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 Absinthe

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Légion
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MessageSujet: Absinthe   Absinthe ClockSam 28 Avr 2018 - 15:24
Une chambre, tout ce qu’il y a de plus banal. Un lit simple, qui ne dispose d’aucune particularité. Deux personnages discutent. Le maître peu contesté du royaume des Damnés, les coudes sur les genoux et le dos courbé, assis sur le devant du matelas, avait les mains croisées après avoir laissé l’alcool quitter son cerveau. Le long processus qui suivait la perte de plusieurs fonctions intellectuelles et motrices était toujours ennuyeux. Mais il fallait bien se débarrasser de toute cette eau de vie. Légion était donc assis face à son serviteur, Aristidès Othon Frédéric Wilfrid Blondeaux Georges Jacques Babylas le Cinquième, communément surnommé Tim, dont le nom bien compliqué permettait d’oublier les points de sutures qui lui descendaient de la tête et lui traversaient entièrement la face. Rares étaient les moments où il était impressionné par quoi que ce soit, chose commune quand on servait un être comme le spectre. Et à côté d’eux était un pauvre jeune homme au visage blanc, et aux yeux injectés de sang. Bâillonné, poings liés, et affolé, son visage de gamin cachant le fait qu’il était mort il y a bien longtemps. Le dialogue portait pour l’instant non sur cet adulte frais à la peau grise comme la cendre et aux yeux dénués de vie malgré leur activité, mais sur la rencontre peu intéressante avec une femme renarde nécromancienne. Mais après quelques minutes, le fantôme commença finalement à s’intéresser au Damné qui était à leurs pieds.

”Quel est son problème ?"

Il semblerait que les entrées dans les vifs du sujet du “maître” du majordome étaient toujours un signal pour que celui-ci vienne à se tirer la moustache. Souhaitait-il en faire son geste signature ou bien était-ce simplement un tic qui cherchait juste à occuper son corps le temps que son esprit puisse terminer la composition de sa prochaine phrase ?

"Et bien, monsieur, il semblerait que ce bonhomme mort avant d’avoir façonné ses dents définitives se soit retrouvé là où il ne devait pas être. À peine adulte et déjà mort. Quelle tristesse."

"Je doute que tu m’aies convoqué afin de plaindre des Damnés. Va au vif du sujet."

"Très bien, si vous le souhaitez : cet individu s’est retrouvé dans le monde des vivants."

Légion écarquilla légèrement les yeux. Personne ne pouvait sortir des Champs-Désolés sans sa permission. Il prenait gare de s’éloigner de toute âme en peine avant de créer des portails aux couleurs insupportables pour les yeux malheureux qui les fixeraient trop. L’unique parodie de vivant qui le croisa lors de cette fameuse création de porte vers l’autre côté de la rivière de Charon était l’ancien Roi de Végéta, dont la rencontre peu fortunée avec le maître des terres sans vie lui permit d'acquérir un savoir qu’il avait oublié depuis longtemps : la peur, et la soumission. Mais qu’est-ce que ces petites choses par rapport à l’immortalité et des pages tout aussi incapables de redevenir poussière ?

"Et où, précisément ?"

"Oh, dans un endroit fort peu commode. Je l’ai vu se déplacer en votre absence. Lui et plusieurs de ses camarades profitaient de votre absence pour sortir un peu de leur prison sans frontières. Je l’ai traqué alors qu’il suivait sa mauvaise troupe vers un portail qu’ils semblaient réussir à créer, et ils retrouvèrent en dehors des Champs-Désolés. J’imagine que ce doit être leur cerveau de jeunes gens. L’envie de se déchaîner. L’énergie emmagasinée sans raison. Celui-ci s’est retrouvé à vomir sur le trottoir, et il ne lui fallut que quelques coups de savate pour le mettre hors d’état de nuire..."

"...De savate ?..."

"...avant de le traîner jusqu'ici. Il se débattait comme un fou, le pauvre. J’imagine que lui briser sa nuit de rêve pour le ramener à sa place n’était pas dans ses plans. Cependant, je n’ai pas réussi à lui soutirer le moindre renseignement. Il semble être retourné dans un état primitif. Incapable de parler. Incapable de réfléchir. Je doute être dans la possibilité de le soumettre à quelconque autre question. Moi et mes pauvres tête-à-têtes, voilà que tout cela ne mène à rien !"

Légion s’était penché sur l’être à terre, ignorant la dernière phrase de son plus fidèle homme de main et de scalpel. Le malheureux Damné put lentement voir se tendre son doigt rendu crochu par le gant de métal. D’une insupportable nonchalance, le spectre toucha le front de l’individu, alors que les prunelles de ce dernier ne purent que se river sur cette pointe de métal qui semblait si perforante. Habituellement, c’était à ce moment-là que le pouvoir de Mémoire de Légion s’activait, et que comme un tonneau percé le crâne de son adversaire ne puisse que laisser couler son précieux. Mais là, rien. Aucun résultat. Par prudence il décida de lui injecter des faux souvenirs. Cette partie là du pouvoirs marchait. Les yeux injectés de sang, tremblants et nerveux virent alors le menaçant crochet s’éloigner petit à petit du haut du front de leur propriétaire. Le fantôme, lui, vit son majordome le regarder.

"Cela ne marche pas non plus, hein ?"

"Non."

Le serviteur se tira à nouveau légèrement la moustache, avant de marcher légèrement en arrière.

"Ils sont donc imperméables à la torture. Cependant, nous ne savons pas comment ils arrivent à ouvrir un portail. Nous ne savons pas pourquoi ils vont spécifiquement dans cette boîte de nuit, à chaque fois, et nous ne savons pas comment ils sont devenus capables de résister à nos petites pratiques de bourreaux."

"Où va donc ton raisonnement ?"

"Monsieur, vos capacités en matière de discrétion et d’infiltration sans vous faire remarquer. Cependant, êtes-vous capable de vous fondre dans cette assemblée de brutes ? Le seul moyen d’obtenir des informations semble être de leur délier la langue en les mettant en confiance."

Légion se posa le front contre la main, regardant d’un seul oeil son fidèle majordome dire à voix haute la seule issue possible qu’il avait déjà deviné.

"Un nouvel habit ne vous ferait pas de mal pour l’occasion, monsieur."

"Quel type ?"

Tim tira alors sur une poignée, ouvrant l’armoire et exposant les potentiels déguisements qui permettraient à son maître de se fondre dans l’assemblée des hédonistes fêtards.

"Je refuse de porter ça."

Il n’en revenait pas qu’il en était venu à accepter de porter ça.

La Terre était certainement la planète la plus populaire de ce système solaire. Quand bien même la lointaine Dösatz avait ses louanges chantées par plusieurs de ses visiteurs et habitants, il semblait bien que le plus grand concentré de vie se trouve sur cette planète bleue. Qu’est-ce qui donc attirait autant les gens ici ? La végétation ? La faune ? Ou bien les villes ? Serait-ce la connaissance emmagasinée par ses différentes bibliothèques ? Son niveau technologique qui progressait rapidement grâce à ses multiples scientifiques de renom ? Sa nourriture conçue pour s’emparer des palais de tous ceux qui auraient le sens du goût ? Ou bien sa longue et passionnante histoire de conflits, d’arts, et d’enjeux politiques ? Non, c’était simplement sa large population qui en faisait une cible parfaite pour tous les êtres assoiffés de sang qui souhaitaient s’abreuver, ou bien pour les ordures en col blanc dont l'appétence pour les billets dont ils ne se serviraient jamais continuait perpétuellement de croître. L’astre qui fut au centre de l’univers avant Copernic était le marchepied pour tous ceux dont la gloutonnerie était le maître, un pas vers une satiété qui n’arriverait jamais. Et pourtant, jamais les Terriens n’avaient-ils disparus. On pouvait imaginer que les Humains étaient bien trop belliqueux, agressifs, têtus, et stupides pour disparaître à jamais de ce plan de l’existence.




Les lumières du bâtiment pouvaient être visibles à des lieues à la ronde. La file de Damnés qui voulaient y entrer était longue. Gros et musclé était le videur qui, d’un oeil plus grand que l’autre, regardait une liste tenue dans sa main droite, afin de laisser entrer les morts qui souhaitaient vivre un peu. Il était plus vieux et plus hideux que les autres, et visiblement n’était là que pour avoir l’air menaçant. C’était bien étrange comme aucun passant ni aucune voiture ne voyageait dans les environs. Plus étrange encore que le port de lunettes de soleil par le passeur, alors qu’il faisait nuit. Il voyait les visages pâles défiler les uns après les autres, jusqu’à un particulier qui le dépassait d’une tête. L’oeil surdimensionné par rapport à l’autre s'écarquilla dans un grincement digne d’une porte en bois.

”Vous êtes ?”

L’individu en question, dont les cernes cachaient fort peu le manque de joie de vivre dont il souffrait, se pencha vers le gardien du centre de loisirs. Sa main qui semblait trop habile sans un lourd gant pour l'handicaper tapota la liste.

"Virgile de Thanate. Je suis sur la liste."

Avec le bruit d’une bille qui roulait sur une planche, l’énorme globe oculaire se tourna vers le papier. En effet, ce nom bien particulier s’y trouvait.

”Ah, oui. On dirait bien. Vous êtes nouveau, non ? Profitez bien de votre soirée.”

"Je n’y compterais pas trop."

Et le voilà entré. Le pseudonyme que Légion utilisait pour entrer ici était l’un des multiples noms qui lui permettait de dialoguer avec les vivants, dans les très rares occasions où il sentait cela véritablement nécessaire. Cependant, dans ce climat de joie pour ses serviteurs, le maître des Champs-Désolés eut une réflexion : il aurait dit que le videur l’avait laissé entrer avant d’avoir activé son pouvoir de Mémoire pour lui instaurer la sensation d’avoir en effet vu le nom sur son registre d’invités. Il semblerait qu’il ne soit pas habitué à sa nouvelle habileté une fois ses mains libérées du port d’armure et d’armes. Oui, il avait juste dû agir trop rapidement pour son habitude. Sans la tenue de fer et de cuir qui lui collait à la peau, et dans un costume de civil, il se sentait bien plus gêné qu’il ne l’était dans toute autre circonstance. Pas que cela puisse changer la moue qui était gravée sur son visage.

Les lumières étaient aveuglantes. La musique assourdissante. Cela ne gênait pas pourtant tous ceux qui se déchainaient sur les dalles multicolores de ce lieu funeste. Ils étaient déjà morts. Leurs visages jeunes contrastaient leur peau blanche comme neige ou cendre. Ils célébraient on ne sait quoi. Peut-être la réussite de leur évasion éphémère de l’au-delà ? Ou bien peut-être croyaient-ils avoir trompé la mort ? Ils avaient tout faux. Ils n’étaient qu’en dette envers la faucheuse. Tous les Damnés qui comblaient la salle semblaient avoir eu une grande chance. Ils n’étaient pas bien déformés, et semblaient retenir, au moins pour cette soirée, un semblant de conscience. Le spectre pouvait entendre les dialogues de ses semblables et serviteurs, mais tout son qui ne l’intéressait pas ne faisait que ressortir de l’autre oreille. Comment agir naturellement dans un milieu comme celui-ci ? Les yeux du fantôme recherchaient le seul lieu qui semblait l’importer pour le moment.

Spoiler:

La cible était verrouillée. Lentement, le fantôme traversa la salle, ayant finalement acquis l’habitude de mettre ses mains dans les poches, geste qu’il n’avait généralement pas l’habitude de faire. Évitant les danseurs et autres créatures dangereuses qui l’entouraient, il arriva finalement là où il souhaitait aller : le bar, bien entendu. S’asseyant devant le comptoir, il posa ses coudes dessus, croisa les doigts devant son visage, et laissa son esprit s’en aller un instant. Comment soutirer des informations à ces personnages là ? Non, comment agir comme eux ? Peut-être qu’il lui faudrait réessayer de sourire de façon bienfaisante ? Le fantôme avait pris pour habitude dans ses dialogues de tenter de terrifier tout opposant, ou bien de réciter leurs faiblesses, afin de prouver sa supériorité. Ou bien il ne faisait que guider sèchement ceux qui en avaient besoin, quand il apparaissait devant les êtres en peine. Peut-être faire varier le ton de sa voix ? Le monotone lugubre qui habituellement sortait de sa gorge n’était pas spécialement utile pour nouer des relations amicales, ou au moins inspirer la confiance. Il ressemblait aux êtres qui l’entouraient, à la différence qu’il ne semblait pas trop être dans l’humeur de passer un minimum de bon temps. Cela vint à lui rappeler qu’il n’aimait pas du tout être ici.

”Et bien, ça n’a pas l’air d’aller !”

Spoiler:

Les yeux du spectre se relevèrent pour croiser ceux de celui qui semblait être le barman. Ce dernier n’inspirait pas du tout la confiance non plus, que ce soit par son sourire mesquin ou bien ses yeux bleus et perçants. Qui sait, Légion avait-il une chance de dialoguer avec les autochtones ? Cependant, il ne répondit rien, quand bien même il sentait que c’était la moindre des choses à faire.

”J’imagine que vous prendrez quelque chose ?”

Sans réfléchir trop, l’amalgame laissa s’échapper un mot qui témoignait de son humeur actuelle.

"Cyanure."

L’homme au noeud papillon sembla interpellé par la demande de l’échec à la cravate.

”Pouvez-vous répéter ?”

Un maigre instant de silence. Légion posa ses mains sur le comptoir, se redressant légèrement, et après un dixième de seconde à trouver un moyen de corriger sa phrase, demanda :

"Une citronnade."

”Oh ! Très bien.”

C’est bon. Tout allait bien. Le spectre songeait à obtenir les renseignements qu’il cherchait sur cet individu en particulier. Quoi que, comment initier le dialogue ? “Comment sommes-nous arrivé ici ?” Non, cela sonnait bien faux. Peut-être qu’il devrait juste initier la conversation et laisser les informations venir à lui au fur et à mesure de la conversation ? Cela paraissait être une bonne idée. Cependant, le climat de cet endroit ne faisait que donner un sentiment de mal à l’aise au spectre. Il aimerait en finir le plus vite possible. Quelle solution pouvait être rapide et pourtant peu suspecte ? Quelle attitude devrait-il avoir ?

”Voilà, cher client !”

Avec son manque de tact habituel, le fantôme oublia de dire “merci”, prenant le verre de la main du personnage qui n’eut pas l’air dérangé. Cependant, quelque chose l’interrogea à nouveau. Il venait de découvrir quelque chose. Sa faculté à lire les souvenirs s’était activée. Comment ? Cela n’était pourtant pas possible. Mais qu’avait-il appris ? “Le vieux barbu à qui appartient cette boîte nous amène ici.” Ainsi donc ils étaient amenés ici par le propriétaire du bâtiment. Mais à quelle fin ? Enfin, cela signifiait qu’il n’avait pas besoin de se retrouver ici, sans armes ni armure. Est-ce qu’on lui tendait un piège ? Est-ce que c’était une tentative de l’attaquer dans un moment de faiblesse ? Tim n’était pas du genre à omettre ce genre de détail. Et il était bien trop fidèle pour tenter de le trahir. Cela signifiait donc qu’il devait faire face à un adversaire hors du commun. Il commença à boire sa citronnade, restant sur ses gardes. Personne ne pourrait le prendre par surprise.
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MessageSujet: Re: Absinthe   Absinthe ClockLun 30 Avr 2018 - 0:02
We shut down our world
You're always trying
To hide in the night
And blink at the door
You'd let it go...
You've got to open up your heart and feel the love in your life
You've gotta open up your mind and feel the love in your life



Dans notre reportage d’aujourd’hui, l’équipe de l’AntéChrist nous ouvre ses portes ! Comme nous pouvons déjà l’entendre depuis l’extérieur, c’est la musique préférée de la star Leixy qui passe en ce moment: elle doit être en pleine préparation pour aller rejoindre ses fans ! Nous aurons l’honneur de l’interviewé à la fin de notre visite. En attendant, le dirigeant Xul est prêt à nous faire visiter la maison… son associé Hidan n’est malheureusement pas là actuellement puisqu’on nous dit dans l’oreillette qu’il organise un événement sur Dösatz ! Visiblement l’excentrique membre de l’alliance Maléfique n’a pas fini de faire parler de lui !... Mais ce soir, nous aurons l’honneur de faire connaissance de sa deuxième associée, celle qui commence à conquérir le monde via ses show burlesques érotiques et ses photos de charme: Leixy ! Elle a dernièrement fait la couverture du grand magazine “Dita V” dont nous vous laissons admirer la couverture quelques instants….

Elle ajuste sa tenue de ce soir. Une robe élégante, dentelle, velour et bas sont au rendez-vous. Usual stuff. Souvent, elle personnalise ses ailes pour qu’elles soient assorties avec ses tenues. La démone est au dernier étage de l’Antéchrist, là où se trouve le bureau de Xul, mais aussi les chambres des dirigeants. Cette dernière se pomponne pour l’intervention d’un des médias les plus influents de la galaxie dans leur structure. Rien de très stressant pour Leixy, qui aime être sous le feux des projecteurs et se donner en spectacle. La succube a plutôt bien réussi sa vie dans ce monde, en devenant une icône “pin-up”. Des photos de charmes pour des magazines aux représentations-show d'effeuillages, tout ceci n’était qu’une vocation naturelle et logique pour une démone de sa trempe. Après tout, son but est de chaparder le plus d’âmes possibles en séduisant.... alors tout ceci n’est qu’un raisonnement cohérent.

Hidan, c’est encore Leixy. Je sais, je sais sucre d’orge, d’avance tu vas me dire d’arrêter de me torturer mais… Si tu as des nouvelles de lui, je t’en prie donne en moi. Je ne cherche même pas à savoir où il est spécialement tu sais… juste… savoir où il est, s’il va bien…” Elle soupire. “Bon, et sinon je suis au courant pour ta petite sauterie sur Dösatz ! Amuse toi bien !

La démone s’empresse de terminer son message holographique. C’est du harcèlement à force, c’est vrai… mais Hidan ne lui reproche pas réellement. Il la comprend. Chaque fois, elle espère en silence. Son sourire fallacieux et ses airs pour séduire se perdent dans ce genre de moment. Des centaines d’années sans son créateur, abandonnée. Des tas de questions, pas de réponses… son coeur est lourd.

Leixy n’aime pas trop se mêler dans les conflits dangereux des mortels. Quand on lui demande où elle se positionne par rapport aux alliances, au fait qu’elle côtoie d’ailleurs un Maléfique, elle répond simplement: “Oh non, ne me parlez pas de ça ! On a déjà notre lot de guerre interne dans le monde des démons ! Je viens dans votre monde uniquement pour me divertir… pas pour m’ennuyer avec vos conflits assommants !” et les gens rient. Elle aime bien jouer d’un air de désinvolture exagéré, maniéré, pour donner une personnalité très détachée au “personnage qu’elle incarne” devant le monde entier. La succube préfère passer son temps à se vautrer dans les pires vices. Elle préfère briser des coeurs et surtout des âmes. Il n’y a plus que ça de passionnant à faire depuis qu’il l’a laissé…

Nous entrons par l’une des entrées sécurisées à l’arrière de l’Antéchrist, nous commençons par une visite des derniers étages pour finir dans la boîte de nuit chic et très spéciale de cette boîte !

La démone les regarde depuis sa fenêtre. Un sourire sur ses lèvres au teint naturel et pulpeuse. Son visage est parfait. Sa peau est douce et parfaite. Ses prunelles sont attirantes, pleines de vies, elles transmettent des émotions… chaleureuses. Leixy s’est construite une identité physique répondant aux critères de la majorité des Humains, hommes ou femmes, afin de séduire. Tout ne peut qu’être charmant chez elle. Même ses manières, qu’elle a apprit à peaufiner avec le temps. Ses airs faussement rebel pour montrer qu’elle a du caractère. Ses oeillades pour taquiner. Elle a réussi sa vie ici, les âmes de tous ces pauvres gens se mettent à genoux, à terre devant sa beauté. C’est le paradis sur Terre.

Elle observe Xul qui les accueille. Il est courtois mais toujours un peu flippant à cause de son teint blafard et de sa voix qui lui donne des airs de type grognon. Les gens n’osent pas trop l’emmerder, même s’il n’est pas spécialement grand ou musclé. C’est sa présence qui en impose. Et puis, qui serait assez fou pour vouloir s’attirer les foudres d’un nécromancien ?

Il leur fait faire le tour du dernier étage, et Leixy prend un autre ascenseur en parallèle du leur pour descendre pendant qu’ils montent. Cette dernière est accompagnée par une femme et un homme qu’elle tient en laisse pour son entrée dans la boîte de nuit. La succube fait souvent des apparitions dans la boîte de nuit, au milieu de la foule, sans craindre quoi que ce soit. Peut-être qu’elle devrait avoir peur d’un assassinat parce qu’elle est devenue en l’espace de quelques mois une star reconnue à la télé. Mais non, elle préfère continuer de se pavaner tranquillement en montrant justement qu’elle ne craint personne. Les gens affluent en masse autours d’elle, l’adulent, lui demandent des photos pour montrer à leurs amis sur les réseaux sociaux, et des autographes. Elle adore ça….Malgré toute cette opulence, toutes ces éloges, il lui manque toujours son héros.

Mais d’où venez-vous Leixy ? Et votre famille ? N’avez-vous donc jamais eu de mari ou d’enfants ? On entend beaucoup d’hypothèses à ce sujet, hormi le fait que personne n’ignore que vous résidez chez les démons.” On lui demande souvent ça en interview. Ce à quoi elle répond: “Je n’appartiens qu’à mon créateur, tout comme vous autres, non ?” et elle rit de plus belle. Personne n’arrive jamais à lui tirer les vers du nez à ce sujet: à croire que peut-être, pour une fois, c’est quelque chose qu’elle prend au sérieux. Qui lui tient à coeur.

Ding. Rez-de-chaussée. Les portes de l'ascenseur s’ouvrent. Leixy n’a même pas besoin d’inspirer et d’expirer longuement avant de se préparer à toute cette foule qui va la “harceler”, c’est une routine.

Une dizaine de vigiles, pour la plupart de race-extraterrestre, notamment des Zabrak et des Sith au sang pur l’entourent. Ils ont des pouvoirs très intéressants liés notamment à des contrôles mentaux ou le fait de pouvoir contrôler comme une marionnette le corps d’autrui. Très utile pour dégager en un rien de temps les gêneurs ou les pervers.

Dans tous les sens ça hurle son nom pour qu’elle daigne regarder en la direction de celui qui le scande. Son sourire ravageur fait d’entrée des victimes comme chaque fois. Il transperce encore des coeurs, prêt à torturer l’existence de ces pauvres vermines qui se tordent d’excitation devant sa magnificence. Ses deux “esclaves” tenu en laisse la suivent docilement. Ils portent des maquillages aussi extravagant que leurs tenues, fluorescentes, pour qu’ils ressortent dans l’ambiance de la boîte de nuit. Certains de ses fans deviennent tellement fou qu’ils tendent leurs mains comme des débiles pour tenter de ne toucher rien qu’un bout de ses vêtements ou de sa peau. Mais ça, ça la fait délirer. Leixy rit souvent, tout l’amuse, tout l'égaye, les races mortelles sont si fébriles.

Les autographes et les photos défilent sous les lumières saccadées de la boîte. Les sourires crédules envers la pin-up et les regards suppliants aussi. Tout le monde la veut, tout le monde est à ses pieds. Que de jouissance pour une succube que de remplir son rôle avec autant de popularité et d’adulation ! Leixy touche une épaule par-ci par-là et rend hystériques ses fans. Ses clins d’oeils en font tomber dans les pommes plus d’un(ou d’une !). On sent qu’elle est à l’aise, habituée à répondre aux attentes du public qui l’entoure. C’est une professionnelle dans l’art de la séduction, il n’y a plus aucun doute lorsque vous la voyez déambuler sous vos yeux émerveillés.

Il y a tellement foule qu’elle ne voit plus que des gens, de toutes espèces, mais pas le décor, ni la scène où se produisent les strip-teaseur et les show. Il n’y a qu’une marée noire de monde pour l’accueillir, et des regards jaloux, envieux, désireux, des sourires béat d’amour. Bientôt, les journalistes qui visitent l’Antéchrist redescendent en compagnie de Xul, et la foule restante se fait écartée par les vigiles. Les gens sont des malades mentaux. Les gêneurs sont expulsés.

Du côté de Légion, le barman très cringe signé Shining, lui fait un signe pour l’interpeller.

Monsieur, vous êtes prié de vous lever. Notre star va se faire interviewé et la foule va être écartée vers notre position, l’espace du bar va donc être réquisitionner un cours moment. Mais vous pouvez prendre votre verre de... citronnade avec vous, bien sûr.

C’est alors qu’à ses paroles, les tabourets du bar disparaissent petit à petit sous emprise de magie. Le bar s’enfonce dans un mur comme dans un château piégé, après que le dit barman se soit écarté. Comme une formalité, tous les usagers des sièges lévitent et se retrouvent debout, bien sur les deux pieds, sans dégâts. La foule s’amasse alors autours du Damné, et bientôt il est piégé dans l’amas de gens hypnotisé par Leixy.

Les journalistes serre conventionnellement la main de la Star pin-up, ce qui officialise le début de leur meeting.

“Ravie de vous rencontrer enfin Leixy ! Vous êtes l’une des plus grandes star de la scène burlesque de notre époque, et nous tenions à vous féliciter pour votre magnifique photo sur la dernière couverture du magazine Dita V !

Tout le plaisir est pour moi messieurs, huhu ! J’attendais votre arrivée en essayant de dorloter un maximum mes fans. Comme vous le savez, je passe le plus souvent possible du temps avec eux.

Votre beauté fait chavirer beaucoup de coeurs Leixy, cependant on ne vous voit qu’au bras de vos amis proches. Vous avez affirmé être célibataire mais de nombreuses spéculations émanent des propos controversés que vous servez à la presse. Certains pensent que vous êtes en couple “caché” avec l’un de vos amis proches, ou que vous entretenez une relation secrète avec une personne importante d’une grosse firme par exemple… d’autres dise que vous êtes une mauvaise personne qui cherche à briser le coeur des hommes et des femmes, voir une briseuse de couple. Que pensez-vous de telles rumeurs à votre sujet ?

Je crois que ce sont les gens qui ont honte d’eux-même qui perdent leur temps à inventer des ragots sur la vie des autres.” Elle fait un clin d’oeil en direction de la caméra. “J’encourage tout le monde, fan de moi ou non à s’affirmer… et à avoir des relations agréables, multiples et consenties, sexuelles ou platoniques tant que ça les satisfait ! Comme ça ils arrêteront d’être aussi frustré ! huhuhu ! Le monde entier gravite autour de ces sentiments liés à l’’amour, n’est-ce pas ? Même le plus grand tyran de cet univers est faible face à ça, c’est dire ! Huhuhu j’adore ce genre d’ironie ! Mon coeur à moi, vous savez… je n’ai toujours pas changé de discours ! Il n’appartient qu’à mon créateur.

Beaucoup interprètent ça comme quelque chose de religieux, de rituel. Les cultes religieux existent de toute part dans l’univers, en fonction des races et des planètes. D’autres comprennent peut-être ce qu’elle veut dire. Son sourire captieux captive son auditoire sans cesse. Ils boivent ses paroles comme l’eau bénite.

Leixy, nous avons entendu votre musique préférée en arrivant à l’Antéchrist. Pourquoi ce choix ? Que représente ce titre à vos yeux ?

Un rire. Nerveux, légèrement, pour une fois. Pas du tout assuré comme d’habitude. Elle baisse les yeux un instant, mélancolique. Ses yeux se ferment, l’espace de quelques secondes où son esprit est retourné s’enfermer dans le passé.


Though nothing, nothing will keep us together…
I, I will be King
And you, you will be Queen
Though nothing will drive them away
We can be heroes just for one day
We can be us just for one day...


Prêtez plus attention aux paroles et vous comprendrez…” un court blanc. Il faut qu’elle relève la tête. “... Si vous êtes éclairé bien sûr ! Ce n’est pas à la portée de n’importe quel crétin ! huhu !” La succube reprend son masque égayé et dissipe le malaise.

S’en suivirent des banalités. Les deux “esclaves” que Leixy tenaient en laisse, elle les détache et ils vont sur scène, participer au spectacle dansant. Même si les médias et les journalistes posaient tous les mêmes questions à la longue, c’était quand même drôle de voir comment ils allaient s’y prendre pour essayer d’obtenir des réponses. Et puis, une interview de temps à autre où on passe son temps à la complimenter, ce n’est pas bien désagréable !  Après une dizaine de minutes de question, toujours la question qui fâche qui revient. Ils ne lui lâcheront jamais la grappe !

Pendant ce temps, Leixy sait où son regard doit aller. Elle balaye la salle. Ses yeux se plantent dans ceux de tous ses fans qui se sont entassés dans des coins de l’immense boîte pour pouvoir l’admirer et l’écouter. Même dehors, ceux qui sont en retard pour son interview pleurs ou se bousculent, s'effondrent aux portes de l’Antéchrist, malheureux comme les pierres.

Et son regard le voit.

...et il y a des rumeurs, donc, qui disent que vous auriez un petit-ami…




Leixy ne l’écoute plus déjà, depuis plusieurs secondes. Seule cette phrase sort du lot, parce qu’elle interpelle son esprit qui est déjà agrippé… ailleurs.

Une exception depuis des centaines d’années. Elle sent son coeur battre à tout rompre dans sa poitrine. Il tambourine là-dedans comme s’il était prêt à s’envoler pour se coller à lui. Est-ce c’est bien… lui ? Oui. Même de dos, même de profil, impossible de ne pas le reconnaître. Les traits de son joli minoi. Ses cheveux en bataille. Il porte un costume classe, ça excite Leixy d’avance. Comme si son esprit n’était déjà pas en plein délire à lui teaser des images de leurs futurs ébats très… poétiques. Comme avant. Comme l’âge d’or de son existence lorsqu’elle parcourait le monde à son bras.

Enfin une réponse à la question ultime, messieurs !” Elle joint ses mains, les joues rosies, l’air plus que ravie. Première fois qu’on la voit aussi enthousiaste à la TV ! Le journaliste et son équipe ne comprennent pas tout de suite, forcément. Et puis; ce pauvre homme que Leixy a dans le viseur est à plaindre...

La belle fait un signe à l’un de ses gardes rapprochés. Leixy lui chuchote quelque chose d’inaudible pour les autres à l’oreille. Ce dernier acquiesce. Un petit tour de magie et pouf ! Plus de succube ! Mais dites moi, où est-ce qu’elle a filé ?

Les projecteurs suivent Leixy et se braquent sur cette dernière et…

Mon chéééériiiiiiiiiiiiiiiiii !!!!!!!!!!!!!!!!!! Regardez ce bel homme ! huhuhu ! Mais ne faites que regarder, il est tout à moi ! ❤️”

Elle colle sa poitrine généreuse contre les omoplates de Légion. Surprise ! elle est arrivée par derrière, huhu. Pratique d’avoir des gardes pour la téléporté ! Ses mains se déposent sur ses épaules et glissent le long de son torse pour se rejoindre et l’enlacer. Ses yeux sont larmoyants, la démone est en extase. Il est enfin là. Il est revenu ! Les projecteurs sont braqués sur “le couple”. La foule est en délire, les fans gigotent et hurlent, sifflent, de contentement ou mécontentement. La jalousie, le voyeurisme, les envieux, encore, plus intense. La réaction de Légion doit être… particulièrement cocasse. Mais Leixy s’en fiche, elle veut chanter les louanges de celui qu’elle aime face au monde entier.


Oh my love, can't you see yourself by my side
No surprise when you're on his shoulder like every night


Ses mains affolées de joie se baladent tout partout sur le torse de son aimé. Les vigiles se sont empressé d'écarter une fois de plus la foule de la succube… Ou plutôt, de la star et de celui qu’elle revendique comme étant effectivement son petit ami ! Les photos fusent. Les vidéos aussi. La presse s’affole. Des photos pro sont prises. Trop tard, ils font déjà la une du plus grand magazine intergalactique !

Absinthe Absint10

Je vous présente mon créateur, mon amour, mon petit chéri a moiiiiiiiiii! Mon Legionounet d’amouuuur ! ❤️” elle colle sa joue contre la sienne. Les caméras sont braqués en gros plan sur leurs visages. “Mais mon bichounet a de lourdes responsabilités, vous savez c’est l’un des plus grands Seigneur de ce monde, retenez bien ça ! Et je pense qu’il ne va pas aimer rester trop longtemps sous le feux des projecteurs… alors dégagez mes loulous ! Et au plaisir !

L’un des vigiles Sith au sang pur, à distance, tend sa main et fait léviter le journaliste et son équipe. Il les dirige en douceur vers la sortie. De toute façon, ils ont déjà obtenue l’information la plus croustillante du moment, et ils sont au courant qu’il ne vaut mieux pas jouer aux cons avec Xul comme avec la succube.

Ses mains tripotent Légion avec beaucoup de tendresse, logique après ces quelques centaines d’années sans qu’il ne se montre. Elle touche son torse, ses bras, ses cheveux. Beaucoup de photos et de vidéos sont prises, encore. La foule n’en revient pas, ses fans sont abasourdi. “Le couple” est déjà partout dans les médias et les réseaux sociaux, pas de quoi être étonné. La pin-up démoniaque est love d’un “mec à l’air banal, grognon, mais mystérieusement sexy et bien assorti à sa partenaire” d’après la presse, pour le plus grand déplaisir des milliers, millions de gens qui veulent Leixy… et des bécasses qui doivent fantasmer sur Légion ! Les curieux tentent de crier plus fort que leurs voisins toutes leurs questions, en se jetant limite sur le couple, mais les gardes ne les laissent pas faire.

Je savais que tu reviendrais pour moi…❤️” La succube se détache de lui et lui prend la main, la démone le tire avec elle à travers la foule, elle ne lui demande pas son avis. Ensemble ils déambulent à l’abris: dans l'ascenseur. Les portes se referment trop lentement. Ils entendent les cris incessants de la foule en délire. Leixy n’arrive pas à détacher ses yeux de son créateur. Les portes se ferment enfin.

La succube se jette dans ses bras. Cette fois son sourire s’en va. Toute éplorée, les masques ne sont plus. Il n’y a personne pour les voir, pas de caméra dans cet ascenseur là. Volontairement, elle l’a bloquée entre deux étages en appuyant sur une combinaison de boutons.  

Pourquoi tu m’as laissé seule pendant toute cette éternité…

La créature colle son front contre le torse de son créateur. Les paumes de ses mains sont collées sur les épaules de Légion.

... Mais je te pardonne. Ton costard te va tellement bien…” l’une de ses mains glisse lentement le long du torse du démon et attrape sa cravate. Leixy tire dessus, à la fois doucement et à la fois fermement. Un petit sourire vicieux vient de nouveau épouser ses lèvres, alors que son visage se lève en direction de celui de Légion. Ses yeux rencontrent les siens: la passion est à son summum dans son regard. “ça me rend tout feu tout flamme, huhu !

L’une de ses mains reste inflexiblement accrochée à sa cravate. Elle tire même vigoureusement dessus, une autre fois, pour faire rapprocher son visage du sien. Son sourire railleur est figé sur ses lèvres pulpeuses. Ses larmes sont réelles mais son désir absolu aussi. Son autre main se dépose sur celle de Légion. Ses doigts s’entremêlent avec ceux de son créateur et elle soulève lentement la main de ce dernier pour la déposer contre sa propre clavicule.

J’ai rencontré tellement de mortel depuis le temps… si tu savais les rencontres que j’ai faite !” Leixy fait descendre la main de Légion contre son sein droit. Elle l’oblige à le malaxer avec une certaine… ardeur non dissimulée. Puis elle place sa main contre son coeur. “Mais jamais je n’ai pu trouvé quelqu’un d’autre qui me rende dans cet état en un rien de temps !” Son coeur frappe fort, il semble vouloir s’adapter à la paume de Légion, se retrouver dans sa main. Dans la main de son véritable détenteur… “J’en ai vu de toutes les races défilés devant moi, à genoux la plupart du temps… huhu” Elle fait glisser sa main, encore. Contre son ventre où réside ces milliers de papillons qui s’entrechoquent en le voyant. “...Mais personne pour me rendre toute chose comme tu sais si bien le faire.

La paume de la main du damné se retrouve à caresser l’une des cuisses de Leixy sous le commandement de la demoiselle. Ses bas glissent légèrement à cause des frottements à répétitions de sa paume contre sa jambe. Bien entendu, lecteur ! Elle finit par faire glisser lascivement la main de Légion sur...

Tu vois à quel point tu m’as manqué…huhu ❤️”

La paume de Légion est collée entre les jambes de Leixy, qui resserre ses cuisses doucement contre la main de sa “victime”. Elle se love dans ses bras, du même coup. Sa joue se colle contre son torse et elle relâche l'étreinte sur sa cravate. La succube relève sa tête pour croiser du regard son créateur. Sa main se dépose sur la joue de ce dernier... et son air malicieux devint sérieux.

Ton absence a été le pire fardeau de ma vie... ” Son coeur se serre aussi fort que la première fois qu'ils se sont embrassés. “Je ne veux plus parler, je ne veux que te sentir contre moi...Je ne veux que toi.

She said it's not now or never
Waiting years we'll be together
I said better late than never
Just don't make me wait forever

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MessageSujet: Re: Absinthe   Absinthe ClockMar 1 Mai 2018 - 17:30
Rattrapper le coup. C’était la raison pour laquelle il s’était retrouvé avec une boisson qu’il n’aimait pas forcément. Il était fort aisé de reconnaître son manque de tact par la demande qu’il avait faite sans réfléchir, et qu’il avait dû rectifier du meilleur qu’il pouvait pour éviter de paraître déjà trop suspect. Une seconde avec l’esprit divaguant avait failli lui coûter cher. C’était une raison de se focaliser en permanence sur un objectif bien précis. C’était également la raison pour laquelle il ne pouvait généralement pas décrocher de ses méthodes de réflexions sans l’aide d’une substance extérieure. Un bouton pour désactiver cette machine à manipulations qu’était son cerveau. Pouvoir casser des figures sans concepts ni idées de chorégraphies à entreprendre. Juste faire mal et se faire du bien. Il lui faudrait peut-être une capacité à se faire des vacances de temps à autres. Mais c’était bien peu possible pour l’amalgame.

Il put voir du coin de l’oeil entrer ces êtres vils et machiavéliques qu’étaient les utilisateurs de caméras, de flashes et de micros. Leurs bougonnements n’atteignirent pas ses oreilles. Leurs dialogues ne lui étaient pas destinés, de toute façon. Ils parlaient à ceux bien loin du micro. Ceux qui étaient assis dans des fauteuils, en famille ou bien seuls. Ceux qui marchaient dans la rue avant d’arriver devant des télévisions allumées et en vente. Ceux qui fixaient l’écran depuis leur position, dans des bars, dans des pubs, dans tous ces havres de confort, de loisirs, et de tristesse solitaire. Il put voir sur l’une de ces boîtes à images suspendues près du bar l’un des présentateurs, mais cela ne l’interpella pas trop. C’était du direct. S’il n’était pas sobre, il en aurait peut-être profité pour insulter en direct le roi de quelque chose. Mais il devait faire attention. Il ne devait pas se faire avoir. Que faisaient ces maîtres dans l’art de déblatérer des âneries sur des fortes personnalités ici ? Il songea un instant à ce qu’ils soient là pour lui. Mais c’était bien trop stupide, comme idée. Il ne s’était jamais démarqué sur la scène politique pour une raison. Ce n’était pas comme si son anonymat par rapport à toutes ces luttes pouvait s’écrouler du jour au lendemain. Si ?

Le barman approcha alors son visage de Damné de celui de son maître. Son sourire cachait toujours on ne sait quelle machination. Il lui signala que l’espace boisson allait fermer, et Légion n’eut d’autres choix que d’accepter le fait de devoir se tirer. Ainsi termina-t-il sa citronnade avant de se lever et de partir dans il ne sait quelle direction. Quel genre d’activité y avait-il à faire, ici ? Il reprit sa réflexion : pourquoi les damnés venaient-ils donc en cet endroit ? Danser ne pouvait pas être la seule réponse. Cela serait trop simple. Leurs enchaînements de mouvements pouvaient déjà se faire dans les Champs-Désolés. Peut-être qu’ils avaient un autre leader ? Une autre personne avec assez de charisme pour les mener quelque part ? Cela pouvait donc être un potentiel ennemi. Une force à combattre pour le contrôle des morts. Peut-être un nécromancien ? Un être capable de maîtriser la magie qui permettait de voler à la mort ses âmes durement gagnées. Un personnage aux pouvoirs terrifiants. Mais rien que l’être qui ait brûlé le monde ne puisse annihiler.

Les Damnés commençaient à s’amasser autour de lui. Des costumes noirs et blancs et des robes au style critiquable. Les yeux blancs et noirs, les peaux pâles comme la neige, grise comme le bois brûlé, les cheveux dénués de couleur. Parmi tous ces êtres qui avaient obtenu le meilleur lot en terme d’attractivité, Légion ne se démarquait pas forcément. Il était tout aussi mort que les autres, après tout. Ils étaient ses serviteurs, et il était leur maître. Il était dûr d’imaginer un chef qui ne ressemblait pas un minimum à ses sous-fifres. Si on s’attachait à ce qui nous ressemble, alors on pouvait comprendre pourquoi le physique était une part importante de la domination des êtres intelligents.

Le charisme. Il pouvait paraître sous différentes formes. La détermination. L’humour. L’honnêteté. Le mensonge. Un sourire charmeur ou bien un regard tourné vers le futur. Le nombre de possessions. La jeunesse dynamique ou bien la sagesse du vieux. Une mocheté ridicule ou bien une beauté qui fait ravir les coeurs. Une terreur qui contrôlait la population, ou bien une course à la récompense qui les faisait obéir. Une hiérarchie sociale ou bien une égalité quasi totale. Tellement de façons de jouer avec les masses. On pouvait se dire parfois qu’une personne était intelligente, mais qu’un groupe était complètement stupide. Légion songeait à s’il était possible d’un jour rallier tous les êtres vivants du monde sous une même bannière, et ce, en gardant pourtant leurs individualités respectives. Il était aisé de garder sous son contrôle des nombres et des statistiques. Pas des individus. Serait-il parfois bon de créer un bonheur simple et petit pour maintenir une harmonie ? Cela signifierait renier un libre-arbitre inné à chacun. Donner une éducation nécessaire à chacun pour les faire se respecter serait peut-être bon.

Les morts se regroupaient davantage. Un bruit de fond se faisait entendre. Certainement ces mêmes maîtres de la caméra et du direct qui faisaient une expérimentation sociale sur les êtres blancs de visages et de cheveux, et vides de vie. Ils n’avaient qu’un corps et une existence, après tout. Mais il n’était pas nécessaire pour Légion de se retourner. Son regard était porté vers le sol, alors qu’il rêvait encore à ses méthodes de contrôle de sa propre populace. L’histoire des Champs-Désolés semblait plus lui prendre la tête que la réalité des vivants. Il avait encore du mal à se faire à l’idée qu’il possédait à présent, à nouveau, des hommes de main. Des êtres capables de le suivre n’importe où, tous aussi immortels que lui et entièrement aptes au combat, que ce soit par la technique ou bien par la violence animale qui habitait chacun d’entre eux. Une faction de maniaques pour celui qui fut bien pire que tous réunis. Il semblait qu’il se détachait peu à peu de la réalité, par ces réflexions. Il entendait moins les bruits. Il entendait de moins en moins tout ce brouhaha environnant. Il se retrouvait seul, entouré par tous ces gens. Seul avec ses pensées. Un calme presque apte à le faire se détendre. Voyons voir. Trois cents ans depuis sa mort. Il n’avait quasiment rien fait après sa fuite de l’enfer. Des tentatives de reprendre la mort pour sentir l’adrénaline se transformer en dégoût et la motivation en remords. Des essais plus ou moins fructueux pour passer du côté des “gentils”. Une fuite totale de tout ce qu’il avait construit dans sa vie d’antan. Mais désormais, il avait le monde sur lequel le Diable régna un jour. Il avait enfin de quoi faire pencher la balance qu’il critiquait depuis si longtemps. Et le meilleur, dans tout ça, c’était que personne n’en savait rien.

C’était trop beau pour durer.

L’attaque qu’il venait de subir était d’un type qu’il ne savait pas contrer. En effet, elle ne s’enregistrait dans aucune catégorie d’arts martiaux. Elle ne s’apparentait à rien. Ce n’était pas une prise de judo. Ce n’était pas une attaque dont le but était de faire mal. Ce n’était même pas quelque chose qui permettait de frimer et de se mettre en spectacle comme une prise de catch. Non, c’était quelque chose d’autre. De pire. Une technique interdite : le câlin. Tellement puissante que le spectre eut besoin d’un temps pour analyser son impact. Mais malheureusement, il se rendit compte d’un hic : il était filmé par toutes ces fameuses caméras dont le direct était assuré. D’autant plus que l'assaillante ne se priva pas de dévoiler sa position en tant que maître des Damnés. Son esprit n’eut donc qu’une réaction :


”...Leixy..."

C’était un bougonnement faible, alors que cette dernière s’amusait à déceler si son corps avait changé avec le temps. Il ne saurait dire, ne s’étant pas regardé dans un miroir depuis quelques siècles. Il regardait dans le vide depuis tout à l’heure, semblant avoir du mal à suivre ce qui se passait. C’était simplement pas tous les jours qu’un fantôme de son passé, non, que la personne la plus importante de sa vie d’avant, qu’il avait évité depuis la première photo d’elle sur un magazine qu’il avait pu voir, et le premier soulagement qu’il eut en observant cette dernière, vivante, et capable de se subvenir toute seule, était au même endroit que lui, et venait d’informer le monde de son affiliation avec l’ennemi de tous ceux qu’elle avait fréquenté jusque là. C’était peut-être également le fait de recevoir une réelle marque d’affection depuis quelques centaines d’années qui venait de lui provoquer un choc émotionnel oublié. Au final, ses yeux semblaient avoir perdu tout blanc. L’ombre causée par son front et ses cheveux semblait cacher entièrement son expression.

Il ne fit rien, laissant donc l’enchanteresse analyser au toucher son enveloppe corporelle. Il avait reconnu sa voix capable de passer d’une douce manipulatrice au cri de souris de la folle adoratrice qu’elle cachait en son intérieur. Il se laissait faire, très certainement parce qu’il avait oublié les réactions possibles après une attaque dans le dos en dehors des éclatements de la figure de l’agresseur sur le sol, ou bien le broyage des connections des articulations de ses bras. Ce n’était pas possible, pour le moment. Il devait éviter de la massacrer tout de suite. Ainsi se laissa-t-il prendre par la main et tirer vers un ascenseur .

Il se retrouva face à elle, dans un espace clos, petit, fait de métal, et s’agitant de haut en bas. Le fameux doux rayon de soleil dans le ciel nuageux qu’était sa vie avait pris le temps d’appuyer sur tous les boutons pour qu’il se retrouve avec le spectre, en face à face, pendant un petit bout de temps. La vérité était que le fantôme n’aimait pas vraiment se retrouver ainsi dans une boîte transportée vers on ne sait où, sans pouvoir voir plus loin. Un léger contrecoup de son séjour dans sa cellule des enfers. Trois fois rien. S’ajoutait ainsi sur son estomac déjà appuyé par le malaise un nouveau poids qu’était de se retrouver ici. Mais ce n’était pas grave. Ce n’était pas grave. Ce n’était pas grave. Il devait rester calme.

”Leixy..."

Ding !

Légèrement plus fort, celui-là. Néanmoins pas assez pour distraire la... succube ? Elle avait changé bien plus que lui, physiquement. Que ce soit par ses poignées sur la tête qui permettaient de mieux conduire sa bouche, les ballons sur sa poitrine qui rendaient plus aisées toutes les attaques sur le torse, et le regard jaune et terrifiant qui s’était placé sur ses yeux, il semblait presque être face à une créature différente. Mais c’était pourtant la même voix, la même façon de penser. Peut-être quelques gros ajouts d’amour personnel. Des goût critiquables en matière de costume, mais bon, Légion ne s’était pas trouvé dans un vêtement qui lui convenait bien. Il n’était pas un maître de la garde-robe de toute façon. Leixy jouait avec sa main et sa cravate depuis tout à l’heure. C’était étrange, elle n’avait pas essayé de lui mordre les doigts. Se pourrait-il qu’elle se soit également calmée avec le temps ? Légion vint à en douter.

Ding !

”Leixy."

Ding !

Il venait de se prendre la totalité de son dialogue sans ne rien répondre, et daigna enfin élever la voix. Il dégagea rapidement sa main de la place où elle se trouvait, et la fit s’enflammer afin de se débarrasser de l’amour qui l’avait ointe. Son regard s’était à nouveau démarqué de son visage. Ses yeux d’ambres fixèrent durement la pauvre femme de ses rêves. Il recula alors de quelques pas, avant de poser son dos contre l’une des parois de l'ascenseur. Un long soupir parvint à s’échapper difficilement de sa gorge, alors que ses pensées tentèrent de s’organiser une dernière fois.

Ding !

”J’ai joué cette scène dans ma tête des millions de fois. Le contexte. La réunion. Ta réaction. La mienne. J’ai tenté d’anticiper le meilleur, et de me préparer au pire. Mais je ne peux dire qu’une chose : je suis terriblement déçu."

Ding !

Un sourire peiné se dessina sur son visage. Un rictus nerveux qui témoignait d’un mal profond. Une tentative de maîtrise d’émotions négatives en tous genres. Le synonyme de la difficulté à accepter une situation, et à tenter de rester calme malgré les circonstances. Néanmoins le monotone de sa voix ne l’avait pas quitté, malgré sa frustration montante. Les bruits de l'ascenseur commençaient à l’agacer. Cette sensation de prison aussi. Mais il devait rester calme. Sa main enflammée commença à se serrer. Des hurlements purent se faire entendre, bien étouffé par la porte en métal qui séparait les deux acteurs. Le feu s’éteignit alors.

Ding !

”As-tu seulement l’idée de ce que tu viens de faire ?"

Ding !

Il s’était mis à regarder le plafond, toujours avec ce sourire dégoûté et déçu. Contre quoi était-il en colère ? Contre quoi s’énervait-il ? Quelle était la source de cette haine ? Ce n’était pas sa pauvre Lily. Elle n’y était pour rien. Il la connaissait bien. Ce n’était pas de sa faute.

Ding !

”J’ai passé tellement de temps à tenter d’influencer ce monde sans me faire remarquer. Personne ne me connaissait. J’essayais de changer l’univers. De faire quelque chose de marquant. D’empêcher les Maléfiques de perturber davantage le monde, de se moquer si durement de la vie. De ne pas être découvert..."

Ding !

Son sourire disparaissait alors qu’il hochait nerveusement de la tête. Il pointa son visage vers le sol, laissant s’échapper une bouffée d’air, avant de regarder à nouveau celle qui s’était coincée par choix dans cet ascenseur avec lui.

Ding !

”Et puis un beau jour, Tim me dit que certains de mes serviteurs s’échappent discrètement. Il..."

Ding !

Il rigole à nouveau, légèrement, discrètement.

Ding !

”Il me fait porter un costume à la con, il me dit d’aller enquêter sur les Damnés qui font la fête directement parce qu’ils sont incapables d’être lu, et tu débarques au milieu de nulle part, en me sautant au cou, et tu révèles mon existence au monde !..."

Ding !

Il semblait perdre le contrôle. Le ton de sa voix tremblait. Il tentait de garder ce même contrôle sur lui-même qui était typique de lui en combat. Il essayait d’être le maître de la situation. Mais cette même situation lui échappait. Il ne devait pas perdre ce pouvoir sur ses émotions. Il ne devait pas s’énerver.

Ding !

”Et maintenant, tout le monde sait comment m’atteindre. Tout le monde sait que je tiens à quelqu’un. Tout le monde sait que j’ai une faiblesse. Tout ce que j’ai construis comme mythe pour terrifier mes adversaires, mes ennemis, et tous ceux qui s’opposent à moi vient de partir en fumée. Fini ! Disparu !..."

Ding !

Le blanc de sa sclère semblait se noircir. Son visage laissait paraître ses dents. Il agitait des mains pour mettre de l’emphase sur ses paroles. Il devait impérativement se calmer. C’était l’objectif. Essayer de rester calme. Stop.

Ding !

”Et le pire..."

Ding !

Il se laissa tomber dos au mur, à nouveau, faisant tourner sa tête de droite à gauche. Il avait repris son rictus pitoyable et pathétique. Il ferma les yeux quelques secondes, comme pour reprendre ses paroles en tête. Mais il avait commencé sa phrase. Il ne pouvait pas la laisser incomplète.

Ding !

”Le pire c’est que ce n’est même pas ça qui me trouble autant..."

Ding !

L’ascenseur devenait de plus en plus insupportable. Il eut du mal à laisser sortir cette dernière phrase sans rire nerveusement. Il n’avait plus du tout le contrôle sur la situation. Il n’avait plus d’accroche. Plus de panneau de commande. Il ne dominait rien. Il était au plus bas de l’échelon. Il était même le marchepied qui y accédait.

Ding !

”Le pire..."

Ding !

Du calme. Se contrôler.

Ding !

”Le pire c’est que maintenant, tu n’es plus en sécurité."

Ding !

Ses yeux redevinrent de blanc et d’orange. Il semblait s’être allégé d’un poids.

Ding !

”Tu viens de te détruire la vie. Ceux que tu fréquentais, ceux qui te protégeaient pour tes réussites. Pour tes capacités. Tes amis… Ce sont mes ennemis à présent."

Ding !

C’est bon. Il l’avait dit. C’était une fille intelligente. Elle était capable de comprendre ce qu’il voulait dire par là. Enfin, l’Alliance Maléfique était assez stupide pour ne pas suivre les informations. Et Hidan était bien trop stupide pour tenter quoi que ce soit quand il y avait du bon temps en vue. Légion pouvait espérer que ces derniers la gardent en vie. Les Black Feathers, eux… Le spectre ne savait que faire. Pour lui-même comme pour Leixy. Il n’osait même pas la regarder de face, maintenant.

Ding !

”Au moins… je vois que tu t’es amusé, durant tout ce temps. T’as grossi là où tu le voulais. Tu t’es débarrassé de ce qui faisait de toi une ange. Au moins l’un de nous a passé du bon temps..."

Ding !

Cette fois-ci, c’était le bruit de trop. Serrant son poing gauche, il donna un coup dans les portes de l'ascenseur. Les pauvres ne purent que s’adapter à la forme du coup, mais le spectre n’en resta pas là. Les attrapants de ses deux mains, il les força à s’ouvrir avec beaucoup de brutalité, les empêchant de se refermer à jamais. Cependant, l’élévateur se mit à monter. Le fantôme attrapa le haut de l’entrée vers cet étage inconnu, et usa de sa force pour arrêter tout mouvement du monte-charge. La machine ne put que s’incliner et s’arrêta définitivement à cette station. L’amalgame sortit, et prit une grande inspiration. Voilà enfin finis les bruits, les mouvements, et cette sensation d’emprisonnement. Cela faisait du bien. Ils s’étaient retrouvé au niveau du restaurant, mais les clients n’y étaient pas.

”Ils sont tous rentrés aux Champs-Désolés. De force. C’est un trajet long et douloureux que ce renvoi vers le monde des morts, mais…"

Il laissa s’échapper un soupir rapide, comparable à un rire.

”J’avais besoin de me défouler."

Il se retourna vers Leixy, qui était peut-être sortie de l'ascenseur, ou bien qui y était resté.

”Je ne peux pas te laisser partir, à présent. Tu viens juste de te mettre en grand danger par ma présence. Il faut trouver un moyen de remédier à cela."

Il s’approcha alors du comptoir de la boutique de restauration. Il n’y avait personne.

”Je sais que vous êtes là. Je vous ai laissé votre corps exprès."

Et il put voir un être tremblant se relever, avant de lui demander, au prix d’un grand effort :

”Q-Que désirez-v-v-ous ?"

”Donnez à la dame ce qu’elle prend d’habitude. Et un whisky pour moi."

”T-t-tout d’suite !"

Et il s’enfuit. Prenant la seule table sur laquelle il n’y avait rien, il s’asseya à une chaise, jambes tendues, posant un bras sur son estomac, le coude de l’autre sur le dos de sa main et ses doigts contre ses yeux. Il devait prendre un instant pour se remettre les idées en place.

Leixy
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MessageSujet: Re: Absinthe   Absinthe ClockMer 2 Mai 2018 - 3:47
We shut down our world
You're always trying
To hide in the night
And blink at the door
You'd let it go...
You've got to open up your heart and feel the love in your life
You've gotta open up your mind and feel the love in your life



La succube était aux anges. Toutes ces années à devoir avancer d’elle-même, sans aucun repère. Sans son créateur, celui qui avait changer la quintessence même de son être jusqu’à leurs rencontres, angélique. Il l’avait amadoué et l’avait transformé. Leixy avait été façonné par lui et sa personnalité, elle l’avait développer à ses côtés. Le moindre petit bout de son être n’était qu’un reflet de ce que Légion lui avait enseigné, de ce qui était susceptible de lui plaire, rien qu’à lui. Malgré sa mort il y a de cela déjà 300 ans, la démone n’avait cessé de le vénérer dans son coeur et dans sa mémoire, et avait perpétuer ses actions machiavéliques en cherchant continuellement à s’améliorer pour rendre fier son créateur. La belle avait apprit à peaufiner ses approches, ses oeillades plus criante de sexualité que les prostituées, ses manières douces et félines comme surnaturelles, ses sourires à en faire tomber à la renverse les deux sexes, les prétendus asexuels ou asexués, et même bien plus encore. La succube était devenue une experte dans sa nature même. Elle était une démone du Désir. Celle qui sait déceler ce qui fera succomber ses victimes à son charme tôt ou tard, qu’importe ce qu’ils veulent réellement. Celle-là même qui chuchote à l’oreille des mortels pour les rendre fou d’elle.

Auparavant Leixy n’était qu’une débutante, celle qui apprenait tout de son maître et qui poursuivait un long apprentissage pour appréhender et saisir comment fonctionnent les mortels afin de mieux les dupés. En l’espace de ces trois cent années, la démone était devenue une icône de la mode et du charme, une femme en qui de nombreuses personnes se reconnaissaient. Qu’on la critique, qu’on l’adule, qu’on lui crache dessus parce qu’elle était bien trop parfaite pour être réel: qu’importe. Les potins, les tweet, la TV l’avaient aidé à être propulsé sur le devant de la scène. Sans le savoir, ils l’avaient tous aider à devenir un mythe vivant, “la plus attractive femme de ce siècle” d’après certains magazines, ils l’avaient assister dans sa quête des âmes. Année après année, Leixy avait su élargir sa palette de savoir et d’attractivité pour récolter encore et toujours plus d’âmes, en pensant que cela rendrait plus que fier celui qui l’avait créé de toute pièce.

Dans son coeur, elle était intimement persuadé qu’il lui reviendrait et celle-ci voulait être devenu d’ici là la meilleure version d’elle-même pour son maître. Certains désiraient être comme elle, d’autres acquérir la moindre parcelle de son être physique, d’autres encores voulaient s’approprier son coeur. Personne ne réussissait. Leixy leur faisait croire tout ce dont ils avaient envie pour mieux leur arracher leur essence. Mais ô grand jamais cette dernière n’avait voulu remplacer la place qu’occupait Légion dans son coeur.

Après tout ce temps, pouvoir contempler son créateur de nouveau était la meilleure chose qu’elle avait vécu. C’était une brise d’air frais dans sa vie qui était un rêve éveillé à l’heure actuelle, et il en était la plus belle matérialisation de ce songe. Sa vie ne pouvait être plus comblé qu’avec la subite ré-apparition de celui qui, jadis, avait été son entraîneur. Toute sa fourberie et ses subtiles habilité charismatiques, Leixy les avaient apprise de lui à la base. Il était sa plus grande muse, son inspiration la plus profonde et enflammée, il était le socle fondateur de tout ça. Il l’avait créé. Elle n’avait jamais failli à la tâche pour laquelle il l’avait programmé: être une succube. La meilleure. La démone s’était démené pour l’être, et continuer de l’être, jusqu’à ce qu’il lui revienne. Alors ce soir, c’est le feu chéri. Dans tout son corps bourdonnent ces papillons de milles et une couleur qui lui rappellent à quel point il est l’être le plus important dans sa vie. Son coeur est un brasier qui n’a jamais cessé de brûler, ce soir plus que jamais.

Alors, voilà. Ils étaient enfin réunis, à l’abris des regards. Leixy prenait la réaction jemenfoutiste de Légion comme une provocation, un jeu. Un jeu qui allait très vite mal finir et la faire déchantée. Elle était loin de s’imaginer la tournure qu’allait prendre les événements, ici. Après tout, qu’aurait-elle pu faire de mal ? La succube avait continuer d’honorer son but, collecter des âmes pour son maître, en se donnant pour devenir chaque fois plus performante. Du coeur, toujours elle lui était resté fidèle. Les plaisirs charnels ne sont qu’un passe temps, mais aucun de ceux que la démone avait pu avoir n’était comparable à ses relations sexuelles avec son créateur. Ce n’était qu’une mascarade amusante avec ses quelques amis proches, mais jamais son coeur n’avait changé d’avis. Il n’y avait que Légion.

Troisième fois qu’il répète son prénom, et cette fois, la belle relève la tête vers lui d’un air interrogateur. La démone le laisse retirer sa main, il l’enflamme. Elle rigole bêtement comme si c’était encore le jeu. Mais le regard sombre de son créateur lui file des doutes. Il recule contre le fond de l’ascenceur et Leixy croise les bras. Pour l’instant, elle a le sourire. Son sourire amusé, comme s’il la cherchait par pure malice. Oh, comme la démone est loin de se douter de ce qui va lui tomber sur le coin de la figure…

Ma nouvelle apparence ne te plaît pas ? Je peux me muer en une forme différente pour mieux te convenir si tu préfères. C’est juste l’apparence la mieux adaptée aux critères de beauté de la majeure partie des mortels.

Il soupire longuement. Cette dernière reste confiante pour l’instant: il veut plaisanter…

Mais elle constate son rictus désappointé. Lentement, elle décroise ses bras, l’un de ses sourcil arqué à cause de l’incompréhension. Des hurlements étouffés. Leixy se retourne, comme si de toute façon elle pouvait voir quelque chose d’ici, la sotte… son visage désabusé se tourne vers son créateur alors qu’il prononce une phrase qui embroche son coeur, vigoureusement et sans détours. Mais lui, il fixe le plafond. Et son sourire insatisfait et désenchanté ne le quitte pas.

Mais… Légion…Je n’ai jamais failli à mon devoir, j’ai…

La démone est déconcertée, perdue. Il lui balance toutes ces choses qui n’ont ni queue ni tête pour cette dernière. Mais qui est cet homme ? Où est passé Légion, l’homme qui l’a forgé dans l'espièglerie et l’esprit du Malin ? De quoi est-ce qu’il parle, bon sang ? La star se retrouve désemparée, totalement, face à quelqu’un qu’elle n’arrive pas à reconnaître. Il a perdu de sa joie de vivre et de son aura roublarde. Il semble être l’ombre de ce qu’il fut.

Mais tu es Seigneur en ce monde, tu as déjà marqué l’univers...  et...mon coeur aussi…

Dit-elle à voix basse, une phrase vaine et inutile face à ce qu’il lui reproche. La jeune femme n’a pas le temps d’en dire plus: son talkie-walkie dernier cri sonne. “Leixy ! C’est Xul, c’est quoi ce bordel ? Leixy ?!” les cri se sont presque éteint. Les dires de Légion l’avaient distraite de cela. La démone sort son appareil et désactive le son maladroitement. Ses mains ne sont plus aussi habiles, et ses manières plus aussi parfaite lorsqu’elle se fait réprimander de la sorte par l’homme de sa vie.

Son rire est plus cringe encore que le barman. La démone recule et manque de tomber à la renverse alors que l’intonation de son maître est modulée en quelque chose de tremblotant à cause de la colère. Cette dernière colle elle aussi son dos contre une paroi de l'ascenseur, dans un coin. Un tout petit coin dans un angle, pour se faire petite. La star ressent comme si… comme si ses jambes se dérobaient sous elle. Son teint commença à blêmir. Peu de choses étaient susceptibles de vraiment terroriser Leixy, et l’ultime personne ayant un tel pouvoir… était enfermée dans un ascenseur à ses côtés.

J-Je…d-désolée… …. .…désolée…

Si la voix de Légion tremblait parce qu’il se contenait de littéralement exploser, la voix de Leixy tressaillissait d’effroi. On devinait les sueurs froides qu’elle devait subir en ce moment même. Petit à petit, cette dernière se laissa glisser au sol dans une position pathétique. Elle ramena ses jambes contre son buste, déposant ses bras autours de ses jambes et sa tête contre ses genoux dans un air de soumission et de traumatisme plus que total.

Malgré le fait que, cela ne lui avait pas échappé qu’il avait dit que tout le monde savait maintenant qu’il tenait à quelqu’un, la pointe d’espoir se transforma en une nouvelle vague de tourment en entendant la fin de sa phrase. C’était à cause d’elle qu’il venait de perdre son influence sur ses ennemis d’après ses dires, ce qui n’était pas rien. La démone écarquillait les yeux et se recroquevillait sur elle-même, comme une pauvre chose démunie face à une puissance écrasante. Ses sens étaient tellement en alerte qu’elle était pétrifiée par l’horrifique vue de Légion qui continuait de l’ignorer, tout en la brisant par la grandiloquence de sa gestuelle et de ses dires.

La star n’osait plus parler. De toute façon, sa gorge était tellement serrée par l’angoisse provoquée par la situation qu’il lui était impossible de la débloquer pour l’heure. Les couleurs d’iris et du blanc de l’oeil de son maître sont ternies, sombres. Il est encore plus creepy qu’à l’origine. Lui aussi se laissa tomber au sol, las, peut-être bien, au fond, aussi perdu que l’était Leixy face à toutes ces phrases qui lui en faisait prendre plein son grade. Il admit que ce n’était même pas tout ces faits accablants qui l’inquiétait le plus. Comme un réflexe, la démone frémit en entendant cette phrase et le rire nerveux qui l’accompagnait. Que pouvait-il encore dire de pire après… après l’avoir brisé à ce point ?

Stupéfaite et confuse. Toujours aussi éprise de culpabilité et d’épouvante, mais il venait de signifier qu’elle n’était pas tout à fait rien à ses yeux. Alors malgré toute la peine et la destruction quasi-totale de son coeur, un faible sourire se dessina sur ses lèvres. Comme si elle en avait honte, la démone cacha son visage en l’abaissant un peu plus contre ses genoux. Cette honte irationnelle avait été générée par l’ultime peur qu’il finisse par la rejeter à cause de ses multiples reproches à son égard. Pire que de se faire démonter moralement de la sorte. Pire que s’il la frappait physiquement ou s’il lui brisait le coeur de toutes les autres façons dont il le pourrait: s’il la délaissait consciemment, ce serait la fin. La vraie fin. Celle qui vous fait comprendre que vous n’êtes rien et que vous n’avez rien, que vivre n’est plus qu’un luxe inutile.

Impossible pour Leixy de comprendre réellement. Pas encore. Pourquoi disait-il qu’elle avait détruit sa vie ? Qu’avait-il fait ces trois cent dernières années pour raconter des trucs pareils ? Bien sûr, cette dernière ne pouvait que croire son maître… et son attitude criante de réalisme, à un tel point qu’il avait réussi à foutre une trouille cauchemardesque à sa suivante. Dire que les amis de la démone était dorénavant ses ennemis à lui était… dur à avaler et à appréhender. Cette dernière pensa directement à Xul et à Hidan, qui étaient non seulement ses associés mais ses amis les plus proches dans ce monde. Cette dernière ne voulait certainement pas qu’il leur arrive malheur: ils avaient été les figures familières les plus importantes pour l’aider à avancer dans sa vie, pendant toutes ces décennies sans Légion pour l’épauler. Ils étaient digne de confiance et plein de bienveillance envers la succube.

L’avanie était maintenant de mise. Ce qu’il venait de lui dire était plus qu’humilitant. Cette dernière avait transformé son physique pour correspondre à ce monde, certes, et pour combler son manque de confiance en elle également, mais avant tout et surtout pour plaire à Légion… Les larmes commencèrent à s’accumuler au bord de ses yeux, déjà meurtri par ses précédentes révélations. Ne plus être physiquement un ange n’était cependant rien, juste un signe qu’elle reniait ce qu’elle avait pu être dans un passé très reculé. Et sa dernière phrase… était la pire de toute.

Même alors qu’il l’avait rabaissé plus bas que terre, Leixy avait fait une fixation sur cette phrase répugnante. Au moins l’un de nous a passé du bon temps…. La succube n’était pas prête d’oublier ça, ou le reste, mais surtout cette maudite phrase. Cela voulait-il dire qu’en plus d’avoir souffert, seul, dans son coin tout ce temps, maintenant qu’il était là et revenu près de Leixy, cette dernière lui apportait d’autant plus de souffrance au lieu du réconfort ? S’il désirait la dégoûté d’elle-même, il avait réussi son coup plus qu’il ne pouvait l’espérer. Tristesse et mépris d’être aussi incompétente se bousculaient dans son esprit.

Avant qu’il ne pète définitivement son câble sur Leixy et ce, physiquement, c’est les portes de l'ascenseur qui en firent les frais. La jeune femme se contenta de rester bien gentiment dans son coin, toujours dans un état de choc. Ses membres tremblaient à cause de toute la scène qu’elle avait vécu, de la détestation de soi que cela lui avait apporté entre autre, et de sa peur bleue de Légion. L'ascenseur fini par céder face à la force surhumaine de celui qui le malmenait, à l’étage du restaurant.

Vide. Illogique. Légion avait la réponse. Le regard horrifié de Leixy n’osa pas se lever vers son créateur. Elle aussi préférait l’éviter pour un long moment. Cette dernière retenait ses sanglots. Peur de faire du bruit, peur de l’agacer d’autant plus. Ce n’était pas dans ses habitudes de se laisser faire, comprenez-le. Mais rien ne pouvait la rendre assez forte pour affronter et contredire l’homme qui dirigeait sa vie, même lorsqu’il avait périt il y a de cela une éternité. Leixy avait construit sa vie par rapport à Légion et tout gravitait toujours uniquement autours de lui. Tous ses espoirs de le rendre satisfait d’elle s’étaient lamentables heurter contre la froideur et la colère de son maître. Et il disait ne plus pouvoir la laisser partir…Ce n’est pas comme si c’était ce qu’elle voulait au fond d’elle. Mais là, tout de suite, s’enfuir était la meilleure option pour qu’elle arrive à trouver un putain de sens à tout ça.

Son créateur avait au moins laisser un serveur en vie. Il commanda un whisky, et machinalement le serveur prépara la même chose pour Leixy puisqu’elle avait également l’habitude de boire ce breuvage-là. Légion était maintenant assis à une table vide. Il avait adopté une position pour se concentrer sur une profonde réflexion intérieure, et il semblait à peu près… calme. Toujours plus calme qu’il ne l’était en étouffant dans l'ascenseur.

Ding.

Un autre ascenseur s’ouvre, comme si c’était le moment. Le nécromancien, patron du domaine, déboule comme une furie dans la pièce.

C’est quoi l’embrouille ? Où sont mes clients ?” il fait un tour sur lui-même. Il fronce les sourcils et il matte la silhouette de Légion. “Oh… c’est toi…” Xul n’ajoute rien de plus, comme s’il savait déjà qui était ce mec. Difficile de ne pas le savoir en même temps...  Il se détourne de lui en entendant les faibles gémissements de Leixy qui est restée assise comme une froussarde, mutilée mentalement, dans l'ascenseur cassé. Xul s'approche de son amie et s’accroupie près d’elle. “C’est ce type qui t’a mise dans cet état là ? C’est pour un con pareil que t’as consacré ta vie et tes nuits à pleurer tout ce temps pour ce résultat ? Être encore plus détruite avec lui que sans lui ? Eh ben… ça vaut le coup d’être amoureux sincèrement.” Il lui prend les mains et l’aide doucement à se relever. “Hidan va être ravi d’apprendre que tous les messages que t’as laissé sur son répondeur pour retrouver ton créateur t’ont servi à être dans l’état le plus lamentable dans lequel j’ai eu l’occasion de te voir.

Leixy voudrait lui dire d’arrêter, par peur. Légion a déjà dit que ses amis étaient ses ennemis. Et il était déjà très enragé… Mais Xul ne s’adresse qu’à son amie, il ignore complètement le Seigneur des damnés.

Absinthe Ahzi

Il sèche les larmes de son amie de ses doigts crochus, qui d’un regard douloureux, le remercie, et le supplie aussi de partir. Ce dernier soupire longuement et finit par la laisser seule avec son bourreau après s’être assurée qu’elle tenait enfin debout sur ses deux jambes.

Le serveur apporte silencieusement sa boisson à Légion. La démone s’approche indolemment de son créateur, sans conviction. Cette dernière ne s'assoit même pas sur une chaise. Elle s’écroule, encore. Cette fois, à genoux aux côtés de son maître. Le serveur lui tend sa boisson. Leixy le remercie d’un signe de tête perturbé et saisi faiblement le verre, qu’elle vide immédiatement d’une traite. Pour se donner du courage.

Trois cent ans…. Trois cent ans Légion…” articule t-elle doucement. “Tu es mort, tu… tu ne m’as jamais donné aucun signe de vie alors que tu es bel et bien là, vivant… Et ce n’est même pas intentionnellement que tu es venu à l’Antéchrist…” La démone déglutit difficilement. Elle allait finir par se faire étriper par son maître. Probablement. “J’ai continuer à vivre… pour toi. J’ai essuyé de multiples échecs et je me suis saigné pour devenir la meilleure dans ce que tu m’as apprise à être… J’ai récolté pour toi des milliers, des millions d’âmes, toujours plus… J-j’ai… tout fait en sachant qu’un jour tu me reviendrais…je voulais que tu sois fier de moi… que tu puisses te rendre compte que ma dévotion était sans failles, même après ton décès…” Délicatement, elle posa sa main sur l’une des cuisses de son maître. Son regard, éprouvant, se leva enfin vers lui. C’est dire à quel point il l’avait mentalement ruiné: ses yeux ne cessaient de produire du liquide lacrymal. “Tu n’es plus celui que j’ai connu...soit. Mais ne perd jamais de vue que ma vie t’es consacrée… et que je ne recherche que ton approbation, continuellement… et… là, je te retrouve après toutes ces décennies et tu… tu me rejettes comme si je n’étais… qu’un vulgaire o-..outil…” Elle est dépitée, et… seule. “Qu’est-ce que tu attends de moi…je ne suis même plus sûre de ce que je suis et… et… je ne sais même plus comment te satisfaire…Qui es-tu maintenant, mon amour… ?

Sa main se resserre sur la cuisse de son maître. Elle baisse de nouveau la tête et le flot de larmes la submerge à nouveau. Subitement, Leixy retire sa main. Elle ferme les yeux quelques instants et concentre sa magie, ailleurs. Ou ce qu’il en reste parce que… Leixy peut sentir que sa propre aura est en train de s’amenuiser… de… disparaître ?

Tu sais que je n’avais pas d’estime envers moi-même quand tu m’as trouvé. J’ai mis longtemps avant de n’avoir ne serait-ce qu’un semblant d’égo mal placé… Seul ton regard compte. Et tu m’as prouvé que je n’ai pas du tout réussi comme je le croyais…. Je n’arrive même pas à plaire et à satisfaire l’homme qui m’a façonné….” Elle se lève, défaitiste. “Tu as raison: je suis une déception.




Toujours le visage abaissée, elle commence à disparaître. Leixy venait de matérialiser l’un de ses clones à l’extérieur de l’Antéchrist et venait d’échanger sa place avec ce dernier, laissant Légion seul avec ses pensées et son échec: sa propre création.

Comment croire à nouveau en elle-même ? La succube était un crève-coeur pour son maître. Désabusée, anéantie, le joug de son créateur avait suffit à faire s’envoler tous ses espoirs, toute sa confiance en elle-même. En regardant son reflet dans la façade en verre d’un bâtiment non loin de l’Antéchrist, cette dernière chasse ses larmes… et se détourne vite de son propre visage qui la rend nauséeuse. Cette dernière marche d’un pas incertain vers la ville, ses jambes flageolent toujours. La star sort une cigarette d’une de ses poches liées à sa robe. C’était rare qu’elle fume, mais de toute façon les immortels comme cette dernière ne ressentent pas le réel goût ni les méfaits de la clope.

La star tend sa main pour faire apparaître l’une de ses orbes de feu et allumer sa cigarette.

...!

Rien ne se passe. Cette dernière, contrariée, force pour que sa magie fonctionne. Rien n’y fait. Qu’est-ce qui lui arrive ? Son regard affolé inspecte sa main. Elle essaie avec l’autre… Mais aucune flamme, et encore moins une orbe enflammée n’apparaît.

Sa posture chancelle. La succube arrive à attraper le briquet qui réside dans son paquet de cigarette, jusqu’ici inutile. Titubante, elle allume l’objet tant convoité…

… et manque de s’étouffer dans ses toussotements.

Ce fut une première. Le goût amer qui se plonge dans vos gorges et qui vous brûle la trachée comme une vague acide. Elle tousse de plus belle en hoquetant de surprise. Jamais elle n’avait pu ressentir ce goût immonde jusqu’alors. Qu’est ce qui se passe ?

Leixy ! Leixy !” Hurle ses fans. Les tarés qui attendent et campent à des endroits stratégiques en attendant que leur star sorte peut-être à un moment par ici, vous savez ?

Cette dernière tente de lire dans leurs pensées pour comprendre ce que la masse veut et les détourner gentiment avec quelques pirouettes charismatiques. La démone a beau se concentrer, même sur une seule personne en particulier… elle n’entend rien. Aucun flot de pensée, même pas un seul. C’est quoi le problème ?

Hé Leixy ! Regardez par ici !

Les flash des photos n’ont jamais été aussi terrifiants pour elle. La magnifique succube est déboussolée. Pas de gardes du corps, plus de dons, plus de... pouvoirs. Plus de sécurité. Des gens s’approchent et commencent à la toucher. Panique. Son souffle se fait court et elle ressent… du stress. Qui comprime son coeur, qui paralyse ses membres. Personne n’en tient compte. Ses fans veulent une photo avec Leixy, parler avec elle, toucher sa robe et ses cheveux parfaits. Ses mouvements ne sont ni fluide ni assuré, elle est bousculée de tous les côtés pour une photo ou un autographe… La démone bascule de gauche à droite, complètement déboussolée. Cette dernière veut créer un clone loin de la foule et échangé sa place avec ce dernier. Rien. Elle déploie ses ailes. Mais ses muscles ne répondent pas.

On l’accapare tellement dans tous les sens qu’elle fini par tomber comme une minable dans une flaque d’eau. Ses vêtements sont trempés et bousillés, de ses beaux escarpins jusqu’à son buste. Une partie de ses cheveux sont éclaboussés. Vacillante, elle se relève tant bien que mal, dans une foule qui ne l’aide que partiellement à se relever: ils préfèrent prendre des photos “choc” de la star qui est tombée à cause de la pression de ses fans. Ceux qui l’aident à se relever en profite pour lui mettre une main par-ci par-là. Elle est répugnée à outrance. Leixy se débat comme une demeurée et s’en va en courant de toutes ses forces. Ses fans se demandent ce qui se passe, d’autres sont satisfaits: ils ont leur photo ou l’autographe de leur star bien aimée. Certains rigolent de sa détresse déplorable.

Où devrait-elle aller ? Toute cette ville, c’était comme son foyer. C’était son repaire. Leixy se sentait à l’aise dans chacun de ses quartiers, entouré de ses fans et de la presse. Ce soir, il n’y avait rien que l’insécurité ici, la sensation d’être au milieu d’un foutoir inconnu et oppressant. Il n’y a aucun sanctuaire réconfortant qui l’attend quelque part. Légion est chez elle, Légion est dans son coeur, il la suit peu importe où elle tente de fuir.

Sa course se termine. Sa faiblesse a tout atteint, même son corps pourtant athlétique. Le souffle lui manque. Tout brûle. Rien ne la laisse indifférente, pas comme d’habitude. La souffrance, c’est pourtant son credo. Plus assez de force… pour poursuivre. La star s’effondre à genoux, en plein milieu de Satan-City. Les journalistes dans le coin, et les gens dans la rue s’empressent de former un cercle autours de la jeune femme qui halète. Sa respiration se fait de plus en plus saccadée et douloureuse. La succube pose une main contre son coeur, son autre main est fermement déposée contre le sol. Personne n’est là pour l’aider. Il n’y a que le flash des photos, les gens qui hurlent, qui se moquent, qui filment, qui se posent des questions sans lever le petit doigt. Est-ce qu’elle fait une crise d’angoisse ? Est-ce que c’est une crise d’hyperventilation ? On s’en fou. L’important, c’est que mon tweet, mon snap, mes photos soient bien publiées.

Son regard traduit son ultime supplice: elle est sa déception.


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MessageSujet: Re: Absinthe   Absinthe ClockMer 2 Mai 2018 - 18:18
Il l’avait fait pleuré. Ah ! Bravo ! Félicitations ! Tout à fait excellent comme début de rencontre ! Une belle réussite à ajouter parmi les plus grandes. Le pinacle de toutes ses interactions sociales, le summum de sa performance : la seule femme qu’il ait jamais véritablement aimée, dans un coin d’une cage de fer sans ouverture, se noyant dans ses larmes. C’était donc ça, Légion. Grande aisance dans les dialogues. Vraiment. C’était tout simplement pathétique.

La voilà perdue. Le maître de l’effroi, de son charisme sans nom, venait juste de briser un coeur avec une lame différente de celle habituelle. Il n’avait pas transpercé un muscle. Il n’avait pas stoppé une respiration. Il n’y avait pas de retrait difficile d’épée qui culminait en un flot de sang lui barbouillant le visage. C’était juste la vision de Leixy recroquevillée dans un coin qui récompensait ses efforts de calme et de zénitude. Il préférerait voir un champ de bataille dévasté, dont les plantations n’étaient que des flèches et des lances perdues. Il aimerait récolter le fer non utilisé, pas les larmes de l’ange à la conscience si aisément brisée. Après s’être spécialisé dans la manipulation d’émotions, il pensait être capable de gérer un minimum la joie de l’autre autant que sa terreur, sa tristesse, et toute la négativité qui faisait épine dans le pied de toute guerrière et de tout guerrier. Il aimerait être apte à faire cela. Être un semblant d’être vivant, ne serait-ce que dans l’aptitude au dialogue. Alors que les voyages d’étages en étages lui martelaient le crâne et lui étouffaient le cerveau, il ne s’arrêta pas de cracher le même venin que celui versé aux opposants de ses idéaux à la plus fidèle de ses acolytes. Pire. Il n’y eut même pas le calme habituel de sa voix pour ne serait-ce que contrôler un instant ce même poison. Il avait juste ajouté quelques virus en plus par ce manque de maîtrise de ses propres émotions.

C’était donc ça, qu’être mauvais ? Le remord était bien pire, bien plus lourd, pour chacun des mots de chacune des phrases qui lui sortaient de sa gorge, désespérement réprimées par cette addiction à la réflexion logique qui l’avait suivi jusque là, et pourtant libérées malgré lui dans le visage de la pauvre femme qui n’avait simplement pas réfléchi avant d’agir. Les parois closes lui permettaient de ressentir arriver, en écho, chacune des lettres affûtées avec précision pour meurtrir. Un pire dégoût pour lui-même qu’il n’en avait eu avant vint s’emparer de lui. C’était épatant comme la connaissance d’un individu en particulier était multiplicatrice de chaque regret qui parvenait dans le plus profond de son âme. Chacun des hommes, des femmes, des enfants, des animaux, des arbres, de tous les êtres vivants qui ont tenté de pleurer, de gémir, de le faire vomir face à sa propre cruauté ne l’avait marqué. Jamais ne l’ont-ils fait. Ce n’était que face à sa propre faiblesse, face à sa punition divine et éternelle, qu’il avait réalisé ô combien un changement dans ses méthodes était nécessaire. C’est en fuyant l’enfer pour échapper à l’arbitraire éternité de douleur qui lui avait été offerte qu’il avait arrêté. Et voilà qu’il semblait avoir causé un plus grand mal qu’il n’en avait jamais fait auparavant. C’était donc ça que ressentaient les mortels ?

En toute honnêteté, il avait prévu un potentiel débordement. Il avait prévu que leur dialogue ne se fasse pas dans la plus grande des joies. Il s’était attendu à chacune des expressions faciales qui avaient trahi les sentiments de sa vile moitié. Mais en aucun cas il n’aurait anticipé ce qu’il ressentirait à son tour. Il semblerait que son mythe d’invincibilité lui était monté à la tête, à lui aussi. C’était épatant, cette haine qu’il pouvait ressentir envers lui-même et pourtant se tenir en si haute estime. Désormais, la première avait redoublée d’ardeur. Il n’y avait plus de second.

Il était si faible, à présent, face au nouveau plus grand échec qu’il ait jamais eu. C’était à se demander vraiment s’il était bien quelqu’un de différent. Avait-il réellement changé après tant de violence ? Y avait-il même une mesure pour la violence ? Ruiner l’état d’esprit d’un être en particulier était-il plus exécrable encore que d’en tuer d’autres ? Mourir, c’était rapide. L’esprit s’y accommode en cinq étapes. Il fallait juste se briser le cerveau, et se casser les nerfs. On ne ressentait plus rien, après cela. La seule vision était un noir profond et complet. Pas même les regrets ne poursuivaient cette âme. Enfin… jusqu’à la tendre vie après la mort accordée par les êtres divins. Dans toute leur bienveillance, ils ne lavaient pas l’esprit, laissant au paradis les victimes terrorisées avaler avec difficulté leurs réalisations soudaines sur le temps à passer seuls avant de pouvoir revoir des êtres aimés. Et ceux qui n’avaient pas suivi on ne sait quel code de conduite inconnu se voyaient souffrir à jamais, car pourquoi user de ses pouvoirs de tout-puissant omnipotent pour rendre l’être mauvais bon quand on peut simplement balancer les âmes dans des chaudrons bouillonnants ? Ah, qu’il était bon, l’ami imaginaire de tous ceux qui cachent leurs insécurités derrière des mythes !

C’était pathétique. Cette colère qui partait dans tous les sens. Cette haine qui allait vers un grand être divin qui n’existait peut-être pas. Cette rage qui partait vers une pauvre fille qui était juste une victime de circonstances. Ce courroux qui partaient contre une machine qui ne faisait que transporter deux individus comme sa programmation lui indiquait. Est-ce que cela avait un sens de déverser tout ça sur tout le monde ? Pas du tout. Mais il semblerait que le vrai destinataire de cette hargne soit celui qui la produisait. Et il commençait à être à court de proxy. Il n’allait bientôt plus avoir de cible. Quand est-ce qu’il se critiquera enfin lui-même ? Enflammer le monde ne fut pas assez pour le calmer. Devait-il détruire l’univers entier ? La fabrique elle-même du tissu espace-temps ? Toute chose physique et métaphysique existant, ayant existé, et qui existera un jour ? Et que fera-t-il après ?

Bien, qu’avait-il détruit, alors aujourd’hui ? L’ascenseur. Ok. Les enveloppes corporelles des Damnés qui ne souhaitaient que se détendre un peu malgré le supplice qui les oppressait. Correct. Le coeur de l’être le plus important à ses yeux. Pas mal ! Le sien, aussi. Bien ! Qu’allait-il faire, à présent ? Qu’est-ce qui lui resterait à annihiler pour profiter de cette belle soirée que même la pleine lune n’éclairerait jamais assez ? Et bien peut-être l’astre, oui ! Qu’il partage au reste du monde son aigreur du jour ! Qu’il plonge la planète dans l’obscurité, ne serait-ce que pour les huit heures qu’il restait avant que l’on ne revoit le soleil ! Et après ce sera l’étoile qui sera à détruire !

C’était pitoyable.

Ainsi était le cours de ses pensées alors que ses doigts étaient posés contre ses paupières, malaxant les globes oculaires, bien au chaud derrière leurs protections épidermiques. Il était épaté par le manque de larmes. Rien ne lui sortait de ses yeux qui pourtant étaient défigurés par le dégoût personnel. Avait-il perdu tant de ses facultés avec le temps ? Ou bien est-ce qu’aujourd’hui était le jour de trop ? Il ne savait plus, à force. Il ne savait plus rien.

Il put entendre une voix qu’il avait entendu autre part, après un autre bruit d’arrivée d’élévateur qui manqua de le faire tressailler. Une voix qui lui manqua de sortir une phrase presque devenue réflexe. Une combinaison de mots qu’il lâchait à l’interlocuteur à chaque fois qu’il semblait entendre cette fréquence sortir d’un larynx. “Ta gueule, Xul.” Un assortiment courtois et poli qu’il utilisait à chaque fois qu’un personnage qui faisait office de voix de la raison entrait dans une pièce pour annoncer quelque chose. Mais il ne dit rien. Il méritait bien que cet échec de nécromancien incapable de faire de la magie pour les vivants se foute de sa gueule indirectement à même pas cinq mètres de distances. La seule raison du fait qu’il soit en vie était parce que Leixy l’avait trouvé attachant. Et que le spectre adorait se foutre de sa gueule. Un excellent preneur de chutes de blagues. Le fantôme pouvait s’estimer rassuré qu’une personne ayant réussi à le supporter l’espace de cinq secondes du temps où rien ne pouvait l’arrêter s’était occupé de sa chère Lily. Il n’empêchait pas qu’il avait terriblement envie de lui dire d’aller retourner à sa coprophagie habituelle, chose qui pouvait ou ne pouvait pas être plus qu’une insulte.

Mais voilà la chèvre à barbichette et poils blancs qui s’en va enfin, probablement manger ses propres cheveux, alors que Leixy, avec l’équilibre d’une marionette de bois, s’approchait lentement du spectre avachi sur sa chaise. Légion avait attrapé un verre tendu par le serveur qui avait été tellement affolé par la disparition soudaine de ses amis, alliés, acolytes, compagnons, et camarades. Il le but d’une traite, en même temps que son interlocutrice, qui en profita pour manquer de s’écrouler par terre, avant de lamentablement ramper vers lui avant de s’accrocher à sa jambe pour se donner on ne sait quel repère. La pauvre se mit difficilement à parler sur le statut de Légion, sur s’il était mort ou vivant, sur s’il était venu en ce lieu de décadence pour la retrouver ou non. Dépité, son esprit en mauvais état ne put que répondre une phrase qui n’avait peut-être même pas de sens.

”Je ne suis plus aussi vivant que je le fus un jour."

S’il n’était pas un maître dans l’art de parler de lui-même, son état émotionnel du moment faisait de lui un roi dans l’art de s’emmêler dans ses phrases. Mais il disait la vérité. Il n’était plus véritablement vivant. Il n’était qu’un spectre. Un être marchant sur la terre comme d’autres, une âme forcée d’être elle-même son propre corps. Et son visage pâle n’était qu’une autre preuve de cet état peu recommandable pour quiconque. Mais elle n’en avait pas fini de lui démonter le moral, pièce par pièce. Non, elle sortait les clous de façon barbare, avec l’arrière du marteau. La méthode dont elle usait à présent était de raconter sa partie de l’histoire après la mort de l’amalgame. Ses efforts pour continuer à vivre. Pour continuer dans ce qu’elle croyait être la direction que l’homme qui a brûlé la Terre lui avait montré. Lui répéter qu’elle n’avait que lui en tête, comme gardien et comme chef… Avant de faire sa contre-attaque aux mots pointus et perçants de tout à l’heure. Le fameux, le puissant, le tranchant, l’exceptionnellement destructeur “Qui es-tu ?”

Qui était-il, à présent ? Oui, c’était une question qui lui revenait en tête tous les jours. Était-il le maître incontesté du monde des morts et des Damnés ? Était-il la carcasse ambulante de celui qui un jour terrorisa le monde et la terre ? Etait-il un pathétique spectre incapable de réfléchir plus de cinq secondes à sa condition sans devoir retomber dans une pitoyable ivresse ? Il semblait pouvoir ajouter “Destructeur de coeur” à son curriculum vitae, à présent. Une ordure lamentable, traînant ses bottes dans la boue, accrochée à son passé malgré ses haines perpétuelles contre ce dernier, hurlant contre ses envies chroniques de violences malgré son goût éternel pour les combats et les pluies de sang, criant au désespoir parce qu’il n’avait que ce qu’il méritait, et tentant désespérément de se racheter auprès d’êtres qui de toute façon sont à présent incapable de le juger, tout en coupant tout ponts avec ceux qui s’attachaient encore à lui. Est-ce que c’était ça, Légion ?

”Je..."

Oui ? Ou non ?

”Je ne sais pas, Leixy… Je ne sais pas non plus."

Mais, continuant dans son désespoir qui s’accrochait à elle comme ses vêtements tachés par les larmes contre sa peau, la succube se mit à raconter, peut-être avec une forte nostalgie, son état avant leur rencontre, avant de terminer ses critiques accablantes envers elle-même en se traitant de déception, insulte qu’elle plaça dans la bouche de Légion. Elle s’était levée, et disparaissait à vue d’oeil. Le fantôme observa la scène avec une certaine peur. Ses yeux semblèrent s’écarquiller, ne serait-ce qu’un instant.

”Attends !"





Mais c’était trop tard. La voilà disparue. S’était-elle laissée mourir au milieu de nulle part ? Non… non, non, non, non, non non non. C’était juste… c’était juste son fameux tour de téléportation, et de créations de clones. C’était juste ça. Il lui avait fait une peur bleue. Une peur qui fut rapidement remplacée par cette même aigreur qui avait juste fait une pause pour prendre le thé, laissant son camarade l’effroi aux commandes quelques instants. Mais petit à petit elle disparaissait elle aussi. Et ce qui venait la remplacer était bien autre chose. Une colère. Noire. Monstrueuse. Terrifiante. Une rage incomparable à toutes les frustrations qu’il avait pu ressentir jusqu’à présent. Il se devait de rester calme. Il pouvait sentir ses poings se crisper. Ses dents se serrer. La sclère blanche de ses yeux passait au gris, puis au noir. Ses pupilles perdaient en couleur petit à petit. Rester calme. Rester calme. R̶e͝s̷t͞e͘r ̡c̷al̛m̨e. Re͘şt̶er͞ ́c͘a̡lme. R̕e͜st̵͟͠e̷͘r̶̡͝ ͢c̷͡a͘l̨m͜͞e҉.̶̀̀ ̀R̶҉́és̢͡t̛͠e̷ŕ̶ ͠c̢̢al̷͝m͏e̢.̵̵ Ŗ͡ȩ̵̨͝s̴̕t̡̛̀̕͠ę̸̸̀͡r̡̛ ͢͡͡c͠͏͏a̛̕͘͠l̵̶̡͢͝m̶̡̀҉é͏.̢̡̛̕͞ ̢̛̕͝R̶̸͠e҉̸s͏̴t̸́̕͢͡ȩ̷͟r͘͜ ̧̢̢̡̀c҉̷́͟͜a̸̕͠͡l̨̧͠m͝e͢͏̕.͏͏͏͏

”V-v-vous comptez… p-partirrrr bientôt ?"

Le seul Damné dont le corps était encore en état de protéger son âme des désagréments externes put sentir une chaise lui arriver à la figure. Le bois craqua contre sa face, laissant sa mâchoire se disloquer face au meuble qu’il avait dû polir et nettoyer des dizaines de fois. Le dossier, toujours dans la main du spectre, se logea contre son ventre, appuyant avec brutalité sur son estomac, son foie, et ses intestins. Le fantôme donna un coup supplémentaire dans ce qui restait du meuble, et il perfora enfin la peau de la victime, qui tomba à terre. Depuis derrière la vitre, on put apercevoir l’ombre bien habillée s’assoir sur le torse de l’innocent, avant de fermer son poing, et de l’envoyer à pleine puissance sur le visage de ce dernier. Le verre ne laissait pas passer les sons, alors que le geste fut répété une fois, deux fois, dix fois, vingt fois, avant que le fantôme ne se relève nerveusement, pour user de ses souliers bien lustrés pour appuyer sur le bois enfoncé dans le ventre du mort. Il donna à nouveau des coups répétés dedans, jusqu’à sectionner durement l’amas de peau, de sang et de muscles. Arrachant les jambes de force, en s’appuyant sur l’entrejambe saignante du cadavre, il les utilisa pour battre le torse encore intacte. Bientôt il ne resta rien. Bientôt il n’y avait plus de corps du tout. S’approchant de la vitre, visage et cheveux ensanglantés, thorax se modulant en fonction d’une respiration plus forte que d’habitude, et plein d'hémoglobine sur son bel habit, il s’avança lentement face au verre, avant de dessiner un carré lui englobant le visage, du bout du doigt, avec le fluide vital du malheureux serveur.

”Qui suis-je ?.."

Bougonna-t-il doucement.

"Quelqu’un qui n’a pas vu les signes."

Regardant à travers la vitre d’à côté était Aristidès Othon Frédéric Wilfrid Blondeaux Georges Jacques Babylas le Cinquième, communément surnommé Tim, qui n’avait toujours pas changé de nom. Il était habillé différemment de la dernière fois, arborant une espèce de gilet rose par dessus un costume trois-pièces, et une attelle à son bras.

"Une glace ?"


Spoiler:


”Qu’est-ce que..."

"Oh, pour mon bras ? Trois fois rien, monsieur. Voyez-vous, en montant voir comment vous vous débrouillez avec votre belle, j’ai croisé Xul. Etant donné que son air exaspéré était différent de l’habituel, j’ai compris que vous ne l’aviez pas insulté à votre habitude. J’ai donc décidé de lui faire savoir qu’il était un ignoble fils de pute, quand bien même vous auriez omis de le lui dire. Il ne l’a pas pris avec beaucoup de bienveillance. Je compte me remettre tout cela en place plus tard."

”Non, je voulais dire..."

"Le costume ? Oh, vous savez, il faut bien s’occuper pendant les trois cents années de vogue sur l’alcool de son maître. Figurez-vous que vendeur de glace est un métier qui rend assez heureux ! J’étais bien content de ne pas massacrer pendant ces trois cents ans. Et c’est la raison pour laquelle votre nouveau voeu de non-homicide me soulage fortement. J’ai néanmoins décidé de reprendre cet ancien costume pour venir à la fête."

”Tu étais là ?"

"J’ai décidé de vous rejoindre après avoir vu votre visage sur les informations. Vous devriez terriblement songer à utiliser un rasoir, monsieur. Néanmoins je pense que vous avez passé votre colère concernant ma petite surprise sur vos serviteurs beaucoup moins attachés à votre règne."

Légion se retrouva à se rassoir sur la première chaise venue, posant son coude sur l’accoudoir et sa tête sur sa main.

”Tu as raison. Je ne suis que… déçu, à présent."

"J’aurais pensé que vous fracasseriez autre chose qu’un serviteur mal réveillé pour vous défouler, monsieur. Mais néanmoins, votre état semble m’indiquer que ces retrouvailles ne sont pas allées dans la direction que j’aurais espéré."

”Tu as vu juste. Mais bon. Au moins la voilà qui va se focaliser sur quelqu’un d’autre. Elle fera sa vie loin de moi. C’est ce qu’il y a de mieux pour elle."

"En toute honnêteté, monsieur, je doute qu’elle réussisse à se défaire de vous comme vous n’avez pas réussi à vous défaire d’elle. Si vous parvenez un jour à retourner dans le passé, essayez la carte postale."

Le majordome était toujours à la fenêtre, regardant ce qui se passait. Il fut particulièrement peu étonné par l’arrivée soudaine de la pluie. Légion restait silencieux.

"Il y a plusieurs semaines, après une aventure à vous faire casser la figure pour affirmer votre autorité sur votre nouveau royaume, vous êtes venu me demander s’il était arrivé à dame Leixy quelque chose, avant de vous enfermer dans une chambre. Le lendemain, je vous ai donné un magazine avec elle sur la couverture."

”Tu me l’as envoyé à la figure."

"C’est vous qui n’avez pas réussi à le rattrapper. Mais passons. Vous aviez l’air heureux de la voir en bon état. Je me suis donc dis qu’il serait fort bon de vous faire la rencontrer à nouveau, surtout qu’un roi sans divertissement est un homme plein de misères. Et n’y a-t-il pas meilleur divertissement que l’amour ?"

Le fantôme se retourna vers lui, le regardant avec un air désappointé. Il n’était pas bien diverti par son amour à lui, dans son habit taché de sang.

"Mais je pense que l’apparition non planifiée de photographes vous a perturbé. Veuillez recevoir mes excuses."

Il se pencha légèrement en avant. Légion hocha légèrement la tête pour lui signifier qu’elles étaient acceptées. Le vendeur de glaces tourna alors la tête en direction de la fenêtre, et observa quelque chose à travers.

"Sans vouloir vous déranger, il semblerait que votre compagne de toujours souffre davantage que vous. Elle manque de s’écrouler et se fait assaillir par des photographes."

”C’est une mauvaise passe. Cela lui passera."

Légion tourna sa chaise loin des vitres et de leurs lumières. Il semblait étonnement calme, arrivé à un stade où toute la négativité emmagasinée venait de se mélanger d’une façon telle que le cerveau ne pouvait savoir laquelle prendre, et venait à créer une sérénité qui ne collait plus du tout avec la situation.

"J’en doute, monsieur. Je pense surtout qu’elle se laisse mourir de chagrin."

Le fantôme faillit se résoudre à dire “eh bien, qu’elle meurt,” mais il n’en eut pas la force.

"Je me demande bien ce qu’ils lui feraient, dans le monde des morts. Elle finirait aux enfers, pour sûr. Seule, avec un bourreau, qui prendra certainement votre apparence. Elle n’aura pas les moyens de s’enfuir. Elle ne sera pas choisie pour revenir chez les vivants. Elle pourrira juste là-bas, avec sa santé mentale diminuant de jour en jour. Vous n’avez même pas tenu dix jours avant de déguerpir. Je me demande si elle en survivra deux."

Avec acceptance, le fantôme se leva finalement de son fauteuil, avant de descendre les escaliers.

”Tim, trouve nous un hôtel. Donne leur ce que tu peux trouver dans les poches des costumes. Pas trop loin, si possible, qu’on ait pas à voyager trop longtemps. Et dégage toute personne susceptible de me ruiner davantage la journée. De façon non létale."

"Souhaitez-vous que je réinsulte Xul, au passage, monsieur ?"

”Non… Si."

"Très bien, monsieur."

Le fantôme descendit les escaliers, sans croiser ni rien ni personne. La boîte était vide. Rien ne l’empêcha d’avancer petit à petit vers le monde des vivants. Les portes du bâtiment s’ouvrirent, et le fantôme, mollement, marcha, main dans les poches, entouré de sa fameuse Toxine. Le seigneur de l’effroi était donc ainsi entouré de son nuage psychédélique, avançant et apportant hallucinations et regrets sur tous les amateurs de posters de la succube. “Je vais rentrer chez moi et repenser à ma vie.” “Je vais me concentrer davantage sur mes études.” “Je vais arrêter de parler continuellement de femmes à poil pour cacher mon homosexualité.” “Je vais arrêter de me branler sur des photos de mineurs.” Il donna un coup de pied au dernier, pour bonne mesure. Mais enfin, quand la foule fut forcée de fuir la scène, envahie par les suggestions mentales offertes par la fumée cauchemardesque, Légion se retrouva devant la belle, à terre, trempée par une flaque d’eau et par l’orage qui se déversait. L’amalgame créa dans sa main son flacon signature, capable de guérir tout mal, et, attrapant le derrière de la tête de Leixy, la força à boire du liquide ambrée. Et une fois qu’elle était apte à l’entendre, lui adressa ces mots doux.

”T’es-tu déjà fait gifler par manque d’écoute ? Car tu ne faisais pas ce qu’on te demandais de faire ? Car je suis pas loin de te mettre une claque. Je t’ai dit précisément que je ne pouvais pas te laisser partir sans déterminer ce qui pourrait t’arriver, et résoudre les problèmes que… nous nous sommes causés.”

Il passa un instant à se demander comment la transporter, car dans son état émotionnel, il était difficile de penser que ses jambes puissent la soutenir. Il songea à la porter comme un sac à patate, ou bien par les dessous de bras, comme à un chat, ou bien même par la nuque. Il se résolut à la transporter avec un bras sous les genoux et un autre sous les épaules. Il lui fallait avouer que les ailes n’aidaient pas toute autre position. Ainsi, avec soixante kilogrammes dans les bras - elle avait grossi, ça se ressentait - il continua sa marche vers le premier hôtel venu, après quelques minutes à essayer de se retrouver en pleine ville.

Une fois entrés, ils furent accueillis par Tim, qui n’avait pas de deuxième bras détruit. Avant de prendre la parole, Légion usa de ses pouvoirs de flammes pour sécher entièrement les deux êtres aux vêtements presque détruits par la pluie. Mais le feu ne fit pas de mal ni à l’un ni à l’autre. C’était comme si leurs habits étaient repassés.

"Je l’ai traité de crachin d’inceste, monsieur. J’espère que cela vous conviendra. Il l’a bien mieux pris qu’avant. Votre chambre est au dernier étage."

”Cela me conviendra, en effet… Cependant, j’ai les mains prises. Pourras-tu ouvrir la porte pour nous ?”

"Mais certainement, monsieur."

Et ils montèrent patiemment, se coltinant les vingts étages à pied. Mais mieux valait l’escalier que l’ascenseur. Atteignant enfin leur destination, le majordome leur ouvrit la porte, et les accompagna dans la salle. Il faisait nuit dehors, maintenant. Le fantôme enroula la pauvre ancienne angelette dans la couette, pour en faire comme un rouleau de sushi avec des yeux dorés. Il prit la télécommande, et après de multiples essais, parvint à allumer la télévision, laissant une série peu intéressante sur un associal avec des yeux globuleux sur l’écran. Une fois le confort de la pauvre demoiselle assuré, Légion sortit sur la terrasse, se reprendre la pluie sur la figure. Il grimpa sur le toit, laissant Tim s’assoir à une chaise et lire son journal en attendant que Leixy se sente mieux. Et le spectre, en attendant ? Il songeait à se prendre une boisson, pour oublier tout cela. Mais au final, il préférait garder cette aventure en tête.

Cela lui servirait de leçon à l'avenir.
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MessageSujet: Re: Absinthe   Absinthe ClockVen 4 Mai 2018 - 23:47
We shut down our world
You're always trying
To hide in the night
And blink at the door
You'd let it go...
You've got to open up your heart and feel the love in your life
You've gotta open up your mind and feel the love in your life





En direct de Satan-City, il semblerait que la star du burlesque Leixy soit complètement désemparée au milieu de la foule ! Qu’arrive t-il à la démone ? Ses fans se demandent si ce n’est pas à cause de celui qu’elle a affirmé comme étant son petit-ami ! [...]”

Les cris en tout genre de la foule résonnaient dans sa tête. Il pleut, mais les gouttes qui tombent sur elle ne la font même pas réagir. Ses yeux fixaient le sol, sa tête était abaissée également vers ce dernier. La jeune femme entendait sans entendre: tout n’était qu’un pêle-mêle de mots et d’hurlements, de rire et de pleurs de ses fans compatissant qui se demandaient ce qui arrivait à leur star préférée. Pourtant, personne n’osait l'approcher. Elle avait l’air d’être faite de porcelaine. Son expression faciale était un masque si réaliste de la douleur qu’on ne pouvait prétendre s’approcher d’elle sans avoir peur d’être contaminé par cette dernière. Ce n’était pas une descente indulgente, progressive aux enfers, c’était abrupt: sa réputation allait en prendre un coup. Même si parler de Leixy était un avantage pour faire du fric, peu importe que ça soit en bien ou en mal, il fallait se méfier des répercussions possible. Cette dernière ne pouvait pas prétendre se ficher de tout ça. L’image qu’elle s’était construite, sa popularité, tout ça avait été le fruit d’un dur et long labeur… qu’elle s’était infligée à la base afin de satisfaire son créateur…Et même à cet instant, même alors que les gens se fichait d’elle, se moquaient, étaient compatissant ou la filmaient, elle n’avait en tête que la peur de le perdre.

Xul, après s’être donné en spectacle avec Tim, duquel il avait brisé le bras après s’être fait insulté une première fois puis une seconde avant de sortir de sa boîte - crachin d’inceste ça passe encore, mais ignoble fils de pute ! Ma mère était une sainte ! (kek) -, s’était empressé de sortir de l’Antéchrist, de fermer boutique, d’appeler des gars pour nettoyer tout ce foutoir, d’appeler Hidan pour le mettre au courant, de sauter dans sa bagnole et de conduire en direction de là où la foule continuait de s’agrandir à une vitesse folle. Ce dernier soupira, une main sur sa faux en se disant qu’il avait bien envie de foutre des grands coups avec cette dernière dans la foule, mais qu’il ne valait mieux pas causer plus de tort à Leixy. Il se contenta de sortir de sa bagnole et de monter dessus pour voir où elle se trouvait exactement, à défaut de mieux. Ce dernier allait agir mais… Il sentit l’aura de Légion se rapprocher de ce coin, et il se disait que cet abrutis n’était peut être pas tant sans coeur que ça. Le nécromancien attendait de voir ses agissements avant de se barrer - ou de retourner casser le deuxième bras de son majordome, d’ailleurs.

“Dégagez. Mlle Leixy a besoin de son manager, pas de vos stupides photos.” disait un homme, sereinement mais d’un pas pressé, en poussant tout ceux qui lui barraient la route. Son expression faciale était plutôt zen malgré ce qui se déroulait devant ses yeux. Il était bien aussi grand qu’Hidan ou que Légion, avoisinant le mètre 90. Contrairement à eux deux cependant, il avait des cheveux très longs et d’ébène, comme ceux de sa cliente. Ce dernier portait un cache oeil du côté droit, et son seul oeil visible était fait d’une couleur entre le bleu et le violet, qui adoucissait ses traits faciaux si ferme. Personne n’ignorait qui il était dans la ville: Darcia, un homme d’affaires loup-garou, un ambassadeur de sa race au sein de la planète des terriens d’ailleurs. Ce dernier était donc dans les affaires, PDG d’un restaurant/bar appelé le Hamona, mais aussi agent de nombreuses stars - c’était notamment comme ça qu’il avait réussi à devenir riche. Bref, le grand gaillard poussait sans considération ce tas d’abrutis qui observaient Leixy sans réagir, et la plupart dégageaient d’eux-même de son chemin en le reconnaissant. Malheureusement, la foule était volumineuse. Il avait un mal de chien à se frayer un chemin - et il ne pouvait pas se changer en loup-garou pour commettre des meurtres aussi facilement que la plupart des guerriers qui n’en ont rien à foutre de leur réputations. S’il faisait n’importe quoi, c’était sa propre réputation qui allait manger, et celle de sa cliente notamment… comme si elle n’était pas déjà un peu dans la mouise.

Contrairement donc à ce cher Légion, qui venait d’utiliser une de ses techniques pour virer les gens qui lui barraient la route, Darcia ne pouvait que - respectueusement - rentrer dans le lard de ceux qui ne bougeaient pas pour le laisser passer. Ce dernier fronça les sourcils en voyant tous ces gens, au loin, se barrer et faire de la place pour le passage du Damné. Le dernier des gêneurs s’était prit un coup dans le fessier bien mérité cela dit. Le manager de Leixy décida de stopper sa course en voyant Légion aller la chercher: il resta cependant à bonne distance pour observer ce que ce dernier allait faire d’elle.

L’esprit de la démone revint à la réalité doucement, après avoir été forcée à avaler le flacon créé par son créateur. Cette dernière cligna des yeux plusieurs fois, comme pour être sûre qu’elle n’était pas juste en train d’halluciner - ce qui n’était pas si improbable, vu à quel point c’était déjà parti en couilles entre-eux et qu’elle s’en mordait mentalement les doigts. Commencer à partir en vrille mentalement et à imaginer des choses n’était donc pas si absurde. Son visage était toujours en pleine peine, ses yeux larmoyants menaçaient de recommencer à couler à flot. Pourtant, son esprit plein d’espoir, inlassablement, était convaincu qu’il était revenu parce qu’il l’aimait, et qu’il ne pouvait pas se résigner à la laisser partir maintenant qu’ils s’étaient retrouvés. La succube souhaitait, pas si secrètement, qu’il lui accorde une nouvelle chance. Ainsi, elle trouverait quelque chose pour se racheter. Son attention fut ENFIN accaparé par autre chose que la splendeur évidente de son compagnon - ses cheveux étaient ensanglantés, et une partie de son costard aussi. Leixy s’inquiéta alors: avait-il eut des problèmes avec… Xul, par exemple ? La succube aurait déjà eu un appel si c’était le cas… Mais son téléphone n’avait pas sonné - ou alors, tellement absorbé par son malheur, elle ne l’avait pas entendu… Son esprit était trop embrouillé par sa joie de voir Légion à nouveau auprès d’elle pour se concentrer sur une telle hypothèse. Les grands yeux légèrement en amande de la succube regardaient Légion comme s’il était le prince charmant de la légende, celui qui débarque sur son beau cheval blanc pour vous délivrer de tout votre mal. Pas besoin de cheval. Même s’il la menaçait d’une tarte pour lui remettre les idées en place, le mal était parti... au moment où il finissait sa phrase.

Nous.

Ses yeux se plissent de nouveau, mais en un rictus soulagé et reconnaissant. Un sourire doux se plaque sur ses lèvres. Sa gorge est tellement dans un étau, tout comme son coeur, qu’il lui est impossible pour une fois de lui crier hystériquement à la face combien elle l’aime. Leixy se contente d’observer le visage constamment fermé de l’homme de ses rêves avec un sourire digne d’une hérétique, c’est dire à quel point elle est accro. Il la soulève comme une mariée et son coeur est comblé… La jeune femme l’admire un moment, la star mesure à quel point elle a de la chance qu’il soit revenu. Cette dernière se love dans ses bras - une occasion en or qu’elle n’aura probablement pas trop la chance de renouveler de suite - et ferme les yeux. Elle oublie. Le bruit autours disparaît, et son coeur près du sien lui envoie des ondes agréables, réconfortantes. La succube se perd dans ses pensées à la recherche de quelque chose qui pourrait rendre heureux Légion, comme autrefois. Il était venu la chercher, nonobstant sa désobéissance et le fait qu’elle l’avait déçu, exposé face au monde, malgré toutes ses erreurs. Il fallait impérativement que Leixy puisse trouver un moyen de redonner son sourire espiègle d’antan à son créateur. Il le fallait.

Xul remonta dans sa voiture pour partir à la rencontre de ses quelques contact dans les médias, afin d’étouffer l’affaire, après s’être assuré que son amie était “entre de bonnes mains” - il savait au moins que Légion la protégeait, à défaut de l’aimer comme il le devrait. Le manager de Leixy quant à lui, observa de son seul oeil apparemment valide les deux tourtereaux du regard - et tout comme la foule, les suivit jusque devant le grand hôtel où ils étaient entrer. La sécurité retenait les fans complètement toqué de poursuivre leur idole à l’intérieur. Bientôt, c’était carrément la police et l’une des troupes militaires surveillant ce quartier qui venait d’arriver pour prêter main forte à la sécurité de l’hôtel, insuffisante d’elle-même pour contenir toute la populace. Darcia se contenta de partir, sortant son téléphone pour faire probablement jouer ses propres relations de son côté.

C’est la voix de Tim qui sortit partiellement Leixy du brouillard. Pas étonnant que ce vieux croulant soit toujours auprès de son maître. Ce gros nigaud avait insulté Xul, et niveau sot, le nécromancien n’était pas mieux puisqu’il partait au quart de tour. Au moins, il était vivant, Légion ne l’avait pas étripé, ce qui apaisa Leixy. En reprenant à moitié conscience, elle découvre l’intérieur d’un hôtel qu’elle connaît déjà, à quelques pas de l’Antéchrist. Rien d’alarmant qui nécessite qu’elle se concentre sur la réalité… Alors la voix de Tim lui fait rappeler des scènes… dirty, creepy, super strange, mais surtout super sexy, que ce dernier avait dû quelque peu… “épousseter” après le passage de Légion & Leixy…huhu. Ce pauvre Tim avait peut-être même, par mégarde, assisté quelques secondes à l’une de ces dites scènes... pour son plus grand dégoût. Oh ! ça c’est très drôle, mais c’est aussi une bonne piste… pour trouver comment faire plaisir à son créateur !

Légion utilisa la technique du maki roll pour prendre soin de Leixy, à sa manière, c’est à dire sans marque d’affection directe. Ses ailes se replièrent contre cette dernière pour suivre le mouvement, et la jeune femme qui avait tellement la tête dans ses souvenirs se laissa entraîner pour devenir un super roll très mignon. La succube regarda son amoureux s’éclipser sur le toit sans le suivre comme un petit toutou, pour une fois. Cherchant dans ses nombreuses memories en compagnie du Seigneur des damnés, elle se remémore tout ce qui arrivait à le détendre et à le contenter, du moins à l’époque. En même temps, c’était son seul repère, et aussi ce qui allait lui causer une infinité de soucis avec son maître, parce qu’il n’était... plus Légion. Plus celui-là même qu’elle retrouvait tant à travers ses quelques amis par certains traits de leur personnalité. était-il possible, par ailleurs, qu’elle se soit entouré de ces hommes parce qu’ils lui ressemblent tous d’une certaine manière ? Plus que probable. Quand on regarde rien que les profils d’Hidan et Xul… Le Seigneur des damnés n’était plus cet homme, cependant, qui riait de la mort comme de la souffrance des gens sans importance et qui en tirait du plaisir....comment deviner que l’un des maîtres incontesté du Mal était aux antipodes de ce qu’il fut jadis ?

Leixy voulait créer une ambiance romantique et capable de détendre Légion, et elle savait comment faire pour le charmer petit à petit, de nouveau. Première étape, faire en sorte qu’il soit moins tendu, qu’il puisse se défouler et s’amuser. Cette dernière se releva d’un bond du lit… sauf qu’elle était un creepy (à cause de ses yeux de vipères) sushi. Du coup, la star fit trois pas et s’étala comme une crêpe-sushi par terre. Cette dernière souffla, pour exprimer sa crétinerie qui la gonflait elle-même, écartant une mèche de ses cheveux qui s’était collé un peu trop dans ses yeux du même coup. Maintenant qu’elle avait l’idée en tête, Leixy était focalisé dessus et oubliait tout le reste, ce qui expliquait qu’elle se soit lamentablement ramassé de la sorte.

Driiiiiiiiing. Driiiiiiiing.

Après s’être démêlé de la couette dans laquelle Leixy était emballée, elle saisit son téléphone précipitamment pour regarder l’écran de ce dernier.

Incoming call: Darcia.

Son coeur se serre de nouveau, elle sait qu’il va la réprimander fortement comme Légion dans l'ascenseur… bien sûr, ça n’aura pas le même impact mais… Soupire.

Mochi mochi mon super manager d’amour chéri hihihi !…

Leixy.” Son intonation froide la refroidie du même coup. Il va la réduire oralement en bouillie. Pas encore... Elle déglutit difficilement et s’y prépare mais... “Est-ce que tu vas bien ?

La jeune femme se relève lentement de sa position assise au sol après s’être extirpé de la couette. Choquée de l’entendre lui demander ça au lieu de lui faire des remontrances.

Je...euh…Oui ça va…” elle balaye la pièce du regard et remarque Tim, assis en train de lire le journal à quelques mètres. “Je suis en sécurité, il y a “l’homme à tout faire” de mon chéri pour veiller sur moi en plus !” à la manière de Whis, Leixy met sa main devant sa bouche et rigole comme une petite pimbêche. La coquine, c’était une vague manière de rappeler à Tim qu’il avait dû faire… des choses pas très commodes à cause des excentricités de Légion et Leixy par le passé. Pour un majordome de sa classe, c’était un peu se foutre de sa gueule: et c’était vraiment marrant !

Bien. Je vais faire marcher mes relations conjointement avec celle de Xul pour arranger le mauvais coup de pub que tu t’es fait ce soir….” Elle l’entend souffler sa fumée de cigarette. Ce sont des Seven Stars. La démone ne peut que le savoir puisque c’est lui qui lui en donne quand elle fait ses caprices pour fumer. “Je suis content que tu ai retrouvé ton ami, mais tu devrais faire attention à ce que tu fais. Tu n’es pas dans le royaume des démons, ici. Tu as une attitude à tenir si tu ne veux pas que les médias s’acharnent sur toi...  En attendant, fais attention à toi.

Depuis la perte de sa nièce Katsura, tuée par Majin Vegeta en personne - et Darcia avait remué ciel et terre pour taire cette affaire - il était encore plus sérieux et flegmatique que d’habitude. Alors l’entendre être aussi délicat et attentionné par inquiétude envers sa cliente était à la fois touchant et rassurant pour Leixy… et plutôt logique compte tenu de leurs relations extra-professionnelle.

Je compte sur toi Darcia ! T’es le meilleur des agents ! hihi

La succube raccroche, de bonne humeur malgré la probable réaction goguenarde de Tim à sa réflexion - d’ailleurs, ça tente toujours plus Leixy de l’embêter quand il lui répond avec un air désintéressé et railleur.

“Contente de te revoir quand même Alfred ! Toujours aussi élégant, vieux croulant !” à moitié sympathique et à moitié persifleuse, pour pas changer les bonnes vieilles habitudes. En plus, cette petite saloperie l’appel Alfred. N’empêche que vu le taux de edge de Légion, une batcave n’aurait pas été de trop ! Notamment pour l’accompagner dans sa quête pour faire régner l’ordre, la justice, et devenir la terreur des méchants de Gotha… Satan-City !

Promis, je ne m’enfuis pas cette fois. Je vais juste faire un tour pour nous chercher de quoi fêter nos retrouvailles avec Légionounet d’amour ! Alors lis tranquillement ton journal papy chic-ringard !

Cette dernière sort de la chambre d’un pas joyeux, bien décidée à faire plaisir à son créateur. La jeune femme arpente les couloirs, tape à des portes. Certaines chambres ne sont pas louées, d’autres ouvrent la porte et s’extasient de la voir mais… après inspection physique, elle les remballe gentiment. Après quelques minutes à aller respectueusement taper à toute les portes, un homme en peignoir fini par lui ouvrir. Celle qui doit être probablement sa copine se tient derrière lui, un peu en retrait, un peu cachée… parce qu’elle est en petite tenue. Les deux tirent une gueule digne du loup dans Qui veut la peau de Roger Rabbit ? en voyant Jessica Rabbit.

Non d’un chien ! Quelle surprise !” Commence alors l’homme en lui libérant le passage pour que Leixy puisse entrer. Satisfaite - non pas par sa réaction, parce que des fans hystériques elle en rencontre des tonnes chaque jour - mais par leurs apparences charmantes, la succube entre. L’homme ferme à clé derrière elle. Une lumière tamisée, une musique douce et entraînante au volume assez fort pour isoler leur chambre du reste du monde...

Nous sommes des clients fidèle mais nous n’aurions pas pensé avoir un tel honneur !” Continua la jeune femme en s’approchant de Leixy pour lui prendre les mains. “Je m’appelle Reira, et voici mon mari Shin. Nous sommes des grands fan !” La succube leur sert l’un de ses ravissants sourire, même si elle ne comprend pas encore bien de quoi ils parlent… mais elle remarque une image à l’arrêt sur le téléviseur d’un film pornographique. Visiblement, ils étaient en train de se chauffer avant l’arrivée…

Nous n’aurions jamais pensé que la cow girl qui nous serait envoyé ça serait vous !

Visiblement, ils ne sont pas au courant de tout le bordel qui s’est produit il y a peu dehors avec cette chère Leixy. Ni des gens agglutinés devant l’hôtel. Normal, ils étaient en “pleine action” à attendre donc que leur fameuse Cow Girl commandé à la plus grande boîte de luxe de Satan-City se pointe. La démone jette un oeil à la pièce: musique, porte fermée à clé, rideaux et fenêtres fermées… parfait.

Je suis ravie de cet accueil plus que chaleureux… nous nous sommes bien trouvé dites moi !” La succube joue le jeu: ça lui va à ravir, jouer des rôles.

La jeune femme  boit un verre avec ses “hôtes”, et rapidement les choses commencent à se “réchauffer”. En deux trois mouvements habiles, la succube arrive sans mal à les convaincre de se faire attacher pour les futurs réjouissances qu’elle leur réserve. La démone arrive à les rendre fous tous les deux rien qu’en les attachant par ses gestes suaves et ses manières galantes.

Une fois le couple bien installé, pieds et mains ligotés, sur le lit, avec chacun un bâillon dans la bouche, la succube vient s’asseoir sur le lit king size qui est très moelleux et donc adéquat pour les futures festivités. La star place ses “compagnons de jeu” en diagonal, chacun d’un côté du lit donc, ce qui laisse pas mal de place sur le milieu de celui-ci. La jeune femme se relève, allume les bougies dans la pièce, règle l’éclairage pour qu’il soit tamisé d’une manière plus jolie, sert du champagne dans deux coupes qu’elle place sur l’une des tables de chevet et…

Vous allez être une super attraction et on va bien s’amuser, comme avant ! Il est un peu grognon à cause de ma maladresse, mais je compte bien rattraper le coup !” Leixy sourit d’un air adorable. “Il aura probablement très envie de vous vider entièrement.” Continue-t-elle. Double sens. Oops. “Le sang je veux dire !” Panique dans leurs regards. Est-ce qu’elle plaisante ? Rires nerveux en background.  “ J’ai eu énormément de chance de tomber sur vous ! L’ambiance se prête pour nos futurs ébats très… sanglants et excitants ! Vous êtes de beaux spécimens en plus !” Se réjouit-elle. “ Vous allez lui plaire, c’est sûr, je connais ses goûts !” La succube vient s’asseoir à nouveau près du couple. L’un de ses ongles bien aiguisé tranche le ventre de la femme lentement. Le supplice. Ils veulent crier mais le bâillon retiens leurs bruits. L’homme subit ensuite la même chose. “ Faisons en sorte que tout cela soit un peu plus romantique !

La démone les ouvre à un endroit stratégique, comme ça, ils ne vont pas mourir avant un moment. Du moins, ils ne seront pas décédé quand elle emmènera Légion ici, et il pourra décider de leurs sorts à sa guise. Comme au bon vieux temps ! Une petite soirée poétique, ensanglantée en amoureux, à profiter, à torturer les corps de deux innocentes créatures pour s’exciter et pratiquer un coït des plus violents sur leurs cadavres tout frais. Exactement ce qui permettait à Légion de devenir serein et de prendre du bon temps à l’époque.

Tout en se rappelant de ces ravissants moments passé avec son conjoint, Leixy sort à chacun leur tripes et forme un jolie coeur au milieu du grand lit avec celles-ci. Ce couple de mortel peut beugler autant qu’il le veut et se tortiller, ils sont de toute façon condamnés. La touche finale parfaite pour enjolivé la scène ! Pourvu qu’il aime cette petite attention romanesque !

La demoiselle part dans la salle de bain pour se débarrasser de ses habits plein de sang et se laver les mains. Tout en fredonnant au rythme de la musique d’ambiance qui continue de tourner dans la chambre… la star regarde son corps. Leixy se sent gênée, honteuse. Parce qu’il ne plaît pas à Légion visiblement… c’est la première fois depuis bien longtemps qu’elle ne se sentait pas si mal à l’aise avec son physique. Cette dernière soupira en se tournant plusieurs fois sur elle-même pour trouver ce qui clochait… sans réussir à déterminer quoi, exactement, mais…. cela la rendait malade au fond. Qu’il ne l’aime plus physiquement alors… qu’au départ, quand il l’avait trouvé, la démone n’était ni spécialement jolie, ni spécialement bien foutue. Leixy était une ange ordinaire qui s’habillait un peu comme une vieille grand-mère, en plus, justement car elle n’avait aucune estime pour son propre corps. Alors comment pouvait-il moins aimer ce corps de rêve qu’elle s’était construit afin de lui plaire ?

La démone chassa ces mauvaises pensées et prit une grande inspiration pour se donner du courage. Il fallait qu’elle cesse d’avoir si peu d’estime envers elle-même à cause de ce qu’il avait pu dire. Maintenant, il fallait aller de l’avant ! Et puis de toute manière, il n’avait pas encore pu la voir en sous-vêtement alors… peut-être qu’il changerait d’avis.

Cette dernière fit sa réapparition dans la chambre: tout était prêt pour sa petite nuit d’amour avec Légion. La tête pleine d’enthousiasme, Leixy ouvrit l’une des grandes fenêtres qui donnait sur un balcon et grimpa sur le toit à l’aide d’une échelle qui y menait. De l’autre côté de ce toit se trouvait son créateur, pensif comme souvent. Cette dernière s’approcha en douceur de lui, toujours ses bas sur les cuisses et ses escarpins dans les pieds. Malgré qu’elle soit en sous-vêtement et dehors, il ne faisait pas si froid à cette époque de l’année. Son regard fut interpellé par la plèbe en bas de l’hôtel. Ses fans étaient contenu par des forces armées appartenant à la sécurité, à la police et aux militaires, fort heureusement.

En silence, la succube commença par s’asseoir à côté de lui. Cette dernière leva son visage vers le ciel étoilé. Prendre une grande bouffée d’air en siégeant près de lui était une expérience des plus revigorantes, surtout après tout ce temps sans pouvoir ne serait-ce que sentir sa présence.

Pourquoi tu n’es pas revenu vers moi de toi-même ?” Dit-elle simplement, la tête toujours dans le cosmos. “Qu’as-tu fait ces trois cent dernières années d’assez attrayant pour te détourner de moi ? Est-ce… est-ce que tu as trouvé quelqu’un… quelqu’un d’autre ?” Leixy avait du mal à le croire, pas tant que ça à cause d’un égo surdimensionné, mais plutôt parce que ce n’était pas trop dans le caractère de Légion de s’amouracher facilement. “Je suis désolée d’avoir été aussi sotte... Quand je t’ai vu, je me suis sentie pousser des ailes. Je me suis rappelé de cette époque où tu partageais ma vie, celle-là même où tu m’as tout enseigné, où on parcourait le monde sans se soucier des conséquences…Je croyais que tu étais revenu pour que l’on puisse vivre cette idylle à nouveau...” Cette dernière tourna la tête sur le côté, avec un sourire mi-gêné mi-triste face à sa propre candeur. “Ce n’est pas grave… tout ce que je veux, c’est pouvoir te rendre ton sourire.

Leixy ne pouvait pas prétendre avoir un tel pouvoir, mais si ce n’était pas le cas, elle espérait l’acquérir. Revoir un jour son maître jovial et aimant…

Cette dernière se releva subitement. “Ne réponds pas tout de suite, je t’ai préparé une petite surprise ! J’espère que ça te mettra de meilleure humeur pour qu’on puisse discuter de tout ça !

Leixy lui fit signe de la suivre. Naturellement, elle attendit que ce dernier se lève pour lui montrer le chemin. Cette dernière le laissa passer devant lorsqu’ils descendirent l’échelle pour se retrouver devant la grande fenêtre de la fameuse chambre. La démone, derrière lui, se mit sur la pointe des pieds pour venir recouvrir les yeux de Légion de ses paumes de main. “Avance, c’est bon ! Mais c’est une surprise, alors je veux que ça fasse l’effet escompté !” disait-elle naïvement, joyeusement, en l’accompagnant à l’intérieur. Une fois qu’ils furent près du lit, toujours en cachant ses yeux, elle passa devant lui et retira enfin ses mains qui lui gâchait la vue jusqu’ici... sur la pièce, les bougies, l'ambiance tamisée, les coupes de champagnes et rappelons-le, le coeur en tripes au milieu du lit... et les deux individus ligotés, ouverts et souffrants de chaque côté du lit king size.

Je crois me souvenir que c’était l’un de tes petits péchés ! huhu…” Leixy sourit timidement. Son expression devient incertaine, elle a bon espoir qu’il puisse lui pardonner ses dernières actions... “J’espère que tu arriveras à me pardonner mes bêtises… je sais que je suis maladroite, mais je ne veux que ton bonheur…J-je t’aime Légion...

Absinthe Mx21

Naïve petite chose… mais si tristement sincère.


It's affection, always...
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MessageSujet: Re: Absinthe   Absinthe ClockDim 6 Mai 2018 - 18:51
Au fur et à mesure de son existence sous son nouvel état de fantôme, Légion avait pu ressentir différentes choses. Le remord, bien entendu. Un sentiment de souffrance par une fatigue intense et un plissement des yeux, qui aimantait la tête vers le sol et diminuait la respiration. Une envie de retourner en arrière et changer les choses, malgré une complaisance à rester dans cette longue et ennuyante moue. Parfois, les regrets étaient accompagnés d’une puissante frustration. Une envie de déchaîner une violence phénoménale sur quiconque s’approchait trop, ou sur chaque objet assez malchanceux pour parcourir la pièce explorée par l’individu habité par la hargne. Il était difficile d’accepter certains résultats. Le remord, c’était donc cela. Une tristesse et une colère face à une fin qui fut amenée, ou ne fut pas stoppée, par nos moyens.

Le spectre avait pu ressentir de la douleur, également. Physique, par ses combats perpétuels contre ceux qui avaient pu lui résister. Pour chacune des lames qui l’ont poignardé, embroché, empalé, qui l’avaient taillé en pièce ou mis en morceaux, oh, il avait eu mal. Mais cette souffrance là n’était que des chatouillements un peu trop forts sur ce qui lui restait de nerfs. Ce n’était qu’une sensation informative destinée à lui dire quelle partie du corps était blessée, ou bien manquante. L’amalgame était même parvenu à apprécier ce mal qui lui parvenait à chaque fois que son sang noir et dépourvu de vie s’échappait de sa carcasse. Il était parvenu à dompter, bien avant sa mort, cette affliction humaine qui était celle de perdre ses moyens lorsqu’il était meurtri. Cette peine physique qui empêchait ceux dont les mollets saignaient de courir pour leur vie et aux combattants aux bras brisés de reprendre leurs armes. C’était un sentiment destiné à laisser mourir les malchanceux. Mais Légion n’en avait que faire, à présent. L’adrénaline qui lui était offerte durant les combats était tout ce qui était nécessaire pour le maintenir au front, s’il n’était pas déjà atteint d’un masochisme troublant. Ainsi niait-il à la nature le moyen de l'handicaper et de l’annihiler.

Mais la souffrance mentale ? Il n’était jamais parvenu à la combattre. Il n’avait jamais réussi à humilier ce poids sur son coeur comme il était parvenu à se moquer de ceux sur ses nerfs. Comment donc pouvait-il réussir à contrer un poignard qui n’était même pas physiquement déviable ? Il y était déjà parvenu, un jour. Lorsque le camp adverse, celui des vivants qui ne voyaient pas le ridicule dans leur existence, celui des choisis des dieux, tenta de le toucher non pas par les milliers de flèches et les centaines de lances, mais par un poison bien particulier dissimulé dans une bouteille qui n’avait ni joie de vivre ni amour personnel. Et cet amas de désespoir lui vola le coeur lorsqu’elle manqua de le lui embrocher. Elle lui prit la tête quand elle tenta de la lui faire perdre. De tous les vivants qui étaient venus pour mettre un terme à son règne de dévastation, c’était celle qui n’était pas du tout convaincue de sa réussite qui manqua d’y parvenir. Ainsi, la vie elle-même tentait de contrer l’apocalypse en lui présentant l’amour sur un plateau venimeux. Mais la fourberie de celui qui brûla le monde était bien trop vicieuse, car la corruption qu’il fit sur celle qui devait être sa Juliette en fit sa Perséphone. Et l’amour lui fut bientôt réciproque.

Ce ne fut que la mort elle-même qui parvint à le tuer. Une mort qui vit cela comme le meilleur espoir pour se démarquer du lot. Une mort qui ne parvenait pas à fermer sa gueule quand bien même sa vie en dépendait. Un faucheur aux objectifs bien ambigus, et qui vint tenter de mettre à terme sa joie quatre fois, avant de réussir sa mission à son dernier essai. Et quand, fuyant l’enfer, le fantôme revit le récolteur, ni l’un ni l’autre ne put ressentir un différend.

Mais dans cette pièce étroite, dans cette cellule fermée et sans issue, gardée par des bourreaux anthropophages, et maudit par une immortalité destinée à le maintenir en place, il put sentir cette douleur psychique. Il put vraiment se rendre compte de ce qu’était avoir mal. À genoux, seul, il en fut souillé dans les profondeurs de son âme. Cette miséricorde divine de quatre murs, un toit et un sol, destinée à anéantir toute une psyché. L’enfer, ou comment se débarrasser des problèmes sans avoir à réfléchir à l’aide de sa parfaite et complète omniscience. Tu es mauvais, tu le fus depuis ta naissance, et tu le seras à jamais. Belle façon de faire. L’histoire de celui qui devint un spectre ne put cependant s’arrêter là. L’au-delà eut du mal à se reconstruire après sa fuite.

Ainsi connaissait-il les remords. Ainsi connaissait-il la souffrance. La colère aussi s’emparait régulièrement de lui comme d’une pathétique poupée de chiffon. Uniquement de la tristesse. Uniquement de la rage. Uniquement de la haine. Il en vint à détester son coeur. Exécrer ses émotions, sans pouvoir les anéantir complètement. Ce pourquoi l’annihilation de ses sentiments par l’alcool parut nécessaire. Mais inconsciemment, il devenait juste plus vulnérable après avoir trop bu.

Mais il se heurta à l’inconnu. Au milieu de nulle part, transportant la demoiselle à l’âme meurtrie, il put ressentir quelque chose de nouveau alors que l’ange cornue se blottit vers sa cage thoracique, tout en enroulant mollement ses bras autour de lui. C’était une étrange chose. C’était comme si son coeur venait de s’arrêter un instant, avant de reprendre son battement d’une façon beaucoup plus difficile. Une main invisible et fantomatique venait de lui attraper le muscle assurant sa respiration, la ralentissant drastiquement. Son visage néanmoins ne changea pas. Il garda la même face tout le long du trajet, mais il semblait devenir de plus en plus difficile de conserver la même vitesse, et de ne pas ralentir ne serait-ce qu’un petit instant.




Debout sur le toit, se prenant la pluie sur le visage, il laissait les larmes des anges lui nettoyer les cheveux et le costume. Les nuages gris et noirs faisaient un tableau sombre sur lequel son imagination était la craie. À quoi rêvait-il ? Laissait-il juste son esprit divaguer ? Réfléchissait-il à l’avenir ? À ses plans futurs ? Ou bien profitait-il juste de cette touche de solitude après avoir découvert autant d’émotions depuis tout ce temps ? Laisser son esprit torturé par le temps et une soirée aussi troublante que celle-ci était quelque chose de bon pour lui.

Tim, lui, observait juste la moitié de son maître rater lamentablement une tentative pour se déplacer tout en restant emmitouflée dans ses couvertures. C’était quelque peu distrayant, mais pas assez pour le tirer de la lecture de son journal. Voyez-vous cela, les sources d’énergie de Dösatz s’amenuisaient ? Le taux de chômage de la planète était également passé de trois à cinq pourcents au cours de la dernière année. Cela avait certainement pour cause la disparition soudaine de la flotte du Boss Stinger. Sortant un scalpel de sa poche, il l’utilisa pour couper cette partie intéressante du papier. La page de derrière était de toute façon consacrée aux mots croisés, une activité qu’il avait déjà terminée il y a de cela un petit moment. Le majordome se demandait qui donc allait utiliser cette légère crise financière pour s’installer dans le milieu. Cela n’allait pas être le seigneur des Damnés qui digérait sa nouvelle redécouverte de ses sentiments sur le toît.

Ah, elle s’était finalement cassé la figure. Il était en effet difficile de se déplacer, entouré d’autant de couches de couettes. Voyant que la télévision ne servirait plus à personne, le majordome prit la télécommande et éteignit avec beaucoup moins de difficultés que son maître la boîte à sons et visuels. L’un d’entre eux avait en effet réussi à suivre le bond technologique. Il put entendre que la demoiselle avait fait de même, répondant à son portable avec aisance. Si seulement Légion pouvait utiliser un appareil de communication à longue distance, lui aussi. Cela rendrait les déplacements moins fréquents. Et puis peut-être que lui installer un ou deux jeux dessus pourrait l’aider à se détendre. Tim ne réagit pas à la conversation de la succube avec celui qui devait être son manager. Eh bien, quelqu’un avait un cercle social, au moins. Elle tenta de se moquer du personnage au visage recousu, mais ce dernier n’en eut que faire. Il était l’homme à tout faire du spectre, et c’était bien vrai. Cependant Aristidès Othon Frédéric Wilfrid Blondeaux Georges Jacques Babylas le Cinquième, communément surnommé Tim, espérait que la société qui avait comme face l’attrappe-coeur n’eut pas beaucoup d’actions dans les firmes de Dösatz, car ces dernières semblèrent aller à la ruine. Quelle firme allait donc maintenir l’économie de la planète en place, alors ? L’argent qui était dans les caisses n’allait pas y rester à jamais. Peut-être qu’il pouvait convaincre son maître d’amener ses Damnés travailler là-bas ? Cela pouvait faire bonne publicité après sa révélation au monde. Mais voilà Leixy qui le compare à un personnage de bande-dessinée Américaine.

"Cette comparaison est fausse, madame. J’aimerais que mon maître n’ait comme source de soucis que des problèmes parentaux, et que vous ayez autant de charisme que les compagnes de la chauve-souris."

Disait ainsi celui qui collectionnait ce genre de littérature dans son temps libre. Il ne voyait juste pas d’utilité dans le fait de le dire à haute voix. Il tourna son journal afin d’arriver à la partie des petites bandes-dessinées qui apparaissaient toujours vers la fin du papier. Ah, les Peanuts et les Calvin and Hobbes qui y figuraient aujourd’hui avaient été déjà vu par le chic moustachu, il y a de cela quelques années. Mais quand les dessinateurs étaient morts ou à la retraite, il ne pouvait rien y faire. Les aventures dessinées des gamins à l’esprit philosophes restaient quelque chose qu’il trouvait intéressant. Le blond amateur de tigre venait d’imiter son père. Le serviteur du maître de l'effroi sourit légèrement sous sa moustache.

Spoiler:

Mais après s’être roulée par terre avec son téléphone comme si son âge régressait au fil du temps, la succube se décida à sortir faire on ne sait quoi. Elle venait de promettre de ne pas s’enfuir, et disait chercher de quoi fêter les retrouvailles avec l’être pour qui elle avait dédié sa vie. Elle ne manqua cependant pas de se moquer de son âge. La porte claqua finalement. Le personnage aux yeux presque fermés en permanence se gratta le menton, terminant de lire les bandes dessinées.

"L’évolution de la chienne. Elle se promène toute seule, à présent."

Il referma son journal, et avança vers le balcon. Malgré la lumière allumée, la porte coulissante et transparente était ouverte, laissant entrer les insectes. Tim, avançant tranquillement, les bissecta tous du scalpel à une vitesse incroyable, avant d’atteindre sa destination. La pluie était partie depuis un moment. Cependant, comme instinctivement, il savait que son cher maître était toujours là-haut, à contempler le ciel de son regard d’ambre, musant à il ne savait quoi.

"Monsieur, votre compagne vient de partir faire une petite promenade."

”Est-ce un euphémisme ?"

"Non. D’après ce que j’ai compris, elle reste dans l’hôtel. "

”Elle ne peut pas vraiment faire de mal à qui que ce soit, ainsi. Passe le balai derrière elle si elle venait à se créer des problèmes."

"Est-ce un euphémisme ?"

”C’en est un."

"Très bien, monsieur."

Et Tim, à nouveau, disparut de tout champ de vision. Légion resta seul sur son toit, assis, les genoux devant lui, à regarder les étoiles qui apparaissaient timidement. Les bruits des gens qui souhaitaient voir la grande mademoiselle, à plusieurs étages plus bas, n’arrivaient pas à le défaire de cette espèce de torpeur éveillée qui venait à lui. Il était assis, dans son costume trempé qui était encore taché de rouge. Combien de temps allait-il devoir porter cela ? Il ne le savait pas encore. Il allait certainement rester un instant ici. Qu’allait-il faire ? Il ne savait pas non plus. Peut-être devrait-il laisser Tim avec Leixy ? Il serait capable de la protéger contre tout problème. Comment s’assurer de son bien-être ? Elle est riche. Elle est célèbre. Elle est heureuse. Un garde du corps suffira amplement. Ou bien peut-être lui en faudrait-il plusieurs ? Une partie de son armée pouvait se tenir cachée et protéger la succube à n’importe quel moment. Mais la pauvre demoiselle risquait d’être incapable de faire face à n’importe lequel des Maléfiques. Hidan ne sera pas apte à l’anéantir. Il s’est trop attaché à elle… Peut-être qu’il pouvait le convaincre de la laisser en vie ? C’était un personnage influent. Il était tout à fait capable, par sa puissante idiotie, de convaincre son chef tout aussi crétin de la pardonner d’exister.

C’est alors qu’elle apparut à côté de lui. Ses yeux dorés brillaient toujours dans le noir de la nuit. Deux étoiles de plus, mais celles-ci étaient sur terre, parmi le commun des mortels. Le fantôme, bien plus apaisé qu’avant à présent, put se rendre compte à quel point cet ensorcellement signature de son regard lui avait manqué. Elle n’avait plus sa robe, malgré la pluie qui venait de se terminer. Légion la regarda arriver quelques secondes sans rien dire, admirant la vue, avant de prendre la parole le premier :

”Il fait froid, tu devrais te mettre quelque chose."

Et il se remit à regarder le ciel, alors qu’elle s’asseyait à côté de lui. Ses coudes étaient placés sur ses genoux et ses mains, dont les bras étaient tendus, laissaient leurs doigts pendouiller dans le vide. Les milliers de points étoilés visibles étaient tous éloignés de milliards de kilomètres, et potentiellement déjà morts, laissant leur lumière seule les garder en mémoire. Tant de vide, là-haut. Et pourtant, un vide si prometteur. Un zéro, qui pourrait amener un un. Un un qui amènera un deux, qui amènera un trois, qui amènera un quatre, qui amènera un dix. Un dix qui amènera un cent, un cent un mille cinq cent. Tellement de choses possible. Tellement de gâchis. Tant de choses qui resteront à jamais inexistantes. Un schéma inaccompli… non, une simple idée. Un pensée qui traverse l’esprit. C’était cela, l’espace. Un endroit où quelque chose devrait se trouver, mais où au final il n’y a rien. La Terre n’était qu’un caillou mouillé qui flottait parmi d’autres autour d’une étoile. D’autres planètes étaient habitables dans les environs, mais aucune n’était plus que cela. Des orbes à flottes. Des boules magiques. Sur l’une d’entre elles, un jour, naquit un amalgame qui se prit pour le maître de l’univers par sa destruction perpétuelle d’un seul et unique monde parmi tant d’autres. Quelle tête fit-il quand il découvrit à quel point son bac à sable était petit par rapport au reste du terrain de jeu ?

Mais c’était sur ce même caillou désenchanté qu’il prit comme résolution simple de consacrer son immortalité à essayer de lamentablement faire le bien, essayer de se sentir heureux à travers les sourires des autres. Laisser sa vie sa faire quand bien même elle n’arriverait à rien. Une quête qui petit à petit sembla de plus en plus stupide, car il ne ressentait plus de joie. Ni par le mal, ni par le bien. La seule chose qu’il trouva pour le faire sourire était le combat. La bataille. Mais après que ses battements de coeur se soient calmés, il se retrouvait à nouveau avec rien. La mort n’était pas une fin, car une autre vie se trouvait derrière. Il se résolut alors à plonger son visage dans l’éthanol, et sombrer dans des comas perpétuels, entrecoupés par une aventure aléatoire qu’il se résolvait à mener à bien. Parfois il se rendait compte des dégâts causés sur sa psyché par le poison qui lui permettait de fuir la réalité. Il serait incapable de reconnaître son lui d’il y a six mois, d’il y a un an…

Mais, il y a de cela quelques semaines, cette vision changea. Il était devenu le maître, sans s’en rendre véritablement compte, d’un monde des morts externe à celui déja existant. Les Champs-Désolés. La première marche de l’escalier vers le paradis. La première étape d’un monde meilleur. Devenant le maître immortel d’un peuple tout aussi incapable de se décomposer, il pouvait finalement arriver à faire quelque chose. Si le monde était aussi pourri, si l’univers était un trognon de pomme à jamais à l’agonie, alors il lui faudrait devenir le créateur de ce monde. S’il existait un monde après la mort, il devait exister un maître. Il fallait tout simplement le dégager de là, et lui montrer ô combien son pouvoir pouvait servir au bonheur de tous les êtres existants dans le monde.

Leixy était assise à côté de lui. Légion se demandait ce qu’elle ressentait à l’instant. Il espérait qu’elle ne pensait pas qu’à lui. Qu’elle voyait quelque chose dans les étoiles, et ne restait pas à côté d’une carcasse ambulante par simple espoir de ramener à la vie le monstre dont elle était un jour tombée amoureuse. Le fantôme voyait en elle quelque chose qu’il ne méritait pas. De l’amour ? De la compassion ? Il ne savait pas. Il ne comprenait peut-être plus ? Il était parvenu à récupérer un royaume mais pourtant ne se respectait toujours pas. Que quelqu’un le fasse à sa place ? C’était presque impossible pour lui d’imaginer quelque chose de la sorte, à présent. Il se pensait inapte à prodiguer à sa compagne le bonheur qu’elle espérait tant. Peut-être qu’il la jalousait ? De la voir tant aimée, de la voir célébrée de partout, de la voir capable d'interagir avec tout le monde. Sa sociabilité, son bonheur, sa compagnie. Comment pouvait-il le savoir ? Il semblait envier tout le monde, à présent. Pouvait-on comparer une horde de morts décérébrés à des êtres vivants qui vous adorent ? Peut-être que les deux ne se différenciaient pas tant que ça. Il lui semblait qu’il détestait la succube autant qu’il l’aimait. Il avait cette impression étrange pour le narguer en son plus fort intérieur. Leixy était la plus grande réussite du maître de l’effroi d’antan. Pour le misérable Damné, elle devenait le pinnacle de tous ses échecs et ses mauvais choix. Il voyait en elle toute sa philosophie passée, sa joie de vivre qui n’existait plus, ce bonheur qui lui manquait cruellement. Et lorsqu’elle lui demanda la raison de son absence à ses côtés, il ne sut comment répondre.

”Je ne sais pas…"

Il serra les lèvres en secouant lentement, légèrement sa tête, pointant ses yeux vers le bord du toit. Il essayait de ramener ses idées à leurs places. Se former une phrase, en agitant tous les mots dans sa boîte crânienne, jusqu’à ce que le résultat soit convenable. Mais au final, chaque microseconde qui passait était un Newton de plus sur ce qui serrait son coeur.

”J’imagine que je devais être occupé à être mort. Maintenant, je suis mort-vivant. La différence est que tu peux à présent me voir dans un état comme celui-là. "

Ce n’était pas forcément exact. Il voulait simplement la rassurer. Mais la voilà qui tente de s’excuser, bredouille, pour son comportement de tout à l’heure, avant de lui rappeler indirectement qu’il n’était plus le même qu’avant. Elle voulait juste retrouver le personnage qui lui avait offert le bonheur il y a bien longtemps. Ne pas voir les conséquences de ses actions. Ne pas souffrir de la douleur des autres. Connaître cette magnifique ignorance qui rendait chaque geste important. Se sentir maître du monde à chaque échec adverse. Être Dieu pour chacune de ses réussites. Le fantôme ne put que continuer à regarder dans le vide, hochant pathétiquement la tête alors que la démone rêvait de le rendre heureux à nouveau. Cette dernière se leva alors, lui prévoyant une “petite surprise”, qu’elle semblait vouloir à tout prix lui montrer. Légion ne put que soupirer avant de la suivre.

À peine sauta-t-il sur le balcon que les doigts lisses et doux de la succube lui cachèrent la vue. Il resta immobile quelques instants, avant qu’elle ne lui dise d’avancer. Alors il se mit, lentement, à faire des petits pas vers l’avant, afin d’éviter de se casser la figure contre un mur bien mal placé, avançant avec peu de vitesse vers là où Leixy souhaitait l’emmener. Ce petit voyage dura quelques minutes.

Il sentit ses mains changer de position, alors que ses bras circulaient afin de permettre au reste du corps de la succube de se positionner devant lui. Puis, elle lui révéla ce qu’elle avait concocté pour lui depuis tout à l’heure : deux êtres souffrants, des tripes sous forme de coeur, des bougies, et de l’alcool. La joie de la demoiselle fit place à une sorte d'embarras. Elle lui demanda à nouveau de la pardonner, répéta qu’elle souhaitait le voir heureux à nouveau, avant de se résoudre à lui dire qu’elle l’aimait. Légion resta silencieux un instant. Un très long instant. Il s’approcha du lit, sans dire un mot, alors que l’ombre de ses cheveux lui cachait le regard. Créant son flacon, il l’éclata au dessus du meuble. La flamme liquide devint un feu véritable, et s’infiltra dans les plaies des deux individus alors que le fantôme leur frappa la nuque. Assommés mais soignés, ils furent transportés par l’amalgame, qui ouvrit la porte pour les tendre à Tim, qui se trouvait justement là, et qui sut exactement ce qu’il devait faire : les ramener chez eux, leur enlever les mémoires - il savait bien faire ce genre d’opération - relatives à l’incident, et laisser quelques milliers sur leur table en partant. Fermant la porte, l’être qui un jour brûla la Terre se tourna vers Leixy.

”Je dois te montrer quelque chose. Viens."

Il traversa la chambre à nouveau, passant à travers la porte coulissante, pour se retrouver dehors, dans le froid et à la vue des étoiles. Ah, c’était bien le comportement de la succube, ça. Sa reine mortelle, sa dynamite à rayon laser, conçue pour faire mordre la poussière. Pas de retour arrière. Il ne pouvait qu’aller de l’avant avec elle. Posant ses mains sur la barrière qui servait à empêcher les idiots de s’éliminer sans le faire exprès, il regarda dans le vide. Tandis que la demoiselle le rejoignit, il songea à nouveau à quoi dire. Souffrait-il de timidité ? De honte ? C’était tellement dur d’avouer quelque chose de si simple.

”Tu avais raison, tout à l’heure. Je ne suis plus le même."

Il se retourna, posant ses paumes sur le bois, cherchant un support pour ses bras comme son dos.

”Mourir m’a ouvert les yeux. Pour le pire. Il n’y a pas que la Terre dans l’univers. Les dieux que j’ai raillé depuis toujours ne m’observaient même pas. Le monde dans lequel je vivais n’était qu’une façade. Un défilé d’ombre sur le mur d’une caverne. Ceux qui sont morts de mes mains furent envoyés vers une autre rive où ils vécurent heureux, et on me condamna à la souffrance éternelle. J’ai connu, là-bas, ce que j’avais fait ressentir tant à mes victimes. Je me suis enfui, et je fus banni de la mort. Depuis, j’erre. La reprise du mal n’avait aucun sens. Le bien ne me procurait qu’un maigre plaisir. Et jamais… jamais je ne pouvais oublier ce que j’ai fais. Je voyais le monde sans couleurs. Partout, le malheur, la dévastation. Des inégalités, dans la vie comme dans la mort, partout. Dans chacune des espèces extraterrestres également. L’existence était gouvernée par la tristesse."

Il s’avança légèrement vers elle, laissant mollement ses bras devenir ballants.

”Au début, je te croyais morte, toi-aussi. J’ai décidé de t’oublier. Je n’ai jamais réussi. L'ambiguïté de ta situation ne fut qu’une autre source de douleur. Puis, en apprenant ta survie, ce fut un autre sentiment qui m’envahit. J’estime que c’était la peur de te décevoir, toi. Mais maintenant..."

Il arrêta sa marche, regardant le ciel.

”Je crois que je suis rassuré."

Son regard revint prendre pour cible la succube..

”J’ai trouvé de quoi les atteindre. J’ai trouvé un monde des morts bien éloigné de l’enfer, du paradis, de leur portée. J’ai trouvé la première étape pour les défaire… Le marchepied qui fera tomber les dieux, Leixy."

Il lui prit les mains.

”Regarde."

Des milliers de boules multicolores se mirent à sortir des paumes de la reine mortelle. Des hurlements de joie. C’était toutes les âmes emmagasinées par la succube depuis toutes ces années qui s’échappaient. Où allaient-elles ? La marque de Légion les empêchait d’aller en Enfer. Celles qui étaient bonnes iraient se détendre au paradis, et les mauvaises iraient rejoindre sa garnison éternelle de Damnés. Un spectacle de sons et de lumières. Les yeux de Légion fixèrent cette vue magnifique alors que les êtres transparents et arc-en-ciels volaient vers les cieux. Mais le fantôme avait pris des précautions. La démone ne perdrait rien en vitalité. Elle pouvait sentir une nouvelle énergie l’habiter depuis ses bras. Les morts continuaient d’affluer depuis les paumes de la compagne du spectre. Petit à petit, il y en avait de moins en moins. Bientôt, il n’y en eut plus. C’est alors qu’il lui lâcha les poignets, avant de reculer à nouveau.

”Je vais être clair : Je refuse que tu tues qui que ce soit inutilement, à présent. Je refuse que tu brises mentalement des êtres pour en faire tes esclaves, que tu en fasses souffrir pour rien, ou bien que tu reproduises tout mal purement par mauvaise intention. L’immortalité que je t’ai offerte t’en empêchera, de toute façon."

Il se retourna à nouveau, pour observer les bâtiments en face de l’hôtel.

”Ainsi, personne ne pourra te faire de mal, et tu ne pourras plus faire de mal à personne. Tu pourras continuer à vivre heureuse, j’en serais éternellement rassuré, et cette rencontre pourra ne jamais avoir eu lieu."

Il soupira à nouveau. La nuit était froide après la pluie.
Leixy
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MessageSujet: Re: Absinthe   Absinthe ClockJeu 24 Mai 2018 - 21:40
We shut down our world
You're always trying
To hide in the night
And blink at the door
You'd let it go...
You've got to open up your heart and feel the love in your life
You've gotta open up your mind and feel the love in your life




Alors il ne saute pas de joie. Il ne commence pas à la tripoter ou à l’embrasser. Il s’avance vers le lit et il soigne les blessés. Il les remet à Alfred, même. Leixy tourne la tête dans tous les sens, dans l’incompréhension la plus totale. Qu’est ce qu’il fabrique ? Il n’est pas d’humeur pour une gore party ? Pourtant ça lui remontait le moral fut une époque. Décidément… Qui est cet homme ? N’a t-il plus que l’apparence de Légion ? La succube se tait mais ses yeux regardent dans le vide pour chercher des réponses à l’intérieur de sa caboche, qui se remémore pourtant clairement tout leur vécu ensemble. Ou est-ce qu’elle a foiré, encore ?

Silencieuse, elle le suit sur le balcon. Déboussolée. Encore plus lorsqu’il confirma que tout ces changements ne venait, pratiquement, que de lui. Mais elle ne voulait pas y croire: l’homme qu’elle avait tant aimé ne pouvait pas avoir disparu… non…. ses explications enfonçait Leixy dans le sentiment de trouble qui assombrissait son esprit. Ses yeux commencèrent à briller un peu trop intensément à cause de l’empathie. Ce qu’il racontait là… toutes ces vérités à propos du monde...  Il ne parlait que de souffrance, de malheurs, même dans la mort. C’était véridique, mais trop dur à entendre pour quelqu’un qui ne veut que voir le côté léger de la vie. Justement pour fuir toutes ces merdes. Cette dernière restait mollement immobile, les bras pendant le long du corps. Le vent venait bercer ses longs cheveux, alors que le regard de la demoiselle suivait celui de Légion dans l’abîme. Mais qui es-tu à la fin ?

Son coeur fit un bond. Il a voulu m’oublier et il n’a pas pu. Cette vérité-là, c’est celle-là qui tire Leixy de ses mauvaises pensées. La dame semble reprendre physiquement vie. Ses yeux fixent son aimé. Ils brillent toujours, mais ils luisent parce qu’ils l’admirent. Ses paroles venaient de percer le doute au fond de la succube. Il n’avait jamais cessé de l’aimer, tout comme elle… ! Se rendre compte d’un tel fait venait de soulager toutes ses peines internes, comme s’il était le remède à tous ses maux. Peur de la décevoir ? Lui, ressentir ça envers… elle ? Cette moins que rien dont il avait fait une véritable diva ? Lui qui avait rendu Leixy heureuse quand son propre peuple ne faisait que profiter de sa candeur ? Lui qui lui avait tout enseigner avec un doigté de maître, lui qui l’avait faite sienne en s’appropriant son corps… et son âme. Les larmes habillent ses joues à nouveau, mais elle se tait toujours. Entendre Légion lui ouvrir son coeur était le plus beau cadeau qu’il lui avait jamais fait jusqu’alors.

Sur une note plus encourageante, il parlait d’une manière de la mettre dans l’os aux Dieux. Cela fit sourire Leixy, d’autant plus lorsqu’il se saisit de ses mains. C’est le spectacle. Les boules luminescentes de diverses tailles se déversent de ses paumes ouvertes en des cascades scintillantes vers les cieux. Ses yeux s’écarquillent. Elle panique un peu, regarde Légion pour lui transmettre son désarroi. Mais… Son expression à lui est si zen… si reposée… alors, elle pourrait bien mourir maintenant, en l’admirant là, son visage éclairé à la lumière des âmes qui s’éparpillent autours d’eux en s’envolant. Leixy contemplait probablement bien plus l’expression sereine de Légion encore que le reste. Car le reste de cette scène le sublimait, lui. Cette dernière fut gagnée d’un sourire chaleureux, alors que ses yeux éberlués observaient la scène.

La succube n’avait pas l’habitude d’entendre des sons de joie et de soulagements de la part de ses victimes. Elle sentait bien que c’était ces millions d’âmes qui quittaient, petit à petit, son corps, le réceptacle de ce dur labeur pendant trois cent ans sans son maître. Pourtant, elle ne se sentait pas mal. Au contraire. Toute cette beauté féerique calmait la tristesse qui empoignait jusqu’ici vigoureusement son coeur. La chaleur des mains de Légion emprisonnant ses poignets faisaient battre son coeur à tout rompre: si seulement il pouvait sentir cela… et comprendre.

La fin du spectacle. Il recule et lâche ses poignets. Ses paroles sont étranges. Leixy penche la tête légèrement sur le côté droit. Ses grands yeux essaient de déceler pourquoi. Mais cette dernière semble moins traumatisée à mesure du temps, parce que Légion s’explique, qu’il veut lui faire comprendre, qu’il prend du temps pour lui montrer les choses. Même si ces choses qu’il lui demande, actuellement, vont au total opposé de ce qu’ils faisaient auparavant…

Alors je…” Un sourire réconforté se dessine sur ses lèvres. “...Je demeurerais dans ton royaume, même si je meurs ? Quel soulagement ! Comme quoi… Encore une fois, tu es mon sauveur.” Il l’avait sauvé, en effet. De sa condition d’ange stupide. “Si ça peut te satisfaire, je ferais selon tes désirs.” Dit-elle, calmement, apaisée par les récents événements. Lui, il se retourne et observe les alentours. Il dit clairement qu’il ne veut plus de tout ça. Il renie le passé, il… Légion n’est plus. C’est une nouvelle personne, des nouveaux objectifs… Mais son coeur se souvient de Leixy. C’est l’important. Il l’aime.

Je ne vais pas nier que nos anciennes pratiques me rendaient… vivante. Surtout au début, quand tu m’as apporté ma renaissance. Avant de te connaître, je n’étais qu’une moins que rien. Je n’étais personne. Ma propre “famille”, ma propre race se jouait de moi. Alors disons que d’avoir du pouvoir sur les autres, sur leur vie c’était… revigorant et nécessaire pour que je puisse muer vers autre chose qu’une pathétique vaurienne.” Elle aussi, elle se tourna en direction de la ville. Les bras sur la barrière qui longe le balcon, penchée vers l’avant. “Tout ce qui m’intéresse c’est de répondre à tes besoins, à tes envies. Parce que c’est grâce à toi que j’ai appris ce qu’est le bonheur. Tu as été mon guide. C’était toi mon véritable ange gardien, quelle ironie quand on y pense, hihi…” Eh oui. Il n’avait pourtant rien d’un ange, mais rien à leur envier non plus. “Sans toi, je ne serais qu’une bécasse dont tout le monde aurait profité ad vitam aeternam. Alors si tu veux que je “trie” mes victimes pour ne faire souffrir que ceux qui le méritent, ça ne me dérange pas ! Mais ne plus faire souffrir qui que ce soit, c’est impossible. Je ne peux pas renier ma propre nature ! Tu as fait de moi une succube. Je dois récolter des âmes ! C’est mon travail, ça fait partie de mon identité...

Le fait de penser à “catégoriser” ses victimes était une idée qui ne lui serait pas venu à l’esprit. Leixy tuait et torturait ceux qu’elle avait envie, pas besoin de demander leur avis ou de regarder leurs CV, mais…. Légion désirait changer leurs méthodes, pourquoi pas. La succube lui lança un regard: il n’était plus que l’ombre du Monstre qu’il avait été, et donc de l’homme qu’il fut jadis, tout court. Ce n’était peut-être pas tant un mal que ça….

Driiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiing. Driiiiiiiing.

Incoming Call: Xul.

La succube cligne des yeux d’un air étonné et prend son téléphone: “Vouiii mon poussin, pourquoi tu m’appelles à cette heureeee ?”  

Blanc à l’autre bout du téléphone.

“...Ben...C’est ton anniversaire Leixy ! Il est minuit passé, là. T’as pas oublié quand même ?” - “Ah !” - "M’bref, une voiture t’attends à l’arrière de l’hôtel. Un styliste t’attendras au lieu où on organise ta soirée d’anniv’, ok ? à toute !” Dit-il avant de raccrocher.

Hiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiih ! Toooop !!

Elle s’empresse de raccrocher: “Ils ont organisé une soirée pour mon anniversaire ! Une voiture nous attend à l’arrière de l’hôtel. On y va ?!!!! ! Hihi !”

La jeune femme attend une réaction positive - sans vraiment attendre puisqu’elle saute du balcon et déploie ses ailes. Cette dernière repère la voiture, et cette fois attend son compagnon pour sauter à l’intérieur de la limousine. Le chauffeur vient leur ouvrir la porte et détourne le regard en voyant que Leixy est en sous-vêtements, tout rouge.

Une fois à l’intérieur, la voiture les emmena jusqu’à un magnifique château de couleur ivoire. Ils arrivèrent sur l’une des entrées secondaires, où l'attendait le fameux styliste. Le chauffeur leur ouvrit la porte une fois de plus, maintenant qu’ils étaient arrivé à bon port.

Dame Leixy, dame Leixy !” s’exclamait le styliste de la démone -avec son zozotement- en accourant vers elle avec son mètre. “Parfait, vous êtes venue en sous-vêtement, je vais pouvoir prendre directement vos mensurations…Venez, pressons le pas, je dois vous habiller !” Dit-il en lui faisant signe de rentrer à l’intérieur.

Cette dernière se mit à rire de bon coeur en voyant tout cet empressement. L’un des hommes travaillant avec le styliste de Leixy proposa ses services à Légion - j’en connais un qui va se faire tuer.

Bon mon chéri, on se retrouve tout à l’heure ! Je suis toute excitée !” Disait la succube en trépignant d’impatience. Cette dernière se fit guider à l’intérieur du château par le styliste et ses suivants. Elle était partie se refaire une beauté pour sa soirée.

Pendant ce temps, certains convives étaient déjà présent dans la salle principale où allait se dérouler les festivités, et où Légion avait dû être escorté par la sécurité. C’était tout un décor et une ambiance baroque, raffiné et n’importe qui pouvait dire que tout ceci était très, très, trèèèès onéreux. Ses amis n’y allaient pas de main morte pour la gâtée. Légion pouvait casser des bouches ou casser des trucs, boire des coups comme il sait si bien le faire ou encore repérer des stars, parce que le lieu en était plein à craquer… et puis, c’est p’tet bien lui qui allait finir par craquer, en faite !

Alors comme ça vous êtes l’heureux élu du coeur de notre chère Leixy ! Quel petit vantard vous faites. Comment l’avez-vous connu… ?” Disait une star connue conviée à la soirée en s’adressant au spectre.


“Êtes-vous intéressé par la mode également ? Vous feriez probablement un bon mannequin pour certains créateurs très excentrique !
” Se permettait un homme de grande renommée en matière de mode en s’adressant à Légion également.

J’imagine que votre relation avec Darcia doit être très tendue ! Après tout, ça fait des années que Leixy se pavane en public à son bras…” Osait encore un autre.

Les curieux faisaient leur “défilé”. Dès l’arrivée de Légion, beaucoup s’étaient permis de venir lui adresser la parole. En même temps, il était un nouveau visage sur qui il fallait pouvoir placer quelques ragots bien croustillant - et à mon avis, ils allaient prendre cher dans leurs tronches, ceux-là.

Au bout d’une bonne heure, la succube arriva dans l’énorme salle de réception en descendant les escaliers qui la bordaient. Façon princesse, elle portait une très jolie robe noire et dorée colle au corps qui sublimait ses formes. Les invités étaient stupéfait de sa tenue à la fois simple et à la fois sophistiqué. Celle-ci se fait submerger par un raz-de-marée de compliments. La succube fait des beaux souvenirs. Capture Légion en lui prenant le bras au passage - et s'éclipse avec des jolies pirouettes de langage des conversations qui fusent à son encontre. La démone se place à l’entrée et accueil en personne tout ceux qui arrivent à présent. Il y a les médias, des journalistes. Toutes les entrées sont filmées et commentée. D’ailleurs...

Darrrciaaaaaa !

Elle lâche subitement le bras du Damné. L’homme à la longue chevelure noire, quant à lui, eut à peine le temps de se retourner que Leixy lui sauta dessus. Le visage serein du Lord se transforma en un air... estomaqué. En effet, la démone colla ses lèvres aux siennes en nouant ses mains derrière la nuque de Darcia. Les yeux de la succube se ferment aussitôt. Le gentleman reste pratiquement immobile. Son expression faciale redevient plus calme. Il pose l’une de ses mains dans le dos de Leixy, fermement. Mais il ne la repousse pas, malgré la surprise évidente qui avait pu gagner son visage au départ.

Chaque entrée dans le palace privé est de toute façon filmée. Des photos professionnelles sont prises et tout de suite posté sur des réseaux sociaux et des journaux en ligne. “Triangle amoureux: La star Leixy ne semble pas avoir oublié sa relation avec Darcia !” s’affiche déjà partout sur la toile. Les journalistes ont les idées qui ne tournent plus rond, certains s’emballent et voudraient poser des questions plus qu’indisrète sur le pourquoi du moment, tout de suite. Mais les nombreux agents de sécurité les dissuadent très vite de s’approcher de la star. Surtout le jour de son anniversaire ! Foutez lui la paix. Certains journalistes guettent la réaction de Légion, qui se tenait non loin de la scène.

Cette dernière rompt leurs embrassades et se love dans ses bras.

Bonsoir Leixy” répondit-il paisiblement malgré son air ébahi d’il y a quelques secondes. “Ta fête d’anniversaire a l’air à ton goût si j’en juge par ton humeur.” Ce dernier jeta un oeil aux alentours: Xul venait lui aussi d’arriver. Ce dernier fit un signe à Darcia et Leixy et s’approcha d’eux.

La jeune femme se décrocha doucement de Darcia avec un sourire jusqu’aux oreilles. Il ne manquait qu’Hidan sur le tableau. Malheureusement, ce dernier était déjà occupé sur Dösatz. Cela dit, la démone savait d’avance qu’il ne l’avait pas oublié puisqu’il avait aidé à organiser cette fête.

Ohhhh ! Voilà mon Xuuuullll ! Quelle surprise ! Je suis toute gâtée comme chaque année ! Et vous arrivez encore à me surprendre après trois cent ans !” Cette dernière lui sauta également au cou, sans l’embrasser lui au moins. Xul leva les yeux en l’air en voyant Légion qui était à proximité Leixy. Le nécromancien en profita pour poser ses mains sur les fesses de la succube en faisant une grimace à ce dernier pendant qu’elle l’enlaçait.

Darcia quant à lui resta de marbre lorsqu’elle arriva à nouveau pour le coller, comme si la connerie était déjà passée et que tout allait bien dans le meilleur des mondes. Il avait au moins ça en commun avec Légion: son stoïcisme souvent intimidant pour les autres. Ce dernier porta son seul oeil découvert sur le maître des Damnés. Il n’hésita pas une seconde à prendre la parole pour le saluer, bien qu’il l’analysait de tout son long sans pour autant être grossier.

Je vous rencontre enfin. Je suis Darcia, l’agent de Leixy. Aucun de ses proches n’ignore dans les détails qui vous êtes… et maintenant que vous êtes passé sur toutes les chaînes mondiales, plus personne tout court ne peut ignorer votre existence. Malheureusement, nous allons avoir quelques problèmes avec la presse maintenant que Leixy a sauté sur vous comme sur moi à la lumière des caméras...” Dit-il à voix basse.

Il ne souriait pas, il ne blaguait pas. C’était parfois flippant ou gênant ce type de personne: on ne sait pas si on doit rire jaune parce qu’ils se foutent de nous, ou s’ils sont juste extrêmement poli et conscient des formalités. Leixy avait du mal à lâcher la grappe à Darcia d’ailleurs: comme souvent, elle le collait et tripotait sa crinière d’ébène tout en s’extasiant par rapport à la beauté de celle-ci.

Vous ne m’en voudrez pas si je vous emprunte votre compagne une minute.

Le gentleman posa sa main sur le poignet de Leixy, afin qu’elle cesse de bouger dans tous les sens et de trifouiller ses cheveux. Cette dernière leva son visage, innocente comme une gamine qui fait des bêtises, vers ce dernier. Darcia la regarda un petit moment, puis regarda à nouveau Légion comme pour attendre son aval. Xul soupira longuement après avoir avalé le contenu de son verre d’une traite.

Hé ! Me laisse pas tout seul avec ce mec, c’est un trou de balle. Enfin surtout son majordome ! Mouais… quoi que, au même niveau en faite. J’me tire.” s’exclama Xul en roulant des yeux une nouvelle fois. Ce dernier s'éclipsa dans la foule après avoir glissé un regard mauvais à Légion comme à son majordome. Décidément, l’entente n’était toujours pas de mise entre eux.

Légion est mon petit-ami, je pense qu’il devrait venir aussi… Parce que ça va lui plaire si on fait des trucs hihi ! Il aime bien regarder tu sais, c’est un peu un voyeur, hein Legionounet ? Je connais ses goûts, je pense qu’il appréciera de te voir sans tes vêtements !” Dit la jeune femme en attrapant son cher Légionounet par le bras avec un rictus confiant.

...Il s’agit de choses personnelles, pas sexuelles…” Le regard de Darcia se planta dans les yeux de la succube d’un air circonspect. Il jeta un regard dubitatif à Légion. Leixy lui avait bien raconté maintes fois ses “aventures sexuelles” avec Légion, et leur libertinage certain, mais… même si Leixy ne s’en rendait toujours pas bien compte, Légion n’était plus rien de celui qu’elle avait pu connaître. Il se pourrait alors qu’il ne prenne pas très bien ce genre de propos, tout comme la scène de tout à l’heure...“Hmm...De toute évidence j’imagine que tu ne lui cache rien… et vu comme tu ne peux pas tenir ta langue…” Il soupira en passant sa main sur son visage d’un air perplexe. “Très bien, allons-y.

Leixy acquiesça, toute contente. Cette dernière se fit arrêter plusieurs fois par des personnalités connue pour discuter deux trois choses sans intérêt, et surtout se recevoir des “Joyeux anniversaire !” de tous les côtés. Après plusieurs longues minutes à se frayer un chemin à travers la foule, ils arrivèrent dans l’une des salles à l’écart et garder par la sécurité. Ils entrèrent donc probablement tous les trois - le majordome de Légion étant parti échangé des joutes verbales avec Xul, avoue-le. C’est devenu leur sport préféré !




Une fois en “sûreté”, Darcia prit un air moins froid. Leixy lâcha le bras de Légion, s’il ne l’avait pas déjà dégagé depuis le temps, pour aller retirer le bandeau sur l'oeil de Darcia.

"Hiii t'es encore plus sexy quand on voit ton deuxième oeil !"

....Leixy, nous devons discuter de ton image devant les médias. Nous avons beaucoup joué avec eux ces dernières années, à se laisser prendre en photo ensemble, tout en étant… proche. Il est donc légitime que les gens se posent des questions nous concernant, mais aussi par rapport à Légion.

Pfff ! Le monde des mortels est d’un débile des fois. Ils devraient se détendre et profiter de la vie, je fais bien ce que je veux ! Avec Légion, on a toujours eu de multiples partenaires annexe à notre relation ! Et on faisait des super orgies à plusieurs, huhu !

... Ce n’est pas le problème, vous pouvez faire ce que bon vous semble en privé. Mais tu dois surveiller ton image public, et je vais devoir trouver un subterfuge pour expliquer ton manque de vigilance.

C’est pas siiii graaaave ! Relaaax !” Disait la démone qui ne prenait clairement pas conscience de la portée de ses actes. “Et puis on devrait se faire un plan à trois, comme ça Légion connaîtra... plus en profondeur la personne que j’ai fréquenté pendant qu’il n’était pas là ! Qu’est ce que vous en dites ?” Dit-elle sur un ton réjouit en regardant tour à tour les deux hommes.

...” Darcia soupira. “Je vais trouver une solution, mais je pense que nous allons devoir faire un coup de pub pour rattraper ce manque de discernement de ta part. Ce n’est pas très bon pour les affaires que tu te dise “petite-amie” d’un homme inconnu de la presse - sans vouloir vous offenser Légion…Bref, nous réglerons ça plus tard. En attendant...

Le Lord prit l’initiative d’enlacer Leixy de lui même. Celle-ci, tout à fait réceptive, se colla sans hésiter contre le torse de son agent. Il se pencha suffisamment pour sentir le doux parfum de ses cheveux et pour lui embrasser la joue.

Encore merci pour ma nièce. Elle est enfin revenue d’entre les morts.” Sa reconnaissance était bien réelle. Il souriait sincèrement. Ce dernier se redressa et posa ses mains sur les épaules de Leixy d’un air mélancolique cependant. “Malgré le sacrifice que j’ai dû faire pour cela… Je ne regrette pas.

Son sourire restait présent sur son visage, malgré l’évidente souffrance qui émanait de son regard. Cette dernière tendit sa main vers l’une des joues du Lord et la lui caressa doucement.

Je suis contente d’avoir pu t'aider concernant Katsura.” Elle lui offrit un sourire doux à son tour. “Et comme tu le sais, notre autre contrat ne peut pas tenir plus longtemps maintenant que Légion est dans ma vie…” Cette dernière baissa les yeux lorsque le regard de Darcia devint encore plus assombri par la souffrance. Ce regard-là était trop dur à soutenir, même pour un démon. “...Je suis désolée . Sa maladie… va reprendre le dessus...

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... J’ai été ravi de pouvoir prolonger la vie de ma soeur.. Personne n’est éternel de toute façon, mais… Elle aura au moins pu profiter de ses filles plus longtemps.” Conclut ce dernier, la gorge presque nouée par ses propres mots et l’atroce vérité. “Navré…” dit-il en tournant son regard vers Légion. “Tout cela ne doit être que du charabia pour vous. Leixy et moi avions scellé un contrat à notre rencontre, et… un deuxième, plus récemment.” Le Lord croisa les bras, les yeux à nouveau plongé dans le vague. “On s’est connu parce qu’elle a fait parler d’elle en faisant de la photographie et en étant strip-teaseuse dans le club de Xul. On avait un ami en commun, et donc on a fini par se croiser chaque semaine quand je venais voir Xul. Leixy venait souvent me parler: elle savait bien que j’étais un agent de star, à l’époque je travaillais déjà pour des personnalités connues. Elle voulait se vendre pour que je devienne son agent.” Ces souvenirs lui tirèrent un sourire amusé. “Leixy ne voulait personne d’autre comme agent que moi. Sa carrière n’était pas spécialement brillante au départ, mais… au fil des années, elle est devenue une icône. Bien qu’elle m’ait proposé maintes fois de devenir son agent, je m’y refusais. J’avais peur de tomber dans le piège sordide de cette femme dont la nature ne m’était pas inconnue… Une succube. “ Leixy éclata de rire: “T’as eu peur de moi ! C’est normal, j’obtiens toujours ce que je veux des autres, hihi !” Darcia la regardait d’un air bienveillant malgré sa réaction vantarde. “Au fil du temps nous sommes devenu amis et ma méfiance s’est amenuisée. Cela faisait tellement longtemps qu’elle voulait que je devienne son agent que c’était devenu un jeu entre nous, le fait que je m’y refuse. D’ailleurs pour l’anecdote, elle me voulait absolument parce qu’il paraît que vous et moi nous avons des traits de caractère commun…C’est dire à quel point vous êtes le centre de sa vie.” Le Lord recentra son regard sur Leixy. Cette dernière le regardait aussi, elle compatissait à sa douleur. “Leixy et moi, nous nous connaissons depuis trois cent ans, mais je ne suis son agent que depuis… 30 ans. Eh oui, je lui ai résisté 270 ans.” Il riait doucement, le regard dans le vide. Absorbé par la triste vérité malgré tout. “Ce qui m’a finalement décidé à devenir son agent… c’est ma soeur.” Cette fois, son regard se plongea dans l’absolue noirceur. “Manami, ma petite soeur, est bien plus jeune que moi. Ma mère m’a transmis les gènes de loup-garou puisqu’elle en était elle-même un. Cette dernière est toujours vivante donc, et m’a donné une soeur il y a cinquante-cinq ans de cela…Mais ma soeur a contracté une maladie lorsqu’elle eut la vingtaine et qu’elle était enceinte de ma nièce Katsura. J’ai engagé les meilleurs médecins pour la suivre… Mais il s’est avéré que son mal était incurable, même pour les avancées actuelles en terme de médecine.” Le Comte resta accroché au néant dans lequel son esprit se noyait. “Je ne l’ai pas dit à ma soeur ou à son mari. Je voulais que Manami continue de positiver et de se battre et… je comptais bien trouver un moyen pour qu’elle puisse vivre… C’est ainsi que Leixy m’a proposé un contrat pour allonger la vie de ma soeur durant plusieurs années, afin que Manami puisse profiter de ses filles et de son mari plus longuement. J’ai donc accepté de devenir son agent en échange, et… son amant, entre autre….” Darcia n’était ni agressif ni vaniteux à ce propos, il ne cherchait pas à contrarier Légion. “Mon image de petit-ami de Leixy devant les médias a fait décoller sa popularité, mais je comprends que ce qu’il y a entre vous dépasse une banalité telle que celle-ci…” Leixy lui prit la main mais ne dit rien. Elle était calme, très calme, pour une fois. “Concernant ma nièce, Majin Vegeta l’a assassinée récemment. Cette information n’est pas connue du grand public, je me suis arrangé pour que personne ne le sache, même pas sa famille ou ses amis. Le traumatisme a déjà été trop grand pour elle…” Il pense à sa nièce, actuellement chez lui avec sa meilleure amie. Il espère que cela l’aidera à aller mieux. “J’ai été contraint d'échanger la vie d’une personne qui…qui…” Il prit une grande inspiration pour ne pas s'effondrer. “m’était très chère ...pour ramener ma nièce Katsura…. Vous savez les grandes lignes à présent...” Un blanc. Ce dernier se dirigea vers la porte sans se retourner. “Vous voudrez bien m’excuser, il ne faut pas que je perde la face, cette soirée est pleine de journalistes…

En réalité, Darcia avait échangé la vie de la personne qu’il aimait pour ramener Katsura. Sa femme s’appelle Hamona. Il l’a connu dans sa jeunesse, à une époque bien reculée... C’est une mortelle à contrario du Lord. Il y a fort longtemps également, Darcia avait réussi à trouver un moyen pour accéder au paradis afin d’y emmener sa femme. Ce dernier avait vu qu’elle mourrait bientôt et qu’elle irait...en enfer. Ainsi, en découvrant son funeste destin, il décida de tout faire pour le changer. Celle-ci était promise aux Enfers, quand Darcia irait au Paradis pour sa bienveillance s’il venait à mourir. Ce dernier avait ainsi mis tout en oeuvre pour trouver un accès au Paradis, remuant ciel et terre pour y parvenir. Le hic, c’est qu’une fois là-bas… Hamona contracta une “maladie”. Elle tomba dans un profond coma. Darcia la ramena alors dans le monde des mortels et la brancha à des machines pour la maintenir en vie, jurant de trouver un remède à ce mal.


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Ceci dit, aucun des chercheurs engagé par le Lord n’a encore pu éveillé Hamona de son coma. Depuis des siècles et des siècles à la garder brancher...Darcia essaya même de passer des deal avec des démons, mais ceux-ci ne pouvaient pas eux-même aller “à l’encontre de la volonté des Dieux” disaient-ils. Malgré les hypothèses concernant le fait que Darcia avait été puni pour vouloir changer le destin de sa bien-aimée, il ne se découragea jamais.... Jusqu’à la mort de Katsura.

Dernier souvenir de Darcia d'Hamona après l'avoir débranché afin de sauver sa nièce.

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Il échangea la vie d’Hamona -maintenue en vie depuis toute cette éternité artificiellement- contre celle de Katsura...C’était le seul arrangement que Lucifer, le patron “de relais” de Leixy avait pu proposer - et même ailleurs, c’était ce qu’on lui demandait. Apparemment, la vie d’Hamona était très convoitée depuis toutes ces années… à croire que son âme avait prit du galon avec le temps. Et... à croire que les "maladies incurables" chez les proches de Darcia était un genre de malédiction qui lui collait aux basques.

Leixy avait les larmes aux yeux en voyant Darcia dans un tel état, mais elle l’avait laissé partir sans rien dire. Ils s’étaient longtemps fréquenté. Il l’avait fuit pendant 270 ans et elle avait réussi, en gros, “à l’avoir” grâce à un contrat. Mais depuis, il était devenu à ses yeux presque comme Légion. C’était sûrement mal, parce qu’elle désirait tant obtenir Darcia pour la bonne raison qu’il lui faisait penser au maître des Damnés. Et elle s’était lové dans ses bras depuis trente ans parce qu’il était devenu sa dopamine qui lui faisait repensé à cette époque où elle dormait dans les bras de Légion…

Après un long silence, elle prend une grande inspiration. Il ne faut pas se laisser démolir par les abominations de la vie...

...Il faut… que je…. qu’on se change les idées.” Cette dernière sécha ses larmes après un long silence pesant. La démone fit volte-face vers Légion, forçant un sourire.  “C’est mon anniversaire après tout !”  

Si Légion avait fait des commentaires, Leixy avait voulu ne pas continuer en ce sens. Voir Darcia dans cet état l’avait affecté de toute manière, et elle ne voulait pas continuer à être dans un état si douloureux. Il fallait combattre ce genre de pensées immondes...

Cette dernière pris la main de Légion dans la sienne. Son sourire benêt était revenu. Lunatique, on vous avait prévenu. Cette dernière ouvrit la porte et déambula aux côtés de son âme-soeur à travers le grand domaine. Elle rejoignit ses invités qui s’empressèrent de venir oppresser le couple. Tant mieux. L’objectif: se changer les idées. N’oublions pas.

La star fit signe à l’un des types engagés pour faire le service. Ce dernier acquiesça et apporta une coupe pour elle et Légion. Avec… Un contenu très spécial. La douceur. La fameuse drogue si prisée par les damnés parce que celle-ci les rend vivant à nouveau avec un tonus d’enfer ! - enfin, il paraît. Le risque de badtrip existe, comme pour toute drogue. Et pour les vivants, c’est comme de la MDA méga surdosée.

En réalité, chaque boisson de cette “partie” de la soirée en contenait, histoire d’amuser et de réveiller les convives. C’était probablement LA drogue la plus rare à cause de sa contenance: des cendres de damnés. Un peu beaucoup rare comme matériel. Heureusement, l’entourage de Leixy connaissait du monde. Cadeau signé Hidan pour la soirée, cette drogue qui relance le corps des morts !

Voici votre Leixy’s madame, monsieur…” dit le serveur en leur tendant les verres.

T’as vu ça mon chéri, ils ont même fait une boisson à mon effigie ! Je paris qu’il y a un goût de framboise à l’intérieur, j’adore la framboise !! Tchiiiin Légionounet d’amour !” dit-elle en faisant entrer en contact leurs deux verres, enjouée, avant d’avaler d’une traite sa boisson. En espérant que ce pauvre Légion allait pouvoir mettre de côté, grâce à cette drogue, le lourd fardeau de sa vie l’espace de quelques heures.




Montez le son. Et toi, Légion, écoutes bien.

Petit à petit, tout le monde était servi avec le Leyxi’s. Alors tous les convives buvaient joyeusement ce cocktail de couleur dorée et fumant comme s’il y avait un mélange de froid et de chaud extrême à l’intérieur. Sa couleur était trompeuse. Choisie parce que le dorée est la couleur favorite de la démone. La douceur était une drogue bleue, certes, mais il n’y avait pas que ça dans le verre et puis… c’est facile quand on engage des gens qui s’y connaissent, de produire des boissons spéciales pour des gens richissimes.

Bientôt, Légion fut embarqué dans une discussion à propos de la politique et des alliances puissantes de ce monde. Leixy, quant à elle, fidèle à elle-même, s’extirpa de ce genre de conversation ennuyeuse et alla danser au milieu de la foule. La succube prenait un verre à chaque fois qu’un serviteur passait près d’elle. Une “pluie” de champagne leur tomba sur la figure à un moment, envoyé depuis des dispositif au plafond. Du coup c’était super pratique pour boire sans avoir à tenir de verres. Puis la mousse goût rhum envahi la pièce, balancer à travers des canons en forme de zizi signé Hidan - encore lui ce sacripant ! - même s’il n’était pas là, il rameutait ses “excentricités” signatures, héhé !

La soirée était à son comble. Il était fort probable que Légion ai vécu quelques situations gênantes avec des invités un peu trop bourré de son côté, ou il s’était enfermé dans un coin pour être loin de tout ces tarés - au mieu, la drogue avait fait effet et il s’éclatait comme un malade lui aussi ! La soirée passa par plusieurs phases déjantées, entre la pluie de champagne et le coup de la “soirée mousse goût rhum”, on avait aussi eu le droit à des classiques comme des feux d’artifices d’intérieur, des chorégraphies animées par une troupe de danseur professionnel et à moitié à poil pour égayé la plèbe, des tours de magie d’un des plus grands de ce métier, et même une bataille bonne enfant avec des pistolets à eau plein de vodka. C’était tellement des allumés que le gâteau d’anniversaire -gigantesque, au passage- de la dame était une réplique de Leixy physiquement. Pour ceux qui voulaient goûter à sa chatt… euh bref, en gros ça a fait son effet et beaucoup étaient ravis, kek.

Pas de traces de Darcia. Mais elle le connait: il est toujours assez fort pour tout encaisser et pour continuer. Il est assez consciencieux pour prendre du recul et s'occuper des êtres cher qui sont à ses côtés... Merde. Arrête de penser à ça. Amuse toi, profite, disait le cerveau. Alors la démone pansa ses blessures en dansant et en chantant jusqu'au bout de la nuit, comme le font si bien tout ceux qui souffrent. On la voit se déhancher dans la foule avec divers de ses amis. On voit des gens la collé mais elle rit, elle ne fait que rire. Elle ne voudrait être que ricanement et insouciance. Ses convives la porte à un moment, tous les bras se lèvent pour maintenir Leixy au-dessus des autres. Son rire contamine les autres, sa bonne humeur aussi. Il faut...Il faut combattre le bad. Plus d'alcool. Plus de drogue ! Leixy cri et s'éclate avec ses invités jusqu'au bout de la nuit. Un moment, elle passe près de Légion pour l'asperger avec l'un de ses pistolets à tiss - et accessoirement, cette dernière lui saute à la gorge pour l'embrasser sur la joue.

Pompette de part les réjouissances, Leixy fini par débarquer à nouveau près de son aimé en lui sautant dans les bras. “Viens !” dit-elle simplement en lui prenant la main gentiment pour le mener à travers le domaine: “J’aimerais qu’on passe du temps juste tous les deux !” Ses pommettes étaient rougies par toute les émotions enchaînées durant la soirée - et aussi par la tiss, faut pas se leurrer. Huhu.

Ils arpentaient les couloirs, puis les étages. Après quelques bifurcations diverses, ils débouchèrent sur un long couloir avec une seule porte à son terme. Ils arrivèrent devant des grandes portes, comme celle de l’entrée d’un manoir. Sauf que là, c’est à l’intérieur de ce domaine. La classe, non ? Leixy en poussa les portes et ils débarquèrent dans une pièce aux milles couleurs harmonieuses. Le lit était tellement grand qu’on pouvait certainement y faire une partouz à quinze, les draps étaient en soie et s’il vous plaît, le lit est à baldaquins. Il y avait une pièce accolée à celle-ci avec une salle de bain privative; mais aussi un mini bar et… des suspensions. Oui, des suspensions. Vous voulez pas un dessin aussi ? C’est très utile pour…. héhé.

La succube lâcha enfin sa “victime” pour se diriger vers le mini-bar -pas si “mini” que ça vu la taille et la quantité d’alcool- cette dernière leur servi de la tiss pure, un whisky extrêmement rare: La cuvée du ”Jus du le raisin”, apparemment ça vous retourne le cerveau donc mieux vaut faire attention à sa consommation ! Toute heureuse, elle tendit un verre à Légion.

Hihi je savais qu’ils connaissent bien l’endroit, mais ma… enfin, notre suite est vraiment plus que royale ! C’est parfait, moi qui cherchait un endroit et un moment pour fêter nos retrouvailles correctement…” Cette dernière avala quelque gorgées de sa boisson, visiblement un poil stressée pour aucune raison apparente, heureusement la tiss l’aidait à aller de l’avant.  “... Je n’ai pas réussi à te charmer hier soir, j’ai encore du mal à appréhender ce qui te ferait plaisir, mais…” Leixy adressa un sourire tout mignon à son concubin. “Je ne vais pas me décourager !” Son regard était incertain mais à la fois émotif. Elle se rappelait à quel point il l'aimait, lui aussi. "Je ferais n'importe quoi pour devenir à nouveau celle dont tu seras fière. Celle avec qui tu voudras marcher main dans la main en te disant que tu as trouvé l'âme qui embrase la tienne, l'âme qui est indissociable de la tienne... LA personne que tu voudrais garder à jamais près de toi, parce qu'elle te rend vivante." Ses yeux illuminés par l'émotion le fixent timidement. "Je veux te faire sentir vivant à nouveau... te faire ressentir ce que je veux dire.... quand je te dis que je t'aime..."

Avec un doigté certain et ce, suite à sa dernière phrase, sa majestueuse robe glissa le long de son corps, lentement, pour venir se déposer au sol. Cette dernière enjamba sensuellement les restes de son vêtement et adressa un sourire timide à son maître.

Maintenant j’espère être plus à ton goût.” Confiait-elle, les joues rosies.

Elle posa la paume de sa main contre le torse de Légion pour le forcer à se mouvoir vers l’arrière, jusqu’au lit probablement. Mais il y a d’autres endroits confortables pour le faire, chéri. La démone se dandinait dans son petit panty-like à froufrou tout en avançant pendant qu’il devait lui, reculer, faisant rebondir ses fesses bien rondouilettes sous le nez du Maître des Damnés. Son buste était décoré d’un élégant soutien-gorge soulignant le dessous de sa poitrine et son sillon intermammaire. Ses seins nus étaient uniquement recouvert de cache-tétons en forme de croix qui lui octroyait un air plus sauvage que le reste de son accoutrement qui, quant à lui, était plus distingué. Son regard se faufilait dans le sien à la recherche de la moindre trace d’excitation quelconque: reconquérir Légion était un jeu. Tu sais qu’elle va finir par gagner, n’est-ce pas ?

Une fois que Légion fut assis quelque part, Leixy resta debout face à lui quelques instants. Sa pose naturelle aurait pourtant été parfaite pour une photographie de charme. Ses formes mises à nues à la lumière tamisée de la pièce la rendait plus pulpeuse encore. Son sourire séduisant était à la fois confiant et à la fois anxieux: il n’y a que face à Légion qu’elle peut être aussi indécise…. était-elle assez charmante, ou était-il assez saoul ou drogué

pour le faire succomber comme auparavant, à ses délicieuses courbes ?




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MessageSujet: Re: Absinthe   Absinthe ClockSam 2 Juin 2018 - 19:37
Est-ce qu’il était possible, sans avoir besoin de ses yeux pour le voir, de savoir qu’une personne était rassurée ? Légion avait le dos tourné vers sa compagne, et son regard vers la ville devant lui. Accoudé à la barrière du balcon, le fantôme pouvait sentir un poids lentement se délier. Une masse invisible se détachait de sa colonne vertébrale, lentement. Les piques et les visses qui reliaient cette souffrance morale à ses nerfs et ses os se décrochaient petit à petit, pour laisser la montagne invisible et intangible glisser vers le sol. Mais ce n’était pas parce qu’il avait finalement réussi à vomir la vérité que ce phénomène se produisait. C’était plutôt parce qu’il pouvait ressentir que Leixy comprenait sans problème cette différence produite par dix jours d’emprisonnement et quelques centaines d’années avec comme principaux alliés une permanente moue et le manque de volonté de s’en débarrasser.

Est-ce qu’il avait réussi à entendre son sourire ? Ce mouvement qui ne fait pourtant pas de bruit ? Alors que les bredouillements de la succube se glissaient dans ses oreilles, il ne se retournait pas. Mais il semblait comprendre que la joie parvenait à elle. Son expression froide ne trahissait en aucun cas la faible joie qui venait lui réchauffer sa moquerie de coeur qui battait faussement, emprisonnée dans sa cage thoracique. Peut-être que c’était cela qu’il cherchait à récupérer, lors de ses rencontres avec les voyageurs à l’esprit peiné qui arpentaient la forêt. Seuls avec leur tristesse, ils croyaient voir le remord prendre une forme à grande cape et casque pointu, et aux yeux oranges comme des flammes, alors que c’était juste une âme aussi tourmentée que la leur qui cherchait à se faire bonne conscience. Mais l’effet provoqué par la vision de ces êtres qui, croyant à une deuxième chance de la part de la Mort, changeaient d’attitude et abandonnaient le désespoir au profit d’une vie renaissante, n’était que de quoi lui causer un léger demi-sourire le temps d’une seconde, avant de reprendre son visage habituel. En un tremblement de voix, Leixy était parvenu à lacérer l’une des nombreuses chaînes de son essence, chose qu’il n’avait jamais réussi à faire jusque là.

Y avait-il quelque chose pour faire fondre son esprit de plus brûlant que les remerciements de celle qui faillit devenir son éternelle compagne ? Son histoire parvenant à nouveau à ses oreilles, et son inconscient qui l’écrivait avant que les sons n’y offrent couleur. Une mauvaise maille. Un fleuve pollué. Une ange reniée, paria de sa société. Celle qui, peut-être pour se sauver elle-même de la vie éternellement pathétique qui lui fut attribuée par la machine divine, alla s’attaquer à la onzième plaie du prophète. Car quand bien même son corps ne vieillissait pas, les lames commes les pointes transperçaient sa chair aussi aisément que n’importe quelle autre corps. Ou bien elle fuyait ce monde ingrat, ou bien elle revenait chez son peuple acclamée. Deux branches, deux suites possibles à cette existence pitoyable que l’on lui avait offerte. Mais l’infernal bélial qui piétinait le monde comme un enfant une colonie de fourmis avait d’autres plans pour la seule à être parvenue à rivaliser avec lui en combat singulier. Peut-être qu’il souhaitait la narguer davantage ? Ou alors la métamorphose du papillon brisé en une noire libellule chimérique figurait-elle déjà dans sa tête ? La chrysalide se brisa lentement, dans tous les cas, et le nec plus ultra des dames blanches posa pied sur Terre.

Elle s’était placée à côté de lui tout en laissant son dialogue continuer de se dérouler, sa voix noble et distinguée malgré son vocabulaire habituel. Une douce chanson envoûtante et continuelle. La forme la plus proche d’un diamant sonore… Enfin, quand elle ne couinait pas. Mais pour une fois qu’il avait l’occasion de l’entendre parler un petit peu plus sérieusement que d’habitude. Elle disait avoir gagné son statut de succube grâce à Légion. Elle avait tort. Le Pygmalion n’avait fait que sculpter dans le désespoir et la tristesse de quoi lui venir en aide, refaçonner tel un forgeron celle qui maniait si bien la hallebarde. Ce n’était qu’après qu’elle décida de populariser le genre. L’ange déchue inspira beaucoup de démones aux formes de sablier d’utiliser cet atout si utile. Le fantassin ne put pas voir cela, mais il ne daigna pas la corriger. La laisser raconter leur histoire ensemble semblait être la meilleure option pour l’instant. Son regard s’était penché sur son visage. Une face qui avait pleuré il y a peu. Elle observait les bâtiments, mais ses yeux les traversaient. La toile sur laquelle défilaient ses souvenirs était invisible aux autres regards. Mais il semblait que le spectre pouvait la voir aussi. Instinctivement, il leva la main. Doucement, maladroitement, elle semblait se dirigeait vers l’épaule de la reine mortelle, la plus éloignée. Comme pour la rapprocher. Comme pour l’amener en son sein, et voir ensemble cette histoire dans laquelle ils avaient tous les deux joué.


Driiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiing !


Son coeur s’arrêta un instant alors qu’il reposa son bras contre la barrière. Ses yeux disparurent sous l’ombre de son front et de ses cheveux. Mais néanmoins, il put voir du coin du droit que celui qui venait de ruiner ce semblant de moment attachant était quelqu’un de très particulier. Sur le portable de Leixy s’affichait le nom du seul et unique éternel raté qu’était Xul. Le métal du balcon fut tordu par les paumes emplies d’une rage pourtant calme. Une tempête de haine venait d’être stoppée par le seul sacrifice de cet humble héros qu’était la limite entre la plateforme de marbre et le vide. Le souffle du fantôme s’était coupé, et plusieurs tonnes de titane auraient pu être broyées entre ses dents serrées à l’instant même. Il lui était dur de digérer la frustration qu’il ressentait à ce moment là, quand bien même son estomac pouvait liquéfier n’importe quelle viande et quelle arme. Mais la partie visible de son visage, elle, ne changeait pas. On ne pouvait pas voir la colère pantagruélique qui l’habitait à ce moment là. Surtout quand les paroles de la démone redevenaient excitées et incontrôlées. C’était donc son anniversaire aujourd’hui ? Celle qui savait manier son téléphone portable informa son compagnon qu’une voiture les attendait à l’arrière de l’hôtel, et lui proposa de venir… Enfin, c’était davantage une obligation...

”J’arrive..."

Beaucoup d’efforts furent placés dans cette phrase afin qu’elle ne sorte sans trop dégouliner de haine. Et en ce dix mai, celle qui arriva sur Terre depuis le paradis ascenda vers les cieux. Elle volait à l’aide de ses ailes pour se déplacer plus vite, décollant depuis le lieu de leur tête-à-tête pour aller en direction de la voiture. Légion se retourna pour la voir prendre son envol, et fut surpris d’une chose : à quelle point elle pouvait avoir l’air majestueuse malgré la position de ses ailes pile au dessus de son fessier. Elle n’en usait probablement pas véritablement afin de se propulser dans les airs, mais plutôt pour se manoeuvrer une fois dans les cieux. Après tout, elle semblait avoir abandonné la lame pour un usage exclusif de la magie. “Un énorme gâchis”, pensait le spectre. Elle qui usait si bien des armes à deux mains, et qui maintenant préférait user de ses menottes pour user de sorts allant de l’envoi en l’air à… l’envoi en l’air. Maintenant qu’il y pensait, le fantôme ne pouvait s’empêcher de se demander si d’autres double entendres se cachaient dans sa maîtrise des arcanes…

Il laissa ses poumons se vider, expulsant ce qui lui restait de rage hors de son système immunitaire. La barrière portait encore la marque de son emprise. Il avait dit qu’il arriverait, mais il n’avait pas dit “quand”. Plaçant ses mains dans ses poches, il se résolut à simplement descendre les escaliers. Ainsi sortit-il de la chambre. Aristidès Othon Frédéric Wilfrid Blondeaux Georges Jacques Babylas le Cinquième, communément surnommé Tim, était présent, en train d’arroser une plante qui traînait dans le couloir.

"Vous ressortez déjà ?"

”C’est son anniversaire. Je peux au moins lui offrir ma présence."

"Permettez-moi de ne pas vous suivre alors. Je tâcherais de rester dans l’ombre si jamais l’ambiance ne vous convient pas. Mais votre regard indique que vous souhaitez cracher vous-même votre poison au visage de Xul. Ainsi je laisserais votre langue de vipère se charger de l’annihiler verbalement."

”Merci, Tim."

Ainsi descendit-il les marches, seul. Pas un bruit ne l’accompagnait. Pas un son n’était là pour l’égayer. Seuls ses pas mettaient un peu de rythme à ses pensées. Leixy… C’est un joli nom. Le fantôme avait pris l’habitude pourtant de la surnommer Lily. Lily… première des succubes… Lily, Lilith… Il se trouva amusé de voir qu’elle s’était rendue bien plus populaire qu’elle ne le pensait. Si elle était véritablement une star que l’on pouvait trouver un couverture de magazine comme en réplique gonflable, elle figurait pourtant sur les textes anciens de la renaissance. S’il parvenait à être invisible, elle ne pouvait s’empêcher de se rendre célèbre. Mais avait-elle vue que les écrits sacrés s’étaient incorporé son image ? Peut-être. Ou peut-être pas. Le spectre musait encore. Ses souliers touchaient le béton, mais son esprit était ailleurs. Légion et Leixy. Cela sonnait bien pour lui. Il aurait pu ajouter “Les aventures de…” avant cela. L’allitération faisait plaisir aux oreilles.

Il fut surpris de se voir descendu et prêt à sortir de l’hôtel alors qu’il commençait à entrer au coeur de sa réflexion. Le temps passait décidément vite quand on avait pas la tête à ça. Il lui fallait maintenant aller vers la voiture. Sortant du bâtiment, il put apercevoir la succube l’attendre à côté d’une longue limousine, non loin  d’un chauffeur qui semblait extrêmement gêné. Le fantôme ne fit pas de commentaires et préféra entrer dans le véhicule, et fut suivi par Leixy, qui s’assit à côté de lui. Il était probablement peu nécessaire de redire que Légion n’était pas spécialement confortable dans les espaces clos. Ainsi resta-t-il les mains jointes, les avant-bras entre les genoux et le regard fixant l’avant, durant toute la durée du voyage qui parut si long après la descente si courte des escaliers. De temps à autres une bosse le faisait rebondir sur son fauteuil. La longueur de la limo n’aidait pas autant qu’il pouvait l’espérer à cette sensation de malaise qui rendait légèrement plus tremblant son souffle. Tout comme cette sensation de ne pas pouvoir contrôler ses mouvements, de ne pas pouvoir utiliser ses jambes pour se déplacer. Mais ce n’était pas grave. Il faisait tout cela pour elle. Pour son goût pour le luxe. Pour son envie d’être respectée par ceux de la haute classe.

Le voyage en corbillard s’arrêta enfin. La demoiselle, qui marchait pieds nus sur le trottoir froid et mouillé, sortit de la voiture en direction d’un château d’ivoire. C’était certainement là que la fête d’anniversaire allait se dérouler. Une fête commençant pile après minuit. Il fallait se lever tard pour les invités, s’ils souhaitaient profiter de cette sauterie avec leur sensationnelle star. L’idole fuit après avoir fait part de son état du moment, enjaillée au plus haut point par ce qui allait se passer en ce lieu, déguerpissant avec ce qui semblait être un styliste. Il n’y avait qu’à voir la façon dont il était habillé. La main du fantôme, tremblante, s’avança vers le haut de la porte avant de le prendre pour aider au redressement de son corps. Il s’agrippa de l’autre à l’un des coins de l’ouverture, avant de finalement descendre, le souffle difficilement calme. Dans ses oreilles peu réceptives se trouvait le son de quelqu’un souhaitant probablement vendre ses services. Un autre styliste ? Un autre maître dans l’art de créer ce qui est destiné à ne pas protéger ni de la chaleur, ni des armes, ni du regard des autres, mais qui néanmoins sera porté. Mais le spectre n’avait pas l’esprit à ça. Il sentait quelque chose venir à lui. Quelque chose qui devait sortir, provenant de son ventre et faisant trembler son corps. Il se retrouva alors à vomir aux pieds du personnage qui souhaitait en savoir plus sur le physique de l’intolérant aux voyages en véhicule. Légion, ainsi libéré, tapa légèrement sur l’épaule de celui qui avait perdu ses chaussures, tandis que les souliers du pauvre façonneur de tissus se trouvaient bien plus sales à présents. Les chaussures du malade, elles, étaient nickel.

Titubant jusqu’à l’entrée du château, il fut surpris de voir qu’il ne s’était pas cassé la figure dans les escaliers. On dirait bien que son visage, qu’il n’avait pas vu depuis longtemps, fut déjà visionné par tous ceux qui parcouraient cet endroit. La haute société. Le top du un pourcent Terrien. Des gens de toutes espèces. Provenant tous du même milieu. Ils avaient acquis les capacités qui leur ont permis d’arriver ici grâce à de grandes écoles bien chères, payées par leurs parents tout aussi riches qu’eux. Mais, cependant, ils n’avaient pas la gloire qu’avait Leixy. Ils étaient des inconnus. Ou bien on leur avait attribué une quelconque affaire de corruption. Dans tous les cas, ils pourraient bien profiter de la bénédiction de la nouvelle tête de leur oligarchie qui finançait de partout les armées comme les ressources de Seishiro Kasai. Comme si le voyage en cercueil à roues n’avait pas suffit, voilà le poulailler pour lui casser les oreilles. Des bruits sortaient de toutes parts. Ils transperçaient ses oreilles et martelaient son crâne. Déjà assommé par son malaise antérieur, le fantôme décida de regarder dans le vague.

Le silence prit place. Combien de temps dura-t-il ? Légion ne le savait pas. Mais il pouvait vaquer à ses voyages intérieurs. Comme si ses yeux ne voyaient pas ce qui se passait. On pouvait associer cela à un sommeil éveillé. Mais à quoi pensait-il ? Peut-être reprenait-il sa réflexion de tout à l’heure ? Il se voyait, là, debout sur le terrain enflammé qui fut un jour un champ de blé. Ce qui aurait pu devenir de la farine était carbonisée sur le sol. Foulée du pied. Si ce n’étaient pas les flammes de l’infernal qui les avaient incinérées, alors les plantes furent dévorées par les hordes de sauterelles envoyées par le mal messianique. Menant les abominations sortant du puit sans fond de l’Apollyon vers les vivants assez malchanceux pour l’avoir croisé, il laissait sa cape voler au vent par amour des effets théâtraux. L’ombre se propageait sur le territoire, et la lumière fuyait par rapport aux ténèbres de l’abîme lui-même. La noirceur du monde n’était tout ce que son observateur du futur put observer. Jusqu’à ce que, perçant dans cette couleur terrifiante, une blancheur lumineuse fit son apparition…

...avant de devenir partie de la nuit elle-même. Elle portait une robe noire et dorée, gracieuse dans ses élans comme dans ses formes. Dans ce château d’ivoire et de lumière, elle était à présent le point d’ébène. Elle vola Légion à l’arrachée, laissant les convives qui parlaient tout seuls depuis un bout de temps légèrement dépités. Le spectre se laissa tirer vers là où Leixy souhaitait aller, sans pour autant accélérer sa vitesse. Ainsi c’était plutôt la succube qui se retrouvait ralentie par son grand compagnon qui avait réussi, depuis le temps, à récupérer son équilibre. Tant d’éclairage en un seul endroit réussissait néanmoins à lui monter à la tête, lui causant une légère migraine avec le temps. Son pauvre coeur avait eu quelques instabilités durant les quelques dernières heures. Ses mains avaient toujours les marques de l’ascenseur et la barrière qui furent ses seules victimes. Sa respiration lourde et lente cependant ne changeait pas.

Elle le lâcha enfin pour aller embrasser un étrange personnage que Légion ne connaissait pas. Cette vision ne lui fit pas grand chose. En fait, il se demandait davantage si une réaction venait à être nécessaire, à l’instant. Peut-être devait-il se sentir jaloux ? Se sentir honteux ? Possessif envers “sa” Lily ? Il savait très bien l’habitude qu’il avait donné à Leixy de vivre selon ses envies et ses besoins du moment. Ainsi, elle devait s’être probablement trouvé quelqu’un pour remplacer celui qui l’avait conçu ainsi. Le fantôme regarda les caméras qui l’entouraient, et faillit être amusé de voir un journaliste se faire repousser par les multiples agents de sécurité qui gardaient l’endroit. C’était amusant ô combien la popularité de la libertine sorcière rendait chacun de ses gestes importants. Bien plus amusant encore était le fait qu’elle se soit cassée la figure dans une flaque d’eau devant une audience il y a de cela deux heures, et que cet évènement soit déjà oublié. Mais le taciturne être en costume encore taché de quelques gouttes de sang depuis son départ de l’hôtel ne pouvait pas véritablement réfléchir aux moeurs des autres biens plus sociaux que lui. Alors il ne fit que regarder le chaos autour de lui se dérouler, sans mot dire.

Il se sentit bien plus énervé à la vue de Xul et de son abominable et ridicule barbichette. Ce dernier lui tira la langue en câlinant la démone, mais le fantôme n’en eut pas grand chose à faire. Il le regardait juste avec une grande noirceur. Le premier des amis de Leixy dont le nom, Darcia, venait d’être hurlé par l’hôte de la salle, vint finalement à la rencontre du maître des Damnés et ce dernier fut étonné d’observer qu’ils avaient peu de millimètres de différence en taille. Se présentant malgré le babysitting constant qu’il devait faire par rapport à la petite dame qui lui tripotait les cheveux, il ne dégagea que peu d’émotions. Et le fantôme se sentit soudainement mal à l’aise. Sa reine mortelle était bien plus dépendante qu’il ne le croyait, pour en venir à s’accrocher au premier homologue trouvable. Ce dernier finit par s’adresser à Leixy. Là était le moment ou jamais. Ils étaient tous deux distraits. Ses doigts se serrèrent. Son bras se tendit. Il tourna sur ses hanches et fit un pas en avant pour avoir de l’élan. Glorieux fut le moment où il sentit ses phalanges s’écraser contre le nez de Xul. Il put compter un par un les différents cartilages meurtris par son attaque alors que son coeur fit circuler, d’un coup d’un seul, une adrénaline assez forte pour accélérer la cadence de la pompe à sang. Mais le poing ne s’arrêta pas là, s’attaquant aux os infra-orbitaires, et le choc produit fut assez pour envoyer la victime à l’autre bout de la salle, ne touchant aucun des autres invités de la fête. Un poids de plus s’était enlevé de la conscience du fantôme, et il put laisser s’échapper sa haine par une expiration nécessaire, secouant sa main pour laisser s’enfuir la douleur causée par le choc. Il n’allait pas se relever de sitôt. Ça, c’était pour l’avoir amené ici. Et c’était bien mérité.

Leixy ne l’avait pas vu faire, ou bien l’avait complètement ignoré, car il sentit ses bras s’accrocher au sien. Le fantôme n’écoutait même pas ce qu’elle disait, content de sa catharsis qui lui fut vraiment nécessaire. Ses yeux oranges brillaient à travers l’ombre qui recouvrait habituellement son visage. Il se rendit compte que son coeur battait un peu plus vite à présent, et que sa respiration s’était faite un tant soit peu plus rapide. Mais il semblerait que la dame comme son ancien amant voulaient aller quelque part. Se laissant tirer à nouveau par celle qui s’était déjà approprié une partie de son âme, il songeait à Xul, et à ô combien ce dernier aurait peut-être préféré une gifle verbale au coup bien physique qu’il venait de se prendre.

Après le temps nécessaire à une star de son envergure pour s’isoler de la foule, Leixy parvint à installer les deux faces du miroir dans un coin à part, afin que le trio puisse parler tranquillement… Enfin, la discussion consista plus en un dialogue entre le borgne et la succube. Légion se tut durant toute cette causerie entre les deux compères, sa seule véritable intervention consistant en une petite gifle derrière la tête de la démone afin qu’elle taise ses fétiches le temps de permettre à son ancien compagnon de chambre de laisser s’échapper ce qui le contrariait. Il ne fallait pas être un grand génie pour savoir que quelque chose n’allait pas bien chez le dénommé Darcia. Ce dernier semblait en effet avoir été forcé dans une impasse par la demoiselle, afin de passer un contrat pour maintenir en vie l’une de ses proches. Le soulier du fantôme effleura celui du lycanthrope, et par cela, il put observer sa vie. La succube l’avait ainsi véritablement pris en otage, le forçant à la rejoindre pour garder sa soeur en vie. Mais là n’était pas seulement le seul pacte qui permettait à la reine mortelle d’affirmer son emprise sur le pauvre “remplaçant” : avant l’apparition du fantôme là où il n’était pas censé être, le loup parmi les hommes s’était délaissé de son véritable amour afin de sauver sa nièce. Et l’emprise de la sangsue émotionnelle sur l’esprit de l’homme qui laissait son museau sortir de l’ombre sous la pleine lune n’avait pas de meilleur moyen de s’affirmer que par l’enlacement consenti que les deux partagèrent.

Celui dont l’oeil gauche était d’or fuit rapidement après avoir raconté son histoire. Le fantôme le regarda partir, avant de tourner ses pupilles vers Leixy. Elle était sur le point de pleurer. Comme un lichen sur son chêne, elle était devenue tout aussi dépendante de sa marionnette que cette dernière des fils qui la faisaient danser. Le fantôme songeait à tout cela. L’innocence de sa compagne, et la bienveillance de sa victime ne changeaient rien au poids des actions que la première commettait. Manipuler l’esprit d’un homme pour sa propre tranquillité émotionnelle était difficile à pardonner. Néanmoins, il serait dur de lui expliquer cela sans s’énerver. Ses sentiments handicapants viendraient lui barrer la route. Il lui faudrait réfléchir à cela. Darcia méritait néanmoins de pouvoir revoir les êtres chers à son coeur. Qui sait ? Ces derniers pourraient s’être retrouvés Damnés ? Le spectre réfléchissait silencieusement à cela. À quoi faire. Attrapant l’un des verres présentés, il but en continuant à songer. Avec un peu de chance, il pouvait les sortir directement du monde du Tartare. Du monde de ceux qui n’avaient pas eu beaucoup de chances. Les pauvres âmes qui avaient été envoyée à la damnation éternelle, et ce, sans peut-être même savoir qu’ils la mériteraient. Mais ce n’était pas grave. Il restait encore une chance pour Darcia. Il




Le temps venait de s’arrêter. L’espace s’était arrêté de maintenir en place le monde. Les planètes n’étaient plus et la vie non plus. En un clignement d’oeil Légion passa d’un endroit à un autre. En un second il revint à ses esprits. Il était dans une autre pièce à présent. Le temps avait passé et il ne savait pas ce qu’il venait de faire. Creusant dans son esprit, il se vit avoir résisté à cette étrange sensation qui l’envahissait. Il voyait Leixy, danser seule, entourés de vivants qui voyaient les milliards de morts possibles venir à eux. La douceur avait pour effet, si elle était appliquée sur ceux qui n’avaient pas franchi la frontière vers l’au-delà, de simplement montrer chaque potentiel décès, chaque perte de vie possible. Mais la succube semblait avoir bénéficié d’un autre effet. Son immortalité ? Ou bien son déni de ce qui lui arrivait ? Elle s’amusait, ainsi seule. Elle gigotait dans tous les sens.

Le fantôme regarda sa paume, instinctivement. Il y avait dessus un liquide rouge. Un fluide d’hémoglobine. Un sang bien trop pourpre pour être le sien. À ses pieds était Leixy. Son joli petit nez pointu avait rencontré le coin du comptoir du mini bar de leur suite. Quel excès de colère avait conduit à cela ? Le fantôme avait juste eu un réflexe. Un réflexe sortant des profondeurs de son esprit. Une indignation. Il trouvait puéril et stupide l’idée de mettre un produit magique et inconnu dans la boisson d’un individu juste pour pouvoir le mettre dans son lit. Mais en voyant sa chère et tendre, ainsi par terre, dans l’état le plus pathétique de ces dernières heures, il ne fut pas pris de peur. Il ne ressentit pas le regret, la haine contre lui-même. Juste une étrange joie. Une fierté. Sa première pensée envers son état actuel fut la stupidité de son accoutrement. Se baissant solennellement pour observer son visage, il put voir que son regard était toujours souffrant du montant qu’elle avait ingéré jusque là. Ses doigts alors, instinctivement, se glissèrent à l’intérieur de sa gorge, traversant l’épiderme et avec une délicatesse nécessaire pour ne rien casser. Les ongles alors laissèrent se créer de microscopiques pores, incapables de laisser passer les globules circulant dans les veines de la succube, et aspirant la poudre bleue qui provenait des morts qui brûlaient aux enfers. Les neurones de la demoiselle ne mentaient pas. Les éclairs nerveux que le fantôme pouvait tripoter sans peine l’informèrent que cette poudre provenait d’Hidan. Encore lui.

Son emprise sur la jugulaire se desserra. Ses doigts sortirent de la gorge de la succube sans laisser un seul trou. Il les ouvrit et ferma plusieurs fois, semblant incrédule. Mais cet étonnement bien léger prit fin, alors que le fantôme entendait sa respiration prendre un réalisme qu’il n’avait jamais entendu depuis plusieurs siècles. Son coeur battait avec un rythme familier mais pourtant si lointain. Mais ce qui parut le plus étrange fut cet apaisement qu’il pensait inconnu après tant d’années. Il ne souffrait plus. Il n’était plus ligoté par cette éthique confuse qu’il s’était difficilement construite. Il n’avait plus peur, de sa force comme de son tempérament difficilement contrôlable. Il n’avait plus peur de sa conscience qui venait lui taper sur les nerfs. Il n’avait plus cette empathie qui le raillait et se moquait de sa vision si vague des solutions possibles pour améliorer l’univers. Mais pourtant il gardait son cerveau, sa sagesse, ses connaissances acquises en ces trois cents dernières années. Il gardait sa morale qui l’empêchait de redevenir un bête destructeur de monde. Il n’avait pas progressé, ni régressé. Il avait simplement, enfin, le contrôle sur ses sentiments dont il rêvait tant.

Ainsi pensa-t-il lorsque son attention fut captivée par le personnage en face de lui. Plus précisément, par la maladresse de son rictus. Ses joues n’avaient pas accueilli de sourire depuis un bon moment, semblait-il. Il pouvait presque sentir les grincements de sa face lorsqu’il reprit son visage normal. C’est alors qu’il s’amusa à faire quelques grimaces devant la glace, non peu triste de pouvoir observer l’être de l’autre côté du miroir après ces quelques siècles où il ne pouvait que l’imaginer. Ses yeux brillants dans une sclère sombre transperçaient l’obscurité qui entourait l’homme et son reflet. Laissant de côté sa focalisation sur ses joues, il fit sortir des ténèbres une dague et la posa sur son épiderme, tranchant les poils peu flatteurs qui lui créaient une barbe bien trop courte pour être menaçante et bien trop longue pour être invisible. La lame fit s’écrouler ses victimes les unes après les autres. Il se mit à sourire à nouveau, assez niaisement, appuyant sur ses pommettes avec un amusement enfantin. Il avait l’air prêt à entamer ce qu’il aurait dû faire il y a longtemps.

Mais néanmoins, avant de partir, il plaça la pauvre succube sous overdose sur le côté, en position latérale de sécurité. Ainsi, elle ne pourrait mourir, étouffée dans son vomi, si elle venait à régurgiter l’énorme quantité d’alcool qu’elle avait ingéré pour son anniversaire. Prenant un bout de tissu provenant du lit, il essuya son visage du sang provoqué par le choc de son petit bout de nez avec le meuble de bois, la bave que son état inconscient produisait, et peut-être d’éventuelles larmes causées par la douleur. Il fut surpris de voir qu’il avait passé un bon moment à ne faire que la regarder. Ses yeux dorés et capables d'envoûter le plus pieux et effrayé de tous les individus. Ses longs cheveux qui flottaient dans l’air avec aisance, lisses et majestueux. Le fantôme gloussa comme un imbécile avant de se relever, prenant garde à ne pas lui marcher dessus. Un petit impact comme celui-ci n’aurait pas d’effet à long terme sur quelqu’un de son calibre. Il viendrait la voir plus tard et la sermonner quelque peu sur ses tactiques de manipulations émotionnelles à but de réassurance mentale. Se faire du bien à l’esprit en détruisant celui des autres n’était pas ce qu’il y avait de mieux à faire. Quand bien même Légion aimait bien tirer les ficelles de ses adversaires, usant de sa voix comme de ses pouvoirs pour avoir une emprise sur les cerveaux ennemis, son choix de cibles rendait la chose bien moins difficile à imaginer. Un mal nécessaire, en quelque sorte.

Celui qu’il ne se priva pas de piétiner, cependant, était un Xul toujours assommé. Le soulier du fantôme visa avec précision l’espace entre deux des vertèbres du nécromancien, lui assurant un avenir proche peu radieux s’il souhaitait faire des mouvements dorsaux durant les quelques semaines à venir. Tenant toujours sa lame née des ombres dans la main gauche, l’amalgame observa les invités de la fête, les membres de cette aristocratie dégénérée qui se jouaient de la Terre. Le manque d’information quant au produit qu’ils consommèrent les tenaientt tous au sol, apeurés, en proie à des cauchemars sans fin. Ils étaient ainsi tous à sa merci. Il n’y avait plus rien pour l’empêcher de mener à bien ce qui lui avait traversé la tête durant toute la soirée. Sa lame trancha la peau de sa main gauche, et il fut surpris de voir que l’intérieur n’était pas d’encre. Le sang coula de sa paume et se retrouva sur le parquet, alors que le chatouillis causé par l’entaille fit légèrement trembler sa nuque. L’hémoglobine, alors, se mit à voyager seule, se déplaçant vers les convives de la sauterie. Comme une marée haute, la mer rouge allait de l’avant, s’étalant sur la surface de la grande salle, grimpant les escaliers allant vers les étages, alors que le fantôme se réjouissait de ce spectacle. Ses prunelles brillantes s’illuminèrent de plus belle alors que la couleur du sang envahissait la blancheur de l’ivoire telle un empire sous une révolution. Il se mit même à applaudir lentement, impressionné par sa propre capacité à maîtriser ainsi le pouvoir dont il n’avait pas usé depuis si longtemps, ajoutant à son costume des tâches écarlates à nouveau.

Mais les dizaines de milliers de milliards de globules rouges ne faisaient pas que se propager dans le château comme ils le firent dans le Nil. Les nobles à terre et terrorisés pouvaient sentir entrer par leurs bouches, leurs nez, leurs yeux et leurs oreilles les petits organismes cellulaires. Ces derniers allèrent directement au cerveau, avant de se solidifier et de pomper un flot d’information dans les liaisons entre les neurones, s’introduisant sans consentement dans les profondeurs de leurs âmes. Mais ils ne s’en rendaient pas compte, toujours obnubilés par leurs différentes morts répétées encore et encore devant leurs regards. Ils ne voyaient plus rien hormis leurs visages éviscérés, vieillis, malades, ou écrasés jusqu’à propulser leurs globes oculaires vers le plafond. Ils n’entendaient que les silences de leurs coeurs, les vomissements de leurs poumons, ou bien les crashs de véhicules qui les attendaient. Ils essayaient de hurler mais ils n’avaient plus de bouche, car leurs mâchoires étaient déjà broyées et leurs gorges étaient putréfiées. Les mutations de leurs cancers et les lames qui s’y immisçaient rendaient leurs bras et leurs jambes inaptes à bouger. Ils n’avaient plus rien de vivants hormis la chaleur de leur corps et le flot de leurs larmes. Mais dans cet abîme mental profond dans lequels ils furent envoyés sans intention par la succube, ils purent entendre la voix de l’Abaddon.

”Mesdames et messieurs, ainsi que le magnifique arc-en-ciel entre les deux, j'ose espérer que la fête vous a amusé... Néanmoins, une dernière activité vous sera offerte. Vous ne pourrez pas dire non. Vous ne pourrez que vous amuser à obéir. Vos esprits ne pourront qu'observer vos corps effectuer chaque commande envoyée par vos neurones à vos muscles. Cependant, je ne suis pas sans pitié. Je vais vous offrir la connaissance de ce qui vous arrivera. Vous vous lèverez. Vous rentrerez chez vous. Vous ferez dons de vos biens à la population, et laisserez juste assez d’argent à vos proches pour survivre jusqu’à leur mort. Puis vous prendrez la lame la plus proche, et l’enfoncerez dans votre jugulaire. De là, l’univers décidera. Vous pourrez revivre, perdre les mémoires de cet évènement et reprendre votre vie à zéro. Ou bien vous resterez parmi les morts, et votre intellect me servira à jamais. Mais ne vous inquiétez pas. Je vous laisserez terminer vos cauchemars..."


Et de nouveau, les cris internes reprirent. L’apocalypse reprit dans l’esprit de ceux sous l’emprise des microscopiques prismes bleus. La Douceur les ramenait vers leurs multiples possibles entrées dans l’autre monde. Vers les différents monstres qui hantaient leurs cauchemars et les différentes armes qui pénètraient leurs corps. Parmi les créatures qui les dévoraient, cependant, une nouvelle fit son apparition, et les flammes qui habitaient ses yeux autrement vides de couleurs regardaient en eux comme eux ne pouvaient que regarder en elles. Il n’y avait ni caméras, ni microphones, ni rien pour faire part de leurs mésaventures. Marchant parmi les corps à terre, dont la vie ne serait probablement plus d’ici une heure ou deux, le fantôme pouvait apprécier de pouvoir user de ses pleins pouvoirs sans être embêté par cette malheureuse petite chose qu’était le sentiment de regret. Il ne pouvait plus avoir peur, à présent, de briser l’un des êtres de pailles et de bois qui l’entouraient chaque jour. Sa marque et son emprise sur le royaume des Damnés empêchait l’existence de dégâts collatéraux, à présent. Le monde de carton qui l’entourait n’était à présent qu’un champ de blé où seules les mauvaises herbes ne se courbaient pas sous sa faux, et ces dernières devenaient sa lame.

Il attrapa l’une des clochettes qui étaient destinées à appeler les serveurs cinq étoiles qui travaillaient ici. Mais celui qui fut invoqué valait bien plus.

"Que désirez-vous, à présent, monsieur ?"

”J’ai une mission à te confier. Une mission simple que je pensais impossible à faire malgré les preuves qui allaient en la faveur de sa réussite. Je te sais capable de voyager entre les mondes, et pourtant je n’y avais pas pensé. Ce que je te demande sera donc une récupération d’âme. Hamona. Elle fut envoyée par sa condition d’être génétiquement démoniaque aux enfers, et par service rendu de la part d’un homme qui n’aurait jamais dû être impliqué dans cette affaire, je me dois de lui ramener ce qu’il a perdu dans les manipulations de Leixy. Enfin, si tu acceptes cette tâche, bien entendu."


"Sortez-vous d’une séance de l’ENA, monsieur ? Votre discours semble bien plus travaillé que les bredouillements que vous formulez la plupart du temps. Au moins vous ne tentez plus d’être intimidant... Mais considérez la chose comme faite."

Et il disparut de nouveau. L’ombre bien habillée au service de l’abîme semblait avoir appris ce pouvoir grâce à un être autre que le spectre, et ce dernier lui avait volé. Ainsi voyageait-il dans les ténèbres pour servir son maître qu’il ne manquait pas de railler. Ce dernier avait sourit face à la vision de son serviteur acquiesçant à sa demande. Ses yeux observaient à présent l’intérieur rouge et blanc du château. Un bel endroit qui ferait une bonne base d’opérations, et qui permettrait à de potentiels alliés terriens d’accéder aux Champs-Désolés. Le fantôme prit une autre coupe de l’alcool mélangé à la douceur, et but sans modération. Ainsi, Il ne serait pas à court de tranquillité de l’âme pour le reste de la soirée. Les êtres à terre, eux, se levèrent bientôt, avant de sortir en rang pour commencer leurs voyages vers leurs tristes sorts, et le fantôme les regarda partir, amusé de son aisance à contrôler les êtres, qu’importe leurs portefeuilles. Les millions et milliers qu’ils dépensaient chaque jour ne les avaient pas protégés. Ils étaient tout aussi esclaves de l’électricité de leurs nerfs que des volontés de l’univers.

Le spectre réfléchissait. Ce n’était plus à ses idéaux et au trouble de la morale universelle, mais davantage à l’esthétique de ses apparitions. Quand bien même sa taille et son accoutrement avaient de quoi terrifier, il lui faudrait peut-être être quelque peu… spectaculaire. Mais qu’est-ce qui pourrait donc terrifier les hommes ? Peut-être qu’il faudrait les toucher dans leurs croyances. User de leurs mythes pour les mettre à genoux. Se servir des histoires qu’ils ont inventé pour se moquer d’eux. Non ! Bien mieux… Se servir des écrits de celui qui menait ses créations tel un berger enivré par l’alcool ! Mais quelle création de la plume divine pourrait instaurer la peur sur ceux qui ne craignent pas l’armageddon ?

Peut-être avait-il déjà trop bu, car il se demanda quelle allure il aurait sur un cheval...
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MessageSujet: Re: Absinthe   Absinthe ClockJeu 21 Juin 2018 - 17:55
We shut down our world

You're always trying
To hide in the night
And blink at the door
You'd let it go...
You've got to open up your heart and feel the love in your life
You've gotta open up your mind and feel the love in your life


Pauvre Lieilxy. Qu’est ce que tu as fait ? Tu ne fais que t’attirer les foudres de la personne qui gouverne ton coeur. Comme il est d’ores et déjà bien triste d’être spectateur de ton histoire. Je n’aimerais pas être à ta place, toi qui t’apprête à recevoir l’ultime grâce, celle que tu mérites visiblement pour tes agissements. Ne sois pas trop triste: les hommes ne sont pas des bêtes plus simple à appréhender que les femmes. Seuls les idiots pensent que la psychologie est régie par le genre; et et puis, tu sais… il paraît qu’il t’aime quand même. Alors, à genoux devant celui qui te donne l’absolution pour tes péchés, celui-là même qui a fait de toi le monstre que tu es.

Ses yeux s’ouvrent en grand. Sur le monde, ou plutôt sur lui. Son poing vengeur se lève. Ses pupilles sont dilatées comme celle des félins plein d’adrénaline avant de bondir sur leurs proies. Impossible de réagir à temps. La douceur n’aide pas vraiment non plus à être plus rapide. Est-ce que ça va vraiment se passer, d’ailleurs ? Impossible de prévoir qu’il en vienne jusque là. Elle sent le coup secoué son visage, vivement, provoqué par la déculottée que la star vient de se prendre, dû à l'irascibilité du geste. Et c’est bien la dernière chose que ses récepteurs captent avant qu’elle ne sombre dans l’inconscience. Non, pas vraiment la douleur. Ce n’est pas ce que je voulais dire. Vous savez: la peur et l’incompréhension, bien au dessus de la peine physique endurée.

Ainsi, dans son esprit, ses songes causés par la brutalité de Légion la menèrent dans son passé. Dans un passé lointain où ils parcouraient ensemble le monde, main dans la main, d’une manière bien plus poétique et charmante qu’une frappe dans la poire. C’était tout ce que son esprit patraque pouvait lui offrir pour alléger ses angoisses dans son sommeil forcé. La drogue ne change pas grand chose dans cet état, à part peut-être une mort par étouffement à cause d’une possible réaction vomitive incontrôlée. Heureusement, le maître des damnés s’est chargé de la rendre clean. Quand lui se laisse transporter par la douceur sans ciller.

Ce pauvre Xul, dans son coin, toujours dans les vapes, avait connu un sort peu enviable également. Non seulement le coup entre les vertèbres l’avait tiré de sa torpeur, mais en plus cela lui avait valu une belle salve de sang à dégobiller de façon pénible. Ce dernier, toujours à terre, se fit discret en voyant que Légion portait son attention ailleurs directement après l’avoir frappé à nouveau. Portant sa main à son visage en sueur à cause de la douleur, il avait du mal à se rendre compte qu’il était resté assommé tout ce temps. Il ne pouvait même pas se frotter le dos pour se soulager, ou même reprendre tout à fait ses esprits tout de suite: les coups de cet enfoiré de Légion étaient digne d’un bonobo, bordel.

La frayeur atteignit son comble dans l’expression de Xul quand il vit l’autre abrutis ne plus se sentir, libérer sa propre hémoglobine et faire un tour abracadabrant pour que son sang envahisse le corps des vivants présents. C’est quoi cette blague ? était la première question qui traversait l’esprit mal éveillé du nécromancien qui croyait rêver. Non seulement ce con utilisait un tour de “magie du sang” - du domaine de Xul donc - et en plus il osait faire ça sur les proches et les amis de Leixy. Putain, mais il l’aime vraiment ou il cherche juste à la détruire ? Ce fut la deuxième réflexion qui poussait dans les pensées de l’homme au bouc. Ce dernier pouvait être atteint par un tel pouvoir. Certes, il était nécromancien et doué dans son domaine, mais il restait bel et bien un vivant. Il n’était pas en assez bonne état, actuellement, pour résister à la magie de l’autre egdelord alucard-like en puissance qui avait d’ailleurs piqué un de ses pouvoirs.

Le seul recours dont il disposait encore était de se suicider tant que ses muscles répondaient encore. Il n’était pas sous drogue comme les autres, il n’était pas épuisé par la consommation excessive pendant la soirée, ni par les danses incessantes. Ce dernier commença à être enveloppé dans une aura vert-bleu dont des flammes incandescentes jaillissaient.

Put...ain… d’encu...lé…” chevrotait-il. “Tu vas...la p..p...erdre quand elle… le s..saura…” un rire douloureux, saccadé, sorti de sa bouche endolorie.

Le nécromancien semblait assuré que Leixy l'apprendrai. En même temps, il n’avait peut-être pas tort: c’est un spécialiste des morts et de la mort en personne. Leixy sait invoquer des démons et des esprits. En se donnant la mort de la sorte, il échappait aux Champs-Désolés et au contrôle du maître des Damnés apparemment. Ce qui fait qu’il pourrait raconter cette tuerie à notre cher succube lorsqu’elle aurait des soupçons trop poussé sur: “où est Xul, qu’est ce qui lui est arrivé”, questions que notre cher spectre éviterait probablement.

Le corps entier de notre cher Xul se décomposa comme un cachet effervescent dans les flammes générées par ses propres pouvoirs. Solution de détresse pour situation de dingue. Il avait périt avec un air vicelard sur les lèvres, comme un vieux diable satisfait de sa tromperie.

Pendant ce temps, notre cher Darcia tenait les cheveux de Leixy, dans son appartement du quartier bourgeois à une vingtaine de minutes de marche du château où ils avaient fêté son anniversaire. Elle vomissait ses tripes, agenouillée devant les toilettes luxueuse de l’une des demeures de son amant. Ce dernier était debout, sur son flanc droit, l’une de ses mains tenant la tignasse de la belle, et l’autre caressant doucement le haut de son crâne comme pour rendre plus facile cette “épreuve”.

R...rappel-moi… comment....je suis arriv..ée… i-ici…

Tu étais à moitié consciente quand je t’ai trouvée, comme un somnambule. En pleine rue, en sous-vêtements, sur le chemin pour venir jusqu’à mon appartement dans le coin. Une chance que j’avais quitté la fête pour venir ici. Ce n’est pas une coïncidence. Je voulais rester à proximité si tu avais besoin de moi, j’avais peur que quelque chose dégénère… et c’est visiblement le cas.” Ce dernier regardait au loin. Il retira son cache-oeil. “Il y a un cumul d’énergie anormal au château. Je me fiche de ce qui s'y passe cela dit, maintenant que tu es en sécurité avec moi. Mais le bleu sur ton visage ne m’inspire qu’un profond dégoût pour ce qui t’a amené inconsciemment jusqu’ici.

La succube ne disait rien. Mortifier par le geste indécent et brutal de Légion envers sa petite personne. Humilier parce qu’il n’avait rien dit. Il ne l’avait que méprisé, une fois encore, et cette fois-ci en lui offrant la souffrance physique… et une jolie marque violacée sur son faciès. Son corps tremblait de long en large. Ce n’était même pas, donc, le retour à la réalité suite à la consommation abusive de drogue qui la faisait éructer de la sorte. C’était l’acte de l’homme qu’elle aimait en lui même. L’incompréhension qui lui touillait l’estomac, le pourquoi.

Difficilement, elle se releva, aidée de son agent. Ce dernier la guida jusque dans le salon de son appartement et la positionna, semi-allongée, un coussin derrière son dos, dans le fastueux lit qui s’y trouvait. Cette dernière faisait des grimaces en adéquation avec son chagrin d’ordre physique comme moral, mais elle finit par arriver à s’installer convenablement. Elle savait que Darcia ne la pousserait pas à s’exprimer. Bien qu’il se préoccupait de ses malheurs, il ne voulait pas la brusquer, et il avait déjà deviné qui était à l’origine de la marque barbare sur son visage - pas difficile à deviner, en plus de la petite tenue soignée dans laquelle son corps est enroulé. Le Comte apporta un verre d’eau à son amante et alluma le feu douillet de la cheminée.

C’est… je ne sais pas…” Bafouillait-elle. “Il n’a rien dit… il n’a fait que donner le coup... Ses pupilles étaient dilatées à cause de la douceur, mais…je l’ai connu plus résistant aux drogues pour que cela lui serve d’excuse…” Se lamentait-elle, les yeux dans le vague. Darcia restait silencieux, à la fenêtre, le regard lointain. “Qu’est-ce…qu’est-ce que tu… vois ?

Légion se sent inatteignable et tout puissant grâce à la Douceur. Le fait qu’il aime avoir le contrôle se trouve accru par les effets de la drogue sur lui.” Il répondait du tac au tac, froid, aigri par la vérité. Le lord n’avait pas besoin de justifier ses dires: son oeil capable de voir le monde tel quel était suffisant comme preuve.

Mais… Il n’a plus rien à voir avec mon Légion… Cet homme est en tout point semblable à mon sauveur, mais sa personnalité s’est envolée… Elle est morte avec lui il y a tout ce temps…!” Leixy s'égosillait, stressée et sous pression. “Je ne sais pas qui j’ai en face de moi au final… Jamais le Légion que j’ai connu aurait eu envie de me faire du mal ! Il me traitait comme son égal, sa compagne, on était… on était le Roi et la Reine de ce bas monde…. à ses côtés, j’avais l’impression de tout pouvoir surmonter, et de nager dans l’amour et le bonheur à notre façon….Le seul moment où il se montrait violent avec moi, c’était.... pendant nos ébats, mais ça c’était consenti…” La jeune femme tremblait de tout son être. Même les muscles de ses lèvres sautillait nerveusement. “Je suis tellement une gourde qu’il en arrive à me traiter comme sa putain !

Le verre explosa littéralement dans sa main à cause de la pression exercée par sa paume. Les morceaux de verres valsèrent dans tous les sens à folle allure. L’un d’eux entailla légèrement la joue de Darcia. Le lord ne réagit même pas d’un quelconque mouvement de recul. Il se contentait de regarder Leixy avec le même air profondément atteint et désespéré de la voir se morfondre ainsi.


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Oh !” Avait-elle prononcé quant à elle sur l’instant. “Darcia !” Sa main droite venait se poser sur la joue du Comte qui avait été touchée par les fragments de verre. “Encore une fois ça prouve ma maladresse...Je suis désolée... j-je ne me suis même pas rendu compte de la force que j’exerçais sur ce malheureux verre…

Les doigts de la succube caressaient tendrement la joue de son ami intime. Ce dernier posa l’une de ses propres grandes paluches sur celle de Leixy, afin de couvrir sa main de la sienne, dans un geste qui se voulait réconfortant. Il ne disait rien, mais son regard empathique parlait pour lui. La star le connaissait assez bien pour comprendre qu’il l’épaulait, malgré son silence.

Je ne sais même plus moi-même qui je suis…” sa gorge se déserrait à peine convenablement pour la laisser parler. “Quand je regarde Légion… dans ses yeux… il n’y a plus l’étincelle qu’il avait jadis. Il n’est qu’une sorte de copie physique falsifiée de mon Créateur… Je me demande encore si celui que j’ai aimé subsiste dans ce corps qui lui ressemble tant…” Celle-ci retira doucement sa main de sur le visage du Lord. Cette dernière retomba mollement contre le lit. “Je ne comprends pas ce que j’ai fait pour mérité ça… Au départ je pensais que c’était à cause de ma tenue qui n’était pas à son goût, mais…. mais ça ne mérite pas une telle violence, je crois….” Cette dernière baissa la tête. Elle avait envie d’arracher ses sous-vêtements haute couture et les brûler. “Même si c’est la drogue, qu’est-ce que j’ai fait pour qu’il en arrive à me frapper ? Je veux comprendre parce que je veux être la meilleure partenaire pour lui, c’est toujours en ce sens que j’ai oeuvré ! Je…

Darcia posa sa main à l’arrière du crâne de la succube, caressant ses cheveux avec une douceur des plus mielleuse. Il sentait que la pression des larmes remontait à nouveau en elle.

Rien ne justifie qu’un homme qui dit t’aimer lève la main sur toi. Drogue ou pas. Tu dois lui montrer que tu n’es pas à sa disposition, Leixy. C’est ça ton problème: il te croit acquise. Ta dévotion qui a perdurée malgré sa mort ne fait que confirmer ceci.” Conclut-il fermement. “Je n’ai pas la science infuse, mais de mon avis il ne te traite pas comme tu le mériterais. Après que tu lui sois rester fidèle ces quelques trois cent années sans même le voir…. Tu as persister à croire en lui, à servir sa cause. Si en effet, la récompense dans tout ça est que tu souffres le martyr… où est la logique.” Son regard peiné ne semblait pourtant pas réellement montrer qu’il haïssait d’une quelconque manière Légion, bien que de toute évidence cette situation ne convient pas non plus à Darcia. “S’il est sincère et qu’il veut tant que ça s’assurer que tu ailles bien, il viendra s’excuser... à sa manière. Mais, visiblement, depuis son retour, tu ne fais qu’être son souffre-douleur, son bouc émissaire qui lui rappel une époque dont il voudrait faire l’éclipse dans sa mémoire. Ses réactions brutales sont justifiées, parce que le retour à la réalité de ce qu’il fut est en face de lui... Mais il devrait se faire violence à lui-même. Pas te briser de la sorte, toi...

Le Comte était si doucereux que les spasmes de la star semblaient se calmer peu à peu. Celui-ci se releva au bout d’un moment, dans le but de nettoyer les bouts de verres éparpillés un peu partout sur le lit, principalement. La succube se leva à son tour pour l’aider, calmement, la gorge et l’estomac toujours retournés par les récents évènements.

Il va falloir que j’aille retrouver ma nièce, bien qu’elle soit entre de bonnes mains.” Annonça le Lord, portant l’une de ses Seven Stars à sa bouche et sortant un briquet. “Je pourrais t’aider de telle manière à t’offrir une alternative à tout ceci, mais si j’agis, je ne ferait qu’envenimer la situation entre vous. Je ne me fiche pas du bien des autres, même si je me préoccupe plus de toi que de lui, évidemment…

Le Comte alluma sa cigarette d’un air songeur, anxieux. Il faisait dos à Leixy, fumant à la grande baie vitrée qui servait de fenêtre dans la chambre. Lentement, il sentait une main timide s'accrocher dans son dos. Puis une deuxième. Et le front de la star contre sa colonne.

...Ne me laisse pas… S’il te plaît...J’ai besoin de toi...

Sa faible petite voix peinait à sortir ces quelques mots. Le Lord déglutit lui-même avec amertume: il se savait incapable de la laisser ainsi si elle avait besoin de lui. Ce dernier pivota légèrement son buste afin de passer son bras gauche autours de la succube, la ramenant contre lui pendant qu’il fumait. Un silence de plusieurs secondes s’installa, alors que la star se lovait contre le torse de son amant.

... Tu as dit que tu pouvais me donner la possibilité… de changer certaines choses ?” Le visage éploré de la petite chose morne dans les bras du Lord se leva vers le sien.

...” Darcia ferma les yeux un instant, méditatif. Il soupira longuement, expulsant du même coup la fumée de sa bouffée de cigarette. “Quand j’ai atteint le Paradis, les Dieux m’ont puni pour avoir voulu changer le destin de ma femme… Mais tout en me blâmant pour mes actes, ils m’ont aussi gratifier d’un pouvoir. Probablement en récompense de ma dévotion absolue, du fait que j’ai consacré la moindre minute de ma vie à trouver un accès au Paradis par amour pour ma Hamona….” Le Comte abaissa son regard vers celui de Leixy d’un air pénible. “Je suis capable de purger quelqu’un.

La star haussa les sourcils, elle n’était pas sûre de comprendre exactement ce qu’il voulait dire… mais cette révélation semblait d’autant plus importante que l’air grave sur les traits faciaux du Lord s’accentuèrent à l’annonce de ce “secret”.

Mon oeil… “spécial” me permet de voir le monde, les choses, les autres sans aucun filtre. Je perçois les auras, les flux énergétiques, la quintessence des autres comme les relations spirituelles qui lient les autres. Tu le sais déjà, mais c’est ce qui m’aide aussi à repérer les gens qui méritent d’être aider… ou ceux qui font semblant d’être des personnes ayant besoin d’aide... mais dont le coeur est aussi putride que leurs cachotteries incessantes pour amadouer autrui.” Le Comte offrit -malgré lui- une cigarette à Leixy, toujours aussi tendue, qui venait de piquer son paquet de Seven Stars pour s’en griller une. “Je peux purifier quelqu’un dont le coeur et l’âme sont purs, et qui, pour x raison, ont été corrompu ou détourner de leur vocation bienfaitrice de base. Ainsi, ils peuvent accéder au Paradis à leurs morts. Mais le procédé est… atroce.” Ses yeux regardaient au loin, la ville illuminée et paisible ce soir. “Je ne parle pas de ce… pouvoir, parce que comme tout “don Divin”, il a un prix… à croire que les Dieux se délectent de notre souffrance… Lorsque je purifie quelqu’un, j’absorbe tout le Mal que cette personne a commis dans sa vie. La souffrance est aussi vive pour celui qui se fait purifier que pour moi. Crois-moi, personne ne voudrait connaître la sensation que cela fait... Et ceci me rend…. physiquement malade. Je dois donc transmettre cette calamité dans un autre corps… - Cela s’avère bien utile pour punir ceux qui se plaisent à faire d’horribles choses, mais infliger de tels tourments, même à des gens aussi mauvais… c’est inhumain… C’est comme si... tu siphonnais l’âme et l’esprit de l’autre dans une spirale infinie de douleur, tu leurs promet une éternité de souffrance, inéluctable, implacable… Et je ressens cela comme si j’étais à leur place. Tu sais à quel point je suis empathique. J’ai à la fois l’impression de sauver une vie qui le mérite, et de perdre une partie de moi en octroyant un tel supplice à quelqu’un d’autre, même si cette personne le mérite. ” Le Lord tira une nouvelle bouffée de sa Seven. “Si je fais ça, Leixy, cela voudra dire que tu pourras choisir où tu vas à ta mort. Un moyen de contrôle sur Légion qui ne risque pas d’améliorer la situation entre vous s’il l’apprend. Soit tu pourras aller aux Champs Désolés sous le joug de ton maître, qui te fera réapparaître éternellement dans le monde des mortels à sa guise, soit… au Paradis, là où tu trouveras probablement ton cher Kaito s’il vient à mourir un jour.” Il marqua un temps d’arrêt. La succube se mit à rougir, de honte peut-être. Bien entendu, la star avait déjà parlé de Kaito à Darcia, mais faire une telle déduction restait… gênante à entendre. “Tu comprends pourquoi je ne t’ai jamais parlé de ça auparavant…Cela pourrait te donner une solution de secours, si le fardeau que tu vie devient invivable. C’est une bénédiction et à la fois, une malédiction, appropriée d’après les Dieux lors de mon jugement pour ce que j’ai fait.” - “ Mais, H-hamona…” - “ Bien entendu. La première chose que j’ai faite, c’était d’essayer sur elle. Mais je suis incapable d’utiliser cette capacité sur ma femme… haha….Rire jaune. Lourd de sens. Pourquoi les Dieux sont-il des enfoirés pareils ?

Leixy manque de s’étouffer avec la fumée de sa propre cigarette. Kaito lui manque plus qu'elle ne voudrait l'admettre. Il l'a rendue meilleure, comme à l'époque. Il lui a donné de l'espoir et... l'Amour. Il faut le chasser de ses pensées au plus vite. Darcia restait impénétrable, son visage parfaitement stoïque - seuls ses yeux communiquent l’étendue de sa tristesse. La star suivait le regard du Lord, au loin, là où la ville en pleine plénitude leur laissait le goût amer de cette situation, encore plus acide dans leurs esprits.

...Tu serais prêt à le faire, juste pour moi…?” Le bord de ses grands yeux jaune était humide, et son expression signifiait à quel point cette histoire la touchait.

Le Comte jeta sa cigarette dans un cendrier qui lévitait près d’eux. Ce dernier se tourna, lentement, vers son amante. Son air sévère et son regard contrastant parfaitement avec ceci, d’une telle douceur...c’était tellement… comme quand Légion, il y a des temps immémoriaux, la regardait… Les mains du gentleman se posèrent sur les épaules de Leixy.

Tu sais que je t’aime, Leixy. Je ne peux pas rester indifférent à ce que tu vie. Si c’est ton souhait de prendre ce risque malgré les conséquences… je le ferais, sans hésiter.

Pourquoi ce n’est pas Légion qui me sert de telles paroles ?

Ses larmes dévalent le long de ses joues. Son visage est froid comme la neige, et les larmes ne font que tiédir encore plus sa peau.

Je ne veux plus être cette personne. Celle qu’il a fait de moi. Il n’en veut plus, de toute façon…J’ai l’impression d’être à des années lumières de ce qu’il attend que je sois aujourd’hui…” Et après ces trois cent ans, tourmenté à continuer à croire en son retour, au bonheur qui leur tendrait les bras de nouveaux, son coeur et son âme pleurait entièrement avec elle. “Je ne peux pas effacer tout ce que j’ai fait en son nom, et je ne le veux pas. J’étais heureuse et insouciante auprès de lui à cette époque...Et si je peux trouver une alternative pour lui faire comprendre qu’il me perdra s’il continue de me rabaisser continuellement, malgré tous mes efforts pour lui plaire…” Malgré les pleurs qui dévastaient son propre coeur comme celui de Darcia, une certaine détermination se lisait dans son regard.”...Alors je suis prête à endurer n’importe quel supplice. De toute façon, il n’y a rien de pire que ce qu’il a déjà fait à mes yeux…

Darcia se retient de pleurer en la voyant dans cet état déplorable. Ce dernier la prend contre lui en douceur. “Qu’il en soit ainsi.” chuchote t-il à voix basse. Ses mains caressent le dos de la belle pour la rassurer. On sent l’anxiété dans le fond des prunelles du Lord, mais il se concentre pour la réconforter, elle. Il pose son menton contre le haut de la tête de Leixy. Elle respire fort, elle est indubitablement stressée. Le moment va être plus qu’éprouvant. Il panique intérieurement de ne pouvoir la préserver de la purification.

La succube déboutonne la chemise du Comte, frotte doucement son visage, sa joue, son front, contre la peau nue de son torse. Il frissonne, ses muscles abdominaux et dorsaux se contractent. “Leixy…” souffle t-il, son regard cherchant le sien. “Si je vais avoir l’impression de mourir intérieurement… seul tes bras et ton amour pourront atténuer ma peine...” La succube se met sur la pointe des pieds et l’embrasse passionnément. Ses yeux se ferment à nouveau. Elle veut...Elle veut sentir….ou plutôt, ressentir comme avant... quand Légion lui faisait l’amour. Par Amour. Parce qu’il l’aimait réellement. Darcia le fait de la même manière que lui le faisait... Elle veut… se sentir cajolée, désirée, essayer d’enrayer le mal que son esprit va subir avec toute cette tendresse physique et mentale dont fait preuve Darcia chaque fois qu’il pose ses mains sur son corps… Darcia, Légion… il n’est qu’une sorte de miroir de leurs ébats amoureux, perdu à jamais dans le temps. Un reflet si réconfortant pour une âme ravagée par celui qu’elle aime…

Et leurs corps se désirent et se mélangent, s’atteignent, aussi bien physiquement que mentalement, tout est un mix régi par les sentiments les plus profond en chacun d’eux. Les vêtements reposent sur le sol, comme une partie de leurs problèmes. La placidité de ses gestes, la suavité de son regard et de son allure plongent, comme à chaque ébats qu’ils partagent, Leixy loin dans ses souvenirs auprès de Légion. Le temps n’est plus. Il n’y a que les fragments de ses rêves, vécus il y a si longtemps, pour apaiser les tourments dans son âme... Les longs cheveux de Darcia baignent le buste de Leixy de caresses des plus mélodieuses… une sensation de chatouille parfois, mais apaisante… agréable. Elle ferme les yeux, et lui observe ses moindres traits faciaux se distordre sous ses coups de bassins… poétiques, doux, parce qu’ils ne font que faire l’amour. Il peut y avoir de la bestialité dans la sensualité de l’Amour, mais pas en cet instant. Parce que la purge sera déjà bien assez terrible à subir. Bientôt, ils seraient deux à fermer les yeux. Car le Lord ne supportera pas de la voir se tordre de douleur à cause des maux que subira son esprit.

Je suis prête…” chuchote t-elle, ouvrant timidement les yeux. Darcia croise son regard et hoche lentement de la tête, s’abaissant pour lui embrasser le front. Il est prêt à vivre cette douleur partagée à nouveau. Même si cette fois, elle s’inscrit dans un contexte…  nouveau. Le fait d’avoir des ébats en même temps… était singulier comme demande. Mais Darcia respectait la volonté de Leixy.




C’est ainsi que l’infime lumière du plafond ondule en un va et vient régulier entre l’ombre et la clarté. Une sorte d’aura noirâtre émane du corps entier de la succube. Ces fluctuations d’énergie obscures forment des filaments fins et multiples qui viennent se coller au corps du Lord, tel un aimant. La main droite du Comte se pose sur la joue, du même côté, de son amante. La paume de sa main gauche est toujours contre le lit pour guider ses mouvements, qui se font toujours aussi sensuel et… protecteur. Leixy se sent toujours dans un petit cocon d’amour et de sûreté entre ses bras. Bientôt, le corps de la succube se contracte, se crispe, son souffle devient insuffisant. Darcia fronce les sourcils d’un air douloureux en la voyant commencer à ressentir…la souffrance spirituelle et physique de la purge.

Son esprit se noie dans ses souvenirs. Dans son armure d’époque, sur les champs de batailles aux côtés de Légion. Agitant sa hallebarde pour empaler ses adversaires tel Vlad, mais doucement, très lentement, pour plaire à Légion, le sourire jusqu’aux oreilles. Le sang l’éclabousse mais elle s’en fiche. Les tripes se déversent, mais elle n’y prête pas attention. Elle torture des innocents pour les penchants et plaisirs sexuels sanguinolents de Légion, mais ce n’est pas important. Peu importe ce que ses souvenirs lui montrent. La seule chose importante qu’il y a à retenir, c’est que Leixy a constamment l’attention tourner vers Légion. Qu’importe ses actes. Qu’importe à quel point cela peut être horrible. La seule chose qui la fait agir de la sorte, c’est le bonheur de Légion. Il n’y a que ça à ses yeux, il n’y a que lui...

Convulsions. Son corps commence à monter dans les tours, Leixy a les yeux clos à nouveau, bercé par ses larmes. Cette dernière se mord les lèvres. De toute façon, elle n’a pratiquement plus de souffle. Elle suffoque: impossible que la star puisse crier d’une quelconque manière que ce soit. Son corps subit des remous qui font se tordre ses muscles en de multiples soubresauts, de plus en plus violent. Le lord colle son corps au sien et passe ses bras autour d’elle, comme pour la atténuer sa peine. Les yeux de la succube se révulsent. Ses petites mains moites ne sont plus capable de s’accrocher à rien. C’est tout comme une crise d'épilepsie suivie d’une crise cardiaque. Son corps est à la fois mou, incapable de saisir quoi que ce soit, et contracté de toute part comme si elle venait de faire une overdose.

Elle a l’impression de baigner dans du sang. Plus les secondes s’écoulent, plus il devient noir, vicié. Angoisse. Les cris des personnes qu’elle a torturée pour le bon plaisir de son Créateur s’agrippent à ses tympans endoloris. Pourtant, tout n’est que dans sa tête. Les sensations de souffrance n’en sont pas moins réelles. Ce qu’elle perçoit dans cette transe non plus… et les filaments noirs qui se détachent d’elle comme Venom qui quitte son hôte commencent à lui faire des électrochocs partout dans le corps. Darcia ressent, et perçoit tout de la même manière que la star, mais il se contente de la serrer dans ses bras, pensant à son bien à elle d’abord. Ses membres s’engourdissent, puis sont secoués violemment par des spasmes digne d’une électrocution à répétition. Le Mal s’accroche à son âme, semble l’enlacer et vouloir la pénétrer en des petits sillons provoqués par son amour pour Légion. Comme si… l’Amour était une maladie qui l’avait rendu ignorante quant aux limites du bien et du mal. Ce n’était pas juste “comme si”, n’est-ce pas ?

Son âme se fait extirpé. Au fond d’elle, la succube perçoit physiquement ce qui se passe entre Darcia et elle. Comme si la vision du monde complète de l’oeil atypique du Lord lui était partagé en ce moment. Dans sa souffrance étouffée, son esprit capte pourtant la diversité de flux énergétiques qui la traverse, le traverse, les traversent de toutes parts comme des poignards. Des armes si bien ancrés dans la démone qu’elles ne veulent sous aucun prétexte être délogé de son corps, comme des sangsues tenaces. Elle a les yeux grands ouverts sur la thermodynamique de l’âme qui opèrent dans les corps, qui s’échangent des sentiments dans les contact avec d’autres. Quand ses yeux sont pourtant clos dans la réalité… ses sens s’éveillent par cette expérience de transe impitoyable qui la calcine de l’intérieur jusqu’aux tripes. Mais, elle est comme muette. Condamnée à devoir taire ses hurlements qui ne font que se répéter en écho dans son “moi profond”.

Les rôles sont inversés. Ses victimes, la star prend leur place. Son corps et son âme subissent les tourments perpétuels que la succube leur a infligé pour les beaux yeux de son maître. Tu peux te débattre. Tu peux hurler. Tu as fait tout ça par Amour. Regardes ce qu’il t’a fait faire. Crois-tu que cet amour valait ce que tu as fait à ces pauvres gens ? Crois-tu que le jeu valait la chandelle ? Te regarder l’insupporte: tu es tout ce qu’il souhaite oublié ! La voix chantonne dans sa tête comme si c’était jouissif de la voir se plier de souffrance de la sorte. Leixy halète physiquement avec plus de difficulté qu’auparavant, perturbée par ces murmures glauque dans son esprit. Darcia essaie de la rassurer, il la cajole dans entre ses bras rassurants du mieux qu’il le peut. Dans son esprit, il ne peut rien pour elle, bien qu’il partage sa douleur. Il n’est qu’un spectateur malgré lui. Des larmes coulent le long de ses yeux endoloris, de son corps entier brisé par ces visions d’horreur...

Les veines de Leixy deviennent ténébreuses, au rythme de l’ondoiement de la lumière, elles semblent apparaître et disparaître de plus en plus charbonnés et douloureuses. Le phénomène se transfert en quelques secondes jusqu’au corps du Lord. Leurs énergies vitales respectives semblent serpenter entre la vie, la mort, mais surtout l’entre deux: le purgatoire, ce qu’ils vivent avec tant d’intensité négative en ce moment même dans leurs esprits malades. Mais, c’est enfin et bientôt le terminus. La lumière du plafond commence à osciller avec moins de véhémence. Les veines reprennent petit à petit leurs allures habituelles, le souffle devient plus facile. Le corps se détend lentement, et la star peut à nouveau bouger ses membres engourdis et crispés. Les deux protagonistes se serrent fort l’un contre l’autre à mesure qu’ils reviennent à la réalité, leurs esprits sortent du brouillard infini… enfin, le repos…

D...ar..cia…” Comme si Leixy se faisait étranglée, on sent qu’elle a du mal à s’exprimer. Ce dernier se redresse au-dessus de la jeune femme, tremblant. L’une de ses mains vient caresser le pourtour du visage de la succube et sa longue chevelure éparpillée.

M...mer...ci…” souffle t-elle, les yeux à moitié dans le vague. Ce dernier prend une grande inspiration, les yeux brillants à cause de l’émoi.

Petit à petit, les amants reprirent des forces et leurs esprits, enfin apaisé. Bien sûr, Darcia était maintenant “malade” puisqu’il était le réceptacle de tout le mal purgé de Leixy - et il restait encore pour lui la pénible manœuvre de devoir le transmettre à quelqu’un d’absolument mauvais. Même si c’était juste, il avait expliqué que la démarche le détruisait mentalement.

Ils passèrent une bonne demie-heure à “rattraper” toute cette souffrance en perpétuant leurs ébats. Le Comte et la star en avaient bien besoin après ce qu’ils venaient de traverser… et bientôt, ils firent un petit séjour dans la douche pour se débarbouiller et se rafraîchir après l’acte. Leixy enfila la chemise de Darcia suite à leur douche, naturellement: cette dernière avait la mignonne habitude de lui “piquer” ses chemises, trop grandes pour elle bien sûr, ce qui lui faisait une “mini-robe”.

Le Comte sortait donc toujours une capsule avec une autre chemise afin de remplacer celle que Leixy lui “volait”, chaque fois. De même, en tant que son agent, il avait toujours des tenues de rechanges pour sa cliente. Il laissa alors une autre capsule sur la table de chevet avec l’une des tenues fétiches de Leixy, sa longue robe blanche qui faisait habillée. Ce dernier alluma une nouvelle cigarette, caressant d’une main les longs cheveux de la belle.

Quoi que tu décides pour la suite, Leixy.... saches que je ne peux qu’admirer et respecter ton loyalisme, ta dévotion entière et sans limite à celui que tu aimes. Peu importe qui il est, ce que tu as pu faire d’épouvantable pour lui. Ton coeur et ton âme n’ont pas menti: tu n’as agis que par Amour.” La succube baissait les yeux, frottant son bras gauche avec sa main droite d’un air gêné. “Peu importe à quel point, ou à quelle fréquence les gens se blessent, aimer quelqu’un n’est jamais une perte...

Il tapota gentiment l’une de ses épaules, laissant la succube seule avec elle-même, à présent. Le Lord s’était éclipsé, ayant offert l’ultime faveur qu’il le pouvait à cette femme qu’il aimait tant. Il irait probablement transmettre ce mal abominable à quelqu’un qui le mérite, subissant les affres d’une telle pratique à nouveau, pour cette chère Lily…

La malheureuse ramassa ses sous-vêtements, ceux-ci même qu’elle avait soigneusement choisi pour Légion. Et qui lui avaient valu, entre autre, un pain en pleine figure. La jeune femme les jeta dans la cheminée de l’appartement. Elle n’était pas insensible à son geste: ses yeux qui voyaient roussir peu à peu les tissus de luxe, se faisaient consumer par la dure réalité: il n’aimait plus rien de ce qu’elle était, pas même ses fantaisies romanesques pour le séduire.

Et celle-ci regarde à nouveau la ville assombrie par le soir, à travers les grandes vitres de l'appartement. Je vais y arriver. Tu peux le faire. Se répète t-elle comme une chanson coincée en boucle dans ses pensées. La jeune femme ouvre la capsule laissée par Darcia et enfile l’une de ses répliques de sa robe la plus “habituelle”. Cette dernière vient à nouveau près de la fenêtre. La star prend une grande bouffée d’air une fois la grande baie vitrée ouverte. Le vent balaye ses cheveux en douceur, alors que son regard redevient déterminé comme tout à l’heure…

Et elle saute agilement, depuis la fenêtre. La belle déploie ses ailes au clair de lune. Impossible de manquer l’aura de Légion même dans cette grande ville. Sa “marque” est unique et enchanteresse pour Leixy. Alors… elle se rapproche subtilement du lieu où il doit être - sans y entrer. La succube se pose sur le toit, là où il aime être, à l’écart. Pour observer autrui. Pour observer le ciel, le regard toujours haineux envers les Dieux… mais beaucoup moins satirique.

Il viendrait la rejoindre. Il paraît qu’il tient un peu à elle, dans le fond.

Qui suis-je si je ne correspond pas à tes désirs ?” Balançait-elle mollement, une fois qu’il l’avait rejoint. “Tu m’as créé pour être à ton goût dans tous les sens du terme. Pour répondre à tes critères. Pour être… à toi.” Ses ailes s’étaient repliées en un majestueux mouvement contre ses lombaires. Impossible de résister à l’émoi: ses yeux scintillent déjà, alors que Leixy lui fait dos. “Ce que tu as fait de moi à l’époque ne te convient plus aujourd’hui. Je l’ai bien compris: je ne suis qu’un torchon que tu as déjà souillé et qui n’a plus d’utilité pour toi à l’heure actuelle. Tu ne reviens vers moi que par pitié…

La succube fit volte-face. Ses sourcils étaient froncés en un rictus sombre, un tantinet rancunier, et à la fois… anéanti. Malgré tout le mal qu’elle se donnait pour paraître déterminé à lui faire face sans pleurer en s'effondrant pathétiquement devant lui, c’était bien le spleen qui ressortait plus vivement que tout le reste de ses émotions.


Absinthe Overlo10


C’est ça, n’est-ce pas ?” Dit-elle d’un air glacial “Tu me traites comme si j’étais ta catin et pas ton égale depuis que tu es revenu.. Pourquoi ? Nous avons toujours été une équipe ! Je me suis tant culpabilisée… j’ai cru ne pas t’avoir accueilli de façon distinguée... J’ai cru que je n’avais pas fait assez convenablement mon travail à tes yeux durant toutes ces années… j’ai cru que tu avais besoin de te détendre, que tu avais besoin de tendresse, de tranquillité… J’ai cherché à te satisfaire, comme je l’ai toujours voulu et fait !” D’un pas lent et assuré, la démone s’avança pour être en face à face direct avec son Créateur. “Qu’est-ce que j’ai fait pour mérité de n’être qu’une piètre putain à tes yeux ? !” Mugit-elle, le liquide lacrymal au bord de ses yeux plus luminescent que jamais. “Si tu ne m’aimes plus, alors soit ! Même ce fait ne m’empêchera pas de continuer à faire don de ma personne pour ta cause ! Je continuerais de te servir mais j’apprendrais à m’éloigner sentimentalement de toi ! Si c’est ça que tu veux, sois franc ! Je peux encaisser ce que tu auras à me balancer, si ce n’est pas ton poing comme tout à l’heure !” Elle perdait de son timbre de voix à force de s’exclamer de la sorte. Mais la succube sortait tout ce qu’elle avait sur le coeur depuis leurs retrouvailles. Il le fallait. “Parce que quand on aime on veut le bien de l’autre avant tout, et TU passeras toujours avant ce que moi je veux ! ” Les larmes dévalent le long de ses joues rosies par l’émotion. Son bleu-violacé sur son zygomatique était mis en évidence à la pleine lune. “Dis-moi ce que tu veux, bon sang ! Je ne sais même plus qui je suis, je ne sais plus quel est mon but…La seule chose dont je suis toujours sûre...” Ses yeux, qui s’étaient profondément ancré dans ceux de son sauveur, se détournèrent de ceux-ci afin de se plonger dans l’abyssal néant lugubre qui reflétait l’état de son moi profond. “C’est que je t’aime Légion…” Elle l’avait chuchoté comme une révélation honteuse, une poésie ésotérique qui s'enracinait encore plus brutalement dans son être. “...ça m’a suivi comme mon ombre tout ces siècles durant. J’apprendrais à vivre en mettant ce fait de côté… Mais alors, repousse moi une bonne fois pour toute. Je ne veux pas de ta miséricorde. Et je ne veux plus non plus que tu lèves encore une fois la main sur moi. Sois prévenu: si tu n’es plus l’homme que j’ai connu, alors je ne suis plus le pantin que tu t’amuses à désarticulé depuis ton retour.

Bien que les larmes brûlaient sa peau avec un puissant déplaisir, elle n’était pas capable de les stopper. Leixy déballait tout ce qui hantait son âme et son coeur. Attendez un peu qu’elle apprenne pour Xul de surcroît, on va bien rire. Et ses yeux s’étaient, à nouveau, planter dans ceux de son Sauveur, pas sans crainte certes, mais elle devait résister. Son regard se voulait austère et à la fois désespéré. La succube voulait lui montrer qu’elle n’était pas qu’un vulgaire animal de compagnie, prête à faire abstraction de son comportement par amour.

Non, plus maintenant…. ce temps est révolu.

Je crois.


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MessageSujet: Re: Absinthe   Absinthe ClockJeu 5 Juil 2018 - 17:42
Le monde tourne sur lui-même, à jamais. Les morts ne changent rien à cela. Qu’importe le nombre de tombes et de fosses communes. Les milliers de tonnes d’os réduites en poudre et de chair dévorée par les charognards ne changeront pas la donne. Qu’importe les sacrifices qui seraient mis en oeuvre pour empêcher le monde de fonctionner comme il le doit, qu’importe le montant de citoyens barrés des registres des vivants, qu’importe les hécatombes qui emportent des cultures, des philosophies, et des espèces loin du monde qui les a vu naître. Le soleil se lève et se couche, sans faire attention à ce qu’il éclaire. Les nuages pourraient être d’eau transformée en vapeur, ou bien de la fumée des bûchers de la dernière chasse aux sorcières. Dans le ciel, les deux gris sont les mêmes. Il n’y aura personne pour les différencier. Le petit bout de coton, flottant joyeusement dans le bleu, et le gris malévolent, qui étouffe encore les hurlements de la dernière victime du feu. Puis les cris prendront la forme d’une dernière pensée, d’un rêve d’une carcasse enflammée dont les yeux rendus aveugles par les brûlures observaient l’ultime rêve de leur existence. Et en regardant vers la lune, ou le soleil, un enfant observera cette image et avec joie tentera de décoder le cypher qui lui est présenté. Inconscient du dernier message qu’était cette énigme morbide, il sourira et présentera son interprétation à ses amis, qui répondront par l’approbation ou la négation, et au final, le mort dont le corps était cendre et dont les pleurs étaient tus par l’avant-goût de l’enfer, disparaitra de la surface du globe. Et le monde continuera de tourner.

Y avait-il un sens aux actions des justiciers qui parcourent le monde sans véritable objectif ? Des gens dont les bottes tremblantes trempaient dans la boue chaque jour dans l’espoir d’arriver par hasard et pourtant à temps pour arrêter un crime avant qu’il ne soit commis ? Pouvait-on ne vivre que de cela ? Que de combats pour le “bien” et d’actions préventives ? Attendre celle qui réchauffera enfin assez le coeur pour prendre sa retraite ? Cela était donc un chemin possible pour toutes les âmes en peine qui souhaitaient la rédemption ? Les monstres qui avaient affrontés tant de héros et n’avaient pas pris garde à ne pas devenir héros eux-mêmes ? Ceux qui avaient regardé dans la lumière, et dans lesquels la lumière avait regardé ? La fin du monde du sang et de la violence perpétuelle commise dans le but de la fausse gloire et de l’orgueil dégénéré ? Quels étaient les changements internes qui pouvaient conduire à cela ? Une soudaine empathie pour les pierres sur leur route ? Une peur de la souffrance et du retour par les dieux ? Une expérimentation de la douleur propagée par leurs actions depuis des lustres ? Le monde continuait de tourner malgré la marche des créatures du mal, et elle les avalait lors de leurs morts. Et, avec le tourni, elle les vomissait, dans un état bien différent. Fallait-il mourir pour changer ses idées ? Après tout, le messie lui-même devint plus violent après son ascension. Et pourtant, cette date était toujours célébrée. C’était aujourd’hui. Le dix Mai mille dix-huit. Le jour où le Christ, dans son infinie clémence, changea sa doctrine pour promulguer la violence. Avait-il vraiment existé ? Peut-être, ou peut-être pas. Mais au moins il avait créé un jour férié.

Y avait-il une limite aux pouvoirs de Légion ? Son corps semblait ne retenir que six techniques en même temps. C’était quelque chose de typique au cerveau de chaque combattant de cet univers-ci. Il était difficile pour la matière grise d’user de chaque neurone et de chaque nerf pour plusieurs choses à la fois. Certains organismes semblaient réussir à en avoir une de plus, mais elles avaient généralement le même but. Faire de la lumière pour espérer s’enfuir. Un flash qui couvraient les traces de pas dans la poussière et qui laissait à une mauvaise âme la possibilité de quitter la scène en envoyer la lumière du projecteur dans le visage de son adversaire. Et ainsi s’achevait une bataille entre deux idiots qui avaient du temps à perdre. Mais Légion, cependant, possédait une emprise sur le monde des arcanes plus grande qu’il ne l’espérait. Il n’était pas un fin mage, et en fait trouvait bien lassant l’idée de faire plus que du feu pour se battre. Le reste de ses pouvoirs n’était pas des sorts. Davantage l’usage de ses propres conditions d’amalgame, de mort vivant, et de seigneur de l’effroi. Mais cependant, en entendant les moqueries d’un nécromancien qui se laissait carboniser pour échapper à son emprise, quand bien même il n’était pas cible de la purge, le fantôme décida de réaffirmer sa position supérieure face à Xul. Et alors que le corps du barbu brûlait, son âme volant vers un lieu plus sauf se fit attraper par une poigne terrifiante. Et quand bien même il n’y avait ni nerf pour lier son esprit à des oreilles, ou bien à des yeux, il pouvait voir deux prunelles brillantes le fixer, et il entendait la voix divisée de la Légion lui sussurer ses mots doux.

”Je te remercie de pointer une des erreurs dans mon jugement, moi, qui était prêt à te laisser en vie. Tu possèdes des informations qui risque de me causer tort. Tu ne t’empêcheras pas de les divulguer. Mais je ne peux pourtant pas déguiser ta disparition, ou bien forcer ton arrivée en mon royaume. Alors je ne me contenterai que de faire douane, et prendre mon impôt nécessaire à ton passage vers l’autre-monde que tu désires tant, et que tu crois être ta maison, quand tu ne l’as qu’apprivoisé. Et peut-être, durant ton voyage, tu songeras de qui tu tiens tes pouvoirs...”


Et de la main gauche, celle de la magie noire, le diable arracha son dû de l’âme du nécromancien. Ses mémoires sur l’évènement, et sa volonté de s’opposer au spectre qui marchait parmi les hommes. Quand bien même ses remarques désagréables continueraient, et quand bien même il tâcherait de tenir Leixy par la main pour lui montrer le chemin de l’échappatoire, il ne pourrait plus tenter de le vaincre comme il le put auparavant. Que lui resterait-il ? Sa vie, sa personnalité, sa volonté, et tout ce qui n’était pas attrait à la disparition de la peste qui s’était amusée lors de ce bal. Mais Légion sera à présent invincible à ses yeux. Il le craindra. Il aura peur de lui comme on aurait peur d’un… dieu ? Un petit dieu des morts qui pourtant observe le monde des vivants avec une certaine jalousie. Une divinité qui souhaiterait avoir bien plus d’importance. Mais être le dieu de quelques morts est un premier pas vers le poste de tête de la mort elle-même, et après, ce sera la vie. Et après la vie, la réalité elle-même. Une ascension divine pour le bien commun de tous… Enfin, était-ce bien cela ?




Il y avait un trône au fond de la salle, au centre du mur. Il donnait une vue sur tous les potentiels invités. Le sang qui avait grimpé dessus était sec. Les futurs Damnés étaient tous sortis. Tim était parti récupérer l’âme de celle qui fut utilisée par Leixy pour pouvoir palier à sa faiblesse émotionnelle. Il était donc seul. Seul avec ses pensées, dans son royaume de pourpre et de neige. Sans page ni chamberlain pour l’assister, sans fantassin ni chevalier pour se battre à ses côtés ou s’entraîner sous ses yeux. Pouvait-il s'imaginer un monde qui ne tournait pas ? Dans ce vide étrange où la vie s’était pourtant installée il y a plusieurs minutes, il n’y avait personne d’autre que lui. Et c’était pour cela que seules ses réflexions pouvaient remplir la pièce. Il n’y avait de place que pour lui. C’était généralement dans ces moments là que son esprit malsain donnait apparence à des amis imaginaires pour lui tenir compagnie. Mais il semblait que la douceur ne lui accorde pas ce loisir.

”Ce n’est pas ainsi que je fus. Cette vie que m’accorde la drogue n’est pas celle dont je me souviens.”


Sa voix résonnait de façon monotone dans le château d’ivoire. Il n’y avait que la solitude pour l’écouter. Ses yeux brillants n’avaient d’autre cible que l’horizon. Ils fixaient droit devant, et pourtant il n’y avait que des vitres, et l’aube dehors pour les voir. Le soleil allait-il se lever, à nouveau, pour donner raison au calendrier des hommes ? Si d’un seul coup, il ne paraissait pas pour offrir aux terriens sa lumière; si, exceptionnellement, il fuyait son propre système; si l’univers s’écartait de ses propres lois, ne serait-ce qu’une fois, faudrait-il tout recalculer ? Faudrait-il redéfinir les chiffres, les nombres, les formules, les propriétés, et le reste du monde mathématique ? Ou bien accepterait-on tranquillement la chose, attendant que tout rentre dans l’ordre ? Y aurait-il des différences dans les comportements ? Bien sûr, qu’il y en aurait. Faudrait-il refaire le monde peu à peu, afin que tous y soit habitué ? Cela serait la chose à faire, s’il était impossible de modeler les pensées des vivants eux-mêmes. Si la perception des choses venait à changer, au même moment, pour tous ceux qui ont des yeux. Si ceux-là voyaient la même chose, une chose qui n’était pas conforme à la réalité, pourrait-on dire que le monde est changé ?

Celui qui a changé était le spectre, pourtant. La joie qui l’habitait en ce moment n’était pas celle stupide et hilare qui l’avait accompagnée avant sa destruction. La douceur procurait-elle ses effets personnels, inconnus de tous ? Non, elle rendait les morts vivants. Elle leur redonnait la sensation de vie. Mais pourtant ses souvenirs étaient tout aussi vrais… L’étaient-ils ? Fut-il vraiment si casse-cou, si plein d’énergie, si fou furieux avant ? Ou bien s’était-il construit une fausse personnalité par lassement face à celle qu’il possédait réellement ? Non, il ne fallait qu’entendre les récits de ses actes. Il ne fallait que demander à l’un des crétins qui l’avait suivi dans sa quête sanglante à travers les siècles. Il ne fut pas aussi calme. Sa nouvelle intelligence, sa nouvelle morale étaient-ils les réactifs de ce nouveau produit qu’était la personnalité actuelle du maître des Damnés ? Ce n’était pas impossible, mais pourtant il pouvait ressentir ce sadisme qu’il ne possédait plus depuis un moment. Un sadisme qui allait à l’encontre de plusieurs de ses convictions. Qu’était-il donc réellement ? Vivant ? Mort ? Quand était-il mort, véritablement ?

”Cette façon de réfléchir doit à mon corps d’accueil.”


Il venait d’observer ses mains. Elles appartenaient à un autre que lui. Non… Il était tout aussi lui que les autres. Mais pourquoi n’était-il pas mort, ainsi ? Un dernier être vivant parmi les cadavres qui portaient le même attirail que le sien. Un catalyseur pour la haine et la vengeance de tous ceux qui forgeaient son âme, et qui finit par se débarrasser de ses objectifs pour simplement causer le mal par plaisir sadique et par poursuite d’un bonheur bien éloigné de tous ceux connus. Un bonheur dans les tripes et l’adrénaline. Il était fort peu difficile de comprendre ainsi ce qui permit au dernier de survivre au désespoir qui toucha les autres. Un manque d’attache. Un manque d’émotion. Une maîtrise totale de ses sentiments et un contrôle de soi-même qui ne provenait que d’un désir fort de dominer tous les autres. Ainsi, c’était probablement de lui que cela provenait. Vouloir tout maîtriser. Être le roi sur l’échiquier qui pourtant n’eut à perdre ne serait-ce que le plus médiocre de tous ses pions. Triste caractère à hériter, et pourtant bien utile. Il n’aurait pas gagné autant de combats s’il laissait le hasard faire la part des choses. Ainsi, cela serait sans attache qu’il aurait survécu. Sans émotions. Il aurait probablement rejoint la Légion dans le but de s’amuser. Ou bien peut-être avait-il vu cela comme un marchepied vers l’immortalité. Et cette immortalité l’aurait poussé à peut-être devenir monarque. Peut-être aurait-il sacrifié tous ses camarades pour atteindre le rêve mystérieux qu’il poursuivait ? Une énigme que Légion ne résolvera peut-être pas de sitôt. Le fait probable était pourtant là. Il avait survécu car il n’aimait personne. Fallait-il en faire de même ? Ne considérer les autres que comme un moyen jusqu’à atteindre son but ? Devenir l’être divin qui rétablirait le bien sans eux ?

”Qu’importe combien de douceur je prends, cela resterait impossible. Le cap de contrôle de mes émotions serait franchi à un moment ou à un autre. Je ne peux que l’accepter. Contredire mes idéologies, celles qui m’ont amené jusqu’ici et qui ont façonné le nouvel être que je suis à présent, m’est toujours aussi impossible. Si ce ne sont plus des chaînes émotionnelles, c’est un simple bon sens. Un simple code moral.”


Etait-il même nécessaire de poursuivre un projet aussi fou que le sien ? Fallait-il réellement changer le monde ? Modifier l’univers afin que les inégalités, afin que le malheur, que le mal et l’injustice et les démons véritables qui torturent et nuisent aux hommes disparaissent ? Peut-être pouvait-il simplement profiter de l’immortalité qui lui soit octroyée ? Se retirer du monde des vivants et régner sur les damnés ? Peut-être faire ainsi avec… Non, cela serait impossible. Mais pourquoi donc ? Etait-ce une véritable volonté de sauver le monde des erreurs de ses créateurs ? C’était ça, pas vrai ? Ce n’était que le résultat de ses réflexions. C’était un projet nourri depuis des années qui pouvait enfin voir le jour. C’était sa motivation depuis des années. De faire changer les choses.

”L’est-ce vraiment ? Ne suis-je pas simplement en train de me plaindre à nouveau de choses qui sont sans explications ? Le premier qui se lève contre l’injustice est toujours l’un de ceux qui en ont souffert. Ce n’est qu’avec suffisamment de temps que finalement les privilégiés commencent à considérer la chose. Ai-je souffert comme les autres ? Mes dix jours d’angoisse semblent bien maigres face aux vies de misère qui paraissent autour de moi. Mais j’ai de quoi vivre éternellement avec le bonheur. Ne suis-je alors pas l’un des privilégiés, à présent ? Qu’est-ce qui me pousse réellement à me battre ? À poursuivre mes rêves, aussi idiots soient-ils ?”


Mais il n’y avait personne pour lui répondre. Sa conscience n’avait pas pris de forme à cape rouge et chapeau pointu. Il était et restait seul. Cela correspondait à ses désirs. Mais pourtant, il semblait toujours languir des réponses. Cela semblait si simple quand une apparition disait à haute voix les réponses recherchées par le fantôme. Mais dans cette logique qui constituait entièrement sa réflexion en cet instant, il n’y avait pas de place pour le fantastique. Ainsi, il lui fallait chercher par lui-même la réponse attendue. Qu’est-ce qui donc le motivait ? Une soif de sang et une addiction à l’adrénaline ? Un manque de connaissance sur tout autre sujet ? Ou bien n’avait-il simplement rien d’autre à faire ? Non, il semblait peut-être rechercher quelque chose. De la reconnaissance ? Du respect de la part des autres ? De la gloire ?

”Malgré la haine de moi-même qui m’habita si longtemps, malgré ce manque d’amour propre, il semblerait bien que je sois habitué à une fierté qui refuse de me laisser agir. Peut-être semblerait-il que je ne sois, comme tous les êtres violents qui habitent ce monde, qu’un grand gamin...”


Un enfant qui la fermait pour rester mystérieux. Pour garder un minimum de charisme qui disparaîtrait si ses faiblesses émotionnelles voyaient le jour. Il fallait une grande cruauté pour parvenir à ses fins sur un champ de bataille. Une fin qui généralement finissait par être la survie, car il n’y avait rien d’autre à gagner. Peut-être l’espérance de la perte d’une jambe, pour ne plus avoir à retourner au front. Mais, au final, le résultat restait la disparition d’un bien, pour se débarrasser d’un statut non désiré. Être soldat prenait souvent l’apparence d’une malédiction qui s’abattait sur les familles pour leur prendre un ou deux membres, capables de revenir en pièces. Pourtant, les gamins appréciaient cela. Les batailles de bouts de bois et de cailloux. Les tortures de voix non-muée à voix non-muée. Les têtes blondes et brunes dans des chapeaux ridicules qui avançaient avec une simultanéité frappante, et dont la chorégraphie pathétique ne faisait que trahir leurs futurs dans des armures. On voyait pourtant cette même maladresse chez les grands qui, à défaut d’être perdus de la vie, étaient juste en si grande panique, et possédés par une si grande peur pour leurs vies que ce qu’ils avaient appris durant leurs entraînements disparaissait pour au final laisser à l’instinct de survie le champ libre. Et les épées devenaient des masses, et leurs armures des cloches résonnantes dans lesquelles la chaleur corporelle concentrée dans un seul espace clos se mélangeait aux bruits des fers pour créer une concoction capable de rendre fou n’importe qui.

”C’était la raison de la légèreté de nos protections. Nous ne voulions simplement pas crever de chaud...”


Il avait froid, dans son costume, au milieu de la page blanche glaciale et couverte d’encre rouge qu’était ce hall. Un château de neige, sans roi, sans serviteurs, sans habitants, hormis pour un vivant sur le trône qui songeait, qui réflechissait, qui laissait ses pensées aller de ci, de là, sans véritablement chercher de conclusion. Il lui semblait qu’il ne cherchait pas de réponses. Comme si simplement se voir seul, véritablement, lui convenait. La drogue lui était si douce. Ce sentiment qui forçait un sourire sur le visage, qui provoquait de très légers frissons dans la nuque et qui, sans pour autant être comparable à la fatigue, donnait simplement envie de se poser dans le siège le plus proche… Était-ce cela, le bonheur ? Car depuis bien longtemps, il se sentait enfin heureux. Ses yeux brillants fixaient toujours le vide. Son rictus sous son nez pointu aurait peut-être souhaité être couvert par le foulard qui habituellement cachait sa bouche aux dents monstrueuses. Mais, avachi sur son trône abandonné, administrant un royaume vide, il était content. Une délicate et calme euphorie, placée en son coeur, lui permettait de ressentir le froid qui l’entourait, car son sang était chaud et son souffle était constant. Malgré son teint pâle, et ses cheveux blancs, il était… Il était vivant !

”Le suis-je vraiment ?...”


Et d’un seul coup tout s’en alla. Sa face qui avait accueilli le sourire avec la gentillesse de l'hôte le plus digne et le plus altruiste s’était soudainement retrouvée maussade. Et ses yeux baissèrent. Son dos cogna contre le dossier. Et ses bras s’étalèrent sur les accoudoirs, laissant les mains pendre vers le sol depuis leurs poignets. D’où provenait cette soudaine moue ? Une étrange tristesse, toute aussi douce que le reste, venait de se présenter. Une descente mélancolique pour son esprit malade dont la cure était tout aussi dangereuse que la lèpre qu’elle soignait. Une perte lente de sa joie qui lui filait entre les doigts comme du sable. Les yeux du fantôme, dont la sclère était noire, se virent comme injectés de sang, et ses vaisseaux prirent une apparence tout aussi brillante que les pupilles. Son coeur s’arrêta de battre. Son souffle redevint faux. Et de la plaie encore ouverte de son geste antérieur, il put observer son sang se noircir.


Et d’un seul coup, cela se produisit. Cela fut tout d’abord un choc. Sur sa parodie d’âme et son imitatrice de pompe à sang. Un choc premier qui bloqua sa respiration déjà défectueuse. Une frustration immense qui se saisit de ses nerfs comme un éclair. Une poussée d’énergie soudaine dans tous ses muscles, une stimulation électrique totale. Une envie soudaine de détruire tout ce qui l’entourait. Une haine provoquée par un sentiment de trahison qui fut refoulé depuis beaucoup trop de temps. Une rage peu contrôlée qui fit contracter ses doigts contre son siège. Ses mains se serrèrent contre le trône d’ivoire alors que des fentes apparaissaient sur les accoudoirs qui n’étaient pas conçus pour survivre face à une telle violence. Enfin, il tomba complètement en miettes, alors que le fantôme se leva, tenant toujours des débris entre ses mains. Elle avait voulu le contrôler. Elle avait voulu le droguer pour le maîtriser. Pour l'amener au lit. L’ivoire s’immisçait dans les veines de ses paumes. Mais il n’en avait que faire.

S’en suivit un autre sentiment. Les remords. Encore de la colère. Une impuissance face au passé. Légion s’attrappa les cheveux. Il voulut se les arracher, mais ne fit que les tacher de l’encre qui s’échappait de ses mains, et qui coulait le long des bras et des petites lames auparavant blanches qui formèrent il y a quelques secondes un autre trône sur lequel un conquérant s’est assis. Ses pieds l’emmenèrent se cogner contre une table. Il s’écroula dessus, renversant le buffet, et le bois délicat qui la maintenait en place se brisa. Les hurlements étouffés par les dents de la hyène résonnaient dans la salle. Il l’avait frappé ! Ses yeux fixèrent ce qui était autour de lui. Où était le miracle ?! Où était la douceur ?! Il lui fallait reprendre le contrôle. Cela devenait insupportable. Un monstrueux dégoût suivait ses pas. Vers où se dirigeait-il ? Il ne savait pas. Quittant la salle de bal, il se dirigeait vers les cuisines. Pourquoi l’avait-il frappé ?!

Vint autre chose. La peur. La peur de ne pas pouvoir se maîtriser. Une peur lui faisait trembler les mains, alors que ses doigts brisaient les portes, et cassaient les frigos. Les caisses ne faisaient pas le poids. Mais il ne trouvait toujours pas le remède à ses problèmes. Ses poings s’étaient mis à saigner. Les buffets partaient en miettes. Ce n’était pas là qu’elle était, mais où, alors ? Il courrait partout, dans tous les sens, ignorant les épines qui s’immisçaient dans son corps, les éclats de verre et de bois qui étaient projetés vers lui et le reste de la pièce. Ses dents étaient révélées au reste du monde, un rictus inverse, bien malheureux et qui témoignait de la terreur de la bête face à son propre esprit. Il semblait pourtant inarrêtable. Rien ne l’obstruait. Pas même les portes. Pas même les meubles. Pas même les murs. Pas mêmes ses propres larmes qui coulaient sans même qu’il les remarque. Rien ne l’enchaînait dans sa panique.

Ses phalanges brisèrent une dernière porte. Le château était saccagé. En ruines. Il ne restait plus rien qui fusse civilisé, hormis l’architecture extérieure. Le dos courbé, les yeux vides, il s’approchait de ce qu’il cherchait. Un unique tonneau de bois, seul dans un lieu vide. À l’intérieur, le miracle lui-même. À l’intérieur, la douceur. Un simple fond. Qu’importe. Ses mains plongèrent dans la poudre bleue, et le contact de la fausse vie avec le mort la fit disparaître. Tout rentra dans l’ordre. Le calme revint. La tête du fantôme retrouva ses priorités. Il ressentit à nouveau la fatigue, et se posa à côté du tonneau, assis, un genou replié et l’autre jambe à plat contre le sol. Il fallait éviter une descente comme celle-ci à l’avenir. Malgré ce qu’il venait de vivre, il avait retrouvé son calme. Il était même un peu endolori.

”Je vais avoir besoin de réserves,à l’avenir. Je ne peux pas me permettre que cela se reproduise.”


Il se rendit alors compte de la fraîcheur de ses joues, et des picotements qu’il avait dans les yeux. Une sorte de brûlure qui donnait envie de coucher et de rêver à des jours bien plus heureux. C’était des larmes. Un procédé dont il ne comprenait pas l’utilité en dehors du nettoyage des yeux. Cela permettait-il la communication ? Ou bien était-ce juste un réflexe informateur ? Le corps parlait dans un langage bien étrange. Comment savoir ce qu’il disait ? Malgré la douceur, cela ne s’arrêtait pas de couler. Y avait-il une raison à cela ? Cela s’arrêterait bien à un moment. À qui ces larmes étaient-elles dédiées ? À lui-même ? Non… C’était pour quelqu’un d’autre. C’était pour…

”Leixy...”


Il avait dit cela sans élever la voix. Son ton monotone et qui se glissait si facilement sous la peau des autres était de retour. Avec la douceur revenait son contrôle sur ses sentiments qu’il appréciait tant. Il semblait heureux d’être arrivé à cette résolution. Ou bien avait-il simplement énoncé son nom en la sentant se rapprocher ? Le spectre n’était pas de ceux capable de jauger les gens et de découvrir leur position simplement par une vision autre que celle de ses yeux. Il n’y avait pas d’aura, ou de Ki, ou de quelconque autre mot fanfaron pour désigner l’énergie vitale d’un être, qui soit observable pour lui. Il n’y avait que les vivants eux-mêmes. Il se replaça alors sur ses jambes. Elles ne tremblaient pas. Il n’avait rien à affronter, et de toute façon, il était à présent celui aux commandes. Elle lui était nécessaire. Pas seulement comme outil, mais comme inhibiteur de ses défauts, catalyseur de ses actes… et comme source d’amour. Oui, comme pour tout être vivant… Il ne pouvait vivre seul, sans quoi la seule source de sanité qui lui serait disponible serait d’autres amis imaginaires… ainsi que la douceur.

Elle était sur le toit, laissant la lumière de la lune l’éclairer. Une dame blanche éthérée dans la nuit. Une autre étoile dans l’obscurité. Légion avait ouvert la porte qui menait au toit, mais il n’était pas sorti de l’ombre. Ses pupilles blanches fixaient la succube, qui ne se retournait pas. Elle commença son discours de dos. Bonne tactique d’introduction. Cela pouvait donner l’impression d’un contrôle de la situation tel que celui qui prenait la parole était entièrement capable. Malheureusement, elle ne put résister à lui faire face trop longtemps. Elle tentait d’avoir l’air plus forte qu’elle ne l’était réellement. La situation lui échappait complètement. Elle souhaitait simplement que la résolution de tous ses problèmes arrive tout de suite. Une envie que Légion pouvait partager régulièrement. Ses yeux dorés brillaient davantage parmi les astres grâce aux larmes qu’elle contenait difficilement. Gracieuse même dans son malheur. Articulée malgré les serrements de sa gorge. Belle comme un nylon. Elle termina sa tirade alors que le fantôme put reconnaître quelque chose dans son regard. Quelque chose qu’il reconnaissait. Un malheur bien trop familier.

”Tu l’as vu, toi aussi… Tu as vu l’enfer.”


Pour combien de temps ? Cela ne pouvait dépasser une heure. Mais quelque chose avait changé en Leixy. Quelque chose d’étrange lui était arrivé. Ce n’était pas véritablement l’enfer. Elle ne pouvait pas être morte pour soudainement revenir, en ne serait-ce qu’une seule heure. Que lui était-il arrivé, donc ? Il s’avança alors. Sous la lune révélatrice se trouvait son corps blessé, saignant. Ses cheveux tachés de rouge. Ses mains pleines de taillades provenant des meubles comme de lui-même. Son visage si serein malgré les ouvertures dans son corps. Il s’avança si tranquillement, si doucement… si délicatement. Il ne souhait pas faire peur.




”Nous nous sommes causés bien des malheurs, tous les deux… Il serait dommage, en effet, de terminer nos retrouvailles ainsi.”


Il était droit. Malgré la lune derrière Leixy, il n’était pas ébloui pour le moins du monde. Son regard était bien jovial, et pourtant si calme. Son sourire n’avait rien d’un bourreau, ou d’un fou. Il n’était même pas agressif. Pas une goutte de haine s’était déversé dessus.

”Je t’ai frappé… Je t’ai crié dessus… Je te pensais capable de te défendre… Mais, semblerait-il, tu n’étais pas apte à le faire... Cela est compréhensible… Mon jugement est à blâmer. ”


Il ne cessait de la fixer. On pouvait avoir l’impression que son regard animait entièrement l’espace autour de lui. Quiconque l’observait ne pouvait détourner les yeux. Comme si son visage était au centre de la caméra. Aurait-il été enchaîné, sourd, muet, derrière des barreaux, ou bien même mort, il aurait continué d’apparaître comme l’homme qui contrôlait la situation. Comme le maître de l’échiquier. Et pourtant c’était à haute voix qu’il énonçait ses erreurs, ses bourdes. Et la morphologie de son visage semblait indiquer qu’il regrettait la chose. Qu’est-ce qui était vrai, alors ?

”Mais tu as commis des erreurs de même. Tu m’a déçu comme je t’ai déçu… Tu as manipulé un homme pour te servir d’aide sentimentale, en le prenant en otage par des contrats… Tu le sais cependant réciproque à tes sentiments, et cela te convaincs que tu n’es pas en faute… T’aimait-il déjà…? Avant que tu ne l’amènes à toi… Ou bien peut-être as-tu fait cela pour obtenir son aide afin de refaire ton image ? Le chevalier noir… devenue la belle dame blanche… Tu avais bien raison de te protéger après mon départ… Mais… sans le recul que m’offre la douceur, je n’étais pas capable de le comprendre… Tu as fait cela pour te protéger, mais… est-ce bien là la chose à faire ?... Au final, il semble bien heureux, malgré la disparition de ses proches pour toi… Tu le débarrassais des deux autres femmes de sa vie, avant de soudainement t’éloigner de lui… Et… peut-être par empathie… je me suis mis à sa place… et je me suis dit que je n’aurais ressenti que de la colère...”


Il ne bougeait presque pas. Les bras le long du corps, il continuait de parler, doucement. Il n’élevait pas la voix. Il ne souhaitait pas être méchant.

”Peut-être n’avais-je pas digéré la destruction que tu fis de mon anonymat ? De la construction de mes rêves depuis les ombres ? Cela est entièrement possible. Mais la douceur sembla accentuer cette rage. Envers tout ce que j’ai pu voir… Envers toi… envers moi-même également. Pour être celui qui t’a laissé penser que cela était correct… Pour t’avoir enlevé toutes ces morales… Pourtant, tu sais très bien que je fus contre l’enivrement des autres pour les amener au lit… Que tu me drogues contre mon gré… Oui… cela me fit ressentir de la peine… De la déception… Toutes ces choses qui me font mal au coeur… Mais je ne les ressens plus à présent...”


Il marcha, et passa à côté d’elle, regardant la lune qui éclairait son visage heureux.

”C’est cela que tu voulais… non ? Tu souhaitais simplement me rendre heureux… Et moi... j’ai tout mélangé... Ne pourrais-je pas dire la même chose de mes actes, cependant ?... Tu sembles confiante… Bien plus qu’avant… comme si la joie de vivre qui existait auparavant n’était qu’une illusion… Une illusion que j’ai cru voir… Et, semblerait-il… j’avais raison...”


Il s’était retourné à nouveau. Son visage, toujours aussi effroyablement calme, semblait triste. Comme pris de pitié pour une pauvre chose retrouvée malade au fond d’un jardin.

”Tu as besoin perpétuellement d’affection… D’un soutien moral et émotionnel… Lors de mes aventures d’antan, toi que je croyais transformée par la joie du combat… Tu n’étais heureuse qu’à mes côtés… et je ne m’en rendais pas compte… ”


Son sourire revint, et étrangement, il semblait ému.

”Pourtant, regarde toi à présent… Tu sembles si forte… Capable de creuser sous les obstacles s’ils étaient amovibles. Capable d’arrêter l’inarrêtable…  ”


La lune sembla éclaircir une balafre circulaire sous son cou. Elle datait de bien longtemps. D’un combat légendaire où pour la première fois, le Messie du Mal, vecteur de l’apocalypse, et invincible destructeur de monde s’était fait décapiter par une guerrière armée d’une hallebarde. Un début d’histoire d’amour comme les autres.

”Peut-être suis-je frustré de te savoir si faible, quand tu paraissais si puissante ? Et pourtant… je me sens incapable de ne pas te voir comme telle.”


Il regarda ses bras un instant. Il saignait encore. Son joli costume était bien déchiré.

”Tu dois avoir peur de ce qui m’est arrivé… J’en conclus alors que ce qui s’est passé n’était pas dans tes intentions...”


Ses yeux s’étaient à nouveau rivés sur la succube.

”La douceur a eu des effets néfastes sur les invités… Je ne sais d’où cette drogue provenait… Mais ils se jetèrent les uns sur les autres. Et sur moi… Rien de bien dangereux… Mais le château fut saccagé. Je ne sais lesquels resteront sauf grâce à ma marque, et lesquels seront condamnés à me servir, mais sache que Tim s’est arrangé pour leur offrir une mort digne à l’égard de leurs proches… Xul fut tué dans la mêlée… Mais je doute que cela soit sa dernière apparition en ces lieux… Quand bien même il serait prêt à rester chez les morts pour éviter de me donner raison.”


Il semblait si sincère. Et qui pourrait le contredire ? Des amnésiques qui considèreront la précédente soirée comme une grosse cuite à ne pas reproduire ? Des morts incapables de parler ? Ou bien un nécromancien dont les souvenirs furent arrachés et détruits ?

”Et pourtant, ce que j’ai fais fut mauvais. Pas seulement de tuer ceux qui s’étaient présentés à ta fête… Te frapper… Te manipuler… Faire de toi ce que tu es à présent… Oui, je ne peux que m’excuser… Et si cela ne suffit pas...”


Il s’approcha d’elle. Tout aussi délicatement. Dans ses mains se créèrent une arme. Une hallebarde, dont le maniement ne pouvait être oublié par Leixy. Il la déposa doucement entre ses mains. Des doigts délicats. On pourrait penser qu’elle ne fit que de la magie et des embrassades durant toute sa vie. Il buta un instant sur cette vision, avant de retourner à sa place.

”Puisse-tu te venger avec cette hache. Je t’accorde autant de coups que tu le souhaites… Mais si je ne puis plus te complimenter après tes attaques, saches que je te trouves bien plaisante avec une arme dans les mains, ma Lily.”
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MessageSujet: Re: Absinthe   Absinthe ClockMar 17 Juil 2018 - 18:04
Pull me down again
And guide me into pain

Please remedy my confusion
And thrust me back to the day
The silence of your seclusion
Brings night into all you say...


Ses yeux dorés ne quittent pas ceux de Légion. Impossible de détourner le regard maintenant, qu’importe les larmes qui lui brûlent l’épiderme, autrement elle aurait échouée. Il y verrait encore une fois une occasion de l’entourer de ses grandes mains et de l’enfermer dans son “périmètre de contrôle”, de se permettre de relier des fils à ses membres pour en faire sa marionnette bien éduquée, qui ne répliquera pas s’il la brutalise. Leixy luttait pour faire front à cet homme qui était son salvateur. Une partie d’elle lui disait que ce qu’elle faisait était mal, parce qu’il l’avait sauvé. Légion lui avait montré le chemin à suivre vers l’acceptation de soi et surtout, surtout… le bonheur. Alors, la succube elle-même se sentait divisée au fond de son esprit quant à ce qu’elle faisait actuellement. Se positionnant fièrement devant celui qui était jadis son maître et son partenaire, comme s’ils étaient deux ennemis qui réglaient des comptes. Ce n’était certainement pas ce que la star voulait, ce n’était pas du tout non plus ce qu’elle avait imaginé de leurs retrouvailles depuis le départ. De l’instant où il l’avait rejeté dans l'ascenseur, Leixy était perdue.

L’enfer a plusieurs visages, plusieurs façons d’être véhiculé. Il n’est pas qu’un simple lieu, qu’un simple mythe avéré quand on a eu le malheur d’y faire un tour. Il prend bien des formes, il se glisse vicieusement parmi les individus, les circonstances, jusqu’à vous atteindre… Cette dernière fronça davantage les sourcils lorsqu’il dit cela, comme si elle s’attendait à ce qu’il la descende par la suite. Elle le voyait bien jouer du sarcasme, elle le voyait bien feindre le fait qu’il pouvait la comprendre, pour mieux l’enchaîner à nouveau. Tout ce que la démone voyait de ce “nouveau” Légion, c’était un homme dépressif et lassé. Quelqu’un qui se sent faillir parce que ses rêves ne peuvent être atteint de la manière dont il l’espérait. Un compagnon, si proche d’elle, qui l’a délaissé tout ce temps alors qu’il aurait pu revenir plus tôt.  Un hypersensible qui se cache... en prétendant tout ignorer, en prétextant des choses absurdes pour faire comme si jamais rien ne pouvait émotionnellement l’atteindre. Mais tu sais autant que moi que ce n’est pas vrai, n’est-ce pas ?

Connu l’enfer ? Mais non voyons ! Il n’y a que toi qui y a séjourné… Moi, je n’ai fait que m'accommoder à la vie, ici, sans… toi, qui était justement le centre de toute ma vie ! Et j’ai continué bêtement de te servir en croyant que je faisais correctement les choses. J’ai persévéré, à croire en toi, à ta cause, à ton retour… Alors que tu es mort sous mes yeux et que je suis devenue folle pendant des mois et des années, à me torturer l’esprit pour trouver un moyen de te faire revenir, en vain. J’ai fini par me relever en me disant que tu ne voudrais pas me voir dans un état aussi pathétique. Sur le plan émotionnel, j’ai promis de te rester fidèle... quitte à passer le reste de ma vie mortelle sentimentalement seule. Même quand j’ai presque failli à ce devoir… presque… !” Les larmes montaient de nouveau, mais sa colère aussi. Deux sentiments trop fort pour être contrôlé totalement. “ Tu sais quoi ? Là encore tu m’as rattrapé. Là encore tu avais le contrôle sur moi ! Je ne pouvais pas m’enlever de la tête…le fait que mon âme demeurera toujours dans tes mains. Je ne pouvais pas l’offrir à quelqu’un d’autre ! je ne pouvais pas…” Sa gorge se serra. Sa rage et ses pleurs l’étouffait à nouveau. Cette dernière fronça les sourcils de plus belle, contrariée de ne pas pouvoir finir correctement ses explications. “ Je ne peux pas... me vouer à un autre…” Son regard restait dur malgré la beauté de ses paroles. Comme pour fuir ce moment où il pouvait la brisée de nouveau, aisément, elle continua.” J’ai continué de crier que tu reviendrais et de passer pour une demeurée, tout ça pour un homme qui ne veut plus de moi. Rien de bien méchant, n’est-ce pas ?!

Elle qui pensait que c’était lui qui allait rebondir sur une vanne sarcastique, c’était au final la démone qui usait de ce mélange de dédain et de mépris ironique. Les dents serrés, les bras croisés, sa pose “dominatrice” se voulait intimidante au possible, pour qu’il ne puisse pas croire avoir un quelconque… attends. C’est quoi tout ce sang ? Pourquoi est-ce qu’il autant blessé ? Ses cheveux sont teints de son propre sang ou de celui d’un autre ? La lumière de la lune ne fait qu’accentuer la beauté de son apparence même dans un tel état… Pourquoi est-ce que c’est toujours ce genre de chose qui me percute le plus profondément quand il s’agit de lui ? Même quand je dois lui faire front et le détester...

Le visage si sérieux de la démone semblait se décomposer à mesure qu’il avançait doucement vers cette dernière. Elle pâlit. La peur, à nouveau, la gagnait. Elle recula de quelques pas, divisée entre le fait de se jeter sur lui pour guérir ses blessures, les panser, le plaindre et craindre pour sa santé, comme la démone l’aurait fait en temps normal. Mais non. Il faut résister à cette inquiétude et à tous ses bons sentiments envers lui. Il ne faut pas qu’il arrive à m’avoir avec ça. Je dois rester forte… Leixy s’attendait à une remarque menaçante et apeurante de sa part. Légion est doué pour inspirer la peur à autrui, et même à sa dulcinée. Ce fait n’était plus à prouver. Alors les mains tremblantes de la star, qui avait décroisé les bras, demeurent suspendu devant son buste. Elle s’attendait à une quelconque sinistre et violente réaction de la part de Légion.

Pourtant, sa voix se voulait… anormalement douce, comme sa façon de se mouvoir. Les bras de la démone tombèrent le long de son corps, et sa moue désespérée inclinait ses sourcils en un sens qui rendait son expression faciale dramatique. Les paroles qu’il lui servait fit se contracter les poings serrés de la magicienne. Son expression tragique se faisait combattre par son envie de lui montrer qu’elle ne se laisserait pas duper. Est-ce qu’il jouait avec elle à ce point ? Légion était fort. Très fort. Un excellent comédien. Il sait comment mettre les gens dans sa poche pour en tirer le profit qu’il désir. Enfoiré… pourquoi est-ce que tu as ce sourire de bienheureux ? Pourquoi est-ce que tu fais l’être docile alors que tu m’as déjà bondit dessus plusieurs fois pour me rabaisser plus bas que terre ?

Capable de me défendre…” Elle eut un rire presque fou suite à cette répétition de ce qu’il venait de dire tellement cela lui semblait idiot. “ Je n’aurais jamais cru devoir me protéger des actes de celui à qui j’ai offert pas moins que ma vie et ma dévotion éternelle. Excuses-moi de ne pas me méfier de toi !

Leixy avait répondu du tac-au-tac, une fois encore. C’était comme une convulsion obligatoire, quelque chose qui devait sortir pour qu’elle ne perde pas la face. Pour qu’elle ne se fasse pas avoir par sa gentillesse de l’instant, alors qu’il prévoyait certainement de la démolir, encore, par la suite. Il se disait à blâmer, certes, mais pour l’instant la démone restait sur ses gardes. Elle le savait très intelligent et calculateur.

L’ombre des regrets planait sur ses traits faciaux. L’un des sourcils de Leixy sembla faillir, prêt à reprendre une forme inquiète, prêt à enclencher la faiblesse, la Leixy qui pardonnerait tout parce qu’il se montrait, lui, sans détours et sans masques, face à elle. Celle-ci grinça des dents, redoublant d’effort pour se faire violence et conserver une position méfiante face à son aimé.

Voilà. Ses premières paroles qui la pointait du doigt fit rire Leixy, comme une évidence à laquelle elle s’attendait depuis le début de la conversation. Il se concentrait sur son vécu avec Darcia. Il ne faisait aucun doute que la démone prenait la position du bourreau dans cette relation à sens unique. Il ne faisait nul doute non plus qu’il avait été abusé d’une certaine manière, mais tout en sachant à quoi il s’engageait à la base… Ainsi, pouvait-on réellement dire qu’il s’était fait piégé ? Un voile noir sembla recouvrir le visage blessé de la star. Ses terminaisons nerveuses sautillait spasmodiquement alors que son cerveau se rappelait de la purification que lui avait fait subir Darcia. Jusqu’au bout, il avait tout mis en oeuvre pour la contenter. Même alors qu’il savait depuis le départ que jamais elle ne pourrait lui rendre son amour, il n’avait pas cédé stupidement à la colère lorsqu’elle dû enfin le quitter pour retourner auprès de Légion. Darcia avait respecté sa parole jusqu’au bout. Il ne la blâmait pas, il ne faisait que la comprendre... L’espace d’un instant, son visage fut couvert par les ombres de la nuit, comme si les nuages cherchaient à couvrir sa honte ou sa tristesse par rapport à toute cette histoire.

Elle grimaça. Il n’y avait pas de réponse appropriée à ces fautes-là. Darcia était un homme plus que bon, plus que bien. Son respect envers lui était éternel. Mais l’éternité ne suffirait pas à balayer la peine immense qu’il devait enfouir dans son coeur… La même peine qui avait rendue Leixy têtue, à ne vouloir donner son amour qu’à Légion et lui seul.

L’une de ses mains tremblantes s’éleva devant elle, à hauteur de sa poitrine. La paume de sa main s’ouvrit pour laisser apparaître une cigarette. Cette dernière la déposa nerveusement au bord de ses lèvres et alluma du bout de son pouce, où une flamiche venait d’apparaître, l’extrémité de son cancer latent. Pour la première fois depuis le départ, son regard avait cessé de fixer le moindre fait et geste de Légion. Ses cheveux recouvraient un peu plus son visage, accentuant son mal être.

Il continuait de plus belle sur ses reproches. Comme devenue muette, la démone se contentait de tirer de larges bouffées de sa drogue. Son regard était perdu dans le vide la majorité du temps. Quelques fois, ses yeux admiraient le visage heureux de Légion, envahi par l’incompréhension de le voir ainsi. Si calme...Si reposé.

La douceur… Ce n’est qu’un moyen de se détendre et de s’amuser, d'exalter ses sens …” Ses yeux scintillent… de déception, de celle-là même dont il parlait. “ C-comment… comment as-tu pu penser que je me servais de ça pour…” Stop. L’émotion remonte trop fortement. Elle bascule sa tête sur le côté. Elle tire une nouvelle latte cancérigène. Ses yeux clignent plusieurs fois pour éviter que les larmes ne dégringolent sur ses joues qui blêmissent. “ Aurais-je donc vraiment besoin d’en arriver là pour faire l’amour avec l’homme que j’aime… ? Est-ce que cela te semblait logique comme réponse parce que… Je ne te plais plus assez ? Ni physiquement ni mentalement, ni dans ton coeur pour que tu me désires encore… ?

La star jette sa clope consumée. Immédiatement, comme une névrosée, elle en allume une autre. Son visage est tourné vers le côté droit, abaissé légèrement vers le sol qu’elle fixe comme seul point de repère, de concentration pour ne pas céder à ses larmes qui la harcèle.

Ses paroles, des poignards enfoncés à travers son âme et son coeur conjointement, y étaient ancrés depuis son retour. Et continuaient de s’enfoncer durablement dans ces plaies, à mesure qu’elle le fréquentait à nouveau. Mais elle restait près de lui, son idylle, sa raison de poursuivre le combat qu’est la vie. Sa dévotion était plus forte encore que la peine qu’il lui causait… et cette fois, alors qu’une couche de béton avait recouvert son être afin de se protéger de ce vil serpent...

Il lui offrait une compréhension qu’elle n’aurait jamais cru entendre de sa bouche. Ses mirettes, écarquillées, levèrent leur attention vers celui qui semblait triste, puis ému. Le visage fermé de la star sembla se distordre une nouvelle fois, désaxer. Elle souffla sa fumée de cigarette si lentement, à cause de cet air déconfit… L’homme qui s’amusait à planter des épingles dans sa poupée vaudou lui montrait ce visage émotif qu’il ne lui avait plu divulgué depuis des temps immémoriaux. Celui-là même, ce Diable infernal, qui avait brisé sa petite succube de l’intérieur, et qui réparait comme le plus doué des chamans ce qu’il avait déchiré dans son coeur…

Il la disait forte...Si forte… tu crois ?

Son regard resta bloqué sur le souvenir de leur premier combat. Son estomac se contracta. Les papillons de nuit entament une course dans son corps dérouté. Ses larmes tombèrent directement au sol. S'écrasaient avec agitation sur ce béton frigide. Mais ses yeux, mêlés dans ceux de son aimé, ne voyaient que le passé. De l’armure lourde qu’elle portait à l’époque pour se cacher physiquement, pour ne pas qu’on la sous-estime, étant donné qu’elle était obèse. Mais par dessus tout, elle se souvenait du regard à la fois fasciné et terrifié de Légion lorsque l’ange bien en chaire était venue à bout de lui…C’était avec ce regard que tout avait commencé.

Cette fois, il la regarde lui aussi. Elle se sent petite, ridicule. Elle se sent flanché. Chaque fois qu’il la regarde, la démone se noie dans cet amour qui la subjugue, qui la ligote fermement à Légion… Mais la suite de ses dires lui font manquer de s’asphyxier avec la fumée de sa cigarette.

Q-q..quoi ?...!” Elle cherche son portable. Ses mains tâtonnent dans les poches intérieures de sa robe, puis sur la commissure entre ses seins. “P-putain ! Foutu téléphone !..” Mais... Xul…

Son corps ne tient plus la pression, ses jambes cèdent. Ses larmes s’intensifient, mais elle est silencieuse. Elle tombe à genoux. Sa clope tombe de ses lèvres entrouvertes et rebondit mollement sur le sol. Le dos de ses mains ouvertes, désespérées, étaient déposés sur ses cuisses. Comment la douceur avait pu provoquer une telle émeute ? Les invités n’étaient pas des proches hormis Darcia et Xul, pas des gens de valeur à ses yeux, alors ce n’était pas si… Si, ça l’était, dans tous les cas. Ces innocents n’avaient rien demandé… ils s’étaient au moins bien amusé avant… non, ça ne change rien, ça n’allège rien… Pourquoi je pense des horreurs pareilles ?

M-mon… mon pauvre X..xul…” Chuchotait-elle; le regard dans le vague. Sa mort était douloureuse. C’était un ami précieux, quelqu’un qui l’avait accueilli et épaulé alors qu’au départ elle n’avait rien. Mais une chose lui donnait de l’espoir: “ Il… ses pouvoirs liés à la nécromancie… Il ne craignait pas la mort. Il m’a toujours dit qu’il avait prévu son avenir dans l’au-delà…” et surtout, Leixy était capable d’invoquer des démons, mort ou vif, et comptait bien le faire avec Xul prochainement. Aussi vive puisse être la douleur à ce moment-là, Leixy ne se laisse pas abattre… comme elle l’a toujours fait, elle se relève...et elle se bat.

Son visage souffrant se lève en direction de son maître. Heureusement, lui, il a survécu...Encore une fois, il a l’air si vrai, si sincère… pas de sarcasme, pas de brutalité. Il se contente d’être franc, de se dévoiler entièrement sans se planquer derrière un de ses subterfuges… était-ce vraiment réel ? Il reconnaissait ses torts. Il lui adressait des excuses, il…

Le métal dont était fait cette arme signature du style de combat premier de la succube créa une sensation étrange dans ses paumes. Une chaleur familière, appréciable. Elle sent une onde de force la traversée, l’arme semble reconnaître son maître et se réjouir d’être dans ses paumes. La lourdeur évidente de cette pièce ne fit même pas basculer la succube: elle ne connaissait que trop bien la hallebarde. Bien que cela faisait plusieurs décennies qu’elle ne l’avait pas employé pour se battre, mélancolique, Leixy continuait de s’entraîner de temps à autre à manier une telle arme lors de ses heures de libre. Jamais cette dernière n’aurait délaissé ce bijou qui constituait une part de son être, c’était comme une extension d’elle-même, à vrai dire. L’émoi se lit sur les traits faciaux de la succube, alors que Légion lui propose un lynchage consentant.

La hallebarde semble être imprégné, comme dans le passé, de l’aura de la star. Comme si c’était un organisme vivant, elle vibre légèrement entre ses mains, qui s’accrochent fermement sur cette dernière. La combattante pose un pied au sol, gardant l’autre genou à terre, et s’en sert pour se redresser de tout son long. Pendant qu’elle se remet sur pieds, petit à petit, tout s’agite autours d’elle. Ses vêtements se déchirent et s’envolent au gré du vent. Une armure faite de divers matériaux tel que la plaque, le tissu et la maille, vient habiller son corps. La transformation s’était faite naturellement, comme si la hallebarde ne pouvait pas être présente sans l’habit adéquat.


Absinthe Albedo11




Une toute autre allure, plus froide et plus brute plane maintenant sur Leixy. Son regard fixe maintenant l’homme meurtri autant physiquement que mentalement, au même titre qu’elle. Sa hallebarde dans ses deux mains, à la diagonale devant elle, elle est costaud, terrifiante, sombre. Quelque chose que jamais le monde ou ses fans n’a vu d’elle, quelque chose qu’ils ne pourraient croire que s’ils pouvaient la voir en ce moment. Ce joli bout de femme, très apprêté, à la grâce innée et aux mouvements félin, aux tenues affriolantes, aux expressions faciales et à la manière d’être érotique… qui se trouvait être une belliqueuse va-t-en-guerre dans son moi profond !

Dois-je comprendre que ma préférence pour la magie ces dernières décennies ne te satisfait pas ?

Elle ne sourit pas. Son air neutre ne fait aucun sens, cela ne lui ressemble pas.

Je n’ai jamais cessé de continuer à manier la hallebarde. Je passais mes heures perdues à m’entraîner seule ou avec un maître d’armes pour ne pas être rouillée. Comme j’ai toujours eu la conviction que tu reviendrais… je ne voulais pas être à la ramasse. “ La lune faisait se refléter son visage stoïque dans la matière de l’arme. “Pour être totalement franche, l’époque où on bataillait continuellement m’a énormément manqué. Mais sans toi, sans ta cause, je n’avais aucune raison de continuer à combattre.

Sa poigne de fer maintenait cette arme avec une grâce aussi poignante que sa capacité à séduire autrui. Son regard analysait avec précision la moindre courbe de sa nouvelle acquisition, comme si cette dernière était une partie intégrante de son être.

Je suis enfin, et presque… redevenue entièrement moi-même.

Un sourire. L’intensité de sa poigne sur sa hallebarde se fait plus forte. Cette dernière s’élance. Ses cheveux se balancent dans tous les sens autours de son visage à l’air spartiate. Son arme suit ses mouvements comme si elle était réellement l’un de ses membres. L’arme passe derrière les genoux de Légion et Leixy la ramène habilement vers elle. Normalement, il tombe à la renverse.

Les protections sur ses genoux font un bruit retentissant, alors qu’elle vient de sauter à califourchon sur ce diable réanimé. La tranche de sa hallebarde se retrouve alors à l’exact même endroit où, jadis, elle s’était abattue pour lui ôter la tête. Mais son arme ne fait qu’appuyer doucereusement sur cette cicatrice, alors que Leixy, en position dominante et assise sur Légion, le regarde de ses yeux flamboyants.

Tu veux savoir pourquoi je me suis concentré sur la magie après ton décès ? La réponse est pourtant évidente: J’ai essayé de nombreuses fois de te ramener d’entre les morts.” L’arme menaçait toujours de rouvrir sa blessure physique et d’emporter sa tête. “ Dans l’impossibilité de pouvoir y remédier… entre autre car personne ne voulait défier l’enfer et le royaume des morts, d’autre part parce que ton âme était très convoitée mais que personne ne voulait se mouiller pour venir te chercher, de peur à perdre plus qu’ils y gagneraient… J’ai fini par apprendre que tu n’étais plus aux enfers, tu étais “introuvable”. J’ai compris que tu avais trouvé un moyen de t'échapper. Cela a renforcé ma croyance en le fait que tu reviendrais. J’ai tenté d’aller en enfer entre temps, j’ai tenté de t’invoquer aussi, et… j’ai tenté de séparer mon corps et mon âme... J’ai réussi.

Une goutte de sang perla, à force, du cou de Légion. La succube cessa d’exercer la pression qu’elle maintenait sur son maître, relevant sa hallebarde.

Cela ne m’a pas permis de te trouver. Mais j’ai découvert des magies occultes tout à fait rafraîchissante. Comment séparer son âme en plusieurs fragments, très utile pour revenir à plusieurs reprises quand on se fait tuer, entre autre…Mais de toutes les choses que la magie m’a offerte, je n’en ai retenue qu’une. La plus importante: l’ultime offrande que je voulais te faire pour glorifié et fêter ton retour.. Avec tout ce qui s’est déroulé depuis que tu es revenu, je ne savais plus où j’en étais. Rien ne s’est passé comme prévu, mais…

Elle se redresse, toujours à califourchon sur lui. D’un geste élégant, la hallebarde disparaît pour être rangé dans son arsenal magique, et son armure se détache petit part par petit part pour que sa robe blanche revienne l’habillée.

Je me suis rendu compte que je ne peux pas batailler contre toi. Toute tentative de résistance de ma part est vaine…

La lune les éclaires subtilement, assez pour que la lumière dans les yeux de Leixy brille plus intensément que jamais pour Légion. Et, en cet instant... Elle parait si innocente...


Absinthe 0a235a10


Elle avance sa main gauche vers son propre coeur. Un faisceau lumineux commence à apparaître à travers ses vêtements, à travers son corps, sous son épiderme. Bientôt, ses doigts tendu vers sa poitrine accueillent une lumière séraphique et immatérielle… aussi blanche que son âme puisse être. Une matérialisation d’énergie pure sans forme particulière, mais d’une lactescence pure. Elle éclaire leurs deux visages plus que la lune ne pourra jamais y parvenir.

Il paraît que le véritable amour est douloureux, haha… et il a bien failli me tuer…” Son visage redevient expressif, à la fois tourmenté et attendri. “ Tu es le seul qui doit avoir le pouvoir de choisir si je dois continuer de respirer…

Dans sa paume réside cette énergie chaste, impalpable pourtant. Sa main s’avance vers le torse de Légion, toujours vraisemblablement au sol, sous elle. Des filaments éthérés commencent à s’accrocher au corps du Maître des Damnés. Timides, ils semblent le palper, puis la masse céleste s'agrippe de plus en plus à son nouvel hôte, en douceur. Bientôt, l’âme de Leixy prend place à l’endroit symbolique où est censé être le coeur de Légion, garantissant à ce dernier qu’il en est le propriétaire absolu.

Alors que l’âme de Leixy réside à présent entre les mains de son aimé, le physique de la succube change. Ses cheveux deviennent un poil moins longs, avec plus de volume et de jolies ondulations. La couleur de ses cheveux changent également vers un entrelacement entre le noir, le gris et le blanc, subtil, decrescendo dans cet ordre depuis le sommet de son crâne. Ses cornes commencent à prendre de la couleur, un alliage en bronze coruscant, et sont marquées par plusieurs sillons qui leurs donnent davantage de densité. On perçoit une sorte de brume recouvrir la sclère de ses yeux, jusqu’à la noircir entièrement. Ses hanches deviennent plus large, sa taille plus fine, telle une pin-up aux jolies courbes marquée par la démarcation entre sa taille et ses hanches. Sa poitrine devient bien plus raisonnable. Ses ailes, elles aussi, évoluent vers autre chose. La terminaison des plumes, tout en bas des ailes, devient d’un bleu presque insubstantiel, surnaturel… Elles ont maintenant un air semblable aux ailes des phénix.

Il n’y a plus aucun filtre. Plus de modifications corporelles pour devenir “la femme parfaite physiquement aux yeux de la majorité afin de les charmer et de leur voler leurs âmes”. Plus aucune magie maintenue pour modifier son apparence. Leixy se montre sous son vrai jour, physiquement. Sa véritable apparence, qu’elle avait modelé pour répondre au mieux à sa mission d’antan. Aujourd’hui…

Aujourd’hui je décide d’être à nouveau entièrement moi-même… et Je t’offre mon âme en symbole de ma dévotion éternelle.” L’amoureuse se pencha délicatement vers son âme-soeur, un sourire léger sur les lèvres. “ Je suis prête à te suivre pour toujours… où que tu décides d’aller, je demeurerais à tes côtés… Mon Overlord.

L’une de ses mains s’avança, en douceur, vers Légion. Cette dernière caressa méticuleusement les cheveux de ce dernier, penchant son visage légèrement sur le côté, les yeux pleins d’étoiles en l’admirant d’aussi près. Bientôt, sa main se faufile sur le visage de celui-ci, effleurant le moindre recoin de cette splendeur qui était sienne, et qu’elle n’avait jamais pu se sortir du coeur.

...Merci pour la hallebarde.

Chuchotait-elle, son visage juste au dessus du sien. Les yeux éblouis par cet être qu’elle vénère. C’était le plus beau cadeau qu’il lui avait offert...

l’opportunité d’être à nouveau, pleinement sienne.



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Techniques
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MessageSujet: Re: Absinthe   Absinthe ClockDim 29 Juil 2018 - 23:14


On ne pouvait pas vraiment connaître la véritable personnalité d’un être qui provenait de centaines d’autres. Les expressions que pouvaient employer l’amalgame n’étaient peut-être pas les siennes. Qui sait donc ce que Légion était véritablement ? Son âme semblait changer dans ses traits. Quand bien même son physique était le même, que l’on pouvait serrer sa main et sentir la peau et les plis de sa paume contre la sienne, et que l’on pouvait voir son visage se mouvoir lorsqu’il parlait ou bien écoutait les autres, pouvait-on véritablement se dire en face de cet être si terrifiant, et pourtant si faible, qu’on le connaissait bien ? Il se savait vivant, mais ne l’était pas comme il le fut. Il se savait éternellement mourant et maintenu dans sa fausse existence par les substances psychédéliques du jour. Et malgré cette adossée perpétuelle à défaut de pouvoir se tenir debout, il semblait si étrangement déterminé à ne pas tomber. Unijambiste à la recherche de cannes craquant toujours sous son poids, il ne pouvait véritablement chuter dans l’abîme qu’il enjambait chaque jour. Pourquoi donc ne se laissait-il pas s’écraser dans les tréfonds de l’obscurité ? Certainement, et comme toujours chez ceux de son espèce, par fierté. Pour tenir tête à l’invisible et inconnu créateur qui leur avait envoyé tant dans la figure. Il était fort bon de savoir résister aux dieux et au monde qui n’était pas tant clément, mais parfois il semblait qu’on ne pouvait qu’en redemander. Comme s’il fallait replonger dans la boue et la vase malgré le rivage du marécage à portée de main.

Peut-être le spectre était-il conscient de cela ? Que de sa fuite provenait la poursuite de ses ennuis et de ses peurs ? Ses gestes, au final, pouvaient n’être que d’éternelles provocations à l’égard de ce que l’univers pouvait lui apporter. Des actions commises dans le seul but de voir le retour. Etait-ce la raison de sa violence précédente ? La source de son attaque contre celle qu’il aimait malgré ses peurs ? Peut-être bien… Ou peut-être était-ce un étrange et malicieux sadisme ? Embrumé par ses bonnes intentions et sa nouvelle morale, le spectre était incapable de percevoir cette soif de violence qui le poussait. Ou alors l’ignorait-il ? La niait-il ? Parmi les obstacles à enjamber sur son chemin, il n’y avait rien de trop haut. Mais la cause de ses souffrances n’était que le boulet qui, accroché à sa jambe, s’emmêlait dans chaque crevasse des montagnes grimpées. Une chaîne et un poids qui ne pouvaient que faire s’écrouler le fuyard lorsqu’il voulait enjamber les murs et les clôtures. Mais, pourtant, il semblait que la Douceur lui tranchait cette attache. Ce qui était pourtant coupé n’était que son pied, et ce serait en choisissant par quel moyen il boîterait qu’il continuera sa route. Son éternelle et si fatigante route.

Mais pourtant, malgré cela, il semblait toujours restait l’être le plus puissant. Il semblait toujours garder les cartes en main, quand bien même elles étaient en vérité taillées en pièces et capables de s’échapper de ses doigts telles de sombres et tristes confettis. Son objectif devenait les poser et reconstituer lorsqu’il était temps de se servir de son brelan, avec assez de vitesse pour que l’autre ne remarque pas l’état pitoyable de la main de son adversaire. Ainsi prenait-il l’apparence du maître du jeu quand il n’était qu’un cavalier qui s’agitait un peu trop sur l’échiquier. Mais il n’allait pas s’en plaindre. Peu de gens pouvaient tenter de tenir tête à un personnage avec une apparence comme la sienne. Il pouvait se dire un peu chanceux. Après tout, il n’aurait pas eu autant de victoires s’il n’était qu’un nain.

Mais de sa haute taille et de son regard chimérique, le maître incontesté des damnés ne pouvait voir qu’un être aussi pathétique que lui, qui au final n’avait recours qu’aux mêmes tactiques manipulatrices qui furent employées pendant tant de temps par le fantôme. L’ombre d’une ombre, copie pitoyable d’un vil personnage qui languissait sa liberté d’antan. Mais, il ne pouvait cependant pas ignorer cette pauvre créature qui ne semblait jamais parvenir à faire un pas en arrière. Satellite incapable de fuir l’orbite qui l’emprisonnait et le forçait à tourner autour d’un astre bien trop dangereux pour sa survie.

Les larmes qui coulaient des yeux de Leixy provoquaient un sentiment étrange dans le coeur froid du mort. Il ne ressentait rien, et pourtant, il ne pouvait s’empêcher de compatir. Sur son visage n’apparaissait rien de plus. Il savait simplement. Il voyait le ressenti, et comprenait dans quelle détresse la feuille détachée de l’arbre se trouvait. Flottant au vent par peur de terminer sa course sur le sol, là où se trouvent les insectes et les racines des arbres. Elle se laissait porter par l’air et ne cherchait juste qu’une autre branche pour l’accueillir. Qui l’eut cru, qu’elle ferait ainsi le tour de la Terre pour se retrouver dans l’étreinte du même chêne ? Mais le tronc semblait si creux à présent. Il semblait si fragile. Comment tenait-il ? Se courbait-il tel le roseau ? Ou bravait-il toujours et encore la tempête ?

Il reconnaissait simplement aux flots incessants sortant du regard de la succube quel malin génie la torturait. Et dans le reflet de ces globes humides et lumineux, il se voyait. Oui, c’était donc de lui que tout provenait. Il n’y eut pas d’effets à cette découverte. Hormis une simple volonté de changer. Cela n’était pas un désir, ou une envie. Il fallait juste qu’il commette une action, et il la commettrait. Car c’était pour le bien des deux taches sur le drap blanc du créateur qu’il lui faudrait arrêter de s’éloigner de tout, croyant voir des chaînes paraître sur ses bras lors de chaque attache sentimentale. Est-ce une peur de perdre à nouveau ce qu’il avait ramené à lui ? Ce qu’il craignait éternellement reprenait place en son coeur. Des sentiments qu’il blâmait pour tout échec. Et pourtant, se faisait-il du mal à rester loin de tous ? Reclu des morts comme des vivants, se laissait-il, échoué sur le bord du Styx, pourrissant sans repartir vers le repos éternel ou bien sans ramper vers la lumière du monde de la vie ? Cela était très certainement le cas.

Il semblait ignorer de même ses blessures. Devait-il les panser ? Ou laisser sa carcasse disparaître pour revenir en cette terre quelques jours plus tard ? Cela paraissait comme un simple tressailli presque… agréable. Une brûlure continuelle et dont l’arrêt signifierait une disparition de la vie. Ses nerfs hurlaient à l’aide. Son corps s’en fichait bien. Cela ne valait pas plus qu’un souffle dans son cou. Un frisson, ou bien un apaisement. Il était bien plus tranquille lorsqu’il était blessé que quand il n’était pas la peau en sang ou les os en bouillie. La soif de bataille était-elle la cause de cette tranquillité à côté de la douleur ? Ou bien est-ce que son sadisme n’était à son plus haut point que quand sa cible était sa propre enveloppe de chair ? Fallait-il donc mourir pour dormir ? Ou dormir pour paraître mort ? Dans les deux cas, sa conscience disparaîtrait de cet univers un instant, avant de revenir, éternelle âme en peine hantant les recoins de cette dimension. Un spectre qui un jour souhaita ne plus être là, et qui maintenant était ravi de sa nouvelle joie retrouvée, de ce nouveau contrôle.


L’évolution du comportement de sa compagne ne pouvait trahir à quel point son emprise était grande sur la pauvre femme. Elle tâchait pourtant de s’en détacher, de grimper elle aussi sur l’estrade sur laquelle se tenait son maître. Mais elle ne pouvait y arriver. Quand bien même elle se posait sur une chaise ou un tabouret pour arriver à son niveau, elle restait toujours éloignée. Et lui ne pouvait que voir sa chère et tendre se décrédibiliser continuellement quand bien même elle tâchait de se montrait puissante. Et ce pouvoir qu’elle détenait était pourtant là. Elle était juste incapable de l’observer. Incapable de le manipuler comme elle le souhaiterait. Cette force qui avait vaincu le mal en personne avant de l’humaniser par sa détermination. Pourquoi n’existait-elle pas, à présent ? Avait-elle complètement disparue ? Ou bien se cachait-elle ?

”Ow…!”

Le choc de son crâne contre le sol sembla débloquer quelque chose dans sa tête. Sa voix parut moins étrange. Moins éthérée. Bien plus audible par ceux qui l’écoutaient. Une légère réaction se fit entendre face à cette douleur qu’il ne pouvait aisément ignorer. Mais comme les autres, elle sembla disparaître. Il avait espéré une attaque de sa part, mais il n’eut rien d’autre qu’une légère entaille sur la gorge et une balayette derrière ses genoux. Il ne bougea pas quand elle approcha sa lame de sa pomme d’adam, mais ses yeux semblèrent changer. Comme provocateurs. Comme s’il ne souhaitait qu’une autre fausse mort. Un regard qui hurlait une demande d’attaque de la part de l’ange déchue. Et pourtant, cette dernière ne pouvait le voir. Elle n’y parviendrait jamais, close dans ce qui semblait être un bonheur retrouvé. Et ce qui entra dans son âme semblait inconnu.

Il sembla paniquer, intérieurement. Ses pupilles blanches tremblèrent, et se posèrent sur le cou de la dame. Il ne sut quoi faire, mais ses mains semblaient pleines d’énergie. Il voulait l’étrangler, lui écraser la gorge. Il souhaitait l’anéantir, la détruire, la pulvériser. Il désirait sa mort, sa désintégration, sa chute dans l’abîme et l’oubli éternel des vivants. Et là, il comprit. Il avait peur du bonheur qui l’envahissait. Il ne savait pas réagir à cette sensation oubliée depuis si longtemps. L’inconnu s’approchait à grand pas, faisant trembler de son poids le monde fragile mentale dans la tête de l’amalgame au cerveau saupoudré de Douceur. Alors ses doigts empoignèrent les tuiles, laissant son esprit s’adapter, et son coeur cesser de battre comme un fou.

Il ne fit rien pour repousser l’offrande de l’ange. Elle était perdue, marionnette incapable de tracer sa route d’elle-même. Et bien, tant pis ! Qu’elle soit heureuse à ses côtés. Que rien ne puisse plus l’attirer vers le désespoir à nouveau. Une inspiration lourde et rauque sortit enfin du cadavre capable de se mouvoir. Comme s’il était habité par une nouvelle essence. Un autre cadeau. Serait-il capable d’en profiter pleinement ? Il ne savait pas. Mais il y tacherait. Il ne pourrait s’en empêcher. Car il sentait que cela était tout ce qu’il y avait de mieux à faire. Accepter ce que Leixy lui offrait, et faire du meilleur avec.

Sa nouvelle apparence lui allait à ravir. Un visage qui n’était pas faux. C’était ce qu’elle fut durant l’âge d’or de leurs aventures. Une guerrière qui pouvait vaincre le monde si elle s’énervait un peu trop. La reine mortelle du monde des vivants, distinguée et destructrice, dansant avec son amant au coude ou son arme dans les mains, annihilatrice de la vie. La seule qui ait pu vaincre le Maître des Damnés du temps où il fut une abomination vivante. La femme de ses rêves et de sa vie. Leurs regards s’emmêlaient.

”Tu ne pouvais t’empêcher de dire un mot anglais, hein ?”

Et alors qu’elle devait se trouver étonnée de cette remarque face à son monologue si délicatement travaillé, ses mains s’agripèrent à sa tête, souillant ses cheveux du sang de ses paumes blessées, et son visage fonça sur le sien, laissant ses lèvres sèches savourer le goût réglisse de la bouche de la succube. Un contact oublié depuis des décennies, et un voeu pour les deux êtres perdus dans leurs esprits depuis trois siècles. Serait-ce ce que Légion cherchait depuis tout ce temps ? Un être pour l’aimer malgré ce qu’il était ? Depuis les toits environnants, on ne put voir que deux formes qui s’enlacèrent pour la première fois de la nuit...

"Et je crois qu’il est temps pour vos yeux de fuir cette scène. Laissez donc à ces deux tourtereaux un moment d’intimité. Ils l’ont mérité."

En effet...
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