De qui ?

Zone désaffectée. Tard dans la soirée. Comme partout par ici, des ombres animaient la nuit, mais l’une d’entre elle se faisait plus grande, plus imposante. Elle se glissait doucement sur les murs et sur le sol, au rythme des pas de la silhouette qui la guidait. Cette ombre était celle d’un individu portant un costume noir, c'étaitun homme-chien avec des lunettes noirs et cigare en bouche qui lui donnait un air peu commode. Il se déplaçait lentement, avec la carrure qu’il avait on pouvait deviner qu’il n’était pas très rapide lorsqu’il courrait. Cette personne s’appelait Doki Dulicki, et ses agissements étaient totalement inconnus. Mais d’après ce que les rumeurs disaient, il n’était pas quelqu’un de très fréquentable. On pouvait donc se demander ce que cet homme faisait là qui plus est à une heure aussi tardive. Nulle doute qu’il allait faire quelque chose d’illégal, à moins que ce n’était déjà fait…

Dans ce coin de la zone il y avait quelques personnes assez pauvres qui se logeaient, c’était la misère pour avoir ne serait-ce qu’un repas pour le soir. Comme il n’y avait rien dans les environs les gens faisaient le trajet jusqu’à la ville la plus proche et revenaient parfois tard le soir. Soudain, Doki s’arrêta et sembla humer l’air, lorsqu’un cri effroyable se fit entendre à quelques rues d’ici. Surpris, le chien au cigare se précipita jusque là et arriva en un clin d‘œil dans cette direction. Il apparut soudainement dans la ruelle où une femme était par terre, apeurée par un mec habillé avec un gilet et un short en jean qui laissait entrevoir ses guiboles outrageusement poilus. Seulement le derrière pas le devant. Ceci n’était pas la chose la plus terrifiante que le Moojuu avait pu voir. Menaçant, cet homme avait un couteau et semblait vouloir obtenir quelque chose de la femme. Et il y avait plus inquiétant encore ! Oui, quelque chose que Doki n’aurait jamais cru voir arriver ce soir, surtout avec des lunettes de soleils devant les yeux ! Par terre, il y avait un sac en plastique suffisamment ouvert pour distinguer quelques tranches de salamis. L’odorat de Doki ne l’avait pas trompé en le menant jusqu’ici ! Et cet homme menaçait clairement de marcher sur ce sac… Du salami gâché ?! Doki ne pouvait pas se le permettre.

"Popom !" Annonça-t-il.

"Huah ?! T‘es qui tôa ???" Répondit surpris le type menaçant.

"Popom !!" Confirma Doki.

"De qui ?!!" Demanda l’homme au couteau.

Cette déclaration sembla perturber Doki qui resta silencieux quelques instants, mais il faisait toujours face à l’agresseur de salami dont le pied n’était plus très loin du sac. L’homme-chien n’avait plus le choix, il l’avait percé à jour. Il retira alors son cigare de sa bouche, alors qu’il laissa la lune faire briller ses lunettes de soleils lui donnant une allure très classe.

"Comment connais-tu mon nom ? Aurais-tu un don inné ? Ou bien, sais-tu qui je suis vraiment ?"

"De quoi ?! J'comprends rien à c’que tu bave le clebs !" S’énerva le mec.

"Hum ?? Dekoi ? Mais non c‘est Doki. Tu l‘as très bien dis tout à l‘heure pourtant. Hum… Je vois tu essayes de m‘embrouiller."

"Fermes ta gueule espèce de…"

"STOOOOOGIIIIIE PUNCH !!" Répliqua Doki en frappant du bout de son cigare l’œil du mec à qui il parlait et qui était sur le point de l’attaquer avec son couteau. Ce type avait fini à l’autre bout de la rue encastré dans une poubelle. Le Moojuu avait rapidement compris la situation et avait réagit avant d’être touché. La menace était hors d’état de nuire.

"Incroyable ! Comment avez-vous fait ça monsieur ?! Quelle était cette mystérieuse technique ?" S’exclama la femme, toute heureuse d’avoir été sauvée. Doki se tourna vers elle, avec un air sérieux, il allait lui révéler son secret ?

"Hum ? Quelle technique ?! Je lui ai juste mit un coup de cigare et il s‘est envolé."

"Mais… Euh, vous lui avez bien donné un nom, non ? C‘est que ce doit être une technique incroyable !"

Doki sembla réfléchir, puis il dit: "Très bien, je vais vous dire la vérité…" Un grand silence s’installa… Dix minutes passèrent… "Je ne m‘en souviens plus. Désolé, popom." Finit-il par avoué en remettant son cigare à sa bouche. Il lui arrivait parfois d’oublier spontanément des trucs.

"Ah, ce n’est pas grave ! Je vous remercie vraiment monsieur… Euh… ???"

"Popom… Ce n‘est rien." Dit-il gêné.

"Monsieur Popom. Pour vous remercier de m’avoir sauver la vie, je vais vous donner quelque chose… Attendez… "

"Popom ? Non, ce n'est pas..."

Elle attrapa le sac qui était tombé par terre… Oh ! Mais oui ! C’était génial ! Doki était venu ici le plus vite possible pour manger du salami ! Ce salami qu’il était venu chercher après avoir senti son odeur, et elle allait généreusement lui donner un navet ! …. Un navet ? Mais ce n’était pas ce que Doki voulait !

"Merci beaucoup monsieur Popom. Acceptez ce cadeau, témoignage de ma gratitude. Désolée, je suis très pauvre et je ne peux pas plus vous offrir. Au revoir monsieur Popom, je n‘oublierais jamais votre nom, promis."

Dit-elle avant de quitter les lieux, laissant le pauvre Doki avec un navet en mains. Le Moojuu resta planter là pendant une vingtaine de minutes sans bouger. Puis, il sursauta et regarda dans sa main, celle où il tenait le cadeau qu’il venait de recevoir.

"Hum ? Pourquoi je porte un navet ? Et puis qu‘est-ce que je fais là moi ? … Bon, et si j‘allais manger ! Je sais pas trop pourquoi mais j‘ai envie de salami."

C’est en pensant à tout cela que Doki Dulicki quitta la zone désaffecté, l’estomac vide.