas dépérir, surtout dans les moments critiques justement ou bien quand l’on se sent mal. C’est vital que de se nourrir, et donc on apprend à faire avec les mauvaises émotions physiques et mentales qui voudraient nous en empêcher. Celle-ci n'essaie pas de le forcer à manger ceci dit. Inutile de l’y contraindre s’il se sent barbouillé et qu’il n’a pas l’habitude de se forcer de la sorte.

Il lui raconta alors l’histoire autours de ce mystérieux message qu’il avait reçus. Visiblement il s’agissait d’une autre personne de son monde d’origine qui avait réussi à passer dans cet univers et qui souhaitait le contacter pour x raison. Apparemment cette personne n’est pas animée de bonnes intentions - de là à être capable de tuer des innocents pour attirer l’attention de Wolfgang, il faut être un sacré malade mental. La louve fronça les sourcils pour montrer sa désapprobation. Une telle personne ne devait pas pouvoir circuler librement dans la ville de Satan-City sans être connue des forces de police et des militaires. Il serait donc impératif qu’elle dresse un portrait de cette étrange personne et qu’elle le communique à ses comparses. Surtout que, LGML avait ajouté qu’il ne fallait certainement pas lui accorder sa confiance. Encore impossible de dépeindre le personnage que la militaire allait rencontrer pour l’heure mais, ce devait être un numéro très spécial cet individu venu du pays des Contes !

Quel est le nom de cet individus ? Il doit être fiché dans notre base. Il a l’air d’être un dangereux manipulateur, je ne peux pas le laisser traîner dans nos rues sans agir. D’ailleurs, comment as-tu pu, de ton monde, venir jusqu’ici ? Il a dû te suivre de très près et passer par le même moyen de voyage que tu as utilisé. C’est inquiétant, j’espère que tes ennemis du pays des Contes ne sont pas venu jusqu’ici, eux aussi. Je ne voudrais pas qu’ils te traquent encore. Mais si tel est le cas, nous les ferons changer d’avis sur toi. Il n’est pas trop tard pour ça, si chacun est capable de prendre conscience que le passé est une époque révolue.

Concept difficile pour beaucoup de personnes. Les gens restent figé dans le passé. Ils restent bloquer sur des choses déplaisantes et se gonflent de fierté, ne voulant pas pardonner et perpétuant un cycle de haine sans fin. Cela n’apporte jamais rien de bon de toute évidence. Bien entendu qu’il y a des choses impardonnables, mais pour autant, si l’on vit avec la haine dans les tripes et qu’on la transmet à sa progéniture et à ses proches, alors eux-aussi la transmettront à leur tour, et… vous devinez la suite. Cette boucle infinie continuera d’être vraie, d’exister et de pourrir tout.

La question qu’il osa poser lui glaça instantanément le sang. Une douche frigorifiante qui vous brûle les muscles et vous congèle les os. Comment répondre à ça ? Avouer ses erreurs, les assumer, c’est fait. Pourtant, pourtant… arriver à parler de tout ça en étant parfaitement insensible est impossible. Même si elle tente de l’être. En réalité, c’est valable pour tout ce qui a touché profondément notre âme. On ne peut pas parler de ces choses en “ne ressentant plus rien”. Le temps atténue les peines mais n’efface rien, encore une fois. C’est juste qu’il faut s’en accommoder. Comme un tas d’autres choses dans la vie.

Seis…” Elle ravala ses paroles. C’est dingue. Même en étant plus à son service, elle n’arrivait pas à trahir sa promesse. Narumi ne devait pas révéler son prénom à qui que ce soit et même maintenant, cette dernière ne le pouvait pas. “SK est un véritable séducteur. C’est difficile de lui résister. Homme ou femme, il a toujours les bons mots. Il cerne vite qui il a en face de lui et utilise les faiblesses des autres pour mieux les prendre sous sa coupe. C’est un manipulateur hors pair. Il sait brosser n’importe qui dans le sens du poil afin que cette personne le prenne en sympathie. Même si tu ne l’aime pas de base, il arrivera très probablement à apaiser cette sensation chez toi et à te faire changer d’avis. Il n’y a pas à dire, il a un don pour se mettre les autres dans la poche.” C’était ainsi qu’elle avait décidé de l’introduire, parce que rien ne saurait mieux dépeindre le personnage. Il était doué comme personne pour les relations, même si elles étaient fondées sur des mensonges et des belles paroles. “Quand il m’a rencontré je voyageais en faisant des contrats de mercenaire. Je ne prenais que des bons clients, des gens honnête, enfin j’essayais. Je ne peux pas te dire que je suis sûre qu’ils l’étaient tous. Mais mon but était de faire de bonnes actions, pas de nuir, en tout cas. Bref. Quand je l’ai rencontré j’ai tout de suite su que j’allais suivre cet homme. Mon instinct me l’a dit. Mais il m’a aussi conseillé de faire demi-tour et de m’en éloigner. Il m’a montré la vérité et je l’ai ignoré…J’ai été une idiote. Pour une personne ayant vécu aussi longtemps, ayant vécu comme une esclave et connu moult guerre… je n’étais toujours pas très avisé il faut croire.” Celle-ci avala avec difficulté une gorgée d’eau avant de reprendre. “Je me suis laissée guider par les sentiments qui m’ont submergé ce jour-là. Bien-sûr je ne le connaissais pas assez encore à cette époque alors j’émettais quelques réserves, mais… Il faut croire qu’il a réussi à vite les dissiper. Je l’ai revu plusieurs fois suite à notre rencontre. Il a montré sa force, son intelligence avec ses plans bien amené. Il voulait prendre le contrôle des planètes pour instaurer un système juste, qui apporterait la tranquillité aux peuples. C’est une bonne idée, je trouve que les dirigeants en général profitent trop du peuple. Alors je l’ai cru. Et quand il a prit le contrôle de la Terre, j’étais rassurée. Nous avons vécu plusieurs années de paix, et en me nommant cheffe de l’armée j’ai apporté de nombreuses restructurations pour le peuple. Tout se passait si bien, c’était le rêve d’une vie que de pouvoir participer à la paix. Alors tu sais, je crois que ce qui m’a attiré chez lui c’est qu’il me disait ce que je voulais entendre et me donnait les moyens de réaliser mes propres rêves. Je n’arrivais même pas à comprendre le fait qu’il puisse être si… noir au fond de son coeur. Je pensais vraiment qu’il voulait apporter de bonnes choses, et j’ai été une idiote. Son apparence physique me plaisait, ses manières me plaisait, sa façon de dire les choses aussi, de me regarder ou de me considérer… Et je n’avais jamais ressenti ça pour personne auparavant. Il avait toutes les cartes en main pour me garder auprès de lui.” On lisait les remords dans ses yeux, mais aussi la fureur. Envers elle-même surtout. “Je ne vais pas me cacher derrière des excuses. J’ai même eu des enfants avec lui. C’était la première fois que je me reproduisais avec quelqu’un qui n’était pas de mon espèce, d’ailleurs. J’ai eu de nombreuses filles et fils durant ma vie. Mais je donnais naissance à ces enfants pour transmettre mon patrimoine génétique, et j’ai donc donné la vie en compagnie d’autres alpha de mon peuple. Cela peut paraître insensible ou très peu moral, mais chez nous cela est tout à fait logique et normal. J’ai de la sympathie et de l’affection pour les pères de mes enfants, mais je n’avais jamais vraiment réalisé ce que ça faisait d’être amoureux avant de croiser le chemin de SK. Pour être franche je ne comprenais pas vraiment les gens qui me parlaient du “grand amour” et qui parfois se mettaient dans des états chaotique pour celui-ci. Celui qui rit de l’amour en pleurera toute sa vie durant, il paraît.

Cette remarque stupide lui arracha un rire jaune. Cette dernière se frotta les yeux et le visage, comme pour faire partir les mauvaises émotions qui la gagnait à ce moment précis. C’était une véritable épreuve d’avouer ses fautes, de les affronter en face, d’accepter son passé et les idioties que l’on avait pu faire. Et surtout de réussir à avancer en ayant la conviction que l’on veut devenir meilleur, que l’on veut continuer d’essayer de faire le bien. La plupart des gens sombrent dans l’abysse et se disent “puisque j’ai été trahi” ou puisque “ceci ou cela” alors moi aussi je deviendrais quelqu’un d’abjecte. Mais cela était la pire des conneries aux yeux de la louve. C’était la facilité. Jamais elle ne se servirait de ses malheurs pour devenir une personne mauvaise, car les méandres de sa vie n’était pas une justification suffisante pour qu’elle devienne ainsi.

...Mon pire regret c’est le crime que j’ai commis pour le couvrir. Je sais que je dois me rendre aux autorités et avouer les assassinats de ces femmes… ces femmes qu’il avait engrossé et laisser seules avec leurs enfants. Cette histoire est allé si loin que ces personnes montaient un dossier pour l’accuser et faire valoir leurs droits. Elles se réunissaient pour faire des réunions chaque semaine, trouvaient toujours davantage de partisanes pour plaider leur cause… SK avait profité d’une quantité énorme de ces femmes, tu aurais été surpris de voir toutes ces personnes pleurant leur sort… la plupart reniait leur part de responsabilité. Je crois que ça m’a profondément blessé et enragé. Autant que SK soit aussi irresponsable et insouciant, qu’il m’ait… trahi en quelques sortes, alors qu’il me fréquentait… et je me sentais bête de ressentir autant de négativité alors que nous n’avions rien décrété, lui et moi. Il n’y avait pas d’accord direct d’exclusivité. Après tout, il était libre. C’était de ma faute de ne pas avoir clarifié les choses, et en même temps… je pensais que l’accord avait été tacite. Après tout, il me présentait plus ou moins devant ses hommes comme étant sa compagne… “officielle”, disons. Bref, j’ai complètement perdu les pédales. Je devais préserver la paix, je devais préserver sa réputation, tout allait si bien et ces femmes noircissait le tableau. Elles ne voulaient pas admettre que, de leur côté, coucher avec un inconnu sans contraception était tout à fait irresponsable… et de l’autre côté, ce n’était en rien leur faute d’avoir été séduite par cet homme qui est un expert en la matière. J’étais confuse. Je me sentais plus bas que terre, et c’est le fait que je me sente terriblement mal qui a pris le dessus. J’ai… tué de sang froid toutes ces femmes pour dissoudre cette assemblée qui porterait préjudice à SK. Ce soir-là, quand j’ai commis ces meurtres, je n’étais plus moi-même. Et pendant des années suite à cela, je ne l’étais plus. J’ai sombré dans une profonde dépression et je m’accrochais uniquement à mon travail pour ne pas…

Elle ne termina pas sa phrase. Pour ne pas quoi, au juste ? En vérité, c’était évident. Narumi se serait laisser dépérir et mourir. C’était un acte impardonnable, peu importe par quoi il avait été motivé. Son amour pour SK l’avait rendu totalement timbrée. Assez pour lui faire faire commettre des choses que jamais elle n’aurait fait autrement. Peut-on dire que l’amour nous rend fou, alors ? Peut-on l’accuser de certaines de nos actions totalement délirantes ? Oui, très probablement. Pour autant, Narumi avait bien fait un choix en étant consciente de ce que cela impliquait, même en n’ayant pas les idées claires. Même si l’influence de son amour bien trop lourd à porter justifiait ce choix démesuré, cela ne pardonnait en rien cet acte immoral. La louve déglutit avec peine suite à cet aveu…Que dire de plus ? Elle ne voulait pas se trouver de circonstances atténuantes. Après tout, c’était uniquement sa faute.

Je… Je ne sais pas quand ce sera le bon moment pour que j’avoue mes crimes. La Terre est déjà souillée, malade, les gens ont peur… ils ont besoin de figures rassurantes et, malgré moi, j’en fais partie. J’aurais droit à une sentence pire que la mort pour ces assassinats, et je les mériterait. Mais je pense au bien de mon peuple d’abord, je ne crois pas que mes aveux seraient les bienvenues en ces temps sombres. Cela ne ferait qu’enfoncer le clou. Déjà que leur confiance est ébranlée puisque j’étais dans l’alliance de SK, c’est normal qu’ils doutent de moi. Mon sacrifice pour sauver une partie de notre population en emportant l’une des bombes avec moi a rattrapé le coup, mais d’autres pensent que je n’ai fait cela que pour tenter de vainement rattraper mes fautes. Peut-être ont-ils raison. Je n’ai pas réfléchis. Quand j’ai vu l’état de la ville… de ma ville, de notre ville… et quand j’ai déniché cette bombe, mon sang n’a fait qu’un tour. Je savais que je devais l’emporter loin d’ici avec moi pour sauver ce qui pouvait encore l’être, c’est tout.

Comment décrire son état actuel ? Son coeur était ravagé autant que son esprit et son âme. Ces meurtres, jamais elle n’en avait parlé à qui que ce soit. Cela faisait des années que ça la rongeait et qu’elle gardait le secret sans savoir quand et comment en parler sans mettre un boxon monstre. Tout le monde perdrait toute admiration ou confiance en elle, peu importe toutes les bonnes actions qu’elle avait faite pour le peuple. Car le Mal prend toujours le dessus dans la tête des autres. Est-ce à juste titre que d’évaluer plus importantes les mauvaises actions que les bonnes ?
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MessageSujet: Re: The big bad wolf [PV]   The big bad wolf [PV] - Page 2 ClockDim 23 Fév 2020 - 18:10
Dans son esprit, le Grand Loup était petit. Les ténèbres qui dévoraient son âme, eux, étaient immenses. Immensément denses et vastes, ils l'entouraient, l'habitaient, le noyaient dans un océan infini de tourmentes. Dans ce vide, ce néant où sa seule compagnie était l'obscurité environnante, le Loup était enchaîné et muselé, empêtré dans des chaînes maudites dont il ne savait se défaire.
Plongé au cœur des ténèbres où il était emprisonné, ses geôliers s'appelaient Solitude, Souffrance, Désespoir et Haine.

Ô, Ténèbres et leurs gardiens, relâchez-moi ! Libérez-moi !

Il y avait une lueur, au loin, qui vacillait. Une unique étoile au milieu de la nuit. Un unique espoir. Il la voyait, qui brillait, tantôt intensément, tantôt fébrilement, comme une flammèche qui avait du mal à rester allumée, qu'il fallait raviver, qu'un simple souffle pouvait éteindre à tout moment. Il voulait s'en rapprocher, sentir sa chaleur, mais ses chaînes infernales l'entravaient.

Ah, Étoile du Matin, brille ! Éclaire mon visage. Envoie ta lumière si chaleureuse sur mon sombre visage. Dis-moi que je ne suis pas tout seul.

Il fallait que la tendance s'inverse. Cette petite tâche de lumière à peine discernable dans cet amas de noir et de mélancolie, il fallait qu'elle grossisse. Il fallait qu'elle chasse l'ombre, qu'elle envahisse son esprit. Que ce soient les ténèbres qui ne soient plus qu'une toute petite tâche noire dans un champ de lumière, d'espoir et de joie.

L'étoile se mit à briller plus intensément, à grossir. Jusqu'à prendre la forme d'un rectangle. Une porte emplie de lumière. Une silhouette passa à travers. La silhouette d'un loup-garou, mais entièrement fait de lumière vive, aveuglante et scintillante. Il courut vers le Loup. Il agrippa l'une des chaînes enroulées autour de son corps. Il la brisa.

*Tu vois bien que tu n'es plus seul.*

Le loup-garou doré avait la voix de Narumi. La chaîne de la Solitude avait été brisée. Mais la Souffrance, la Haine et le Désespoir étaient toujours là, omniprésents en lui, si puissants qu'ils se hissaient même aux portes de l'esprit de Narumi qui luttait de tout son être contre eux. Des chaînes sortirent de nulle part pour entraver le loup-garou lumineux, mais il se débattait avec toute sa hargne pour résister, pour ne pas se laisser emprisonner comme le Loup alors que les chaînes s'enroulaient autour de ses membres et de son corps.

Dans le vrai monde, elle venait d'attraper Wolfgang par les épaules. Sa réplique à propos des gifles qu'elle lui donnerait en rêves lui arracha un sourire. Un vrai sourire, pas forcé. Pas un sourire doux, affectueux ou joyeux. Mais un sourire amusé. Comme quand elle avait dit qu'elle serait là pour lui donner des coups de poing pour lui remettre les idées en place quand il s'égarerait. Cela l'amusait réellement. Ce genre de menaces mais qui sonnaient surtout comme des promesses réconfortantes. L'idée même qu'elle pût lui faire du mal pour lui faire du bien, étrangement, ça lui plaisait. Il n'était pourtant pas masochiste. Il n'appréciait pas la douleur, il s'en était plutôt accommodé, à force de la ressentir, il était devenu presque insensible à la douleur physique bien que la douleur morale le rendait encore extrêmement vulnérable. Et pourtant, il avait envie qu'elle le frappe. Qu'elle lui donne des gifles ou des coups de poing, qu'elle lui remette les idées en place. Si c'était là la solution pour qu'il cesse d'être maléfique, si c'était le seul moyen pour qu'il apprenne de ses erreurs et finisse par vraiment changer, alors il le fallait. Le mal engendrait le mal, mais certains maux ne pouvaient être combattus que par la force.

Et il se devait d'être fort, c'était ce qu'elle lui avait affirmé. Elle avait raison. Il ne pouvait pas laisser ses problèmes affecter les autres. Il ne pouvait pas les entraîner dans sa chute, ce serait purement égoïste. Une force de la nature, il en était une, oui. Mais une force de destruction, pas une force de création. Pourtant, il avait les capacités physiques de faire le bien. En utilisant cette force de destruction pour défendre ceux qui en avaient besoin, en les protégeant contre d'autres forces obscures, et elles étaient nombreuses. À commencer par SK et ses Black Feathers qui voulaient se venger de Narumi. Il avait les capacités pour faire le bien, mais il ne voyait pas comment le faire, comment bien agir, quel comportement adopter, quels étaient les bons choix moraux.

Par la suite, ils se mirent à table, puis Wolfgang commença à parler de la lettre et du Renard Rusé, faisant de lui une description peu flatteuse. Exagérait-il lorsqu'il disait que le Renard serait capable de tuer des innocents uniquement dans le but d'attirer son attention ? Probablement. Sans doute que le Renard n'avait encore jamais fait une chose pareille, mais le Loup était persuadé qu'il en était capable. Peut-être noircissait-il le tableau, il n'était pas très objectif, après tout. Le Renard avait certainement fait beaucoup moins de victimes que le Loup.

Narumi lui demanda le nom du Renard Rusé.

"Tout comme moi, il a adopté une identité humaine dans ce monde. Fox Fire-quelque chose, il me semble... Hm..."

Il réfléchit quelques instants en levant légèrement la tête, faisant travailler sa mémoire.

"Firecoat. Oui, c'est ça, Fox Firecoat."

Elle lui avait également demandé comment il était arrivé ici, et si d'autres personnages imaginaires avaient pu le suivre à l'instar du Renard.

"Hmm, je ne crois pas que d'autres ont pu faire ce voyage. Les personnages des Contes ignorent qu'il existe un autre monde, pour eux, seule leur réalité compte. Dans mon cas, j'ignore pourquoi mais... Je l'ai toujours su. J'avais cette conviction, au fond de moi, qu'il existait un autre monde que celui dans lequel je suis apparu. A vrai dire, je ne sais même pas vraiment comment j'ai fait pour voyager jusqu'ici... Je suis simplement parti. J'ai quitté la Forêt Maudite, et j'ai continué à errer tout droit, sans savoir où j'allais. Je crois... que j'ai simplement voulu changer de monde, j'ai désiré ardemment me retrouver ailleurs, et après un moment, je me suis rendu compte que les choses autour de moi avaient changé. Bien vite, j'ai appris que toutes les histoires que j'avais vécues avaient été romancées en de nombreuses variantes, et que dans ce monde-ci, j'étais considéré comme un personnage fictif issu des Contes. Le Renard a probablement dû souhaiter me retrouver avec énormément de conviction, pour se retrouver ici aussi."

Quelques temps plus tard pendant le repas, Wolfgang qui s'interrogeait sur les sentiments que Narumi et lui éprouvaient, sur la raison d'être de ces sentiments et leur authenticité autant que sur le fait qu'il ne pourrait probablement pas rendre Narumi aussi heureuse qu'elle l'avait été en compagnie de SK, finit par oser lui demander ce qu'elle avait aimé chez cet homme qu'elle dépeignait aujourd'hui comme une ordure. Il avait besoin de comprendre. Comment avait-elle été séduite par lui et comment ses sentiments pour lui s'étaient envolés ? En sera t-il de même à propos de ce qu'elle ressentait pour le Loup ? Ou bien le lien entre les loups divins empêcheraient cela ?

Elle commença d'abord par prononcer le début d'un mot puis s'interrompit. Elle reprit la phrase en la recommençant par "SK". Wolfgang plissa légèrement des yeux. Il avait comprit qu'elle allait utiliser son vrai prénom mais s'était ravisée. SK ne devait être qu'un pseudonyme, probablement des initiales.


*Même après tout ce qu'il lui a fait subir... elle ne peut prononcer son nom...?*

Quelque chose était évident aux yeux du Grand Méchant Loup. Narumi n'était pas totalement libérée de l'emprise de SK. Peut-être ressentait-elle encore des sentiments pour lui, au fond. Sinon, elle aurait été capable de dire son vrai nom, surtout au Grand Méchant Loup, à qui elle pouvait tout révéler, avec qui elle partageait un lien fusionnel, un lien empathique qui leur permettait de partager leurs émotions sans avoir besoin de communiquer. Le poison que représentait SK coulait encore dans les veines de la louve, sa drogue faisait encore effet. Cela ne plaisait pas à Wolfgang. Il n'en voulait pas à Narumi, il en voulait à SK, pour avoir à ce point endommagé l'esprit de la louve, pour l'avoir façonnée à son image et en avoir fait une machine à tuer. Pour l'avoir si profondément affectée, que même après qu'elle l'eut quitté et trahi, même après que SK eut tué ses enfants, même après que de puissants sentiments entre elle et le Grand Méchant Loup naquirent, elle demeurait encore incapable de prononcer un simple nom.

Plus elle parlait de SK, plus la haine du Loup à l'égard du chef des plumes noires augmentait. Ce n'était pas une question de jalousie. Ce n'était pas parce que SK était l'ex de Narumi que le Loup ressentait de la haine pour lui. C'était pour tout le mal que l'ancien roi de la Terre avait fait à la louve. L'état de détresse émotionnelle intense, insupportable, dans lequel il l'avait laissée. Il lui en voulait tout simplement d'avoir blessé Narumi. Pas seulement blessé, de lui avoir fait vivre un calvaire pire que l'Enfer. Il ne pourrait jamais le lui pardonner.
En outre, la façon dont Narumi peignait le tableau de SK au début de son discours rappela beaucoup à Wolfgang la manière de faire du Renard Rusé. Quelqu'un d'habile des mots, séducteur, manipulateur, menteur, qui pouvait se mettre tout le monde dans sa poche. Il n'y avait pas à dire, SK était rusé comme un renard.

Tout en l'écoutant, le visage de Wolfgang s'était assombri encore un peu plus, il la fixait avec sérieux, sa main droite tenant son visage au niveau de la bouche d'un air pensif mais également grave.
Il était difficile, pour le Loup, de comprendre les raisons qui avaient conduites Narumi à aimer SK. En vérité, lui-même ne comprenait pas les raisons qui poussaient son cœur à s'affoler en présence de Narumi. Comme l'on dit, le cœur a ses raisons que la raison ignore. Peut-être valait-il mieux ne pas tenter d'analyser et décortiquer ces sentiments, peut-être n'y avait-il tout simplement aucune explication logique et rationnelle. Peut-être que cela n'était dû qu'au hasard, ou à la destinée, peut-être que ce n'était qu'une histoire écrite par des entités qui transcendaient cet univers, tout comme ses propres histoires avaient été rédigées par des écrivains dans ce monde-ci. Peut-être le monde n'est-il pas fait. Peut-être que rien n'est fait. Un conte sans conteur. Des pages et des écritures sans papiers, ni encre, ni plumes noires.

Selon elle, ce qui l'avait séduite, c'était surtout une manière d'être générale, une apparence, une manière de parler, de réfléchir, de faire des plans. Le rôle que ce comédien de talent jouait en permanence. Elle s'était fourvoyée. SK s'était emparé de son cœur, l'avait pris en otage, pour faire d'elle son jouet, son arme, son chien de chasse. Il avait apprivoisé la louve, ou bien elle s'était laissé apprivoiser. Mais quand le chien domestique est maltraité, il arrive qu'il se rebelle contre son maître. Qu'il morde la main qui le nourrit.

Elle conclut sa première tirade en parlant de l'amour et du Grand Amour.


"Le Grand Amour, hein..." marmonna simplement Wolfgang, sans grande conviction.

Il avait du mal à croire à ce phénomène, peut-être parce qu'il n'avait jamais connu autre chose que la Grande Haine. Ce lien prétendument éternel qui unissait deux personnes pour la vie, comme la Belle et la Bête. Le Loup Ancestral et le Grand Loup. Était-ce réel ou n'était-ce qu'un conte de fées ? Narumi y avait cru, en tout cas, mais son récit prouvait qu'elle avait eu tord.

Par la suite, Narumi parla des pires crimes qu'elle avait commis. Elle avait assassiné des femmes qui avaient été enceintes de SK. Ce n'était pas joli-joli, mais le Loup aurait été très mal placé pour la juger. Il pouvait sentir à quel point la louve se sentait encore mal d'avoir fait une chose pareille, elle ne se l'était pas pardonné. Tout comme lui, elle était rongée par la culpabilité. Elle affirma qu'elle ignorait quand elle devrait avouer ces crimes et accepter son châtiment, car pour le moment, elle considérait qu'elle devait continuer d'aider le peuple.

Wolfgang ressentait la détresse dans laquelle elle se trouvait en parlant de ce qui la rongeait de l'intérieur. Cette sombre culpabilité qui l'envahissait, qui l'empoisonnait. Les chaînes noires s'étaient refermées sur le loup-garou de lumière qui avait voulu libérer le loup des ténèbres. Comme si la noirceur qui émanait de lui envahissait l'esprit de Narumi, l'entraînant avec lui dans sa chute.

Non ! Il ne devait pas l'emmener avec lui, il ne devait pas l'attirer vers le désespoir, la souffrance et la haine de soi. Les gardiens des Ténèbres ne devaient pas gagner ! Il devait combattre à ses côtés, pour qu'ils se libèrent tous deux de leur fardeau. Ils devaient le faire, ensemble, voyager vers la lumière, apporter l'espoir et le bonheur à ceux qui en avaient besoin, et ce faisant le ressentir eux-mêmes.

Relève-toi, Grand Loup. Relève-toi, et bats-toi. Tu n'es pas seul, et ce n'est pas la fin. Ce n'est que le commencement.

Il prit une profonde inspiration, puis souffla longuement du nez, avant de se relever. Il fit le tour de la table pour se retrouver à côté du fauteuil de Narumi. Il tendit la main vers elle, la prit par le poignet et l'invita délicatement à se relever et lui faire face, avant de poser doucement ses mains sur les bras de la louve à l'apparence humaine. Ses yeux jaunes, sauvages, plongèrent intensément dans ceux de Narumi.


"Tu n'as pas besoin d'avouer ces crimes. Le châtiment que tu penses mériter, tu es déjà en train de le subir. C'est cette culpabilité que tu ressens, qui te ronge. Te soumettre à la justice humaine ne résoudra rien. Ils t'enfermeront ou t'exécuteront, et ensuite ? Cela ne ramènera pas ces femmes et n'arrangera pas la situation du peuple. Pense à tout le bien que tu peux encore faire, ce que tu peux offrir aux gens qui sont encore là, bien vivants, autour de nous. Tu leur seras bien plus utile en étant libre et vivante. Les coupables comme toi et moi ne doivent pas nécessairement être punis. Il suffit simplement de les faire changer. Pour que nous nous rachetions, nous devons faire au moins autant de bien que le mal que nous avons commis. Tu as déjà commencé, tu vas me guider, et nous continuerons ensemble. Nous sauverons bien plus de vies que celles que nous avons prises. Tu veux te racheter pour le meurtre de ces femmes ? Tu ne peux pas les ramener, mais tu peux t'occuper de leurs héritages. Leurs enfants, que tu as rendu orphelins, ces enfants dont leur père ignore même probablement l'existence, ils n'ont pas besoin d'une vengeance. Ils ont besoin d'amour, d'un foyer où dormir, où grandir, d'une éducation correcte. C'est cela que tu dois leur fournir. Puisque tu as gâché leur vie en assassinant leurs mères... fais en sorte qu'à partir de maintenant, leurs vies soient faites de bonheur, qu'ils ne manquent de rien, qu'ils soient comblés et heureux. Et si, malgré tout, ils ont besoin d'avoir un coupable, de savoir qui a tué leur mère, d'avoir une réponse... Je crois que je suis tout désigné pour ce rôle. J'ai toujours endossé le rôle du Grand Méchant, et j'ai les mêmes aptitudes que toi à tuer avec sauvagerie. Pour préserver les apparences, pour que tu puisses continuer d'apporter l'espoir et le bonheur au peuple, pour le bien de tous, j'assumerai ce rôle, je prendrai la responsabilité de tes meurtres. Un de plus ou de moins, pour moi, ça ne change rien. Et les gens d'ici ne me connaissent pas, je ne peux donc pas les décevoir."

Oui, le bonheur serait basé sur un mensonge. Mais ça resterait du bonheur tout de même. Narumi resterait l'héroïne, la porteuse d'espoir, aux yeux du peuple, et c'était ça le plus important.

Les mains du Grand Méchant Loup descendirent le long des bras de la fille d'Oméga jusqu'à atteindre ses mains, qu'il prit dans les siennes.


"Quant à ce que tu m'as dit à propos de la perception que tu avais de ta relation avec SK... Narumi, j'ignore quelle sera la nature de notre relation, j'ignore si ce sera quelque chose d'aussi fort que ce que tu as ressenti avec SK, mais ce sera au moins plus sincère. Dans tous les cas, sache que je ne souhaite que ton bonheur. Alors autant clarifier les choses dés maintenant. De mon point de vue, tu es libre de fréquenter qui tu veux, d'avoir des relations avec qui tu veux, j'estime que ça ne me concerne pas. Pour ma part, je n'ai jamais eu de partenaire, je n'ai jamais aimé personne avant toi, ce qui ne signifie pas pour autant que j'en sois incapable. Mais, si tu souhaites que je te sois fidèle, de la même manière que tu voulais que SK le soit, alors je respecterai cette décision."

Peut-être qu'il ne pouvait pas la rendre aussi heureuse que ce dont SK était parvenu à faire, oui. Mais ce n'était pas une raison pour être un frein à son épanouissement ou, pire, l'emporter vers le malheur. Il ne fallait pas qu'il soit égoïste. De toutes façons, le Grand Méchant Loup se fichait bien des sociétés humaines, de leurs conventions ou traditions. Si Narumi voulait le considérer comme son compagnon exclusif et vivre en couple avec lui, alors ça lui conviendrait. Mais si elle préférait rester libre après ce qu'elle avait vécu avec SK, pouvoir fréquenter qui elle voulait sans se prendre la tête, ça conviendrait également à Wolfgang. Ce qui comptait, c'était qu'elle soit heureuse. Car s'il sentait qu'elle était heureuse, alors lui aussi le serait.

"Mais..." temporisa t-il.

"Il faut que tu acceptes l'idée que plus rien ne te lie à lui, désormais. Crois-tu devoir encore quelque chose à cet homme après tout ce qu'il t'a fait ? Il ne doit plus t'entraver, ni te faire peur. Tu dois être capable de prononcer son nom."

C'était un processus nécessaire à sa guérison. Elle n'était pas encore totalement libérée de l'emprise de SK, le fait qu'elle ne puisse dire son vrai nom en était la preuve. Il fallait qu'elle s'en libère une bonne fois pour toutes, pour avancer.
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MessageSujet: Re: The big bad wolf [PV]   The big bad wolf [PV] - Page 2 ClockVen 28 Fév 2020 - 9:56
Fox Firecoat. Cette identité qui, de toute évidence allait bientôt venir sur le devant de la scène, avait été soigneusement enregistrée par la louve. Cette dernière avait sorti une sorte de téléphone-pad d’une capsule et avait renseigné les quelques informations qu’elle avait déjà au sujet de cet individu dangereux. Dans quelques heures, la militaire serait même en mesure de renseigner son apparence physique, ses mimiques et ses traits de personnalité les plus marquants. Renseigner sa provenance, “le monde des Contes” paraissait être une excentricité fantasmagorique. Pourtant, c’était bel et bien la vérité, et ils étaient au moins deux pour le prouver. Le loup et le renard. En tout cas, cet animal semblait attaché au loup, ou alors il lui vouait une sorte d’admiration et de respect couplé qui le poussait à suivre ses traces. Intéressant. Peut-être s’était-il entiché de lui, ce qui expliquerait cette volonté de fer de vouloir à tout prix le suivre ? Ou alors il ne voulait juste pas être seul dans leur monde d’origine et devenir le Grand Méchant Renard. C’était peut-être un peu des deux. Visiblement c’était un type fourbe comme SK, alors il ne serait probablement pas facile de cerner la vérité même en le voyant.  

S’en suivit la lourde discussion. Ou plutôt, ce n’était que la continuité de leurs échanges premiers. Ils se confiaient l’un à l’autre sur les côtés les plus obscurs d’eux-même. Sans chercher à se trouver des excuses. Sans pointer autrui du doigt. Ils ne faisaient qu’être eux-même, se dévoiler en montrant leurs mauvais penchants. Las et blessé par leurs propres actions à plusieurs reprises. Mais, à l’époque, sur le moment, l’on était quelqu’un de différent. L’on ne voyait pas les choses de la même manière. L’on croyait dur comme fer à des choses qui représentaient notre vérité, à ces époques révolues. Personne n’y faisait exception. Non, décidément personne ne pouvait prétendre toujours avoir été tout blanc ou tout noir. Tout le monde était gris, mais peu de gens arrivaient à l’accepter. Les gens ont besoin de stabilité. Ils veulent être rassuré, quitte à se morfondre dans des théories et des avis purement tout noir ou tout blanc, justement. Sans jamais admettre les nuances, parce que cela casse leur fragile conception de l’équilibre des choses. Mais ce n’était pas le cas de nos deux protagonistes. Si l’un paraissait tout noir en surface et l’autre tout blanc en surface, en réalité il n’en était rien. Ce n’est qu’une chimère de se considérer comme ci ou comme ça. Puisque l’on peut changer. Alors la noirceur peut se faire éclipser. Alors la blancheur peut se faire éclipser. Seul l’entre-deux, le gris, subsiste toujours puisqu’il remet en question les vérités absolues des deux côtés très tranché.

Son coeur se serra lorsque Wolfgang se leva de son siège. Narumi se figea sur place alors qu’il venait jusqu’à elle. Se faire réconforter de la sorte, ce n’était pas ce que les gens osaient faire avec une femme de son gabarit. De toute façon, elle ne parlait pas de ses soucis d’elle-même. Pour la mort de certains de ses enfants par exemple, on lui vouait des salut militaire respectueux, l’alpha avait le droit à des poignées de mains serviles, des accolades de ses proches, mais pas… mais pas ce réconfort-là. Pas cette main qui vous saisit et qui vous fait vous relever instantanément, comme si vous étiez obligé de répondre à l’appel. Son corps se leva le plus naturellement du monde et ils se firent face. Sa respiration devint aussi lourde à porter que ses paroles. Chacun ayant des yeux jaunes teinté d’une touche bestial à offrir à l’autre. Mais c’était un échange de regard plein de compréhension, d’admiration, d’amour et de partage. De compassion, beaucoup aussi. 

Le temps s’arrêta sur les quelques paroles qu’il lui offrit. Le visage de Narumi commença à blêmir mais elle ne baissa pas la tête. Son corps devint mou. Tout mou comme de la guimauve. De plus en plus, à mesure qu’il exposait les faits et qu’il tentait de trouver une solution mentalement acceptable à tout ceci. Avait-il raison, ou la justice devait prendre le pas sur tout ? Narumi était pour la discipline, l’ordre, l’honnêteté et la justice, mais elle-même n’avait pas forcément d’avis tranché sur cela. Elle commença à culpabiliser en se sentait réconfortée par les dires de son homologue : était-ce bien ou mal de considérer que l’on purgeait déjà sa peine par les remords ? était-ce un châtiment suffisant ce qu’elle avait vécu des années durant ? Une “petite” dépression de quelques années pour plusieurs meurtres ? En faite, qui peut mesurer l’impacte de la justice, qui peut vraiment en juger et trouver la sanction adaptée ou non ? Ces questions fusèrent dans sa tête alors que les larmes lui montaient aux yeux. Mais jamais elle n’en sortirent, jamais elle ne coulèrent le long de ses joues. Elles se contentèrent de briller, là, dans leur nid, sans jamais faire étalage de leur présence réelle. La militaire était confuse par rapport à cette situation délicate. 

Bien entendu, la dernière proposition de son ami, porter le chapeau à sa place, était hors de question. D’ailleurs, elle s’agrippa à une épaule de son congénère à ce moment-là et la serra fortement en signe de réprobation. Même si ses mots la touchait parce que, personne en faite ne lui avait fait plus belle déclaration, il ne fallait pas pour autant s’en remettre entièrement à lui et abandonner son fardeau pour le lui donner. En effet oui, personne ne lui avait fait une déclaration si profonde. Ce n’est pas sorcier à comprendre : cette charge immense qu’elle porte sur ses épaules depuis tout ce temps est son plus grand regret. Et cet homme, ce grand loup qui broie tant de noirceur, il sait pourtant avoir les mots. Il sait au plus profond de lui que, quand l’on regrette sincèrement et que l’on se fait autant de mal justement à cause des remords, alors l’on mérite la rédemption puisque c’est là le coeur de notre châtiment. De plus, il décide de lui se faire martyr à sa place. Certes il y est habitué, mais ici c’est son nouveau départ, c’est l’occasion de refaire sa vie. Et malgré ça, il… il serait prêt à redevenir un paria rejeté par les autres. Le coeur même de toute sa vie, de toute sa haine, de tout ce qui a fait de lui, lui. Il est prêt à se le remettre sur le dos.

Jamais je n’accepterais que l’on te traite comme un monstre. Tu n’en es pas un. Surtout pas pour mes erreurs, de plus. Je veux pouvoir vivre le temps qu’il me reste à tes côtés, sans encore souffrir. Je suis fatiguée. Je reste forte et je fais bonne figure depuis si longtemps… je ne me permets jamais de me plaindre et de me morfondre. C’est la première fois que je peux me confier sans omettre des choses, sans me cacher, sans mettre de voile… Je ne veux pas perdre ce qu’il y a entre nous, je… je veux simplement que l’on nous fiche la paix. Je n’ai fait que vivre dans l’ombre d’un autre et dans l’ombre de moi-même. Je décide aujourd’hui de vivre pour moi. Et ce que je veux, c’est aider mon peuple et toi. Je veux être là, à tes côtés, et te montrer les bons côtés d’une vie. Tes paroles m’ont ouvert les yeux, Wolfgang. Je reste… dans le doute, mais au moins tu me fais réfléchir. Je ne sais pas si ma peine est suffisante pour ce que j’ai fait. Mais j’ai une réelle envie de pouvoir me racheter, et je m’y emploie du mieux que je peux. Si l’on peut racheter des crimes… rah. C’est dur de juger ce genre de choses. Est-ce que c’est possible, ou est-ce que je suis condamnée à n’être réduite qu’à une tueuse, peu importe les bonnes actions que je peux faire à côté ? Je l’ignore. En faite, je crois que ce n’est pas forcément la bonne question à se poser. Je crois plutôt que c’est une question du bon fond de quelqu’un et d’avec qu’elle sincérité il agit durant sa vie. Je pense que ça s’évalue peut-être sur des années, sur comment la personne a donné de soi pour tenter de faire le bien. Je ne sais pas, peut-être que je me trouve des circonstances atténuantes parce que tes paroles m’ont touchées et que je souhaite me pardonner… Je ne sais plus… Mais je sais que mon fardeau est moins lourd à présent. C’est bête à dire, mais je me sens tellement mieux maintenant que je l’ai partagé. Je n’ai pas peur que tu me dénonce. Même si tu le faisais, je serais prête à accepter mon destin. Je crois que c’est ce qui s’appelle… être en paix avoir soi-même.

Cette sensation nouvelle qui naissait en elle, au contact de son ami, était une émotion extraordinaire à ses yeux. Cela impliquait de prendre conscience et mesure de ce que l’on est, dans sa globalité. De ses erreurs. De pourquoi on les a commise. De reconnaître ses torts, mais aussi d’évaluer si l’on a essayé après cela de se racheter. De prendre conscience également de ses regrets, de ses remords. D’accepter. Toute cette longue marche à suivre qui s’était inconsciemment instillée dans son cerveau ressortait clairement à présent, grâce aux sages paroles de son semblable. Lui qui pensait n’apporter que malheur, il venait de briser l’une des deux chaînes la plus profonde et malsaine qui torturait l’alpha. Ce pourquoi, la pression qu’elle avait exercé sur son épaule se fondit en une agréable caresse le long de celle-ci et de son bras. La main de Narumi retomba doucement le long de son corps et l’on sentait à ce moment-là qu’elle était paisible. Enfin.

Mais les ennuis continuent d’exister. Notamment le plus gros d’entre-eux, devant même les meurtres qu’elle avait commis, sans nul doute. étant donné que SK et son alliance avait tué des tas d’innocents dans leur fuite, ce n’était que logique. Cet homme, qui avait été le pilier de son existence pendant de si nombreuses années, était devenu sa némésis la plus grande. Narumi ne pouvait pas dire qu’elle ne l’aimait plus. C’était faux. Elle savait pertinemment qu’elle pourrait le blesser, le frapper de toutes ses forces, le torturer, le mettre plus bas que terre et lui arracher des membres, mais même en se sachant capable de telles horreurs, elle se savait aussi bien incapable de lui donner la mort. C’était étrange, mais c’était ce qu’elle ressentait pourtant. C’était inconcevable, à cause de ce foutu sentiment qui lui collait à l’âme. SK était fort, très fort. Il avait réussi à rendre cet amour empoisonné, à tel point que Narumi ne pourrait jamais en venir à le tuer lui, sinon ça la tuerait elle. Mais, au vue de son caractère et de sa détermination, SK devait au moins avoir conscience qu’elle finirait par venir à leur rencontre et qu’elle tuerait qui elle pourrait de cette association de psychopathe. La louve était convaincue qu’elle allait mourir dans cette tentative. En faite, la lune, l’une de leur divinité, le lui avait confirmé. La militaire se savait donc condamné, mais elle l’acceptait. C’était pour un plus grand dessein. Pour son peuple, ses proches, pour la justice, pour Tentra, pour ses enfants, pour tout ceux qui avaient tant souffert à cause des BFs… et ils étaient si nombreux.

Il prit ses mains dans les siennes, et leur chaleur commune se mêla. Narumi lui adressait un regard vulnérable et à la fois fort. Cela signifiait qu’il pouvait la briser comme la soutenir, à présent qu’il savait tout cela la concernant. Ce serait son choix. Les dires qu’il prononça à la suite lui tirèrent tout de même un sourire reconnaissant. Lorsqu’il admit qu’il n’avait jamais aimé personne avant elle, la combattante pris toute mesure de l’importance de ce fait. Il était “novice” en la matière et ne savait pas vraiment comment se positionner. Wolfgang tentait cependant de faire de son mieux et, rien qu’avec ses paroles il le prouvait d’ores et déjà. Ceci dit, la louve paniqua un poil en entendant sa déclaration. Est-ce qu’ils.. est-ce que… Le Grand Méchant Loup se considérait donc comme étant une sorte de… “petit-ami” de Narumi ? Cette dernière ne cacha pas sa surprise. 

D’accord, ils étaient liés depuis le départ. Une sensation irrésistible les oppressent lorsqu’ils sont l’un près de l’autre de par les phéromones qu’ils dégagent respectivement. Ils se plaisent, s’admirent. Très bien, c’est vrai que toutes ces choses font “que”. Mais, tout de même, ils ne se connaissaient pas vraiment tout en se connaissant plus profondément et personnellement que leurs proches respectifs ne les connaissaient parfois. C’était absolument singulier comme relation. Narumi ne cachait pas qu’elle… oui, cette dernière ressentait avec autant d’intensité que lui cette attirance autant mentale que charnelle qui les envoûtait et, c’était diablement difficile de lui résister. Mais alors ils… est-ce qu’ils étaient “ensemble” ?

Sa réflexion fut mise de côté lorsque son partenaire reprit la parole. Ce qu’il disait faisait sens, mais Narumi se savait incapable de totalement se détacher de Seishiro. Ou même de prononcer son prénom autrement que dans sa tête. C’était une sorte de serment inviolable qu’elle avait fait avec lui et, malgré la situation, malgré le fait que ça soit le pire des sales types de l’univers et qu’il méritait une médaille de champion pour ça, la louve ne voulait pas rentrer dans son jeu à lui. Non, en faite, garder ce “secret” c’était sa manière à elle de ne pas faire “comme les méchants”. La cheffe des armées demeurait quelqu’un de confiance, jusqu’au bout.

Ce n’est pas pour lui que je fais ça, mais pour moi. Tu sais, souvent les gens combattent leur ennemi mais font comme eux, ou pire qu’eux. Je ne souhaite pas emprunter ce chemin. Je veux rester fidèle à mes principes, et son prénom que je garde comme un secret le restera. C’est pour montrer que moi, de mon côté, j’étais sincère. Je veux garder ça en mémoire : lui n’a aucunes valeurs, tous les coups sont bon du moment qu’il réussi. C’est ça qui creuse un fossé entre lui et moi. Je ne veux jamais perdre de vue que je dois agir sans me détourner de mon but, sans être extrémiste comme lui. Je ne ferais jamais du mal à des innocents pour l’atteindre et je n’écouterais pas ma haine qui pourrait me pousser justement à commettre ce genre de chose immorale. Je suis consciente que je l’aimerais jusqu’à la fin de mes jours, parce que l’amour est incontrôlable et indépendant de notre volonté… et je dois t’avouer que je sais que je vais mourir. Je vais périr en tentant de réduire son alliance en miettes. Ma mort sera peut-être inutile dans la mesure où, de manière incompréhensible, certains morts reviennent à la vie tel que je te l’avais expliqué. Mais elle ne sera pas inutile dans le sens où j’enverrais un message fort : n’abandonnez pas. Il faut éradiquer la menace qu’il représente. Non seulement en l’honneur de notre peuple, mais pour sauver les peuples des autres planètes.

Encore une fois, elle se sentait… sereine. La peur ne la prenait pas au ventre en parlant de son propre décès. En faite, Narumi avait conscience que SK ferait tout pour détourner la bonne action qu’entrainerait la mort de son “ex-conjointe”, qu’il salirait sa réputation et la ferait passer pour une traître, mais c’était inévitable avec un enfoiré pareil. Même avec ça, la louve commençait à être en paix. Avec cette idée dégueulasse qu’il pourrirait sa mémoire, peu importe qu’elle ai tout donné pour lui, peu importe l’amour qu’elle lui avait porté : seul ce que SK pensait et faisait était valable et honorable à se yeux à lui, et il ne faisait pas l’ombre d’un doute qu’il croyait vraiment à ses propres conneries. Il pensait donc réellement que Narumi était la fautive dans l’histoire, et il ne manquerait pas de lui rabâcher que c’était de sa faute s’il avait activé les bombes et tué tant de terriens. Qu’importe ce qu’il ferait, en faite, elle était tellement noir de rage, de haine, de tristesse, de toutes les pires émotions, que rien ne l’empêcherait d’aller jusqu’au bout de son but. 

Celle-ci se détourna de Wolfgang pour enfiler moult vêtements. Visiblement, elle voulait sortir de là. De toute manière la nourriture ne leur faisait pas vraiment envie en ce moment. Cette dernière fit appeler le room service pour qu’ils mettent les vivres au frais afin qu’ils ne se perdent pas. Son homologue avait de quoi s’habiller à sa taille, des accoutrements sobres et propres avaient été apporté pour ce dernier. Après avoir enfilé un jean bleu marine, un débardeur blanc et une veste noire qui remémorait celles des punk d’Angleterre dans notre réalité, avec une paire de bottines, la militaire lui fit signe de la suivre.

Je ne sais pas comment considérer l’amour, en faite. Avant de rencontrer SK, comme je te l’avais dit, ça ne me touchait pas vraiment. Enfin, si. Compassion, considération, respect, en faite tout ça fait parti de l’amour. Qu’est-ce que l’on entend par “amour”, après tout ? Si ce n’est une dévotion désintéressée de toute récompense à la clé pour autrui. Je crois…

Cette dernière parlait alors qu’ils déambulaient maintenant dans la ville. Ils croisèrent de nombreuses personnes qui les saluèrent gaiement. Narumi était une véritable icône ici après tout. Ils arrivèrent près d’une sorte de grand campement, où se trouvait des tentes et de nombreux bancs et tables en bois sur lesquels des personnes étaient assis et mangeaient ensemble en discutant bruyamment. C’était vraiment grand comme lieu. La militaire, qui menait toujours la danse, l’emmena dans “les coulisses”. En faite, c’était une sorte d’immense soupe populaire où les gens venaient cuisiner et aider en tant que bénévole. La louve lui tendit un tablier et en enfila un, puis le guida à travers cette immense foule derrière les comptoir, là où l’on servait la soupe aux gens démunis. Celle-ci montra d’abord à son ami comment faire : prendre la louche, bien remuer la soupe, prendre un plateau, un bol, disposer les couverts, remplir le bol et déposer le tout avec un fruit sur le plateau, puis le tendre à l’une de ces nombreuses personnes dans le besoin. La guerre est horrible, mais elle a ça de bon qu’elle rapproche les êtres entre-eux, qu’elle fait ressortir leur humanité en général. 

Je ne suis parfois plus certaine de bien savoir comment me représenter l’amour. Il semble y en avoir tant de formes, tant de déclinaisons… Et j’ai parfois l’impression que celui que je ressens pour SK n’était qu’une sorte de… sensation qu’il a créé en moi par la manipulation afin que je devienne en quelque manière que ce soit son esclave. Mais d’un autre côté, je me dis que c’est une bien belle excuse. Si l’on retourne la chose, on peut simplement dire que j’ai été naïve, car chacun devrait savoir que l’amour rend aveugle et naïf, n’est-ce pas ?

Ils restèrent bien deux heures ici, à aider comme ils le pouvaient les habitants en leur donnant le couvert. Wolfgang devait se familiariser avec le contact humain. Avec les sourires, les gens un peu trop à cran parfois désagréable mais que l’on peut résonner quelques fois en restant courtois et en leur souriant. En faite, Narumi voulait lui montrer qu’il est inutile de rentrer dans le jeu des autres, vraiment. Il n’y a aucun cas où cela est utile. Au contraire, ça ne fait que raviver les tensions. Il vaut mieux savoir se contrôler et continuer de voir positif, continuer d’être agréable, et apprendre à s’en foutre royalement des remarques ou de la négativité des autres. Bien sûr ! Oui ! Ce n’est pas aussi facile que ça ! Mais ça s’apprend, comme tout ! Et même, il n’y a pas que des cons qui nous emmerdent à longueur de temps, heureusement ! Il y a aussi toutes ces personnes reconnaissantes, sympathiques, qui nous partage leur savoir sur un peu de tout, un peu de n’importe quoi parfois, mais qui nous instruise au final, qui veulent partager avec nous ! Et c’est ça, le grand trésor que l’on peut s’offrir mutuellement, en plus des bons sentiments.

Ensuite, Narumi l’amena ailleurs. Dans un camp de fortune encore, mais un camp médical cette fois. Il y avait encore beaucoup de blessés. Bien entendu il y avait encore des hôpitaux fonctionnels, plus ou moins; mais il y avait tant de personnes ayant subi des séquelles de la guerre qu’il n’y avait jamais assez de place. Donc, ce grand camp improvisé servait énormément. L’alpha l’emmena dans dans le pôle où se trouvait des enfants. Certains étaient complètement brûlé au visage, sur le corps, d’autres avaient contracté des maladies graves suites aux retombées toxiques par exemple. Il y avait de tout, encore une fois, comme toujours, comme partout. Narumi s’installa par terre et invita son ami à faire de même, puis elle invita les enfants à venir jouer avec eux. Ils jouèrent avec marionnettes et des petits bonhommes, ils inventèrent des histoires et l’alpha les faisait rire. 

Mais tu vois, je crois que ça a surtout renforcé l’une de mes convictions. Le plus bel amour, c’est celui-ci. C’est quand tu arrives à apporter la joie autours de toi. C’est quand tu persistes à vouloir être quelqu’un de bien pour toi-même et les autres. Regardes-les sourire. Est-ce que ça ne vaut pas de se battre pour être une personne de bien ? Pas seulement les enfants. Viens.

Après avoir passé de longs moments en compagnie des enfants, la cheffe des armées continua son chemin en compagnie de son ami jusqu’au pôle des adultes. Là-bas, ils s’installèrent à plusieurs tables différentes pour jouer à des jeux de cartes, des jeux de société, pour discuter, échanger, rigoler en ces temps sombres avec tous ces gens qui n’étaient que des inconnus au départ pour eux. Et maintenant, ils étaient des compères, des amis dans la même galère, des frères et soeurs.

Ce sont les meilleurs moments d’une vie pour moi : ça. Partager. Faire rire et se sentir loin de tout ses problèmes. Ne plus se sentir seul tout en étant accompagné. J’ai trouvé le réconfort qu’il me fallait en faisant toutes ces bonnes choses-là. C’est en étant Personne parmi la multitude de personnes que je me retrouve, que je m’apprécie, et que j’arrive à donner le meilleur de moi, tout en me sentant vraiment bien. J’espère que tu le ressens aussi. 
Je conçois que ces choses paraissent niaises pour certains. Mais ces "certains" n'ont donc jamais vraiment donné du leur pour apporter quoi que ce soit à autrui, ou ne se sont pas suffisamment battu pour perpétuer ce bien.

Enfin, ils rencontrèrent les anciens. Les personnes les plus fragiles qui avaient survécu à la guerre et qui perdaient un peu ou beaucoup la boule en fonction des gens. Narumi lui montra comment soulager leur douleur en les faisant parler, en les écoutant, tout en jouant avec eux à des jeux stimulants, en leur servant des petit cocktails pour leur rappeler leur jeunesse, sans bien sûr les saoûler. C’était les plus délaissés comme catégorie de gens dans la société, et pourtant ils avaient des trésors à partager. Ils connaissaient tant de choses, tant de savoir, ils pouvaient nous aider à nous prémunir face à des situations dramatiques de la vie grâce à leurs conseils. 

Tout le monde a quelque chose à offrir. Il faut seulement permettre à ces gens de le faire. C’est pour ça qu’il n’y a pas plus grand bonheur que de pouvoir m’asseoir, là, près d’eux, près d’inconnus, et de me dire “j’ai réussi à attirer leur sympathie et à faire en sorte qu’ils me montrent un peu qui ils sont vraiment, au point qu’ils désirent partager avec moi leurs connaissances et même parfois leurs secrets.” C’est souvent bien plus facile de ne voir que les mauvaises choses dans le monde, parce que malheureusement souvent la nature des êtres les poussent à choisir la facilité et donc les chemins mauvais. Mais quand on se donne la peine de renvoyer aux autres des bonnes choses, en général ils nous le rendent bien, et c’est là que l’on se rend compte à quel point le monde peut être lumineux si l'on fait en sorte qu'il le soit.

Le temps était vite passé après avoir tant donné de sa personne durant ces heures. Narumi marchait maintenant aux côtés de son homologue probablement en direction du point de rendez-vous avec Fox Firecoat. Sur le chemin, cette dernière mis ses mains dans ses poches et releva son visage vers le ciel. La nuit était vite passée vu comment ils avaient été occupé à rire. Rire à gorge déployée avec tout le monde ! Tout en les aidant. Tout en s’aidant mutuellement, en faite. 

Quand il s’agit d’amour qui implique des envies charnelles et des projets futurs avec cette personne, je dois t’avouer que dans ma tête cela sonne avec exclusivité. Pour autant, j’admets que nous sommes tous différents, et par conséquent ceux qui vivent leur amour d’une autre manière sont tout autant légitime à mes yeux que ceux qui le vivent d’une manière exclusive. Personne n’a raison ou n’a tort. Ce n’est qu’une question de point de vue et de ressenti intrinsèque à chacun. Je ressens le fait que je veux être exclusive à quelqu’un parce que, à mes yeux, cela prouve ma dévotion éternelle envers cette personne et c’est cela l’essence de l’amour tel que je le conçois, mais ça n’engage que moi.

Doucement, ses pas ralentirent et la militaire finit par stopper son mouvement de marche. Cette dernière cessa de fixer le ciel qui se teintait de belles couleurs pastels. Elle baissa la tête quelques instants. Visiblement, elle était un peu embarrassée. 

Wolfgang… Toutes ces notions d’amour sont bien compliquées ou très simple. Tout dépend comment on aborde la chose. Alors je vais être directe : est-ce que tu considères que nous sommes un couple ? … Je ne veux pas me méprendre, mais j’ai cru...enfin, j’avais l’impression que c’est ce que tes paroles de tout à l’heure, à l’hôtel, sous-entendait. Est-ce que tu as envie d’être le petit-ami d’une inconnue dont tu connais tous les secrets ?
Tout dépend des personnalités. Tout dépend des individus. Certains perdent l’amour de leur vie et ont besoin de se remettre vite avec quelqu’un pour faire passer la pilule. D’autres se terrent dans la solitude. Mais qui est-on pour juger ça si l’on n’est pas cette personne et que l’on n’a pas vécu sa vie ? Narumi était-elle alors seulement prête à s’engager réellement dans un couple si la réponse de son homologue était positive ? Et pas un semblant de relation d’une extrême toxicité qu’elle avait prit pour de l’amour comme avec SK… pas “un couple” comme elle se croyait être avec cet infâme bonhomme… non, vraiment, tout ça n’aurait rien à voir avec la terrible relation que Seishiro lui avait imposé. 
Le Grand Méchant Loup
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MessageSujet: Re: The big bad wolf [PV]   The big bad wolf [PV] - Page 2 ClockSam 29 Fév 2020 - 21:15
Le Loup ne s'en était probablement pas rendu compte. Mais au fond de son esprit empli de noirceur, à l'intérieur duquel une fenêtre laissait de plus en plus de place à la lumière du jour, une autre chaîne, qui l'entravait et qui avait commencé à entraver le loup-garou doré qui représentait l'espoir apporté par Narumi, venait de se briser.

Cette chaîne, c'était celle du Désespoir, le deuxième gardien des Ténèbres qui enserraient son cœur et son esprit. Et, bizarrement, ce n'était pas Narumi qui l'avait brisée, cette fois. Pas complétement, en tout cas. Bien entendu, c'était elle qui, initialement, avait apporté l'espoir au Grand Méchant Loup, l'espoir de pouvoir changer, de pouvoir être quelqu'un d'autre, quelqu'un de bon. Elle avait grandement affaibli cette chaîne enroulée autour de ses pattes et de son cou. Mais, probablement emportée par les précédentes émotions négatives du personnage de contes, la louve avait elle-même été en proie à cette chaîne. En révélant ainsi son plus grand regret, ce qu'elle avait fait de pire durant toute sa longue vie, en laissant ainsi s'exprimer sa culpabilité, l'espoir s'était affaibli. Parce qu'elle avait du mal à vivre avec ce fardeau, et en même temps, elle ne pouvait pas s'en libérer, car avouer ces crimes apporterait la déception et le désespoir à tous ceux qui avaient compté sur elle, qui lui avaient fait confiance et continuaient de lui faire confiance. Ainsi la porteuse d'espoir avait commencé à être assaillie par ce même sentiment qui rongeait le Grand Méchant Loup depuis si longtemps. Elle ne savait pas quoi faire à propos de ces femmes qu'elle avait tuées, elle était désorientée, emplie de doutes, elle ne voyait pas de bonne solution. Elle était donc en proie au désespoir.

Et alors, les rôles s'étaient inversés. Quelque chose s'était produit, dans l'esprit du Grand Loup. Il avait senti que cette fois, c'était à lui de se battre. Elle avait besoin de lui. Depuis leur rencontre, il l'avait essentiellement laissée se battre pour lui, il l'avait laissée le rassurer, mais sa noirceur était si puissante qu'il avait tendance à l'emporter avec lui involontairement. Il avait comprit que c'était à lui de réconforter Narumi, de lui apporter ce même espoir qu'elle lui avait apporté peu de temps auparavant. Cette chaîne qu'elle avait déjà fragilisée, et qui s'en prenait maintenant à elle pour la maintenir enfermée dans la noirceur à ses côtés, le Loup l'avait brisée. Et, aussi étonnant que cela pût paraître, c'était désormais le Loup, cet être qui était encore si désespéré quelques minutes plus tôt, qui était au bord du gouffre, qui tenait un discours empli d'espoir envers Narumi. C'était là la deuxième étape de sa métamorphose, de sa libération. Dans un premier temps, la louve avait brisé la chaîne de la Solitude. Elle avait fragilisé celle du Désespoir. Et, quand elle avait elle-même été en proie à ce désespoir, c'était lui qui avait fini par briser cette chaîne si oppressante, ce sentiment qui nous accablait et qui nous empêchait de voir les bons côtés de la vie, de trouver les solutions, d'arpenter le bon chemin. Ainsi, ensemble, ils combattaient leurs vices, ils se livraient l'un à l'autre et se délivraient de leurs malheurs, tout en se réconfortant mutuellement.

Le Grand Méchant Loup avait donc terminé son premier discours en proposant son sacrifice. Assumer la responsabilité des crimes de Narumi, afin de la protéger, de préserver sa bonne image, afin qu'elle puisse continuer d'apporter l'espoir et d'aider la population. Cela paraissait logique aux yeux du Grand Méchant Loup. Pas forcément moral, mais il avait l'impression que c'était la solution qui arrangeait le plus de monde. Narumi ne serait ni exécutée ni emprisonnée, elle pourrait donc continuer de faire le bien autour d'elle, et elle ferait bien plus de bien que ce que lui était capable de faire. Son peuple ne sombrerait pas dans le désespoir en se sentant trahi par elle. Les gens qui voulaient comprendre le meurtre de ces femmes et trouver un coupable auraient enfin une réponse. Tout le monde était gagnant, au final. Sauf lui. Et pourtant, se sacrifier ainsi pour le plus grand bien, n'était-ce pas la meilleure action qu'il pût faire ? Certes, il continuerait d'être un paria haï par la majorité de la population. Mais il pouvait supporter cela, il pouvait supporter les avis négatifs des autres à son égard, il baignait là-dedans depuis toujours. Et surtout, il y aurait une grande différence par rapport à son ancienne vie : il saurait la vérité, il saurait qu'il a fait une bonne action en mentant à tout le monde pour que Narumi puisse continuer de les aider, et cela lui permettrait de se sentir bien. D'être en paix.

Mais Narumi lui agrippa l'épaule et montra sa désapprobation. Elle ne voulait pas qu'il paye pour ses crimes à elle. Il baissa légèrement les yeux, quelque peu déçu. Il avait pourtant cru bien faire. Agir non seulement pour le bien de Narumi, mais aussi pour le bien de ce qu'elle considérait être "son" peuple, même si cela consistait à leur mentir.

Mais très vite, sa déception fut chassée par les paroles de sa nouvelle amie. Son cœur s'emballa de plus belle lorsqu'elle réaffirma sa volonté de vouloir rester à ses côtés, pour le restant de sa vie. Lorsqu'elle lui dit qu'elle voulait être là pour aider son peuple mais l'aider également lui, en lui montrant les bons côtés de la vie, cela lui fit esquisser un petit sourire tendre, alors qu'il relevait les yeux vers elle. Elle continua son discours en affirmant qu'elle avait toujours des doutes bien que son discours lui eût ouvert les yeux. Elle se demandait si sa peine suffisait à se racheter ou si elle resterait réduite à ses meurtres. Le sourire de Wolfgang disparut, il prit un air plus grave. Comment pouvait-elle penser ça d'elle après ce qu'elle lui avait dit plus tôt ? Car si elle était condamnée à n'être réduite qu'à une meurtrière, s'il n'y avait aucune autre alternative envisageable pour elle, aucune autre porte de sortie, aucun droit à une seconde chance, alors il en serait fatalement de même pour lui. Or, un peu plus tôt, elle lui avait donné de l'espoir, l'espoir qu'il allait pouvoir se racheter, devenir quelqu'un de meilleur, quelqu'un de bon. Or, s'il pouvait échapper à ses crimes passés en repartant de zéro, en tirant une croix sur son ancienne vie et sur ses erreurs, alors il en était de même pour elle. Leurs destins étaient liés. Si l'un d'eux pouvait se racheter, l'autre le pouvait également, en revanche si c'était impossible pour l'un, alors ça le serait également pour l'autre.

Les interrogations de Narumi laissaient place à une question très complexe, au fond : qu'est-ce que la justice ? Lorsque l'on commettait une erreur, que l'on faisait du mal à quelqu'un, devait-on payer un prix équivalent à la douleur commise ? Et ce prix devait-il forcément se faire dans la douleur ? Un meurtrier méritait-il la mort ? Un violeur devait-il être violé ? La justice pouvait-elle se résumer à cette simple maxime : œil pour œil, dent pour dent ?
Ou, au contraire, cela n'allait-il justement pas à l'encontre du fondement-même du bien moral ? Si l'on partait du principe que le bien consistait à ne pas faire aux autres ce que l'on ne voulait pas qu'ils nous fassent, alors il était logique de penser qu'il ne fallait pas s'abaisser au niveau des êtres malveillants. Qu'il ne fallait pas leur faire ce qu'eux, justement, avaient fait à d'autres, et ce afin de se montrer meilleur qu'eux. Dés lors, l'on pouvait légitimement se poser une autre question : un criminel devait-il être puni ? Cela pouvait paraître idiot, posé comme ça, ou en tout cas déroutant. Il était certain qu'il ne fallait pas laisser n'importe qui faire n'importe quoi, il y avait des règles, pour le bien de tous. Or, si on laissait faire les gens ce qu'ils voulaient, si on laissait impuni les criminels et les délinquants, cela ouvrait la porte à l'anomie.


Faisons une petite parenthèse pour remettre au goût du jour certaines définitions. Mais dis-moi, Grand Loup, qu'est-ce que l'anomie ?
L'anomie désigne l'absence d'organisation et de lois au sein d'un groupe, c'est-à-dire que chacun est libre de faire ce qu'il souhaite. Ce mot est généralement confondu avec l'anarchie, par abus de langage, alors même que l'anarchie n'a rien à voir de base. Dans la pensée courante, pensée manipulée par la classe dominante et le système capitaliste, l'anarchie et l'anomie sont synonymes : tous deux qualifient le désordre social, la confusion, le chaos, à cause d'une absence de lois et d'autorité. Et pourtant, ce sont deux choses bien distinctes. L'anomie est bel et bien l'absence de lois et ne peut être un monde désirable : en dehors des psychopathes, qui voudrait d'un monde où l'on peut tuer, violer et voler en toute impunité ? Mais l'anarchie, dans son sens premier, sa définition originale, signifiait simplement l'absence de l'exercice d'un pouvoir dominant, d'une autorité dominante. Cela signifiait qu'il y avait quand même des règles et des lois à respecter. Seulement, ces lois n'étaient pas créées par un monarque, un dictateur, un gouvernement ou, plus généralement, un petit groupe de personnes privilégiées et formant une classe dominante. Le pouvoir, en lui-même, n'était détenu par personne... et à la fois par tout le monde. Cela signifiait que chacun avait le même pouvoir, rendant ainsi tous les individus égaux, ne plaçant aucune hiérarchie entre eux.
Mais alors, comment pouvait-il y avoir des lois s'il n'y avait aucun gouvernement pour les mettre en place, me demanderez-vous ? Il y avait plusieurs solutions à cela. L'une d'entre elles consistait à appliquer la véritable démocratie, c'est-à-dire le pouvoir au peuple, dans son sens premier, et non dans un sens détourné qui réduisait cela à la simple élection d'un chef. En d'autres termes, cela consistait à faire adopter une loi par un vote incluant tout le monde, mais aussi à permettre à n'importe qui d'en proposer une, quelque soit sa situation. Bien entendu, pour que cela soit efficace, il fallait que ça se fasse plus localement, dans des petites communautés. On ne pouvait décemment pas imaginer un pays de plusieurs millions de personnes, où n'importe qui pourrait proposer sa loi et où, à chaque fois, il faudrait laisser les millions de gens décider de si oui ou non cette loi pouvait être adoptée. L'anarchie est essentiellement une façon de penser, un idéal de société dans laquelle tout le monde serait égaux, où il n'y aurait aucune forme de domination, et donc dans laquelle, en plus d'être égaux, les individus seraient également libres, ils ne seraient pas soumis à une autorité quelconque, que ce soit un manager, un employeur ou un gouvernement. Mais cette liberté a tout de même des limites : elle s'arrête à partir du moment où elle nuit à autrui à un degré dépassant un seuil de tolérance acceptable. Le meurtre, par exemple, dans l'un des pires cas, mais plus généralement, tout ce qui nuit vraiment à quelqu'un. D'aucuns diraient qu'il s'agit là d'une utopie. Peut-être, peut-être pas, chacun peut avoir sa propre vision des choses. Mais quoique l'on en pense, il est important de faire la distinction entre anarchie et anomie, qui sont bien trop souvent confondus. L'anarchie peut avoir des règles et des lois, mais pas de relations de domination, pas de groupes minoritaires et privilégiés pouvant décider à la place d'une majorité sans leur consentement. L'anomie, elle, est l'absence véritable de règles. Une anomie est donc une anarchie : s'il n'y a pas de règles, il n'y a pas de hiérarchisation et de rapports de domination. Mais l'anarchie n'est pas forcément l'anomie.

Revenons donc à notre questionnement initial : était-il nécessaire de punir les criminels ? Il était évident qu'il ne fallait pas les laisser tuer, violer, cambrioler, frauder etc... en toute liberté. Il fallait donc les empêcher de recommencer. Mais une punition à la hauteur du préjudice était-il le seul moyen ? Rien n'est moins sûr. Le meilleur moyen pour faire en sorte qu'un individu ne recommence pas à faire ses mauvaises actions, tout en ne s'abaissant pas à son niveau, c'était, bien sûr de l'enfermer pour pas qu'il recommence, mais surtout de l'éduquer, de le guider, de le soigner pour les cas nécessaires. En d'autres termes, de le faire changer, pour faire de lui un individu meilleur, et lui offrir ainsi une seconde chance, une chance de se racheter en faisant de bonnes actions et en se sentant utile pour les autres. L'enfermement devait juste être vu comme une solution temporaire, le temps que cette personne soit éduquée pour qu'elle ne recommence plus ses mauvais agissements une fois libre. Bien sûr, cela n'était pas évident. Certains cas, malheureusement, étaient désespérés, l'on ne pouvait tout simplement pas les changer. En outre, certains pouvaient faire semblant d'avoir changé, et récidiver. De toute évidence, les récidivistes, ceux qui avaient eu droit à une seconde chance mais l'avait gâchée en toute connaissance de causes, ne devaient pas recevoir la même clémence que ceux condamnés pour la première fois. Tout dépendait aussi de la gravité du crime. Au final, c'était du cas par cas.

Mais si un être jadis odieux comme le Grand Méchant Loup, qui en plus de six siècles avait tué des milliers d'innocents, avait droit à une seconde chance, à l'instar de Narumi, cela ne signifiait-il pas que tout le monde pouvait y avoir droit ? Comme le dit si bien Narumi, tout était une question de sincérité avec laquelle on souhaitait vraiment se racheter, et des actions faites en ce sens. Il ne suffisait pas de dire "je regrette, je ne le ferai plus", il fallait être sincère dans ses regrets, et compenser le mal commis par autant de bien. Malheureusement, même pour des psychologues, c'était très difficile d'évaluer ce genre de choses, d'évaluer la sincérité de quelqu'un. Une telle application de la justice était très difficile dans une société, car il fallait par-dessus tout empêcher la récidive, empêcher qu'il y ait de nouvelles victimes. Et dans ce cas, parfois, la solution la plus radicale, la moins morale, pouvait sembler être la meilleure, pour le bien commun et le plus grand nombre.

C'était à tout cela que Wolfgang était en train de réfléchir en écoutant la fille d'Oméga. A la fin de son discours, la louve aux longs cheveux mauves affirma qu'elle se sentait soulagée d'avoir partagé ce lourd fardeau avec lui, ce qui le fit sourire de nouveau, affectueusement. Elle révéla aussi qu'elle s'en fichait s'il décidait de la dénoncer. Il leva un sourcil interrogateur. Pensait-elle vraiment qu'il pût être capable de la trahir ainsi ? De trahir son secret ? Cela serait le pire irrespect qu'il pût lui faire, jamais il ne s'abaisserait à cela. Jamais il ne la dénoncerait, il ne la trahirait pas, il ne l'abandonnerait pas. Ce n'était certainement pas à lui de révéler quoi que ce soit concernant Narumi, de toutes façons. Si elle voulait se dénoncer, elle le ferait d'elle-même bien que ça dérangerait le Loup, mais ce dernier n'avait pas à intervenir d'une quelconque manière que ce soit. Elle lui avait ouvert son cœur et son âme, il ne pourrait jamais trahir la confiance qu'elle lui portait, jamais il ne la poignarderait ainsi dans le dos. Ce n'était pas qu'une question d'amour, c'était aussi une question d'honneur, mais surtout de respect envers elle. De quel droit aurait-il pu décider si oui ou non elle devait être dénoncée ? D'autant plus quand on savait ce que lui avait fait dans son passé, cela aurait été l'hôpital qui se fiche de la charité.
Mais il ne répondit pas à cela. Il sentait qu'il n'en avait pas besoin. Il n'avait même pas besoin de dire qu'il ne la dénoncerait pas, c'était d'une telle évidence pour lui. Parfois, aucune réponse n'était attendue, écouter ses proches avec attention était suffisant pour les aider. Il fallait simplement leur montrer qu'on était là, présent, pour les soutenir. Cela ne nécessitait pas forcément de mots. Il suffisait d'un geste, d'un regard, d'un sourire sincère et empli d'affection.

Il apprécia la tendre caresse de Narumi le long de son corps, puis prit les mains dans les siennes avant de reprendre la parole à son tour. Lors du discours de Narumi un peu plus tôt, il avait bien saisi le fond du problème. Enfin, de l'un des problèmes, en fait. La louve avait été jalouse, parce que SK fréquentait d'autres femmes tout en étant avec elle. Il la présentait comme sa compagne principale et elle s'attendait à ce qu'il lui fût fidèle bien qu'aucun accord n'eût été passé entre eux. C'était aussi l'une des raisons qui l'avait poussée à commettre ces meurtres, elle s'était sentie trahie, la jalousie l'avait poussée à bout. La jalousie... Wolfgang ne pouvait pas réellement la connaître, lui qui n'avait même jamais connu l'amour. Et pourtant, il savait que ça existait, il avait lu des choses là-dessus, tout comme il savait que bon nombre de sociétés humaines étaient essentiellement monogames, et que, dans un tel couple, chacun attendait de son partenaire qu'il soit fidèle, généralement de façon implicite. Ce n'était pas étonnant que, dans une telle société, Narumi avait également cru à cela et s'était attendu à ce que SK le soit avec elle.

Wolfgang n'avait pas d'avis tranché sur la question. Qu'une relation soit exclusive ou non, cela lui était égal. En outre, il faisait bien la distinction entre une relation sexuelle et une relation amoureuse, c'était deux choses complétement différentes. Il pouvait comprendre la première, cela était lié au besoin qu'ont les êtres vivants de s'accoupler, de se reproduire, pour perpétuer le cycle de la vie. Lui-même ressentait une telle attirance pour Narumi, non pas via son apparence physique humaine, mais bel et bien par ses phéromones d'alpha, comme expliqué plus avant. Mais, de son point de vue, c'était différent d'une relation amoureuse. L'on pouvait ressentir du désir sexuel sans être amoureux, et inversement, l'on pouvait être amoureux d'une personne sans être attiré sexuellement par celle-ci. Cela pouvait paraître impensable pour certains, mais c'était sa façon de voir les choses. Et pourtant, malgré cela, quand il s'agissait de ses sentiments vis-à-vis de Narumi, les deux se confondaient pour ne faire qu'un. Il ressentait du désir sexuel pour elle - enfin, pas présentement, mais il aurait pu en ressentir aisément après quelques marques d'affection supplémentaires - mais il ressentait surtout de l'amour, un sentiment bien plus profond, bien plus spirituel. Il n'y avait pas que ses phéromones qui l'attiraient. Si, au début, il n'y avait eu que cela. Mais par la suite, en discutant avec elle, en apprenant à la connaître, il y avait autre chose qui s'était construit très rapidement.

Et cela n'était pas si étonnant, quand on y repensait. Le Grand Méchant Loup venait de passer l'une des périodes les plus sombres et les plus déprimantes de toute sa longue vie. Jamais auparavant il n'avait été aussi bas, depuis qu'il avait perdu sa meute. Il avait sombré dans le désespoir, la haine et la tristesse, durant des mois et des mois. Ne vivant que pour la vengeance, se contentant simplement de survivre, sans aucun plaisir, uniquement animé par la haine. La vie n'avait plus aucune saveur. Son existence elle-même n'avait plus d'autre intérêt que celui de venger sa famille adoptive en traquant les chasseurs jusqu'au dernier. Et ensuite ? Il avait tout simplement prévu de se laisser mourir, pour ne plus faire de mal à qui que ce soit. Une dernière mission, en somme. Un dernier acte, avant de se libérer enfin du fardeau de la vie, de se libérer de toute cette souffrance dans laquelle il se noyait.
Et puis, soudainement, elle était apparue, surgissant de nulle part. Cette être extraordinaire au milieu de tous ceux qui étaient insignifiants à ses yeux. Cette lumière dans un vide absolu. Elle était venue à lui. Elle avait fait l'effort de le comprendre. Elle l'avait écouté. Elle l'avait aidé. Elle l'avait accepté. Jamais il n'aurait pu espérer un tel cadeau. Jamais il n'aurait pensé que la vie pourrait encore lui apporter un tel miracle. Elle avait été la première, la seule, à l'accepter tel qu'il était réellement, en toute connaissance de cause, sans qu'il n'eût à se cacher ou à jouer un autre rôle. Et en si peu de temps, ils avaient tant partagé. Leurs douleurs, leurs erreurs, leurs histoires, leurs regrets, leurs sentiments, leurs émotions, leur amour. Ils avaient tout partagé, tous leurs secrets, sans aucun voile, sans aucun filtre, ils s'étaient tout dit. Ils n'avaient pas tu le pire ni embelli le meilleur. Et, chacun ayant pris toute conscience de ce qu'était l'autre, ils étaient tout de même parvenus à s'accepter. La rencontre qu'il avait faite ce soir-là avait changé sa vie à jamais. Narumi ne l'avait pas seulement accepté, elle ne se contentait pas de l'aimer, elle avait fait bien plus. Elle avait déverrouillé son cœur. Son cœur si noir, qu'il n'avait jamais donné à personne, son cœur qui n'était fait que de haine et de mépris. Elle s'en était emparé et y avait insufflé de l'amour et de l'espoir. Elle lui avait sauvé la vie. Et désormais, il voulait rendre celle de la louve plus joyeuse.

Alors, c'était normal qu'il sentît le besoin de la rassurer, surtout après ce qu'elle lui avait dit à propos de SK, de ce qu'elle ressentait pour lui, de sa jalousie et de comment elle s'était sentie après les infidélités de son compagnon. Son plus lourd fardeau avait été causé en partie par le fait que SK et elle ne s'étaient jamais mis d'accord sur la nature de leur relation, qu'ils n'avaient jamais explicitement dit qu'ils devaient avoir une relation sans infidélité. Wolfgang ne voulait pas répéter les mêmes erreurs. Il voulait que tout soit transparent entre eux, dés le début. Et en même temps, il était vrai qu'il ne savait pas vraiment se positionner, lui qui n'avait jamais ressenti ça auparavant. Tout ce qu'il connaissait de l'amour, c'était ce qu'il en avait lu dans les contes de fées. Il l'avait lui-même avoué dés le début de sa nouvelle prise de parole : il ignorait la nature de leur relation, cela signifiait qu'il ne savait pas comment tout cela allait évoluer. Il ne pouvait donc pas se considérer en couple avec elle, il était dans l'ignorance la plus totale. Mais il voulait mettre les choses au clair avant que cela n'allât plus loin. Afin qu'il n'y ait pas de mauvaises surprises entre eux ou de culpabilités, d'incompréhensions, comme elle avait pu en avoir avec SK. Car après tout, même s'ils n'avaient pas officiellement décidé d'être "ensemble", chacun des deux connaissait les sentiments de l'autre, et ils avaient mutuellement avoué leur souhait de rester l'un avec l'autre. Sans parler du fait que les loups divins, dont ils étaient les incarnations mortelles, étaient déjà en couple, eux. C'était donc pour ces diverses raisons qu'il avait cru bon de clarifier les choses. Il lui avait d'abord dit que ce qui l'importait le plus, c'était le bonheur de Narumi. C'était la seule chose qui comptait pour lui, désormais. Et selon lui, pour qu'elle soit heureuse, il fallait qu'elle n'ait aucune barrière à son épanouissement personnel. Il lui avait donc dit, tel qu'il le pensait réellement, que ça lui était égal qu'elle ait d'autres relations d'une quelconque nature que ce soit, tant que cela la rendait heureuse, et ce, quelque soit la nature de leur propre relation. Mais comme il savait qu'avec SK, elle avait voulu une relation exclusive, il avait également voulu lui faire comprendre qu'il était prêt à accepter cette condition, si jamais elle le voulait.

Il remarqua bien la surprise de Narumi lorsqu'il révéla pareilles choses, et sur le moment, il se sentit mal-à-l'aise. Déjà que ce domaine lui était complétement inconnu, de base. Avait-il dit quelque chose qu'il ne fallait pas ? S'était-il mépris sur quelque chose ? Certains souvenirs récents de leur soirée lui repassèrent en tête. Après l'épisode des Loups Divins, elle lui avait dit qu'elle l'aimait et l'acceptait tel qu'il était. Et lorsqu'il avait affirmé vouloir rester avec elle après qu'elle lui eût demandé ce qu'il voulait faire, elle avait répondu qu'elle voulait également rester avec lui. Et juste à l'instant, elle avait réitéré son envie en affirmant qu'elle voulait passer le reste de sa vie à ses côtés. Pour lui, cela avait été plutôt clair, mais peut-être s'était-il fourvoyé ? Peut-être avait-il mal compris quelque chose... Il essayait de faire au mieux malgré son manque d'expertise dans ce domaine et la confusion qui brouillait son esprit, du fait que c'était la première fois qu'il ressentait ces sentiments et qu'il avait du mal à les interpréter.

Gêné par la réaction stupéfaite de sa partenaire, il relâcha ses mains et s'empressa de changer de sujet pour en revenir à SK, affirmant qu'elle devait se libérer de lui une bonne fois pour toutes, et donc être capable de prononcer son nom. La fille d'Oméga répondit qu'elle ne révélerait pas ce secret, parce qu'elle voulait garder des principes, son honneur, contrairement à son ennemi. Cela renvoyait aux pensées du Grand Méchant Loup un peu plus tôt, à propos de la justice, du fait de faire à nos ennemis ce qu'ils font à leurs victimes, ou plutôt de décider de ne pas s'abaisser à leur niveau.

Il tiqua légèrement lorsqu'elle affirma qu'elle aimerait SK jusqu'à la fin de ses jours, ce qui se manifesta par un léger battement de cil de sa paupière droite. Peut-être était-ce, finalement, la jalousie qui se manifestait malgré le fait qu'il eut affirmé qu'elle pouvait fréquenter qui elle voulait sans que cela ne le gêne ? Ou peut-être était-ce autre chose. Le fait de savoir que ce type continuerait de récolter son amour alors qu'il ne le méritait pas. Ou bien le fait de ne pas comprendre comment elle pouvait encore avoir des sentiments pour lui après tout ce qu'il avait fait. Peut-être était-ce aussi parce qu'il détestait SK, à cause de ce que ce dernier avait justement fait subir à Narumi, et qu'il se sentait alors en incompatibilité avec elle, pour la première fois, vis-à-vis de leurs sentiments pour SK. Peut-être craignait-il qu'elle retombe dans le bras du chef des plumes noires. Mais c'était sans doute un mélange de tout cela à la fois. Savoir qu'elle ne serait jamais complétement guérie de ce poison infernal le désappointait grandement. Mais ce n'était rien en comparaison de la suite de son discours.

Elle allait mourir, elle en était même certaine.







































































La chambre d'hôtel dans laquelle ils se trouvaient s'assombrit complétement. Comme si la lumière du lampadaire accroché au plafond ne pouvait plus les atteindre. La pression était montée d'un coup. L'air était devenu oppressant, malaisant, presque irrespirable. Comme si la pièce entière venait d'être soudainement envahie par les ténèbres les plus sombres. Ils provenaient du plus profond de son âme. C'était son aura maléfique qui s'exprimait de nouveau, qu'il ne pouvait plus cacher, involontairement. C'était si puissant, si oppressant, que la nature elle-même s'était affolée. Les oiseaux, qui avaient commencé leur nuit, à l'extérieur, posés sur le toit ou sur le bord des gouttières, s'étaient soudainement réveillés et envolés avec précipitation en poussant des petits cris. Les plantes vertes qui décoraient la chambre ça et là s'étaient détournées, repliées sur elles-mêmes, comme si elles cherchaient à se protéger d'un cataclysme. Sans doute pouvait-on ressentir cette horrible sensation dans les pièces voisines ou les étages directement inférieur et supérieur. Une sensation terrible, celle d'un profond malheur, d'un profond désespoir, la sensation d'une morte certaine, imminente, sans échappatoire.

Il n'y avait rien à faire. Quoi qu'elle eût pu dire un peu plus tôt, l'idée de la perdre lui restait insupportable. Il allait falloir du temps avant que cela ne change. Après qu'elle eût terminé son discours en parlant de l'éventuelle inutilité de sa mort, il l'agrippa par les bras, brusquement. Ses doigts se contractèrent sur la peau de la femme aux yeux jaunes, la serrant assez fort bien qu'il ne voulait pas lui faire mal. Une aura noire se dégageait de tout son corps en permanence et se répandait à travers toute la pièce sous forme de flux semblable à de la vapeur noire. Son visage avait un air grave, comme celui de Personne quand elle l'avait rencontré. Son regard, flamboyant, plongea profondément dans celui de Narumi.


"Je ne le permettrai pas." affirma t-il, sûr de lui.

Ce n'était pas Wolfgang, ni Personne, qui s'exprimait. Oh, c'était bel et bien sa voix d'être humain, mais celui qui avait exprimé ces paroles, du plus profond de son être, c'était bel et bien le Grand Méchant Loup. Toujours là, à moitié endormi peut-être, mais à l'affût, à l'écoute, prêt à resurgir si la haine et la fureur étaient suffisantes. C'était bel et bien lui qui s'adressait dés à présent à Narumi. Ce Grand Méchant Loup si fier et sûr de lui, celui-là même qui s'octroyait le droit de vie ou de mort sur les autres individus parce qu'il se sentait supérieur aux autres espèces. Narumi ne devait pas mourir. Il le lui interdisait. Voilà quel était le sens exact de ses paroles. Elle n'avait pas le droit de mourir.

Se rendant compte assez rapidement de sa perte de contrôle, Wolfgang reprit ses esprits. Ses doigts se desserrèrent des bras de la louve pour que le contact fût plus agréable. Les ténèbres s'estompèrent peu à peu, tout comme cette sensation oppressante et cette lourdeur dans l'atmosphère. La pièce se baigna petit à petit dans la lumière à nouveau. Bientôt, plus aucune aura noire ne s'échappa de son corps. Son visage s'adoucit. Il ajouta d'un air sérieux :


"Je combattrai à tes côtés. Et si, par malheur, j'échoue à t'empêcher de mourir, alors je braverai l'Enfer et le Néant pour y arracher ton âme, et je la réinsérerai dans ton corps sans vie, par la force s'il le faut."

Lui aussi pouvait faire des promesses encourageantes aux allures de menaces.

Par la suite, Narumi se détourna de lui et s'habilla alors qu'on venait d'apporter des vêtements propres. Il devina qu'elle avait l'intention d'aller ailleurs, il ne voyait pas d'autres raisons pour lesquelles elle mettrait des vêtements puisqu'ils n'en avaient pas besoin. Alors, il fit de même. Il était encore morose depuis qu'elle lui avait affirmé qu'elle allait mourir. Il essayait tant bien que mal de ne pas y penser, de se focaliser sur les bonnes choses qu'elle lui avait dites, mais c'était difficile d'ignorer une telle information, surtout quand elle était aussi déprimante. Il enfila une chemise noire et un jean de la même couleur après avoir mis un slip et des chaussettes. Alors qu'il ressassa la soirée entière et leurs discussions, quelque chose lui vint à l'esprit. Il avait comme un autre remord.


"Narumi... J'aimerais te demander quelque chose. Pourrais-tu appeler les urgences et leur indiquer la position de van Bröghen, s'il te plait ?..."

Il baissa légèrement la tête.

"Ce que nous avons fait tout-à-l'heure... Je ne pense pas que c'était la bonne voie à suivre. Si toi et moi, nous avons droit à une seconde chance, alors lui aussi y a droit. Peut-être est-il déjà mort vu l'état dans lequel nous l'avons laissé... Mais s'il y a une infime chance pour qu'il soit encore en vie, je veux que nous la saisissions."

Après la réaction de la louve, ils sortirent de l'hôtel puis marchèrent dans la rue. Narumi reprit la discussion au sujet de l'amour, cela étonna quelque peu le Loup qu'elle revînt sur ce sujet. Elle admit qu'elle ne savait pas vraiment ce que c'était avant de rencontrer SK. SK... Plus il entendait ces initiales, et plus il ressentait cette envie de le traquer, de le trouver, et de le tuer de ses propres mains. Chaque fois que Narumi en revenait à lui, il avait l'impression de se prendre un coup de poignard en plein cœur. Si seulement ce type n'existait pas. S'il pouvait n'avoir même jamais existé. Si seulement lui-même, le Grand Méchant Loup, avait pu rencontrer Narumi avant qu'elle ne rencontre SK, tout ceci aurait été bien différent.

Wolfgang avait les mains dans les poches de son jean tandis qu'il marchait aux côtés de la louve, tête baissée. Il y avait encore quelques personnes dans la rue malgré l'heure tardive, à croire que cette ville ne dormait jamais réellement. L'homme aux cheveux d'ébène se contentaient de les ignorer, ou parfois il faisait simplement un discret signe de tête poli.

Ils arrivèrent à un campement qui était en fait un service de restauration gratuit pour les plus démunis. Il y avait énormément de monde et c'était très bruyant, d'autant plus que les sons étaient décuplés pour les deux loups, ce qui était particulièrement désagréable pour lui qui avait passé beaucoup de temps seul et plutôt au calme - quand il ne se faisait pas tirer dessus.
Il fit une mine un peu renfrognée alors que Narumi le guida à travers la foule. Il regardait les autres avec méfiance et s'efforçait de se tenir à l'écart, de ne pas les toucher. Il n'aimait pas la foule. Pourquoi l'avait-elle mené ici ? Il se sentait bien mieux au calme dans la chambre d'hôtel, à ses côtés...


"Pourquoi m'as-tu amené ici ?" demanda t-il.

Il ne tarda pas à avoir sa réponse puisqu'une fois passé de l'autre côté de la file d'attente, elle lui fournit un tablier.


"...Vraiment...?" demanda t-il d'un air un peu désapprobateur.

Il mit le tablier et regarda ce qu'il fallait faire. Cela ne lui plaisait pas du tout, au début. Pourquoi devait-il travailler ? Et pour rien, en plus ! Pourquoi devait-il nourrir ces gens ? Ne savaient-ils pas se servir eux-mêmes ?
Non, il ne fallait pas penser ainsi. Narumi essayait de le guider, de lui montrer comment se rendre utile et faire des bonnes actions. C'était ce qu'il voulait, après tout. Et puis, cela avait l'air de la rendre heureuse. Alors, il décida d'y mettre de la bonne volonté et fit comme elle lui avait montré.
Et finalement, il finit par y prendre goût. Il aimait lire la reconnaissance sur le visage des gens qu'il servait. Pour une fois, on ne le regardait pas avec méfiance ni mépris, on ne le craignait pas. On avait même besoin de lui. Et c'était plutôt agréable. Il eut même une pensée amusante au bout d'un moment, qui le fit sourire.

"Hm hm ! C'est drôle... Après avoir passé tant d'années à dévorer les gens, voilà que maintenant, je les nourris." fit-il d'un air amusé, à l'attention de Narumi.

Oui, c'était vrai. Tous ces gens qu'il était en train de servir, c'était des repas potentiels. Des proies. Mais, bizarrement, il commençait à s'attacher à eux. A les voir autrement que comme de la viande. A les voir comme des êtres vivants. Et ce n'était pas tellement étonnant, finalement. Même les humains pouvaient s'attacher aux vaches, aux cochons, aux poules et aux lapins, alors même qu'ils les mangeaient. Il suffisait simplement d'apprendre à vivre au contact avec eux, et on pouvait les trouver attachants. Bon certains, bien sûr, demeuraient détestables. Certains étaient désagréables et malpolis, et Wolfgang leur envoyait un regard assassin. A quelques reprises, il eut envie d'envoyer son poing dans la gueule d'un type, mais Narumi était là pour l'en empêcher et le calmer lorsqu'elle sentait qu'il commençait à se crisper ou s'irriter un peu trop. Et puis, il y avait aussi de bonnes rencontres. L'un des réfugiés lui offrit même une cigarette en échange du repas. Il la rangea dans une poche sur le devant de sa chemise au niveau du torse, pour la garder pour plus tard.

Narumi continua son discours à propos de l'amour, qu'elle ne savait plus bien représenter. Elle évoqua de nouveau SK. Un autre coup de poignard en plein cœur, l'intégralité des muscles de Wolfgang se crispèrent de nouveau. Sa haine pour lui était viscérale. Elle termina en disant que chacun devait savoir que l'amour rendait aveugle et naïf.


"C'est ce que l'on dit, oui..." répondit-il d'un air pensif.

Aveugle et naïf. L'était-il, en ce moment-même ? Peut-être n'avait-il plus vraiment les idées claires depuis qu'il avait rencontré Narumi. Il ne pensait qu'à elle en permanence, l'idée de s'en éloigner lui était épouvantable, celle de la perdre insupportable, et ça le mettait dans un état incontrôlable, à mi-chemin entre la haine et la rage. Son esprit était confus, et en même temps, cela lui faisait du bien. Elle lui apportait tellement de réconfort, de soulagement, de bonheur. Mais combien de temps cela allait durer ? Et s'il était devenu aveugle et naïf, cela était-il dangereux pour lui ? Pour elle ? Pour eux ? Il était plongé dans le brouillard. Ces sentiments étaient arrivés si vites, et même s'ils pouvaient s'expliquer par les nombreuses circonstances, il ne les comprenait pas toutes parfaitement. C'était tellement nouveau, pour lui, qu'il avait du mal à le concevoir, mais surtout à voir comment cela pourrait évoluer à l'avenir, et durer. Et d'une certaine manière, il avait un peu peur. Peur de s'engager dans une relation qui pourrait, à terme, lui apporter plus de souffrance que tout ce qu'il avait déjà subi. Surtout après ce qu'elle lui avait dit au sujet de sa mort. A quoi bon s'engager avec elle, s'adonner à l'amour et ressentir toutes ces bonnes choses, si c'était pour être sûr de tout perdre au bout d'un moment ? Après tout, plus il passerait de temps avec elle, plus leur lien serait fort et profond, et plus le vide qu'elle laisserait serait béant. Peut-être valait-il mieux mettre fin à cette relation le plus vite possible, tâcher de l'oublier, pour ne pas avoir à souffrir de sa perte ? Mais d'un autre côté, il n'avait aucune autre raison de vivre, c'était elle qui l'avait sortit de la situation désastreuse dans laquelle son âme s'était engouffrée. Il se serait laissé mourir, sans elle, alors comment pouvait-il maintenant concevoir la vie sans elle ? Une vie après elle ? Certes, son bonheur ne devait pas dépendre d'une personne... mais c'était pourtant elle seule qui lui en procurait actuellement.

Après environ deux heures, ils quittèrent le service  et reprirent la marche vers un autre camp du domaine médical, cette fois. Il y avait de nombreux lits de fortune avec des blessés divers, des éborgnés, des mutilés, des gens qui avaient perdus certains de leurs membres... Beaucoup faisaient de la rééducation. Il y avait de nombreux malades, aussi, des gens qui toussaient un peu partout. Des infirmiers et médecins couraient un peu partout, allant de patient en patient. Ce qui semblait être un membre du personnel se distinguait fortement des autres. C'était un extra-terrestre à la peau verte, aux caractéristiques légèrement insectoïdes comme s'il avait un exosquelette. Il semblait avoir une carapace de tortue sur la tête, et ses lobes d'oreille étaient très longs et pendouillant. Il était d'une taille assez petite. Il s'accroupit à côté d'une enfant blessée, et l'examina.


Spoiler:

Il posa ensuite sa main sur le front de la gamine, et une vive lumière s'échappa de sa main. Après quelques secondes, la petite fille n'avait plus aucune blessure et semblait allait beaucoup mieux, au détriment de l'extra-terrestre vert qui, de son côté, paraissait un peu fatigué. Se sentant probablement observé, il tourna soudainement la tête vers Wolfgang. Ils se fixèrent quelques secondes d'un air calme et neutre, silencieusement, comme s'ils se jaugeaient.

Spoiler:

L'être majoritairement vert avait l'air de déceler quelque chose chez le Grand Méchant Loup, peut-être la noirceur au plus profond de son âme ? Ou peut-être que Wolfgang se faisait des idées et était juste parano. Mais après plusieurs secondes, l'extra-terrestre détourna le regard, se releva et alla s'occuper d'autres blessés. Le Grand Méchant Loup suivit Narumi.

Ils arrivèrent dans un lieu réservé aux enfants. Le Grand Méchant Loup avait toujours aimé les enfants, surtout servis au dessert. C'était de petites friandises agréables et délicieuses. Narumi s'assit par terre et invita Wolfgang à faire de même. Ils furent bien vite rejoints par les enfants. Sa compagne commença alors à jouer avec eux, avec des petits bonhommes et ce genre de choses. Wolfgang ne savait pas vraiment où se mettre ni quoi faire, il n'était vraiment pas à l'aise. Il se contentait de regarder et écouter sa compagne qui inventait des histoires et riait, cela le fit sourire.

Après quelques instants, l'un des enfants demanda à Narumi de lui raconter une autre histoire. Wolfgang décida de se décoincer un peu, et prit les devants.


"Une histoire, hein ? J'en connais justement des tas !" s'exclama t-il en souriant amicalement.

Il jouait un peu le rôle de Wolfgang.
Il décida de leur conter l'une de ses propres histoires, mais il le fit sous la forme d'une fable de La Fontaine qu'il avait apprise : le Loup et l'Agneau.


Spoiler:

La morale de cette fable était que les puissants, ceux qui avaient le pouvoir, avaient justement suffisamment de pouvoir pour se soustraire à la justice et accuser les "faibles" - ceux sans pouvoir - pour des crimes qu'ils n'avaient pas commis. La raison du plus fort est toujours la meilleure. Woflgang n'avait pas choisi cette fable au hasard. Certes, elle racontait réellement une scène de sa propre vie, mais cela renvoyait bien sûr à leur discussion qu'ils avaient eu un peu plus tôt sur la notion de justice. Bien entendu, les enfants ne comprendraient rien de tout cela.


En jouant avec eux et en leur racontant des histoires aux côtés de Narumi, le Grand Méchant Loup pouvait lire l'admiration sur le visage de ces petits enfants. Ils le fixaient attentivement, parfois avec une curiosité infantile, écoutant chacun des mots de sa fable, ne comprenant certainement pas tout mais faisant comme si. Pour la première fois, les enfants ne lui lançaient pas des regards emplis de crainte. Ils n'avaient pas peur de lui. Ils l'écoutaient, ils buvaient ses paroles, ils souriaient. Innocents, ils avaient l'impression qu'il ne leur ferait jamais de mal. Comme le Petit Chaperon Rouge quand elle l'avait rencontré la première fois. Elle n'avait pas eu peur de lui, malgré son apparence bestiale. Mais cette fois-ci, il ne céderait pas, il ne les dévorerait pas. Le fait d'être ainsi regardé sans aucune méfiance ni mépris, d'être écouté avec une telle attention, d'être vu à travers les yeux emplis d'admiration d'un enfant, c'était... appréciable. Pour l'une des premières fois de sa vie, il ressentait du bonheur autrement qu'en tuant. En faisant quelque chose d'aussi simple que de raconter une histoire - son histoire, ou tout du moins une partie d'entre elles - à des gamins blessés, malades et traumatisés par la guerre.

Ensuite, Wolfgang continuait d'écouter l'argumentaire de Narumi à propos de l'amour, affirmant que pour elle, c'était répandre la joie autour d'elle, voir les enfants sourire etc... Il resta toujours silencieux à ce sujet, mais entendit bien ses mots, et les analysa dans un coin de sa tête. Sa vision des choses étaient intéressantes. Il était vrai que l'amour ne pouvait pas simplement se résumer à la réaction chimique qui se produisait dans le cerveau et qui faisait accélérer le cœur ou ce genre de choses. Il y en avait de toute sorte, et c'était parfois bien plus profond qu'une simple réaction chimique.

Après avoir joué avec les mioches, ils allèrent dans une partie réservé aux adultes, où ils jouaient à des jeux de société et de cartes. Ils s'installèrent à plusieurs tables et jouèrent avec des inconnus. Même Wolfgang, aux côtés de Narumi avec qui il se sentait si bien, finissait par rire avec ces inconnus et à apprécier ces plaisirs simples qui n'avaient rien à voir avec ce qu'il faisait habituellement. Après plusieurs jeux, Wolfgang remarqua à nouveau l'extra-terrestre insectoïde de tout-à-l'heure. Il était assis à une table, seul. Son coude était posé sur la table, et sa joue posée contre son poing. Il semblait s'ennuyer quelque peu. En face de lui se trouvait divers plateaux de jeux de stratégie, comme des échecs, des dames, un jeu de go et ce genre d'autres jeux qui nécessitent beaucoup de réflexion. De sa main libre, il prenait parfois un pion qu'il déposait sur une autre case, comme s'il jouait contre lui-même.


Spoiler:

Cela interpella Wolfgang : comment se faisait-il que cet être, à l'apparence aussi singulière, soit si seul dans un tel lieu où les gens étaient tous amis et jouaient tous ensemble ? Alors même que cet être contribuait à aider et à soigner les blessés et malades ? Il demanda alors à l'un des adultes avec qui ils avaient fait quelques parties.

"Dis-moi, qui est cet individu, là-bas ? Pourquoi joue t-il tout seul ?"

"Ah lui, c'est Meruem, un soigneur. Lorsqu'il a besoin de se reposer, il vient ici pour faire des jeux. Le problème, c'est que plus personne ne veut jouer avec lui, parce qu'il gagne tout le temps... Ce type est tout simplement imbattable aux jeux de stratégie."

Quelle tristesse. Ainsi, il était condamné à être seul parce qu'il était tout simplement trop bon pour les autres. D'une certaine manière, Wolfgang avait un peu pitié de lui, il compatissait puisqu'il avait toujours été seul lui aussi. Il lança un regard à Narumi et lui sourit en affirmant :

"Allons voir s'il est si fort que cela."

Il se dirigea donc vers ce Meruem et se positionna en face de lui, de l'autre côté de la table. L'insectoïde semblait être en pleine phase de réflexion, si bien qu'il ignorait complétement la présence de Wolfgang, comme si cela ne l'affectait aucunement. Wolfgang s'éclaircit alors la gorge pour notifier de sa présence, et Meruem finit par relever la tête vers lui.

"Ça te dit une partie ?"

Le petit être vert sourit amicalement.

Spoiler:

"Ce serait avec plaisir. A quoi souhaites-tu jouer ?"

Wolfgang haussa des épaules.

"Le jeu de dames ?" demanda t-il sans grande conviction.

Meruem acquiesça d'un signe de tête. Il débarrassa le plateau d'un mouvement du bras puis replaça les pions dans leurs positions par défaut tandis que Wolfgang s'assit en face de lui.


"Nous te laissons commencer." affirma l'insectoïde.

La partie débuta. Wolfgang ne savait pas très bien jouer, il connaissait les règles mais n'avait jamais vraiment mis en pratique puisqu'il n'avait jamais eu d'amis avec qui jouer. Et cela se vit rapidement. Il mettait une éternité à réfléchir à chaque coup, mais Meruem répondait du tac-au-tac sans même prendre le temps de réfléchir, comme s'il connaissait déjà par cœur quel coup il devait jouer en fonction des circonstances. Et en très peu de coups, il prit un avantage considérable et gagna fatalement la partie. Les pions du Grand Méchant Loup s'étaient fait balayer les uns après les autres, il n'avait rien vu venir. C'était un coup assez dur pour son ego, mine de rien. Il râla un peu.


"Rah... J'abandonne, t'es trop fort pour moi."

"D'accord. Ce fut un plaisir." répondit simplement Meruem.

Ce n'était pas comme s'il s'attendait à autre chose : l'insectoïde était sûr de gagner dés le premier coup du Grand Méchant Loup car il avait déjà en tête l'intégralité de tous les coups possibles et de comment gagner en toute circonstance selon le premier coup de l'adversaire.

Le Grand Méchant Loup se releva et rejoint Narumi pour jouer à d'autres jeux avec des adultes normaux où il pouvait avoir une petite chance de gagner.

Narumi reprit son discours, affirmant que pour elle, les meilleurs moments de sa vie étaient ceux-là : partager avec les autres, rire, passer de bons moments en compagnie des autres. Lorsqu'elle affirma qu'elle s'appréciait lorsqu'elle n'était Personne au milieu de personne, il était évident que cette phrase résonna particulièrement fort en lui, qui s'était défini comme n'étant Personne. Après tout, était-ce si dramatique de n'être personne ? Pourquoi fallait-il absolument être quelqu'un d'exceptionnel ou d'extraordinaire ? Être quelqu'un de Grand ? Il n'y avait pas d'intérêt à l'être. N'être Personne parmi personne, ce n'était pas si mal. Et comme il l'avait dit sous sa forme bestiale en début de soirée : si nous ne sommes personne, si nous ne sommes rien... alors soyons tout !
Lorsqu'elle affirma qu'elle espérait qu'il ressente la même chose qu'elle, qu'il se sente bien, il répondit sur le ton de la plaisanterie :


"Et bien, pour être franc, je me sentirais mieux si je ne m'étais pas fait humilier au jeu de dames. ^^ "

Puis il prit un air plus sérieux pour répondre réellement :

"Je passe une excellente nuit en ta compagnie, Narumi... Pour être tout-à-fait franc, tu m'as ouvert les yeux, sur le monde, sur les gens... Je ne les voyais que comme des proies. Aujourd'hui, je les vois comme des êtres."

Et cela faisait toute son importance, car cela voulait dire que pour la première fois de son existence, il les mettait sur un même pied d'égalité que Narumi et lui-même. Il les voyait comme des êtres vivants, des êtres dont la vie a de l'importance, pas de simples morceaux de viande à grignoter.


Par la suite, ils partirent à la rencontre des petits vieux malades et fatigués. A quoi bon les aider, ceux-là, alors même que leur vies ne tenaient plus qu'à un fil ? Ils allaient bientôt mourir, de toutes façons. Ils n'étaient même plus appétissants. C'était ce qu'une petite partie du Grand Méchant Loup pensait, au fond de lui. Mais Narumi avait une autre vision des choses. Même les délaissés, ceux qui semblaient inutiles parce qu'ils étaient trop vieux et vivaient aux dépens des autres pouvaient encore offrir des choses. Il la regarda s'occuper d'eux, d'abord avec une pointe d'interrogation mêlée à de la curiosité, puis ensuite avec une part d'admiration.

Il repensa alors à tout ce qu'elle avait dit, à tout ce qu'ils avaient fait depuis leur départ de l'hôtel, à ces dernières heures passées en la compagnie de sa bien-aimée avec qui il n'était pas officiellement en couple. Alors, c'était ça, faire le bien ? Être du bon côté de la barrière ? S'occuper de gens qu'on ne connait pas, de gens dont on n'attend rien. Leur apporter du soutien, du réconfort, les aider, rire avec eux, apprendre à les connaître. Être entouré et ne plus se sentir seul. Ne plus se sentir méprisé, ni craint, ni rejeté. Se sentir apprécié, et utile. C'était cela que Narumi faisait chaque nuit pour se sentir mieux ? Pour se racheter ? Répandre le bonheur autour de soi. Ne plus penser qu'à soi, penser aux autres avant tout. Donner un autre sens à sa vie. Oui, c'était plutôt... agréable. Peut-être n'aurait-il pas le courage de faire cela tous les jours, peut-être se lasserait-il... mais en tout cas, cette nuit là l'avait changé, complétement. Il n'avait jamais connu cela, auparavant. Rencontrer des inconnus et jouer avec eux, rire avec eux sans même les connaître.  Cette nuit, aux côtés de Narumi, et au milieu de ces inconnus dans le besoin, il était devenu un autre homme, ou plutôt un autre loup. Durant quelques heures, il avait goûté à la joie, au bonheur, à des petits plaisirs brefs, désintéressés, parfois futiles mais drôles. Cela lui avait permis d'avoir l'esprit occupé, de ne plus penser à ses problèmes.

Il était désormais très tard, ou plutôt tôt le matin. Narumi devait certainement être très fatiguée, elle qui avait passé une journée de travail complète avant sa rencontre avec Wolfgang, et qui avait également travaillé toute la nuit. Elle ne s'était pas réveillée à la nuit tombée, contrairement à lui qui avait dormi le jour.

Ils quittèrent le centre de soin et marchèrent de nouveau dans la rue, se dirigeant vers le bar où tout avait commencé, où sa nouvelle vie avait commencé grâce à sa rencontre avec Narumi. La Renaissance, là où il était véritablement rené. Le berceau de son nouveau départ.

Alors qu'ils marchaient côte à côte, chacun ayant les mains dans les poches, la louve revint sur le sujet que Wolfgang avait abordé à l'hôtel et qui les avait rendu mal-à-l'aise. Elle affirma qu'en ce qui concernait les relations amoureuses, elle voyait cela d'un point de vue exclusif, c'est-à-dire d'un couple dans lequel chacun reste fidèle l'un à l'autre. C'était sa conception d'une relation amoureuse mais elle admit qu'elle acceptait que d'autres pussent avoir une autre conception.

Lorsqu'elle ralentit la cadence, il adapta son allure à la sienne, jusqu'à ce qu'elle s'arrête complétement. Il s'arrêta et se tourna vers elle en l'interrogeant du regard. Elle baissa légèrement la tête et semblait mal à l'aise. Elle lui posa alors une question. Une question qui paraissait simple à priori, mais qui était en réalité très complexe.


"(...)est-ce que tu considères que nous sommes un couple ?"

Le temps sembla s'arrêter, tout comme les battements de son cœur. Son cerveau se mit à bouillir, ses neurones s'agitèrent dans tous les sens. Comment pouvait-il répondre à cela ? Que devait-il répondre à cela ? Lui qui était dans l'ignorance, dans la confusion la plus totale, depuis le début de leur rencontre. Lui qui était si inexpérimenté en la matière. Il se serait plutôt attendu à ce que ce soit elle qui clarifie la situation, leur positionnement, puisqu'elle avait plus d'expérience dans le domaine, elle avait déjà connu cela. Lui était complétement perdu en terres inconnues. Jamais il n'avait eu à jouer un tel rôle.

Elle affirma ensuite que c'était ce qu'elle avait cru comprendre plus tôt, lorsqu'il avait abordé le sujet de la fidélité et des relations. Mais il avait pourtant précisé qu'il ignorait la nature de leur relation, qu'il ignorait comment aborder tout cela. Il avait simplement voulu clarifier les choses par rapport à ce qu'elle disait à propos de sa relation avec SK, le fait qu'ils n'avaient jamais été clairs à ce sujet et qu'elle s'était sentie mal qu'il lui soit infidèle. Il avait juste voulu lui montrer que, contrairement à SK, il voulait réellement son bonheur, et qu'il la respectait, sans pour autant que ça n'engage quoique ce soit, car après tout il considérait que la décision lui revenait à elle. Elle conclut en lui demandant s'il voulait être le petit-ami d'une inconnue dont il connaissait tous les secrets, une sorte de paradoxe qui était plutôt amusant, quand on y pensait. Il savait à la fois tout et rien d'elle, il la connaissait si peu et si bien. La réponse ne lui vint évidemment pas naturellement, il ne pouvait répondre à la légère.


"..."

Il resta silencieux quelques instants, et sortit la cigarette de la poche de sa chemise. Ouais, c'était le bon moment pour fumer une petite cigarette, là. Il sortit également une allumette qu'il avait chipée en cuisine dans le campement de restauration. Il positionna la clope entre ses lèvres, craqua l'allumette sur la semelle de sa chaussure, et alluma la cigarette avec un peu de nervosité, avant de s'empresser d'éteindre la flammèche en agitant l'allumette rapidement. Alors qu'il faisait face à Narumi à cet instant, il recula d'un demi-pas, fit demi-tour pour lui tourner le dos, et s'avança d'un pas en levant la tête vers le ciel tout en inspirant une bouffée de cancer.

Il prit la cigarette entre son index et son majeur pour la détacher de ses lèvres, et souffla un long nuage de fumée tout en gardant son regard plongé dans le ciel qui s'éclaircissait.



"Comment pourrais-je répondre à cette question, moi qui ignorais tout de l'amour avant de te rencontrer, et qui ignore encore tout ce qu'implique une vie de couple...?"

Il attacha de nouveau la cigarette à ses lèvres pour prendre une nouvelle bouffée, expira un autre nuage gris, puis se retourna pour faire face de nouveau à Narumi.

"Tout cela est tellement nouveau pour moi, Narumi... En plus de six siècles, tu es la première personne pour qui je ressens pareilles émotions, la seule à avoir su ouvrir mon cœur. Il m'a fallu six siècles pour te trouver... Six siècles pour enfin apprendre à aimer... Je ne suis pas certain... Non, je ne crois pas pouvoir ressentir cela pour une autre personne."

Six siècles, cela paraissait long. Mais ça pouvait également paraître court, selon les personnes. Le Grand Méchant Loup avait déjà bien vécu, et pourtant, il était loin d'être au bout de sa vie. Il n'en était, peut-être, que presque à la moitié. En réalité, il ignorait lui-même sa durée de vie puisqu'il n'avait aucune base de comparaison. Mais si l'on se basait sur son apparence humaine, il devait avoir l'équivalent humain d'entre 30 et 35 ans, c'est-à-dire qu'il n'était plus un jeune adulte, mais il n'était pas non plus vieux.

Il tira une nouvelle taffe du petit bâtonnet toxique et addictif puis l'éloigna de nouveau de sa bouche en le tenant toujours entre l'index et le majeur.


"Mais qu'est-ce que cela signifie concrètement ? Cette alchimie va t-elle perdurer dans le temps ou n'est-elle qu'éphémère ? Et s'agit-il vraiment de ce que nous voulons, ou de ce que les loups divins ont choisi pour nous ?"

Sommes-nous seulement libres de nos choix ? Sommes-nous dotés de libre-arbitre, ou tout n'est-il qu'une suite de réactions chimiques sur lesquelles nous n'avons aucun contrôle, aucune marge de manœuvre, une suite de causes et de conséquences totalement déterministes ?

Il éteignit le bout de sa cigarette entre deux doigts, et la rangea dans la poche pour la reprendre plus tard, après l'avoir tapotée pour faire tomber les cendres au sol. Puis il s'avança d'un pas vers elle.


"Mon esprit est confus et je suis empli de doutes. Mais j'ai aussi des certitudes."

Il se rapprocha davantage d'elle, pour être encore plus proche. Il leva lentement la main droite vers elle, et prit quelques mèches de ses cheveux mauves entre ses doigts, dans un geste délicat et attentionné. Son cœur palpitait, il battait à tout rompre. Il sentait même une chaleur douce et réconfortante lui monter au visage.

"Je sais que je veux rester à tes côtés. Je sais que je veux te rendre heureuse. Je sais que..."

Il baissa légèrement les yeux, s'interrompant quelques instants, son regard s'était fait un peu fuyant, peu assuré. Après un court instant, il releva les yeux vers elle, d'un air plus sûr de lui, tandis que sa main se posa tendrement sur la joue de la louve pour relever délicatement sa tête afin qu'elle le contemple dans les yeux.

"Je sais que je t'aime." osa t-il affirmer.

Cela avait l'air si facile, mais pourtant c'était très compliqué pour lui d'affirmer cela comme ça, de dire ces simples mots, "je t'aime", alors même qu'elle le savait déjà.

Une vie de couple, ça semblait lui convenir aussi. Après tout, les loups, dans la nature, vivaient en couple. Le mâle alpha restait généralement toute sa vie avec la même femelle, ils formaient un couple dominant et restaient fidèles pour toujours. C'était sans doute parce qu'il n'avait jamais aimé personne d'autre, mais il ne s'imaginait pas tomber amoureux d'une autre personne, être aussi proche de quelqu'un d'autre qu'il l'était avec elle. Ce lien émotionnel si intense qu'ils partageaient, ce transfert d'émotions, cette compréhension mutuelle, cette acceptation de l'autre, cette passion qui les embrasait, il ne pouvait pas avoir cela avec qui que ce soit d'autre. Sans doute était-ce dû au lien qui unissait le Loup Ancestral et le Grand Loup, peut-être en intégralité, ou peut-être dans une moindre mesure. Mais ça ne changeait rien, au fond. L'essentiel, c'était qu'ils s'aimaient, qu'ils pouvaient se rendre heureux, peu importe les raisons derrière cela. Ils avaient tant en commun et tant à s'offrir. Bien sûr que le Grand Méchant Loup ne voulait pas passer à côté d'une telle occasion, bien sûr qu'il brûlait d'envie d'embrasser Narumi et de s'adonner entièrement à elle malgré ses quelques doutes occasionnés par son inexpérience et le fait qu'il découvrait tout cela.


"Mais il ne s'agit pas uniquement de ce que je veux. Il s'agit aussi de ce que tu veux, toi. De ce qui te rendrait heureuse. Pourrais-tu te remettre en couple, après ce que tu as vécu avec ce démon ? Serais-tu capable de m'aimer comme tu l'as aimé ? Et si tel est le cas, crois-tu que je serai capable de t'apporter autant de bonheur que ce qu'il t'a apporté lorsqu'il faisait semblant de t'aimer ?"

Il ressentait la passion de l'amour dans chaque parcelle de son corps, et en même temps, il ressentait une certaine angoisse, car il avait peur de sa réponse. Il avait peur de la connaître déjà. Malgré cela, son cœur brûlait d'amour pour elle.

HRP:


Dernière édition par Le Grand Méchant Loup le Mer 4 Mar 2020 - 19:59, édité 1 fois
Narumi Karuzaki
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MessageSujet: Re: The big bad wolf [PV]   The big bad wolf [PV] - Page 2 ClockMer 4 Mar 2020 - 11:06
(À l’attention des éventuels lecteurs : d’un commun accord nous avons décidé de faire des postes concis et moins détaillé afin d’avoir la possibilité de finir notre sujet avant avril.
Profitez-donc de la longueur qualitative du dernier poste de mon acolyte qui est absolument saisissant et incroyable !)

La réaction du sombre Grand Méchant Loup qui s’était manifesté telle une évidence lorsqu’il apprit qu’elle allait indéniablement mourir, avait été une réponse logique, un miroir à ce qu’il fût mais qui justement était en pleine métamorphose. Sur le coup, les poings de Narumi s’étaient serré. Il l’avait violemment agrippé et elle était prête à lui en décocher une pour le faire revenir bel et bien sur Terre. Son aura, cette pleine noirceur qui s’évaporait tel un jaillissement de fumée volcanique tout autours de lui l’inquiétait et la poussait à croire qu’il faudrait à nouveau qu’elle le calme. La violence n’était pas, de prime abord, la bonne solution, mais parfois un bon coup dans la tronche ça remet les idées en place - et il en avait déjà fait les frais il y a quelques heures. Fallait-il lui administrer une nouvelle piqûre de rappel ?

Il s’était adoucit de lui-même, prouvant que sa “transformation” mentale opérait belle et bien. La louve en fut soulagée et se détendit petit à petit. Certes, ses paroles sonnaient comme une romantique menace un peu trop irréaliste, mais au moins il avait reprit ses esprits. Elle ne fit pas de commentaire. Non, Narumi ne lui avoua pas qu’elle ne souhaiterait de toute façon pas revenir dans un tel monde après avoir accompli son but. Quel intérêt de revenir ici si c’était pour constater encore et encore de ses propres yeux le probable retour de tous ces salopards qui continuaient de suivre SK après ce qu’il avait fait ? Wolfgang lui interdisait de mourir mais de toute façon c’était le but ultime de la vie. Cela lui tira un sourire désolé. L’alpha était las de ce monde coincé dans un cycle perpétuel de haine, de guerre, de paix relative, puis tout recommence… c’était épuisant, déprimant, et quand bien même elle arrivait à changer les mentalités des gens en les aidant, il resterait toujours des enfoirés bouffie d’ambition pour venir tout faire péter et relancer la haine des êtres vivants. C’est sans fin.

Lorsqu’elle les guida, par la suite, à l’extérieur, son compagnon exprima ses remords en lui demandant de contacter un service de secours pour Van Bröghen. Cette dernière releva la tête vers lui, les yeux écarquillés. Sa demande paraissait irréelle : l’avait-elle imaginé ? Il faut croire que non. Il la dévisageait d’un air interrogateur et, pour seule réponse, elle ne put que secouer la tête en signe d’approbation. La louve prit dans ses mains son pad militaire et contacta un service de soins d’urgence en indiquant l’adresse du lieu. Ils n’étaient pas aveugle ni assez sot pour croire que cet imbécile avait survécu. Mais l’important était dans le geste de Wolfgang : c’était une partie majeure de sa véritable rédemption que de demander pareille aide pour un être qu’il avait tant haï.

Narumi chassa vite de son fil de pensée le corps mutilé du chasseur pour se concentrer sur son objectif de ce soir. Son partenaire s’était d’abord retrouvé décontenancé face à l’endroit bondé et inespéré dans lequel la louve le plongeait. Cette dernière le laissa ruminer dans sa barbe au départ, il lui faudrait du temps pour changer d’avis de toute manière. Et il finit par se prendre au jeu. Sa remarque sur le fait qu’il nourrissait les gens au lieu de les dévorer fit rire son amie aux éclats. C’était assez rare de la voir rire de la sorte. La cheffe était plutôt du genre froide et discrète. Mais en ce moment, elle révélait sa véritable nature aux côtés d’un être de confiance.

Lorsqu’ils allèrent jouer aux cartes dans le camp des blessés, Narumi n’adressa qu’un bref regard à l’infirmier insectoïde. En faite, il y avait tant d’espèces et de diversité au sein de la galaxie que c’était dur “physiquement” de trouver qu’un être sortait vraiment du lot - du moins pour l’alpha qui avait vu bon nombre de personne avec des apparences “curieuses”.

Ils firent une halte auprès des enfants. Là-bas, le loup leur raconta la judicieuse histoire du loup et de l’agneau. Narumi lui adressa un sourire complice lorsqu’il eut fini son conte. C’était une bonne manière d’éduquer autrui que de raconter ces fables qui n’ont l’air de rien.

Les émotions très lisibles qui s’affichaient sur les visages des enfants sembla toucher le coeur de Wolfgang qui s’adoucit un peu plus à leur contact. Constater que sa “méthode” l’atteignait de la sorte faisait un si grand bien… La militaire l’analysait en silence, ne lui faisant pas de remarque par peur de le faire se braquer si elle soulignait qu’elle voyait là son humanité et ses faiblesses se découvrir. Narumi palpait sa vulnérabilité en cet instant. Celle-ci le voyait devenir plus sensible, à nu, et rien ne pouvait plus la charmer en ce moment. Il était beau. Il rayonnait de sa véritable splendeur maintenant, et cela elle souhaitait le graver à jamais dans ses souvenirs.

Plus tard, ils recroisèrent l'insectoïde seul à une table. On lui expliqua que personne ne voulait jouer avec cet individu car il gagnait tout le temps. Wolfgang trouva certainement cela injuste et il voulut tenter sa chance face à l’infirmier. Narumi lui adressa un sourire enjoué : Ce Meruem semblait “rejeté” quelque part à cause de ses facultés dans ce type de jeu. LGML s’était senti naturellement capable de venir “l’aider” - dans le sens de lui apporter un peu de compagnie, de réconfort, de le divertir au lieu de le laisser là, tout seul. C’était les rôles qui s’inversait. Wolfgang avait perçut la mélancolie de cette personne et se sentant en mesure de lui venir en aide, il n’avait pas hésité. La louve se leva pour l’accompagner durant sa partie de dames. Elle salua d’un geste silencieux de la tête l’infirmier et ne fit qu’observer avec quelle aisance il battit à plate couture son homologue loup. À tel point qu’il finit par abandonner ! Naumi tapota gentiment l’épaule de son compagnon tout en se moquant de lui pour l’embêter.

Ils retournèrent à une grande table pour jouer à plusieurs. Ils rièrent, là, au milieu de la foule, sans n’être que des “gens” comme d’autres. Les commentaires de son acolyte en guise de réponse à son questionnement la rendit fière de lui. Sur le coup, la louve lui caressa tendrement les cheveux et le cajola quelques secondes. Elle cessa lorsque des personnes à leur table les sifflèrent pour les narguer tout en faisant des mouvements de sourcils qui voulaient dire “trouvez-vous une chambre”. Cela la fit rougir la militaire qui, d’accoutumé, n’était pas embarrassé par grand chose.

Ils terminèrent leur escapade en rendant visite aux anciens. Ceux qui avaient encore toute leur tête leur racontait des histoires rocambolesques, leur confiait des choses et leur octroyait quelques conseils. Ceux qui n’avaient plus toute leur tête aussi, mais leurs récits étaient décousu et se répétaient un peu plus que les autres. Ce n’était pas bien grave. Ce qui comptait c’était de les faire se sentir utile, écouté, de leur donner l’attention qu’ils méritaient.

Après cette folle nuit d’expérimentation - eh oui, c’est le cas aux yeux de Narumi, une telle soirée est à la fois folle car l’on rigole sans gêne, sans barrières, avec tout et tout le monde, et l’expérimentation était immanquablement au rendez-vous puisque le deal était de faire en sorte que Wolfgang comprenne et apprécie tout ce que sa partenaire tentait de lui montrer - ils prirent le chemin du bar la Renaissance. Le fameux Fox Firecoat devait y retrouver son homologue à l’aube. Il devait s’attendre à ce que la cheffe soit là également puisque le Renard avait su à quelle adresse envoyer le mot. Il avait donc logiquement dû les pister et les suivre.

Alors qu’ils marchaient tranquillement, Narumi n’arriva pas à faire autrement que de s’exprimer. Mais en réalité, cette dernière ne comprenait pas vraiment elle-même ce qu’elle voulait dire. L’amour semblait tantôt compliqué et tantôt si simple. Tout dépend de comment on l’aborde, logiquement.

Le fait que son homologue prenne du temps avant de lui répondre intensifia son effet de boule au ventre. Il alluma sa cigarette et celle-ci ne fit aucunement de même. Le moment s’y prêtait pourtant fort bien, mais pourtant Narumi sentait une fatigue passagère tomber comme par hasard à ce moment-là sur ses épaules. Certes elle dormait très peu ces derniers temps et cela expliquait ses douleurs physiques, mais c’était plutôt son corps qui tirait la sonnette d’alarme parce que la situation la stressait à un tel point qu’elle pourrait finir par faire un malaise. Cette dernière serrait à nouveau les poings, comme si cela la revigorait d’une quelconque manière.

Son ami lui faisait dos depuis un petit moment déjà. Narumi gardait la tête baissée. Exténuée autant par sa vie ces derniers temps que par la situation, elle crut qu’elle allait vraiment se trouver mal, jusqu’à ce qu’il se décide enfin à lui répondre. Son entrée en matière lui compressa le coeur. Ce n’était pas une question facile de toute évidence. C’était même bête de lui demander d’éclaircir quoi que ce soit, puisqu’en effet il avait déjà souligné qu’il ignorait ce qu’il voulait vraiment en penser de tout ça.

Lorsqu’il se tourna pour lui jeter un regard et affirmer qu’il l’aimait comme il n’avait jamais aimé et comme il ne pourrait d’ailleurs jamais aimé quelqu’un d’autre, Narumi se congela sur place. Pourquoi réagissait-elle ainsi alors que c’était une déclaration d’une splendeur et d’une sincérité réconfortante ? Peut-être parce que c’était ces mêmes mots qu’elle avait toujours attendu de la bouche de Seishiro. Maudit soit-il. Il pourrit chacune de ses pensées et de ses instants privilégiés. Vraiment, maudit soit-il, se répétait-elle dans sa tête.

Il posa des questions légitimes auquel ni lui ni Narumi n’avait de toute façon de réponses. Peut-être que cette sensation passerait. Peut-être qu’elle n’était dictée que par le fait qu’ils étaient les réceptacles des loups divins. Cela importait peu à la militaire qui voulait prêter de l’attention au présent, et à lui seul seulement. Car c’est tout ce qui lui restait. Le futur annonçait sa mort, alors que le présent lui ouvrait les bras en lui accordant enfin un salut à la hauteur de la sincérité de l’amour qu’elle éprouvait.

Il finit par s’approcher d’elle. Cette dernière se crispa un peu plus alors que son partenaire lui voua un geste doux. Pourtant, la louve restait là, plantée comme un piquet. Impossible de réagir. Elle subissait et écoutait simplement. Seul ses joues rosies pouvaient démontrer ses émotions. Le reste de son corps restait bloqué et son visage également.

Ils se fuyaient chacun du regard en cet instant. Mais Wolfgang prit son courage à deux main. Au contact de sa main chaude, le corps entier de la louve se réchauffa. Elle se sentit tout d’un coup être totalement ailleurs qu’ici. Dans un endroit rassurant, intime, un foyer à ses côtés… Elle eut un flash d’une maison à l’orée de la forêt, des enfants qui rigolent dans le jardin, un soleil étincelant et Wolfgang qui lui caresse la joue d’un air paisible. Mais d’où venait cette étrange vision ? Est-ce que cela sortait uniquement de son imagination ou c’était un signe, une sorte d’entrevue d’un futur qui pourrait s’offrir à eux en fonction de leurs choix ? Ou simplement un beau petit rêve bien ficelé ?

Le fait qu’il lui dise l’expression même de l’amour, ces mots dont les gens usent et abusent et qui perdent de tout leur sens, cela lui transperça le coeur au moins aussi fort que lorsque lui entendait parler de SK de la part de sa conjointe. C’était une souffrance qui n’aurait jamais de fin. Seishiro n’avait jamais été quelqu’un de bien, alors jamais il n’aurait pu lui offrir ces paroles. C’est tout. Il n’y a rien d’autre à dire, il n’y a pas davantage de regrets à avoir, ce sont les faits. Même celui que l’on désigne comme Le Grand Méchant Loup dans son monde d’origine a, au final quand l’on gratte la noirceur assez profondément, plus de bienveillance, d’amour, de sentiments sincères et beaux que la plume noire de Dark, qui lui avait passé des années auprès de Narumi.

Les interrogations de la part de Wolfgang qui s’ensuivirent n’étaient que légitime. Cette dernière pinça les lèvres. Elle était devenue blanche comme un linge. La louve accrocha ses mains à la chemise de son acolyte fermement. On aurait pu croire que c’était pour qu’il l’écoute en ouvrant grand les écoutilles, mais en réalité ce n’était pas que cela. Son corps chancelait et Narumi ne voulait pas tomber dans les vapes comme une sotte.

Arrêtons de donner tant d'intérêt à SK.” réussit-elle à lancer entre ses dents serré. “Je t’ai parlé de la relation que j’entretenais avec lui parce que je tiens à être sincère. Mais j’accepte tout ça. Mon erreur tout comme le fait que cet amour continuera de me consumer. Je n’ai aucune envie de continuer à l’aimer. Ma haine est plus grande que l’amour que je lui porte. Il a tué mon peuple. Il a tué nos enfants, quoi qu’il répondra à cela pour se faire passer pour l’innocent. Comprends-donc que je l’aime malgré moi, comme une malédiction qui me punit pour avoir suivit ce sale type au lieu d’avoir écouté mon instinct. Il ne m’a apporté aucun bonheur réel. Il ne m’a jeté que de la poudre aux yeux, et je le comprend maintenant. Même quand je le voyais quand il daignait m’accorder du temps, je n’étais jamais totalement sereine ou joyeuse. Justement parce qu’au fond de moi je savais qu’il ne me respectait pas vraiment. Quelque chose me dérangeait constamment. Ce quelque chose, c’est que je savais qu’il se jouait de moi. Il n’a jamais eu l’intention de faire de moi son égale. Il faisait semblant. Voilà comment je le ressens avec du recul.

Son visage se ferma quelques secondes. En faite, elle luttait contre le flot de larmes qui menaçaient de remonter à la surface. Mais comment aurait-elle pu pleurer après tout ce qui s’était déroulé récemment ? Pourtant, elle sentit à nouveau ce liquide chaud et limpide s’emparer de ses yeux et dégouliner sur ses joues. Son expression faciale changea littéralement pour laisser place à la surprise. Du bout de son index, l’alpha touchait ses joues pour se rendre réellement compte qu’en effet, elle avait été en ce moment béni capable de pleurer à nouveau.

Alors je t’en conjure, ne compare rien de notre relation avec ce que j’ai vécu à ses côtés à lui !” Sa voix s’étrangla à la fin de ses paroles. “Je n’ai jamais été “en couple” avec SK, au mieux j’étais son fidèle toutou dont il disposait quand LUI le désirait. Mais j’ai toujours voulu construire quelque chose de plaisant et de stable un jour avec une personne de confiance. Et je sens que tu es cette personne en ce moment, en cet instant. Là, maintenant, tout de suite. Je me fiche de demain. Je veux penser au présent. Et tu me rends vraiment heureuse, plus que je ne l’ai jamais été en plusieurs années auprès de SK ! Tout simplement parce que l’on est honnête l’un envers l’autre. Je ne ressens aucune pression, aucune “chose dérangeante” qui viendrait noircir le tableau, je ne ressens pas d’amertume ou de souffrance en me disant que tu n’es pas vraiment sincère quand tu t’adresses à moi comme avec lui. Grâce à ces quelques heures passées avec toi, je me sens tellement mieux… Je sens que je peux éclipser tous ces souvenirs intimes avec SK qui n’étaient ressenti avec intensité et honnêteté que de mon côté. En faite, ça commence à ne plus me faire mal. C’est comme si tu étais un remède à ma peine. Moi qui déteste dépendre des autres ! Quelle ironie. Mais je me dois de le reconnaître et de continuer d’être sincère, alors je te partage ce ressenti que j’ai… Moi aussi je veux te rendre heureux. Je veux devenir meilleur à tes côtés. Avancer à tes côtés. Bâtir des choses à tes côtés. Je veux mourir dans la joie en pensant à ces moments-là. En me disant que, malgré la pauvreté dramatique de ma vie sentimentale auparavant, maintenant j’ai de la chance parce que je t’ai. Et qu’auprès de toi, tout change. Tu changes la donne, tu changes tout le côté tragique de ma vie personnelle et amoureuse rien qu’en étant là, avec moi. Lorsque mon heure sera venue, peu importe avec quelle force les mots hypocrites de SK me blesseront, parce qu’à la fin je sais que c’est le visage de mes proches que je verrais, et…

Dans l’élan de ce monologue fougueux, Narumi avait resserré son étreinte sur Wolfgang. Elle avait ignoré les larmes qui perlaient le long de ses joues tant elle était prise dans son propre flot de paroles.

Et je me remémorerais l’air serein de celui que j’aime, et à ce moment ça me confirmera une chose : J’ai tout gagné en te rencontrant, parce que tu transformes ma dépression et ma conception de l’amour en quelque chose d’agréable, d’admirable, d’intense, de sincère, de passionné qui me fait sentir… vivante, aimée… Enfin. Après tout ce temps, mon coeur a trouvé sa place.

La guerrière soupira pour faire partir toutes les mauvaises pensées instillées par le fait qu’elle avait fréquenté SK si longtemps, et faire s’en aller le fait que ce dernier n’avait fait que se putréfier la conception de l’amour que la louve avait. Aujourd’hui, tout changeait. Ce soir, tout se métamorphosait. Le contact divin de Wolfgang la rendait meilleure. Il rendait absolument tout plus savoureux, plus brillant, plus exquis et plaisant. Alors ses anciens souvenirs, reflet d’une maigre “relation de couple” avec SK disparurent de ses douleurs. Il ne restait rien d’autres que ces souvenirs gâtés de ces instants qui ne signifiaient plus rien pour la mère de ses enfants, à ce père indifférent et indigne.

Je tiens à te l’offrir…mon coeur. Je le sais au plus profond de mes tripes qu’il ne pourrait être en meilleure compagnie qu’avec toi.

Cette dernière se mit enfin à sourire. Un sourire soulagé, heureux. Faut-il vraiment trouver plus d’artifices pour le dépeindre ? Je ne crois pas. La sincérité de la chose parle pour elle.

Je t’aime aussi Wolfgang.” Affirmait-elle en le dévorant du regard. “Mon bonheur est auprès de toi, ça ne fait pas l’ombre d’un doute.

À cet instant précis, il aurait probablement été de bon ton de l’embrasser. Ils n’avaient jamais rien fait de tel alors que l’attirance entre-eux étaient indéniablement puissante. Mais Narumi ne franchit pas le pas. Non, c’était devenu sacré le moindre petit geste qu’elle pouvait partager avec lui, c’était ses petits trésors qu’elle chérissait. Alors la louve voulait croquer à pleine dents ces instants précieux, prendre son temps. L’attente est délicieuse, c’est un fait. Et de toute façon, ont-ils vraiment besoin de s’exprimer sur le plan physique, au final ?

Cette dernière lui prit la main après quelques secondes à l’admirer et à s’échanger regards et sourires conquis, comme n’importe quel couple lambda le ferait. Tout simplement, la louve reprenait la marche à ses côtés. Insouciante et ENFIN réellement heureuse.
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MessageSujet: Re: The big bad wolf [PV]   The big bad wolf [PV] - Page 2 ClockSam 7 Mar 2020 - 17:15
Le Loup n'avait pas su fournir une réponse claire à la question de Narumi à propos de s'il considérait qu'ils étaient en couple ou non, d'une part parce qu'il ne savait pas répondre à cette question, d'autre part parce qu'il estimait que la décision ne revenait pas qu'à lui. Il ne pouvait décider de quoique ce soit de manière unilatérale lorsque ça les concernait tous les deux. Alors, en guise de réponse, il lui avait simplement déclaré sa flamme. Enfin, cela faisait office de déclaration, mais ce n'en était pourtant pas véritablement une. Après tout, Narumi n'avait rien appris de nouveau. Elle savait déjà ce que Wolfgang ressentait pour elle, sans qu'il n'eût eu à s'exprimer, grâce au lien empathique qui les unissait. Et cela faisait plusieurs heures qu'ils se tournaient autour et se cherchaient, comme deux chiens qui se reniflaient les fesses pour faire connaissance, n'avouant leurs sentiments respectifs qu'à demi-mots, sans chercher à aller jusqu'au bout. Mais il y a une grande différence entre savoir ce que l'autre ressent, et l'entendre exprimer ce qu'il ressent avec ses propres mots. Jusqu'à lors, le Loup n'avait fait que tourner autour du pot, sous-entendre, et s'interroger sur ses sentiments, comme s'il essayait de les refouler ou les nier, ou comme s'il était incapable d'y croire et de les accepter. Certes, il avait dit, bien plus tôt, à Narumi qu'il n'avait jamais aimé personne avant elle ; mais il n'avait encore jamais véritablement dit qu'il l'aimait, il était toujours passé par des négations et des incertitudes lorsqu'il avait exprimé ce qu'il ressentait.

Alors lorsqu'il avait véritablement dit à Narumi qu'il savait qu'il l'aimait, sans détour, sans aucun doute possible, cela avait véritablement été une déclaration. Car même si Narumi le savait déjà en ayant pu lire dans son coeur, le fait que Wolfgang s'exprime de cette manière prouvait qu'il avait fini par accepter ses sentiments, il ne cherchait plus à s'interroger dessus, à douter ou à les nier. C'était un véritable aveu, une expression de ses sentiments les plus sincères à l'égard de la louve. Il avait prouvé qu'il n'avait plus d'incertitudes à propos de ses sentiments, toutefois, il demeurait encore quelques incertitudes à propos de ce que Narumi ressentait les choses, de sa propre conception de l'amour après tout le mal que SK lui avait fait, raison pour laquelle il lui avait posé toutes ces questions.

Wolfgang sentait son estomac noué et son cœur compressé, une angoisse presque à la hauteur de celle qu'il ressentait à proximité des flammes s'était emparée de son corps, sans doute était-ce en réponse à l'incendie qui s'était déclenché dans son cœur. Il avait peur des réponses de Narumi, peur de les connaître déjà et qu'elles soient négatives. Il craignait être rejeté de nouveau, mais cette fois par celle qu'il aimait bien au-delà de toute chose. Car, oui, peut-être qu'après ce qu'elle avait vécu avec SK, Narumi n'était plus capable d'aimer réellement, tout du moins pas avec la même intensité que ce qu'elle avait éprouvé pour le démon aux plumes noires. Peut-être que ce roi était parvenu, tout simplement, à la dégoûter de l'amour, au point qu'elle ne voulût plus d'une relation de couple avec qui que ce soit. Il avait tant empoisonné le cœur de la louve durant des années, comment aurait-il pu en être autrement, après tout ? Et surtout, comment lui, le Loup, pouvait-il être en mesure de lui faire oublier SK et les moments de bonheur qu'ils avaient partagé, en seulement quelques heures ?
Bien sûr, Wolfgang n'en voudrait pas à Narumi si elle le rejetait. Il la comprendrait et l'accepterait, il ne chercherait pas à être insistant. Il serait, certes, davantage démoralisé, mais ce qui lui importait, c'était le bonheur de Narumi, au-delà même de son propre bonheur.
Et pour nourrir ses doutes, une voix, dans sa tête, n'avait de cesse de le rabaisser.

Cette voix provenait de la Bête des Ténèbres qui contrôlait son esprit, qui l'avait enfermé dans un monde de noirceur et de tourmentes depuis des lustres grâce à ses gardiens de la Solitude, du Désespoir, de la Haine et de la Souffrance. Deux d'entre eux avaient été vaincus, mais les maux les plus coriaces étaient toujours là, combattifs, faisant de leur mieux pour écraser son égo et lui bloquer l'accès au bonheur.
Le petit Loup, enchaîné, combattait toujours auprès du Loup-garou de lumière, dans ce monde dévasté où la guerre opposait l'obscurité à la lumière, le désespoir à l'espoir, la haine face à l'amour, la souffrance face au bonheur. La bataille faisait rage dans son esprit fragile et instable, et l'on arrivait à un instant crucial de ce combat fatidique. Par ses choix, par ses paroles, Narumi allait définitivement faire pencher la balance, d'un côté ou de l'autre, cela restait à définir.

La Bête drapée de nuages noirs avait avalé la Lune qui, seule, éclairait fébrilement les deux créatures lupines combattant vaillamment les forces obscures. Son dos argenté les foudroyait à travers le cosmos, faisant vaciller leurs existences au bord du chaos. Sa voix sombre et caverneuse résonnait à travers tout son esprit pour y répandre son venin néfaste.


"Tu ne seras jamais aimé, tout simplement parce que tu es incapable d'aimer qui que ce soit.
Tu n'es même pas capable de t'apprécier toi-même."


"Tu n'es qu'un misérable."


"Elle ne t'aimera jamais autant que SK."


"Tu ne seras jamais à la hauteur."


"Tu ne la rendras jamais heureuse."


"Elle finira par t'abandonner."


"Tu n'es rien."


"Tu te berces d'illusions, tes fébriles espoirs sont vains."


"Ta seule raison d'être est d'attiser la haine et de susciter la crainte."

La voix du Grand Méchant Loup qui résonnait dans sa tête amplifiait considérablement ses craintes et son angoisse en attendant la réponse de sa bien-aimée.

Les mains de la militaire s'agrippèrent à la chemise noire du solitaire. Ses pupilles se dilatèrent légèrement tandis que ses yeux s'ouvrirent un peu plus sous l'effet de la surprise.

La première partie du discours de Narumi avait pour objectif de lui faire comprendre qu'il n'avait pas besoin de se comparer à SK, de chercher à être meilleur que lui en ce qui concernait le fait de pouvoir la rendre heureuse. Il était vrai qu'après avoir entraperçu la sensation de bonheur que la louve avait pu avoir en la compagnie de l'homme qu'elle aimait autrefois, à travers l'un de ses souvenirs, Wolfgang émettait de grosses réserves sur le fait qu'il puisse lui faire ressentir cela.
Elle admit qu'il ne lui avait jamais apporté de réel bonheur, simplement une sorte d'illusion du bonheur en lui faisant croire ce qu'elle voulait entendre mais sans la moindre sincérité. Elle affirma que les sentiments qu'elle ressentait toujours pour lui était comme une malédiction et qu'elle le détestait plus qu'elle ne l'aimait.

A l'issue de ce premier monologue, les yeux de la louve se baignèrent de larmes, et ces larmes coulèrent le long de ses joues. Wolfgang écarquilla des yeux, tout comme elle, c'était la première fois qu'il la voyait pleurer véritablement, et cela le peina également. Dans un geste de réconfort, il posa ses mains sur les hanches de la générale aux cheveux mauves alors qu'elle reprit son discours.

Lorsqu'elle affirma qu'elle sentait qu'il était cette personne avec qui elle voulait construire quelque chose de stable et de plaisant, son cœur s'emballa de plus belle. Et lorsqu'elle lui dit qu'il la rendait vraiment heureuse, quelque chose se débloqua en lui.

La voix du Grand Méchant Loup s'était tue. C'était désormais le loup-garou de lumière qui s'exprimait, avec la voix et les mots de Narumi tels qu'elle les exprimait dans la réalité. Au fur et à mesure du discours, le loup, bien plus petit que sa taille normale et toujours enchaîné, grandissait au fur et à mesure alors que ses chaînes se desserraient et s'effritaient. L'immense cocon obscur dans lequel il était piégé était en train de se fissurer de partout, pour laisser entrevoir la lumière.

La Bête drapée de nuages noirs recracha la Lune, et la laissa les éclairer de nouveau par sa pâleur.
La Louve était une flamme divine. Sa présence électrifiait les lieux et, tel un candélabre, chassait l'obscurité par sa chaleureuse existence.
La Bête glissait sur ses pieds, reculant dans les Ténèbres tel un prophète du malheur né dans l'obscurité immortelle et qui, pourtant décroissait.


"Moi aussi je veux te rendre heureux. Je veux devenir meilleur à tes côtés."

Un rayon de lumière vive transperça la coquille noire et craquelée, et éclaircit le loup-garou spirituel.

"Avancer à tes côtés."

Un autre rayon de lumière vint perforer le cocon, apportant, tel un projecteur, la lumière sur le loup enchaîné, qui grandissait à vue d’œil telle la représentation de son égo qui reprenait confiance en lui au fur et à mesure des paroles rassurantes et édifiantes de Narumi.

"Bâtir des choses à tes côtés."

Un troisième et dernier rayon de lumière fragilisa une fois de plus la surface de cette prison infâme, pour aveugler la créature de l'obscurité à laquelle les deux loups porteurs d'espoir faisaient face.
Alors que le Loup grandissait, la Bête des Ténèbres, elle, devenait de plus en plus petite au fur et à mesure que la lumière s'étendait sur l'obscurité.
Les chaînes de la Haine et de la Souffrance explosèrent en morceaux, tout comme cette sombre chrysalide qui était en train de s'effondrer pour laisser place à un ciel ensoleillé.

Une larme coula le long de la joue de Wolfgang alors que les paroles de Narumi étaient en train de le frapper en plein cœur et de parachever sa transformation. Mais c'était une larme de joie. Jamais personne n'avait eu des paroles aussi affectueuses à son égard. Aux côtés de Narumi, il se sentait important, parce qu'elle lui donnait de l'importance. Sa vie prenait un nouveau sens. Il n'avait jamais été aussi heureux, même lorsque, jadis, il éprouvait un plaisir cruel à se jouer de ses victimes et à les dévorer, ce qu'il ressentait en cet instant était à des années-lumière de tout cela. Une joie incommensurable qui venait de balayer d'un simple souffle toute la souffrance qu'il avait ressentie ces derniers temps. Et en constatant que celle qu'il aimait et admirait au-delà du raisonnable lui portait autant d'estime, il parvenait à s'apprécier davantage. Ce n'était pas difficile à comprendre : puisque cette personne, qu'il admirait, respectait et adorait, était capable de l'aimer lui, alors, indirectement, à travers elle, il devenait également capable de s'apprécier, d'avoir une meilleure estime de lui-même. Ainsi, non seulement il pouvait ressentir de l'amour pour autrui, mais il était également parvenu à chasser cette haine de soi qu'il ressentait depuis si longtemps, il parvenait à s'accepter, car Narumi l'acceptait. Ainsi n'était-il plus entravé par les chaînes de la Souffrance et de la Haine. Ainsi n'était-il plus dompté par les ténèbres.


“Je t’aime aussi Wolfgang.”

Son esprit était désormais en paix. Les Ténèbres s'étaient dissipées. Le ciel était éclairci, bleu, la lumière chaleureuse du soleil se faisant sentir sur le visage des loups. Le décor spirituel avait changé, lui aussi. Ils se tenaient sur une magnifique pelouse verte, à l'orée de la forêt, à côté d'une maison isolée. C'était son monde, leur monde, un endroit paisible, rien qu'à eux, dans lequel, lorsque tout sera fini, ils pourraient passer le reste de leur existence, au calme, loin des conflits et des malheurs. Le loup-garou et le loup géant se métamorphosèrent pour prendre leurs apparences humaines, celles de Narumi et de Wolfgang, se tenant main dans la main.
En face d'eux, debout et sur ses gardes, se trouvait une silhouette de loup formée de vapeur noire, sans véritable consistance matérielle. Deux yeux rouges luisaient dans son visage gazeux.


"Vous avez gagné, cette fois-ci.
Je repars là d'où je viens, dans les abysses de ton douloureux passé.
Mais souviens-toi d'une chose, Wolfgang.
Lorsque Narumi laissera en toi un vide béant, et que tu seras accablé par le malheur...
Je serai là pour combler ce vide, avec toute ma Souffrance, ma Haine, mon Désespoir et ma Solitude.
Car ce sont ces sentiments qui t'ont créé.
Ils représentent la raison même de ton existence.
Tu es le Grand Méchant Loup.
Et tu le resteras à jamais, au plus profond de ton âme, quoique tu fasses pour le refouler."


Puis il s'évapora et disparut, emportant avec lui les émotions négatives qui entravaient le Loup depuis des années.

Le Loup n'avait pas encore achevé son évolution, mais il venait peut-être de franchir son étape la plus importante. Il était sorti de la chrysalide dans laquelle il était vulnérable, et était désormais devenu un papillon. Mais il lui restait encore à apprendre à s'envoler sans se brûler les ailes, et à survivre dans un monde aux multiples dangers.

Ce qu'il fallait bien comprendre, c'est que ce n'était pas par la rencontre avec Narumi que son évolution avait commencé. En réalité, son évolution avait débuté des années plus tôt, à partir du moment où, dans son monde d'origine, il avait tenté de faire la paix avec les autres personnages. Face à cet échec, il avait quitté son monde pour venir vivre dans celui-ci. Il s'était fait passer pour un humain, et avait été obligé, dans un premier temps, d'apprendre à maîtriser ce corps bipède. L'apprentissage des arts martiaux l'avait grandement aidé à contrôler son corps humain, il y avait notamment appris la Technique du Loup, aussi appelé Rôga Fû Fû Ken, auprès d'un grand maître. Puis, sa vie au sein de la société humaine avait permis à son humanité de voir le jour. Certes, il y avait eu des échecs, il avait parfois perdu le contrôle, s'adonnant à la colère et à la violence, tuant sans le vouloir. C'était d'ailleurs ce qui l'avait poussé à vivre de nouveau reclus. Mais sans ces tentatives de se faire passer pour un humain, sans la création de son identité de Wolfgang Wolfwood, il n'aurait jamais pu aller au bout de son évolution.

Suite à ces échecs et à ses doutes quand à sa capacité réelle de pouvoir changer, puis, surtout, suite au massacre de la meute de loups qui l'avait adopté, il avait chuté dans une période de dépression où il s'était laissé avaler par les Ténèbres, comme s'il avait bâti un cocon d'obscurité autour de lui pour se protéger du monde extérieur.

Sa rencontre avec Narumi avait été la clé pour qu'il s'évade de ces ténèbres. Mais elle représentait aussi un élément essentiel pour qu'il pût achever son évolution. L'amour, le fait de pouvoir aimer et être aimé en retour, pour ce qu'il était, voilà sans doute ce qui lui avait toujours manqué dans sa vie pour faire de lui un être nouveau et rayonnant. Dés lors qu'il avait tiré un trait sur son passé, il pouvait enfin aller de l'avant aux côtés de sa compagne, et embrasser sa nouvelle vie à bras ouvert.

Mais le Grand Méchant Loup l'avait mis en garde. Il avait été vaincu, mais pas définitivement anéanti. Et il comptait bien revenir au moment où le Loup serait le plus vulnérable. Cette partie sombre de lui-même restait persuadée de la légitimité de son existence. Pour lui, il était l'Original, sa raison d'être, son lui initial, tandis que la personnalité humaine de Wolfgang/Personne n'était qu'une hérésie, une phase passagère, une petite crise identitaire temporaire. Se débarrasser de cette partie sombre, une bonne fois pour toutes, serait la phase finale de son évolution, mais il faudrait bien plus que le pouvoir de l'amour pour cela. Il faudrait, certainement, un autre miracle, pour que sa partie sombre disparaisse à tout jamais.

Après le discours de la fille d'Oméga, le Loup se sentait soulagé. Pour la première fois, il se sentait aimé. Mais il se sentait également important aux yeux de quelqu'un, et cela avait grandement redoré l'estime qu'il avait de lui-même. Il se sentait bien, tout simplement, comme s'il avait abandonné derrière lui tous ses soucis. Il voyait enfin la lumière, et il ne pouvait que profiter de cet instant présent, sans chercher à s'interroger davantage et sans penser à l'avenir ni au passé. Elle avait raison. Seul le présent comptait, il fallait profiter du bonheur pendant qu'il était encore accessible, à portée de mains. Profiter de chaque instant à ses côtés comme s'il s'agissait des derniers, pour ne pas avoir de regrets. Sans doute allait-il passer la plus belle période de sa vie, aussi éphémère soit-elle. On ne savait pas de quoi les lendemains étaient faits, alors il fallait profiter de l'instant présent comme si c'était le dernier.

Durant plusieurs secondes, ils s'échangèrent un regard doux et aimant, se dévorant mutuellement comme deux loups affamés. Wolfgang ne savait pas vraiment s'il devait l'embrasser ou non. En fait, il ne savait même pas véritablement comment embrasser "comme un humain", puisqu'il ne l'avait jamais fait, et que ce n'était pas son corps naturel. Il avait lu des choses, il avait déjà regardé des films pour pouvoir être plus convaincant dans son rôle d'humain, mais il n'avait jamais embrassé... Et il y avait toujours une grande différence entre lire, voir, et faire les choses. Il ne savait pas comment s'y prendre. Après avoir côtoyé SK qui devait être un expert en matière de séduction, Narumi allait subir un grand changement en côtoyant le Grand Méchant Loup, puisqu'elle passait de quelqu'un de très expérimenté en matière de relations affectueuses à quelqu'un qui n'avait pas la moindre expérience là-dedans, et qui, de surcroît, n'était pas familier avec le point de vue "humain" de ces relations, puisque agir comme un être humain n'était pas du tout naturel pour lui. Il ne faisait aucun doute que la louve allait devoir le guider sur chaque aspect d'une vie de couple pour qu'il soit plus à l'aise.
Comme ses mains étaient toujours posées sur les hanches de la dame aux yeux jaunes, il se contenta de la tirer légèrement vers lui, pour la serrer contre son torse tout en posant ses mains dans le dos de Narumi afin de l'enlacer. Puis il déposa un délicat baiser sur le haut de sa tête ornée de cheveux mauves, cela lui paraissait moins embarrassant que de s'essayer maintenant à un baiser "d'amoureux". Il déposa ensuite son menton sur le sommet du crâne de Narumi en la serrant contre lui, puisqu'il faisait facilement une tête de plus qu'elle.


"Alors nous resterons ensemble. En couple. Jusqu'à la fin de l'histoire."
finit-il par répondre.

Après avoir profité d'un moment de tranquillité ensemble, pour récupérer comme il se devait de toutes ces émotions intenses qu'ils se faisaient ressentir mutuellement, elle se détacha de lui, le prit par la main, et ils reprirent la route.

Ils avaient l'impression de se balader sur un petit nuage, leurs soucis semblaient à mille lieux d'ici. Cela faisait tellement de bien de pouvoir oublier son mal-être et ses malheurs durant quelques instants, aux côtés de la personne que l'on aime, et de voir, enfin, la vie du bon côté.

Ils arrivèrent, après quelques minutes de marche, devant le bar la Renaissance. Devant l'entrée, certaines personnes étaient en train de décuver et de vomir sur le trottoir après une nuit pleine de festivités. Wolfgang grimaça un peu, et invita sa compagne à s'éloigner de quelques mètres pour s'éloigner des odeurs répugnantes. Il leva la tête vers le ciel : l'aube se levait et le ciel arborait des couleurs dans les tons mauves et roses.

Soudain, un puissant vrombissement de moteur se fit entendre au loin, et qui se rapprochait rapidement. Un bolide apparut au bout de l'avenue, et arriva à vive allure, roulant bien au-dessus de la vitesse réglementaire, avant de déraper en freinant. La voiture tourna à 90° degré en faisant crisser ses pneus, et glissa le long de la route jusqu'à s'arrêter pile poil devant Narumi et Wolfgang, ce dernier étant resté immobile mais avec un air désapprobateur peint sur le visage.

Il s'agissait d'une voiture de sport décapotable et de couleur rouge vif, avec deux places à l'arrière.
Un homme aux longs cheveux de feu, vêtu d'une chemise blanche, d'une veste noire et d'un pantalon de costume de la même couleur, se trouvait au volant.


Spoiler:

Il coupa le contact et passa par dessus la portière de la voiture pour s'en éjecter avant de se tourner vers le couple. Un large sourire égaya son beau visage tandis qu'il écarta les bras sur les côtés tout en s'approchant d'eux, et s'exclama avec enthousiasme :

"Wolfiiiiiiiie !!!"

Il avait l'air d'un homme tout-à-fait charmant, vêtu de façon très respectable, il présentait bien et avait des allures très amicales.
S'approchant de Wolfgang, il tenta de lui faire une accolade pour le saluer comme un vieil ami, mais Wolfwood le repoussa légèrement d'un geste de la main après avoir lâché celle de Narumi.

Puis, l'homme aux longs cheveux roux se tourna vers la femme aux cheveux mauves et feint une expression de stupeur.


"Ça alors ! Mais vous êtes Narumi Karusaki, générale en chef de l'armée terrienne ! Quel honneur de vous rencontrer ! Permettez-moi de me présenter, Fox Firecoat, aussi connu sous le nom de Maître Renard, avocat du barreau de Satan City, et homme à tout faire à mes heures perdues."
affirma t-il en faisant une révérence polie devant Narumi.

Il tenta de lui prendre la main pour lui faire le baise-main comme si elle était issue de la noblesse. Wolfgang ne réagit pas, il laissa sa compagne réagir comme elle l'entendait, peut-être que ça serait par un coup de poing dans la figure comme elle aimait le faire, ou peut-être qu'elle ne ferait rien.

Quoiqu'il en fût, le Renard tourna de nouveau la tête vers Wolfgang.


"Ça fait une paye, Wolfie ! J'ai bien cru que je ne te reverrai jamais ! Ha ha !"

"Comment m'as-tu retrouvé ?" demanda Wolfgang d'un air sérieux, fixant toujours Fox avec méfiance.

"Oh, et bien, figure-toi que quand un loup géant et un loup-garou se baladent en tête d'un cortège d'animaux sauvages de toutes sortes au beau milieu d'un village, ça ne passe pas inaperçu ! Quand j'ai entendu parler d'un loup gigantesque, j'ai tout de suite su que c'était toi. Je me suis rendu sur place illico, mais tu avais déjà disparu. Fort heureusement, vous deux n'êtes pas les seuls à posséder un bon odorat." affirma t-il en pointant le bout de son nez de son index.

"Je vous ai pistés à la trace jusqu'à cet hôtel. Je ne voulais pas interrompre vos affaires de quelque nature que ce soit, alors j'ai préféré te faire passer un petit mot." affirma t-il toujours amicalement.

Cela faisait sens. Fox avait toujours su tisser des liens assez facilement, même dans ce monde-ci, il était parvenu à se faire un bon nombre de relations, notamment via sa carrière d'avocat qui lui permettait de fréquenter des gens puissants, parfois peu recommandables, mais qui pouvaient être de grandes sources d'informations. Après la guerre, il avait sans doute perdu beaucoup de ses relations, mais il devait lui en rester suffisamment pour se tenir informé des choses les plus importantes, et ce assez rapidement. En outre, Fox était spécialiste pour rendre toutes sortes de services, et se faire payer ensuite. Il récoltait ainsi toutes sortes de dettes au fil du temps, et gardait bien dans un coin de sa tête tous ceux qui lui devaient quelque chose. Cela lui permettait de demander des services en guise de paiement de dettes à ceux qu'il avait aidés par le passé, au moment où il en avait le plus besoin. Et si, par malheur, on refusait de s'acquitter de sa dette, le Renard s'arrangeait pour qu'on le regrette et que l'on soit contraint de payer un jour ou l'autre. Mais il n'était pas un monstre, il laissait généralement une seconde chance à ceux qui ne pouvaient s'acquitter dés sa première demande. Par contre, si les refus se répétaient, les choses devenaient plus compliquées, et il devenait plus sévère. Mais il ne faisait pratiquement jamais les choses lui-même, il s'arrangeait toujours pour que le sale boulot soit fait par d'autres en prenant soin d'effacer les traces qui pourraient le compromettre. C'était pour ce genre de choses que l'on voyait toute l'utilité d'avoir des connaissances avec l'univers mafieux. Car Fox, dans son métier d'avocat, défendait essentiellement ceux qui pourraient lui apporter de grandes choses en retour, donc souvent les gros poissons.


"Qu'est-ce que tu me veux ?" enchaîna Wolfgang.

"Wouah, t'es dur, l'ami ! Qu'est-ce qui te fait croire que j'attends forcément quelque chose de toi ? Ne penses-tu pas que j'ai pu simplement vouloir prendre des nouvelles d'un vieil ami ?" rétorqua le roux avec étonnement.

Le Loup plissa légèrement des yeux. Quelques secondes de silence suivirent. Puis Firecoat finit par sourire en laissant s'échapper un petit rire, et reprit :


"Ha ha ! Je plaisante ! Bien sûr que j'ai besoin de toi ! Enfin, il ne s'agit pas vraiment de moi, mais plutôt de notre Pays, si tu vois ce que je veux dire..."

Il lança un bref regard à Narumi avant de revenir sur Wolfgang.

"Hm, pourrait-on discuter en privé ?"

Normalement, le Pays des Contes était censé être un lieu secret, ils n'étaient pas supposés crier sur tous les toits qu'ils provenaient d'un lieu imaginaire et qu'ils étaient des personnages de contes, contes qui existaient réellement dans ce monde-ci.

Wolfgang répondit aussitôt :


"Narumi sait déjà tout à propos de moi. Tu peux y aller."

"TOUT ?!" s'exclama Fox, visiblement très étonné, les yeux écarquillés.

Il se tourna alors vers la louve.


"Vous savez donc que nous sommes les meilleurs amis du monde ! Aaah, on a partagé tant de choses, Wolfie et moi !" s'exclama t-il en mettant son bras autour du cou de Wolfwood d'un air amical.

Ce dernier le dégagea d'un geste brusque, visiblement irrité par le comportement du Renard.


"Tu peux en venir au fait ?" demanda t-il sans masquer sa pointe d'agacement.  

L'avocat s'approcha d'eux, regarda autour de lui pour vérifier que personne ne les écoutait, puis parla à voix plus basse.


"Comme je te le disais, c'est à propos du Pays des Contes. Après les bombes, j'ai décidé d'y retourner. Et, ce n'est pas très joyeux là-bas non plus. Pour tout te dire, les choses ont empiré après ton départ. Tu as laissé un poste de Grand Méchant vacant, et, crois-moi, ça s'est bousculé pour prendre ta place. Plusieurs Méchants se sont livrés bataille pour profiter de tout ce territoire que tu as laissé derrière toi. Mais, finalement, c'est la Reine Maléfique qui en a le plus profité, en plaçant son plus puissant pion. On l'appelle le Grand Méchant Dragon, et il est bien plus craint que tu ne l'étais. Il est totalement manipulé par la Reine, qui l'utilise pour asseoir son pouvoir sur l'intégralité des Royaumes Enchantés. Les Ténèbres ont envahi la quasi-totalité du Pays des Contes. Tout le monde vit dans la terreur et dans la misère, plus rien n'est comme avant."

"En quoi c'est mon problème ? J'ai quitté le Pays Imaginaire il y a des années, jamais je n'y retournerai. Je n'y ai plus ma place."

"Justement, si ! Ma théorie est que ton départ a causé un déséquilibre des forces entre le bien et le mal. Ta présence, en tant que Grand Méchant Loup, empêchait les autres Méchants d'obtenir davantage d'importance et de pouvoir. Mais ton absence a permis à la Reine Maléfique de devenir bien plus puissante. En d'autres termes, elle a pris la place qui te revenait de droit, tout en conservant la sienne, et maintenant, plus aucun Méchant ni Héros n'est capable de lui tenir tête, son Grand Méchant Dragon détruit tout sur son passage et tous les personnages deviennent ses esclaves. Il faut à tout prix l'arrêter !"

"Tout cela est derrière moi, désormais. Je ne suis plus le Grand Méchant Loup, et ces histoires ne me concernent plus. Si la vie est devenue insupportable là-bas, tu ferais mieux de faire comme moi : oublier ce Pays, et vivre ta nouvelle vie ici. Repartir de zéro."

"Sauf qu'ici, ce n'est pas ma maison. Et ce n'est pas la tienne non plus. Nous n'appartenons pas à ce monde, GML ! Notre place, elle est là-bas, au Pays des Contes et des Fables, avec tous les autres personnages. Ici, c'est juste un camp de vacances !"

Il se tourna vers Narumi et ajouta avec un sourire :

"Sans vouloir vous manquer de respect, bien sûr !"

"Je n'y retournerai jamais, ma place est ici désormais."

"T'es vraiment une sacré tête de mule ! Mais pense à ce que tu pourrais accomplir, toutes les grandes choses que tu pourrais faire là-bas ! Si tu affrontes la Reine Maléfique et que tu sauves les villageois et les Héros, tu deviendras toi-même un Héros, les gens t'acclameront ! N'est-ce pas ce que tu souhaites depuis des années ? Ne voulais-tu pas te racheter auprès d'eux ? Tu en as désormais la possibilité ! Tu peux libérer les Royaumes Enchantés, devenir leur sauveur ! Après cela, ils t'accepteront, ils t'aduleront même, tous tes crimes te seront pardonnés. N'est-ce pas là la chance de ta vie ?"

Wolfgang soupira.

"J'en sais rien."

Puis il tourna la tête vers Narumi avant de lui demander :

"Qu'est-ce que tu en penses, Narumi ? Devrions-nous y aller ?"
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MessageSujet: Re: The big bad wolf [PV]   The big bad wolf [PV] - Page 2 ClockMar 10 Mar 2020 - 13:39
Le flot de sentiments qui les gagnèrent ce soir-là ne les quittèrent plus à l’avenir. Lorsqu’ils échangeraient le moindre regard, ils se remémoreraient alors ce qu’ils avaient osé s'avouer en cette soirée singulière. Narumi n’avait jamais eu un échange sentimental aussi profond et sincère avec qui que ce soit. La seule personne avec laquelle elle avait été aussi vite proche également était Tentra. C'était une drôle de coïncidence d’ailleurs : toutes ces années dans une illusion d’amour et d’honnêteté, et en l’espace de quelques mois elle rencontrait deux hommes incroyables avec qui elle avait tout de suite noué des liens extrêmement puissants. 
Elle avait sentit le bouleversement au fond de lui. La noirceur qui s’en était allée mais, qui en réalité le guettait tapis dans les ombres les plus profondes de son être. Cela l’inquiétait, la louve ne pouvait pas faire semblant que ce n’était pas le cas. Mais cette dernière avait bon espoir qu’il arrive à s’endurcir et à s’adonner entièrement au positif avant… avant qu’elle ne connaisse le trépas. Il devait devenir un élément de lumière, une véritable force de la nature, il en était capable et c’était là, aux yeux de l’alpha, la vraie essence de Wolfgang.

Être ensemble. En couple, jusqu’au bout. Voilà des paroles qui dessinèrent un large sourire sur le visage de Narumi, dévoilant ses mignonnes petites canines. Bien que les larmes souillaient ses joues, elles n’étaient que joie. C’était agréable, pour une fois et ce, surtout en ces temps troublés, que de pouvoir pleurer de manière… agréable. Limite, Narumi avait honte de ressentir cela alors que c’était encore la panique et le désarroi pour son peuple. Mais d’un autre côté, c’est aussi ce genre de moments emplit d’amour et d’espoir qui justement, nous galvanisent pour tenir et faire rempart. Ils sont très importants pour chaque individu, et il faut s’y accrocher, à ces souvenirs-là, par-delà toutes les atrocités que l’on peut vivre au quotidien. 

Ils échangèrent une accolade et il l’embrassa doucereusement sur le crâne. Il n’y avait nul besoin de plus que cela, c’était la dose parfaite d’amour et de compréhension mutuelle. Narumi ne ressentait pas ce besoin de se donner à l’autre comme elle y était contrainte sans s’en rendre compte avec SK, puisqu’il la manipulait sentimentalement parlant. En effet, c’était un peu “obligatoire” qu’elle passe à la casserole dès qu’il venait la voir en privé. Ce n’était pas pour autant que Seishiro avait tout les torts : Narumi l’aimait et le désirait, peu importe que ce comportement amoureux ai été instillé en la militaire tel un poison par SK. Cela avait fonctionné et, après tout, c’était aussi un peu de sa faute à elle que de ne pas se battre contre ses propres émotions. De ne pas ouvrir les yeux plus tôt. Bref, il était primordial de souligner qu’à l’heure actuelle, la louve se sentait aimé. Réellement. Et ça, ça n’avait rien d’anodin. 

Silencieusement mais le coeur rempli à rabord d’émotions plaisantes, les deux individus s’étaient dirigé vers le bar de La Renaissance. Au lieu d’afficher une mine dégoûtée en voyant les gens décuver en vomissant à la sortie de cet endroit, Narumi gloussa gentiment, habituée à voir ce genre de choses. Ils s’écartèrent cependant et, quelques secondes plus tard, un véritable bolide se fit remarquer. Les deux loups restèrent immobiles et passif, n’ayant pas de crainte face à cette voiture digne d’un circuit de course qui leur fonça dessus pour s’arrêter à un poil près juste en face d’eux. Ceci dit, Narumi fronçait les sourcils. Elle avait même remonté les manches de sa veste, prête à filer une rouste à l’abrutis qui roulait de la sorte.

Un homme séduisant venait de sortir de la voiture. L’on voyait tout de suite qu’il était quelqu’un facile d’accès, amical et sociable. Sa posture le démontrait, son expression faciale également. Par contre, l’odeur sur lui était… spéciale, étrange… Il sentait une sorte de… doute. Peut-être un peu de peur, distillée et masquée… mais il y avait quelque chose de bizarre avec lui. De toute façon, Narumi croyait en son compagnon et ce dernier lui avait dit de ne pas faire confiance au renard, alors il allait être bien servi celui-là. Déjà qu’il s’était fait repoussé par LGML, qui visiblement ne pouvait pas blairer ses manières un peu trop intimes avec lui.

Tout d’un coup, le concerné se retourna vers la louve afin de la saluer à son tour. Il se présenta et fit une révérence. La louve mima le même geste respectueux. Puis ce dernier prit sa main dans la sienne afin de la lui baiser. Celle-ci sera tout d’un coup très fortement, sans y aller progressivement, la main du Renard pour la broyer. De ce même geste, elle le tira vers lui et lui colla une gifle monumentale de son autre main qu’il n’était pas prêt d’oublier.

Maître Renard, si vous étiez avisé vous ne rouleriez pas si vite dans nos rues ! Vous savez combien de personnes meurent à cause des imbéciles comme vous qui pensent maîtriser leurs véhicules ? Pensez à nos concitoyens plutôt qu’à votre allure, et peut-être que je vous accorderais mon respect.

Celle-ci lui lâcha subitement la main et le laissa reprendre ses esprits. C’était un gentleman et elle venait de l’insulter. Peut-être allait-il commettre un faux pas à cause de cela à l’avenir. Les types aussi classieux que lui ne supportent pas, en général, de se faire humilier, même s’ils ont tort. Cette dernière en avait vu plus d’un de malade qui se voulait être, de base, gentilhomme, et qui se faisait remettre à sa place. Puis, à cause de ce fait, cette personne perdait sa contenance et prévoyait le pire pour celui qui avait osé lui faire cela. Nous verrons donc bien si ce serait également le cas avec le rouquin.

Ce dernier se contenta de passer à autre chose et il valait mieux pour lui. Il avoua les avoir retrouvé grâce au cortège de la Chasse Sauvage et les avoir suivi ensuite. Wolfgang savait pertinemment qu’il ne l’avait pas contacté juste pour lui passer le bonjour. L’avocat désirait quelque chose de lui. Ce dernier prit un air faussement offusqué dans un premier temps, puis avoua également qu’il souhaitait en effet s’entretenir avec LGML en privé. Il ne reçut qu’un regard dur et ferme de la part de Narumi lorsque le Renard la regarda. D’ailleurs, son partenaire loup clarifia les choses en lui disant qu’il avait déjà tout dévoilé à sa compagne.

Le Renard ne perdit donc pas un instant pour affirmer qu’ils étaient les meilleurs amis du monde et que, par conséquent, Narumi devait forcément le savoir vu que Wolfgang lui avait tout raconté. Cette dernière rétorqua alors ceci :

Je sais surtout que vous êtes un profiteur et que je ne compte pas vous faire confiance facilement.

L’accueil était aussi froid que son allure, malheureusement pour le Renard qui lui était bien accueillant. Mais aux yeux de la louve, cela n’était que pour mieux les emplumés par la suite. Il ressemblait bien trop à SK dans ses manières. Les bons mots, les bonnes tournures de phrases, les gestes agréables, le beau sourire, le côté tactile avec les autres… Mon Dieu-loup que cela la dégoûtait !

Celle-ci sortit son pod militaire entre temps et chercha dans la base de recherche des informations sur cet individu. En effet, il était déjà très connu. Il défendait des personnes blindées et aux moeurs… douteuses. Mais il y arrivait, c’était ça le pire. 

Le rouquin expliqua par la suite que la situation dans le Pays des Contes était… catastrophique, en faite. Au moins autant que ce qui s’était passé sur Terre, sauf qu’ici on se reconstruisait progressivement, alors que là-bas ils étaient plongé dans les ténèbres. Apparemment c’était la Reine Maléfique qui tenait les rennes, et son plus puissant bras droit avait pour rôle de faire respecter son règne. Un dragon… Narumi se dit qu’elle n’en avait jamais vu de vrai, à part dans les histoires justement. Certes cela existait sans nul doute dans l’univers, mais de ses propres yeux jamais celle-ci n’avait eu la chance - ou malchance !- de tomber sur l’un d’eux. Ils avaient l’air extrêmement résistant, et donc dur à vaincre.

La situation semblait tout à fait désespérée dans le monde d’origine des deux gaillards. La louve fut prise d’une vague de compassion pour ce peuple étranger. Même s’ils étaient probablement des furoncles arriérés pour une majorité - ceux qui avaient refusé la paix avec le loup, bien que ce fut compréhensible quelque-part, Narumi ne pouvait s’empêcher de prendre sa défense, car elle ne savait que trop bien ce que les cycles de haine étaient - celle-ci se disait tout de même que ce n’était pas pensable de les laisser à leur sort, bien que son ami semblait ne pas vouloir leur venir en aide.

Narumi haussa un sourcil lorsque le Renard affirma que ce monde-ci n’était qu’un camp de vacances et que jamais ils n’y seraient comme chez eux. Cette dernière commença à s’imaginer un sombre scénario dans ses pensées, et les plates excuses de l’avocat la laissèrent stoïque. Le loup ne pensait pas comme lui, heureusement. Le Renard plaida sa cause en tentant de charmer son homologue avec des visions héroïques de la chose, ce qui certes constituait un argument. Ne plus être le grand méchant loup, mais le grand bon loup, ça changerait la donne. Ceci dit, Wolfgang n’était pas convaincu et de ce fait, il se tourna vers son acolyte louve pour lui demander son avis.

Cette dernière jeta un regard à son ami, puis au Renard.

Il y a quand même quelque chose qui me chiffonne. - D'ailleurs, tutoyons-nous, ça sera mieux puisque visiblement tu vas nous accompagner un moment. Tu ne veux pas rester pour toujours ici, Renard. Et tu n’as pas voulu rester dans le Pays des Contes quand Wolfgang en est partie pour ne pas devenir le bouc émissaire… Tu sembles chercher la sympathie de tout le monde. Tu as l’air de jouer sur tous les tableaux. Alors qu’est-ce qui nous prouve que ce n’est pas justement la Reine Maléfique qui t’envoie ?” 

Cette accusation laissa un blanc de quelques secondes entre les protagonistes. La louve croisa les bras d’un air suspicieux et poursuivit :

C’est vrai, si cette femme a les pleins pouvoirs dans votre monde d’origine, alors elle peut te donner accès à ce que tu désires. Peut-être qu’elle t’a demandé de lui ramener le Grand Méchant Loup parce qu’elle veut soit finir par le rallier à sa cause, soit le détruire afin d’éradiquer visiblement la seule personne qui peut la combattre. Et en échange, elle te glorifiera Renard et te fera de toi un petit roi dans le monde auquel tu dis vraiment appartenir. Tu n’as pas l’air de tenir à grand chose à part à tes propres intérêts, tu ne défends que des personnes véreuses ici. Pourquoi le sort des habitants du Pays des Contes te ferait réellement quelque chose ?

Après avoir avancer ses accusations, la louve écoutait patiemment le rythme cardiaque de l’accusé. Ses sens s’activaient tous en réalité pour constater si des émotions en particulier émargeaient de ce dernier. 

Celle-ci se tourna vers Wolfgang et posa une main sur son épaule.

Ceci dit, je pense qu’il faut venir en aide à ces personnes. La rédemption existe, et au delà de le prouver aux habitants de ton monde, c’est toi-même que tu dois convaincre. De plus, l’on pourrait montrer l’exemple. Comment être quelqu’un de bien, de meilleur que ces gens qui assiègent ton monde par la tyrannie. Il semble que dans chaque monde c’est toujours un cercle infernal : la paix arrive plusieurs années, puis il y a toujours une personne qui a des ambitions monstres et qui use de tous les moyens pour parvenir à ses fins en se trouvant lui-même des excuses afin d’alléger ses actes. Mais si nous avons les moyens de briser le règne de cette personne, nous devons le faire.

La louve le regardait d’un air confiant. Sa compassion ressortait également en cet instant, pour autant elle n’était pas aveuglée par celle-ci. Bien entendu qu’elle voulait aider, mais elle n’était pas inconsciente pour autant. Il leur faudrait évaluer les dégâts dans le Pays des Contes, comprendre comment s’y prendre pour vaincre le Grand Méchant Dragon et atteindre la Reine Maléfique… Tout en gardant un oeil sur le Renard.

Tu dois venir avec nous. Tu pourrais nous servir d’appât pour attirer le Grand Méchant Dragon, puisque tu sembles le connaître… au moins de réputation.
Dit-elle en jetant un regard dénué de moquerie à l’égard du rouquin. Narumi ne l’avait pas dit sur un ton ironique ou quoi que ce soit, elle était belle et bien sérieuse !
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MessageSujet: Re: The big bad wolf [PV]   The big bad wolf [PV] - Page 2 ClockMer 11 Mar 2020 - 22:32
Le Renard Rusé


Le Renard conserva un large sourire jusqu'aux oreilles, les dents serrées, lorsque la louve broya sa main droite, faisant mine que cela ne l'affectait pas. Lorsqu'elle lui administra une gifle, il recula de quelques pas, son sourire disparut soudainement, mais il en esquissa aussitôt un autre plus fin. Il se malaxa la joue avec sa main indemne, tout en agitant les doigts de son autre main pour les dégourdir.

"Vous êtes, assurément, aussi délicate que le laisse à penser votre réputation !" s'exclama t-il en conservant ce fin sourire narquois.

Sans doute était-il blessé dans son égo... mais il ne laissait rien entrevoir d'une telle blessure, et changea simplement de sujet.

Lorsqu'il affirma que si Wolfgang avait tout dit à la générale, alors elle devait savoir qu'ils étaient les meilleurs amis - il avait bien entendu dit cela sur un ton plaisantin, mais il y avait tout de même un fond de vérité dans ses paroles - elle rétorqua qu'elle savait qu'il était un profiteur et n'allait pas lui faire confiance.
Il prit, de nouveau, un air faussement offusqué, avant de se tourner vers son vieil ami ténébreux.


"Mais que diable as-tu bien pu lui dire pour qu'elle ait une si piètre opinion de moi ?" lui lança t-il sur un air de reproches.

Le Loup semblait l'avoir fait passer pour la pire ordure du monde. Et pourtant, Fox était bien loin d'être aussi méchant que son compère Loup. Il n'avait jamais tué personne, pour commencer, en dehors des proies comme des poules et des lapins par exemple, pour se nourrir. Tout ce qu'il faisait, c'était offrir des services en échange d'autres services ou de ressources financières, alimentaires ou autres. Il n'était qu'un commerçant, au fond, il vendait ses services, y compris quand il s'agissait de défendre quelqu'un. Certes, quand on lui devait quelque chose, il s'assurait qu'on le lui rende. Parfois, cela passait par l'intimidation et la menace... parfois par des blessures "accidentelles"... mais il n'avait jamais tué par pur plaisir et cruauté contrairement au Grand Méchant Loup. Il n'était même pas dans le clan des Méchants. Il était loin d'être sans cœur, contrairement à la façon dont Wolfgang avait pu le dépeindre.


Par la suite, il expliqua la raison de son petit mot au Grand Méchant Loup et tenta de le convaincre de l'aider à ramener la paix au Pays des Contes. Wolfie ne devait pas refuser. Il ne le pouvait pas. Il lui était redevable. C'était grâce au Renard qu'il avait pu s'échapper du zoo après avoir été capturé par Pierre. Et, dans ce monde-ci, lorsqu'il avait eu à deux reprises des problèmes avec la police, Maître Renard avait encore une fois été là pour lui sauver la mise. Le Loup n'avait jamais remboursé ces dettes, et il était grand temps qu'il le fasse. Mais le Renard ne voulait pas avancer cet argument en priorité, c'était la solution de dernier recours. D'autant plus que si, malgré ce rappel, le Loup refusait de rembourser ses dettes... les choses pourraient prendre une tournure peu appréciable pour l'un comme pour l'autre, et le rouquin préférait éviter cela.

Le Loup semblait hésiter et demanda son avis à la militaire, ce qui valu un levé de sourcil interrogateur sur le visage du rouquin. Le Loup solitaire n'était-il donc plus capable de prendre une décision par lui-même ?

La femme aux cheveux mauves prit donc la parole. Lorsqu'elle évoqua qu'il ne voulait pas rester au Pays des Contes pour ne pas devenir le bouc-émissaire, il fit une nouvelle expression interrogatrice. Pourquoi affirmait-elle cela ? D'où tirait-elle cette information ; qu'elle soit véridique ou erronée ? Il répondit donc à la question de Narumi par une autre question :


"Devenir un bouc-émissaire, moi, vraiment ?" demanda t-il étonné.

Puis il éclata de rire.


"Ha ha ha ha ! Tu n'es visiblement pas dépourvue du sens de l'humour ! Mais d'où tiens-tu une telle information ?"

Il se tourna vers Wolfgang, toujours avec son air amical :

"Ne me dis pas que c'est toi qui lui as raconté de telles sottises !"

Le Loup se contenta de hausser des épaules.

Firecoat hocha négativement la tête avant d'ajouter :


"Tu fais fausse route, chère demoiselle. Contrairement au Loup, les gens m'apprécient, car, vois-tu, je suis toujours de bon conseil, et ils peuvent compter sur moi pour les défendre lorsqu'ils en ont besoin. Si j'ai quitté le Pays la première fois, c'était simplement pour essayer de comprendre ce que Wolfie trouvait à ce monde-ci. Mais en dépit de mes tentatives les plus véhémentes, je n'y suis pas parvenu. La raison pour laquelle il semble tant préférer ce monde au nôtre demeure un mystère total."

Ce n'était pas tout-à-fait vrai. La principale raison, c'était parce que, sans le Grand Méchant Loup, la vie était devenue fade. Après tout, il était son camarade de jeu. Il n'y avait rien que le Renard aimait plus que de le provoquer, de l'embêter, de le pousser à lui courir après pour intenter à sa vie... et de, bien sûr, lui échapper. Cela lui provoquait une telle sensation d'adrénaline. Et il se délectait des réactions du Méchant Loup, lorsqu'il l'agaçait, qu'il l'énervait même. C'était un tel plaisir de le voir s'emporter, et de sentir que la moindre erreur de la part du Renard pourrait lui être fatale. En jouant avec un être aussi vil et puissant que le Grand Méchant Loup, le Renard jouait directement avec sa propre vie... car il savait que le Loup pourrait le tuer s'il n'était pas suffisamment malin pour lui échapper. Et cela, le fait d'avoir la mort aux trousses, ça le faisait se sentir vraiment vivant. Il aimait titiller le Loup simplement pour ressentir le plaisir de lui échapper, sans oublier de lui tendre un piège ou deux pour lui prouver sa supériorité intellectuelle.

Mais bien qu'il cachait une partie de la vérité, ses paroles avaient l'air sincère. En fait, son corps tout entier donnait l'impression qu'il était honnête. En plus de 300 ans d'existence, le Renard était passé maître dans l'art d'exprimer les mensonges avec la même aisance que les vérités, il pouvait passer de l'un à l'autre sans la moindre modification corporelle. Il contrôlait parfaitement son corps, sa respiration, ses rythmes cardiaques, il était capable de faire en sorte que son corps reflète chaque émotion feinte, il pouvait faire semblant de trembler d'effroi ou de pleurer sur commande, tout comme il pouvait rester stoïque en toute circonstance, selon son bon vouloir. Son corps n'était en réalité qu'une marionnette dont son esprit tirait les ficelles avec une dextérité sans faille, il pouvait le faire réagir comme il le voulait. Il ne faisait aucun doute que le Loup s'était grandement inspiré de lui pour créer sa fausse identité de Wolfgang Wolfwood afin de se faire passer pour quelqu'un de gentil et d'amical. Le Renard, quant à lui, ne se donnait pas la peine de changer sa personnalité en adoptant une identité humaine. Mais en même temps, peut-être n'était-il jamais réellement lui-même. Peut-être était-il même incapable de se définir.

Fox écouta la suite de l'argumentaire de Narumi, toujours en gardant un sourire confiant sur le visage.

Lorsqu'elle eut fini, il clapa à quelques reprises dans ses mains et s'exclama en plaisantant :


"Mais quelle perspicacité ! Félicitations, tu viens de me démasquer ! Ha ha !"

Il prit un air un peu plus sérieux tout en gardant un sourire chaleureux.

"J'aurais aimé pouvoir dire cela, mais il se trouve à mon grand regret que la vérité est toute autre. Hélas, je ne suis pas le bienvenu dans la cour de la Reine. Voyez-vous, la Reine Maléfique dispose d'un Conseiller Suprême. Ce vil personnage est connu sous le nom de Maître Corbeau. Et il se trouve qu'il a une dent - ou plutôt un bec - contre moi depuis une malencontreuse histoire de fromage qui a mal tourné. Cet oiseau de malheur a toujours été fidèle envers la Reine, et il est parvenu à lui mettre en tête cette farfelue idée comme quoi je serais un individu indésirable et malicieux, qui pourrait, paraîtrait-il, porter préjudice à son Royaume du Mal ! Quelle idée saugrenue, n'est-ce pas ?"

Il marqua une courte pause avant de reprendre :

"Le Corbeau a donc réussi à convaincre la Reine qu'il fallait se débarrasser de moi, ce qui m'a contraint à quitter le Pays. Tant qu'elle sera à la tête du Royaume, je ne pourrai y vivre en paix."

Puis il laissa la louve s'adresser directement à son ami. Il trouvait pitoyable le fait que le Loup en soit réduit à écouter cette loup-garou et ne soit plus capable de prendre de décisions par lui-même. Lorsqu'elle eut fini, et qu'elle dit qu'il devrait les accompagner pour servir d'appât, il haussa des épaules en écartant légèrement les bras sur les côtés, paumes vers le ciel, et s'exclama amicalement :

"Mais c'est précisément pour cela que je suis là !"

Par la suite, il se tourna vers Wolfgang.

"Mais dis-moi, Wolfie, où est passé le Loup Solitaire que j'ai connu, celui qui était tout-à-fait capable de décider par lui-même de ce qu'il devait faire ? Cet être si grand et si puissant, qui ne craignait rien et était craint de tous ? Cette époque paraît très lointaine, désormais. En tout cas, c'était bien avant que tu te fasses domestiquer et que tu ne sois réduis à n'être qu'une roue de secours, tout juste bonne à réparer la vie sentimentale brisée de celle qui fut la compagne d'un meurtrier de masse !" s'exclama t-il sur un ton plaisantin.

Mais sa dernière remarque ne fit pas rire le Loup, dont le visage s'était fermé et était devenu plus sombre. Aussitôt, il se précipita sur Fox, le prit par le col et le plaqua contre un mur, si violemment que le corps du Renard s'encastra de quelques centimètres dans les briques. Heureusement pour lui, il était bien plus résistant qu'un humain ordinaire.

Le Renard feint une expression étonnée et ajouta :


"Oh, j'ai dit 'roue de secours' ? Excuse-moi, le terme 'bouche-trou' aurait sans doute été plus adéquat."

"Ne joue pas à ça."
menaça le ténébreux d'une voix sombre.

Le sourire du Renard s'étira jusqu'aux oreilles. Voilà ce qu'il aimait par-dessus tout. Ce manque de contrôle, cette violence, cette bestialité qui émanait du Loup. Il était si facile à provoquer ! Il ne fallait pas être un génie pour comprendre ce qu'il s'était passé entre Narumi et Wolfgang, le Renard l'avait bien compris dés le premier instant où il les avait vu, d'autant plus qu'il avait, lui aussi, des sens aiguisés qui lui permettaient de bien analyser les comportements et les sentiments des autres individus.


"La férocité de ta réaction est tout-à-fait éloquente. Cette idée t'a déjà traversé l'esprit, n'est-ce pas ? Mes dires ne t'auraient pas autant affecté si cela n'avait pas été le cas."

Wolfgang baissa légèrement les yeux, le doute s'était emparé de lui.
Le Renard n'avait pas tord, l'idée que Narumi cherchait simplement un compagnon dans la précipitation, pour se rétablir de sa rupture avec SK, lui avait effleuré l'esprit. La sincérité de leurs paroles et de leurs sentiments profonds, un peu plus tôt, lui avait permis d'oublier cette idée, ou peut-être juste de l'ignorer pour se contenter de profiter de l'instant présent. Mais les paroles du Renard l'avaient blessé exactement là où ça lui faisait le plus mal.

Mais que cherchait le Renard en entrant dans ce terrain de jeu ? Voulait-il faire en sorte d'éloigner Wolfgang de Narumi ? Pourquoi vouloir immiscer le doute en lui ?

Le Loup plaquait toujours le Renard contre le mur en le maintenant fermement par le col de sa chemise. Mais, quelque chose clochait. Le Renard était... différent. Le Loup l'avait sentit. Il était bien plus sûr de lui, même en étant plaqué ainsi par Wolfgang et, pourrait-on dire, acculé. C'était comme si... comme s'il ne le craignait plus.
Sûr de lui, Fox posa délicatement ses mains sur les poignets de Wolfwood, et affirma toujours avec un sourire et sur un ton amical :


"Au fait, tu ne devrais pas me coller ainsi, tu sais ! N'oublie pas que... My Coat is on Fire !"

Ses yeux s'étaient comme embrasés en prononçant cette dernière phrase qui n'était rien d'autre qu'un jeu de mots avec le nom de famille qu'il s'était choisi. Et pourtant, ça avait suffit à Wolfgang pour se sentir contraint de le lâcher et de reculer d'un pas en vacillant légèrement. Comme s'il avait... peur... ? Lui ? Comment une chose pareille aurait-elle pu être possible ? Lui, le Grand Méchant Loup, peur d'un tout petit renard alors qu'autrefois, c'était lui qui inspirait la crainte ?

C'était très difficile à expliquer. Le fait que le Renard n'ait plus peur de lui était assez décontenançant. Le rouquin devait avoir une botte secrète pour être devenu aussi sûr de lui, tout d'un coup. Jusque là, il avait toujours été inférieur au Loup, physiquement parlant, il n'avait jamais fait le poids. Mais peut-être avait-il obtenu un moyen de lui tenir tête. Après tout, il le connaissait par cœur, il connaissait ses faiblesses. Comme son unique phobie, par exemple. Le feu. Firecoat... Sans doute n'avait-il pas choisi son nom au hasard. Bien sûr, un manteau de feu faisait référence au pelage du Renard, mais il avait probablement fait exprès de mettre la plus grande faiblesse du Loup dans son nom de famille fictif.

Mais l'assurance du Renard, le fait qu'il n'avait plus peur du Loup, ne pouvait pas, à elle seule, expliquer que ce dernier venait de ressentir comme de la peur à son égard. L'espace d'un instant, il s'était senti vulnérable, comme s'il avait été en proie aux flammes, peut-être était-ce en rapport au mot utilisé par Fox justement, à un moment où Wolfgang était déjà plongé dans le doute. Peut-être avait-il cru, l'espace d'un instant, que le Renard allait réellement s'enflammer ? Comme si son avertissement était une sorte de menace ? Le Loup ignorait que le Renard avait réellement acquis le pouvoir de la magie du feu - précisément pour pouvoir se défendre contre lui - mais peut-être l'avait-il senti ou deviné ?

Ou peut-être que c'était son humanité qui le rendait moins confiant en ses propres capacités. Qui l'affaiblissait. Ou peut-être le sentiment d'amour, qui lui ajoutait la peur de perdre quelque chose ?

En tout cas, le Renard avait bien remarqué cela, et il en était à la fois ravi, et un peu déçu. Pour lui, ça ne faisait aucun doute. C'était la vie au contact des humains, mais surtout cette femme, qui l'avaient rendu comme ça. Il était ravi, parce qu'il était fier d'avoir pu faire reculer le Grand Méchant Loup sans même avoir eu besoin de vraiment utiliser son pouvoir, il sentait qu'il avait désormais un moyen de pression pour lui pour le forcer à payer ses dettes. Mais il était déçu de voir que son meilleur ennemi s'était affaibli à ce point. Il avait l'impression que jamais plus il n'aurait la force de lui courir après pour le dévorer, que plus rien ne serait jamais pareil. Tout cela à cause de cette femme. Il fallait qu'il s'en débarrasse, qu'il libère le Loup de son emprise, ça ne faisait aucun doute. Le pauvre n'était même plus capable de prendre une décision sans la consulter, le Renard avait pitié de lui.


Dernière édition par Le Grand Méchant Loup le Sam 14 Mar 2020 - 12:08, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: The big bad wolf [PV]   The big bad wolf [PV] - Page 2 ClockJeu 12 Mar 2020 - 12:13
Si le Renard avait le don de faire sortir de ses gonds Wolfgang, il avait visiblement le même effet sur Narumi. Son peuple était connu pour quelques traits de caractère : le sens de l’honneur, la loyauté, la diplomatie et, pourtant, l’on disait d’eux qu’ils avaient le sang chaud en général et que, par conséquent, il ne fallait pas jouer au plus malin avec un loup-garou. Ils étaient très respectueux et prenaient vite la mouche lorsqu’on se permettait de les taquiner sans être très proche d’eux. Alors imaginez un peu la tête de Narumi tout du long de cet échange puéril avec ce clown ! - c’est tout du moins ce qu’elle pensait du rouquin.

Sa première remarque lui fit froncer les sourcils, mais d’un autre côté elle préférait qu’on la respecte et qu’on la craigne (pour ses ennemis, pas ses alliés bien sûr) plutôt qu’on la prenne pour une rigolote. Ceci dit, les manières du Renard la faisait penser à toute cette petite bourgeoisie bien-pensante qui se prenait pour l’élite de chaque race. Elle roula des yeux alors à plusieurs reprises : une première fois lorsqu’il lui demanda comment cela se faisait qu’elle avait une si piètre opinion de nuit. Une autre fois lorsqu’il s’offusqua avec ironie du fait que la louve l’avait qualifié de bouc-émissaire - d’ailleurs, elle répondit à peu près ceci à son discours de “oh, mais MOI les gens m’aiment dans notre monde d’origine” :

Tes conseils doivent être aussi avisé que ta manière clownesque de répondre aux autres, quelle aubaine.

Et la dernière roulade des yeux exaspérée se fit au moment où il applaudit en disant qu’elle l’avait démasqué. Il ne faisait plus l’ombre d’un doute : le Renard allait sévèrement manger ses morts à un moment donné, et l’alpha allait devoir faire preuve d’une grande maîtrise de soi pour ne pas l’attaquer dès maintenant. 

C’est toujours un plaisir de parler avec des personnes aussi suffisantes que toi.

Glissait-elle entre les réponses du Renard en lui lançant un regard qui traduisait son irritation.

Il se justifia en avançant son histoire qui avait mal tourné avec un certain Maître Corbeau. La louve n’arrivait pas à le coincer cela dit, son corps réagissait le plus naturellement du monde, indiquant qu’il ne mentant pas. Cela calma quelque peu cette dernière.

Très bien, nous débarrasserons donc votre monde de cette Reine Maléfique, mais auparavant nous te livrerons au Maître Corbeau. Je suis une inconnue, cela leur donnera confiance en moi, peut-être, que je livre ce vil Renard qui pourrait renverser le règne de cette chère Reine. Sa cour sera donc plus facile à approcher. Ça vaut toujours le coup d’essayer.

La louve gardait l’air le plus sérieux du monde. L’humour ce n’était pas trop son dada de toute façon. Cette dernière avançait réellement cette possibilité comme étant un chemin à emprunter pour approcher tactiquement la cour de la Reine. Ce n’était pas une mauvaise idée, et il faudrait au Renard prouver d’une quelconque manière qu’il est indispensable pour que Narumi ne le jette pas dans le bec du Maître Corbeau à présent.

Bien que rien n’indiquait qu’il puisse mentir ou être atteint d’une quelconque manière, il était clair aux yeux de la louve que le Renard voulait se venger de l’humiliation qu’elle lui avait fait subir quelques minutes plus tôt. Au vue des piques qu’il se permettait de lancer de manière gratuite et du doute qu’il tentait d’instiller en Wolfgang. Cette dernière montra les crocs lorsqu’il parla de lui comme étant une roue de secours, ses poings se fermèrent, près à être envoyé dans la tronche de l’avocat. Ceci dit, son compagnon réagit en premier, plaquant l’individu contre le mur. 

Narumi était à deux doigts de venir lui éclater le crâne, mais quelque chose venait de retenir son geste. Le regard du Renard. Autant, ses sens ne sentaient rien de particulier, autant le fond de ses yeux luisants trahissaient une sensation de plaisir. Le regard enragé de la louve changea. Maintenant, l’alpha scrutait l’avocat comme s’il était un demeuré, une sorte de malade mental.

Cela lui plaisait de mettre à mal son “ami” le loup. Narumi le regardait, à moitié stupéfaite, à moitié dégoûté qu’il puisse aimer faire ce genre de choses. C’était incompréhensible pour l’alpha que l’on soit en mesure de tirer quelconque plaisir en faisant des trucs aussi bas que ça. N’empêche, cela semblait faire mouche sur LGML et cela la peinait. 

Tu prends du plaisir à jouer avec ses nerfs… à le blesser… Et je parie que tu ne te considères pas comme un monstre. Tss… Tu aurais dû naître serpent vu le venin que tu craches. T’es qu’un petit poisson qui essaie de se faire remarquer en foutant la merde. Tu n’en vaux pas la peine.

Cette dernière haussa les épaules. Ce n’était pas la première fois qu’elle croisait quelqu’un de son acabit, et il fallait essayer de retourner son jeu contre lui. Le vexer serait une bonne chose, il le méritait. Et pour l’instant, la colère de la louve était retombée, malgré la remarque déplacée du Renard. La réaction de Wolfgang d’avoir prit les devants l’avait ému, et cela avait suffit à faire redescendre d’un cran la pression. De plus, constater l’espèce de sensation de satisfaction dans les yeux du rouquin l’avait écoeurer.

Et puis, de toute façon, un coup et il partirait sur la lune. Il n’avait pas l’air d’avoir la résistance physique nécessaire pour affronter Narumi, et ce serait un réel déshonneur de proposer un duel à un individu aussi faible. Ceci dit, ce dernier avait réussi à mettre la pression à son compagnon en faisant un jeu de mot avec son propre blaze. Apparemment il serait peut-être capable d’embraser ses vêtements, ou son être entier. Wolfgang le lâcha immédiatement. Le feu était sa némésis autant que les eaux profondes étaient celle de Narumi. Ceci dit, sa partenaire avait bien plus de chance car les profondeurs marines ça ne court pas les rues ! 

Cette dernière posa une main réconfortante sur l’épaule de Wolfgang.

Ne t’en fais pas, je lui fais ravaler ses dents s’il utilise du feu près de toi.” Elle jeta un regard au loup, le considéra de haut en bas et ajouta : “Enfin, je ne suis pas convaincu quand même qu’un gugus aussi mal fagoté puisse utiliser de la magie de feu, mais je veux bien lui accorder le bénéfice du doute.

La louve adressa un sourire rassurant à son ami. Le Renard semblait avoir une grande emprise sur lui grâce à ses paroles fourbes, mais Narumi n’abandonnait rien. La militaire serait là pour Wolfgang, qu’il soit encore en proie au doute à cause de le l’avocat ou non. La cheffe était confiante sur le fait qu’elle serait en mesure de démentir les paroles venimeuses du rouquin. 
Bon, on ne va pas passer notre temps à se chamailler. Je sais que ça te ferait plaisir Renard, puisque tu sembles avoir un retard de maturité pour ton âge bien avancé. Mais il faut savoir se recentrer sur l’essentiel. Je t’ai donné mon avis Wolfgang mais la décision ne peut être prise que par toi : allons-nous au Pays des Contes ?
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MessageSujet: Re: The big bad wolf [PV]   The big bad wolf [PV] - Page 2 ClockMar 17 Mar 2020 - 19:58
Observateur, le Renard remarqua les poings de Narumi qui s'étaient fermés lorsqu'il avait sous-entendu que leur relation n'était qu'un simple besoin de réconfort et de consolation pour la louve, ce qui, bien entendu, le satisfît. Car si Fox s'était aventuré sur le terrain de la provocation, c'était bien entendu pour analyser les réactions de la compagne de son vieil ami. Et ce qu'il analysa lui plaisait. Elle avait le sang chaud, tout comme Wolfgang. Le Renard était aux anges. Il avait deux loups avec qui s'amuser, pour le prix d'un. Cela signifiait deux fois plus de risques, deux fois plus de sensations fortes. Il était clair qu'il aimait jouer avec le feu, dans tous les sens du terme... Mais il devait rester prudent. Le Renard aimait sentir le danger, et surtout réussir à y échapper, car cela lui procurait un grand sentiment de satisfaction. Mais il n'était pas suicidaire, il tenait tout de même à la vie.

Lorsqu'elle le compara à un petit poisson essayant de se faire une place, un fin sourire satisfait se dessina sur les lèvres de Fox. Il répondit aussitôt :


"Un petit poisson, certes, mais qui tient tête aux plus grands requins, ma chère."

Malgré son infériorité face au Grand Méchant Loup sur le plan physique, le Renard avait toujours su lui échapper grâce à sa ruse. Pour le petit poisson qu'il était, les loups étaient comparables à de grands requins blancs.
Il ajouta suite aux paroles accablantes de Narumi à son égard :


"Mais n'aie crainte, je puis t'assurer que le Loup a fait bien pire. Je suis un enfant de chœur, à côté de lui."

Ce n'était pas complétement faux, la différence étant que le Loup avait changé ces dernières années, contrairement au Renard qui était resté fidèle à son personnage.


***


Le Loup était troublé. Malgré lui, il continuait de flirter avec les ténèbres et il ne fallait pas grand chose pour le faire basculer. Troublé à cause de ce que le Renard avait dit, bien sûr, à propos de cette histoire de roue de secours. Troublé, également, parce que Fox ne semblait plus avoir peur de lui. Troublé parce qu'il avait cru ressentir lui-même, l'espace d'un instant, cette crainte qu'il était censé instiller chez les autres. C'était, sans doute, une conséquence de son évolution. La vilaine chenille devait s'habituer à son corps de gentil papillon, il devait apprendre à contrôler ses ailes pour voler près de la lumière sans se brûler et sans chuter. La bête devenait humaine. Avec ses qualités et ses défauts.

Il repensa aux dernières heures passées en compagnie de Narumi pour se redonner du courage. Le Renard se trompait. Il n'était pas qu'un bouche-trou. Des mois s'étaient écoulés depuis qu'elle avait quitté SK, elle n'avait pas cherché à tout prix à se recaser avec quelqu'un. Il disait juste cela pour le provoquer. Narumi et lui s'étaient simplement rencontrés par le plus grand des hasards. Et en même temps, c'était comme si leur rencontre avait été prédestinée. Le Grand Méchant Loup n'avait jamais cru au grand amour ou à ce genre de choses, parce qu'il n'avait jamais rien ressenti de tel auparavant... et pourtant, il y avait quelque chose en lui, une idée un peu naïve, enfantine, qui lui faisait penser qu'ils étaient "faits l'un pour l'autre".

Sa chère compagne posa une main réconfortante sur son épaule et affirma qu'elle s'occuperait du Renard s'il utilisait du feu près de lui. Wolfgang lui fit un sourire un peu gêné avant de hocher négativement la tête.


"Ne t'en fais pas, un loup n'aura jamais besoin d'aide pour se débarrasser d'un petit renard."

Il ne pouvait accepter l'idée d'avoir besoin d'aide contre un individu tel que lui, son orgueil s'y opposait.

Malgré cela, tout ceci l'avait rendu quelque peu nerveux. Il sortit la cigarette qu'il avait déjà entamée un peu plus tôt et la positionna entre ses lèvres. Il fouilla ses poches à la recherche d'une allumette mais n'en avait plus.


"Et merde..." affirma t-il en gardant la clope au bec.

Le Renard s'approcha alors de lui avec des manières toujours aussi amicales.


"Permets-moi de t'aider, l'ami !"

Une fois à côté de lui, sous le regard méfiant de Wolfgang, Fox leva la main devant le visage du loup solitaire à quelques centimètres du bâtonnet de tabac, il ferma le poing puis leva le pouce en l'air. Aussitôt, une petite flammèche apparut au bout de son pouce, comme pour contrarier les dires de Narumi à propos de sa réelle capacité à faire du feu.

Aussitôt, Wolflgang, qui n'avait aucune confiance en lui, écarquilla des yeux et entrouvrit légèrement la bouche - ce qui eut pour effet de faire tomber sa cigarette - tout en bondissant furtivement en arrière d'au moins deux mètres.

Fox feinta une expression de stupeur devant la réaction du Loup, tout en se penchant et en récupérant la cigarette en chute libre bien avant qu'elle n'atteigne le sol. Il approcha le bout de la cigarette de la flammèche qui dansait au-dessus de son pouce afin de l'allumer. Puis il souffla sur son pouce pour éteindre la petite flamme et tendit la cigarette en direction de Wolfgang tout en affirmant d'un air mielleux :


"Allons Wolfie, tu devrais pourtant savoir que tu n'as rien à craindre de moi."

Wolfgang fronça légèrement des sourcils et s'approcha de lui pour lui reprendre sa cigarette des mains d'un geste brusque. Il la remit entre ses lèvres pour en prendre une bouffée.

Narumi recentra la discussion sur la question centrale : fallait-il venir en aide au peuple qui l'avait toujours rejeté ?
Wolfgang se tourna vers la militaire et acquiesça d'un signe de tête.


"Tu as raison. Je n'ai aucune sympathie pour ces gens... et il est possible que Fox ait tout inventé. Mais je dois me prouver, à moi-même, que j'ai changé. Je dois dompter cette bête qui demeure en moi, et lui montrer que même dans notre monde d'origine, même sur son territoire, nous pouvons suivre un autre chemin."

Fox applaudit à un rythme assez lent, à quatre reprises.

"Quel magnifique discours, tu me tirerais presque une larme. J'aimerais toutefois revenir sur le plan évoqué par notre modèle de délicatesse, tout-à-l'heure. Tout d'abord, il faut savoir que Wolfie ne pourra pas entrer dans l'enceinte du château, il se ferait immédiatement repérer. Au Pays des Contes, nous ne pouvons revêtir ces apparences humaines. Et le Loup est désormais bien trop grand pour pouvoir se déguiser en mère-grand. Dés lors qu'il se fera repérer, la Reine enverra son armée et son Dragon pour nous attaquer. En outre, il y a un autre détail qui me semble toutefois avoir son importance."

Il tourna la tête vers Narumi et affirma d'un air mesquin avec des petits yeux plissés et un sourire satisfait :

"Tu ne peux pas venir avec nous, ma chère. Le Pays des Contes est réservé aux Personnages des Contes, personne d'autre n'y a accès."

Wolfgang fronça des sourcils.

"D'où tiens-tu cette information ?"

Certes, Wolfgang n'avait jamais entendu d'histoires à propos de gens pouvant se rendre au Pays des Contes depuis un autre monde. Mais en même temps, il avait certainement été le premier à voyager en dehors de ce monde. Mais si lui et Fox avaient pu franchir la frontière d'un côté comme de l'autre - puisque Fox y était retourné depuis - il ne voyait pas pourquoi quelqu'un originaire de ce monde-ci ne le pourrait pas.

"Et bien, figures-toi que j'ai déjà essayé. Je voulais ramener une charmante renarde chez moi, mais au moment de passer de l'autre côté, elle a tout simplement explosé, pouf ! Mais bien entendu, vous pouvez toujours essayer... après tout, ce n'est pas moi qui ai quelque chose à perdre, huhuhu..."

Wolfgang tourna la tête vers sa complice.

"Cela ressemble à une ruse pour nous séparer... Mais nous ne pouvons pas prendre le risque de te mettre en danger. Peut-être faudrait-il que je tente de retourner dans le Monde des Fables avec un autre être vivant originaire de ce monde-ci pour vérifier les dires du Renard, comme un petit animal par exemple...Au moins, nous serions fixé."
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MessageSujet: Re: The big bad wolf [PV]   The big bad wolf [PV] - Page 2 ClockVen 20 Mar 2020 - 11:19
Décidément, il était bien difficile de prendre en réelle sympathie le Renard Narumi avait vite intégré pourquoi Wolfgang le haïssait tant et ne pouvait que partager son ressentiment à l’égard de l’avocat véreux. Ses réponses étaient sans cesse provocantes. Il surenchérissait, refusant d’être vaincu dans une joute verbale, visiblement. Cela importait peu à la louve ce genre de niaiserie. Par contre, il l’enquiquinait franchement à faire en sorte que le doute s’immisce dans tout et partout. Le doute est probablement l’une des pires sensations qui existe. Ce dernier prenait un malin plaisir à tenter de briser ce qui se trouvait entre les deux loups ancestraux - bien que la militaire avait envie de lui fracasser le crâne, elle se disait que cela pouvait attendre un peu. Il était clair que cet individu peu recommandable demandait l’aide de Wolfgang pour servir ses intérêts personnels, mais dans quel but ?

Narumi ne fit que rouler des yeux, une mimique revenant apparemment souvent au contact de Fox, lorsqu’il dit tenir tête aux requins - et par la suite lorsqu’il affirma être un enfant de choeur. Vraiment, ce n’était pas de tout repos que de se retenir de lui faire du mal. Le mal qu’il mérite de recevoir. Les pourritures dans son genre ne méritent que ce qu’elles infligent aux autres. C’était décidé : l’alpha comptait bien lui régler son compte d’une manière ou d’une autre le moment opportun venu. Il ne s’en tirerait pas sans lacunes. Il avait probablement déjà eu la chance trop de fois auparavant de faire ses méfaits et de s’en tirer sans soucis.

L’orgueil dont fit preuve Wolfgang lorsqu’elle tenta de le rassurer lui tira un petit sourire amusé.

Il ne faut pas se fier à la taille d’un individu, cela ne définit pas sa puissance ou ses pouvoirs, mais tu le sais très bien. Par contre, il faut se fier à ses proches. Et le Grand Loup n’aura d’autre choix que d’accepter l’aide de sa partenaire si elle intervient !

Dit-elle en lui donnant une petite tape amicale derrière la tête afin de le taquiner et de détendre l’atmosphère. Elle sentait largement qu’il était toujours tendu et qui ne le serait pas quand notre plus grande crainte est à portée ?

D’ailleurs, le Renard et ses manières faussement amicales proposa son aide. Narumi croisa les bras tout en restant sur le qui-vive. Wolfgang n’avait pas confiance en lui à juste titre, et elle non plus en se faisant son propre avis du personnage n’avait pas envie de croire en sa bonne foi. Cela lui fit froncer les sourcils lorsqu’elle constata qu’il pouvait en effet créer du feu de cette manière. Surtout, cela la fit tressaillir parce que SK lui-même faisait ce même geste pour allumer ses cigarettes. Elle dévoila les crocs et envoya sa main rencontrer la joue gauche du Renard dans un geste instinctif. Il se prit une gifle agressive qui le fit reculer un tantinet, tout comme Wolfgang avait fait quelques pas en arrière de lui-même à cause de la sensation de peur qui le tiraillait.

Ce dernier tendit tout de même la cigarette au Grand Loup par la suite. Son commentaire exaspéra Narumi qui répondit du tac-au-tac :

Tu l’a prit en traître et tu te permets de dire ça. Si tu te comportes comme ça avec tout ceux que tu considères comme “des amis”, tu dois te sentir bien seul.

Quel bouffon, pensait-elle intérieurement. Ce protagoniste était une vaste blague à ses yeux, et en plus pas drôle. Non, il ne lui inspirait qu’une envie de meurtre grandissante qu’elle devait contenir.

La discussion était par la suite revenue sur le fait d’aller effectivement - ou non - dans le Pays des Contes. Wolfgang exprima son avis, et Narumi opina du chef positivement à son égard. C’était tout à fait compréhensible qu’il soit motivé par le fait de se convaincre durablement qu’il avait changé, qu’il en était capable. La louve ne pouvait qu’approuver.

Comme d’habitude, le Renard était intervenu tel un pitre, applaudissant par quatre fois lentement et de manière espacé. Narumi prit la racine de son nez entre son pouce et son index d’un air lassé, attendant qu’il daigne enfin s’exprimer. Son discours la laissa de marbre, à part la dernière partie. Si elle ne pouvait réellement pas accéder à leur terre natale, cela poserait un grand problème. Mais comment croire quelqu’un qui, de base, n’est pas fiable ?

Son histoire rocambolesque avec la renarde qu’il avait tenté de ramener chez lui fit tirer une tête peu convaincue à Narumi. Ceci dit, Wolfgang s’inquiétait pour sa partenaire et cela l’émue. Cette dernière s’approcha de lui, délicatement, déposant ses mains sur ses joues avec douceur. Elle ignora totalement le Renard et ses possibles remarques désagréables - pour ne pas changer - et plongea son regard confiant et aimant dans celui de son homologue loup.

Je n’ai pas peur. Mais il faut être prudent, puisque l’on ne peut savoir s’il ment ou s’il est sincère. Mais il faut tester cela avec un humanoïde. Peut-être que votre monde refuse d’incorporer certaines races et pas d’autres. J’ai une idée : je peux sortir un criminel ou deux de leurs cellules et vous leur ferez traverser le portail. Je ne choisirais que des tueurs ayant fait des crimes graves et ne méritant pas la vie, pas des personnes qui font du vol à l’étalage bien sûr.

Celle-ci se mit sur la pointe des pieds et embrassa tendrement l’arrête du nez de son compagnon. Elle relâcha doucement ses joues et croisa à nouveau les bras en reprenant un air plus sérieux.

Je dois régler quelques affaires avant de pouvoir partir. Il y a beaucoup à faire ici et ma priorité est de faire en sorte que tout soit coordonné correctement pour le temps où je m’absenterais. Certes, c’est Draven maintenant qui nous dirige mais il n’a rien dit pour l’heure concernant l’armée ou mon rôle. Ainsi, mes subordonnés et moi continuons d’agir en respectant nos postes et nos missions respectives. Quoi qu’il en soit, il vous faudra donc mener votre enquête de votre côté concernant mon voyage dans le Pays des Contes. Peut-être faut-il écrire un Conte sur moi pour que je puisse exister dans votre univers d’origine ? Je ne sais pas comment cela fonctionne, je sais simplement qu’il existe une multitude de Contes sur des personnages plus fous les uns que les autres, et je me dis que c’est peut-être cela qui rend leur existence possible dans votre monde.
Ce n’était qu’une idée qui lui avait traversé l’esprit, mais après tout ce n’était pas une piste plus débile qu’une autre. La louve avait le coeur lourd de devoir partir comme ça pour assurer le maintien stable de tout ce que l’armée entreprenait sur Terre, mais d’un autre côté c’était légitime et logique.
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MessageSujet: Re: The big bad wolf [PV]   The big bad wolf [PV] - Page 2 ClockJeu 26 Mar 2020 - 15:34
Par prudence, méfiance, mais aussi, sans doute, par peur, le Loup avait fait un petit bond en arrière en voyant la flammèche sortir du pouce du Renard, à seulement quelques centimètres de son visage pour allumer sa cigarette. Sans doute s'était-il attendu à ce que le Renard l'attaque bien que cela n'aurait pas été dans son intérêt puisque c'était bien lui qui était venu chercher l'aide du Loup, mais une phobie nous pousse bien souvent à avoir des réactions irrationnelles. Wolfgang ignorait que SK avait la même gestuelle que Fox lorsqu'il allumait une cigarette en créant une flamme au bout de son pouce, mais l'on pouvait se poser une question : le Renard avait-il agi ainsi en ayant connaissance de cette information, dans l'unique but de provoquer encore un peu plus Narumi, ou cela n'était-il qu'une simple coïncidence ? Car après tout, il avait su se tisser un vaste réseau d'informateurs sur Terre, et probablement que parmi eux, certains travaillaient pour les Black Feathers ou avaient déjà vu SK allumer ses cigarettes de la sorte. Il n'était pas illégitime de penser que le Renard avait pu se renseigner sur le chef de l'alliance qui, autrefois, gouvernait la Terre. L'on n'aurait malheureusement jamais la réponse.

Wolfgang esquissa un petite sourire en coin en voyant sa compagne gifler son vieux rival. Ce dernier grimaça légèrement de douleur mais cela ne l'empêcha pas de continuer ses provocations par la suite. Il était comme un gosse qui ne comprenait jamais quand on lui disait "non" et qui ne savait jamais s'arrêter. Oh, il n'était pas toujours comme ça. Bien souvent, en particulier avec des inconnus, il était bien moins direct, c'était un bonimenteur et un flagorneur, qui parvenait à se faire aimer et à inspirer la confiance à travers une hypocrisie bien dissimulée. Mais il savait bien que, depuis le temps qu'il connaissait le Loup, ce n'était plus la peine d'avoir recours à la flatterie avec lui, et il s'était douté que le Loup avait dû dépeindre une image négative de lui auprès de Narumi. Par conséquent, il n'avait pas vraiment besoin, avec eux, d'avoir recours à ses artifices habituels, ce qui le rendait plus direct et plus provocateur. Il était même habitué à l'être avec le Loup puisque son passe-temps consistait à tester ce dernier et à le faire sortir de ses gonds pour le pousser à lui courir après. S'il avait uniquement rencontré Narumi sans avoir connaissance de sa relation avec Wolfgang, Fox aurait très certainement agi d'une manière totalement différente pour parvenir à obtenir sa confiance.

Après les paroles de Wolfgang à propos de la prudence dont ils devaient faire preuve au cas où Narumi serait dans l'impossibilité de rejoindre son monde d'origine, la louve posa délicatement ses mains sur ses joues et ils s'échangèrent un regard passionné et empli d'affection. Il lui sourit tendrement. Elle affirma qu'il valait mieux faire des tests sur des humanoïdes, au cas où la frontière entre leurs mondes laissant passer uniquement certaines espèces. Elle n'avait pas tord, bien que Wolfgang n'était pas vraiment favorable à l'idée de risquer la vie d'autres personnes simplement pour une "expérience", quand bien même il s'agissait de criminels... Mais il n'y avait pas d'autres solutions. Il acquiesça d'un signe de tête, il avait toute confiance en elle et savait qu'elle saurait bien choisir les "cobayes" idéaux, probablement des tueurs en série ou meurtriers de masse sans aucune chance de rédemption, peut-être des récidivistes qui avaient déjà gâché leur droit à une seconde chance. Lorsqu'elle l'embrassa prestement sur le nez, ses joues virèrent instantanément au rose, ce qui était assez rare chez lui.

Par la suite, sa charmante compagne affirma qu'elle avait quelques dernières choses à régler à cause de son rôle au sein de l'armée, avant de partir à l'aventure, et que Wolfgang allait donc devoir tenir compagnie à Fox pour qu'ils enquêtent sur un moyen de permettre à une personne issue de ce monde-ci d'entrer dans le Pays des Contes. Son idée d'écrire un roman sur elle, bien qu'elle pouvait paraître farfelue, était en réalité une très bonne piste à exploiter. Le Pays des Contes avait-il été créé par l'imagination collaborative de centaines d'écrivains à travers les âges ? Ou bien, au contraire, existait-il depuis toujours et était-il une source d'inspiration pour ces mêmes écrivains dans ce monde-ci ? Car après tout, peut-être que les romanciers étaient des sortes de médium ou de prophètes capables d'observer des scènes du Pays des Contes dans leurs rêves, et qu'ils retranscrivaient ensuite cela sur papier. Le Loup ainsi que le Renard lui-même ignoraient ce qui avait existé en premier.

L'idée de voir partir Narumi brisait le cœur à Wolfgang, qui aurait préféré la garder près de lui bien plus longtemps. Mais les choses étaient ainsi faites, elle avait des obligations et devaient s'y tenir. Il était temps, désormais, de lui dire au revoir, et de conclure ce chapitre de l'histoire.

Il posa ses mains sur les hanches de sa partenaire louve et la contempla dans les yeux quelques instants, voulant profiter de ces dernières précieuses secondes à ses côtés, et se mordilla légèrement la lèvre inférieure. Puis il se pencha légèrement vers elle, et déposa délicatement un baiser sur ses délicieuses lèvres, durant quelques secondes, tout en fermant les yeux. Alors que le temps sembla s'arrêter, il sentit son cœur exploser, tel un feu d'artifice répandant une multitude d'étincelles euphoriques à travers l'intégralité de son corps. Les flammes ardentes du désir et de l'amour embrasaient son être tout entier, dévorant sa raison et les derniers doutes qui avaient pu s'immiscer en lui, pour ne laisser place qu'à la plénitude d'un bonheur infini et suprême, bien au-delà de tout ce qu'il avait pu imaginer au cours de sa longue existence.
Après avoir savouré ces quelques instants d'une splendide allégresse, où il avait eut l'impression d'accéder au Paradis et de virevolter parmi les anges dans un lieu de sérénité et de béatitude éternelle, il finit par décoller ses lèvres et son visage de ceux de la demoiselle aux longs cheveux mauves, et se redressa. Son visage, rougi par l'émotion et les sentiments agréables et envoûtants qui s'étaient emparés de lui, était bouillant. Il lâcha l'une des hanches de la Belle qui pouvait se transformer en Bête, et la passa tendrement dans ses cheveux longs et lisses avant de la poser contre sa joue.


"On se revoit vite."
affirma t-il avec conviction.

"Prends soin de toi."

Puis il commença à s'écarter d'elle, mais avec le cœur empli de force et de courage pour affronter les prochaines épreuves.


***

Le Renard n'avait plus dit mot depuis sa mise en garde sur l'impossibilité, pour quelqu'un de ce monde, de passer de l'autre côté. Il avait laissé les tourtereaux faire leur petit manège sans intervenir, et avait même eut l'impression de se sentir de trop. Il avait tout de même plissé légèrement les yeux d'un air quelque peu insatisfait lorsqu'il assista à leur baiser. Il sentit, à ce moment, qu'il l'avait véritablement perdu. Mais il comprit, en réalité, qu'il avait perdu le Loup dés lors que ce dernier avait décidé de quitter leur Pays pour pouvoir vivre comme un humain.

Plus rien ne serait comme avant. Narumi n'avait pas complétement tord. Bien sûr, le Renard était capable de se faire plein d'amis facilement, il avait le don pour bien s'entourer. Mais ses relations n'étaient que superficielles. Le Grand Méchant Loup était le seul être vivant qui le faisait se sentir réellement... vivant, justement. Il l'aimait, à sa façon. Il ne ressentait pas les mêmes effets de l'amour que ceux auxquels on pense habituellement, il n'éprouvait aucun désir pour le Grand Méchant Loup, il ne voulait pas être en couple avec lui ou faire des choses que font les couples... Il n'en était pas amoureux. Mais il avait toujours eu l'impression d'avoir besoin de lui, peut-être, tout simplement, pour se donner de l'importance, en étant celui qui parvenait toujours à lui échapper, celui qui flirtait avec la Mort tout en parvenant à ne pas tomber dans ses bras squelettiques. Et donc, quelque part, le fait de voir le Loup changé à ce point, de le voir se mettre en couple avec une personne, cela le faisait se sentir mal. Peut-être était-il temps qu'il l'oublie et se trouve un autre camarade de jeu. Peut-être était-il temps qu'il décide de changer, lui aussi.

Après que le couple lupin eut fait leurs adieux, Fox s'approcha d'eux en arborant de nouveau un sourire amical, et sortit une carte de visite d'une poche intérieure de sa veste pour la tendre à Narumi. Dessus se trouvait son numéro de téléphone portable.


"Voici ma carte ! Appelle-moi lorsque les deux prisonniers seront prêts à être embarqués afin que l'on commence notre petite 'expérience', hu hu hu ! Ne t'en fais pas, je prendrai soin de ton p'tit Loup en ton absence."

Puis il retourna à sa voiture décapotable (et décapoté), et sauta par dessus la portière sans l'ouvrir pour entrer côté conducteur. Il tourna ensuite la tête vers son vieil ami.

"Alors, tu montes, Wolfie ?"
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