Un pub sur Dösatz. L'ambiance est correcte. Il y a un peu de bruit mais pas trop. Un groupe amateur joue Hound Dog de Elvis Presley. Ce n'était pas si mal à entendre. Il y a plusieurs couples qui mangent, ou bien des groupes d'amis qui picolent un peu, discutant de la météo, des aventures amoureuses, ou bien des hommes politiques. Parfois des aventures amoureuses des hommes politique en fonction de la météo. Dans tous les cas ce n'était pas bien intéressant. Cette prise n'était que pour instaurer une ambiance. Nous sommes dans un lieu de bouffe, de boisson, et de bon temps à plusieurs. C'est là qu'une introduction en bonne et due forme des personnages suffiraient. Et en effet, ils étaient là. Nos cinq gaillards. La caméra se met à tourner autour d'eux alors que leur conversation à eux se met à reprendre. Ils s'étaient stoppés un instant, peut-être pour attendre que cette dernière se pose sur eux.

”Les manteaux noirs. Ça passe, non ?”

”Non, cela signifierait qu'on doit s'habiller toujours de la même façon.”

”Justement. Cela pourrait induire ceux qui nous suspectent en erreur.”

”Et cela pourrait tromper de potentiels clients, aussi.”

”On sera également suspecté si on marche dans la rue.”

”Ah, diantre, c'est vrai.”

”Enfin on dit ça mais nos gueules se démarquent quand même.”

”C'est vrai. Il a raison.”

”Non mais on a déjà parlé des visages. Ils peuvent pas nous différencier du reste de la population. Aucun souci sur ça à se faire - Kof ! Bon sang ! Quentin, Edgar, vous pouvez arrêtez avec vos cigarettes ?”

”Un cigare. J'ai un cigare. Lui a une cigarette.”

”C'est pareil, bon sang !”

”Au passage, évite de nous nommer en public.”

”Oui ! D'ailleurs... les prénoms. Faudrait qu'on discute de ça. On peut plus s'appeler ainsi, si ? Ils peuvent nous retrouver.”

”D'abord on nomme l'organisation, et après on s'entre-nomme. Enfin, je dis ça je dis rien. Mais un ordre de priorité serait bon. Là on est mal organisés, les mecs. Faudrait éviter ça.”

”Écoutez, les gars : depuis le début de cette conversation, on a pas trouvé mieux que les Flashy Flashy Cowboy Bebop.”

”Mouais. Au pire, on reprend l'idée initiale ! Les... Masques de Fer. Cela sonne bien je trouve.”

”Je plussoie.”

”Je soutiens.”

”Je suis d'accord.”

”Je préférais l'autre, mais bon. Allez.”

”Bon. Masque de Fer. Je note.”

”On passe au prénoms, alors ?”

”Ouais, allez.”

”Qui a une idée ?”

”Désolé de faire du hors-sujet, mais on a eu une très bonne idée que de se donner la même voix. Maintenant il n'y a que nous que savons qui parle !”

”C'est vrai.”

”Mmh. Bon, moi j'ai une idée.”

”Dis.”

”On prend les cinq premiers chiffres des mathématiques d'ici. Un, deux, trois, quatre, cinq.”

”Pas mal.”

”Pas mal du tout, oui !”

”Bof.”

”Fais pas ton rabat-joie, Stanley. Allez !”

”Ouais, OK. Je suis. Mais comment on distribue ?”

"Pour Trois, je sais déjà. Ce sera Wes. Trois lettres dans son nom. Nombre trois. Cela sonne bien, non ?”

”Ouais, pas mal du tout.”

”T'es d'accord, Wes ?”

”Ouais, allez.”

”Oh, je sais ! Stanley, t'as sept lettres, toi, dans ton nom. Donc si on inversait, tu vois, tu deviendrais le numéro Un, vu que t'as le plus grand nombre, tu deviendrais le plus petit.”

”Ouais, je vois. Mais Quentin en a sept aussi.”

”Quentin ?”

”Je prendrais Quatre, personnellement. Quentin. Quatre. Les deux commencent par Q.”

"M'ouais. Allez. Mais le A de Albert ressemble à l'écriture du Quatre, aussi, non ?”

”Cela me dérange pas.”

”Bon, Edgar ? Albert ? Vous prenez quoi ?”

”Je prendrais Cinq. Cinq lettres dans Edgar. Et Albert a six lettres, et c'est divisible par deux.”

”Ouais. Cela me va aussi.”

”Au pire, on gardes les numéros ainsi pour la première fois. Et après on change à chaque fois.”

”Cela peut le faire aussi.”

”Je suis d'accord.”

”Au passage, les gars. Vos professions hors contrat, vous vous souvenez ?”

”Écrivain.”

”Réalisateur.”

”Musicien.”

”Dessinateur.”

”Et Game Designer. On est bon.”

”Bon, on y va ?”

”Allez.”

Les cinq compères se levèrent bientôt, chacun posant un billet sur la table. Ils prirent tous leurs cannes et partirent en sortant par la porte, la caméra restant stable alors qu'ils sortent du focus. Deuxième prise, ils marchent dans la rue, en rythme.

”Vous savez, cette chorégraphie me fait parfois croire qu'on est la même personne.”

”Techniquement, nous ne sommes personne.”

”Ah ah...”

Ils sortent du champ en prenant un virage à droite. Un maigre générique se lance alors. Il est court, et l'extrait se termine. Un dernier mot apparaît sur une image fixe alors que des coups de feu se font entendre :